mardi 6 novembre 2012

« Mariage homosexuel » — « le mariage pour tous, … le mariage pour personne », la coterie LGBTQ2S a vu trop gros



Pour Éric Zemmour :

« Il est de ces moments rares et insaisissables où le combat change d’âme, où le vainqueur proclamé devient le vaincu annoncé, où l’on croit voir arriver Grouchy et c’est Blücher qui survient. Le lobby gay avait pourtant soigneusement préparé son affaire. Il avait coché le trio sémantique gagnant à tout coup dans notre beau pays de France : égalité, compassion, victimisation. Il avait, l’habile lobby, troussé un slogan publicitaire digne d’une campagne publicitaire présidentielle : le mariage pour tous. La droite était effrayée par une ringardisation décrétée par les médias, l’Église laissait partir le Grand rabbin en éclaireur [son texte argumenté]. Il y avait belle lurette que le mariage d’amour avait détruit l’institution du mariage et que le divorce de masse l’avait désacralisé. Le lobby gay était sur le point de réaliser le rêve des militants d’extrême gauche depuis un siècle : détruire le mariage bourgeois. Le réclamer pour les homosexuels aura été la dernière ruse de ces militants aguerris, l’embrasser pour mieux le tuer, le parodier pour mieux l’achever. Mais le lobby a vu trop gros : il tenait le mariage, il voulait les enfants. Il proclamait le droit à l’enfant. Et le droit DE l’enfant à avoir un père et une mère ?, répondait l’écho. L’homoparentalité est un concept qui repose sur la négation du réel : un enfant est toujours le fruit d’une rencontre entre un homme et une femme. Les homosexuels ont toujours pu se marier ! La plupart des enfants revendiqués par le lobby gay sont justement le produit d’une union traditionnelle passée. Il fallait donc adapter le droit à ce déni du réel et prévoir que, désormais, dans le livret de famille, parent 1 et parent 2 remplacent les traditionnels père et mère.

« Le lobby a vu trop gros. »

Pour le PaCS [union civile] et même le mariage, le lobby avait réussi à endormir les consciences en jouant sur l’utilitarisme de chacun : un droit de plus pour les homos, mais qui ne vous enlève rien, murmurait-il comme le serpent dans le Livre de la jungle. Cette fois, l’égoïsme utilitariste s’est retourné : un droit en plus pour certains, qui nous fait perdre à tous le nom de père et de mère. Les premiers mots qu’apprendraient les enfants ne seraient plus « papa » et « maman » mais « parent 1 » et « parent 2 ». Depuis le temps que Freud disait que le nom du père était une arme symbolique, le lobby gay l’a pris en pleine poire. La supercherie a été éventée, la baudruche rhétorique s’est dégonflée. Si le mariage ne reposait que sur l’amour, pourquoi interdire le mariage entre un père et une fille, entre un frère et une sœur, des mariages à trois, quatre personnes qui s’aiment… Pourquoi refuser la polygamie alors qu’il y a beaucoup plus de pays qui la pratiquent que ceux qui ont, à ce jour, légalisé le mariage de personnes de même sexe. Des homosexuels se révoltaient à leur tour contre l’emprise du lobby gay : ils n’avaient jamais eu l’intention de se marier. Les grands écrivains homosexuels s’étaient toujours moqué du mariage et même de l’amour, où, comme disait Oscar Wilde, on commence à se tromper soi-même, puis on finit par tromper l’autre. Leur ancienne lucidité ne pouvait s’achever en une mièvrerie sentimentale et petite-bourgeoise. On comprenait enfin que le mariage pour tous signifiait le mariage… pour personne. »




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Deux démographes sur l’avenir du français au Québec

Tiré du carnet de Bock-Côté :

Guillaume Marois : Les grands titres des médias révélaient que les allophones adoptaient de plus en plus le français. L’amélioration est réelle : parmi ceux qui font un transfert linguistique, environ 56% adoptaient le français en 2011 contre 54% en 2006 et 50% en 2001. Or, le français n’est pas pour autant en bonne situation, car la dynamique ne lui est pas encore favorable. Il est simplement dans une situation moins pire qu’auparavant. Pour éviter la dégradation relative du poids du français par rapport à l’anglais, les transferts linguistiques vers devraient atteindre environ 90%. On est donc encore très loin du compte. Autrement dit, ce facteur ne fait pas progresser le français, il le fait décliner un peu moins vite qu’avant. En somme, le résultat de cette dynamique et des autres forces en jeu demeure encore clair : le français est en déclin. En 2001, au Québec, la proportion de personnes parlant le français à la maison était de 83,1%. En 2006, le chiffre a chuté à 81,8%. Les données du recensement de 2011 montrent que la proportion est maintenant de 81,2%. Ce déclin est en partie dû à l’augmentation du nombre d’allophones, mais également de la plus forte attraction qu’exerce l’anglais.

Par ailleurs, si malgré son déclin, le français demeure quand même prépondérant pour l’ensemble du Québec, la situation est tout autre à Montréal, où se concentre la majorité des immigrants. Sur l’île de Montréal, les francophones (selon la langue parlée à la maison) ne sont plus que 53% de la population en 2011, contre 54,2% en 2006 et 56,4% en 2001. Pour minimiser l’ampleur du déclin, certains vont pointer du doigt l’exode des francophones vers la banlieue. Or, c’est oublier que le français décline également dans la banlieue. Pour l’ensemble de la région métropolitaine de Montréal, banlieues comprises, la proportion de francophones selon la langue parlée à la maison est désormais de 68,4%, contre 69,1% en 2006 et 70,9% en 2001.

France — Malgré ses prétentions à réduire les inégalités, le système scolaire a été un accélérateur d’inégalités.

La conférence-débat des mercredis de la Documentation française du 24 octobre 2012 a réuni Antoine Prost, professeur émérite à l’Université Paris-I, Augustin d’Humières, professeur agrégé de lettres classiques, Georges Felouzis, sociologue et Anne Coffinier, normalienne et directrice générale de la Fondation pour l’école. Elle était animée par Guillaume Roquette, journaliste et rédacteur en chef du Figaro Magazine. La conférence devait traiter le thème « quelle école pour demain ? ». En pratique, elle a porté essentiellement sur la montée des inégalités dans le système éducatif public. La diversité des intervenants n’a pas empêché qu’émerge avec force le constat suivant : notre système scolaire s’est révélé être, malgré ses préoccupations sociales (il se propose de réduire les inégalités), un accélérateur d’inégalités. Les vidéos du débat montrent en revanche que s’il n’est plus question pour ces experts d’expliquer que « le niveau monte », il est pour autant difficile de leur faire désigner les causes de la catastrophe. À la question « demande-t-on trop à l’école ? », G. Roquette ne pourra pas obtenir de réponse. À croire qu’elle constitue encore un tabou !

Le débat montre que l’obsession égalitariste de l’école publique française est désormais critiquée.


Depuis 2000, les disparités de connaissances et de savoirs se sont fortement développées au sein de l’école publique française, explique G. Felouzis. Des pays pratiquant des filières d’enseignement comme l’Allemagne (avec la distinction hiérarchisée entre Gymnasium, Hauptschule ou Realschule) ou réputées inégalitaires comme la Grande-Bretagne sont en réalité, au regard des études publiées par l’OCDE, nettement moins inégalitaires que la France. Beau paradoxe ! Il y a de toute évidence un décalage croissant entre un discours généreux portant sur l’école de Jules Ferry et la réalité fortement inégalitaire de l’école française en 2012, reconnaît G. Felouzis.

Georges Felouzis
« Il ne faut pas mythifier l’école républicaine, affirme l’historien Antoine Prost. Elle était tout à fait indifférente à l’échec scolaire des mauvais élèves. » Ce qui l’intéressait, c’était de produire des bons élèves, capables de passer le certificat d’études, etc. Peu lui importait qu’il y en ait de mauvais. C’était aussi fatal que le fait qu’il y en ait de petits ou de gros. Le modèle de l’école républicaine façon IIIe République était en effet méritocratique et non pas fondé sur une recherche d’égalité, explique Antoine Prost en substance.

Antoine Prost
Antoine Prost donne une exemple concret des méfaits de cet égalitarisme dans le domaine des rythmes scolaires : notre système ressemble, selon lui, à « une rabotteuse qui traite tous les âges de la même façon » alors qu’il est évident que le temps scolaire des petits enfants soit être plus court que celui des enfants plus âgés. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans certains cantons de Suisse, précise G. Felouzis. Augustin d’Humières, fort de son expérience de professeur en banlieue, fait un tableau sombre de la réalité de l’école publique telle qu’elle s’offre à ses yeux. On a voulu à tout prix adapter l’école à la modernité. En pratique, on obtient une école où l’on se demande ce qu’on y apprend, une école qui n’est pas démocratique vu la montée des inégalités qui la caractérise, une école en tout cas fortement anxiogène pour ses élèves, explique le jeune agrégé. Cependant la belle unanimité sur l’inégalité scandaleuse et l’état préoccupant de l’école publique actuelle cesse dès lors que l’on veut identifier les racines du mal.

Anne Coffinier
Anne Coffinier fait remarquer que l’école est devenue inégalitaire à partir du moment où les politiques l’ont chargée avant tout d’un objectif politique de réduction des inégalités alors qu’elle constituait un ascenseur social effectif pour nombre d’enfants à l’heure où l’on attendait seulement de l’école qu’elle instruise les élèves, qu’elle transmette des connaissances. La politisation de ses objectifs n’a pas eu, selon elle, d’heureux effets en termes de justice sociale. Il serait donc urgent de dépolitiser l’école, de cesser de la surinvestir d’objectifs sociaux et politiques pour la rendre à ses objectifs propres : transmettre les connaissances. En dénonçant les effets malheureux de l’instrumentalisation politique de l’école, Anne Coffinier s’est attirée les foudres d’Antoine Prost. Si ce dernier est prêt à dénoncer l’inégalité patente de l’école actuelle et l’égalitarisme excessif de son organisation, s’il est disposé à reconnaître que l’on mythifie l’école de la République alors qu’elle se désintéressait du sort des mauvais élèves, il n’est pas prêt en revanche à faire un lien entre la politisation de l’école et sa destruction en termes de performance académique et d’égalité sociale.

Augustin d'Humières
À mots couverts, Augustin d’Humières dénonce la tactique dialectique de l’historien émérite : en procédant par amalgame, en réduisant le débat sur l’identification des causes de la catastrophe scolaire à une querelle des Anciens et des Modernes, on évite ainsi fort habilement de parler des vrais problèmes. « Il n’y a pas de querelle entre les Anciens et les Modernes. Il y a juste des gens qui demandent des comptes pour savoir pourquoi l’école ne fonctionne plus depuis 30 ans », conclut l’auteur d’Homère et Shakespeare en banlieue.

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