lundi 5 octobre 2015

UQAM — Conséquence du boycott étudiant et de l'appui de profs ? Nouvelles inscriptions en forte baisse

« L'UQAM s'est bâtie sur des grèves »
Selon Le Devoir, le scénario catastrophe redouté par le recteur de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Robert Proulx se concrétise : le nombre d’entrants a chuté de 11 % cette année au niveau du baccalauréat, une situation qui plonge l’établissement du Quartier latin dans une situation financière plus précaire qu’escomptée.

Résultat possible des manifestations du printemps 2015, l’UQAM enregistre cet automne une diminution d’au moins 2,8 % des inscriptions au premier cycle. La baisse est nettement plus marquée chez les nouveaux inscrits, en particulier dans les programmes de baccalauréat, où elle atteint 10,9 %, et de certificat, où elle s’élève à 6 %.

« Toutes les facultés sont touchées par ce phénomène », a révélé le recteur, dans un courriel acheminé à la communauté universitaire.

Au deuxième cycle, les inscriptions sont relativement stables tandis qu’au troisième cycle, l’UQAM enregistre une hausse (+11,8 %). Malgré tout, la diminution du nombre des inscriptions est de 2,2 %, tous cycles confondus.

Saccage à l'UQAM lors du dernier boycott
de certains étudiants
Déjà, à la rentrée, M. Proulx avait noté une baisse de 5 % des demandes d’admission. Il évoquait alors comme explication potentielle le mouvement de grève étudiante du printemps précédent. Quoi qu’il en soit, cette réduction du nombre d’inscrits a des conséquences importantes pour l’établissement. « Cette diminution entraîne inévitablement une perte financière, évaluée à 3,1 millions pour les sessions d’automne et d’hiver, qui, ajoutée au 1,9 million pour la session d’été, totalise 5 millions. Indubitablement, ce manque à gagner vient alourdir une situation financière déjà très difficile pour l’UQAM », dit-il.

Seule à pâtir

La nouvelle a de quoi inquiéter Robert Proulx puisque son établissement est le seul, dans tout le réseau de l’Université du Québec, à faire face à une telle baisse dans les inscriptions. Les autres universités de la métropole enregistrent elles aussi une croissance.

Robert Proulx se défend d’être alarmiste. Reste que ces 5 millions en moins forment un trou béant dans le budget de l’université, forcée, depuis un certain nombre d’années déjà, de se serrer la ceinture.

Le manque à gagner pour l’année en cours atteint aujourd’hui plus de 20 millions dans le budget 2015-2016, une somme à laquelle s’ajoutera une compression additionnelle exigée par Québec aux universités. À l’échelle du réseau universitaire, ce sont des compressions de 72 millions que prévoyait le dernier budget provincial. Celle-ci s’élèverait à 7,2 millions pour l’UQAM.


Québec — Le français des étudiants en perdition ?

Le piètre français des étudiants préoccupe les enseignants du cégep, qui affirment qu’il s’agit du principal problème auquel ils sont confrontés en classe.

C’est du moins l’une des conclusions d’une étude menée par Thierry Karsenti, directeur du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante. L’enquête a été réalisée ce printemps auprès de 166 enseignants de la formation générale répartis dans 17 cégeps à travers la province.

La quasi-totalité des enseignants interrogés (91 %) considère que la maîtrise du français est le premier défi qu’ils rencontrent en classe. La motivation des étudiants arrive au deuxième rang (89 %), suivie par leur faible habileté et leur faible intérêt pour la lecture (68 %).

Par ailleurs, les difficultés en français sont loin d’être réservées aux étudiants allophones. Des enseignants ont même affirmé que le problème est parfois encore plus présent chez les élèves francophones, souligne Thierry Karsenti, qui rappelle que les difficultés en français et en lecture ont aussi un impact important sur toutes les autres matières.

Manque de motivation

Le manque de motivation fait aussi partie de l’équation, ajoute le chercheur. « Il y a énormément de ressources d’aide qui sont mises à la disposition des étudiants qui éprouvent des difficultés, mais ils ne les utilisent pas », dit-il.

Ce n’est pas la première fois que les difficultés en français des cégépiens font les manchettes. Le Journal rapportait récemment que le nombre d’étudiants qui ont dû s’inscrire à un cours de mise à niveau en français au cégep a grimpé de 50 %, au cours des 10 dernières années.

Formation générale obligatoire

La formation générale au niveau du cégep (fin du secondaire en Europe) est très pertinente, selon un rapport publié lundi par le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante.

Dans le cadre de l’étude, 45 avantages de la formation générale, incluant notamment les cours de français et de philosophie, ont été répertoriés par 166 professeurs de formation générale au cégep. Le développement intellectuel des étudiants, le développement des compétences en lecture et en écriture et le développement de l’autonomie arrivent en tête de cette liste.

Par ailleurs, 91 % de ces professeurs interrogés ont indiqué qu’il faudrait valoriser la formation générale pour contrer l’attitude négative des étudiants face à ces cours.

Dans un deuxième temps, l’étude des recherches publiées dans le domaine effectuée par le chercheur de l’Université de Montréal Thierry Karsenti fait état d’un certain nombre d’études et d’analyses qui concluent à l’utilité de la formation générale dans le développement global des étudiants et le maintien d’un fond culturel commun. Il souligné également que le taux d’échec n’est pas seulement imputable à la formation générale et que les employeurs sont généralement satisfaits des diplômés du cégep.

Au cours de la dernière année, des voix se sont élevées pour réclamer plus de souplesse dans la formation générale offerte au cégep, où davantage de cours optionnels pourraient être offerts aux étudiants.

M. Karsenti considère toutefois qu’il y aurait un « risque énorme » à rendre les cours de français optionnels puisque les étudiants qui éprouvent des difficultés avec la langue de Molière éviteraient de s’y inscrire, par peur d’échouer.

« Donner plus de choix, ça voudrait dire permettre à des étudiants de ne pas avoir certaines compétences de base. C’est un risque important », affirme-t-il.

Être plus exigeant, plus tôt

Note du carnet : Nous pensons que cette formation générale exigeante devrait se faire nettement plus tôt dans le cursus scolaire. Le français et la culture générale (scientifique et humaniste) devraient être les priorités d’une école primaire et secondaire digne de ce nom. L’école québécoise est bien trop souvent trop peu exigeante et quand elle devient plus exigeante c’est pour imposer plus d’anglais au détriment du français.

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