samedi 19 mars 2016

Australie — Le programme « écoles sûres » fait polémique, le gouvernement recule

Des « écoles sûres » : c'est le nom d'un programme mis en place dans 500 établissements australiens censément pour lutter contre l'intimidation contre les homosexuels, les bisexuels et les transgenres à l'école. (Ce n'est pourtant pas un motif habituellement important d'intimidation, voir le graphique ci-dessous.) Des élus conservateurs font pression sur le Premier ministre pour qu'il suspende le projet.


C'est Tony Abbott qui avait lancé ce programme « des écoles sûres » lorsqu'il était Premier ministre. Aujourd'hui, il a signé une pétition demandant qu'une enquête parlementaire soit diligentée et que le programme soit mis sur pause en attendant ses conclusions.

Le mois dernier, le premier ministre Malcolm Turnbull avait dit faire un geste envers les élus les plus conservateurs en acceptant d'ordonner une révision du programme « Écoles sûres ». Le rapport doit être publié très bientôt, mais George Christensen, député conservateur du Queensland, ne veut pas attendre. C'est lui qui est à l'origine de la pétition. Des parents sont inquiets :
« Des parents sont venus me voir, ainsi qu'un enseignant qui travaille dans une école qui offre ce programme. Les gens sont inquiets, et je pense que le gouvernement devrait demander l'avis des parents, des professeurs et de tous ceux qui sont concernés. »

Le programme prétend aider les enseignants à lutter contre l'homophobie et à aborder la question de la « diversité sexuelle » avec les élèves pour éviter toute discrimination au sein des écoles. Mais pour George Christensen et les autres élus qui ont signé sa pétition, le programme fait la promotion d'une idéologie LGBT dans les écoles.

Une vidéo amateur enregistrée lors du Symposium national de la Coalition pour des écoles sûres en 2014 montre clairement que le but du programme n'est pas d'éviter l'intimidation dans les écoles, mais de valoriser l'homosexualité, la bisexualité et le transgénérisme. La campagne vise, par ailleurs, à intimider ceux qui s'opposeraient à cette valorisation. La vidéo montre la coordinatrice de la Coalition pour des écoles sûres dans l'État de Victoria, Roz Ward à la coupe garçonne et aux vêtements unisexes, qui s'adresse à un public clairsemé. Elle y affirme que « Coalition pour des écoles sûres vise à soutenir la diversité sexuelle et « de genre ». Il ne s'agit pas de célébrer la diversité, ni de mettre fin à l'intimidation. » Roz Ward se plaint aussi du « fait qu'il n'y a pas d'élèves homosexuels dans nos écoles » en offrant cette explication « parce qu'ils ne sont pas visibles, n'est-ce pas ? » Il s'agit donc de les faire sortir du placard et de valoriser une orientation LGBT.


Mme Roz Ward s'adresse au public : « Il ne s'agit pas de lutter contre l'intimidation »

Les députés et des sénateurs conservateurs s'inquiètent de l'inopportunité de certains documents en regard de l'âge des écoliers, certaines activités de jeu de rôle seraient également inappropriées.

Cette polémique révèle aussi les dissensions qui existent au sein de la majorité, puisque de nombreux élus libéraux sont favorables au programme. C'est le cas d'Ewan Jones :
« Ma femme est enseignante, mon frère était prof. De nombreux amis de ma femme sont enseignants. Ils voient ça comme un outil qu'on leur donne et qu'ils peuvent utiliser comme ils le souhaitent pour faire ce qu'ils considèrent bien au sein de leurs écoles, auprès de leurs classes et pour les élèves. Est-ce que je suis d'accord avec tout ce qu'il y a dans le programme ? Non. Je pense qu'il y a des choses inappropriées, mais je ne veux pas l'interdire ».
À la suite de cette fronde, vendredi 18 mars 2016, le ministre de l'Éducation, Simon Birmingham, a déclaré que certaines parties du programme changeraient et que celui-ci ne serait utilisé dans les écoles secondaires.

Le député Christensen s'est réjoui de ces changements : « Les élèves ne seront pas dirigés vers des sites pour adultes ou vers des groupes qui organisent des ateliers de jouets sexuels pour les jeunes et ce genre de choses. »

Voir aussi

Québec — Détourner la lutte contre l'intimidation à l'école et intimider les hétérosexistes