vendredi 23 septembre 2011

L'immigration essentielle pour combler le manque de travailleurs au Québec... Vraiment ?

Joseph Facal revient sur la doxa immigrationniste qui sévit encore au Québec en s'appuyant notamment sur le livre de Benoît Dubreuil et Guillaume Marois dont nous avions déjà parlé.

« Tant le PQ que François Legault proposent de réduire le nombre d’immigrants au Québec, le temps de revoir en profondeur nos façons de faire. C’est très sage.

Ce n’est pas ce que pense Simon Prévost, le président des Manufacturiers et exportateurs du Québec. Une hausse de l’immigration est « essentielle », disait-il la semaine dernière (La Presse, 16 septembre), pour contrer le vieillissement, la pénurie de main-d’œuvre et assurer notre prospérité. L’analyse, tranchait-il, ne permet « aucune autre conclusion ». Penser autrement, c’est (évidemment) être « frileux ».

On se demande bien à quelle « analyse » s’est livré M. Prévost, car le verdict de la science est radicalement différent du sien. Pour ceux qui ne se contentent pas d’asséner des affirmations gratuites, il est établi, ici comme ailleurs, que le seul impact démographique majeur de l’immigration est d’augmenter la population globale et d’en diversifier la composition.

Le vieillissement de la population est effectivement préoccupant parce qu’il augmentera la proportion de gens âgés qui ne travaillent pas, et donc la pression sur les travailleurs qui financent les services publics. Cependant, que le nombre d’immigrants reçus au Québec soit plus ou moins élevé de quelques milliers par année n’empêchera pas ce ratio retraités-travailleurs de doubler d’ici 2031.

L’immigration n’a qu’un effet très marginal sur la structure par âge de la population. Pourquoi ? Parce que le taux de fécondité des immigrants, leur espérance de vie et l’âge de leur départ à la retraite ne sont pas très différents du reste de la population. [Note du carnet : par sélection des immigrants (des diplômés le plus souvent) et de par le relatif faible nombre d'immigrants : il faudrait des masses encore plus nombreuses de jeunes immigrants féconds — probablement inemployables — pour que la population rajeunisse fortement.]  De plus, la moitié des immigrants est composée d’accompagnateurs (parents âgés ou enfants) du demandeur principal.

Les politiciens, les journalistes et les lobbyistes peuvent bien placoter, mais des tas de démographes ont étudié la question dans plusieurs pays. Leurs conclusions sont si convergentes qu’on peut parler d’unanimité. On en retrouvera une excellente synthèse dans l’ouvrage de Marois et Dubreuil, Le Remède imaginaire (Boréal, 2011).

En fait :
« Quelle que soit la méthode adoptée, quel que soit le pays analysé, quelle que soit la période considérée, les résultats convergent tous vers la même conclusion : l’immigration n’exerce qu’un effet marginal, non significativement différent de zéro, sur l’évolution du revenu par habitant, du salaire et du taux de chômage » – Marc Termote, Cahiers québécois de démographie, vol. 1, 2002, p. 83.

[Note du carnet: pour certains économistes, l'immigration diminue les salaires par une offre plus grande de main d'œuvre souvent plus corvéable et moins bien payée que les autochtones. Rappelons aussi que le chômage chez les immigrés est nettement supérieur à celui des autochtones.]

L’immigration serait aussi requise, a-t-on souvent entendu, pour combler les 700 000 emplois vacants dans les prochaines années au Québec. On a inventé ce chiffre en additionnant les 460 000 départs à la retraite prévus et les 240 000 emplois créés par la croissance économique anticipée.

Ce chiffre n’a aucun fondement. Un emploi libéré ne crée pas automatiquement un emploi à combler. Le Prix Nobel Paul Krugman a souvent dénoncé ce sophisme qui laisse croire qu’il y aurait une quantité fixe et globale de travail à se partager. Une foule de facteurs est ici en cause : la technologie, la conjoncture économique, la concurrence pour les emplois dans certains domaines, les taux de chômage élevés chez les immigrants, etc.

À vrai dire  :
« Pour la pénurie de main-d’œuvre, la solution numéro un reste la formation de la main-d’œuvre. Dans ce contexte-là, on peut toujours aller chercher des immigrants dans des domaines spécialisés, mais l’immigration ne règlera pas la pénurie de main-d’œuvre de façon générale », Carlos Leitao, économiste, Banque Laurentienne, 2008.

Plus largement,
« Le PIB global (…) est un critère non pertinent et trompeur dans l’évaluation de l’impact économique de l’immigration. La taille globale de l’économie n’est pas un indicateur de prospérité. L’analyse doit plutôt se concentrer sur les effets de l’immigration sur le revenu par tête de la population d’accueil ». – House of Lords, The Economic Impact of Immigration, 2008, p. 5.

Le Québec, qui a reçu 54 000 immigrants l’an dernier, peine déjà à intégrer le nombre actuel. À cet égard, le grand démographe Jaques Henripin notait en 2007 :
« selon mes calculs, compenser le déficit des naissances par l’immigration nécessiterait, à terme, l’accueil annuel de 70 000 à 80 000 étrangers ».

On peut certainement améliorer nos politiques actuelles. Mais c’est rêver en couleurs et nier toute la recherche sérieuse que de s’imaginer que l’immigration peut jouer un rôle « essentiel » pour solutionner nos problèmes économiques et démographiques. »

Voir aussi

Le Québec reçoit-il trop d'immigrants ? L'immigration profite-t-elle au PLQ ?

200 000 immigrants en 4 ans au Québec, bon pour le développement durable !?

L'Institut Fraser : la politique migratoire actuelle coûterait près de 20 milliards par année au Canada





Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

ECR — Retour sur l'affaire du voile à Jonquière et l'évincement des parents

Myriam Ségal revient dans les colonnes du Quotidien du Saguenay-Lac-Saint-Jean sur l'expérience du voile islamique imposée à des élèves d'une école de la région lors du cours d'ECR. Elle donne plus de détails sur la lettre envoyée aux parents et cette manière d'écarter les parents des décisions en les sermonnant. Enfin, elle s'interroge sur la politisation des cours à l'école québécoise, « tout en tassant les parents » démunis et isolés devant l'appareil monolithique éducatif (nos mots).

Un prof de la Polyvalente de Jonquière a fait essayer le voile à ses élèves, dans le cadre de l'étrange cours d'éthique et culture religieuse (ÉCR). Je pensais déjà bien du mal de ce cours délayé sur dix ans, souvent confié à d'anciens agents de pastorale ou à des profs qui complètent ainsi leur temps plein, sans formation historique et sociologique.

Il tourne fréquemment à la propagande gouvernementale pour nous passer en travers de la gorge le multiculturalisme, la tolérance tout azimut, au détriment de nos propres convictions et de nos révoltes légitimes. À défaut de convaincre leurs parents, on dresse les jeunes à accepter comme raisonnables des accommodements douteux.

[...]

La manière

Au lieu de cela, on les pousse par expériences maladroites et ludiques, à gommer leur propre identité collective. L'égalité des hommes et des femmes constitue un credo de la société québécoise, que les accommodements religieux bafouent trop souvent. [...]

La manière dont l'école a amené la chose aux parents m'a aussi choquée: une lettre circulaire signée par le prof, le directeur et le directeur adjoint. Le directeur a légitimé publiquement l'exercice en affirmant qu'aucun parent n'a protesté, signe d'assentiment, croit-il.

Moi non plus, je n'aurais pas protesté. En appuyant d'emblée officiellement et unanimement la démarche, la direction de l'école ferme la porte à toute velléité de « rouspétance ». Le parent rétif comprend: « N'essaye même pas, on sera tous contre toi ».

D'ailleurs, la lettre se termine sans demander ni assentiment, ni opinion des géniteurs. Sur un ton moralisateur, elle conclut : « Ils [les élèves] seront en mesure de (...) dialoguer dans un esprit d'ouverture sur le monde. » Les parents lisent entre les lignes : «Si vous n'approuvez pas, votre esprit n'est pas ouvert sur le monde ! »

Dans la vie, il faut choisir ses combats. Il ne restait qu'un seul champ de bataille pour livrer celui-là: jeter la lettre dans le domaine public, via les médias.

Le parent

Cela en dit long sur l'espace des parents à l'école. On rembarre systématiquement tous ceux qui demandent que leurs jeunes ne suivent pas ce cours, peu importe leurs motifs. Le « gouvernemaman » sait mieux qu'eux ce qui est bon pour leurs enfants.

On recrute des parents pour siéger au conseil d'établissement, où ils approuvent des listes scolaires et un code de vie « prémâchés ». On les sollicite pour financer des sorties ou des investissements. Mais pas pour échanger sur une pédagogie douteuse.

Combien de parents ont vu, à tête reposée, les manuels d'ÉCR, d'histoire, de maths, de science ?

Ces livres restent à l'école. Le parent tente de suivre par les devoirs, sans vue d'ensemble. On reçoit souvent un résultat d'examen à signer, mais sans les questions. Comment faire réfléchir l'enfant à ce qu'il a raté sans savoir ce qui lui était demandé ?

Sans accès aux manuels, comment juger si l'école mène une propagande ou une démarche scientifique ? [Note du carnet : les manuels sont une partie du matériel didactique, il y a également nombre d'activités et de documents qui circulent en classe et qui sont laissés à la discrétion de l'enseignant. Ces activités et ces documents sont parfois pires que les manuels qui eux sont scrutés par le Politburo du Monopole de l'Éducation à Québec !]


J'ai souvent des doutes, non seulement pour le cours d'ÉCR, mais aussi devant les déclarations écologistes très péremptoires de certains textes éparpillés dans toutes les matières, du français aux sciences.

Comme parent, on riposte trop souvent en décrochant ou en dénigrant cette école qui nous largue.

Il faut choisir ses combats. Celui-là mérite qu'on le mène.

Voir aussi

ÉCR — Une enseignante fait expérimenter le voile à ses élèves





Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

« La science est établie »

Depuis Einstein et la relativité restreinte, il est interdit de voyager à une vitesse plus rapide que la lumière. C’est une constante de la physique fondamentale. Or des physiciens, en collaboration avec le CERN, viennent d’observer des particules allant plus vite ! Pas de beaucoup – 60 nanosecondes sur 730 kilomètres – mais le résultat est suffisamment incroyable pour jeter le trouble dans des équations jusqu’à lors coulées dans le bronze. Et les pousser à demander l’avis de leurs collègues.
Des neutrinos vont plus vite que la lumière au CERN ?


Inaugurée en 2006, l’expérience OPERA consiste à envoyer des neutrinos depuis le CERN, à Genève, dans un tunnel sous les Abruzzes jusqu’à Gran Sasso, en Italie. Le but est d’étudier les transformations de ces étranges particules fugaces que rien ou presque n’arrête. Sur les milliards envoyés depuis le CERN, seule une infime partie est détectée. Mais suffisamment pour les physiciens en aient observé 15 000. Le résultat est sans appel : ils arrivent plus vites que la lumière. Les neutrinos gagnent la course de 20 centimètres sur le parcours souterrain de 732 kilomètres. Le résultat des recherches est publié ce matin sur le site de la revue scientifique en accès libre arxiv.org.

Un nombre incalculable de fois, les scientifiques ont refait leurs mesures. Ils ne peuvent mettre en doute les moyens employés. Travaillant avec des expert en métrologie, ils se basent sur la précision des horloges atomiques et des systèmes GPS les plus avancés qui leur permettent de déterminer le temps de voyage des particules avec une précision inférieure à 10 nanosecondes.

Face à cette bombe, ils se montrent prudents et sollicitent l’avis d’experts indépendants. « Si ces mesures sont confirmées, cela pourrait changer notre vision de la physique, mais nous devons être sûrs qu’il n’y a pas d’autres explication, plus banale. Cela demande des mesures indépendantes », a déclaré le directeur de la recherche au CERN Sergio Bertolucci.

Ceci nous rappelle que contrairement aux dires de certains écologistes animés par une ferveur religieuse — mais certainement pas scientifique — la science n'est jamais établie, la messe n'est jamais dite en science. Ses résultats tiennent jusqu'à une prochaine contradiction par les faits, une correction et le plus souvent un raffinement ultérieur.




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Garderies — fermeture de deux garderies par la ministre tatillonne et bakchich pour avoir des places

Il est intéressant de voir les raisons invoquées par le Ministère mêle-tout pour fermer les garderies plutôt que d'émettre un avertissement :

  • Certains planchers sont en céramique, alors que le règlement l'interdit formellement, les risques de blessure étant plus grands;
  • L'une des deux pouponnières n'a pas de fenêtre d'observation, le personnel doit pouvoir surveiller en tout temps les enfants, qu'ils soient dans la pouponnière, l'aire de jeux ou dans l'aire de repos;
  • Des produits toxiques ou dangereux ne sont pas rangés sécuritairement, dans un endroit verrouillé;
  • Les enfants ont accès aux cuisines librement, aucun dispositif de fermeture des lieux n'est présent;
  • Certains modules de jeux ne rencontrent pas les normes de sécurité (CSA) et peuvent représenter un danger pour les enfants. 


    Une nouvelle cause devant les tribunaux

    Et une nouvelle cause devant les tribunaux ! Une. En effet, la propriétaire des deux garderies a fait une demande d'injonction pour empêcher la fermeture de ses deux crèches. La Cour supérieure du Québec entendra vendredi une requête en injonction provisoire afin de garder ouvertes les garderies privées Premiépas et Premiémos, situées respectivement à Saint-Basile-le-Grand et à Saint-Bruno-de-Montarville, en Montérégie.  Les deux demanderesses de la requête, Denise G. Tresidder, propriétaire des garderies privées, et Nathalie Collette, parent, souhaitent que les deux établissements continuent à offrir leurs services en attendant que le ministère de la Famille et des aînés ait terminé l’analyse nécessaire à l’émission du permis des deux garderies. 

    Les maires demandent un sursis

    Le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Claude Benjamin, ainsi que le maire de Saint-Basile-le-Grand, Bernard Gagnon, considèrent l'avis d'évacuation du ministère de la Famille prématuré et demandent un nouveau sursis. «Il faut tenir compte des conséquences d'une décision trop abrupte», peut-on lire dans une lettre adressée à la ministre de la Famille et des Aînés, Yolande James. Les maires considèrent que les corrections requises dans les garderies peuvent se faire rapidement.

    Des parents en colère

    Sur la page Facebook Contre la fermeture de Premiépas Premiémos, plusieurs parents sont révoltés. «Ça a juste pas de bon sens de nous mettre toujours au pied du mur et en attente comme ca... pour de la céramique», écrit une mère visiblement en colère. «Je n'en reviens pas qu'on puisse nous mettre dans le trouble comme ça pour de si petits détails», écrit une autre qui concède par contre que les produits toxiques auraient dû être correctement rangés dans un endroit verrouillé. «De plus en plus ridicule cette histoire… », commente une autre en invitant les autres parents à continuer de protester contre la fermeture.

    Antécédents

    Rappelons que cette garderie a déjà eu maille à partir avec le Ministère de la Famille argüant qu'elle n'avait pas besoin d'un permis. La réglementation  aurait ensuite été amendée par le gouvermanan pour que ce permis devienne obligatoire. Dans une émission précédente, Mario Dumont s'était déjà demandé s'il ne s'agissait pas d'une mesure de rétorsion de la part du Ministère.

    Voici l'historique des événements selon les deux garderies

    États-Unis — l'engouement pour l'instruction à domicile


    Contrairement à ce qu'affirme la correspondante de France 2 aux États-Unis, les bons résultats des enfants instruits à la maison ne s'expliquent pas d'abord par un niveau social supérieur des parents des enfants qui font l'école à la maison.

    Voici en effet ce que dit une récente étude universitaire :

    « Bien que les élèves de l'école publique aient obtenu, voire dépassé, les résultats attendus pour leur âge, ceux instruits à la maison ont mieux réussi aux différents tests comparativement à leurs pairs, poursuit la chercheuse, les devançant d'une demi-année scolaire en mathématiques à 2,2 niveaux en lecture. Cette supériorité peut s'expliquer par différents facteurs, notamment la taille réduite des classes, l'enseignement personnalisé ou encore une plus grande attention accordée aux matières de base comme la lecture et l'écriture. »

    Dans les deux échantillons, les chercheuses ont également interrogé les mères sur leur état matrimonial, le nombre d'enfants, l'emploi, les études et le revenu du foyer. Elles en ont conclu que les avantages de l'éducation structurée à la maison ne sauraient s'expliquer par des divergences de revenu familial annuel ou de niveau de scolarisation de la mère.




    Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)