jeudi 12 septembre 2013

Djemila Benhabib : « Les prières en conseil municipal au Québec, une crispation identitaire »

Selon Djemila Benhabib, interrogée ce matin à l'antenne de Radio-Canada, il serait temps que le Québec se penche sur la question de la laïcité pour prévenir les dérives.

« Je vois au Québec des phénomènes inquiétants, comme l'intégrisme religieux. Des conférenciers qui viennent déverser leur haine, leur rhétorique méprisante à l'égard des femmes, on ne voyait pas ça il y a quelques années. Cette manifestation de l'intégrisme musulman a donné naissance à une nouvelle forme d'intolérance chez les catholiques. Par exemple, les prières dans les conseils municipaux. Il y a quelques années, on ne sentait pas cette crispation identitaire. À une identité, je t'envoie une autre identité. Il faut apprendre à vivre ensemble », conclut-elle.

Mme Benhabib était en France quand elle a proféré ces paroles. Il est également vrai qu'elle est une immigrante récente. Mais quand on veut donner des leçons, il faudrait quand même savoir que ces prières n'ont rien de nouveau, existent depuis des décennies, voire des siècles, au Québec et se pratiquaient très largement sans que cela ne suscite la moindre crispation.

Sauf peut-être chez les laïcards.

Car enfin l'affaire de la prière en conseil municipal est née d'une crispation laïciste, le fait de rares militants que cette courte prière horripilait. On retrouvera ici un historique de la croisade du Mouvement laïque Québec en la matière contre la ville de Saguenay et celle de Laval. On remarquera que le MLQ ne s'en prend qu'à la religion catholique apparemment.

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France — « L'école malade de la gauche »

Pour l'hebdomadaire Valeurs actuelles, la gauche a mis l’école au service de son projet de « transformation sociale ». Elle s’attache à ruiner la transmission des savoirs alors que la qualité de l'enseignement semble se dégrader.

Échec de l'école d'État

« Au terme de la scolarité dite obligatoire, et quels que soient leurs parcours, collégiens et lycéens maîtrisent souvent mal et trop souvent pas du tout les savoirs de base », constatait déjà Roger Fauroux dans son rapport sur l’école en 1996 !

« La présence des élèves en difficulté, les écarts qui se creusent suffiraient à ôter toutes les illusions sur le collège unique, écrivait trois ans plus tard le sociologue François Dubet. Mais on pourrait au moins souligner que ce collège ouvre les élèves les plus fragiles à la culture, les stimule et les motive. Or, bien des enseignants observent l’inverse. Non seulement les élèves les plus faibles échouent, mais ils se retirent du jeu, ils finissent par osciller entre la violence et l’apathie. »

Plus récemment, le Haut Conseil de l’éducation soulignait que 200 000 élèves avaient des “acquis fragiles” en entrant au collège. Et 100.000 des “difficultés sévères” : « Lexique très limité, difficultés de compréhension, repères méthodologiques et culturels très insuffisants. Ces lacunes rendent impossibles aussi bien un réel parcours scolaire de collège qu’une formation qualifiante » (Rapport sur l’école primaire, août 2007).

Un constat alarmant, mais incontestable, car fondé sur de nombreuses enquêtes. En 1995, des collégiens avaient repassé les épreuves du certificat d’études de 1925. Ils commettaient 2,5 fois plus de fautes que leurs grands-parents et réussissaient beaucoup moins bien les problèmes mathématiques. En 2005, 3.000 élèves refaisaient une dictée proposée à leurs aînés en 1987 (un court passage de Fénelon composé de quatre phrases et de 83 mots). En moyenne, plus de 13 fautes lourdes en 2005 au lieu de 8 en 1987.

Un vrai problème pour ces adolescents, mais à terme, également, pour les entreprises. Beaucoup soumettent désormais leurs salariés à des tests d’orthographe. C’est ce qu’a fait la compagnie d’assurances April au mois de mai : une centaine de volontaires ont passé la certification Voltaire, qui mesure le niveau d’orthographe à la manière du TOEFL anglais. « La relation de confiance avec nos clients passe d’abord par des courriers impeccables », explique l’un des dirigeants d’April.

Ces lacunes en français se ressentent évidemment dans les autres matières. En juin, l’Éducation nationale publiait une nouvelle étude portant sur les connaissances en histoire-géographie. Le même test a été réalisé à six ans d’écart. Les collégiens avaient su répondre à 58% des questions en 2006, à 54 % seulement en 2012. La baisse est générale, mais plus prononcée dans les établissements scolarisant des enfants issus d’un milieu modeste. Les élèves les plus faibles ont du mal à « traiter et interpréter des informations auxquelles [ils ne peuvent] le plus souvent donner sens ».

Les disciplines scientifiques ne sont pas épargnées. En 2011, Luc Chatel a dû lancer un plan pour lutter contre l’innumérisme, « qui est à la maîtrise des nombres, du raisonnement et du calcul ce qu’est l’illettrisme à la maîtrise de la langue ». Un objectif que justifiaient les résultats très décevants des jeunes Français dans les enquêtes internationales et la désaffection pour les études scientifiques : une baisse de 40 % en dix ans des inscriptions en première année universitaire.

Les rapports s’empilent, le diagnostic est établi depuis longtemps, mais qu’a-t-on fait pour remédier à ces problèmes ? Des moyens ? On en a mis beaucoup depuis trente ans. Toujours plus, à la demande des syndicats. C’est encore ce que fait Vincent Peillon pour satisfaire les promesses de François Hollande : 60.000 postes seront créés au cours du quinquennat, malgré les difficultés à recruter. Sur les 11.000 postes proposés cette année, plus de 1.500 n’ont pas été pourvus, faute de candidats en nombre suffisant ou dont le niveau soit assez bon.



L’Éducation nationale française dispose en 2013 d’un budget de 88 milliards de dollars (64 milliards d’euros). Une augmentation de presque 3 % par rapport à 2012, qui se poursuivra jusqu’à la fin du quinquennat. C’est le premier budget de la nation : un cinquième des dépenses de l’État (sans tenir compte de l’enseignement supérieur), loin devant celui des armées. Les moyens consacrés à l’école ont plus que doublé en un quart de siècle. La première administration de France est le neuvième employeur mondial, derrière l’armée chinoise ou McDonald. Elle emploie 1.043.200 personnes, dont 841.700 enseignants.

En 2010, le Parlement a même découvert 20.000 fonctionnaires ignorés des services du ministère des Finances… En juin, la fondation IFRAP a dénombré les professeurs qu’elle juge « sous-employés » : 125.000, gérés par les ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur bien qu’ils n’y travaillent pas, car ils sont soit détachés, soit en congé parental ou de fin d’activité, par exemple.

Les pédagogistes contre les méthodes « contraignantes »

C’est aussi parce qu’ils les jugeaient trop contraignantes que les “pédagogistes” ont obtenu l’abandon de méthodes éprouvées (comme la méthode syllabique en lecture) et de disciplines comme la grammaire, aujourd’hui réduite à la portion congrue. « Il ne faut pas que les élèves s’ennuient, ni qu’ils fassent trop d’effort », résume, désabusée, Claire, professeur d’histoire.

Les enseignants militants de gauche contents

Professeur des écoles, Alain Refalo est le chef de file de ceux qui s’appelaient eux-mêmes, sous le précédent quinquennat, celui du président centriste Sarkozy, les “désobéisseurs” : des enseignants qui refusaient d’appliquer les réformes de la droite. « Les premières annonces du ministre de l’Éducation nationale [Vincent Peillon] vont dans le bon sens», écrivait-il sur son carnet, dès le 22 mai 2012 à peine Hollande élu donc. Et d’énumérer la suppression des évaluations nationales à l’école, symboles du « management par le stress », l’abandon des programmes de 2008,« rétrogrades et trop lourds », et la remise en cause de la semaine de quatre jours, qu’il jugeait « épuisante pour les élèves ». Moins de cours, moins de connaissances scientifiques, plus d'idéologie et une plus longue présence loin des familles en s'amusant grâce à l'État nounou.

Activités périscolaires

Pour former les futurs « citoyens » (Vincent Peillon pense que la Révolution n'est pas terminée...), le ministre Peillon mise sur les trois heures d’activités périscolaires hebdomadaires mises en place avec les collectivités locales dans le cadre de sa réforme. À Paris, 800 ateliers sont proposés par autant d’associations. (Dûment subventionnées et clientes de l'État.)

Certaines écoles se contentent des activités classiques : jeux de société, sport ou chorale. D’autres ont été plus inspirées. Les enfants pourront ainsi choisir d’assister à un atelier mangas, suivre un cours de déguisement, participer à des activités de détente et de relaxation ou à des ateliers de tri (écologiste) sélectif. Alors que les CP [1re année du primaire] seront amenés à s’interroger sur les stéréotypes traditionnels sur les filles et les garçons, les CM2 [5e année du primaire¸] apprendront le bon usage des réseaux sociaux. Des priorités visiblement quand tant d'enfants lisent mal... Nouvel enjeu, nouveaux outils…

Abroger la souplesse et le retour aux fondamentaux

Les internats d’excellence offraient aux enfants méritants des quartiers défavorisés un cadre propice à l’étude ? Supprimés ! La loi Ciotti autorisait la suspension des allocations familiales en cas d’absences répétées ?? Abrogée ?! L’assouplissement de la carte scolaire [un peu plus de liberté dans le choix de l'école] ? Supprimé ! Supprimés aussi les dispositifs en faveur de la formation en alternance dès 14 ans, tout comme l’aide personnalisée aux élèves en difficulté et les évaluations nationales en CE1 [2e année] et CM2 [5e année du primaire] (en revanche, la prime de 400 euros versée aux enseignants chargés de les faire passer est maintenue...)



Vincent Peillon : la religion catholique doit disparaître,
il faut inventer une religion « républicaine », c'est la laïcité

Le ministre socialiste Peillon veut aussi réécrire les programmes du primaire, que son prédécesseur centriste Xavier Darcos avait recentrés sur les disciplines fondamentales (lecture, calcul, orthographe…), car « il faut cesser, disait ce dernier, de distraire les élèves de l’essentiel ». Un discours condamné par la plupart des syndicats, qui le jugeaient passéiste.

Pour Valeurs actuelles, il y a longtemps que la gauche, sous l’influence de sociologues marxisants, ne fait plus de la transmission des savoirs la mission première de l’Éducation nationale. Pierre Bourdieu, par exemple, présentait l’école comme un outil de« reproduction sociale» chargé de pérenniser la domination d’une élite illégitime en inculquant aux élèves une culture présumée “bourgeoise”. La transformation sociale passait donc par la transformation de l’école, de ses programmes et de ses méthodes.

Cette analyse révolutionnaire a fait le bonheur des chercheurs en sciences de l’éducation, de pseudopédagogues qui gèrent la formation des maîtres et soutiennent que l’enfant est seul responsable de ses apprentissages. Le résultat était prévisible : l’Éducation nationale n’a cessé de réduire la place faite aux apprentissages fondamentaux comme à la culture française.

Idéologie d'abord, théorie de mauvais genre

« La théorie du genre n’existe pas. » Ce ne serait qu’une invention de la droite, un épouvantail destiné à dresser les familles contre le gouvernement. C’est ce que répète Najat Vallaud-Belkacem depuis trois mois. La porte-parole du gouvernement a la mémoire courte. Le 31 août 2011, alors secrétaire nationale du Parti socialiste français chargée des questions de société, elle défendait ardemment cette idéologie dans le quotidien 20 minutes : « La théorie du genre, qui explique l’“identité sexuelle” des individus autant par le contexte socioculturel que par la biologie, a pour vertu, disait-elle, d’aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l’homosexualité. »

Sous couvert de lutte contre les préjugés et les discriminations, le gouvernement a donc confié à l’école la mission de faire la promotion de cette théorie, qui tend à nier l’altérité sexuelle et sert de fondement intellectuel à la loi sur le mariage dit “pour tous”.

Considérant que « les stratégies des élèves sont largement influencées par leur appartenance de genre», l’inspection générale de l’Éducation nationale déplore que les programmes et les manuels n’évoquent pas suffisamment ce délicat sujet. Ses auteurs préconisent que « les stéréotypes de genre soient déconstruits » dès le plus jeune âge.



La théorie du genre remise en question en Norvège : le paradoxe de l'égalité


C’est dans ce but que Najat Vallaud-Belkacem a mis en place un programme intitulé les “ABCD de l’égalité” dans 500 écoles primaires. Cette expérimentation devrait être généralisée après évaluation au printemps prochain. Un autre rapport officiel, sur les discriminations « liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre », va dans le même sens. Son auteur, Michel Teychenné, avait auparavant préfacé les actes d’un colloque sur l’homophobie organisé par le SNUIPP, le principal syndicat du primaire. Où l’on pouvait lire qu’il fallait « déconstruire la complémentarité des sexes » — au risque de brouiller l’un des principaux repères des enfants : la différence entre homme et femme, père et mère.

Ces initiatives sont d’autant plus inquiétantes que Vincent Peillon n’a jamais caché qu’il voulait « arracher [les élèves] à tous les déterminismes familial, ethnique, social, intellectuel », en clair, les soustraire à leur famille pour « changer les mentalités et transformer la société ». L’école, a-t-il écrit, a pour mission de « dépouiller » l’enfant de « toutes ses attaches pré-républicaines » et de l’élever « jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome »… pourvu qu’il adhère aux dogmes progressistes à la mode au Parti socialiste.

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