samedi 9 novembre 2019

« 340 millions menacés par la hausse du niveau de la mer en 2050 », quand les gros médias prennent l'eau

Au début de cette semaine, de nombreux gros médias dont l’AFP, Radio-Canada, le New York Times et la RTBF belge ont répercuté — sans aucun esprit critique ni mise en contexte — une étude alarmiste sur la hausse du niveau de la mer d’ici 2050. Selon Radio-Canada, 300 millions de personnes seraient menacées par la montée des océans dans 30 ans (voir la capture d’écran ci-dessous).


Gros média parmi les gros médias, le New York Times a relayé illico cette étude sur l’élévation du niveau des mers, hausse « évidemment » due au changement climatique et qui devrait tripler, d’ici à 2050, le nombre de personnes menacées de submersion. Publiée par Climate central, une organisation regroupant scientifiques et journalistes dont le but est de porter à la connaissance du public des informations relatives au changement climatique et à son impact sur les populations.

L’écologiste « sceptique » Bjorn Lomborg a démonté le traitement que le New York Times faisait de cette étude sur l’élévation du niveau de la mer. Un appel à cesser de systématiquement dramatiser les données scientifiques.

« Le Sud du Vietnam pourrait bien disparaître en 2050 » selon le New York Times

Effrayer le lecteur

La médiatisation faite par les gros médias comporte cependant plusieurs biais visant surtout à effrayer les lecteurs plutôt qu’à les informer. Biais que Bjorn Lomborg, ancien activiste reconverti en « écologiste sceptique », du nom de son succès de librairie publié en 2004, s’est plu à décortiquer.

 Premier biais : publier une carte d’une région donnée, en l’occurrence le Sud du Vietnam, en indiquant en rouge quelles seront les zones susceptibles de submersion en 2050 (à savoir la quasi-totalité de cette région) en omettant de préciser que ce même pays est déjà en zone inondable et qu’une population très nombreuse y vit pourtant fort bien, usant du bateau pour se déplacer, par exemple dans le delta du Mékong. Ne pas le préciser revient à faire croire que le pays va passer d’une situation normale (les pieds au sec) à une situation anormale (les pieds dans l’eau), du fait du réchauffement climatique, alors que les habitants vivent depuis longtemps dans des zones inondables, s’y sont depuis longtemps adaptés et devraient continuer à pouvoir le faire quand on considère la faible hausse prévue du niveau marin1.



Autre biais, qui lui est connexe : jouer sur la peur engendrée par l’idée même de submersion. Comme le faisait remarquer Bjorn Lomborg, des millions de personnes vivent déjà sous le niveau de la mer — aux Pays-Bas notamment — et n’ont pas été pour autant transformées en migrants climatiques. L’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, 14e plate-forme mondiale pour ce qui est du nombre de passagers, serait ainsi, à en croire le New York Time, condamné à brève échéance. « C’est oublier l’existence d’un objet comme la digue », ironise l’ancien militant de Greenpeace. En appliquant à la Hollande le traitement qu’ils réservent au Vietnam, les rédacteurs du New York Times auraient dû dire que ce pays était dès aujourd’hui « sous les eaux à marée haute » et donc inhabitable, ce qui bien évidemment n’est pas le cas. Ils n’ont pas osé, ils ont préféré mentionné des régions asiatiques exotiques remettant au goût du jour l’ancien adage « A beau mentir qui vient de loin ».

Autre aspect de l’urgence climatique épinglé par Lomborg : l’inefficacité des mesures politiques envisagées pour censément sauver l’humanité du désastre annoncé. Pour reprendre le cas du Vietnam et du nombre de personnes menacées par la montée des eaux, l’étude du Climate central montre que passer d’une politique mondiale haut-carbone à une politique mondiale bas-carbone (au prix de mesures coercitives coûteuses) n’améliorerait le sort que d’un million de personnes… sur 24 millions ! Mettre les économies des pays développés sens dessus dessous, détruire purement et simplement leurs industries ou réseaux de production d’énergie, ponctionner des milliers de milliards de dollars en culpabilisant des populations entières, fragiliser les économies des pays en développement, tout ceci pour améliorer, peut-être, et en 2050, le quotidien de 5 % des habitants d’un pays donné, en les soustrayant à des conditions de vie dont ils s’accommodent déjà fort bien, comme d’autres avec eux sur la planète. Voilà l’avenir que nous dessine l’urgence climatique revue et corrigée par le New York Times — et bien d’autres médias avec lui.

C’est ainsi que le diffuseur public belge, la RTBF, a repris la dépêche catastrophiste de l’AFP en y ajoutant 40 millions de personnes menacées, pour ce diffuseur subventionné il y aurait en effet 340 millions de personnes menacées... La RTBF ajoutait une carte des côtes belges menacées oubliant — comme le New York Times — de mentionner qu’il s’agirait de zones inondables une ou deux fois par an (en l’absence de digues) et que la Belgique a déjà de ces polders, ces zones habituées situées sous le niveau de la mer aujourd’hui, en 2019.


L’existence de ces polders est bien connue. De telles zones existent aussi dans le Nord de la France dans la région des watergangs ou wateringues, près de Dunkerque. Enfin, c’est aussi le cas dans la région de Kamouraska au Québec, ces polders y sont protégés par des digues nommées aboiteaux.

La région des polders est en orange protégée par un fin liséré jaune (les dunes côtières)

L’alarmisme de l’article était trop évident. Deux jours plus tard, la RTBF corrigeait le tir : « Non, Bruges ou Termonde ne seront pas en bord de mer en 2050 ». Frank Pattyn, glaciologue à l’Université libre de Bruxelles (ULB), relativisait cet article trop sensationnaliste :  « les auteurs [de l’étude] se sont appuyé sur des études qui prennent un compte une élévation du niveau des mers plus importante, mais aussi moins probable que celle avancée dans d’autres études, c’est-à-dire 2 mètres d’élévation que plutôt que 1 mètre. » Notons que ce mètre de hausse est lui-même supérieur à la plus haute des prévisions du Rapport 5 du GIEC où le pire scénario (RPC8.5) ne prévoit qu’une hausse de 0,82 m. La hausse du niveau de la mer varie d’un endroit à l’autre sur la planète, car la plaque continentale s’affaisse dans certaines régions (l’Atlantique canadien) mais se soulève dans d’autres (presque tout le Canada et le Québec), voir Le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète... Est-ce grave ?

« Cette étude ne détermine pas où se trouveront les côtes dans le futur, mais bien jusqu’où rentrera[it en absence de digues] l’eau en cas d’inondation lors des hautes marées. Ces hautes marées ont lieu une à deux fois par an et peuvent provoquer des rentrées d’eau de mer via les estuaires vers l’intérieur des terres. Ces nouvelles cartes nous indiquent des zones, en rouge, qui peuvent être inondées 1 fois par an. » En résumé, les zones rouges le long de la côte belge n’indiquent pas des zones inondées en permanence, mais bien des endroits à risque quand on néglige la présence de digues.

À la question de savoir si, en 2050, selon cette étude, il sera dangereux pour les gens de vivre dans ces zones, Frank Pattyn répond : « Non ce n’est pas dangereux en soi, mais le risque d’inondation est accru. Si la Belgique ne réagit pas, les inondations seront très importantes. Il faut donc adapter nos infrastructures, comme aux Pays-Bas où de nombreux aménagements ont été faits et sont planifiés. » Adaptation nettement moins coûteuse que les mesures préconisées par ceux qui veulent imposer une politique mondiale « bas-carbone ».


Note 1 : On rappelle que, selon le dernier rapport du GIEC (AR5), pour la période allant de 2081 à 2100 par rapport à 1986-2005, l’élévation moyenne du niveau de la mer au niveau mondial devrait se situer entre 0,26 et 0,55 m pour le scénario RCP2.6, de 0,32 à 0,63 m pour le RCP4.5 de 0,33 à 0,63 m pour le RCP6.0 et de 0,45 à 0,82 m pour le RCP8.5. Et ceci si les modèles sont fiables, or ils ont tendance à surestimer le réchauffement climatique par rapport aux valeurs observées. Voir John Christy : « Les modèles climatiques surchauffent ». Les quatre scénarios du GIEC sont nommés d’après la gamme de forçage radiatif obtenue pour l’année 2100 : le scénario RCP2.6 correspond à un forçage de +2,6 W/m2, le scénario RCP4.5 à +4,5 W/m2, et de même pour les scénarios RCP6 et RCP8.5. Plus la valeur de forçage radiatif est élevée, plus le système terre-atmosphère gagne en énergie et se réchauffe. Le scénario RCP8.5 est peu probable pour plusieurs raisons : il suppose une croissance démographique très soutenue et rapide (un doublement de la population de la Terre à 12 milliards alors que même l’ONU prévoit plutôt 10,9 milliards en 2100), une faible « innovation technique, une croissance lente du PIB mondial, une augmentation massive de la pauvreté mondiale, et une plus forte consommation d’énergie fossile alors que celle-ci se tariront probablement et coûteront donc plus cher ce qui en limitera la consommation.


Voir aussi

Le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète... Est-ce grave ?

Jordan Peterson: La théorie du genre n'a pas sa place en classe (M-à-j : poursuite judicaire)

Le Centre de justice pour les libertés constitutionnelles (JCCF) a déposé une requête auprès du Tribunal des droits de l’homme d’Ontario, pour le compte d’une petite fille et de sa mère, à l’encontre du Conseil scolaire du district d’Ottawa-Carleton. L’institutrice de la fillette avait notamment déclaré à sa classe « les filles ne sont pas réelles et les garçons ne sont pas réels », ce qui avait fortement troublé la petite fille, selon le JCCF.




Billet originel du 1er juillet 2019



Une fillette de six ans est bouleversée depuis que son institutrice d’Ottawa lui a « enseigné » que « les filles ne sont pas réelles et les garçons ne sont pas réels ».

Il y a deux semaines, la journaliste Barbara Kay a publié un article sur le site Post Millennial concernant une demande déposée devant le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario (TDPO) par les parents d’une fillette de six ans, « N. », soumise à la nouvelle théorie de l’identité de genre par son institutrice à l’école publique communautaire de Devonshire (conseil scolaire du district d’Ottawa-Carleton).

Selon le récit de Mme Kay, en janvier 2018, dans une classe de première année à la Devonshire Community Public School, qui fait partie du réseau du conseil scolaire du district d’Ottawa-Carleton, N., âgée de six ans, a visionné une vidéo sur YouTube dans le cadre de la leçon de son institutrice sur le « genre ».

Selon Pamela, la mère de N., sa fille est un enfant qui adore l’école — ou l’adorait jusqu’au matin à la base de ce billet.

La vidéo s’intitulait « Il, elle ou eux ?!?? — Sexe : Queer Kid Stuff n° 2. »

La vidéo contenait des affirmations telles que « certaines personnes ne sont ni des garçons ni des filles » et il y a des gens qui ne se « sentent ni un « il » ou un « elle » et pourraient donc ne pas avoir de genre. La jeune institutrice, dont les initiales sont J.B., a continué d’enseigner la théorie du genre tout au long du semestre. Selon les réactions de N. à sa mère, J.B. a déclaré aux enfants qu’il n’existait pas de filles ni de garçons et que pas plus les filles et les garçons ne sont « réels ».

À la mi-mars, les parents de N. pouvaient voir que les leçons avaient un impact sur leur fille, qui commençait spontanément à leur demander à plusieurs reprises pourquoi son identité de fille n’était « pas réelle ». Elle demanda si elle pouvait « aller chez un médecin » pour discuter du fait qu’elle était une fille. Elle a dit qu’elle « n’était pas sûre de vouloir devenir maman ». Mme Buffone a expliqué à N. que les femmes adultes avaient le choix, mais elle s’inquiétait que le sujet soit abordé en classe dès la première année.

Les Buffone étaient naturellement alarmés par les signes de confusion persistants de leur fille, alors qu’elle n’avait jamais montré auparavant le moindre signe de mécontentement quant à sa réalité biologique. Mme Buffone a donc rencontré l’institutrice J.B. en mars pour discuter de l’impact des discussions sur le genre sur sa fille.

Les parents ont pu se rendre compte que J.B. était très attachée à l’enseignement de la fluidité sexuelle comme reflet d’un « changement au sein de la société ». Elle a expliqué à Mme Buffone que la fluidité sexuelle était la politique de la commission scolaire, que certains enfants avaient du mal à accepter que le sexe était binaire et a confirmé que la question de changement de sexe avait été abordée en classe. Elle ne semblait pas trop préoccupée par la détresse personnelle de N. et n’avait rien fait pour affirmer l’identité féminine de N.

Les Buffones ont ensuite contacté la directrice de l’école, Julie Derbyshire.

Selon Mme Buffone, Mme Derbyshire avait expliqué que J.B. avait commencé ce cours pour accueillir un enfant de la classe qui avait dit souhaiter s’exprimer en tant qu’enfant de genre opposé à son sexe biologique. Un enfant présentant des symptômes de dysphorie de genre en première année de cette école était, il est vrai, taquiné pour ce fait. Mais, selon Mme Buffone, comme elle l’a appris par la suite, les parents de l’enfant en question ne souhaitaient pas que ce problème se règle par des leçons sur le genre ; ils voulaient simplement apprendre aux autres enfants à agir avec respect envers leur enfant et à ne pas l’intimider. Mme Derbyshire n’a pas proposé de consulter le « spécialiste du genre » de l’école au sujet des élèves comme N. qui ne se questionnaient pas sur leur genre.

Déterminés à obtenir une réponse sur le fond du problème, les Buffone ont insisté pour rencontrer le surintendant du conseil scolaire et le surintendant du programme scolaire. Selon la plainte déposée devant le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario, « la commission scolaire n’a pas accepté de communiquer avec les parents lors de discussions sensibles ni d’accepter de directive ou de prendre des mesures correctives pour garantir que les enfants de sexe féminin soient réconfortées dans leur identité de genre ».

Se heurtant à un mur à chaque échelon de la hiérarchie, les Buffone ont pris la décision d’inscrire N. dans une autre école où, selon sa mère, elle va bien et où elle a affirmé à sa famille être heureuse de ne plus avoir d’institutrice qui dit que « les filles ne sont pas réelles ». En octobre 2018, N. aurait dit à sa mère : « Cette table est réelle, et ce ventilateur est réel, et même si le ventilateur était en carton, c’est toujours réel. »

Les histoires liées à l’identité de genre dans l’enfance qu’on lit habituellement dans la presse mettent en scène un enfant qui serait bouleversé par la disparité qui existerait entre sa réalité biologique et le genre qu’il s’imagine avoir. Ces récits présentent habituellement les éducateurs comme des alliés et des porte-parole éclairés de l’enfant, tandis que les parents, rétrogrades et fermés, résistent à l’affirmation de genre de leur enfant ce qui causerait une angoisse accrue pour l’enfant. Cette présentation des faits convainc alors facilement les spectateurs que l’enfant vit une injustice et qu’il est heureux que l’État et ses représentants prennent la défense de l’enfant « enfermé dans une mauvaise identité de genre ». Dans ces cas-là, le « droit de l’enfant à exprimer son identité de genre » l’emporte pour les spectateurs et l’État sur le droit des parents à s’y opposer.

Mais voilà, nous avons ici le cas contraire. N. se sentait bien dans son identité sexuelle. Elle n’avait jamais mis en doute celle-ci. Tout à coup, une personne en autorité lui déclare qu’à tout moment, ce qu’elle croit être réel — qu’elle est une fille — peut ne pas être vrai.  Les parents sont les alliés de l’enfant ici alors que son école remet en doute la réalité de son identité sexuelle ou lui instille le doute quant à celui-ci. Pourquoi ne pourrait-elle pas être aussi bien traitée que l’enfant qui se poserait des questions sur son « genre » ?

Après tout, un minimum de bonne volonté de la part de J.B. et de ses supérieurs aurait facilement permis de désamorcer la situation et d’atténuer les inquiétudes des Buffone. Pourquoi J.B. n’aurait-il pas pu expliquer que certains se sentent mal à l’aise par rapport à leur identité sexuelle, mais que c’est une chose rare (un fait) ; que c’est souvent une phase passagère ; que les préférences en matière de tenue vestimentaire et de jeu non conformes dans l’enfance sont normales (« les garçons manqués ») et n’indiquent que rarement un mécontentement profond ou durable avec le sexe biologique (fait) ; que la plupart des enfants cessent d’avoir ces doutes lorsqu’ils sont adolescents (fait) ; le plus important, c’est que presque tous les enfants sont parfaitement heureux d’être exactement ce qu’ils sont (fait) et que ces enfants ne doivent pas s’inquiéter du fait qu’ils ne sont pas de vrais garçons ou filles. Pourquoi cela est-il si difficile à dire pour l’école ? N. aurait été rassurée et le seul enfant de la classe qui souffrait de confusion sexuelle n’aurait pas été affecté.

La demande auprès du TDPO de Buffone conclut que J.B. « a soumis N. à une discrimination continue fondée sur le genre et l’identité de genre, par une série de leçons qui niaient l’existence du sexe féminin et du sexe biologique et minaient la valeur de l’identification en tant que femme [..] La directrice et le conseil scolaire ont perpétué et renforcé la discrimination dont N. avait été victime dans sa classe de première année, car ni Mme Derbyshire ni aucun responsable du conseil scolaire n’avait pris de mesure corrective pour y remédier. »

La réparation demandée consiste à ce que le Tribunal ordonne à la Commission i) de veiller à ce que les cours donnés en classe « ne dévaluent, ne nient ou ne sapent en aucune manière l’identité de genre féminine » ; ii) mandater les enseignants à « informer les parents lorsque des cours sur l’identité de genre auront lieu ou ont eu lieu, y compris les objectifs pédagogiques et le matériel qui sera ou aura été utilisé pour ces cours » ; et iii) à payer aux Buffone une somme de 5 000 dollars en dommages-intérêts généraux « pour compenser les atteintes à la dignité, aux sentiments et au respect de soi causés par la discrimination ».

L’avocat de la commission scolaire a répondu à la requête des parents en demandant que celle-ci soit rejetée « au motif que la demande n’avait aucune chance raisonnable de succès », rejetant les allégations et promettant de fournir une « réponse complète si le Tribunal ne rejetait pas l’affaire à l’issue d’une procédure accélérée. »

L’avocat cita également une autre plainte contre la Fédération des enseignants et des enseignantes de l’élémentaire de l’Ontario en renvoyant à la conclusion du Tribunal selon laquelle le Tribunal « n’avait pas le pouvoir de statuer sur des allégations générales d’iniquité » et que les faits, même s’ils étaient vrais, n’« impliquent pas une discrimination interdite par le Code [des droits de la personne] ». On y cite également que le droit des enseignants à enseigner l’identité de genre a été reconnu par le ministre de l’Éducation et que « La pertinence d’une discussion en classe n’engendre pas de discrimination interdite telle que définie par le Code. » En résumé, même si les leçons de l’enseignante ont des effets négatifs sur N., la fillette n’aurait aucun motif de réparation en vertu du Code des droits de la personne.

Le célèbre professeur de psychologie Jordan Peterson s’est exprimé sur cette affaire :
Considérez ceci : à l’âge de six ans, « N. » devait d’abord remettre en question une identité qu’elle avait passé continuellement et sans cesse à développer depuis (au moins) l’âge de deux ans - apprendre les règles qu’elle considérait conformes à son rôle social de fillette, afin qu’elle sache s’intégrer, faire ce qu’on attend d’elle, s’entendre avec les autres, s’abstenir de violer les attentes de ses pairs et des adultes qu’elle rencontre et préparer de son mieux son parcours féminin. Deuxièmement, on lui demandait de remettre en question ce qui constitue le « vrai » — parce que si vous avez six ans et que vous êtes une fille et que vous le savez (comme tout le monde), et qu’on vous dit maintenant que rien de tout cela n’est « réel », alors l’idée même de la réalité devient fragile et instable. Il ne faut pas sous-estimer la gravité la confusion philosophique et psychologique que de telles exigences peuvent engendrer.

Je peine à imaginer une stratégie pédagogique moins propice à un développement stable de la petite enfance, en particulier pour une enfant pensive, ce qui est exactement ce que « N » semble être — pour son plus grand malheur dans ce cas. Faisant apparemment confiance à son institutrice, « N. » a écouté ses leçons et a essayé de comprendre le salmigondis complexe et contradictoire qui lui était présenté. Cet exercice était voué à l’échec, car ces informations ne signifient rien de raisonnable, de logique, de pratique ou de vrai. Peu importe : la « fluidité sexuelle » est la politique du conseil scolaire, même pour les enfants de six ans et la détresse d’un enfant auparavant tout à fait normal à la suite de ces classes est un prix raisonnable à payer pour garantir la pureté idéologique. Cette politique, toute contre-productive et absurde qu’elle soit, doit donc être strictement maintenue. Mieux vaut que l’enfant souffre que l’enseignant ne réfléchisse. Mieux vaut que tout le système éducatif se transforme autour du nouveau dogme (et tant pis si l’expérimentation tourne mal) plutôt que de voir les idéologues qui gèrent sa structure remettre en question leurs présomptions absurdes et foncièrement nées du ressentiment.

[...] Et maintenant, nous allons découvrir — avec la permission du Tribunal ontarien des droits de la personne (une organisation dans laquelle je pourrais difficilement avoir moins de foi et qui devrait être abolie dès que possible) — si les petites filles ont le droit de maintenir leurs visions du monde et leur opinion sur leurs propres corps — visions et opinions normatives, communes, pratiques et réalistes — ou si cela est supplanté administrativement et juridiquement par l’existence d’un ensemble incohérent de droits concédés de manière inexcusable et forcée à une toute petite minorité de personnes qui insistent que leurs « identités » sont entièrement autogénérées et absolument inviolables socialement et légalement. Je miserais fort sur la seconde option et je pense que le fait que nous en soyons là est une grande honte et un danger pour nous tous.
Plus tôt, le professeur de psychologie rappelait :
Pire, cette insistance caractéristique du projet de loi [C-16] et des politiques qui y sont associées et les dogmes académiques de dixième ordre qui fondent toute cette farce, selon laquelle « l’identité » est uniquement déterminée par l’individu en question » (quelle que soit cette identité). Même les sociologues ne le croient pas : ni le genre classique plus ancien parfois utile, ni le genre moderne effroyable et tout à fait contre-productif. Ils comprennent que l’identité est un rôle social, ce qui signifie qu’elle est nécessairement négociée socialement. Et il y a une raison à cela. Une identité — un rôle — n’est pas simplement ce que vous croyez être, instant après instant ou année après année, mais, comme le dit l’Encyclopedia Britannica (plus précisément dans sa section sociologie), « un ensemble complet de comportements socialement reconnus » qui fournit un moyen d’identifier et de placer un individu dans la société », elle sert aussi « de stratégie pour faire face à des situations récurrentes et savoir comment s’y prendre avec d’autres rôles (par exemple, les rôles parent-enfant) ».

Votre identité ne correspond pas aux vêtements que vous portez, ni aux préférences ou comportements sexuels à la mode que vous adoptez et affichez, ni aux causes qui motivent votre activisme, ni à votre indignation morale face à des idées différentes des vôtres. Il s’agit plutôt d’un ensemble de compromis complexes faits entre  l’individu et la société sur la manière dont les uns et les autres pourraient se supporter et se soutenir à long terme. On ne modifie pas cet ensemble à la légère, car ce compromis est très difficile à atteindre, il constitue l’essence même de la civilisation. Il a fallu des siècles pour y parvenir. Il faut comprendre que l’absence de rôles socialement acceptables est tout simplement le conflit permanent, à la fois psychologique et social.

Dans la mesure où cette identité n’est pas uniquement biologique (bien qu’elle le soit en grande partie, mais pas totalement), c’est un drame qui se joue dans le monde des autres. Une identité fournit des règles d’interactions sociales que tout le monde comprend ; elle fournit un sens et un but génériques mais indispensables dans la vie. Si vous êtes un enfant et que vous jouez à un jeu de rôles pour rire avec vos amis, vous négociez votre identité pour que le jeu se déroule correctement. Vous faites la même chose dans le monde réel, que vous soyez un enfant, un adolescent ou un adulte. Refuser de s’engager dans l’aspect social de la négociation d’identité — insister sur le fait que tout le monde doit accepter ce que vous dites être — revient simplement à vous embrouiller ainsi que tous les autres, car personne ne comprend les règles de votre jeu, notamment parce qu’elles n’ont tout simplement pas été formulées.
Jordan Peterson termine sa lettre ouverte ainsi :
Le silence de la majorité sur de telles questions — justifié, je pense, par la peur réelle d’être à dessein ostracisé pour avoir osé émettre des objections (quelle que soit la représentativité de ces objections) — mettra, à mon avis, nos enfants et adolescents dans une situation que nous regretterons amèrement dans les décennies à venir.