lundi 21 février 2022

Enseignants — Voyage au cœur de la machine à endoctriner diversitaire

Un texte de Joseph Facal dans le Journal de Québec suivi de l’article qu’il résume :

Le 11 février, Andrew Gutmann et Paul Rossi publiaient un article fascinant dans The Wall Street Journal.

Ils ont visionné 100 heures de vidéos reçues anonymement et filmées lors de la dernière conférence annuelle de la National Association of Independent Schools aux États-Unis (NAIS).

La NAIS est un regroupement de plus de 1600 écoles privées de la maternelle à la 12e année.

Elle définit les objectifs éducatifs et les politiques de ces écoles.

Radical

La conférence de cette année réunissait plus de 6000 éducateurs et administrateurs. C’est énorme.

Le thème était : comment s’y prendre pour rendre irréversible, dans les écoles primaires et secondaires, la nouvelle idéologie racialiste.

Tout est présenté innocemment sous le couvert de politiques dites EDI (équité, diversité, inclusion).

Qui pourrait bien être contre l’équité, la diversité et l’inclusion ? Mais ces bons sentiments sont les paravents d’une véritable opération d’endoctrinement dès la maternelle.

Il ne s’agit pas seulement d’augmenter la diversité, mais de classer les enfants selon leur couleur pour toujours, de les convaincre que toute la société est mauvaise, et de parvenir à la transformer radicalement.

Un atelier recommande d’introduire dans les écoles des « cercles de guérison », pour que l’enfant comprenne qu’il souffre d’un traumatisme lié à sa couleur de peau.

Les enfants qui ne semblent pas traumatisés doivent apprendre qu’ils sont néanmoins, même s’ils ne s’en rendent pas compte, victimes des souffrances de leurs ancêtres. On appelle cela de la « violence intergénérationnelle ».

Un autre atelier explique que le prisme EDI doit être appliqué à chaque aspect de la vie scolaire, chaque matière, chaque plan de cours, chaque lecture, chaque exercice, chaque sortie. Le refuser, c’est de la « violence curriculaire ».

Tout doit commencer dès la maternelle, car « kindergartners are natural social-justice warriors ».

L’école ne doit pas seulement être « inclusive ». Elle doit aussi encourager un « sentiment d’appartenance ».

Comment ? En interdisant toute activité qu’un membre d’une minorité pourrait trouver « inconfortable » ou qui remettrait en question son « expérience vécue ».

Comment augmenter la vigilance à propos des mots « dérangeants » ? En fabriquant une peur des « micro-agressions ».

Un atelier enseigne comment couper immédiatement la parole à un enseignant en disant haut et clair que ce mot ou ce message est inacceptable et ne sera pas toléré.

Un autre atelier explique l’importance d’éradiquer la suprématie de la culture « blanche ».

Cette culture « blanche » est caractérisée par la quête de l’excellence, la ponctualité, la politesse, le respect de l’écrit, la dévalorisation de l’oral, l’objectivité scientifique et l’individualisme.

Orwellien

Bref, il ne s’agit plus d’enseigner une culture générale commune, la curiosité intellectuelle et la libre pensée.

Il s’agit de reconfigurer radicalement nos sociétés, dépeintes comme uniformément oppressives.

C’est le maoïsme de jadis à la sauce racialiste.

Ces milliers de responsables scolaires introduiront ensuite cela dans des milliers d’écoles.

Imaginez une société d’adultes ainsi robotisés depuis l’enfance.

Vous ne me croyez pas ? Allez lire. Vous trouverez aisément [voir ci-dessous l’article en question traduit].

Ceux qui minimisent le danger du wokisme ne savent pas de quoi ils parlent. 

 


À l’intérieur de la machine à endoctriner woke

Le printemps dernier, nous avons exposé comment deux écoles indépendantes d’élite de New York avaient été corrompues par une obsession raciale clivante, qui a contribué à lancer le mouvement national contre la théorie raciale critique. Les écoles appliquent cette théorie sous couvert de programmes sur la « diversité, l’équité et l’inclusion » (DEI). Jusqu’à présent, cependant, aucun de nous n’avait pleinement saisi les dangers de cette idéologie ni les véritables motivations de ses pratiquants. L’objectif de DEI n’est pas seulement d’enseigner aux élèves l’esclavage ou d’encourager des conversations franches sur la race, il s’agit également de transformer totalement les écoles et de remodeler radicalement la société.

Au cours du dernier mois, nous avons visionné près de 100 heures de vidéos divulguées lors de 108 ateliers organisés virtuellement l’année dernière pour la conférence People of Color (Gens de couleur) de la National Association of Independent Schools (NAIS, l’Association nationale des écoles indépendantes). Le NAIS établit des normes pour plus de 1 600 écoles indépendantes aux États-Unis, guidant leurs missions et influençant de nombreuses politiques scolaires. La conférence est l’événement annuel phare de la NAIS pour la diffusion des pratiques DEI, et plus de 6 000 praticiens, éducateurs et administrateurs de DEI y ont participé cette année. Conçus comme un développement professionnel et non destinés au public, ces ateliers sont honnêtes, transparents et non filtrés, très différents de la façon dont les écoles privées communiquent généralement les initiatives de DEI. Ces vidéos fuitées agissent comme une pierre de Rosette pour déchiffrer le plan de jeu DEI.

Le chemin pour rebâtir les écoles commence par le mot « diversité », qui signifie bien plus que simplement augmenter le nombre d’étudiants et de professeurs de couleur, que l’on appelle dans ces ateliers « Bipoc », qui signifie « noir, autochtone et personne de couleur ». Les experts ès DEI exhortent les écoles à classer les personnes en fonction d’identités telles que la race, à les convaincre qu’elles sont lésées par leur environnement et à les transformer en fervents défenseurs du changement institutionnel.

Dans des ateliers tels que « Intégrer des engagements centrés sur la guérison dans un programme scolaire DEIA » et « Traumatisme racial et chemin vers la guérison », on apprend comment les praticiens de la DEI utilisent des groupes d’affinité et des pratiques ségrégués tels que les cercles de guérison pour inculquer des sentiments de traumatisme. Même les étudiants sans griefs sont formés à se considérer comme victimes de la souffrance de leurs ancêtres à cause de la « violence intergénérationnelle ».

La prochaine étape dans la transformation d’une école est « l’inclusion ». Les écoles doivent intégrer la DEI dans tous les aspects de l’école et chaque aspect du programme doit être évalué à la lumière de la lutte contre les préjugés, le racisme et l’oppression. Dans « Parlons-en ! Conception d’unités [de cours] anti-oppressives et de plans de cours », on nous apprend que ne pas voir les choses sous cet angle, « ne pas explorer l’intersection entre les STIM [sciences, technos, ingénierie,  maths] et la justice sociale », par exemple, constitue un acte de « violence dans les programmes scolaires ».

Il faut éliminer tout langage non inclusif, toutes les politiques et pratiques scolaires non inclusives, tous les livres non inclusifs de toutes les bibliothèques. L’inclusion exige également que toutes les parties prenantes non membres des Bipoc [les blancs] deviennent des alliés dans la lutte contre les dégâts systémiques perpétués par l’institution scolaire. Dans « Petits activistes, grand impact — Élever des antiracistes et des activistes à la maternelle », on nous a dit que « les enfants en maternelle sont des guerriers naturels de la justice sociale ».

Il ne suffit pas qu’une école soit inclusive ; elle doit également favoriser l’« appartenance ». L’appartenance signifie qu’une école doit être un « espace sûr », c’est-à-dire un code interdisant tout discours ou toute activité, quelle que soit son intention, qu’un étudiant ou un membre du corps professoral Bipoc pourrait percevoir comme nuisible, malaisant ou comme mettant en doute son « expérience vécue ». Le principal outil pour étouffer la parole est de créer une peur des microagressions.

Dans « Se nourrir quand on en a ras le bol : Connecter la résilience et le travail DEI »,  on apprend des techniques, telles que la « dénonciation », que les professeurs et les étudiants peuvent utiliser pour mettre fin immédiatement à des conversations en interrompant les orateurs et en leur faisant savoir que leurs paroles et leurs actions sont inacceptables et ne seront pas tolérées. Plusieurs ateliers ont porté sur la pratique de la « justice réparatrice », utilisée pour rééduquer les élèves qui ne respectent pas les codes de la parole. La dernière étape pour garantir l’appartenance est d’écarter les familles ou les professeurs qui remettent en question le travail de DEI. « Parfois, vous devez dire [aux parents] que ce n’est peut-être pas la bonne école pour vous… Je l’ai beaucoup dit cette année », a déclaré Victor Shin, directeur d’école adjoint et coprésident de la conférence Gens de couleur, dans « De pions à maîtres du conseil scolaire : voir les élèves du BIPOC comme des acteurs influents dans la programmation scolaire ».

Avec la mise en œuvre de la diversité, de l’inclusion et de l’appartenance, les écoles peuvent commencer à atteindre les principaux objectifs du travail de DEI : l’équité et la justice. Le NAIS oblige toutes les écoles membres à s’engager à atteindre ces objectifs dans leurs énoncés de mission ou leurs documents de définition. L’équité passe par le démantèlement de tous les systèmes que les membres Bipoc considèrent comme nuisibles. La justice est la dernière étape de la transformation sociale vers la « libération collective ». L’objectif est de transformer la société en une société collectiviste, dépouillée de tout individualisme et truffée de réparations.

Lors de séances telles que « Parcourir le long et épineux chemin vers l’équité dans nos écoles », », « Déplacer l’aiguille vers un changement institutionnel significatif », « Construire un état d’esprit équitable et libérateur » et « Briser le cycle blancocentrique », on enseigne que la seule façon de parvenir à l’équité et à la justice est d’éradiquer tous les aspects de la culture suprématiste blanche issue d’« établissements majoritairement blancs », ou PWI (en anglais). C’est ainsi que le NAIS nomme ses écoles membres, quelle que soit la diversité ethnique des élèves de l’école en question. Le perfectionnisme, la ponctualité, l’urgence, la gentillesse, le culte de l’écrit, le progrès, l’objectivité, la rigueur, l’individualisme, le capitalisme et le libéralisme sont quelques-unes des caractéristiques de la culture suprématiste blanche à éliminer. Dans « Retour post-conférence des Gens de couleurs à la normale PWI », Maria Graciela Alcid, praticienne du DEI, a résumé : « La décolonisation de la pensée issue de la culture suprématiste blanche est l’acte continu de déconstruction, de démantèlement, de rupture de ces idéologies coloniales et de supériorité de la pensée occidentale ».

DEI était « une autre chose à aborder franchement, et dès maintenant, une chose sur laquelle tout repose », a déclaré l’enseignante Gina Favre, décrivant la transformation de son école.

Les écoles privées ne se concentrent plus sur l’enseignement de la pensée critique, la stimulation de la curiosité intellectuelle et la récompense de la pensée indépendante. Leur nouvelle mission est de former une avant-garde d’activistes afin de mener la charge pour détruire les fondements de la société, ce qui n’est pas sans rappeler les gardes rouges de la Chine maoïste.

Le danger va toutefois bien au-delà des écoles privées. Le même cadre appelé diversité, inclusion, appartenance, équité et justice a gagné en influence dans l’enseignement public, les universités, les entreprises, le gouvernement fédéral et les forces armées. Pour le bien de nos enfants et l’avenir de notre pays, il doit être démantelé.

M. Gutmann est le fondateur de Speak Up for Education et co-animateur du balado « Réapproprie-toi nos écoles ». M. Rossi est un collaborateur de Legal Insurrection et co-animateur de Chalkboard Heresy, une chaîne destinée aux dissidents dans le domaine de l’éducation.