Québec a autorisé plus de 12 000 étrangers à étudier dans un collège privé méconnu de Montréal, soit plus qu’à n’importe quels autres cégeps ou universités.
Son modèle d’affaires est plutôt basé sur le lucratif recrutement d’une clientèle internationale souvent originaire du Maghreb et de l’Inde.
Lors de sa dernière demande de renouvellement de permis, l’établissement privé avait informé le gouvernement qu’il prévoyait accueillir seulement 1147 étudiants en 2024-2025.
Qu’à cela ne tienne, Québec a délivré un nombre record de 12 622 certificats d’acceptation du Québec (CAQ) à des étudiants admis par le Collège entre avril 2023 et janvier 2024. C’est deux fois plus que pour l’Université de Montréal et trois fois plus que pour McGill (voir tableau ci-dessous).
Le Collège Supérieur de Montréal a ainsi profité des largesses du ministère pour accueillir un maximum d’élèves étrangers. Il en compte présentement 3300. Faute de place, certains des 12 000 admis ont opté pour un autre établissement ou ont baissé les bras après que le début de leur session a été repoussé de plusieurs mois.
«Notre objectif n’a jamais été d’octroyer des lettres d’admission à un maximum d’élèves, même si aucune règle ne nous en empêche, mais plutôt d’offrir un enseignement de qualité», s’est défendu par écrit Noureddine Hajibi, directeur général du Collège.
« Impossible de refuser »
La popularité du Collège Supérieur de Montréal, un collège privé subventionné, s’explique en partie par le fait qu’il donne accès à un précieux permis de travail post-diplôme qui mène à la résidence permanente.
Plusieurs étudiants étrangers acceptent donc de payer les frais d’admission et de scolarité s’élevant à plusieurs milliers de dollars par session dans l’espoir de pouvoir immigrer au Canada de façon permanente.
Ces étudiants font partie des 600 000 immigrants temporaires présents au Québec, un nombre que François Legault veut réduire. Dans la dernière année, il a maintes fois interpellé le fédéral à ce sujet. Or, le ministère de l’Immigration du Québec a directement contribué à cette hausse en acceptant en masse les étudiants du Collège Supérieur de Montréal.
Mais pourquoi ne pas en avoir refusé plus, vu la taille du collège? Questionné par notre Bureau d’enquête, le Ministère affirme que les dispositions législatives actuelles l’empêchent de gérer les demandes en fonction de la capacité d’accueil réelle des établissements.
Des «dérapages»
Le mois dernier, le ministre de l’Immigration Jean-François Roberge a néanmoins déposé le projet de loi 74 pour mieux contrôler la venue d’étudiants étrangers, vu les «dérapages» dans le milieu.
Sans les nommer, l’élu a fait allusion à deux collèges privés problématiques.
«C’est comme si l’enseignement n’était plus une mission sociale, une mission économique, mais un modèle d’affaires pour vendre la citoyenneté québécoise et canadienne plutôt que la qualité du diplôme», a-t-il déploré en conférence de presse.
De son côté, le ministère de l’Éducation affirme que si le projet de loi est adopté, il permettra d’assurer une meilleure répartition des étudiants étrangers entre les types de formation. [Pas de limiter ce nombre ?]
L’Ontario a aussi récemment sévi contre l’industrie «d’usines à diplômes» qui s’était développée autour des collèges privés. Pour sa part, le gouvernement fédéral a annoncé dans les derniers mois des plafonds d’admissions pour les étudiants étrangers.
Nombre de certificats d’acceptation octroyés par Québec entre avril 2023 et janvier 2024
*pour le 1er cycle seulement
**pour les 1er et 2e cycles seulement
Source: Cahier explicatif des crédits 2024-2025, ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration
Le Collège Supérieur de Montréal, situé au cœur du centre-ville, accueille une minorité d’étudiants québécois. |
Son modèle d’affaires est plutôt basé sur le lucratif recrutement d’une clientèle internationale souvent originaire du Maghreb et de l’Inde.
Lors de sa dernière demande de renouvellement de permis, l’établissement privé avait informé le gouvernement qu’il prévoyait accueillir seulement 1147 étudiants en 2024-2025.
Qu’à cela ne tienne, Québec a délivré un nombre record de 12 622 certificats d’acceptation du Québec (CAQ) à des étudiants admis par le Collège entre avril 2023 et janvier 2024. C’est deux fois plus que pour l’Université de Montréal et trois fois plus que pour McGill (voir tableau ci-dessous).
Le Collège Supérieur de Montréal a ainsi profité des largesses du ministère pour accueillir un maximum d’élèves étrangers. Il en compte présentement 3300. Faute de place, certains des 12 000 admis ont opté pour un autre établissement ou ont baissé les bras après que le début de leur session a été repoussé de plusieurs mois.
«Notre objectif n’a jamais été d’octroyer des lettres d’admission à un maximum d’élèves, même si aucune règle ne nous en empêche, mais plutôt d’offrir un enseignement de qualité», s’est défendu par écrit Noureddine Hajibi, directeur général du Collège.
« Impossible de refuser »
La popularité du Collège Supérieur de Montréal, un collège privé subventionné, s’explique en partie par le fait qu’il donne accès à un précieux permis de travail post-diplôme qui mène à la résidence permanente.
Plusieurs étudiants étrangers acceptent donc de payer les frais d’admission et de scolarité s’élevant à plusieurs milliers de dollars par session dans l’espoir de pouvoir immigrer au Canada de façon permanente.
Ces étudiants font partie des 600 000 immigrants temporaires présents au Québec, un nombre que François Legault veut réduire. Dans la dernière année, il a maintes fois interpellé le fédéral à ce sujet. Or, le ministère de l’Immigration du Québec a directement contribué à cette hausse en acceptant en masse les étudiants du Collège Supérieur de Montréal.
Mais pourquoi ne pas en avoir refusé plus, vu la taille du collège? Questionné par notre Bureau d’enquête, le Ministère affirme que les dispositions législatives actuelles l’empêchent de gérer les demandes en fonction de la capacité d’accueil réelle des établissements.
Des «dérapages»
Le mois dernier, le ministre de l’Immigration Jean-François Roberge a néanmoins déposé le projet de loi 74 pour mieux contrôler la venue d’étudiants étrangers, vu les «dérapages» dans le milieu.
Sans les nommer, l’élu a fait allusion à deux collèges privés problématiques.
«C’est comme si l’enseignement n’était plus une mission sociale, une mission économique, mais un modèle d’affaires pour vendre la citoyenneté québécoise et canadienne plutôt que la qualité du diplôme», a-t-il déploré en conférence de presse.
De son côté, le ministère de l’Éducation affirme que si le projet de loi est adopté, il permettra d’assurer une meilleure répartition des étudiants étrangers entre les types de formation. [Pas de limiter ce nombre ?]
L’Ontario a aussi récemment sévi contre l’industrie «d’usines à diplômes» qui s’était développée autour des collèges privés. Pour sa part, le gouvernement fédéral a annoncé dans les derniers mois des plafonds d’admissions pour les étudiants étrangers.
Nombre de certificats d’acceptation octroyés par Québec entre avril 2023 et janvier 2024
- Collège Supérieur de Montréal: 12 622
- Université Laval: 7778
- Université du Québec en Outaouais*: 7176
- Université de Montréal: 6174
- Collège Ellis (campus de Trois-Rivières): 6086
- Université du Québec à Chicoutimi**: 5453
- Université du Québec à Trois-Rivières: 5144
- Université du Québec à Montréal: 4846
- Université Concordia: 4744
- Université McGill: 3832
*pour le 1er cycle seulement
**pour les 1er et 2e cycles seulement
Source: Cahier explicatif des crédits 2024-2025, ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration
Qu’est-ce que le CAQ?
Un étudiant doit obligatoirement obtenir un Certificat d’acceptation du Québec (CAQ), remis par le ministère de l’Immigration du Québec, avant de demander son permis d’études au fédéral. L’étudiant peut changer d’établissement sans que son CAQ ne soit mis à jour.
Qui est derrière le Collège Supérieur de Montréal?
Le directeur général de l’établissement est Noureddine Hajibi. L’homme d’origine marocaine a occupé le même poste à l’Institut Teccart par le passé.
Sa femme, Saloua Zraida, et lui sont aussi administrateurs du Collège Supérieur de Sherbrooke et du Collège Universel, à Gatineau. Ces deux établissements privés accueillent également une grande proportion d’étudiants étrangers.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire