samedi 30 avril 2022

Ados transgenres, des dégâts irréversibles

Dans Dommages irréversibles, un saisissant essai jamais idéologique mais purement factuel, la journaliste Abigail Shrier au Wall Street Journal montre comment des adolescentes américaines décident de changer de sexe sous l’influence d’internet. Un phénomène qui pourrait bientôt toucher la France. Extraits publiés par Le Figaro. Quelques corrections orthotypographiques.

La dysphorie de genre, anciennement appelée « trouble de l’identité de genre », se caractérise par un malaise profond et persistant vis-à-vis de son sexe anatomique. […]. Historiquement, elle n’a concerné qu’une infime partie de la population (environ 0,01 %) et presque exclusivement des garçons. Au cours de la dernière décennie, la donne a changé de façon spectaculaire. L’Occident a vu une augmentation subite du nombre d’adolescents affirmant souffrir de dysphorie de genre et s’identifiant comme « transgenres ».

Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, des adolescentes de sexe féminin à la naissance ne sont pas seulement présentes parmi ceux qui s’identifient ainsi, mais constituent la majorité du groupe. Pourquoi ? Que s’est-il passé ? Comment un groupe d’âge (les adolescents) qui avait toujours été minoritaire parmi les personnes concernées en est-il venu à constituer la majorité ?

La solitude des ados à l’ère numérique

Aux États-Unis, l’adolescence est pratiquement synonyme chez les filles d’angoisse de ne pas être physiquement à la hauteur. […] Les personnages des réseaux sociaux — c’est-à-dire les « amis » les plus intéressants pour les ados d’aujourd’hui et avec lesquels ils passent le plus de temps — ne présentent pas de telles imperfections. Soigneusement choisies et « facetunées » [au visage retouché], leurs photos définissent un standard de beauté qu’aucune fille réelle ne peut atteindre. Et elles sont constamment dans la poche des adolescentes, nourrissent leurs craintes de ne pas être à la hauteur, alimentent leur obsession pour leurs propres défauts ou ce qu’elles perçoivent comme tels, tout en les exagérant considérablement. Beaucoup d’adolescentes de la génération Z qui tombent dans les filets du phénomène transgenre appartiennent à la classe moyenne supérieure.

Maternées par des parents pour qui « élever » est un verbe actif, voire l’œuvre d’une vie, elles sont souvent des élèves brillantes. Jusqu’à ce que la folie transgenre les frappe, ces adolescentes se distinguent par leur gentillesse, leur serviabilité et leur absence totale de rébellion. […] Internet ne leur laisse jamais un jour, ni même une heure, de répit. Elles veulent ressentir les émotions fortes de l’amour adolescent, mais la plus grande partie de leur vie se passe sur un iPhone. Elles essaient l’automutilation. Elles tâtent de l’anorexie. Les parents les envoient chez des psychiatres qui leur prescrivent des médicaments en guise de ouate pour amortir leurs humeurs, ce qui aide — à moins que ressentir quelque chose n’ait été le but.

Gayatri, un cas problématique parmi d’autres

Gayatri a toujours été « très fille », m’a dit son père, immigrant indien et médecin. Enfant, elle adorait Dora l’exploratrice et les princesses de Disney. Au collège, une de ses amies de l’école primaire a « transitionné » : elle a commencé à se bander la poitrine, a annoncé qu’elle avait un nouveau nom, et a demandé aux autres d’utiliser les pronoms masculins pour s’adresser à elle. Les parents de Gayatri se présentaient comme progressistes. À l’époque, ni l’un ni l’autre n’a fait grand cas de ce changement, qui n’a pas semblé impressionner leur fille. Mais l’année suivante, en troisième, les parents de Gayatri lui ont acheté un ordinateur portable et — après maintes discussions — un téléphone intelligent. Elle s’est mise à passer beaucoup de temps sur Tumblr et DeviantArt, le site de partage artistique qui séduit une grande audience transgenre.

Elle a commencé à parler d’identité de genre à sa mère. Ses parents ne se doutaient pas de la corrélation entre ses propos et le temps passé sur internet. L’été est arrivé et les longues journées se sont profilées devant elle comme une main tendue. Tous ses moments libres, Gayatri les passait sur internet. Un jour, Gayatri a lancé l’idée de commencer un traitement à la testostérone et de subir une « chirurgie du haut ». Ses parents se sont alarmés. Elle agissait à leur insu. Ex-balourde de la classe, Gayatri s’était réinventé une personnalité d’ado transgenre branchée. Les « likes » et les émojis qui pleuvaient sur son profil Instagram parlaient d’eux-mêmes : cette nouvelle identité était une version améliorée d’elle-même. En tant que « garçon trans », Gayatri avait des amis — beaucoup d’amis.

Chiffres et tendances

En 2016, Lisa Littman, gynécologue-obstétricienne devenue chercheuse en santé publique et mère de deux enfants, parcourait les réseaux sociaux lorsqu’elle a remarqué une singularité statistique : plusieurs adolescents, pour la plupart des filles, de sa petite ville du Rhode Island se déclaraient transgenres — tous au sein du même groupe d’amis […]. Le Dr Littman ne connaissait pratiquement rien à la dysphorie de genre. […] Mais elle en savait suffisamment pour constater que les chiffres étaient beaucoup plus élevés que la prévalence attendue. […] La hausse, effectivement, s’est révélée sans précédent. Aux États-Unis et dans le monde occidental, on constatait un pic soudain d’adolescentes déclarant une dysphorie de genre — la pathologie associée à la désignation sociale « transgenre ».

Entre 2016 et 2017 aux États-Unis, le nombre d’interventions en chirurgie transgenre pour les jeunes femmes a quadruplé, cette population représentant soudain — comme on l’a vu — 70 % de toutes les interventions en chirurgie transgenre. En 2018, le Royaume-Uni a signalé une augmentation de 4400 % par rapport à la décennie précédente du nombre d’adolescentes cherchant à obtenir des traitements de genre. […] Au cours de la dernière décennie, comme le Dr Littman l’a découvert, les chiffres de la dysphorie de genre chez les adolescents ont bondi dans l’ensemble du monde occidental. Aux États-Unis, la prévalence a augmenté de plus de 1000 %. 2 % des lycéens s’identifient aujourd’hui comme « transgenres », selon une enquête menée en 2017 auprès des adolescents par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies. En 2016, les personnes assignées femme à la naissance représentaient 46 % de toutes les chirurgies de réattribution sexuelle aux États-Unis. Un an plus tard, ce pourcentage était de 70 %.

YouTube et testostérone : le rôle des influenceurs du net

Alex Bertie, un youtubeur anglais FtM [« féminin vers masculin »], sans doute le plus populaire (300 000 abonnés), a tenu un vlog (blogue vidéo) sur sa première année de testostérone. « C’est le jour que je n’aurais jamais osé espérer, s’enthousiasme-t-il, adorable garçon à la mâchoire ombrée. Ça fait officiellement un an que je suis sous testostérone. Avant les hormones, je souffrais de la haine de soi, de la jalousie et de l’envie, je voulais constamment m’isoler du reste du monde… Aujourd’hui, un an après avoir commencé les hormones, je ne pourrais pas être plus heureux ! Les changements apportés par la testostérone ont vraiment amélioré ma qualité de vie et redessiné mes projets d’avenir. » Sa voix est plus grave. Ses épaules sont plus larges, ses bras plus imposants, sa mâchoire carrée. Sa graisse est redistribuée (moins dans les cuisses et les hanches). Et le plus réjouissant pour lui : ses règles ont disparu. « Heureusement, après deux mois de T, elles se sont complètement arrêtées, Dieu merci. Cette année, j’ai aussi fait la chirurgie du haut. C’est un truc à part. Je pourrais consacrer un million de vidéos à la chirurgie du haut. Associé aux hormones, cela a carrément fait disparaître ma dysphorie de genre. Donc, en gros, la testostérone… c’est génial. » […]

Tous les vlogueurs trans ne partagent pas la modération de Chase. Le gourou Instagram MtF [Masculin vers Féminin] Kaylee Korol, femme frêle aux cheveux bleus comme ses yeux et qui ressemble à une adolescente ordinaire, offre ce « conseil trans » : « Vous n’avez pas besoin d’être sûrs à cent pour cent d’être trans pour essayer les hormones, vraiment, assure Kaylee à ses abonnés. Vous pouvez essayer les hormones pendant trois mois. Après cette période, il commence à y avoir des effets permanents, mais avant, vous pouvez simplement tester et voir comment vous vous sentez. C’est génial, c’est aussi simple que ça. Les hormones ne doivent pas vous effrayer. » Inutile, donc, d’avoir la certitude d’être trans pour prendre des hormones. En fait, Kaylee ajoute que le traitement hormonal est « probablement le meilleur moyen de savoir si vous êtes trans ou non ». Il est prouvé que la testostérone a des effets secondaires néfastes, mais vous en entendrez rarement parler. Les gourous de YouTube et d’Instagram sont là « pour s’amuser », et les risques accrus de divers cancers et d’hystérectomie prophylactique ne sont pas vraiment « amusant ».

Des traitements loin d’être anodins

La testostérone épaissit le sang. Les filles transidentitaires reçoivent une dose de testostérone 10 à 40 fois supérieure à ce que leur corps pourrait normalement supporter pour produire les changements qu’elles recherchent. Selon certaines indications, les femmes biologiques recevant ces doses de testostérone auraient un risque de crise cardiaque près de cinq fois supérieur à celui des femmes, et deux fois et demie supérieur à celui des hommes. Le dosage étant déterminé par l’apparence physique désirée — plutôt que par le traitement d’une maladie —, il obéit à des critères esthétiques et non pas médicaux. On justifie généralement la testostérone comme un traitement de la « dysphorie de genre », mais les endocrinologues qui la prescrivent semblent rarement évaluer ses effets sur la dysphorie du patient. Ils examinent plutôt son taux sanguin pour s’assurer que la testostérone reste dans la fourchette normale pour un homme. […] Peu de temps après la prise d’hormones mâles, des changements permanents se produisent.

Si une fille biologique regrette sa décision et arrête la testostérone, sa pilosité corporelle et faciale restera probablement en place, tout comme son excroissance clitoridienne, sa voix grave et peut-être même la masculinisation de ses traits faciaux. Même si des doses massives de testostérone doivent être maintenues pour que les effets de la transition se poursuivent, l’élimination de la T ne ramène pas l’adolescente à son point de départ. La testostérone s’accompagne également de douleurs et de désagréments. Il y a le problème de l’atrophie vaginale, mais aussi des douleurs musculaires, des crampes sévères dues à l’endométriose, une hausse de la sudation, des sautes d’humeur et de l’agressivité. Les effets à long terme comportent une augmentation des taux de diabète, d’accidents vasculaires cérébraux, de caillots sanguins, de cancers et, comme nous l’avons vu, de maladies cardiaques. Globalement, le risque de mortalité augmente. Il existe un dernier risque, inévitable, dû au fait qu’aucune patiente sur la Terre ne prend son traitement exactement à la même heure : à un moment donné, une jeune fille sous T se fera une injection un jour ou deux après la prise prévue. […] Après tous ces risques et ces sacrifices insensés, au moins la dysphorie a disparu, non ? En fait, il n’existe aucune étude à long terme indiquant que la dysphorie de genre ou les idées suicidaires diminuent après une transition médicale. Souvent, la dysphorie d’une jeune femme augmente avec la testostérone, car elle se rend compte que même avec une voix d’homme, des poils, une mâchoire carrée, un nez rond et une barbe fournie, elle ne ressemble pas tout à fait à un homme.

Les « détransitionneuses » : celles qui tentent de faire machine arrière

Presque toutes les détransitionneuses à qui j’ai parlé sont percluses de regrets. Si elles ont pris de la testostérone quelques mois seulement, elles ont une voix étonnamment masculine qui restera grave. Si elles ont été sous T pendant plus longtemps, elles souffrent de la gêne d’avoir une géographie intime inhabituelle : un clitoris élargi qui ressemble à un petit pénis. Elles détestent leur barbe naissante et leur pilosité´ corporelle. Elles vivent avec une poitrine lacérée et des tétons masculins (oblongs et plus petits) ou des rabats de peau qui ne ressemblent pas à des tétons. Chez celles qui ont conservé leurs ovaires, une fois privé de testostérone, le tissu mammaire se gonfle au retour des règles d’un liquide qui, souvent, n’est pas correctement drainé. […] Les désisteuses et détransitionneuses à qui j’ai parlé m’ont toutes dit qu’elles étaient sûres à 100 % d’être trans à vie — jusqu’à ce que, soudainement, elles ne le soient plus. Presque toutes reprochent à leur entourage adulte, en particulier les professionnels de la
santé, d’avoir encouragé et facilité leur transition.

Dommages irréversibles

par Abigail Shrier,
publié au Cherche Midi,
à Paris,
le 5 mai 2022,
416 pp,
ISBN-13 : 978-2749172170.

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AFP — Ours polaire « symbole du réchauffement climatique » aperçu en Gaspésie

L’Agence France Presque Presse a réussi à associer la découverte d’un ours blanc en Gaspésie, loin au Sud de son aire habituelle, lors d’un printemps froid, au réchauffement climatique. Ne jamais laisser de répit aux lecteurs de ces dépêches recopiées de par le monde sur cet « enjeu existentiel ». Toujours garder à l’esprit du citoyen moyen que le « réchauffement climatique » nous menace.

Voici la dépêche au complet telle que publiée sur le site de RTL :

AFP, publié le 30 avril 2022 à 20 h 47

Très rare apparition d’un ours polaire dans le sud du Canada

L’ours polaire aperçu près de Madeleine-Centre, au Québec, le 30 avril 2022, sur cette photo amateur prise par Sophie Bonneville

Un ours polaire a été aperçu samedi dans une région du Québec située au sud du fleuve Saint-Laurent, ce qui a mené les agents de la faune et les policiers à alerter les résidents d’un petit village de cette visite très inhabituelle.

L’animal à la fourrure blanche, symbole du réchauffement climatique, a été aperçu en matinée à Madeleine-Centre en Gaspésie, selon des témoins. Il se trouvait toujours en liberté dans l’après-midi et des agents chargés de la gestion et de la protection des espèces sauvages cherchaient à le localiser.

« Le chien jappait et j’ai entendu mon conjoint crier “Il y a un ours ! Il y a un ours !” », a raconté à l’AFP Sophie Bonneville, qui réside quelques mois par année dans ce village d’environ 2.000 habitants, situé à plus de 800 km au nord-est de Montréal et actuellement sous la neige.

La Sûreté du Québec (SQ, police provinciale) a par la suite mis en garde les habitants sur Twitter : « Un ours polaire a été vu dans le secteur de Madeleine-Centre. Les policiers sécurisent les lieux. (…) Nous demandons aux résidents de rester à l’abri et de ne pas s’aventurer à l’extérieur »

. Étonnée par la présence du prédateur de l’Arctique dans sa cour, la témoin a indiqué que « personne n’a jamais vu ça, même les agents de la faune ni la police. Les gens pensaient que c’était une blague ».

« C’est très inhabituel de voir une espèce aussi nordique se retrouver aussi loin de sa limite sud de distribution », a réagi à l’AFP la biologiste et chercheuse en écologie marine Lyne Morissette, précisant que « les dérèglements climatiques actuels y sont pour quelque chose ».

La police assurait samedi la sécurité de la région, où de nombreux piétons ont l’habitude de faire des promenades.

« On a fait du porte-à-porte pour aviser les résidents du secteur de demeurer à l’intérieur », a expliqué à l’AFP Stéphane Tremblay, porte-parole de la SQ, disant lui aussi « n’avoir jamais vu » une pareille situation.

« Avec les changements climatiques, tout se peut », a renchéri la témoin gaspésienne [grande spécialiste], qui a eu le temps de prendre quelques photos de l’animal avant qu’il ne se dirige dans la forêt.

Au Canada, l’ours blanc — le plus gros carnivore terrestre de la planète — est une espèce dont le statut est « préoccupant ».

Une étude de 2020 publiée dans Nature Climate Change révélait que le réchauffement climatique pourrait signer la quasi-extinction de cet animal emblématique puisque la banquise, son habitat, disparaît progressivement.

[Des études concluent l’inverse, mais cela n’est bien sûr pas mentionné par l’AFP… Voir Les ours polaires se portent bien]

Sophie Bonneville et Jean Bergeron ont aperçu l’ours polaire sur leur terrain de Madeleine Centre samedi matin

Une visite rare, mais possible Pour le biologiste et professeur à l’Université du Québec à Rimouski Dominique Berteaux, il n’y a aucun doute qu’il s’agit bien d’un ours polaire. C’est spectaculaire et très inhabituel dans cette région, admet-il. Toutefois, le biologiste rappelle que l’ours polaire peut nager sur de grandes distances. Les Esquimaux le considèrent comme un mammifère marin. Selon la littérature scientifique, il n’y a rien d’exceptionnel à ce qu’un ours traverse 100 ou 200 kilomètres en nageant, souligne M. Berteaux. 
 
Les ours polaires qui se trouvent sur la côte est du Labrador au printemps remontent vers le nord lorsque la banquise se fragmente, explique Dominique Berteaux. Cependant, il arrive que de rares individus se trompent de chemin, comme cela semble être le cas pour l’animal en Gaspésie. Au début du mois d’avril, la présence d’un ours polaire avait été signalée sur la Côte-Nord, à La Romaine.

Belgique — l'islamisme au quotidien à Bruxelles, rongée par le trafic de drogues et la violence

La Libre Belgique indique en outre que Bruxelles (et plus particulièrement les communes riches de leur diversité religieuse ou ethnique dont le tristement célèbre Molenbeek) est gangrenée par le trafic de drogues et la violence.

Les trafics de stupéfiants engendrent de plus en plus de tensions, notamment avec des armes. Ce qui se passe dans « l’axe Rotterdam-Anvers-Bruxelles » déborde désormais dans la capitale. Les bourgmestres bruxellois sont inquiets et réclament plus de moyens et plus de collaboration avec la police judiciaire. Sauf que la police fédérale souffre aussi du manque de moyens.

[…] Il est de moins en moins rare d’entendre un coup de feu retentir dans les rues de la capitale. Depuis septembre 2021, une dizaine de tirs ont ainsi été signalés aux polices bruxelloises. Seul un cas s’est soldé par la mort d’une personne, celle de Dion. Les autres coups de feu seraient des techniques d’intimidation dans des règlements de comptes entre trafiquants de stupéfiants.

Et il n’est plus seulement question de drogues douces comme le cannabis. Des quantités importantes de cocaïne, d’héroïne et même de crack circulent désormais dans la capitale. Pour véhiculer ces cargaisons qui valent parfois des millions, les revendeurs n’hésitent plus à se promener armés. Et à se montrer violents pour protéger leurs biens, car les sommes en jeu sont toujours plus conséquentes. En 2019 par exemple, près de 250 000 euros avaient été saisis dans la zone de police de Bruxelles-Ouest (qui couvre les communes Molenbeek, Koekelberg, Jette, Ganshoren et Berchem-Sainte-Agathe). En 2020, la somme saisie dépassait les 3 millions d’euros.

[…]

Les bourgmestres sont dépassés…

Car le dossier a pris une ampleur politique. Les bourgmestres de la capitale se disent même lassés par la situation. Ils réclament au fédéral plus de moyens pour lutter contre les trafics de drogues et les nuisances liées à cette criminalité. « Une certaine presse a tendance à pointer un peu systématiquement Molenbeek, explique Catherine Moureaux (PS, parti socialiste), bourgmestre de Molenbeek. Mais les trafics de stupéfiants se sont très largement développés ces derniers mois partout à Bruxelles. Les 19 communes [de Bruxelles] sont impactées, les 19 bourgmestres sont préoccupés. Et nous partageons tous le même constat : Bruxelles est polluée par les stupéfiants dont les conséquences, directes et indirectes, sont nocives pour l’ensemble de la population qui mérite de vivre dans un climat plus apaisé. » […] Si une véritable « guerre contre la drogue » semble déclarée, les policiers seraient toutefois de plus en plus démunis, faute de moyens. « À l’heure actuelle, il ne reste plus, à Molenbeek, que 50 % des effectifs qui avaient été dégagés pour le plan Canal. Pour le dire autrement, notre police manque tellement de moyens que nous n’avons pas toujours les capacités de répondre aux demandes de base de la population. Comment pouvons-nous donc faire face à ce fléau qui prend de l’ampleur ? J’avais sollicité le ministre de l’Intérieur précédent, Pieter De Crem. J’ai à nouveau sollicité l’aide de Mme Verlinden, l’actuelle ministre responsable de la sécurité. J’ai fait part de ce problème en conférence des bourgmestres. Il faut agir au plus vite, tout le monde le constate, mais que fait le fédéral ? Pas grand-chose », regrette Catherine Moureaux.

La bourgmestre de Molenbeek demandera à la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V, démocrate chrétien flamand), un renfort de 200 policiers pour la zone de police Bruxelles-Ouest. « La population ne mérite pas de subir toutes ces nuisances. Il y a un travail de prévention à accentuer, mais il faut également de la répression pour lutter contre ce phénomène. Il faut plus de moyens, plus de collaborations. Il y a urgence. »

Dépénalisation

Au préalable, le maïeur [le maire] de Bruxelles souhaite un débat plus décomplexé sur la dépénalisation des drogues douces. « Au PS, on est prêts et on ose en parler. Pour d’autres, il y a visiblement un tabou sur la question, mais c’est ridicule. On sait que la loi de 1921 sur l’usage et la consommation des drogues est obsolète, que nous devons évoluer avec la société. Et cela doit passer par un débat sur la dépénalisation des drogues douces. Ce qui permettra de laisser nos policiers traquer des cas plus graves encore. Car il y a de la cocaïne qui circule à Bruxelles. Et d’autres drogues dures. »

Philippe Close estime qu’il faut donc s’y attaquer en priorité. Il plaide également pour qu’une approche sociosanitaire soit adoptée en marge d’une action plus répressive de la justice.

« Police et justice doivent cibler les grands trafiquants, mais nous ne devons pas laisser de côté les toxicomanes. L’ouverture d’une salle de consommation à moindre risque s’inscrit dans cette dynamique. Et il en faut d’autres. Quant au répressif, je souhaite véritablement que nous travaillions davantage avec la police judiciaire fédérale (PJF). L’axe Rotterdam-Anvers-Bruxelles commence à déborder dans la capitale. Et personne ne veut voir la situation empirer et assister à des scènes qui existent déjà à Anvers où des grenades sont lancées pour intimider les bandes ennemies. Il faut tout faire pour éviter cela à Bruxelles. Le gouvernement fédéral doit prendre la mesure du problème. Il est de taille. Et il faut agir maintenant, pas dans six mois. Sinon les réseaux de trafiquants, eux, auront tout le temps de se réorganiser. Il y a véritablement urgence. »

 

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Belgique — Les signes religieux autorisés dans toutes les hautes écoles de la fédération (WBE)

Changement démographique en Belgique — Bruxelles musulmane dès 2030 ? (article de 2010)

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Seul un quart des habitants de Bruxelles sont des Belges d’origine belge, ils sont encore 66 % en Wallonie, mais ils sont vieillissants (article de 2021 portant sur la population au 1er janvier 2020) 

Belgique — Près de la moitié des enfants à l’école primaire communale sont musulmans (2011)

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Bruxelles (ville où plus de 90 % de la population connaît le français) — Fonctionnaire de l’Union européenne : « Le français est une langue de merde qui doit disparaître »

Après recul sur cours en français au cégep anglo, la CAQ veut renforcer l'anglais à l'école franco

Après son recul sur l’imposition de cours EN français dans les cégeps anglophones, le gouvernement « nationaliste » (ne pas rire) de la CAQ agit en faveur de l’anglais au primaire.

Le gouvernement Legault jette les bases d’un programme d’anglais enrichi en langue seconde qu’il souhaite offrir de façon optionnelle en 6e année du primaire.

À l’heure actuelle, plus de quatre élèves sur cinq au primaire (83 %) suivent le programme de base d’anglais langue seconde, qui ne prévoit pas de nombre minimal d’heures obligatoires. Il revient à chaque conseil d’établissement d’école de prendre une décision à cet égard.

L’anglais langue seconde se retrouve donc en concurrence avec d’autres matières comme l’éducation physique, les arts plastiques ou la musique, de sorte que l’offre de cours d’anglais peut varier de 30 minutes à 120 minutes hebdomadaires selon les écoles. [Nous trouvons cette liberté des plus louables : il n’y a pas que l’anglais au Québec, mais bien d’autres matières intéressantes et enrichissantes.]

Ces dernières années, des conseils d’établissement ont décidé par endroits d’offrir des programmes d’anglais intensifs. Selon les données préliminaires du ministère de l’Éducation, en 2021-2022, 2115 élèves de 5e année (2,3 % de tous les élèves de ce niveau au Québec) et 15 576 élèves de 6e année (16,9 % du total) font donc en accéléré leurs autres matières pour consacrer l’autre moitié d’année au seul apprentissage de l’anglais comme langue seconde.

And to speak English… le plus tôt possible si vous êtes francophone au Québec. François Legault a ainsi parlé de renforcer les programmes d’anglais intensif quand il présentait la loi 101 renforcée…

Depuis quelques années, des écoles primaires, qui avaient de plus en plus de pression en ce sens des parents, ont commencé à offrir une troisième voie, soit celle de l’anglais enrichi.

Selon les sources de la Presse de Montréal, c’est notamment pour mettre de l’ordre et de l’uniformité dans cette nouvelle offre un peu anarchique et sans balises que le gouvernement Legault entend mettre en place un vrai programme enrichi d’anglais langue seconde pour ceux qui en bénéficieront.

Les travaux en cours visent aussi à s’assurer que les cours d’anglais langue seconde enrichis qui sont offerts soient réellement d’un niveau supérieur pour que ceux qui les suivent soient aptes, ensuite, à s’inscrire aux cours enrichis d’anglais au secondaire et qu’une continuité soit ainsi assurée.

L’idée est ici de proposer, mais non d’imposer. (En 2011, le Premier ministre Jean Charest avait annoncé que, dans un horizon de cinq ans, tous les élèves de 6e année des écoles francophones du Québec bénéficieraient d’un programme intensif d’anglais langue seconde, politique qui avait été ensuite abandonnée.)

Pénurie de professeurs d’anglais

L’un des obstacles à un nombre accru d’heures d’anglais à l’école — qu’il s’agisse des programmes de base, enrichis ou intensifs —, c’est le manque d’enseignants.

Connaissance du français lacunaire

Entretemps, les connaissances en français des élèves québécois sont lacunaires comme le révèlent plusieurs indicateurs. Voir, notamment, Plus du quart des étudiants au cégep échoue en orthographe. La CAQ ne propose pas d’améliorer la connaissance du français, Résultats en lecture du français très médiocres, on impose l’anglais intensif de manière « brutale » et Québec — « On diplôme des analphabètes fonctionnels au secondaire ».

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Cours de français obligatoires dans les cégeps anglophones : Jolin-Barrette recule (encore) 

Pourquoi l’anglais intensif uniquement pour les francophones, partout ? [plutôt que du français intensif pour les anglophones au Québec ?]

L’enseignement intensif de l’anglais au primaire financé à coup de dizaines de millions de dollars par Ottawa 

Impossible de se faire servir en français au centre de Montréal 

L’anglais est en train de devenir la langue de convergence entre les élèves de certaines écoles montréalaises  

Montréal : 52 % des diplômes de cégep sont de cégeps anglophones 

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Sombre diagnostic sur la maîtrise du français au cégep francophone..

Non, ça ne parle pas français dans les cégeps anglophones

« Paix linguistique » : 46 % des allophones qui étudient en anglais au Québec travaillent ensuite en anglais 

Québec — Plus de 35 % des élèves des cégeps anglophones incapables de suivre des cours en français 

« Nous courons vers l’assimilation », disent des profs en faveur de la loi 101 au cégep 

Québec — la 6e année bilingue pas imposée aux anglophones, mais bien aux francophones et 

aux immigrants que l’on prétend franciser

L’ADQ pour que l’État impose plus d’anglais dès la première année du primaire, qu’en dit un linguiste ?

Mythe : « seuls les enfants peuvent apprendre de nouvelles langues avec un haut degré de maîtrise »

Lent déclin du français à Montréal et sa banlieue

Devant le tribunal, Facebook admet que les « vérifications des faits » ne sont qu’« opinions »

Le journaliste John Stossel poursuit Facebook après que des « vérificateurs des faits » de Facebook ont qualifié les informations sur le changement climatique que Stossel a publiées de « fausses et trompeuses ».

Dans sa réponse à la plainte en diffamation de Stossel, Facebook répond à la page 2, ligne 8 du document judiciaire (téléchargez-le) que Facebook ne peut pas être poursuivi pour diffamation (à savoir une affirmation fausse, malicieuse et préjudiciable) parce que ses « vérifications des faits » ne sont que de simples opinions plutôt que des affirmations factuelles.

Les opinions ne peuvent faire l’objet de poursuites en diffamation alors que les fausses affirmations factuelles (préjudiciables et malicieuses) le peuvent. Le document déposé par Facebook affirme :

« Les étiquettes [apposées par les vérificateurs] en elles-mêmes ne sont ni fausses ni diffamatoires ; au contraire, elles constituent une forme d’opinion protégée. »

Ainsi, devant un tribunal, dans un dossier juridique, Facebook admet que ses « vérifications des faits » ne sont pas du tout des « vérifications des faits », mais simplement des « affirmations d’opinion ».

Ces « vérifications des faits » ont pourtant un poids décisif et semblent bien orientées : elles reflètent les préférences idéologiques des « vérificateur » qui opinent sur les sujets qui leur déplaisent.

vendredi 29 avril 2022

Émeutes en Suède : l'intégration des immigrés est un échec, selon la Première ministre

La social-démocrate Magdalena Andersson (ci-contre) a annoncé jeudi une série de mesures visant à endiguer la criminalité, qui est selon elle une conséquence de la « faiblesse » de l’État régalien alors que le pays est confronté à une immigration de masse.

Après quinze jours d’émeutes qui ont secoué violemment le pays et fait déjà une centaine de blessés parmi les forces de l’ordre, la Première ministre suédoise Magdalena Andersson s’est exprimée jeudi, annonçant notamment un plan et des moyens visant à combattre la criminalité en Suède. La cheffe du gouvernement veut s’en prendre en particulier à la criminalité juvénile, qu’elle souhaite enrayer grâce à une collaboration plus étroite entre la police et les services sociaux, et des outils de contrôle pour s’assurer que les enfants restent à l’école et ne traînent pas dehors sans l’accord de leurs parents.

Surtout, la dirigeante issue des rangs du Parti social-démocrate suédois des travailleurs a reconnu publiquement en conférence de presse, sur un ton direct jugé « inhabituel » par les observateurs de la vie politique suédoise, l’insuffisance et les ratés des politiques d’intégration des nouveaux immigrés dans son pays. Elle a alors renvoyé dos à dos l’islamisme et l’extrême droite, qui selon elle « enveniment » la vie politique suédoise et empêchent cette intégration.

Alors que le nombre de personnes nées à l’étranger et résidant aujourd’hui en Suède a doublé en vingt ans, pour atteindre désormais deux millions (un cinquième de la population de ce pays scandinave), Magdalena Andersson a donc fait son autocritique et celle de son parti, au pouvoir depuis huit ans (et, au total, près d’une trentaine d’années depuis quarante ans). « L’intégration a été trop faible tandis que nous avons connu dans le même temps une immigration massive. Notre société a été trop inconséquente sur cette question, et les moyens alloués à la police et aux services sociaux, trop légers », a-t-elle notamment déclaré, d’après l’agence Reuters. Ajoutant : « une telle ségrégation s’est installée dans le pays que, désormais, la Suède est compartimentée en sociétés parallèles. Nous vivons dans le même pays, mais dans des réalités complètement différentes ».

Immigration massive

Alors qu’elle fut le pays d’Europe à soutenir le plus large afflux de migrants (relativement à la taille de sa population) depuis la crise migratoire de 2015, la Suède a, depuis, restreint radicalement sa politique d’accueil. La venue dans le pays en avril du leader d’un parti danois d’extrême droite, Rasmus Paludan, a été le prétexte d’un déchaînement de violences à l’égard des autorités suédoises. L’homme est connu pour des provocations et a notamment brûlé en place publique des exemplaires du Coran : il avait été expulsé de France à titre préventif en 2020, et interdit de séjour en Belgique… ainsi qu’en Suède.

Depuis le 14 avril, l’annonce de sa venue en Suède a provoqué le soulèvement de quartiers très fortement islamisés du pays, et des camions de police ont notamment été incendiés, aux cris de « Allah Akbar ! », comme l’ont notamment rapporté les journalistes de l’AFP.

Le journaliste d’origine suédoise Henrik Lindell raconte au Figaro que « pendant quatre jours, dans des quartiers populaires et souvent défavorisés, des hommes, surtout des jeunes, mais aussi des femmes et des enfants se sont livrés à des jets de pierre contre des policiers et même des pompiers, à des incendies de véhicules appartenant aux forces de l’ordre et aux particuliers, à des pillages, à des attaques contre tout ce qui représente l’autorité, voire l’ordre de la société, en Suède ».

Naguère paisible et prospère, le royaume scandinave est aujourd’hui secoué par des troubles ethnico-religieux : le résultat de vingt ans d’une politique migratoire « généreuse et bienveillante » jusqu’à l’absurde.

1. Un habitant sur cinq est né à l’étranger

La Suède fut longtemps un pays d’émigration, notamment vers les États-Unis. D’où une population restée homogène jusqu’à la fin du XXe siècle. Au nom de la tolérance et de la bienveillance, ses dirigeants issus de la social-démocratie (dont le royaume scandinave est le modèle suprême) ont décidé d’inverser les flux et d’ouvrir ses frontières aux réfugiés. Une générosité non dénuée d’arrière-pensées, l’économie ayant besoin de main-d’œuvre. Cette politique d’asile a commencé par la guerre en ex-Yougoslavie, mais elle s’est emballée avec le conflit syrien. Pour la seule année 2014, Stockholm a distribué 160 000 titres de séjour. Au total, le nombre de personnes nées à l’étranger a augmenté de 80 % en vingt ans. Un habitant sur cinq vient d’une autre contrée, soit 2 millions de ressortissants sur un effectif total de 10 millions. Un quart des nouveau-nés ont au moins un parent allogène. Malgré toute sa bonne volonté, l’État-providence a fini par donner des signes de fatigue, au niveau des régimes sociaux et du système scolaire. À tel point que le gouvernement a finalement coupé les vannes en 2020, limitant les entrées annuelles à 25 000 individus. Mais trop tard.

2. Le choc des valeurs et des croyances

L’enfer est pavé de bonnes intentions, les luthériens (religion majoritaire en Suède) auraient dû le savoir. Las ! Après l’angélisme euphorique des années 2015, les Suédois se retrouvent aujourd’hui dans un pays qu’ils ne reconnaissent plus, y compris dans les villes de province. Un contexte explosif comme l’ont prouvé les émeutes du week-end pascal. À l’origine des incidents, la tournée (autorisée au nom de la liberté d’expression) de Rasmus Paludan, leader dano-suédois du parti Stram Kurs (Ligne dure), dont la spécialité est de brûler les Corans en public. Certes, le geste n’est pas fin, mais le délit de blasphème ayant été aboli en 1970, il demeure légal. Stockholm, Örebro, Malmö, Linköping, Norrköping: partout où il était annoncé et même quand il ne s’y est pas rendu, des violences ont éclaté aux cris d’« Allah akbar ». Jets de pierres, incendies, pillages : des hommes, des femmes, mais aussi des enfants s’en sont pris aux forces de l’ordre et aux symboles de l’État pendant plusieurs jours. Certains policiers ont dû faire usage de leur arme pour éviter le lynchage. Du jamais-vu dans le royaume. Bilan : 40 blessés (dont 26 fonctionnaires de police) et un million d’euros de dégâts.

3. Des clans mafieux à base ethnique

En fait, les Suédois découvrent avec retard et effroi ce que provoque une immigration massive en provenance de pays n’ayant ni la même culture ni les mêmes valeurs : ce qu’on appelle en France (qui n’a pas de leçon à donner en la matière !) les zones de non-droit. L’an dernier, la Suède a recensé 342 fusillades ayant fait 46 morts. Par rapport au nombre d’habitants, c’est un record d’Europe. Un peu comme si Marseille avait été déplacée telle quelle vers le Grand Nord ! Les auteurs, comme les victimes, sont des trafiquants d’armes ou de drogue, dont 85 % sont soit nés hors des frontières soit d’origine étrangère. Selon le site universitaire Perspective Monde, « 32 des chefs de réseaux criminels les plus recherchés du pays sont issus de l’immigration ». Ils dirigent des gangs organisés sur des bases ethniques (Albanais, Afghans, Turcs, etc.). La police suédoise dénombre une quarantaine de ces structures, qui règlent leurs comptes à la grenade ou à la kalachnikov. Conséquence logique : le mouvement anti-immigration des Démocrates de Suède est passé de 1,5 % des voix en 2002 à 17,5 % en 2018. En attendant de faire mieux aux prochaines élections de septembre.

Source : Le Figaro

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Pourquoi le Danemark s’oppose désormais à l’immigration 

 
 
 
 

mercredi 27 avril 2022

Cours de français obligatoires dans les cégeps anglophones: Jolin-Barrette recule (encore)

Les cégeps anglophones pourront offrir aux « ayants droit » de suivre trois cours DE français plutôt que trois cours EN français, comme le prévoyait à l’origine le projet de loi 96, a finalement décidé le gouvernement Legault. La nouvelle, d’abord rapportée par La Presse, a été confirmée mardi soir par le cabinet du ministre Simon Jolin-Barrette.

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a cédé devant les pressions des anglophones

Le projet de loi sur la réforme de la Charte de la langue française, dont l’étude en commission est terminée, prévoyait jusqu’à tout récemment que l’ensemble des élèves des cégeps anglophones devraient suivre trois cours de leur cursus en français et réussir une épreuve uniforme dans la langue de Miron pour obtenir leur diplôme.

Cette obligation, d’abord absente de la pièce législative, avait été ajoutée à la demande de la députée libérale Hélène David, porte-parole de l’opposition officielle pour la protection de la langue française.

Or, le Parti libéral s’était ravisé devant l’opposition des cégeps anglophones, qui estimaient qu’une telle mesure nuirait à la réussite scolaire des anglophones peu instruits en français, et avait demandé que l’amendement soit modifié pour s’adapter aux besoins des élèves privilégiés issus des réseaux primaires et secondaires anglophones (les « ayants droit »).

Les trois cours obligatoires en français prévus avant la reculade de la CAQ auraient pénalisé les étudiants anglophones, dont 35 % très mauvais en français auraient connu un échec, avait « prévenu » la Fédération des cégeps. Le quotidien The Gazette avait poussé des cris d’orfraie au début avril et rapporté des témoignages d’élèves et de parents qui déploraient ce qu’il qualifiait une atteinte aux droits de la minorité anglophone (l’ignorance du français, donc).

Comme le signale l’essayiste Frédéric Lacroix, les cours EN français dans les cégeps anglais, cela forcerait les étudiants et le système scolaire anglophones (primaire et secondaire) à enfin prendre la maîtrise du français au sérieux. Chose que ne feront pas des cours DE français à la fin de la scolarité préuniversitaire (le cégep).

En outre, en l’absence de mesures incitatives claires qui assurent la maîtrise du français — inutile dans les universités anglophones et aussi sur une bonne partie du marché du travail à Montréal — Pour Frédéric Lacroix, « la seule chose à faire serait d’imposer l’Épreuve uniforme de français aux ayants droit ».

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Impossible de se faire servir en français au centre de Montréal

Serge Denoncourt était de passage à l’émission « Bonsoir Bonsoir ». Il a pris 2 minutes pour s'indigner du service lamentable de Tim Hortons au centre de Montréal… En effet, il n'est pas parvenu à se faire servir en français. Aucun employé ne parlait français. Tous les employés de Tim Horton l'évitaient et ne servaient que les gens qui se pliaient à l'obligation de parler anglais pour être servis.

Serge Denoncourt est le metteur en scène de Cher Tchekhov, présentée au TNM. Ce théâtre francophone est juste à côté de ce Tim Horton.

Source :  Radio-Canada, 26 avril 2022.

 

Autre témoignage, encore un artiste, Guy Nantel:



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lundi 25 avril 2022

Démographie — Le trilemme de Morland : égoïsme, économie ou ethnie

Sur de vastes étendues de la planète, dans un « croissant infertile » allant de l’Espagne à Singapour, la population vieillit rapidement. Elle amorce un déclin abrupt. C’est le sujet du nouveau livre de Paul Morland, Tomorrow’s People. Le Dr Paul Morland est chercheur associé au Birkbeck College de l’Université de Londres et un spécialiste reconnu en matière de démographie.

L’ouvrage précédent de Morland, The Human Tide, se penchait sur l’impact politique et culturel de la démographie à travers l’histoire. Son dernier livre dépeint le monde du XXIe siècle, un tome bien écrit, informatif et agréable à lire ; bien que « agréable » ne soit peut-être pas le mot approprié, car l’avenir semble sombre à bien des égards et, dans certains pays, cet avenir est déjà présent.

L’avantage est que — et c’est certes un moment étrange pour le suggérer — une grande partie du monde pourrait bien devenir moins violente selon Morland. L’auteur passa ses vacances en Catalogne à l’époque des tentatives d’indépendance de cette province en 2017 : « Alors que j’étais assis sur l’une des places de Portbou, j’ai réfléchi à la raison pour laquelle le référendum était devenu une note de bas de page dans les livres d’histoire plutôt que l’étincelle qui déclencherait un conflit violent. J’ai regardé autour de moi ces habitants grisonnants qui profitaient du soleil d’octobre et sirotaient des tasses de café noir. Ils étaient bien trop vieux pour prendre les armes et défiler dans les rues, exaspérés par l’injustice politique. » Quel contraste avec la tension juvénile qu’il ressentait en Israël à la veille de la première Intifada où une population palestinienne dominée par des adolescents était sur le point de violemment exploser !

Ces dernières années, nous avons bénéficié de ce qu’on a appelé la Pax Americana Geriatrica. La plupart des pays riches ont un âge médian supérieur à 40 ans et les personnes d’âge moyen n’aiment pas commencer des bagarres. Nous avons des responsabilités et des soucis, nos lobes frontaux nous ont rendus prudents et nos niveaux de testostérone sont en déclin terminal.

Dans les années 1930, au début de la guerre civile en Espagne, l’âge médian était la moitié de ce qu’il est aujourd’hui. Au début des années 1990, l’âge médian en Bosnie était inférieur à 30 ans, alors qu’il est aujourd’hui supérieur à 40 ans. Lorsque la guerre civile au Liban a commencé, l’homme libanais moyen avait six enfants et trois frères. Aujourd’hui, il a un frère ou une sœur. C’est au moins en partie pourquoi l’instabilité politique et la crise financière récentes n’ont pas conduit à une répétition de la guerre. Morland cite « des études sur des périodes de plusieurs décennies révélant qu’il n’y a presque pas de guerre civile dans les pays où 55 % ou plus de la population sont âgés de plus de trente ans ».

« Bien qu’on ne puisse pas dire que la jeunesse “cause” la guerre », écrit-il, « ou que la maturité “cause” la paix, la structure par âge d’une société crée des conditions de fond contre lesquelles d’autres choses provoquent ou non des conflits ». Un peu comme dans une forêt dont le bois est sec, les conditions sur le terrain détermineront si une étincelle s’avère désastreuse.

Les origines de la transformation du monde remontent à la plus grande réalisation de l’histoire de l’humanité : l’énorme chute de la mortalité infantile grâce à l’hygiène et la médecine modernes. Cette baisse commença dans le nord-ouest de l’Europe au XVIIe siècle, les décès d’enfants ont ensuite diminué dans le monde entier et une grande partie de l’amélioration n’a été que récente. Même au début des années 1970, la mortalité infantile au Pérou était 10 fois supérieure à son niveau actuel. « Un travailleur humanitaire qui vivait autrefois dans l’un des pays les plus pauvres d’Afrique m’a dit que la mortalité infantile était si courante il y a une quinzaine d’années qu’un de ses employés pouvait ne pas prendre un jour de congé si cela leur arrivait — cela faisait partie de la vie et on s’y opposait donc moins. »


Mark Steyn interviewe Paul Morland, auteur de Tomorrow’s People: The Future of Humanity in Ten Numbers

Même dans les pays les plus pauvres, la vie est bien meilleure pour la plupart des parents, mais il en va de même pour tout le monde, même une fois qu’ils ont atteint l’âge adulte ; alors qu’en 1900, 75 femmes américaines sur 100 étaient en vie à 30 ans, en 2020, 75 sur 100 étaient encore en vie à 80 ans.

La prochaine étape de la transition démographique, après une baisse de la mortalité, est habituellement une baisse subséquente de la fécondité (bien que la relation ne soit pas simple). La taille des familles passe en théorie d’une moyenne de 5 à 6 jusqu’au niveau de remplacement de 2 enfants par femme. Mais ensuite, on observe qu’elle continue de baisser — et semble ne jamais remonter. En effet, dans la majeure partie du monde, en dehors de l’Afrique subsaharienne, la taille des familles baisse sous le taux de remplacement des générations, puis continue de diminuer alors que les populations vieillissent.

En 1990, le Japon comptait 2 000 centenaires ; il y en a aujourd’hui 79 000. Il existe même un mot, rougai, pour désigner une personne âgée agaçante qui énerve les jeunes, « que ce soit en obstruant les portes qui se ferment dans le métro de Tokyo ou en donnant des conseils déplacés sur le nombre décroissant de jeunes mères ». En Chine voisine, le nombre de plus de 80 ans est passé de 500 000 en 1950 à 7,5 millions en 1990, et en 2050, ils seront 150 millions, soit plus de 8 % de la population chinoise.

En Italie, la population a déjà commencé à décliner et ce déclin s’accélérera dans les années à venir. Le nombre d’Italiens de moins de 5 ans a culminé à 4,5 millions au milieu des années 1960. Ce nombre n’est plus que de 2,2 millions environ aujourd’hui, après quoi il tombera en dessous de 2 millions avant le milieu du siècle. D’ici 2050, il y aura deux fois moins d’Italiens de moins de 25 ans qu’en 1980. Le nombre de jeunes en Corée du Sud sera également divisé par deux d’ici 2050.

Pour Morland, les Européens s’inquiètent de la menace d'un monde musulman dominant, mais la plupart des pays arabes ont maintenant une fécondité modérée, voire faible. Morland semble oublier que nombre de pays africains non arabes (Sénégal, Mali, Niger, etc.) sont également musulmans et à très forte natalité. 

Si l’on exclut l’Afrique subsaharienne et quelques pays comme le Sri Lanka, les États passent rapidement d’une fécondité élevée à des niveaux de sous-remplacement inquiétants. La Colombie est passée en à peine une décennie d’un taux de fécondité idéal légèrement au-dessus de 2 enfants par femme pour se situer désormais au niveau de l’Europe du Nord. Pourtant, la Colombie, favorable aux familles, malgré ses problèmes de criminalité et de pauvreté, est depuis de nombreuses années l’un des pays les plus heureux au monde. Le Japon isolé et à faible fécondité est l’un des plus malheureux selon Morland. À mesure que la fécondité a diminué, divers gouvernements ont changé d’attitude quant à la taille idéale des familles. Le conseil officiel de Singapour dans les années 1960 était « Arrêtez-vous à deux », mais en 1987, c’était « Ayez-en trois ou plus (si vous pouvez vous le permettre). » La politique chinoise de l’enfant unique est belle lurette abandonnée au profit d’une politique de deux enfants et le gouvernement permet maintenant à certaines personnes d’en avoir trois ; les encourage même. Mais il semble qu’il soit trop tard.

Morland pense que « tenter d’augmenter la fertilité [s’apparente] au travail de Sisyphe ». La République tchèque et la Hongrie ont connu des augmentations au cours de ce siècle, grâce à un effort financier gouvernemental important, mais elles sont encore bien en deçà du taux de remplacement. Seul Israël semble aller à contre-courant de la tendance dans le monde développé, tant parmi les religieux que les laïcs, la Géorgie est le seul pays qui semble être revenu à un taux de remplacement, avec l’aide de l’église, le chef religieux du pays baptisant chaque enfant qui y est né. Pour Morland, le gouvernement peut facilement faire baisser la natalité, plus difficilement la faire remonter. Ce qui permet de redresser la natalité est une question de changement d’attitude, de culture.

En Russie, après l’effondrement démographique des années 1990, lorsque l’espérance de vie a plongé à mesure que le pays a été saccagé, les choses se sont améliorées pour de nombreuses personnes sous Poutine (meilleures conditions économiques, lutte contre l’alcoolisme). Depuis le début du XXIe siècle, la fécondité russe est passée de 1,2 à 1,75, mais cela est loin d’être suffisant pour inverser la baisse à venir (résultat du peu d’enfants nés entre la fin de l’URSS et l’avènement de Poutine, la sous-natalité persistante et la fin de l’allongement rapide de la vie sous Poutine).

À l’échelle mondiale, tout cela aura des conséquences économiques assez moroses dans les décennies à venir, le Japon étant le premier pays à entrer dans une « stagnation séculaire ». 

Morland parle du trilemme auquel sont confrontées les nations vieillissantes, selon lequel vous pouvez avoir deux des trois aspects suivants :

  • la continuité ethnique,
  • une économie florissante ou
  • un style de vie égoïste et confortable sans l’énorme stress de concilier éducation des enfants et carrière moderne.

Israël a sacrifié le confort égoïste individuel (le 3e e), mais a une économie dynamique et une continuité ethnique. Le Japon, quant à lui, a choisi de subir le coup économique (le 2e e) pour privilégier la continuité ethnique et le confort personnel ; tandis que les dirigeants britanniques ont renoncé à sa continuité ethnique (le 1er e). Mais ce fut, hélas, une solution à court terme, puisque les jeunes immigrants n’empêchent pas le déclin démographique et donc économique.

Comme il le souligne, malgré la douleur de l’austérité après 2010, les coupes du gouvernement britannique n’ont même pas réduit la dette, juste le déficit, ce qui est très difficile à faire lorsque la démographie est à la baisse. Au début des années 1960, il y avait 5 millions de naissances au Royaume-Uni ; en 2000-2005, ils n’étaient plus que de 3,5 millions. Il s’agit de la cohorte sur le point de commencer à travailler. Même avec des niveaux d’immigration sans précédent — les mères nées à l’étranger représentent désormais près d’un tiers des naissances au Royaume-Uni — il n’y a tout simplement pas assez de jeunes pour faire croître l’économie.

La même chose se passe partout en Eurasie. En 2000, la Thaïlande comptait 7 travailleurs pour chaque retraité ; d’ici 2050, ce chiffre ne sera plus que de 1,7. En Grèce, 1 700 écoles ont fermé entre 2009 et 2014, tandis que la Macédoine du Nord voisine a perdu un quart de sa population à cause de la faible fécondité et de l’émigration. Des régions entières, comme la province de Vidine dans le coin nord-ouest de la Bulgarie, se sont contractées et ont vu des services, comme les vols aériens, disparaître par manque d’intérêt. Un habitant aurait déclaré : « C’était comme si je revenais dans ma tombe. C’est une ville moribonde. À Stoke-on-Trent, 40 % des bars et clubs ont fermé leurs portes au cours des vingt dernières années, le ratio enfants/retraités étant passé de 4:1 à 1:2 en un siècle. Au centre de Paris, 15 écoles ont fusionné ou fermé entre 2015-2018. »

Plus d’un quart des grandes jeunes pousses (startups) japonaises, celles qui valent plus d’un milliard de dollars, se concentrent sur les soins aux personnes âgées. La technologie est impressionnante : dans les maisons de retraite, « les travailleurs reçoivent désormais un signal lorsque les résidents incontinents ont besoin d’attention, les avertissant de la nécessité d’une intervention urgente. Il existe également des appareils qui suivent les signes vitaux et indiquent des battements cardiaques ou des battements irréguliers, tandis qu’on y fabrique des lits robotisés qui se transforment en fauteuils roulants. »

Mais le tableau est sombre. Au Japon, des milliers de personnes meurent seules chaque semaine. En Allemagne, les obsèques payées par la commune ont doublé à Hambourg entre 2007 et 2017, car de plus en plus de personnes quittent cette terre sans parents pour prendre soin de leur héritage. Morland cite Manfred Grosser, un ecclésiastique d’une ville entre Berlin et Dresde, qui officie à cinq funérailles pour chaque baptême, voit « de sombres nuages démographiques à l’horizon ».

Pour Morland, certaines parties du monde ressemblent au roman de Leonard Woolf de 1913, Le village dans la jungle, sur une colonie engloutie par la forêt en raison du déclin de la population. Dans le nord du Japon, le nombre d’observations d’ours a doublé en une seule année et les animaux sauvages reviennent dans certaines parties de l’Espagne, de la France et de l’Italie alors que les villages se vident.

Les pays riches sont confrontés à des choix impopulaires à mesure que leurs électeurs vieillissent, y compris la nécessité d’une forte augmentation de l’âge de la retraite. Mesure à un tel point difficile politiquement que, comme le souligne Morland, même Vladimir Poutine n’a pas réussi à l’imposer. Il est peut-être le nouveau tsar et possède le plus grand arsenal nucléaire du monde, mais il existe une force invincible : le pouvoir électoral des baby-boomers. Pour l’auteur, les personnes âgées ont tendance à voter pour leurs propres intérêts et, dans le cas de la Grande-Bretagne, finissent par contrôler le gouvernement au pouvoir ; les électeurs ayant des pensions et des maisons optent pour une croissance plus faible et préfèrent limiter la construction de logements, ce qui augmente encore le coût de la propriété du logement pour les jeunes et fait donc encore baisser le taux de fécondité.


On a du mal à le croire, mais dans les années 1970, l’un des livres les plus lus était La Bombe P de Paul R. Ehrlich qui affirmait de façon alarmante : « La bataille pour nourrir l’humanité est terminée. Dans les années 1970, le monde connaîtra des famines — des centaines de millions de personnes vont mourir de faim. »

Heureusement, Ehrlich avait tout faux et si l’avenir devait ressembler à une dystopie, il prendrait la forme d’une vision cauchemardesque à la P. D. James : un lieu triste, solitaire, dépourvu du bruit des enfants.

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Elon Musk inquiet de l’effondrement démographique 

Éric Kaufmann — Les plus religieux hériteront-ils de la Terre ?   

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« La planète va se vider de sa population, changeons nos idées reçues » 

Plus de travail, moins de bébés ? Carriérisme contre familisme (c’est une question de priorités, de « valeurs ») 
 
 
 
Un pays à très faible fécondité peut-il jamais renouer avec le taux de renouvellement des générations ? (l’exemple de la Géorgie dans le Caucase)

La fécondité israélienne (3,1 enfants/femme) contraste avec celle de l’Occident

Projet de loi 15 du Québec — les parents de plus en plus évincés par l'État comme protecteur de l'intérêt de l'enfant

Le projet de loi 15 a été présentée par le ministre de la Santé du Québec, Lionel Carmant, en décembre 2021. Il a été adopté à l’unanimité jeudi dernier à l’Assemblée nationale de la province canadienne : 115 votes en faveur et aucun contre. 

[Sur l’unanimisme fréquent de la députation québécoise, voir Du programme ECR à l’affaire Michaud : la servilité de nos élites, Québec, pays du consensus mou et des pressions centralisatrices : Euthanasie — le Québec et son culte du consensus froissé, Déclaration de revenus unique : vote unanime à l’Assemblée nationale et Comment Québec a privé les parents et les élèves d’un choix de cours de morale ou de religion à l’unanimité, encore une fois...].

Selon la chaîne canadienne CTV news, la nouvelle loi vise à « donner la priorité aux intérêts des enfants sur toutes les autres considérations, y compris les intérêts des parents », et apporte un certain nombre de changements à la réglementation québécoise en matière de protection de la jeunesse en vue de faciliter le placement des enfants dans des foyers d’accueil dans les cas présumés de négligence ou d’abus.

La Loi sur la protection de la jeunesse du Québec (1977) reconnaissait jusqu’à présent que l’État devait « tendre à maintenir » un enfant à risque « dans son milieu familial ». Il s’agissait du principe de la primauté parentale, c’est-à-dire que les parents sont les premiers responsables de leurs enfants.

S’il était impossible ou contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant de rester dans son foyer familial, les autorités de protection de l’enfance cherchaient à placer l’enfant auprès de membres de sa propre famille élargie. Ce n’est qu’après l’échec de cette solution que les enfants étaient placés dans des foyers d’accueil.

Les principaux médias canadiens ont décrit la nouvelle loi comme une « reconnaissance du fait que le maintien à tout prix d’un enfant négligé ou maltraité dans sa famille biologique » ne devrait plus être « une priorité absolue » et que « veiller à ce que l’enfant bénéficie d’un environnement stable aussi rapidement que possible » devrait être « la priorité du gouvernement ».

Les juges et les travailleurs sociaux pourraient donc ignorer le principe de la primauté parentale lorsqu’ils prendront leurs décisions sur le sort d’un enfant.

Un autre changement apporté par la nouvelle loi est l’assouplissement des règles de confidentialité concernant les renseignements personnels des enfants ; ceux-ci pourront désormais être plus facilement transmis et partagés entre les autorités et les intervenants.

Bien que la loi n’ait rencontré pratiquement aucune opposition à l’Assemblée nationale, certains parents au Québec ont agité des signaux d’alarme depuis son introduction en tant que projet de loi.

Certains affirment que de supplanter la primauté parentale pourrait créer un dangereux précédent et donner à l’État trop de pouvoir sur les enfants.

« À première vue, la modification de la Loi sur la protection de la jeunesse semble juste pour l’enfant », a écrit au mois de décembre la blogueuse Mel Goyer dans un billet sur le projet de loi.

« Cela semble être une bonne idée de mettre les intérêts de l’enfant au premier plan », poursuit-elle.

Les intérêts de l’enfant déterminé par l’État progressiste, ses juges et ses agents « Mais en réalité, tant les parents que l’enfant sont mis de côté lorsque le tribunal prend la décision de les retirer de leur famille. Le système déraille depuis des années, et le gouvernement en profite pour réformer certains principes fondamentaux. »

Mme Goyer a fait valoir que cette mesure pourrait être un premier pas vers un contrôle accru du gouvernement et l’érosion des droits de la famille.

Elle a rappelé que le Premier ministre du Québec, François Legault, avait qualifié le projet de loi de « moment historique » et déclaré que « faire passer les intérêts de l’enfant avant ceux de sa famille biologique » était au cœur de la réforme.

« Non, François Legault n’est pas sur le point de “vous enlever vos enfants” [c’est à voir…], mais l’idée qu’il puisse abolir le principe de la suprématie parentale est inquiétante », écrit Mme Goyer, ajoutant que si rien n’est fait, la destruction du groupe familial s’accélérera.

Elle donne l’exemple d’une récente affaire judiciaire dans laquelle le juge a décidé que deux jeunes filles âgées de 14 et 19 ans recevraient un vaccin COVID contre la volonté de leur mère ; le juge avait accusé la mère d’adhérer aux « théories du complot anti-vax ».

Mme Goyer conclut son article en encourageant les parents concernés à rejoindre Alain Rioux, fondateur de l’association les papas en action, dans son opposition au projet de loi.

« Sous couvert de “protection de l’enfance”, le Québec a adopté le projet de loi 15, [et] cela vient de supprimer la primauté parentale. Ce qui signifie que le gouvernement peut maintenant décider de ce qui est le mieux pour votre enfant », a posté un autre utilisateur de Twitter.

Source : QCV    

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dimanche 24 avril 2022

La vérité sur l'affaire Galilée, l'hypothèse sans preuve (rediff)

Dans un ouvrage qui fera date, Aimé Richardt, lauréat de l’Académie française pour sa biographie de Fénelon (1994), décrypte le mythe Galilée en rétablissant une vérité historique fondée sur une étude minutieuse des textes. Dans La vérité sur l’Affaire Galilée, l’auteur donne les raisons de la condamnation du Florentin en la replaçant dans le contexte des connaissances historiques et scientifiques de l’époque. Un ouvrage préfacé par Mgr Huot-Pleuroux, ancien Secrétaire général de l’Épiscopat.

Le 22 juin 1633, un certain Galilée fut condamné à Rome par le tribunal du Saint Office. La sentence prononcée par des cardinaux de l’Eglise catholique — appelés en la circonstance « inquisiteurs généraux », fut la suivante : « Nous te condamnons dit le jugement à la prison formelle de ce Saint Office pour le temps qu’il nous plaira de fixer. De plus, au titre d’une pénitence salutaire, nous t’ordonnons de réciter les 7 psaumes de la pénitence salutaire, une fois par semaine, pendant les trois prochaines années... ». Et pourtant, Galilée ne fit pas un seul jour de prison… Il ne récita pas plus les psaumes de la pénitence salutaire puisqu’il confia ce pensum à sa fille religieuse qui s’en acquitta dûment. Et Galilée termina ses jours tranquillement à Arcetri, près de Florence, où il vécut jusqu’à sa mort en 1642.

Le nom de Galilée est généralement associé à un symbole, parfois même à un mythe, celui de la résistance à l’obscurantisme religieux en général et catholique en particulier. Pourtant qui connaît réellement Galileo Galilei, fils de Vincenzio Galilei né à Pise le 15 février 1564 ? Quelles furent ses spécialités scientifiques ? Qu’a-t-il inventé et légué à la science et à la postérité ? Peut-on parler à son endroit de victime de l’Église et de l’obscurantisme ? Bref, pourquoi Galilée fut-il condamné par l’Église catholique ? C’est ce que l’émission ci-dessous vous propose de découvrir en compagnie de l’historien Aimé Richardt, grand prix d’Histoire de l’Académie française, pour son Fénelon, et auteur récemment de La Vérité sur l’affaire Galilée [1].

Écoutez l'émission de Canal Académie avec Aimé Richardt (1 heure 1 minute) :




Adresse directe du fichier MP3 : https://api.canalacademies.com/download/audio?file=audios/hist318.mp3

L’auteur.

Aimé Richardt, historien, est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il s’est intéressé à l’affaire Galilée, après avoir étudié l’œuvre d’un des plus grands intellectuels de l’histoire de l’Eglise, Robert Bellarmin [2]. Il est aussi l’auteur de Louvois, le bras armé de Louis XIV [3] ; Le Soleil du Grand Siècle, prix Hugues Capet [4], Les savants du Roi Soleil [5], etc.

Présentation de l’éditeur.

Depuis le XIXe siècle, la cause était entendue : l’Église catholique avait condamné, emprisonné et martyrisé Galilée, un astronome génial, qui avait démontré que la Terre tournait autour du Soleil, ce que l’Église refusait d’admettre.

Or la réalité est tout autre ! Non seulement Galilée n’a jamais passé un jour en prison, n’a jamais été martyrisé, mais Aimé Richardt démontre, en s’appuyant sur des documents irréfutables, que Galilée n’a jamais prouvé la rotation de la Terre autour du Soleil, et que l’Église était fondée à le condamner. En effet, les plus hautes autorités religieuses lui avaient demandé, en 1616, d’apporter une preuve à sa théorie, qui était d’ailleurs celle de Copernic, ou de parler d’hypothèse et, surtout, de ne pas intervenir dans l’explication des textes de la Bible qui paraissaient soutenir la thèse opposée du géocentrisme.

Après l’avoir promis, Galilée est revenu sur sa parole, il a donc été jugé et condamné, avec une mansuétude toute particulière, réclamée par le pape qui était son ami. On est bien loin de l’image d’Épinal du martyr en proie à la persécution de l’Église...



La Vérité sur l'Affaire Galilée


Extrait de l'ouvrage


Chapitre 19


Galilée vu par Arthur Koestler. Une évaluation de son œuvre d'astronome. Sa «récupération» par les libres-penseurs des XVIIIe et XIXe siècles, puis par les marxistes contemporains. Quelques réflexions sur la position de l'Église.


Pour Koestler
« ...dans la mythographie rationaliste il [Galilée] devient la Pucelle d'Orléans de la Science, le saint Georges qui terrasse le dragon de l'Inquisition. Il n'est donc guère surprenant que la gloire de cet homme de génie repose surtout sur des découvertes qu'il n'a jamais faites, et sur des exploits qu'il n'a jamais accomplis. Contrairement aux affirmations de nombreux manuels, même récents, d'histoire des sciences, Galilée n'a pas inventé le télescope. Ni le microscope. Ni le thermomètre. Ni l'horloge à balancier. Il n'a pas découvert la loi d'inertie, ni le parallélogramme de forces ou de mouvement, ni les taches du Soleil. Il n'a apporté aucune contribution à l'astronomie théorique, il n'a pas laissé tomber de poids du haut de la Tour de Pise, et il n'a pas démontré la vérité du système de Copernic. Il n'a pas été torturé par l'Inquisition, il n'a point langui dans ses cachots, il n'a pas dit eppur si muove, il n'a pas été un martyr de la Science. »
Jugement sévère, trop sévère diront certains, mais qui est cependant exact, et répond à nombre de propos fantaisistes des défenseurs de Galilée. C'est ainsi que Bernini écrivait dans son Histoire des hérésies « qu'il [Galilée] resta cinq ans en prison, que Pontécoulant affirmait qu'il soutint la rotation de la terre dans les prisons de l'Inquisition », où il n'entra jamais !

En 1908 Pierre Duhem fit, au sujet du système de Copernic et de la position de Galilée à son sujet, une déclaration qui mérite d'être citée :
« ... [les plus récents progrès de la physique montrent que] la logique était du parti d'Osiander, de Bellarmin et d'Urbain VIlI, et non pas du parti de Kepler et de Galilée, que ceux-là avaient compris l'exacte portée de la méthode expérimentale et, qu'à cet égard, ceux-ci [Kepler et Galilée] s'étaient mépris... Que les hypothèses de Copernic réussissent à sauver toutes les apparences connues, on en conclura que ces hypothèses peuvent être vraies, on n'en conclura pas qu'elles sont certainement vraies; pour légitimer cette conclusion, il faudrait prouver auparavant qu'aucun autre ensemble d'hypothèses ne saurait être imaginé qui permet de sauver tout aussi bien les apparences, et cette dernière démonstration n'a jamais été donnée... [par Galilée]... »
Alexandre Koyré, ce remarquable historien des sciences, ne réserve aucune place à Galilée dans son étude, devenue classique, La Révolution astronomique. Elle est divisée en trois parties :
  • Copernic et le bouleversement cosmique ;
  • Kepler et l'astronomie nouvelle.
  • Borelli et la mécanique céleste.

De son côté le professeur Stillman Drake a écrit :
« L'intérêt de Galilée pour l'astronomie théorique en tant que telle ne fut jamais très grand. Même son combat pour le copernicanisme fut mené principalement sur le terrain de la physique. Il le centra autour de la théorie mécanique des marées et de la réfutation de quelques objections physiques extravagantes soulevées contre tout mouvement de la Terre. Dans la mesure où il s'agit du Dialogue, la théorie copernicienne est présentée sous une forme simplifiée jusqu'à l'absurde, avec le Soleil qui occupe exactement le centre d'orbites circulaires concentriques, schéma que Copernic en personne avait reconnu être insoutenable et qui ne pouvait s'accorder avec aucune des tables astronomiques qui aient jamais été réalisées. »
Alors se pose la question : pourquoi Galilée est-il devenu, à partir du XVIIIe siècle, le « patriarche » de la Science, opposé à l'obscurantisme des Églises en général, et de l'Église catholique en particulier ?

Le rôle des libres-penseurs

Dès 1754, le tome IV de l'Encyclopédie contenait dans l'article « Copernic » un passage consacré à Galilée :
« Le grand Galilée fut autrefois cité devant l'inquisition, et son opinion du mouvement de la Terre condamnée comme hérétique... Galilée, nonobstant cette censure, ayant continué de dogmatiser sur le mouvement de la Terre, fut condamné de nouveau, obligé de se rétracter publiquement et d'abjurer sa prétendue erreur, de bouche et par écrit, ce qu'il fit le 22 juin 1633, et ayant promis à genoux, la main sur les évangiles, qu'il ne dirait et ne ferait jamais rien de contraire à cette ordonnance, il fut ramené dans les prisons de l'inquisition... »
Voici donc une première salve où, en quelques lignes, Galilée est présenté comme un martyr [les prisons de l'inquisition] et dans lesquelles Diderot et consorts négligent de mentionner qu'il n'avait apporté aucune preuve des mouvements de la Terre, se cramponnant à sa théorie (fausse) du flux et du reflux des marées.

Arago, le grand astronome français, n'hésite pas à affirmer que « quelques heures auraient pu suffire à toutes les observations que fit Galilée dans les années 1610 et 1611. »

« Il est incontestable, écrit Pierre Costabel que le fondateur de la philosophie positive, Auguste Comte, a joué à cet égard un rôle majeur, et que l'image de Galilée, savant positif victime du dogmatisme, doit considérablement à tout le courant philosophique issu, en France, de ce maître à penser aux allures de prophète. L'image susdite a servi de symbole pour l'anticléricalisme qui a présidé aux réformes scolaires de la IIIe République... ... dans la deuxième moitié du XIXe siècle, il y a à la fois consensus quasi universel sur la vérité du mouvement de la Terre et l'injustice de la condamnation de Galilée... » « Galilée hier » c'est donc une image d'Épinal qui alimente aussi bien l'agressivité anticléricale que le malaise d'une grande partie des catholiques... en est-il autrement aujourd'hui ? »

La récupération marxiste

La récupération de Galilée par les milieux marxistes est utilisée comme justification de la lutte antichrétienne. C'est ainsi que l'Encyclopédie Philosophique (Moscou, 1960) affirme que « Galilée a eu une profonde influence sur le développement de la représentation purement matérialiste du monde. »

Selon l'auteur de l'article, il aurait « démontré l'infinitude de l'Univers et interprété les phénomènes de la nature comme matérialiste mécaniste. » Pour faire bonne mesure, l'auteur conclut en affirmant que Galilée « n'aurait jamais accepté l'idée de la création du Soleil et des planètes par Dieu, sinon comme condition mécaniste initiale. »

Kouznetsov, l'auteur russe de Galilée n'hésite pas à en faire un précurseur de la philosophie marxiste :
« Dans sa conception du monde et son style, tout grand penseur reflète son époque et son milieu. Mais il reflète aussi le passé et le futur, ainsi que les autres milieux sociaux et nationaux dans lesquels ses idées se formèrent, résonnèrent, ou subirent une évolution. L'histoire de la nature prouve... le lien indissoluble entre les idées et les modes de pensée particuliers aux diverses nations, unies dans le progrès scientifique et culturel communs. »
Puis, après cet exposé généraliste, Kouznetsov enfonce le clou :
« les savants exceptionnels [au nombre desquels il range Galilée) nous semblent seulement des hommes qui ont su exprimer la logique historique objective de l'évolution unidirectionnelle [lire marxiste léniniste) de la science... »
Quelques réflexions sur la position de l'Église

Dans un article publié en 1790, l'abbé Bergier écrit: « Ce philosophe [Galilée] ne fut point persécuté comme bon astronome, mais comme un mauvais théologien, pour avoir voulu se mêler d'expliquer la Bible. Ses découvertes lui suscitèrent sans doute des ennemis jaloux, mais c'est son entêtement à vouloir concilier la Bible avec Copernic qui lui donna des juges, et sa pétulance seule fut la cause de ses chagrins. »

Propos calme, lucide, et qui nous parait bien fondé. Appliquons-nous à une démonstration en reprenant le parcours de Galilée et les causes de ses différends avec l'Église.

Né dans une famille peu titrée et encore moins fortunée, Galilée fut doté par la nature de deux talents : un don pour les mathématiques, et une grande facilité à se faire des amis pouvant lui rendre des services. Il usera de l'un et l'autre de ces talents pour décrocher son premier poste, celui de professeur de mathématiques à l'Université de Pise, qu'il obtint d'une part grâce à ses travaux sur les centres de gravités des solides, d'autre part, et surtout, grâce à l'intervention du mathématicien jésuite Clavius et du cardinal del Monte.

Peu apprécié des autres professeurs, son contrat ne fut pas renouvelé et Galilée recommença la chasse aux soutiens. Grâce au cardinal del Monte et au Frère Paolo Sarpi, il fut nommé professeur de mathématiques à l'Université de Pise.

En 1597 il commence à s'intéresser à l'astronomie et aux théories de Copernic, son intérêt va croissant. La chance de sa vie se produit en juillet 1609 où, grâce au Frère Sarpi, il put empêcher un Hollandais porteur d'une « longue-vue » de la présenter aux autorités de Venise, puis la copier et l'améliorer en un peu plus d'une semaine, et enfin la présenter au Sénat de Venise comme étant son invention, ce qui lui valut honneurs et récompenses financières.

La fin de 1609 et le début de 1610 voient Galilée utiliser son «télescope» pour examiner les cieux. Il est le premier astronome italien à le faire et les observations s'accumulent : étude de la surface de la Lune qui, démontre-t-il, est recouverte de montagnes, et surtout, en janvier 1610, découverte de quatre satellites de Jupiter qu'il nomme les «planètes médicéennes» en hommage à la famille du grand duc de Toscane, démontrant qu'il est aussi bon courtisan qu'astronome. Il devient mathématicien en chef de l'Université de Pise, et rassemble ses observations dans un petit livre: Le Messager étoilé qui fait sensation.

En 1611 il se rend à Rome où il est accueilli à bras ouverts par Clavius et les astronomes jésuites du Collège Romain. Il rencontre le cardinal Barberini (le futur pape Urbain VIII) dont il se fait un ami. Tout lui sourit, le prince Cesi le fait recevoir membre de l'Académie des Lynx. C'est la Gloire.

Une première ombre apparaît : il se querelle avec le P. Scheiner, astronome jésuite réputé, au sujet de la découverte des taches du Soleil dont il prétend (à tort) être l'auteur.

En 1613 il défend, pour la première fois, la théorie de Copernic par écrit. En décembre 1613, dans sa lettre à Castelli, il met en doute l'interprétation que fait l'Église de certains passages des Écritures, commençant ainsi à mécontenter plusieurs théologiens, surtout dominicains. En effet, le concile de Trente a réservé à l'Église, et à elle seule, le droit d'interprétation de la Bible, voulant éviter ce qui se passait chez les protestants où des interprétations diverses donnaient lieu à de vives querelles entre factions.

En 1614 il est attaqué en chaire par un dominicain, le P. Caccini qui l'accuse d'hérésie. Cette accusation est reprise, en 1615, par le P. Lorini, un autre dominicain, qui le dénonce officiellement à l'Inquisition romaine.

Toujours en 1615 le cardinal Bellarmin écrit au P. Foscarini, un carme, une lettre pleine de sagesse :
« Il me semble que Votre Révérence et le Seigneur Galilée agiront prudemment en se contentant de parler par hypothèse et non pas absolument, car c'est ainsi que j'ai toujours compris que Copernic a parlé. »
À la mi-1615, Galilée reprend et développe les arguments qu'il avait exposés dans la lettre à Castelli, dans une lettre ouverte adressée à Christine de Lorraine. Il y parle de preuves qu'il apporte à la théorie de Copernic, ce qui est faux, mais il s'affirme surtout en défenseur de cette théorie et explique comment, selon lui, l'Église devrait interpréter les Écritures. Cette lettre est dénoncée avec vigueur par les dominicains.

En février 1616, une commission de théologiens du Saint Office condamne deux propositions affirmant l'immobilité du Soleil et le mouvement de la Terre. À la demande du pape Paul V, le cardinal Bellarmin convoque Galilée et lui intime l'ordre d'abandonner sa position de défenseur des thèses de Copernic, lui disant de travailler en savant, par hypothèses, et non d'affirmer sans preuves. Galilée donne son accord et promet obéissance.

En 1618, il se brouille avec les astronomes jésuites du Collège Romain au sujet des comètes, les jésuites soutenant, avec raison, qu'il s'agit de corps solides, et Galilée soutenant, à tort, qu'il s'agit de phénomènes atmosphériques. Il publie le Saggiattore dans lequel il se moque cruellement du P. Grassi. Un autre jésuite, le P. Grienberger écrit à ce propos : « Si Galilée ne s'était pas mis la Compagnie à dos, il aurait pu continuer librement à écrire sur le mouvement de la Terre jusqu'à la fin de ses jours... »

Le 6 août 1623, le cardinal Maffeo Barberini, l'ami de Galilée, est élu pape sous le nom d'Urbain VIII. L'orgueil de Galilée ne connaît plus de bornes, il revient à Rome où le pape le reçoit plusieurs fois. Galilée se sentant « tout illuminé des faveurs pontificales » décide alors de se consacrer à une grande apologie de Copernic. Il va y travailler dix ans, et la termine en 1630. Après avoir obtenu l'imprimatur en dissimulant sa promesse de 1616, il publie le Dialogue sur les grands systèmes du monde en 1631. Sans que l'on puisse s'expliquer pourquoi il met certains des propos d'Urbain VIII dans la bouche d'un benêt, Simplicio, ce qui fait enrager le pape. À la demande de celui-ci, une commission de trois théologiens examine le Dialogue, le condamne, et renvoie Galilée devant le tribunal de l'Inquisition. Le procès commence en février 1633.

Galilée est alors traité avec une mansuétude extraordinaire : il loge, pendant le procès, tantôt à l'ambassade de Florence, tantôt dans l'appartement du procureur du tribunal. Mis en difficulté par ses mensonges, il reconnaît ses erreurs, en particulier celle d'avoir enfreint l'interdiction de 1616, abjure, et est condamné à de la prison. Cette peine est immédiatement commuée en une assignation à résidence dans sa villa d'Arceti, près de Florence, où il reçoit librement amis et élèves. Il meurt le 8 janvier 1642.

Alors Galilée maltraité par l'Église ? Martyr ? Certainement pas. À une époque particulièrement rude, il a toujours été traité avec courtoisie et bienveillance. Que n'a-t-il suivi le conseil éclairé et paternel de Bellarmin :
parlez par hypothèse, ne demandez pas à l'Église de réinterpréter certains passages des Écritures tant que vous n'apportez pas la preuve de la théorie de Copernic. Si vous apportez cette preuve, alors bien sûr, nous verrons à modifier l'interprétation que nous faisons de ces passages, mais nous ne pouvons pas le faire sans ces preuves que vous n'apportez pas.
Pourquoi Galilée s'est-il fourré dans ce guêpier, dont il aurait pu sortir en bien plus mauvais état qu'il ne l'a fait ? On ne comprend pas ! Quoi, voilà un homme parti de rien, qui grâce à son intelligence, à ses amis, à une bonne part de chance, se hisse au rang de savant célèbre, familier de nobles fortunés, de prélats influents, d'un pape, et qui, malgré les mises en garde s'obstine à vouloir jouer au théologien, terrain particulièrement dangereux dans la Rome du XVIIe siècle. Or il n'avait rien à y gagner, sa réputation était faite. Alors ?

Selon nous, la réponse est l'orgueil démesuré, quasi luciférien, de Galilée, ce défaut majeur que les Grecs anciens appelaient hubris, et dont ils disaient que c'était une révolte contre les dieux ou les hommes, et que ceux qui en étaient affligés étaient menacés de destruction.

Aristote le définit de la manière suivante : « Hubris est une revanche, les hommes qui y trouvent un plaisir pensent qu'en en maltraitant d'autres ils affirment leur supériorité ».