mercredi 29 juin 2022

Orwell — chien de garde fédéral (CRTC) ordonne à Radio-Canada de s'excuser pour avoir prononcé le mot « nègre »


Le 29 juin 2022, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a ordonné à Radio-Canada de se s’excuser pour avoir prononcé le titre d’un livre de Pierre Vallières (Nègres blancs d’Amérique), et lui demande ne plus recommencer.

Contexte

Le 17 août 2020, dans un segment intitulé Actualité avec Simon Jodoin : Certaines idées deviennent-elles taboues ? présenté lors de l’émission de radio Le 15-18 sur ICI Radio-Canada Première, le chroniqueur Simon Jodoin et l’animatrice Annie Desrochers ont abordé le lancement d’une pétition pour exiger le renvoi d’une professeure de l’Université Concordia qui avait cité en classe le titre du livre de Pierre Vallières, Nègres blancs d’Amérique. Le chroniqueur partageait son avis sur l’acceptabilité de nommer le titre du livre et, plus précisément, les conséquences qui découlent de la polémique entourant sa mention, affirmant que celle-ci masque le contenu de l’œuvre et la pensée de l’auteur. Pendant la discussion, l’animatrice et le chroniqueur ont utilisé le « mot en n » à quatre reprises, soit trois fois en français et une fois en anglais, dans une chronique d’une durée totale de 6 minutes et 27 secondes.

Le 28 août 2020, un individu porte plainte auprès du Conseil et de l’ombudsman des services français de la Société Radio-Canada (SRC) concernant la diffusion du « mot en n » lors du segment de l’émission susmentionné.

Dans sa réponse à la plainte datée du 2 septembre 2020, la première chef de contenu de l’émission Le 15-18 soutient que le terme a été strictement utilisé pour citer un ouvrage et elle considère que l’usage du terme n’était ni abusif ni inconsidéré.

Insatisfait de la réponse de la SRC, le plaignant s’adresse à l’ombudsman des services français de la SRC afin que celui-ci révise le dossier. Dans sa révision datée du 26 octobre 2020, l’ombudsman admet que le « mot en n » est un terme fautif et une insulte déshumanisante et qu’il ne doit pas être employé sur les ondes pour décrire une personne noire. Toutefois, il n’estime pas que la SRC doive bannir l’utilisation du terme dans tous les contextes, mais plutôt que celui-ci soit utilisé de manière adéquate et responsable, comme dans les cas où l’exigence de clarté justifie son emploi.

Le 26 novembre 2020, le même individu a déposé une plainte officielle auprès du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) afin que celui-ci révise les conclusions de l’ombudsman de la SRC de manière à « rendre une décision qui reflètera mieux les valeurs ainsi que les normes sociales, culturelles et intellectuelles contemporaines de la société canadienne multiculturelle et multiraciale de 2020 ».

Décision

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes estime que la SRC n’a pas mis en place toutes les mesures nécessaires pour atténuer l’impact du « mot en n » sur son auditoire, particulièrement dans le contexte social actuel et compte tenu de son statut de radiodiffuseur public national. Pour ces raisons, la diffusion du segment de l’émission n’a pas respecté la norme de programmation de haute qualité et n’a pas contribué au renforcement du tissu culturel et social ainsi qu’au reflet du caractère multiculturel et multiracial de la société canadienne.

Par conséquent, le Conseil exige que la SRC fournisse des excuses écrites publiques au plaignant.

De plus, le Conseil exige que la SRC fasse rapport au Conseil, au plus tard le 27 septembre 2022, de mesures internes et de pratiques exemplaires en matière de programmation qu’elle mettra en place, y compris des lignes directrices aux animateurs, chroniqueurs et invités en ondes, afin de s’assurer de mieux traiter d’un sujet semblable à l’avenir, s’il resurgit dans l’actualité. Ce rapport devra être accessible au public.

Étant donné que le segment dont il est question dans la présente décision est toujours accessible en ligne et en rattrapage sur la plateforme Web de la SRC, le Conseil exige que la SRC lui précise la manière dont elle compte atténuer l’impact du « mot en n », et ce, au plus tard le 29 juillet 2022. Le Conseil s’attend à ce qu’à l’avenir, la SRC mette en place toutes les mesures raisonnables nécessaires pour atténuer l’impact de la diffusion de propos pouvant être offensants pour l’auditoire, y compris des mises en garde explicites.

 

Résumé de deux avis minoritaires

Opinion minoritaire de la vice-présidente, Radiodiffusion, Caroline J. Simard

La diffusion d’un titre de livre à la radio par la Société Radio-Canada (Radio-Canada) pour échanger sur un enjeu d’actualité conduit à des conséquences sérieuses et non désirées dans la décision majoritaire. Cette décision repose sur le motif voulant que l’usage du mot « nègre » (mot « n »), compris dans ce titre, a évolué dans l’espace francophone de telle sorte qu’il mérite le même traitement que celui réservé dans le reste du pays en langue anglaise. Sans preuve au dossier ni consultation auprès des Canadiens, y compris une masse critique de représentants de la communauté noire francophone qui a défendu publiquement un traitement respectueux des spécificités langagières et culturelles pour le mot « n » en français, surtout lorsqu’utilisé dans le titre d’un livre, la décision majoritaire a franchi un pas que je ne peux franchir.

La majorité a reconnu que le mot « n » n’a pas été utilisé de manière discriminatoire lors de cette diffusion. Pourtant, la décision majoritaire a fait fi, selon moi, du droit applicable et s’est rabattue sur des objectifs de politique publique afin d’accueillir la plainte déposée le 26 novembre 2020 auprès du Conseil (Plainte). Sans appui juridique, la majorité a également imposé des mesures restrictives à l’égard de Radio-Canada. En l’espèce, ni la Charte canadienne des droits et libertés (Charte canadienne) ni les dispositions applicables en matière de radiodiffusion ne protègent le droit de ne pas être offensé(e) du plaignant. À mon avis, le droit applicable militait en faveur du rejet de la Plainte. Je suis d’avis que la majorité a donc erré sur les questions juridiques centrales à l’appréciation de la Plainte.

Une consultation publique aurait pu être tenue par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (Conseil) pour engager un dialogue auprès des parties intéressées à propos de l’évolution des sensibilités en lien avec l’utilisation du mot « n » à la radio et à la télévision, des défis d’équivalence entre le mot « n » en français et le n-word en anglais et des solutions pour le futur respectant le cadre juridique applicable. D’un point de vue opérationnel, ces consultations auraient donné un éclairage sur ce que constituent des balises adéquates, par exemple, quant aux mises en garde explicites à la radio lorsque le contexte l’exige.

Opinion minoritaire de la conseillère Joanne T. Levy

À mon avis, la décision de la majorité (la décision) comporte de graves lacunes à plusieurs égards.

La décision ignore le droit primordial à la liberté de la presse inscrit dans la Charte canadienne des droits et libertés, protégé par la Loi sur la radiodiffusion et reconnu par la Cour suprême du Canada.

La justification de la décision majoritaire repose sur la disposition de la Loi sur la radiodiffusion qui commande une programmation de haute qualité. Il s’agit d’un test subjectif qui défie la transparence, l’équité et la prévisibilité.

L’évolution du contexte social est un motif insuffisant pour ignorer le contexte, le ton et les décisions antérieures du CRTC.

La décision aura des conséquences inattendues qui entraîneront une sorte d’omission volontaire journalistique, réduiront la discussion au silence et encourageront la censure. Solution recommandée — À mon avis, Radio-Canada et son ombudsman ont traité la plainte de façon adéquate.

Je suis d’accord avec l’opinion minoritaire de la conseillère Caroline Simard, vice-présidente, Radiodiffusion.


Histoire — Sortie d'usine à Lyon en 1895

Film n° 91 au catalogue des films de la compagnie Lumière. Louis Lumière | France, Lyon | 1895.

Heureusement que les femmes ne travaillaient pas à l’époque et que les féministes les ont libérées depuis lors.

Comparer à la mode vestimentaire actuelle.


Éric Coquerel, député de la Seine–Saint-Denis pour le groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale.

Joe Biden et ses alliés (vassaux diraient les mauvaises langues) lors du sommet du G7 en 2022

Boris Johnson s’essaie à un brin de course


Voici le cours de citoyenneté qui remplacera celui d'Éthique et culture religieuse

Le contenu du nouveau cours Culture et citoyenneté québécoise, qui remplacera le controversé cours Éthique et culture religieuse, prend forme. Le programme secondaire provisoire, dont Le Journal de Québec a obtenu copie, sera testé dans une vingtaine d’écoles dès la rentrée.

Au primaire, le travail est moins avancé, indique nos sources, mais une trentaine d’écoles expérimenteront aussi le nouveau cours lors de la prochaine année scolaire.

Au total, une cinquantaine d’établissements participeront à ces projets pilotes qui permettront d’apporter des modifications au besoin, explique-t-on.

Québec vise l’implantation du nouveau cours dans toutes les écoles de la province à la rentrée 2023.

Ce contenu occupera la même place dans la grille-matière que le cours Éthique et culture religieuse, qui s’était attiré plusieurs critiques au fil des ans.

Le « document de travail confidentiel », sur lequel Le Journal a pu mettre la main, est daté du 22 juin.

Plusieurs sections restent à compléter, mais les orientations du programme et plusieurs éléments de contenu sont définis.

Cette version provisoire a été soumise à la consultation dans le réseau scolaire.

« Dialogue » et « pensée critique »

Tel qu’annoncé en grande pompe l’automne dernier, ce nouveau cours vise à préparer les jeunes Québécois à l’exercice de leur citoyenneté, grâce à la pratique du dialogue et au développement de la pensée critique, peut-on lire. [Pourront-ils critiquer dans une ambiance neutre et sereine, par exemple, la théorie du genre, la transition écologique, l'activisme du mouvement LGBTQSAI+, tous inscrits au programme ? On peut en douter.]

Le contenu s’articule principalement autour de trois objectifs, qui seront aussi les mêmes au primaire : préparer à l’exercice de la citoyenneté québécoise, viser la reconnaissance de soi et de l’autre et poursuivre le bien commun.

Au secondaire, deux compétences sont à acquérir : étudier une réalité culturelle et réfléchir sur une question éthique.

Pour y arriver, une dizaine de thèmes seront abordés, de la première à la cinquième secondaire.

Forte élément d'Éducation à la sexualité moderne

L’éducation à la sexualité, qui était enseignée via des « capsules d’information » insérées dans d’autres matières, sera désormais intégrée dans ce nouveau cours tout au long du secondaire.

Le contenu sera sensiblement le même, mais ce nouveau cadre permettra davantage d’échanges et de réflexions entourant ces enjeux tout en s’assurant que le contenu ne soit pas balayé sous le tapis, comme c’est parfois le cas présentement, fait-on valoir.

L’éducation numérique sera aussi abordée, mais surtout en quatrième secondaire, où il pourra notamment être question de cyberintimidation et de cyberdépendance.

Culture religieuse

Par ailleurs, ce nouveau cours vise à présenter la culture religieuse comme étant l’une des facettes de l’identité, au même titre que plusieurs autres, plutôt que d’en faire une composante prioritaire comme c’était le cas dans le cours Éthique et culture religieuse, indique-t-on.

Les religions occupent ainsi beaucoup moins de place dans le contenu que dans le cours précédent.

Un programme qui ressemble bien « moderne » et « diversitaire »

LE PROGRAMME DU COURS CULTURE ET CITOYENNETÉ QUÉBÉCOISE

Pour chaque thème, voici quelques concepts et exemples de notions

1re secondaire (50 heures)

  • Identités et appartenances
    • Transformation identitaire (puberté, découverte de l’amour et de la sexualité, orientation sexuelle)
    • Espaces de socialisation, conformisme et contestation
  • Vie collective et espace public
    • Institutions publiques, citoyenneté, écoresponsabilité
  • Diversité sociale (ethnoculturelle, linguistique, religieuse, socioéconomique et de genre)

2e secondaire (50 heures)

  • Autonomie et interdépendance
    • Liberté de choix, solidarité sociale, consommation
    • Relations amoureuses et agir sexuel, consentement et violences
  • Démocratie et ordre social
    • Droits individuels et droits collectifs, institutions démocratiques
    • Droits et responsabilités, participation citoyenne

3e secondaire (pas de cours offert)

4e secondaire (100 heures)

  • Relations et bienveillance
    • Relations affectives et amoureuses, agir sexuel
    • Continuum de la violence, relations égalitaires
    • Communication numérique (cyberintimidation)
  • Justice et droit
    • Institutions juridiques, Charte des droits et libertés
    • Violence à caractère sexuel et conjugal
    • Encadrement juridique de la vie amoureuse et sexuelle
  • Culture et productions symboliques
    • Cultures populaires et culture de masse
    • Cultures alternatives, culture religieuse, diversité culturelle
    • Représentation de la sexualité
  • Technologies et défis d’avenir
    • Technologie et humanité (cyberdépendance)
    • Innovation technologique et intelligence artificielle
    • Transition écologique

5e secondaire (50 heures)

  • Quête de sens et visions du monde
    • Questions philosophiques existentielles (sens de la vie et de la mort), agentivité sexuelle (désir et plaisir), relations interpersonnelles et amoureuses
    • Choix relatifs à la vie adulte, religions et spiritualité
  • Groupes sociaux et rapports de pouvoir
    • Sexisme, racisme, colonialisme, inégalités socioéconomiques, exploitation, violences, pratiques égalitaires, féminisme, syndicalisme, antiracisme, mouvement LGBTQ+

                Rien sur le nationalisme...