mercredi 30 juillet 2008

Espagne — Ne recule pas d'un pas !

On trouvera ci-dessous une vidéo de l'association espagnole « Professionnels pour l'éthique » qui milite pour la liberté de choix en éducation et le droit à l'objection de conscience face au nouveau programme d'Éducation à la citoyenneté imposé par le gouvernement socialiste espagnol.

lundi 28 juillet 2008

« Le monde moderne est plein d'anciennes vertus chrétiennes devenues folles. »

Gilbert Keith Chesterton

Université de Californie : pas de mention à Dieu dans vos écoles si vous voulez que vos diplômés soient admis

L’Université de Californie, un des réseaux universitaires publics de Californie répartis dans 10 villes avec une clientèle de 190 000 étudiants, a adopté une politique l’an dernier qui stipule que les écoles qui utilisent les manuels de sciences, d’histoire et de littérature des grands éditeurs chrétiens ne verront plus leurs diplômés acceptés sur présentation de dossier. En cause : l’inclusion dans ces manuels d’une perspective chrétienne.

Robert Tyler qui représente l’école chrétienne Calvary Chapel et cinq étudiants dans l’affaire qui les oppose à l’Université de Californie a déclaré que la politique discriminatoire de l’université équivaut à un ultimatum : « Si vous voulez que vos cours privés soient reconnus et que vos diplômés puissent être admis dans le réseau universitaire public, vous devez adopter une perspective laïque dans vos écoles. »

« Les écoles chrétiennes devront décider : enseigner en adoptant une perspective chrétienne et priver leurs élèves de la possibilité d’étudier dans une université publique ou adopter une perspective laïque pour qu’ils puissent poursuivre leurs études dans les universités subventionnées de l’État » a-t-il expliqué.

« Ceci revient à dire que l’Université de Californie doit approuver à l’avance les matières enseignées dans nos écoles secondaires » d’ajouter Tyler. « C’est scandaleux, car les représentants de l’Université nous ont déclaré qu’il s’agisse de l’anglais, de l’histoire ou de la science, l’addition d’une perspective chrétienne rend ces cours inacceptables ».

Conditions d’admission dans le réseau universitaire public

Les règles d’admission de l’Université de Californie permettent aux étudiants résidant en Californie d’être reçus s’ils réussissent à se classer parmi les 2 ou 3 pour cent supérieurs à des examens d’aptitude normalisés ou s’ils ont réussi le programme de base des classes préparatoires approuvées.

Selon le dossier présenté par les écoles chrétiennes lors du procès qu’elles intentent actuellement contre l’Université de Californie, plus de 90 pour cent des étudiants du réseau universitaire public ont été admis en réussissant les classes préparatoires.

Enlevez les versets bibliques au début de chaque chapitre et ça ira

Les règles contestées en justice indiquent, toutefois, que les classes préparatoires qui utilisent des manuels qui mentionnent Dieu ou la Bible n’entrent pas en ligne de compte, ce qui revient à rendre l’éducation laïque obligatoire pour avoir être admis.

Les représentants de l’Université de Californie ont rejeté les manuels des principaux éditeurs chrétiens, Bob Jones University Press et A Beka Books, parce qu’ils complémentaient le matériel de base d’un point de vue chrétien.

Burt Carney, dirigeant auprès d’Association of Christian Schools International, a déclaré — à l’issue d’une rencontre avec les employés du réseau universitaire — qu’on lui avait dit qu’aucun fait relié à la physique ne posait de difficulté dans les manuels de physique de BJU Press qui ont cependant été désapprouvés.

En effet, un rapport de l’ASCI précise que les représentants de l’Université auraient confirmé « que, si les versets bibliques au début de chaque chapitre étaient supprimés des manuels, ceux-ci seraient probablement approuvés… » C'est ce que rapporte également Naomi Schaefer Riley dans le Wall Street Journal : « Barbara Sawrey, un professeur de chimie à l'Université de Californie à San Diego qui a conseillé l'université dans ce dossier, a affirmé à Burt Carney [...] que l'utilisation des versets bibliques à elle seule justifiait le refus d'approbation du manuel. »

Alors que les perspectives juives, musulmanes, hindoues sont admises…

« Et cette même université nous parle de liberté d’enseignement » de dire Carney. « C’est très discriminatoire. Ils n’interdisent pas les manuels à thème musulman, hindou ou juif, uniquement ceux à thème chrétien. »

Selon les documents de la poursuite, l’université publique a accepté un ensemble de manuels avec des sensibilités et perspectives différentes – mais pas ceux ayant une perspective chrétienne.

Parmi les manuels acceptés, on retrouve « La Civilisation occidentale : une expérience juive » et « Questions en histoire africaine », par contre « L’influence du christianisme sur l’histoire américaine » a été refusé. « Les rôles féminins en littérature », « Le genre, la sexualité et l’identité en littérature » et « Littérature de la dissidence » ont été approuvés alors que « Christianisme et moralité dans la littérature » ne l’a pas été.

Le manuel « Christianisme et moralité dans la littérature » comprend des extraits de Mark Twain, Stephen Crane et Nathaniel Hawthorne ; l'Université de Californie l'a cependant rejeté car, selon elle, « il ne présente pas cette matière de façon objective ». À quoi ressemble donc un cours objectif ? L'Université de Californie a accepté les manuels « Perspectives féminines en littérature » et « Expériences ethniques en littérature » qui eux sont utilisés dans les écoles publiques de Californie.

Encore plus frappant, « Intro au bouddhisme », « Introduction à la pensée juive », « Études féminines et féministes » et « Études sur la raza [hispanique] » sont des cours facultatifs approuvés tandis que « Providence spéciale : le gouvernement américain » n’a été approuvé ni comme cours d’instruction civique, ni comme cours facultatif.

Le dossier du greffe déposé par les associations chrétiennes résume leurs griefs : « En d’autres mots, les universités publiques californiennes approuvent couramment des programmes qui ajoutent des perspectives non chrétiennes, féministes, ethniques, politiques ou multiculturelles ou qui se concentrent sur une religion comme le judaïsme ou le bouddhisme, mais elles désapprouvent les programmes qui y incorporent une dimension conservatrice chrétienne. »

Emprise grandissante de l’Université d’État sur les programmes scolaires

Ce même dossier accuse « les facultés de l’Université de Californie d’exercer de manière méthodique et menaçante une emprise grandissante sur les écoles secondaires en Californie en imposant de plus en plus de conditions aux diplômés des écoles privées s’ils veulent être admis à l’Université de Californie (et, dans les faits, également à [l’autre réseau public de] l’Université d’État de Californie). Sans aucun mandat dans ce sens, l’Université de Californie est passée de l’établissement des règles d’admission à l’établissement des sensibilités philosophiques ou religieuses qui peuvent être enseignées dans les classes des écoles secondaires et à l’approbation ou non des manuels qui peuvent y être utilisés avec comme conséquence que certains élèves ne seront pas admis à l’Université de Californie alors qu’ils ont les mêmes résultats scolaires que ceux qui y seront admis. »

L’ACSI, avec l’aide d'Advocates for Faith and Freedom, un bureau d’avocats sans but lucratif voué à la protection des libertés religieuses devant les tribunaux, prétend que les règles discriminatoires d’admission de l’Université de Californie sont anticonstitutionnelles pour plusieurs raisons, parmi lesquelles une intrusion illicite du gouvernement dans les affaires de l’Église.

Le dossier de l’ASCI déposé au greffe affirme que « Le fait que l’Université et l’État inspectent les manuels et l’enseignement des écoles chrétiennes pour en supprimer une sensibilité ou perspective religieuse particulière que l’État désapprouve alors que les résultats des élèves qui utilisent ces manuels aux tests standardisés n'en pâtissent pas constitue une intrusion dans le domaine religieux. »

« Chaque enseignant adopte un point de vue » a déclaré Tyler à WorldNet. « Nous avons tous une sensibilité et enseigner une matière d’une perspective laïque, c’est aussi adopter un point de vue. »

« Selon nous, le gouvernement doit demeurer neutre quant à la perspective adoptée dans les manuels scolaires. »

dimanche 27 juillet 2008

Ici l'intolérance ne sera pas tolérée !

Implantation du cours d'ECR : « Si on veut que ça parte tout croche, on est bien parti pour ça. »

Le Soleil a publié ce samedi deux articles où des partisans du programme d'éthique et de culture religieuse — et uniquement des partisans, mais c'est la presse professionnelle du Québec, hmmm — s'inquiètent des dérapages possibles dans la mise en œuvre du cours d'ECR.

La plus grosse difficulté, comme le soulignaient déjà la CLÉ, des pédagogues et certains universitaires, vient du gouffre béant qui sépare les ambitions et la formation dérisoire reçue par les enseignants commis d'office (ils n'ont plus le droit d'invoquer l'objection de conscience). Des institutrices du primaire vont devoir après deux jours de formation enseigner cette matière qui traitera de plusieurs religions, alors qu'elles ne connaissent souvent plus que superficiellement leur propre tradition religieuse.

Nous présentons quelques extraits de ces articles ci-dessous.

J.-P. Proulx : pratiquement impossible que les enseignants soient prêts
« Si les programmes seront prêts, les enseignantes et enseignants concernés ne le seront pas en septembre 2008. C’est pratiquement impossible. [...] » écrit [Jean-Pierre Proulx] dans l’ouvrage collectif Les défis de la formation à l’éthique et à la culture religieuse, publié récemment aux Presses de l’Université Laval.

[...]

M. Proulx rappelle que le ministère a agi rapidement pour des raisons stratégiques. À partir de 1984, le gouvernement a eu recours à des clauses dérogatoires pour éviter que l’enseignement de la religion catholique et protestante ne soit contesté sur le plan juridique, en vertu du droit à l’égalité et à la liberté de religion conféré par les chartes canadienne et québécoise. Au début des années 2000, le gouvernement s’est retrouvé coincé entre le mouvement laïc, qui s’opposait à la reconduction des clauses dérogatoires, et les groupes catholiques, qui demandaient leur maintien. Québec a fini par couper la poire en deux en reconduisant pour trois ans seulement (plutôt que cinq comme le permet la Charte canadienne des droits et libertés) ces dispositions dérogatoires.
Étrange manière de couper la poire en deux !

D'une part, le besoin d'utiliser les clauses dérogatoires est le fait même du pauvre gouvernement « coincé ». En effet ce besoin n'existait pas avant que Stéphane Dion, à titre de ministre des Affaires intergouvernementales, ne déposât en 1997 à la demande du Québec une résolution permettant d’amender la Constitution de telle façon que la loi provinciale abolissant le système scolaire confessionnel au Québec puisse devenir effective. Rappelons que l'Ontario finance toujours les écoles catholiques publiques sans qu'il n'ait besoin d'invoquer une quelconque clause dérogatoire. Ici, il semble bien que M. Proulx occulte la réalité historique pour faire croire en l'inéluctabilité de ce programme dont il est un des pères reconnus.

D'autre part, attendre trois ans avant de céder aux exigences d'une seule des parties (supprimer les cours de religions dans les écoles publiques) n'est pas un partage équitable ou un compromis, mais simplement être partial et pragmatique. Pragmatique, car il était tout simplement impossible de faire plus vite, puisque comme on le voit aujourd'hui la mise en œuvre du programme semble précipitée.

Deux jours de formation pour six religions...
Sur le terrain, les craintes sont aussi vives. Dominique Chabot, qui a longtemps enseigné les cours de religion et de morale au secondaire, fait partie de l’équipe des 400 formateurs envoyés dans les écoles du Québec pour initier les enseignants au cours d’ECR. La formule varie selon chaque région, mais les professeurs ont reçu en moyenne deux jours de formation, indique le ministère.

[...]

« [...] les enseignants sont formés dans des conditions épouvantables, affirme-t-elle. On a vraiment l’impression que le programme est garroché. Imaginez-vous les aberrations qui peuvent se dire si les profs sont mal formés. »
Demandes par les partisans de mesures tout au long de l'année
« On n’est pas équipé pour mettre en place ce cours et on trouve ça un peu affolant », affirme Claire Mercier, enseignante à l’école des Quatre-Vents à Beauport.

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) est quant à elle davantage préoccupée par le suivi qui sera mis en place cet automne que par les deux jours de formation qui ont été donnés jusqu’à maintenant. « Il faut que des mesures soient mises en place tout au long de l’année pour voir comment on peut améliorer le cours », a indiqué Sylvie Lemieux, porte-parole de la FSE.
Ça promet ! Contrôle permanent, formation continue des enseignants ? Combien coûtera en fin de compte ce programme imposé pour des raisons idéologiques à tous les élèves ?

Inquiétude d'une association partisane du cours
De son côté, la présidente de l’Association québécoise en éthique et culture religieuse (anciennement l’Association des professeurs de morale et de religion) juge que la formation est jusqu’à maintenant trop mince. « On est inquiet, a lancé Lynda Berthiaume. Si on veut que ça parte tout croche, on est bien parti pour ça. »
Informations erronées ou carrément inventées
« On n’est pas des experts en la matière, affirme Isabelle Grimard, enseignante en troisième et quatrième année [d'une école-pilote ayant donné ce cours et où les enseignants ont bénéficié d'une formation cinq fois plus longue qu'ailleurs au Québec, soit dix jours]. Quand on n’a pas la réponse, il faut accepter de dire aux élèves qu’on va s’informer et qu’on va en reparler. Il faut vraiment être prudent, parce qu’on ne connaît pas tout. »

En classe, les élèves peuvent être prompts à rapporter des informations parfois erronées, parfois… carrément inventées ! Lorsque les élèves de Mme Grimard ont présenté leurs travaux de recherche sur les religions à leurs camarades d’une autre classe, certains en ont profité pour inventer des histoires sur la vie du prophète Mahomet ou pour affirmer que Bouddha était... une femme.
Bourde de l'école pilote : apportez des portraits de Mahomet
Pascale Guéricolas a par exemple été bien surprise lorsque sa fille Alice, en sixième année l’an dernier, est revenue à la maison en lui disant qu’elle avait besoin d’images de Mahomet pour une pièce de théâtre. Selon les préceptes de l’islam, le prophète ne peut être représenté. « L’intention de s’ouvrir sur le religieux est bonne, mais on ouvre aussi une boîte de Pandore. Il faut être capable de transmettre les bonnes informations et de les mettre en contexte », affirme Mme Guéricolas. La pièce de théâtre n’a finalement pas eu lieu.

Vision « judéo-chrétienne » dans la correction des copies, la faute comme écart par rapport à la norme orthographique « divine »

Petit rappel estival d'une perle du Monopole de l'Éducation du Québec.

Richard Berger, dans un rapport produit en 2007 pour le Ministère de l'Éducation, qualifiait d'« approche judéo-chrétienne » « punitive » la méthode de correction actuelle, en fonction de laquelle un élève qui commet plus de 30 erreurs échoue automatiquement en français. « On devrait mesurer ce qui est réussi et non ce qui est raté », affirmait-on dans le rapport.

Et c'est à ces gens, eux qui associent punition et christianisme pour les réprouver, qu'il faudrait faire confiance pour enseigner objectivement les religions juive et chrétienne dans le cours d'Éthique et de culture religieuse...

Dans le texte (p. 103) cela donne :
De toute manière, cette norme ne se manifeste jamais également d’une copie à l’autre et rien n’assure qu’une quantité de fautes ou de « non-fautes » témoigne bel et bien d’une maîtrise de la langue écrite131
131 Dire qu’il y a une erreur, c’est aussi dire qu’il y a commission d’un écart par rapport à une norme (« divine ») qu’il faut suivre. Faire le décompte des écarts, c’est aussi dire qu’on les tolère dans une certaine mesure. Or, cette mesure ne saurait être la même d’une personne à l’autre puisque ces écarts ne sont pas les mêmes d’une copie à l’autre. L’approche, judéochrétienne, est punitive, l’idéal à atteindre étant une sorte d’état angélique duquel il faut s’éloigner le moins possible.

samedi 26 juillet 2008

La ministre Courchesne est-elle, sur le fond, pour ou contre la réforme pédagogique ? Confusion...

Télé Québec a rediffusé récemment une émission « Les francs-tireurs ». Lors de cette émission Patrick Lagacé a rencontré la Ministre du monopole de l'Éducation du Québec, Mme Courchesne.

Il s'agit d'un entretien où la ministre apparaît pour le moins confuse. Ainsi est-ce que Mme Courchesne est, sur le fond, pour ou contre la réforme (le fameux « renouveau pédagogique ») ?

À vous de juger (extraits de la transcription complète, bande son).

En parlant de la réforme pédagogique tant décriée :

Patrick Lagacé — Vous pensez que c'est une bonne chose ?

Michel Courchesne — Je pense qu'on est allés trop loin, qu'il faut rétablir —

P.L. — Mais ce modèle-là...

M.C. — Oui, sur le fond, je suis d'accord.

Et un peu plus loin,

M.C. — [...] mais on a fait une réforme vraiment pour s'assurer que nos enfants décrochaient pas. Je pense qu'on était très inquiet du décrochage scolaire alors on a voulu changer la façon d'enseigner en pensant qu'on irait chercher davantage de motivation chez l'enfant, qu'il serait plus intéressé à la matière, qu'il mettrait sa créativité plus à l'œuvre. Donc c'est ça que les pédagogues ont cru. Je suis pas une ardente défenderesse de la réforme, cela dit

P.L. — Bien, si vous l'êtes pas, c'est surprenant.

M.C. —Ah non, je le suis pas. Sincèrement. Encore là, posez la question aux fonctionnaires, vous allez voir qu'ils trouvent que depuis six mois, je remets beaucoup de choses en cause.

P.L. — Oui, sur les modalités, mais pas sur le fond.

M.C. — Non, sur le fond. Vraiment sur le fond.

mercredi 23 juillet 2008

Colloque « L’éducation chrétienne menacée au Québec : le nouveau cours éthique et culture religieuse »

La revue Égards, Campagne Québec-vie, la paroisse Sainte-Julienne et l’Institut Rocher organisent le 31 juillet un colloque sur le nouveau cours d'éthique et culture religieuse.

Colloque
« L’éducation chrétienne menacée au Québec :
le nouveau cours éthique et culture religieuse »
Église paroissiale Sainte-Julienne
(Diocèse de Joliette)
Jeudi 31 juillet 2008

09 h 00 — Accueil et café à la sacristie de l’église

10 h 00 — Messe en l’honneur de Notre-Dame-des-écoles, patronne des écoles catholiques du Québec (Abbé André Chevalier, curé de la paroisse Sainte-Julienne)

11 h 30 — « Bâtir sur du sable ou les vices cachés du programme d’éthique et de culture religieuse » (Gary Caldwell, sociologue et membre du comité de rédaction de la revue Égards)

12 h 30 — Repas champêtre

14 h 15 — « Une école moderne et ouverte » (Me Michel Pallascio, ancien président de la Commission des écoles catholiques de Montréal)

15 h 00 — « L’école catholique au Québec après le Concile Vatican II » (Luc Gagnon, directeur de la revue Égards et président de Campagne Québec-Vie)

15 h 45 — Pause

16 h 00 — « Un projet d’éducation catholique pour Sainte-Julienne : la fondation d’un centre culturel catholique » (Abbé André Chevalier)

16 h 30 — Discussion et pistes d’action

17 h 00 — Conclusion du colloque



[1] Inscription auprès de la revue Égards par chèque ou par carte de crédit (30 $ - repas inclus) : voir le formulaire.

[2] Possibilité de covoiturage en contactant Égards : Église Sainte-Julienne – 2417, rue Victoria – Sainte-Julienne, Québec – Tél. : 450-831-2321. Sainte-Julienne est située près de Rawdon dans la région de Lanaudière.


(Cliquer sur l'image pour en afficher une version plus grande)

mardi 22 juillet 2008

Près de 22 % des élèves français éprouvent de grandes difficultés à lire, ils étaient 15 % en 2000

Près d'un quart des Européens âgés de 15 ans ont de faibles compétences en lecture.

Zéro pointé pour la France qui est passée de 15,2 % d'élèves en difficulté en 2000 à 21,7% en 2006 ! C'est le principal constat du rapport annuel sur les systèmes d'enseignement de l'Union européenne, que la Commission européenne vient de présenter.

Les experts de l'Éducation nationale estiment que la France est tirée vers le bas par l'augmentation du nombre des enfants en difficulté qui serait du à leur grande hétérogénéité !

Qu'en termes politiquement corrects cela est dit. De quelle hétérogénéité et diversité s'agit-il donc ? Pourquoi les choses ont-elles empiré ?

Parmi les pays bons élèves, la Finlande est en tête, très loin devant tout le monde, avec seulement 4,8 % de mauvais élèves, suivie de l'Irlande (12,1 %) et de l'Estonie (13,6 %).

Rappelons que, selon la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mme Valérie Pécresse, la France se classerait mal dans les classements comme ceux du PISA à cause d'un très fort taux d'immigration, contrairement à la Finlande qui est un pays très « fermé ».



Voir également
  1. Les succès scolaires de la Finlande s'expliquent-ils d'abord par « l'absence d'immigration » (Xavier Darcos) ?
  2. Compétence en lecture et en écriture, la France derrière la Bulgarie.
  3. Finlande — Immigration à 2 % dont beaucoup de Caréliens et de Russes.
  4. Tabou : impact de l'immigration sur les résultats et coûts scolaires (Claude Allègre).

Sources :

France — manuels d'économie, une copie à revoir

La vision que les manuels scolaires d'économie donnent de l’économie et de la société française est affectée d’un biais fort pessimiste. Leur ton est négatif et assez compassionnel. Le choix des textes et des illustrations paraît trop souvent relever de présupposés – dans certains cas assez idéologiques – notamment vis-à-vis du marché. Enfin, l’analyse se réduit trop souvent à l’expression d’une série d’opinions. Ce constat sévère est celui que dresse l’Académie des sciences morales et politiques dans le rapport qu’elle vient de publier sur l’enseignement de l’économie dans les lycées.

Il ressort du rapport de l'Académie des sciences morales et politiques :
  1. que les programmes de Sciences économiques et sociales (SES) sont trop ambitieux ;
  2. qu’ils procèdent du général au particulier et ne permettent donc pas aux élèves d’acquérir des bases solides ;
  3. qu’ils prévoient une même approche de l’économie et des autres sciences sociales, alors que leurs démarches sont profondément différentes ;
  4. que les manuels sont parfois entachés d’affirmations erronées ;
  5. qu'ils négligent les aspects microéconomiques alors que les économistes en savent beaucoup plus sur les comportements microéconomiques que sur les régularités macroéconomiques ;
  6. qu’ils présentent souvent une image biaisée et fortement négative des réalités économiques par des textes et des illustrations inappropriés.
Selon l'Académie, les programmes d’enseignement des sciences économiques et sociales doivent donc être remaniés en profondeur. Une formation fondée sur un enseignement adapté de la science économique pourrait en effet être un élément essentiel d’une voie d’excellence vers le baccalauréat.

Quelques exemples de biais ou de méconnaissances dans les manuels

— Le manuel des éditions Bordas, classe de Première, affirme (p. 241) que « le marché, laissé à la libre initiative de ses intervenants, a une tendance mécanique à la concentration, auquel cas la concurrence s'y autodétruit ». Cette affirmation, clairement idéologique, est de plus totalement fausse ; on aimerait lui trouver la moindre justification empirique sérieuse, ce que le manuel se dispense de fournir3.

— Le manuel des éditions Bréal, qui fait l'objet d'une analyse particulièrement précise du rapporteur (cf. le rapport du Professeur M. Hellwig), présente une image d‘une file d‘attente de chômeurs durant la dépression des années 30 pour illustrer les défaillances du marché. La littérature académique sur la grande dépression est pourtant unanime à considérer que celle-ci a résulté essentiellement de défaillances d‘organismes publics, et plus spécifiquement de l‘incapacité de la Réserve fédérale à fournir au marché les liquidités indispensables pour éviter l'effondrement du système de paiements (voir par exemple B. Eichengreen, Golden Fetters, Harvard 1992).

— L'ouvrage des éditions Hatier offre une citation extraite de l'Antimanuel d’économie dans laquelle B. Marris affirme que l'équation quantitative résume la totalité de la théorie monétaire (qui est, dans une note de bas de page, assimilée à la vision « monétariste » ou « libérale »), et que cette théorie nie l'impact de la monnaie sur l‘économie. L'inculture économique révélée par ces lignes est proprement stupéfiante. D'une part, la théorie monétaire ne se limite évidemment pas au monétarisme. En second lieu, Milton Friedman, le pape du monétarisme, a reçu le Prix Nobel pour ses travaux soulignant précisément l‘impact de court terme de la politique monétaire sur l‘activité réelle. En fait, les travaux, mentionnés ci-dessus, soulignant le rôle central de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine dans la crise des années 30 ont précisément leur source dans l'Histoire monétaire des États-Unis, de Friedman et Schwartz – et les néo-keynésiens ont d'ailleurs largement reproché à Friedman une insistance trop exclusive sur les responsabilités de la politique monétaire.

— Pour illustrer « les mécanismes du marché et leurs limites », le manuel Hatier de première reproduit un tableau du peintre Gérôme : Vente d’esclaves dans la Rome antique. Sur la même double page, une photo représentant des prostituées et leurs clients mais aussi – quand même – la Bourse de Chicago. Plus loin, il est proposé aux lycéens d’« analyser un marché particulier », celui de la drogue. « Représentez la fonction de demande de marijuana et celle d’héroïne. Ont-elles la même forme ? Pourquoi ? »

Lire le rapport (88 pages)

lundi 21 juillet 2008

Dans le nouveau Canada, nous sommes tous devenus pupilles de la Nation

Douglas Farrow, lettre au National Post

« Laissez les parents éduquer leurs enfants » s'insurgeait le National Post dans son éditorial de samedi [21 juin 2008]. « Les tribunaux n’ont pas à se mêler – mais pas du tout – de décisions familiales aussi banales. » Il faut annuler l’« exaspérante » décision de la juge québécoise Suzanne Tessier qui a donné raison à une fille de douze ans de Gatineau qui demandait au tribunal d’annuler une décision parfaitement raisonnable de son père de crainte que les parents ne sachent désormais plus « où se termine l’autorité parentale et où commence celle de l’État. »

[Rappelons que le père de la jeune fille lui avait interdit un voyage scolaire après que celle-ci lui avait désobéi à plusieurs reprises et avait affiché des photos indécentes d’elle-même sur Internet. La jeune fille avait alors fui le domicile de son père qui en avait la garde légale pour se réfugier chez sa mère divorcée. Son école refusant de la laisser partir sans l’autorisation de son père, la jeune fille s’était tournée vers les tribunaux.]

Fantastique ! Pendant un bref instant, je me suis senti ramené à l’époque du vieux Canada, le Canada de la Déclaration des droits de 1960 qui parlait de « protéger la famille dans une société d’hommes libres et d’institutions libres ». Le Canada de Paul Martin, père, qui parlait avec éloquence la langue de la Déclaration universelle des droits de l’homme en rappelant « le caractère sacré et inviolable de la famille, base de la société ». Le Canada où le mariage, la procréation et être parent coïncidaient pour la loi et la culture ambiante.

Puis je me suis demandé qu’est-ce que le National Post ne comprenait pas du nouveau Canada ? Le Canada de Paul Martin fils et de la loi C-38, loi sur les unions de même sexe, qui a rompu ces liens. Le Canada où l’unité familiale naturelle dont l’autorité parentale est reconnue par l’État n’existe plus. Le Canada où les relations entre les parents et les enfants, par décision du Parlement et de la Cour Suprême, ne sont plus que constructions juridiques, à l’entière discrétion de l’État. Le Canada où l’article 16 de la Déclaration universelle est désormais dénué de sens. [« 3. La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'État. »]

Qu’est-ce que le National Post ne saisit pas au sujet du nouveau Québec ? Le Québec où depuis 1991, il est parfaitement légal pour l’État de s’emparer d’une jeune fille comme celle de Gatineau, d’ici un an ou deux – à partir de ses quatorze ans, pour être exact – et l’emmener dans une clinique d’avortement sans que ses parents soient d’accord ou même avertis. Sans même vérifier si un fonctionnaire, un enseignant par exemple, l’aurait mise enceinte. [Rappelons aussi qu’au Canada, contrairement aux autres pays occidentaux, il n’existe aucune loi limitant la pratique de l’avortement, on peut ainsi en théorie avorter à n’importe quelle semaine de la grossesse, voir l’article d’Andrew Coyne.]

C’est le même Québec qui en septembre [2008] commencera à enseigner un programme obligatoire d’Éthique et de culture religieuse – obligatoire dans toutes les écoles, publiques et privées – dont le but avoué est d’inculquer à chaque jeune Québécois une philosophie « individualiste ». En effet, l’objectif est de créer une distance critique (comme s’il en fallait davantage !) entre la jeune fille de Gatineau et les préceptes moraux et religieux de ses parents ou de son prêtre.

Aucune exemption possible à ce programme, en passant, peu importe l’opinion de ses parents. Et tout cela, alors que le Premier ministre Harper présente ses excuses pour les pêchés passés de l’État et les écoles [pour autochtones] qui ont « réduit la capacité de nombreux [parents] à élever adéquatement leurs propres enfants ». We are sorry : plus jamais ça. Mais bien sûr.


Commandez Nation of Bastards

Le National Post est consterné – peut-être même atterré – par l’étatisme larvé qu’il découvre dans la décision de la juge Tessier. Mais il n’y a rien d’atterrant à cela si ce n’est peut-être la lenteur du National Post à comprendre ce qui se passe. Comme je l’ai montré dans mon livre Nation of Bastards, même le juge en chef du Canada ne sait plus très bien « à qui appartiennent les enfants ». Nous sommes désormais tous devenus les pupilles de l’État et il ne faut plus s’étonner quand nos juges et politiciens prennent des décisions qui nous poussent à demander où s’arrête l’autorité parentale et où commence celle de l’État. Dans le nouveau Canada, l’autorité de l’État, comme celle de Dieu, ne connaît plus ni début, ni fin.


Douglas Farrow est professeur agrégé de Pensée chrétienne à l'université McGill et l'auteur de Nation of Bastards (BPS Books, 2007).

Une pensée émue pour les écoles et les élèves de Guyane française




Témoignages d'enseignants français en Guyane qui, au travers de leurs expériences, dénoncent les incohérences et insuffisances du système éducatif public en Guyane.

dimanche 20 juillet 2008

Espagne — La Cour supérieure de justice de La Rioja reconnaît également le droit à l’exemption au cours d’Éducation à la citoyenneté


Dans un jugement prononcé le 8 juillet, la Cour supérieure de justice de La Rioja (Nord de l’Espagne) a exempté les enfants des requérants de suivre le cours d’Éducation à la citoyenneté et empêche qu’ils soient évalués en cette discipline. Cette décision a été suivie d’une autre similaire le 16 juillet. Ces deux jugements portent le nombre de parents dont les enfants seront dispensés dans la communauté autonome de La Rioja à quatorze.

Le programme d’Éducation à la citoyenneté contrevient à deux articles de la Constitution

Selon le jugement, le programme d’Éducation à la citoyenneté contrevient aux articles 16 et 27 de la Constitution espagnole.

L'article 16.1 garantit « la liberté idéologique, religieuse et de culte des individus et des communautés, sans autres limitations, quant à ses manifestations, que celles qui sont nécessaires au maintien de l’ordre public protégé par la loi. ». Pour sa part, l'article 27.3 établit que « Les pouvoirs publics garantissent le droit des parents à ce que leurs enfants reçoivent la formation religieuse et morale en accord avec leurs propres convictions. »

Dans leur décision, les magistrats invoquent la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme :
« C'est en s'acquittant d'un devoir naturel envers leurs enfants, dont il leur incombe en priorité d’« assurer [l']éducation et [l']enseignement », que les parents peuvent exiger de l'État le respect de leurs convictions religieuses et philosophiques. Leur droit correspond donc à une responsabilité étroitement liée à la jouissance et à l'exercice du droit à l'instruction. »
[Arrêt Folgerø et autres c. Norvège du 29 juin 2007]

« Par conséquent, le droit fondamental des parents – inscrit à l'article 27.3 de la Constitution qui précise que leurs enfants reçoivent la formation religieuse et morale en accord avec leurs propres convictions – interdit ce type d'intervention de la part de l’État : qu’il s’agisse de l'imposition de critères moraux ou de l'endoctrinement idéologique » poursuit le texte du jugement.

Parents ayant gagné leur procès et obtenu le droit de retirer leurs enfants du programme d'EC

Distinction spécieuse entre l’éthique publique et l’éthique privée

D'autre part, les juges affirment que « la prétendue dualité entre l’éthique publique et l’éthique privée n'a pas le moindre fondement constitutionnel ». Ils ajoutent : « La conduite humaine de chaque personne est régie par les normes d'une seule éthique en fonction de laquelle chaque personne jugera moralement chacune de ses actions ». Et c’est pour s’en assurer que l'article 27.3 de la Constitution espagnole rappelle le droit des parents de décider de la formation morale de leurs enfants, car c’est à ceux-ci que revient la fonction de les éduquer – article 154 du Code civil – afin de développer leur personnalité.

L'article 27.2 de la Constitution dispose que l’« éducation aura pour objet le plein épanouissement de la personnalité humaine, dans le respect des principes démocratiques de vie en commun et des droits et libertés fondamentales. »

La Constitution n’opère pas une distinction entre, d’une part, une « éthique publique » qui serait protégée par l’article 27.2 et, d’autre part, une « éthique privée » qui serait protégée par l'article 27.3. L'article 27.2 autorise l’élaboration d'une éducation à la citoyenneté pour autant qu’elle respecte les principes démocratiques de coexistence et les droits et libertés.

Le tribunal fait donc valoir que « Les cadre (ou la portée) des articles 27.2 et 27.3 de la Constitution espagnole (CE) n'est pas respectivement celui d'une morale publique et une morale privée à mettre en parallèle. Bien, au contraire, l'article 27.2 ne fait référence qu’au respect des principes démocratiques de coexistence et aux droits et libertés fondamentales, mais ces principes, droits et libertés ne sont rien d’autre qu’une partie de ce qu’on nomme la morale publique. Et si on admet ce concept, le cadre de l'article 27.3 de la CE englobe alors la morale publique dans tout ce qui n’est pas compris par ce « dans le respect des principes démocratiques de vie en commun et des droits et libertés fondamentales » et il comprend donc également la morale privée au complet. 

Le programme d’Éducation à la citoyenneté dépasse le cadre constitutionnel

Après avoir cité l'Avis du Conseil d'État 2234/2006, les juges font remarquer que « la diffusion par l'État à l’aide du système éducatif de valeurs qui ne figurent pas dans la Constitution ou qui ne sont pas une condition ou un corollaire indispensable à l'ordre constitutionnel, contrevient à l'article 27.3 qui, en garantissant le droit des parents de choisir l’éducation religieuse ou morale de leurs enfants en accord avec leurs convictions, « délimite un domaine de liberté privée où il est interdit au pouvoir public d’imposer quelle formation idéologique que ce soit. » (Arrêt du Tribunal constitutionnel 276/1983) »

Un des excès par lequel pêche le programme EC est celui de l'apprentissage de la théorie du genre qui affirme que l’on forme sa propre sexualité : on devient homme, femme; on ne naît ni homme, ni femme. Il s’agit donc de l'idéologie de la construction sociale du rôle sexuel, cette théorie sert souvent à légitimer l’homosexualité et la transsexualité. « La diffusion par l'État à travers le système éducatif de l'idéologie dite du genre contrevient à l'article 27. 3 » pour les mêmes raisons exposées au paragraphe ci-dessus.

L'État enfreint la neutralité imposée par la Magna Carta

Pour ce qui est de la neutralité imposée à l'État, le jugement affirme qu’« elle découle également de la non-confessionnalité de l’État (article 16.3 de la Constitution espagnole), qui l'oblige à ne pas endoctriner, c'est-à-dire à ne considérer officielle aucune doctrine morale, éthique, religieuse ou humaniste et qui l’empêche de la transmettre par le système éducatif public lequel doit être objectif et pluriel dans la transmission des connaissances et des savoirs ».

« De même, le devoir de neutralité de l'État », poursuit le texte, « l’empêche de chercher à connaître l’idéologie, la religion ou les croyances des élèves (article 16.2 de la Constitution espagnole) » alors que le programme d’EC rappelle sans cesse que l’élève doit « montrer », « manifester » et « expliquer » qu’il sait écouter, résoudre les différends pacifiquement, éprouver de l’empathie et du respect pour les différences de tous et n’exhibe pas de stéréotypes sexistes.

La CSJR considère que, par le biais du programme d’Éducation à la citoyenneté (précisés par les arrêtés royaux sur le régime pédagogique pour l’école primaire, l’école secondaire et le CEGEP, l'État enfreint ce principe de neutralité, car au travers de ce qu’il nomme l’« éthique civique », ce programme ne s’intéresse pas uniquement à la conduite publique, mais qu’il aborde également des questions comme l'« éducation affective émotionnelle », « la reconnaissance des sentiments propres et étrangers », « les questions de l'être humain », « l'intelligence, les sentiments et les émotions », « les relations interpersonnelles », « les préjugés », etc., en imposant des normes morales comme « valeurs universelles ».

La volonté d’endoctrinement de l’EC

Selon le tribunal, le développement réglementaire de la Loi organique sur l’éducation (arrêtés royaux 1513/2006, 1631/2006 et 1467/2007) « démontre que le programme d’EC contient une formation morale et sa volonté délibérée de produire chez l’élève une conscience morale concrète, nommée « conscience morale civique », laquelle serait un type de morale publique, en leur imposant comme normes morales une série de valeurs concrètes choisies par l'État à un moment historique donné, a pour effet d’endoctriner « tous les citoyens dans des valeurs et des vertus civiques », puisqu’il essaie d’enseigner et d’imposer des comportements liés à une morale concrète, non « neutre », qui sous-entend une éthique civique ou publique différente de l’éthique personnelle ».

Pour la Cour, les arrêtés royaux qui précisent et rendent obligatoires le programme d'Éducation à la citoyenneté sont contraires au Droit, bien que cette illégalité ne puisse être déclarée que par la Cour suprême, puisque ces arrêtés émanent du Conseil des ministres.

Opinion minoritaire contre la résolution de la Cour de La Rioja

Seuls deux des trois magistrats de la Cour ont signé le jugement. Le troisième magistrat a émis une opinion dissidente estimant que le recours des parents aurait dû être rejeté, car, même si le programme a une dimension morale, il n’y existe pas de volonté d'« endoctrinement ».

Le juge minoritaire poursuit : « L'état ne prétend imposer aucun type de morale concrète contrairement à ce qu’affirme le jugement, ces contenus font partie de l'éthique civique comprise comme un ensemble de valeurs et de principes moraux partagés par toute société pluraliste au niveau moral. »

« Il s’agit d’une éthique minimale. Il ne s'agit pas d'imposer une idéologie commune à tous les citoyens », c’est pourquoi « le tribunal aurait dû rejeter le recours », soutient le juge dissident.

Kjeldsen et autres c. Danemark en 1976

Les juges de La Rioja ont cité à plusieurs reprises l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme Folgerø et autres c. Norvège du 29 juin 2007. Celui-ci se réfère à une autre affaire Kjeldsen et autres c. Danemark en 1976. Les familles danoises requérantes de l’époque s’opposaient pour des raisons religieuses à l’éducation sexuelle obligatoire que le Danemark avait imposée dès l’école primaire publique. La Cour européenne avait à l’époque débouté les parents argüant que le programme d’éducation sexuelle était scientifique, exempt d’endoctrinement et fondé sur une volonté de santé publique à savoir limiter les grossesses précoces.

Citons les extraits repris par les juges de La Rioja :
« En particulier, la seconde phrase de l'article 2 du Protocole no 1 n'empêche pas les États de diffuser par l'enseignement ou l'éducation des informations ou connaissances ayant, directement ou non, un caractère religieux ou philosophique. Elle n'autorise pas même les parents à s'opposer à l'intégration de pareil enseignement ou éducation dans le programme scolaire, sans quoi tout enseignement institutionnalisé courrait le risque de se révéler impraticable (Kjeldsen, Busk Madsen et Pedersen, précité, p. 26, § 53).

h) La seconde phrase de l'article 2 du Protocole no 1 implique en revanche que l'État, en s'acquittant des fonctions assumées par lui en matière d'éducation et d'enseignement, veille à ce que les informations ou connaissances figurant au programme soient diffusées de manière objective, critique et pluraliste. Elle lui interdit de poursuivre un but d'endoctrinement qui puisse être considéré comme ne respectant pas les convictions religieuses et philosophiques des parents. Là se place la limite à ne pas dépasser (ibidem). »

[…]

« Au demeurant, l’État danois réserve une importante ressource aux parents qui, au nom de leur foi ou de leurs opinions, désirent soustraire leurs enfants à l’éducation sexuelle intégrée : il les laisse libres soit de les confier à des écoles privées astreintes à des obligations moins strictes et, du reste, fortement subventionnées par lui (paragraphes 15, 18 et 34 ci-dessus), soit de les instruire ou faire instruire à domicile, sauf à subir les sacrifices et inconvénients indéniables qu’entraîne le recours à l’une de ces solutions de rechange. »
Le juge dissident Verdross s’opposera en 1976 à cette décision qui ne répondait pas, selon lui, à l’accusation de discrimination pour raisons religieuses en ces termes :
« D’autre part, on ne peut pas méconnaître que l’instruction dans une école privée, même subventionnée par l’État, et l’enseignement à domicile entraînent toujours pour les parents des sacrifices matériels. Si donc les requérants n’avaient pas la faculté de faire dispenser leurs enfants de suivre les cours en question [à l’école publique], il existerait à leur détriment une discrimination non justifiée, interdite par l’article 14 de la Convention [européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales], par rapport aux parents dont les convictions religieuses et morales sont conformes à celles du législateur danois. »


Jugement complet de la CSJR rendu à Logroño le 8 juin 2008, en castillan (31 pages)

samedi 19 juillet 2008

Citation relativiste contradictoire du jour

« Je crois qu’il est vraiment très dangereux que quelqu’un se lève et dise « Je connais le chemin et je possède la vérité et je sais comment interpréter la Sainte Écriture et le chemin que vous suivez est le bon. » C’est vraiment très, très dangereux et je pense que c’est démoniaque. »

John Chane, évêque anglican de Washington à la conférence de Lambeth des prélats anglicans.

Évidemment, il y a un petit problème avec la déclaration de M. Chane. Il affirme, en effet, en substance qu’il est absolument vrai qu’il n’y a pas de vérité absolue. Mais comment peut-il être aussi affirmatif, lui qui nie toute vérité absolue ?

Il faut dire que ce relativisme n'a en rien servi la communion anglicane qui, en Occident, connaît un déclin continu du nombre de ses membres et qui est au bord du schisme ; la majorité des membres désormais venant d'un Tiers-Monde nettement plus conservateur que les pays de colonisation anglo-saxonne.

Ou comme le dirait Mark Steyn : « Voilà pourquoi, en Grande-Bretagne, l'Église anglicane est engagée dans une vrille mortelle et que l'islam y est la religion qui croît le plus vite. Il n'y a pas de marché pour une foi qui n'a pas foi en elle-même. »

vendredi 18 juillet 2008

Les écoles publiques continuent de perdre des élèves


Les écoles publiques du Québec continuent de se vider. Deux raisons à ce lent déclin : la démographie anémique du Québec (toujours au niveau très insuffisant de 1,6 enfant par femme) et le succès des écoles dites privées.

Selon des données du ministère de l'Éducation obtenues par Le Journal de Montréal, 88 % des élèves fréquenteront un établissement public à la rentrée, alors que cette proportion était de 91 % en 1998-1999. En septembre 2008, il y aura 20 000 élèves de moins qu'avant dans le réseau public. Au cours des dix dernières années, les pertes du secteur public totalisent 128 000 élèves.

En revanche, la clientèle des écoles privées a augmenté de 21 000 élèves en dix ans. La prochaine rentrée devrait toutefois se solder par une légère baisse de 400  élèves. L'année dernière, le Monopole avait également prévu une chute de l'effectif scolaire dans le secteur privé. Celui-ci a finalement accueilli 498 étudiants de plus.

Entre l'année scolaire 2002-2003 et celle de 2006-2007, 156 bâtiments primaires et secondaires ont cessé leurs activités, révèlent des données du Monopole de l'Éducation obtenues par le Journal.

Popularité du privé malgré une autonomie bridée et des frais parfois imposants

Selon le Journal de Montréal « La scolarité des étudiants qui fréquentent le privé est subventionnée par le gouvernement à hauteur d'environ 60 % », ceci n’est pas exact puisque certaines écoles privées — de plus en plus populaires — ne reçoivent aucune subvention. Il en va de même pour les parents, de plus en plus nombreux, malgré une administration de plus en plus tatillonne, qui éduquent leurs enfants à la maison.

Cet engouement pour le secteur privé est d’autant plus remarquable que sa spécificité est bridée par la législation québécoise qui lui impose une grande partie de son programme scolaire et de la pédagogie à suivre. Autonomie suboptimale que, de plus en plus, de parents sont toutefois prêts à payer, quitte à ne pas bénéficier de subventions (souvent un simple remboursement d'une partie de leurs impôts et taxes). Ces frais s'élèvent parfois jusqu’à près de 18 000 $ l’an par enfant.

Coût de l'éducation au Québec

  • 13,4 milliards de $ — total des dépenses du gouvernement québécois pour l'éducation (subventions de 100 % pour les écoles publiques, 60 % pour les écoles privées subventionnées, elles ne le sont pas toutes) ;
  • 111 520 $ — coût de la formation pour les contribuables d'un diplômé du secteur public ;
  • 8 663 $ — dépense moyenne des commissions scolaires pour chaque élève ;
  • 1 358 $ —dépense globale par habitant dans les commissions scolaires ;
  • 24,9 % — proportion des dépenses du gouvernement en éducation ;
  • 11,2 — durée moyenne des études des diplômés du secondaire.
(Source MELS, 2007-2008)

En 2004-2005, la dépense du gouvernement du Québec pour l’éducation était estimée à 11,8 milliards de dollars, ce qui représentait 25,0 % de ses dépenses de programmes. Entretemps, la population des écoles publiques a baissée de près de 70 000 élèves.

lundi 14 juillet 2008

Représentation « inadéquate » des rôles masculins et féminins et des ethnies dans les manuels québécois

Trouvé des notes intéressantes dans le Matériel didactique approuvé pour l'enseignement secondaire (2008-2009) par le Monopole de l'enseignement du Québec.

Les auteurs de cette liste d'ouvrages ne se sont pas gênés pour émettre des jugements de valeurs (« inadéquate ») plutôt que de les décrire le plus objectivement possible le contenu de ceux-ci (« les femmes n'occupent que des tâches traditionnellement féminines » ou « les minorités ethniques ne sont pas représentées de façon proportionnelle à leur nombre dans la société. »)

Nous aimerions savoir plus précisément ce que le Monopole reproche à ces manuels et en quoi il se sent permis d'émettre ces jugements de faveur. Si vous avez des éléments de réponse, n'hésitez pas à nous contacter à l'adresse courriel suivante : .

FORMATION PERSONNELLE ET SOCIALE

Pleins feux, 3e secondaire (1re édition)

Note : La manière de représenter l'ensemble des personnages féminins est inadéquate.

À mon tour, 5e secondaire (1re édition)

Note : La manière de représenter l'ensemble des personnages féminins et ceux rattachés aux diverses minorités est inadéquate.

FRANÇAIS, LANGUE MATERNELLE

Textes et contextes 5 (1re & 2e parties)

Note :La représentation quantitative des personnages féminins est inadéquate.

SCIENCES PHYSIQUES 214 - ENVIRONNEMENT PHYSIQUE

Initiation à l'étude scientifique de l'environnement (3e édition)

Note : La manière de représenter l'ensemble des personnages féminins et ceux rattachés aux diverses minorités est inadéquate.


MATHÉMATIQUE

Les maths et la vie, 1re secondaire
Note : Les textes succincts et les consignes aux élèves ne correspondent pas à une représentation juste des hommes et des femmes.

dimanche 13 juillet 2008

Surplace des élèves québécois malgré tant de millions et tant de plans d’action

Le Monopole de l'éducation (MELS) a rendu publics, il y a quelques jours, les résultats que les élèves ont obtenus aux épreuves uniques de juin 2007.

On y apprend que seuls six élèves québécois sur dix obtiennent leur diplôme d’études secondaires en cinq ans. Au bout de sept ans, ils sont 72 % à le décrocher. Un « drame humain », selon Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec qui représente les enseignants.

Le secteur privé haut la main

Comme à l’accoutumée, le secteur privé qui représente environ 20 % des élèves scolarisés au Québec obtient de meilleurs résultats que le secteur public. Les élèves du secteur public obtiennent une moyenne de 71,4 % aux épreuves uniques de 2007 pour réussir celles-ci avec un taux de 81,8 % alors que les ceux du secteur privé ont obtenu une note moyenne de 80,4 % et 95 % d’entre eux ont réussi les épreuves.

Diplomation en panne

M. Parent de la CSQ s’inquiète particulièrement des taux d’obtention de diplôme. Pour lui, les taux de réussite aux épreuves ne sont pas très significatifs, car « tous ceux qui ont décroché avant la fin du secondaire ne sont pas pris en compte ».

Les taux de réussite stagnent, la diplomation oscille toujours autour des 70 %, au point où, pour faire étalage de données plus encourageantes, il est de bon ton désormais d'étirer la durée des études au-delà des traditionnels cinq ans pour inclure deux années de rattrapage.

Les résultats ne doivent pas rendre le Ministère bien fier « s’il les publicise un an plus tard, et le 2 juillet, alors que tout le monde est à la plage ou à la piscine… », ironise M. Parent.

Il est vrai que, d'année en année, la date de publication se rapproche dangereusement des grandes vacances. Naguère, le Monopole se gargarisait des tableaux publiés en mai; cette année, il fallut attendre juillet.

Surplace malgré états généraux, multiples réformes et des millions dépensés

Il faut probablement trouver l’explication de ce retard par l'apparent surplace qui frappe le Québec scolaire en dépit des réformes imposées par le Monopole et ses experts, millions et programmes destinés à bonifier la réussite. Douze ans après des états généraux qu’on annonçait prometteurs, le tiers des élèves quittent toujours l'école sans diplôme. Au cours des dernières années, le taux d’obtention du diplôme secondaire au Québec n’a pratiquement pas changé et oscillent toujours autour de 60 %. On le déplore chaque année, mais rien ne change…

Les chiffres valent ce qu’ils valent…

La Presse a interrogé des adolescents à la sortie des examens du Monopole, pas sur ceux de 2007, mais sur ceux qu’ils viennent de passer.

Les jeunes interviewés hier étaient unanimes : l’examen d’anglais langue seconde — discipline qui obtenait le plus haut taux de réussite (78,4 %) en 2007 — était incroyablement facile. Au contraire, nombreux étaient ceux qui ont trouvé l’examen d’histoire de 4e secondaire extrêmement difficile.

L’examen de français était une farce, à en croire Geneviève, de l’école Jean-Jacques Rousseau. « De la petite compréhension de texte facile. »

Facile ou pas facile, il suffit souvent de s’en remettre aux plus performants, relève Lukas Brugger, un Autrichien venu faire un échange culturel d’un an au Québec. « Aux examens, notamment à celui d’anglais, ça trichait vraiment beaucoup, dans la classe ! » Un vrai examen collectif, à l’entendre.
Bref, il semble que les chiffres valent ce qu'ils valent.

Les parlementaires se pencheront sur le décrochage, avec les mêmes vieilles idées étatistes ?

Les parlementaires se pencheront sur le problème du décrochage scolaire cet automne lors de la rentrée politique. Espérons qu’ils envisageront sérieusement plus d’autonomie pour les écoles et — mais il s’agit sans doute d’un concept prématuré pour le Québec étatiste — songeront à une plus grande liberté pédagogique des écoles qui pourraient enfin décider des matières à enseigner et de la manière de le faire.

vendredi 11 juillet 2008

Devoir d'apologétique de Georges Leroux au sujet du cours d'éthique et de culture religieuse

Dans un de ses derniers « devoirs de philo », le Devoir donnait la parole au philosophe Georges Leroux pour qui le philosophe anglais John Locke aurait encouragé l'adoption du cours d'éthique et de culture religieuse. Rien de moins.

Citons d'abord le passage où Georges Leroux s'avance de la sorte :
Le rapprochement peut surprendre, mais dans la mesure où un cours comme « Éthique et culture religieuse » n'est possible que si la laïcité est acquise, il suppose une forme de tolérance. La laïcité exige en effet une séparation radicale de la sphère du religieux et de la sphère de l'État.

On peut dire qu'un État qui offre à ses citoyens la possibilité de connaître le pluralisme religieux ne peut le faire que s'il leur propose cette connaissance dans un espace qui est laïque et pour des raisons qui ont à voir avec le mieux-être de la société: il ne saurait la proposer pour leur salut éternel ou pour leur bien-être spirituel, car ces finalités dépendent, comme Locke le soutenait, de la liberté individuelle privée.

Si l'État proposait la connaissance des religions dans un espace confessionnel, même en suivant un modèle « communautarien », il romprait avec le principe de la séparation des pouvoirs, il introduirait la confessionnalité dans la sphère civile et étatique.
Comme le signale Roger Girard « Contrairement à la majorité des articles offerts dans le cadre du « Devoir de philo », le présent article laisse un arrière-goût de plaidoyer justificateur. »

Notons d'emblée deux paradoxes :
  1. George Leroux utilise un argument d'autorité en invoquant John Locke pour essayer de justifier l'imposition de ce cours alors qu'il s'agit d'une pratique réprouvée quand on veut assurer un bon dialogue et un meilleur vivre-ensemble. M. Leroux ne met donc pas en pratique les principes du cours qu'il défend avec ferveur. Tsk tsk.
  2. Contrairement à ce que laisse entendre George Leroux pour qui John Locke aurait été un précurseur du laïcisme québécois, John Locke désirait en premier lieu protéger les Églises de toute ingérence étatique, ce qui n'est évidemment pas le cas pour le cours d'ECR qui verra l'État imposer ce cours de morale et de religion jusqu'aux écoles confessionnelles ne recevant aucune subvention de l'État !
M. Leroux semble utiliser une définition bien étrange de la laïcité. Par laïcité, on entend habituellement le fait que l'État ne se mêle pas de religion, mais considère les religions avec une neutralité bienveillante (à l'inverse du laïcisme plus militant qui cherche à chasser la religion de l'espace public).

Dans le cas de M. Leroux, voilà que l'État laïque impose un cours portant sur les religions et en décide le contenu : quelles religions aborder, avec quelle fréquence, quels figures, fêtes et récits fondateurs mentionner ! C'est pour le moins contradictoire. Enfin, on sait que le Québec est toujours « en avance ».

Remarquons également que la variante de la « laïcité » québécoise mise en œuvre par l'entremise du cours d'éthique et de culture religieuse est sournoise : on y met sur le même pied toutes les religions en prétendant ainsi être neutre alors que l'effet est d'affaiblir les traditions religieuses actuelles du Québec et bien évidemment le catholicisme. Il y a actuellement peu de bouddhistes au Québec, mais il pourrait bien y en avoir plus après ce cours, d'autant plus que ce qu'on décrit comme une philosophie orientale peut sembler peu exigeante.

Ou comme le déclarait le rapport Bouchard-Taylor :
« En exposant les élèves à une pluralité de visions du monde et de modes de vie, l’État démocratique et libéral rend la tâche plus difficile aux groupes qui cherchent à [...] perpétuer un style de vie fondé davantage sur le respect de la tradition que sur l’autonomie individuelle et l’exercice du jugement critique. La neutralité de l’État n’est de ce fait pas intégrale. » (p. 135)
Flatteur « exercice du jugement critique » des jeunes enfants délivrés de la tradition ! En réalité, l'élève — car on parle bien ici d'enfants — ainsi coupé de la tradition familiale religieuse est plus facilement influencé par les modes idéologiques privilégiées par l'école et la société ainsi que les différentes sous-cultures actuelles, dont celles des adolescents et des médias qui leur sont destinés.

Roger Girard cité plus haut conclut sa critique de l'article apologétique de Georges Leroux ainsi :
La prise en charge de l’éducation par l’État comporte évidemment une nouvelle donne bien étrangère à Locke. S’il avait été confronté au défi contemporain de l’enseignement relatif à la religion, il aurait sans doute été séduit par le système français qui dresse une frontière bien claire entre le domaine civil et public et le domaine convictionnel et privé, se limitant à aborder le « fait religieux » au fil des diverses disciplines sans élaborer un programme distinctif à cet égard. Le système belge aurait pu répondre tout autant à ses critères au plan de la pratique de la tolérance, puisque le pouvoir public ne s’engage pas sur un contenu qui, dans la perspective lockienne, ne lui appartient aucunement.

[…]

Il trouverait peut-être alors le futur programme québécois, bien que paré des « meilleurs principes du monde », assez faible au plan du réalisme pédagogique et peu en mesure de répondre aux situations vécues dans les divers milieux.

[…]

Il serait sans doute surpris, lui qui faisait face à de graves intolérances politiques et religieuses, de constater l’emphase mise sur notre contexte de pluralité religieuse pour justifier tout un appareillage qui risque de déformer la réalité sociale et de détourner des enjeux éducatifs plus essentiels. Lui-même formé à la pratique médicale, il devait s’appliquer à approfondir le diagnostic avant de proposer un traitement. En fin de compte, quand on résiste à la tentation d’accorder aux propos de Locke une valeur universelle plutôt désincarnée, il est raisonnable de penser qu’il aurait pu tout autant privilégier notre régime d’options en vigueur depuis quelques décennies et qui, malgré ses difficultés organisationnelles, ne comportaient pas tous les torts dont ses détracteurs l’ont affublé.

mercredi 9 juillet 2008

Colloque « L’éducation chrétienne menacée au Québec : le nouveau cours éthique et culture religieuse »

La revue Égards, Campagne Québec-vie, la paroisse Sainte-Julienne et l’Institut Rocher organisent le 31 juillet un colloque sur le nouveau cours d'éthique et culture religieuse.
Colloque
« L’éducation chrétienne menacée au Québec :
le nouveau cours éthique et culture religieuse »
Église paroissiale Sainte-Julienne
(Diocèse de Joliette)
Jeudi 31 juillet 2008

09 h 00 — Accueil et café à la sacristie de l’église

10 h 00 — Messe en l’honneur de Notre-Dame-des-écoles, patronne des écoles catholiques du Québec (Abbé André Chevalier, curé de la paroisse Sainte-Julienne)

11 h 30 — « Bâtir sur du sable ou les vices cachés du programme d’éthique et de culture religieuse » (Gary Caldwell, sociologue et membre du comité de rédaction de la revue Égards)

12 h 30 — Repas champêtre

14 h 15 — « Une école moderne et ouverte » (Me Michel Pallascio, ancien président de la Commission des écoles catholiques de Montréal)

15 h 00 — « L’école catholique au Québec après le Concile Vatican II » (Luc Gagnon, directeur de la revue Égards et président de Campagne Québec-Vie)

15 h 45 — Pause

16 h 00 — « Un projet d’éducation catholique pour Sainte-Julienne : la fondation d’un centre culturel catholique » (Abbé André Chevalier)

16 h 30 — Discussion et pistes d’action

17 h 00 — Conclusion du colloque



[1] Inscription auprès de la revue Égards par chèque ou par carte de crédit (30 $ - repas inclus) : voir le formulaire.

[2] Possibilité de covoiturage en contactant Égards : Église Sainte-Julienne – 2417, rue Victoria – Sainte-Julienne, Québec – Tél. : 450-831-2321. Sainte-Julienne est située près de Rawdon dans la région de Lanaudière.


(Cliquer sur l'image pour en afficher une version plus grande)

mardi 8 juillet 2008

Terre-Neuve permet l'exemption à son cours de culture religieuse

Extrait d'une entrevue intéressante avec Bonaventure Fagan, président de la Canadian Catholic School Trustees Association, publiée dans l'édition du printemps 2008 de Famille Québec :
« 
Famille Québec : Qu'est-il arrivé dans les écoles publiques de Terre-Neuve depuis l'abolition de la protection constitutionnelle des écoles catholiques ?

— Toutes les écoles publiques sont non confessionnelles. Le Gouvernement a introduit un cours d'éducation religieuse qui couvre l'ensemble des religions, mais qui n'est pas obligatoire dans les écoles indépendantes. Dans les écoles publiques, les parents ont droit à l'exemption, mais peu de parents s'en sont prévalus.

Famille Québec : Comment les enfants ont-ils réagi à l'introduction de ce nouveau cours ?

— Au début, j'avais beaucoup d'appels de parents consternés. Maintenant, je j'en ai presque plus. Cependant les jeunes disent qu'ils n'y apprennent pas vraiment leur christianisme. Ils disent que les contenus des autres religions sont tellement nombreux qu'ils ne réussissent pas à les démêler.

Famille Québec : Quelle est l'opinion de l'Église catholique de Terre-Neuve face à cette situation ?

— Nos pasteurs nous ont appuyés à 100 % lorsque le gouvernement a cherché à nous enlever nos droits constitutionnels.

Malheureusement, ces droits ont été abolis tout de même. Aujourd'hui, les églises tentent de pallier à la situation en offrant dans les paroisses de la catéchèse. Cependant beaucoup de familles ne pratiquent pas et n'ont pas recours à ces cours. C'est encore un grand défi pour les paroisses, dix ans plus tard. Les paroisses manquent de connaissances pédagogiques et de ressources pour satisfaire le besoin d'éducation religieuse de l'ensemble des enfants.
 »

Réponse à une culpabilisation éhontée

Extraits d'une lettre adressée par M. Antoine Malek, président de l'Association de la communauté copte orthodoxe du Grand Montréal, à la ministre de l'Éducation  et reproduite dans l'édition du printemps 2008 de Famille-Québec :
« 

Madame la ministre, les Québécois méritent d'être félicités pour leur vivre-ensemble

Mardi dernier, à l'Assemblée nationale du Québec, et à la question : « Pourquoi la ministre s'entête-t-elle à implanter un cours (le nouveau cours controversé d'éthique et de culture religieuse) dont la majorité des gens ne veulent rien savoir du contenu qui est présenté présentement ?  » posée par l'opposition officielle, madame Courchesne répond :« ...nous devons offrir la possibilité de mieux se comprendre, au Québec, et de comprendre ces nouveaux arrivants... »

Madame la ministre, nous trouvons honteux [nous soulignons] que vous teniez ces propos qui peuvent laisser sous-entendre que les Québécois ne sont pas vraiment capables de bien vivre-ensemble. Nous trouvons honteux [idem] que l'ensemble de voter argumentation puisse culpabiliser les Québécois. Non, madame la ministre, les Québécois méritent d'être félicités pour leur civisme, leur accueil chaleureux et leur savoir vivre ensemble.

Madame la ministre, le Québec est déjà, et depuis fort longtemps, un modèle à suivre, parmi les nations. Plusieurs pays occidentaux étudient ce modèle québécois dans le but de l'appliquer, chez eux. Des milliers d'immigrants venant de pays sous régime totalitaire trouvent en cette terre un havre de paix, de respect et de sécurité qu'ils n'ont jamais imaginé.

[...]

Madame la ministre, je suis un immigrant, fier d'être Canadien et Québécois, fier de le dire et surtout fier de défendre la réputation de cette merveilleuse terre d'accueil. Il me ferait plaisir de vous l'entendre dire, à votre tour. Certes, comme dans toute société, des efforts sont déployés pour s'améliorer, mais l'argument invoqué pour justifier ce cours nous paraît injuste et blessant.

Madame la ministre, quels sont les vrais motifs pour lesquels l'État fait la promotion d'une nouvelle idéologie, celle qui impose aux élèves un cours sans le consentement de leurs parents ? N'utilisez pas le prétexte que les Québécois manquent de compréhension ou de vivre ensemble. S'il vous plaît, n'utilisez pas non plus le fait que les écoles publiques sont non confessionnelles, comme cheval de bataille. Le gouvernement du Québec doit comprendre que si on a enlevé le statut confessionnel aux écoles, on ne devrait pas abolir pour autant le droit d'éduquer dans le respect de sa confessionalité.

Respectueusement,

Antoine Malek
Président de l'Association de la communauté copte orthodoxe du Grand Montréal


 »

mardi 1 juillet 2008

Droits parentaux amoindris — Des parents en furie contre le DPJ

Extraits du Journal Le Jacques-Cartier, Information mensuelle sur la communauté de la MRC La Jacques-Cartier du 7 janvier 2008.

Le rôle du Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) est depuis plusieurs années contesté par nombre de parents et d’associations de citoyens. Du nombre, l’Association pour le respect des droits des enfants, des parents et des grands-parents du Québec (ARDEPGPQ) estime qu’on assiste parfois à un véritable « rapt d’enfants ».

« Depuis la création de l’association, il y a trois ans, les appels reçus proviennent en grande majorité de parents qui sont véritablement en guerre contre le DPJ. C’est David contre Goliath », déplore la présidente de l’ARDEPGPQ, Luce Bouchard. Cette dernière prétend avoir aidé des dizaines de parents qui se sont sentis lésés par le DPJ. Les David semblent nombreux et les plaintes s’accumulent, bien que plusieurs croient que celles-ci sont faites en vain, faute d’une oreille impartiale. L’ARDEPGPQ croit d’ailleurs qu'à l'occasion, le DPJ nuit plus qu’il n’aide au développement des enfants.

Droits parentaux amoindris, plus de droits à l'État

C’est que depuis l'été 2007, l'entrée en force de la Loi 125 a fait en sorte de « simplifier les règles de procédure applicables devant le tribunal, afin d’accélérer le traitement de certains dossiers tout en respectant les droits de l’enfant ». Les droits parentaux, par contre, s’en trouvent amoindris. Le temps qu’ils ont pour se reprendre en main étant écourté par le placement – et l’adoption – plus rapide de l’enfant en famille d’accueil. Et, une fois placé, il semble difficile pour les parents de garder contact avec leur(s) enfant(s)…

Cette Loi 125 [...] provoque néanmoins du mécontentement parmi les parents touchés. Les effets pervers des modifications qu’elle impose sont subis par certains parents dont les enfants sont pris en charge par le Directeur de la protection de la jeunesse. [Le règlement apparent d’un problème a donc eu comme effet d’en faire naître un autre.]

Grande frustration parentale

Outre l'aspect légal, il semble que d’autres éléments concernant les procédures auprès du DPJ amènent des frustrations chez les parents. Plusieurs d’entre ceux dont les enfants sont pris en tutelle critiquent le traitement des plaintes.

« En bout de ligne, on dirait que les plaintes ont pour seul effet de punir les parents, proteste Mme Bouchard. Les plaignants ont souvent l'impression de se retrouver sur une sorte de liste noire. En plus, l’endroit où on dirige nos plaintes importe peu, car ce sont tous des vases communicants. J’ai même reçu un appel d’une femme qui avait déposé une plainte au Protecteur du citoyen. Or, lors de sa rencontre avec celui-ci, à sa grande surprise, l’ombudsman avait invité trois représentants du DPJ pour recevoir la plainte. L’ombudsman couche-t-il dans le même lit que le DPJ ? »

Des parents en ont aussi contre la façon de procéder lorsqu'il y a des documents à signer. Il s'agit de formulaires qualifiés de complexes, qui nécessitent une connaissance approfondie de la législation en matière de droits de l’enfance. « Peu de gens comprennent tous les tenants et aboutissants des papiers qu’ils signent et les conséquences sont parfois graves. Certains parents avancent même qu’ils ont eu à signer des documents qui leur ont été soumis comme étant des copies des documents précédents, alors qu'il n'en était rien. À tel point, continue me Bouchard, que certains avocats suggèrent de ne rien signer provenant de la DPJ sans qu’ils aient eux-mêmes examiné lesdits documents. »

Les témoignages recueillis par QUÉBEC HEBDO concordent sur un point: l’enfant n’est pas consulté sur sa propre volonté de demeurer en famille d’accueil ou de revenir avec sa famille biologique. Selon deux témoignages de parents, le prétexte demeure le même : « ce pourrait être traumatisant pour l’enfant », dit-on auprès du DPJ. Pourtant, le fait d’être séparé de ses parents constitue déjà un stress énorme pour l’enfant.

Avocats de l'aide juridique médiocres ou apparemment complices de la DPJ

Un autre point décrié par les pères et mères qui livrent bataille contre le Directeur de la protection de la jeunesse est le manque d’efficacité des avocats de l’aide juridique dans ce genre de cause. De l'avis de la présidente de l’ARDEPGPQ, « ils donnent souvent l'apparence de se faire complices du DPJ. On reste sur l'impression que les avocats de l’aide juridique acceptent plusieurs mandats sans grande conviction, mais parce qu'au volume cela rapporte ». Certains parents désabusés avancent même que « les causes se règlent la plupart du temps dans les corridors ».

France — Les parents se méfient de plus en plus de l'Éducation nationale

Le médiateur de l'Éducation nationale présentait ce 1er juillet son rapport d'activité 2007 :

Depuis 2 ans, on remarque une saisine plus importante des usagers, c'est-à-dire des parents, des élèves ou des étudiants. Souvent, ils remettent en cause une décision d'orientation, une notation, la manière dont s'est passé un examen... En revanche, les personnels de l'Éducation nationale, qui peuvent par exemple contester une affectation ou un barème de points, font de moins en moins appel au médiateur.

Cette augmentation des saisines des parents serait due, dans un premier, temps à une meilleure connaissance du médiateur, qui était très peu connu auparavant. Mais c'est aussi un phénomène de société. Les gens ne veulent plus être passifs, ils veulent comprendre, prendre part à l'éducation de leur enfant au sein des établissements scolaires, qu'on leur explique les décisions concernant leur enfant. Les parents ont aussi une plus grande méfiance envers l'Éducation nationale.