mardi 26 novembre 2024

« Une nation ne peut en assimiler une autre qu’à condition de l’emporter en nombre et en densité de population »

Les occidentaux (et plus particulièrement les Québécois à la natalité anémique) devraient considérer cette petite conversation dont Léon Tolstoï agrémente son roman Anna Karénine.

    Pestzoff soutenait qu’un peuple ne peut en assimiler un autre que s’il est plus nombreux, que si sa population est plus dense.

    Kosnichef, avec certaines restrictions, acceptait les deux avis ; et au moment où l’on sortit du salon, pour mettre un terme à la discussion, il dit en souriant :

    — Aussi, pour russifier les populations étrangères, n’y a-t-il qu’un seul moyen, faire le plus d’enfants possible. Voilà mon opinion. Sous ce rapport, mon frère et moi nous agissons fort mal. Quant à vous, messieurs, vous surtout, Stépane Arcadiévitch, vous vous conduisez en vrais patriotes. Combien en avez-vous ? demanda-t-il au maître de la maison.

Anna Karénine, Quatrième partie, IX

L'indice synthétique de fécondité (prévision sur la base des 7 premiers mois pour 2024)

État 2015 2020 2022 2023 2024p
Australie 1,80 1,59 1,63 1,50 1,47
Belgique 1,69 1,55 1,53 1,47 1,43
Canada 1,60 1,41 1,33 1,26 1,25
États-Unis 1,84 1,64 1,66 1,62 1,62
France 1,96 1,79 1,79 1,68 1,63
Israël 3,09 2,90 2,89 2,81 2,75
Québec 1,67 1,51 1,48 1,38 1,34
Royaume-Uni 1,77 1,51 1,47 1,43 1,45
Suisse 1,54 1,46 1,38 1,33 1,29

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27 novembre 1095 — Appel lancé pour porter secours aux chrétiens d'Orient et aux pèlerins

C’était il y a près de mille ans. À la fin du XIe siècle, le royaume de France était en petite forme. Il ne représentait pas plus de deux ou trois fois l’actuelle région d’Île-de-France ; le domaine royal était bordé par Compiègne au nord, Orléans au sud, Dreux à l’ouest. Les Capétiens régnaient, mais, dit Jacques Bainville qui est indulgent, ce sont des « règnes sans éclat ». Qui se souvient de ces rois-là, les premiers héritiers du fondateur de la dynastie, Robert le Pieux, Henri Ier, Philippe Ier ? C’est à l’extérieur du royaume que les choses se passent. Chez les Normands en particulier : le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, a mis la main sur l’Angleterre (victoire de Hastings, en 1066, illustrée par la tapisserie de Bayeux), et ce sont aussi des Normands qui sont allés délivrer, à leur demande, les populations catholiques de l’Italie méridionale des expéditions sarrasines.



« Les malheurs des pèlerins »

Car c’est un temps de pèlerinages. Des foules de pèlerins chrétiens se déplacent en longues colonnes vers Rome ou Saint-Jacques-de-Compostelle, au nord de l’Espagne, venant manifester leur soutien aux dernières victoires de la Reconquista sur l’islam, après des siècles de conquêtes et de conversions musulmanes induites par des vexations et une forte taxation. Mais c’est le pèlerinage de Jérusalem, par terre et par mer, qui attire les fidèles les plus nombreux et les plus ardents, à partir des sols européens, notamment français. « Il crée une vie neuve, il marque la crise décisive où le vieil homme se dépouille », notent les chroniqueurs de l’époque.

Ces mouvements de population de l’Occident vers les Lieux saints d’Orient créent des routes, des escales, des dispensaires ; ils développent des échanges de toute nature. Arrivés sur place, les pèlerins rencontrent d’autres chrétiens, d’ancienne tradition qui constitue encore une grande partie de la Syrie et de la Palestine, peut-être encore la majorité des habitants, mais aussi des musulmans. Les communautés prospèrent dans des quartiers séparés. Jusqu’à l’arrivée des Turcs seldjoukides. Les anciens « maîtres tolérants et policés venus d’Égypte font place à des fanatiques durs et tracassiers ». La conquête de Jérusalem par ces Turcs s’accompagne de la persécution et du massacre des chrétiens. Les pèlerins rentrent chez eux effrayés. La nouvelle enflamme la fin de ce XIe siècle. Les Seldjoukides se sont emparés de l’Arménie si lointainement chrétienne, de Smyrne, de Nicée, près de Constantinople.

L’intervention des barons occidentaux permit de libérer de nombreuses villes (Nicée, Sardes, Tarse, Antioche) récemment conquises par les Turcs après la catastrophe de Manzikert en 1071


L’Empire byzantin menace de disparaître. Une vague de fond soulève la chrétienté.

L’Empire byzantin est confronté à l’avancée des Turcs seldjoukides. Depuis la désastreuse défaite subie à Manzikert l’arménienne en 1071, de nombreux territoires sont passés entre les mains de ces nouveaux musulmans venus d’Asie centrale et récemment convertis. Leur présence complique encore davantage le pèlerinage sur les Lieux saints qui connaît à l’époque un essor remarquable.

Qui va délivrer le Saint-Sépulcre ? Les monarques en sont incapables, qu’ils soient trop faibles, comme le roi de France, qu’ils se disputent entre eux, et notamment avec l’empereur d’Allemagne, ou qu’ils contestent l’autorité de l’Église de Rome. C’est donc elle qui va se substituer à eux, cette Église de Rome qui révèle sa solidité en résistant au grand schisme d’Orient d’un côté et aux « antipapes » de l’autre. C’est elle qui peut porter secours aux chrétiens de Terre sainte. Mais avec quels moyens le peut-elle ? Quels hommes ? Quel argent ? Quelles armes ? Elle va les mobiliser.

Et c’est un autre Français qui le fait, non pas le roi, mais un pape, le deuxième élu depuis Grégoire VII. Fils d’une famille noble de Champagne, rappelle Jacques Heers, l’historien des croisades, c’est un bénédictin ; il fut archidiacre de Reims avant de devenir prieur de l’abbaye de Cluny. Bâtie à la fin du siècle précédent, cette abbaye rayonne par son influence bien au-delà du sol qui l’a vue naître. Élu pape sous le nom d’Urbain II en 1088, il a dû attendre cinq ans avant de s’asseoir sur le trône pontifical à Rome (alors occupée par un « antipape »). La mission de la délivrance des chrétiens de Jérusalem se présente à lui comme une occasion d’affirmer son autorité tout en marquant la puissance temporelle et spirituelle de l’Église. Il part prêcher le combat dès 1095, depuis l’Italie jusqu’à la Bavière, des Alpes à la France, son pays. Il y multiplie assemblées et conciles, et n’hésite pas à excommunier le roi de France, Philippe Ier, pour usurpation de biens d’Église, répudiation de son épouse et corruption...

L’abbaye de Cluny dont Urbain II fut le prieur


Walmart abandonne ses politiques de diversité, d’équité et d’inclusion

 
Walmart, le plus grand détaillant au monde, abandonne ses politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), rejoignant ainsi une liste de grandes entreprises qui ont été attaquées par des militants conservateurs.

Les changements, confirmés par Walmart lundi, sont radicaux et vont du non-renouvellement d’un engagement de cinq ans pour un centre d’équité créé en 2020 après le meurtre de George Floyd par la police, au retrait d’un important index des droits des homosexuels. Et lorsqu’il s’agit d’ethnicité ou de genre, Walmart n’accordera pas de traitement prioritaire aux fournisseurs selon leur ethnie ou leur genre.

Les mesures prises par Walmart soulignent la pression croissante à laquelle sont confrontées les entreprises américaines alors qu’elles continuent de faire face aux retombées de la décision de la Cour suprême des États-Unis en juin 2023 mettant fin à la discrimination positive dans les admissions à l’université.

Enhardis par cette décision, des groupes conservateurs ont intenté des poursuites en utilisant des arguments similaires contre les entreprises, ciblant des initiatives sur le lieu de travail, telles que des programmes de diversité et des pratiques d’embauche qui donnent la priorité aux groupes historiquement marginalisés.

Par ailleurs, le commentateur politique américain et activiste conservateur Robby Starbuck s’en est pris aux politiques DEI des entreprises, en appelant des entreprises individuelles sur la plateforme de médias sociaux X. Plusieurs de ces entreprises ont par la suite annoncé qu’elles retiraient leurs initiatives, notamment Ford, Harley-Davidson, Lowe’s et Tractor Supply.

Mais Walmart, qui emploie 1,6 million de travailleurs aux États-Unis, est la plus importante à le faire.

« C’est la plus grande victoire à ce jour pour notre mouvement visant à mettre fin au wokisme dans l’Amérique des entreprises », a écrit Robby Starbuck sur X, ajoutant qu’il avait eu des discussions avec Walmart.

Walmart a confirmé à l’Associated Press qu’elle surveillerait mieux les articles de ses marchés tiers pour s’assurer qu’ils ne contiennent pas de produits sexuels et transgenres destinés aux mineurs. Cela inclurait les bandages de poitrine destinés aux jeunes qui traversent un changement de sexe, a précisé l’entreprise. Produits qui avaient créé la polémique aux États-Unis.

Le détaillant basé à Bentonville, dans l’Arkansas, examinera également les subventions accordées aux évènements dit « de la Fierté » (homosexuelle, trans) pour s’assurer qu’il ne soutient pas financièrement des contenus sexualisés qui pourraient ne pas convenir aux enfants. C'est ainsi que l’entreprise veut s’assurer qu’un pavillon familial de la marque ne se trouve pas à côté d’un spectacle de travelos lors d’un évènement de la Fierté, a déclaré l’entreprise.

En outre, Walmart ne considérera plus l’ethnicité et le sexe comme un test décisif pour améliorer la diversité lorsqu’il proposera des contrats avec des fournisseurs. L’entreprise a déclaré qu’elle n’avait pas de quotas et qu’elle n’en ferait plus à l’avenir. Elle ne collectera pas de données démographiques pour déterminer l’éligibilité au financement de ces subventions.

Walmart a également annoncé qu’elle ne renouvellerait pas un centre d’équité qui a été créé grâce à un engagement philanthropique de 100 millions US sur cinq ans de la part de l’entreprise avec pour mandat, selon son site Web, « de s’attaquer aux causes profondes des écarts de résultats rencontrés par les Noirs et les Afro-Américains dans les systèmes d’éducation, de santé, de finances et de justice pénale ».

Et elle cesserait de participer à l’indice de référence annuel de la Human Rights Campaign, qui mesure l’inclusion sur le lieu de travail des employés LGBTQ+.

Ces changements surviennent peu de temps après la victoire électorale de l’ancien président Donald Trump, qui a critiqué les initiatives DEI et s’est entouré de conservateurs qui partagent des opinions similaires, y compris son ancien conseiller Stephen Miller, qui dirige un groupe appelé America First Legal, qui a contesté les politiques DEI des entreprises. M. Trump a nommé M. Miller au poste de chef adjoint de la politique dans sa nouvelle administration.

Un porte-parole de Walmart a déclaré que certains changements de politique étaient en cours depuis un certain temps. Par exemple, l’entreprise a abandonné l’utilisation du terme « DEI » dans les titres de poste et les communications et a commencé à utiliser le mot « appartenance ». L’entreprise a également commencé à modifier son programme de fournisseurs à la suite de la décision de la Cour suprême sur la discrimination positive.

Certains ont exhorté les entreprises à s’en tenir à leurs politiques DEI. Le mois dernier, un groupe de démocrates au Congrès a lancé un appel aux dirigeants des entreprises du Fortune 1000, affirmant que les efforts de DEI donnent à chacun une chance équitable de réaliser le rêve américain.

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