La gauche a un problème avec la famille, voire plusieurs problèmes. Les messages progressistes qui dévalorisent, nient et déconstruisent la valeur de la vie familiale et célèbrent la vie en solo depuis quelques années laissent leur empreinte dans le cœur, l’esprit et la vie des jeunes progressistes. Après avoir été abreuvés de messages tels que « La maternité hétérosexuelle mariée en Amérique… est un jeu où personne ne gagne » (dans le New York Times), « Le divorce m’a conduit à mon bonheur éternel » (dans le Washington Post), « Les femmes qui restent célibataires et n’ont pas d’enfants s’enrichissent » (dans Bloomberg) ou « Pourquoi tant de femmes célibataires sans enfants sont-elles si heureuses ? » (dans Psychology Today), trop de jeunes adultes, en particulier les jeunes femmes de gauche, considèrent désormais que le mariage et la famille ne sont pas faits pour eux ou, du moins, ne constituent pas leur priorité absolue.
Faits saillants
- Depuis les années 1980, les taux de nuptialité ont diminué tant chez les conservateurs que chez les progressistes. Mais cette baisse a été plus marquée chez les progressistes, tant chez les hommes que chez les femmes.
- Au cours de la dernière décennie, un fossé s’est creusé entre les jeunes hommes et femmes conservateurs et progressistes en ce qui concerne la proportion d’entre eux qui ont eu des enfants.
- Nous assistons aux conséquences concrètes d’un clivage idéologique où la droite privilégie le mariage et la procréation, tandis que la gauche les dévalorise, ce qui se traduit par des changements dans la fécondité et la population à travers les États-Unis.
La « mentalité Midas » de la gauche
Au contraire, les progressistes ont souvent tendance à adopter une « mentalité Midas » qui privilégie l’argent, l’éducation et, surtout, la carrière. Le travail est considéré comme la source et le summum d’une vie heureuse et pleine de sens. En revanche, l’amour, le mariage et la fondation d’une famille ne méritent pas le même dévouement. Un récent sondage NBC News a par exemple révélé que les membres de la génération Z (18-29 ans) qui ont voté pour Kamala Harris, en particulier les femmes, ont classé le mariage et la maternité presque en dernière position dans leur « définition personnelle du succès ».
Les femmes ont plutôt accordé la priorité à « avoir un emploi ou une carrière épanouissante » (n° 1) ou « avoir assez d’argent pour faire ce que l’on veut » (n° 2).
Le sondage NBC concorde avec d’autres enquêtes indiquant que les progressistes (peut-être faudrait-il parler de régressistes pour leurs pays ?) accordent généralement beaucoup moins d’importance au mariage, à la maternité et à la famille, tant en théorie qu’en pratique, de nos jours.
Le scepticisme de cette gauche à l’égard du mariage et de la vie familiale ne tient pas seulement à la mentalité Midas, il trouve également son origine dans l’idée que la famille impose un fardeau excessif aux femmes.
Pensons, par exemple, à la récente publicité de l’ONU mettant en scène l’actrice Anne Hathaway, qui dénonçait le « déséquilibre » mondial entre les femmes et les hommes en matière de tâches domestiques non rémunérées. Être libérée des contraintes familiales est donc souvent présenté comme un moyen important pour les femmes de mener une vie heureuse et épanouissante. Comme l’a récemment écrit la journaliste Glynnis MacNicol dans le New York Times, une vie sans famille ouvre souvent aux femmes d’aujourd’hui « des perspectives tout aussi satisfaisantes, voire plus satisfaisantes, ou qui mènent à une vie plus heureuse et plus épanouie ».
Ce que la gauche est en train de perdre
Cette analyse de l’Institute for Family Studies révèle que le mariage et la natalité sont en baisse chez les jeunes adultes à travers le pays, mais qu’ils chutent de manière spectaculaire chez les jeunes femmes et les jeunes hommes de gauche. « De plus en plus, les jeunes issus des milieux progressistes et libéraux ont du mal à se prononcer sur la question de savoir s’ils veulent ou non avoir des enfants, l’une des décisions personnelles les plus importantes qu’ils auront à prendre dans leur vie », comme l’a fait remarquer la philosophe Anastasia Berg, elle-même libérale.
En revanche, pour les jeunes hommes et femmes de droite, la famille est plus susceptible d’être considérée comme un bien pur, et le mariage et la formation d’une famille sont beaucoup plus courants. En effet, dans les années 2020, la majorité des jeunes adultes conservateurs âgés de 25 à 35 ans se sont mariés et sont devenus parents, alors que seule une minorité de jeunes adultes libéraux ont fait de même. De plus, le fossé entre la gauche et la droite en matière de fondation d’une famille semble se creuser.
L’Institute for Family Studies attribue en grande partie ce fossé à la manière dont les institutions traditionnelles dans les domaines de l’éducation, des médias et de la culture populaire ont promu une mentalité « Midas » qui privilégie une éthique individualiste axée sur le développement personnel, l’hédonisme et, surtout, la carrière. Cette mentalité a conduit de nombreux jeunes adultes de gauche à reporter ou à renoncer à la vie de famille. Et malgré les maux sociaux qui accompagnent la baisse du taux de natalité, la gauche « continue d’éviter le sujet », car le taux de natalité est considéré comme une « préoccupation intrinsèquement conservatrice », écrit John Burn-Murdoch.
D’autre part, une mentalité privilégiant la famille refait surface sur les nouvelles plateformes médiatiques et les organisations de droite telles que Daily Wire et Turning Point USA, ainsi que chez de nombreux podcasteurs conservateurs de premier plan aux États-Unis. Ils considèrent que se marier et avoir des enfants sont les meilleurs moyens de se forger une vie heureuse et pleine de sens, et d’éviter les fléaux de la solitude, de l’anxiété et de la dépression qui touchent les jeunes adultes en Amérique.
En effet, l’une des raisons pour lesquelles les adultes libéraux sont moins heureux et plus susceptibles de se déclarer seuls, comme l’a noté l’Institute for Family Studies dans des recherches antérieures, est qu’ils sont moins susceptibles d’être mariés et d’avoir des enfants. De nombreux commentateurs de gauche ne se rendent pas compte que leur adhésion à un mode de vie plus individualiste et axé sur la carrière expose de nombreux jeunes adultes de leur communauté à une vie marquée par davantage de solitude, moins de sens et plus de malheur. En revanche, si les libéraux « se jetaient à corps perdu dans des institutions sociales » telles que la famille, comme je l’ai souligné dans le New York Times, ils auraient « autant de chances d’être heureux que les personnes de droite ».
Mais les coûts de la dévalorisation de la famille par la gauche ne sont pas seulement psychologiques. Ils sont également sociaux, politiques et civilisationnels. En retardant et en renonçant à fonder une famille, la gauche semble prête à perdre du terrain dans la vie américaine. Cela devrait inquiéter les libéraux, comme l’a souligné Berg, car un avenir progressiste dépend de la naissance et de l’éducation d’enfants progressistes :
Nous devons également réaliser que la possibilité d’un avenir meilleur dépend de la possibilité d’avoir un avenir tout court. Cela signifie que certaines personnes doivent avoir des enfants. Et si vous voulez que ces enfants partagent les valeurs que vous défendez, vous souhaitez probablement que certaines de ces personnes soient comme vous.
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| Évolution du taux de natalité général dans les 10 États les plus démocrates/républicains en 2024 |
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| Évolution de la population infantile des États selon les résultats à l’élection présidentielle de 2024 |
Conséquences dans le monde réel
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