mercredi 21 janvier 2015

Québec — Syndicat de l'école publique contre les écoles (semi-)privées


À coups de sorties médiatiques et de messages publicitaires, la très laïciste Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente 32 000 enseignants syndiqués, lance une campagne systématique contre les écoles privées qui, selon le syndicat, renvoient chaque année des centaines de ses élèves vers les écoles publiques dont elles ne veulent plus, tout en étant subventionnées, toujours ce syndicat, à 70 %. « Campagne de désinformation », réplique la Fédération des établissements d’enseignement privés.

La FAE relève par exemple qu’en 2012-2013, les écoles privées avaient expulsé 458 élèves de leurs élèves. [Il y a environ 900.000 jeunes élèves au primaire et au secondaire au Québec... (ici p. 137)] « C’est comme si, bon an, mal an, l’équivalent d’une école primaire de la région de Montréal était abandonné par les écoles privées et que ses élèves étaient transférées dans le réseau des écoles publiques sans qu’on leur donne le moindre sou pour les accueillir », a dénoncé le président de la FAE, Sylvain Mallette.

Si cette campagne est une tactique syndicale pour que le gouvernement trouve des fonds pour mieux financer le secteur de l’éducation, la FAE se trompe de cible, répond Jean-Marc St-Jacques, président de la Fédération des établissements d’enseignement privés. Il souligne d’abord que le financement suit l’élève peu de temps après son départ vers l’école publique, quand cela se produit. Au surplus, dit M. St-Jacques, « tout élève qui quitterait l’école privée pour aller à l’école publique coûterait plus cher au gouvernement ». M. St-Jacques fait référence aux droits de scolarité payés par les parents, de même qu’au fait que les écoles privées fournissent et entretiennent elles-mêmes leurs bâtiments. Soit, il arrive que certaines écoles privées expulsent certains élèves peu performants, « ce que nous désapprouvons et ce qui se produit beaucoup moins souvent qu’il y a vingt ans », dit M. St-Jacques. Cela dit, les départs des écoles privées s’expliquent très fréquemment par un déménagement, par des divorces et par des changements dans la situation financière des parents, ajoute-t-il.

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Les étudiants étrangers boudent la Suède, trop chère


Depuis que la Suède a renoncé à proposer gratuitement l’accès à ses universités aux étudiants non européens, leur nombre a chuté de 80 % alors que de nombreux pays envisagent d’augmenter les frais de scolarité pour les étudiants étrangers.

Jusqu’en 2011, la Suède figurait parmi les rares pays à exempter de frais de scolarité tous ses étudiants, sans exception. Elle attirait ainsi des jeunes des quatre coins du globe.

Mais, austérité budgétaire oblige, les universités suédoises ont renoncé à la gratuité. Une politique qui a fait chuter de façon spectaculaire le nombre des étudiants non européens, pour qui les tarifs d’inscription s’élèvent de 11 000 à 25 000 € (15 000 $ à 34 000 $) par an. En 2014, la Suède ne comptait plus que 1 600 étudiants non européens, soit 80 % de moins que les 7 600 qui étudiaient dans le pays en 2011, d’après la Direction de l’enseignement supérieur suédois.

Les étudiants de l’Union européenne ne sont, en général, pas concernés, grâce aux programmes d’échanges Erasmus avec la Suède. Mais, pour les étudiants asiatiques et africains, le pays nordique est devenu un luxe presque inabordable. Leur quasi-disparition explique pour deux tiers la baisse du nombre d’étudiants en Suède depuis 2011.

Les universités suédoises, dont certains cursus ne font plus le plein, et les entreprises, qui estiment que la qualité des demandeurs d’emploi pourrait baisser, s’en inquiètent. Mais les études payantes sont la norme dans le monde, et « les étudiants suédois qui quittent leur pays sont bien placés pour le savoir », a expliqué un professeur d’économie de l’Institut royal de technologie, Eskil Wadensjö.

La Banque HSBC publie chaque année une évaluation sur le coût des études à l’étranger, en faisant la moyenne des frais d’inscription pour un non-résident dans les dix principaux établissements de chaque pays. « Il est inévitable que le coût de l’éducation supérieure grimpe partout, les subventions publiques diminuant », relevait en août 2013 Malik Sarwar, responsable du développement patrimonial chez HSBC, en publiant ses résultats. « Il deviendra difficile de faire face à ce coût, de sorte que les familles qui le souhaitent devront anticiper ce projet », ajoutait-il.

Le pays le plus cher du monde pour les étudiants est l’Australie, avec un coût de 28 700 € (40 800 $) par année d’études (frais universitaires plus coût de la vie), suivie des États-Unis (26 500 €, sans tenir compte des huit universités de l’Ivy League, beaucoup plus chères), et du Royaume-Uni (22 700 €).

En période d’austérité, chaque pays envisage de relever les frais d’inscription. Les règles communautaires interdisent d’augmenter de façon différenciée les droits d’inscription pour les étudiants de l’UE. En revanche, rien n’empêche de faire payer plus cher les Américains, les Australiens ou les Chinois… Les universités du Royaume-Uni fonctionnent sur ce modèle lucratif que les Pays-Bas ont aussi adopté. D’autres pays d’Europe, comme l’Espagne et la France où les frais d’inscription à l’université s’élèvent à 183 € (255 $) par an, y réfléchissent, sans avoir franchi le pas.




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Pays-Bas : fin des bourses d'étude gouvernementales généralisées


Dès la rentrée universitaire 2015, les « bourses universitaires de base », accordées jusqu’ici à tous les étudiants néerlandais, seront remplacées par un système généralisé de « prêt social », remboursable en 35 ans.


« Een studievoorschot », traduisez littéralement « une avance financière pour les études », soit un prêt à taux réduit, étalé sur une très longue période de remboursement. Voilà le nouveau régime auquel seront soumis, dès la prochaine rentrée universitaire, tous les étudiants néerlandais.

DÉMANTÈLEMENT DES BOURSES GRATUITES

Les sénateurs ont approuvé ce mardi le texte adopté mi-novembre par les députés. La deuxième­ chambre du Parlement avait en effet adopté plus tôt, par 97 voix contre 53, la proposition de loi visant à remplacer l’actuel dispositif d’aide au financement des études universitaires par un système généralisé de prêt étudiant.

Cette mesure était inscrite comme prioritaire au programme du gouvernement de coalition libérale-travailliste de Mark Rutte.

Étudiants néerlandais protestant en novembre 2014 contre le nouveau système de prêts.
Son adoption entérine un accord de compromis sur la question, scellé au printemps dernier entre quatre formations politiques – dont les écologistes – pour s’assurer d’une majorité parlementaire.

Le vote des députés n’a donc plus surpris personne aux Pays-Bas, mais chacun mesure pleinement la portée du texte adopté, qui démantèle le système actuel de bourses gratuites.

Stabilité financière et équité sociale

Ce système permettait jusqu’ici aux 670 000 étudiants néerlandais qui fréquentent les 13 universités et les 41 Écoles supérieures professionnelles (hogescholen) du pays de compenser des frais de scolarité académique relativement élevés – 1 900 € pour une inscription en premier cycle cette année – par un dispositif d’aides assez généreux. Mais, il ne s’agit là que d’un coût de base et comme le souligne le journal flamand De Standaard : « il n’est pas rare que des écoles supérieures et des universités aient des frais d’inscription de 15 000 euros » (20.000 $).

Tous les étudiants reçoivent notamment une « bourse de base » forfaitaire d’une durée de quatre ans, éventuellement prorogeable, et ce indépendamment du revenu de leurs parents. Pour cette année universitaire 2014-2015, par exemple, chaque étudiant a droit à 100,25 € (140 $) mensuels s’il vit chez ses parents et 279,14 € (390 $) s’il habite en dehors. Cette « bourse de base » était en réalité un prêt gouvernemental qui se convertissait en une subvention si l’étudiant obtenait son diplôme dans les dix ans.

Mais pour l’actuelle coalition au pouvoir, le système n’est plus ni tenable financièrement, ni juste socialement, car « il force l’ensemble des contribuables à investir pour la formation de jeunes qui, une fois leurs études terminées, bénéficieront de revenus élevés ».

Dégager plus d’un milliard de $

Aux yeux de la ministre de l’Éducation, Jet Bussemaker, « le système des bourses n’est plus de notre temps. Nous préférons investir dans des filières d’excellence qui permettront à nos jeunes de faire la différence. L’accès à un enseignement supérieur de qualité est une telle promesse de bénéfices pour l’avenir professionnel d’un étudiant que nous pensons qu’il peut payer pour cela. »


Le gouvernement table sur des recettes de 800 millions à un milliard d’euros. Il a promis d’investir la totalité des fonds pour perfectionner l’enseignement supérieur.

Exceptions et modalités

Seuls les étudiants dont les parents gagnent moins de 46.000 euros par an (64.000 $) ou refusent de payer continueront de recevoir une aide supplémentaire. Les étudiants dont le revenu des parents est inférieur à 30 000 € (42.000 $) recevront le montant maximum de cette bourse, soit 365 € (510 $) par mois. Le délai maximal de remboursement des prêts étudiants passera de 15 à 35 ans.

Dès le 1er septembre 2015, les « bourses de base » laisseront donc la place à des prêts sociaux, remboursables en trente-cinq ans. La formule retenue prévoit des taux d’intérêt « plafonnés à 4 % », mais calculés au cas par cas « selon les revenus mensuels des futurs diplômés et prélevés uniquement si ces revenus dépassent le salaire minimum » (actuellement 1,501 € bruts par mois, soit 2100 $).

Un diplômé ne devra pas consacrer plus de 4 pour cent de son revenu aux remboursements. Les invalides et les personnes souffrant d’une maladie chronique ne seront également pas tenues de rembourser la totalité de leur emprunt universitaire.

Endettement ou impulsion ?

Les associations étudiantes et les partis d’opposition n’ont pas manqué de dénoncer les failles et les risques du nouveau système : la sélection par l’argent, l’endettement généralisé des étudiants, et enfin des recettes finalement très incertaines et imprévisibles pour l’État. Une pétition contre la réforme a obtenu 28 000 signatures.

Mais le monde universitaire semble satisfait de la formule. Pour Karl Dittrich, porte-parole de l’association des universités néerlandaises (VSNU), « ce nouveau système de prêt social devrait à la fois garantir l’accès de tous à l’enseignement supérieur et donner à ce dernier une impulsion importante ».

Le Bureau central du plan (CPB) estime que la dette moyenne des étudiants néerlandais (aujourd’hui de 15.000 €, 21.000 $) devrait augmenter de 6000 à 9000 € (8.380 à 12.600 $).




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