dimanche 30 avril 2017

Conférence : révolution française et révolution tranquille

Deux historiens : Marion Sigaut et Jean-Claude Dupuis

  • Révolution française – La philosophie des Lumières par Marion Sigaut
  • Révolution tranquille – La Réforme Parent par Jean-Claude Dupuis

Mercredi, le 10 mai 2017 à 19h00
Cathédrale Marie-Reine du Monde
1110, rue Mansfield, Montréal (entrée sur le côté de la Cathédrale)
Métro Bonaventure

Contribution libre

Association des Parents catholiques du Québec (APCQ)
Informations : 514-276-8068 Info@ParentsCatholiques.org

Bilan mitigé pour le projet-pilote sur l'éducation sexuelle

Improvisation, retards, malaises au sujet du contenu pédagogique : une série de difficultés a marqué la première année du projet-pilote d’éducation à la sexualité dans 18 écoles primaires et secondaires du Québec, révèle un bilan obtenu par Le Devoir. Ce projet-pilote a été lancé à la rentrée scolaire de l’automne 2015, en pleine période de négociation (et de moyens de pression) entre les employés de l’État et le gouvernement, note le document de 88 pages classé « confidentiel ». La formation des enseignants et la livraison du matériel pédagogique ont été retardées. Cela a entraîné le report ou même l’annulation de certains apprentissages en classe, indique le bilan de l’an 1 du projet-pilote, préparé par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES).

Très peu de réponses au questionnaire du Ministère

Pour dresser ce bilan (daté du 20 avril 2017), le ministère a envoyé un questionnaire à tous les enseignants, tous les professionnels, toutes les directions d’école et tous les responsables de commission scolaire qui prennent part au projet-pilote de deux ans. Le faible taux de réponse, notamment auprès des directions d’école — aucune école privée n’a répondu au questionnaire —, incite les analystes du MEES à recommander la « prudence » dans l’interprétation des résultats. Dix-huit écoles ont été choisies pour participer à ce programme amélioré d’éducation à la sexualité (aucune à Montréal), qui s’étend sur toute la durée des études primaires et secondaires. Devant les difficultés qui s’accumulaient, une école s’est retirée du projet-pilote. Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a décidé la semaine dernière de retarder l’implantation du programme dans toutes les écoles, laquelle implantation était envisagée pour la rentrée de l’automne prochain. Des écoles s’ajouteront en septembre, mais cette nouvelle version de l’éducation à la sexualité ne deviendra pas obligatoire dans tout le réseau.

Des contenus qui dérangent

Des ajustements doivent prendre place pour la suite du programme, note le bilan de la première année du projet-pilote (2015-2016). « Globalement, les directions d’écoles primaires et, surtout, les directions d’écoles secondaires étaient peu à l’aise avec le contenu des apprentissages en éducation à la sexualité », indique le document. La formation sur les agressions sexuelles — en première, en troisième et en cinquième année du primaire — provoque un malaise chez la plupart des intervenants, y compris chez les enseignants. L’apprentissage intitulé Globalité de la sexualité (enseigné au primaire et au secondaire) suscite aussi un questionnement, tout comme des éléments du programme secondaire : vie affective et amoureuse, agir sexuel, violence sexuelle, infections transmissibles sexuellement et par le sang, ainsi que grossesse. Certaines écoles ont omis d’enseigner ces contenus aux élèves parce qu’elles manquaient de personnel compétent. Les enseignants sont mal préparés pour aborder ces enjeux délicats en classe. Les deux tiers des enseignants du primaire et la moitié de ceux du secondaire qui participent au projet-pilote n’ont aucune formation en sexologie (à part les sessions offertes par le MEES, les commissions scolaires ou les directions d’école), note le bilan.

Le ministère ne se demande pas, toutefois, si c’est le rôle de l’État de prescrire une philosophie sur la « globalité de la sexualité » ou des conseils en termes de « vie affective et amoureuse » ou sur l’« agir sexuel » (qu’est-ce à dire ?)...

Apprentissages inégaux

Ces « apprentissages » en éducation à la sexualité ne sont pas une matière en bonne et due forme. Il s’agit de « contenus » à transmettre au moment choisi par les enseignants ou par les directions d’école. Les participants au projet-pilote ont choisi d’intégrer ces notions dans les cours de français, de mathématiques, d’éthique et culture religieuse ou encore de sciences et technologie, révèle le rapport. Ces apprentissages en sexualité doivent atteindre 5 heures par année au primaire et 15 heures au secondaire, mais des variations importantes sont survenues entre les écoles participantes. Aussi, « des écoles ont développé du matériel pédagogique complémentaire parce que les canevas pédagogiques [fournis par le ministère pour le projet-pilote] ne répondaient pas entièrement à leurs besoins », indique le bilan. « Le souhait que le MEES produise des activités “clé en main” a été clairement exprimé, comme celui d’avoir accès à un matériel en langue anglaise. Comme la production de matériel didactique ne fait pas partie de la mission du MEES, ce résultat est surprenant », poursuit le document.

Improvisation

Des retards sont survenus dans la livraison du matériel pédagogique. Mais ces « canevas » pédagogiques répondaient généralement bien aux besoins des enseignants lorsqu’ils devenaient accessibles, note le bilan. L’identité de la personne qui livre l’éducation à la sexualité est laissée à la discrétion des directions d’école. La majorité de ces « animateurs » (des animatrices, en fait) sont des enseignantes, parfois appuyées par des psychoéducateurs, des travailleurs sociaux ou des psychologues. « Bien que, collectivement, toute l’équipe soit volontaire pour participer au projet-pilote, quand est venu le temps de s’impliquer individuellement, personne n’a voulu s’impliquer », dit un cadre scolaire dans le bilan. La majorité des « animatrices » au primaire ont été désignées par les directions d’école, souligne le rapport. Au secondaire, elles avaient plutôt manifesté de l’intérêt pour cette tâche délicate. La tâche pouvait même devenir ingrate : les enseignantes ont dû « improviser, en quelque sorte », à cause des retards dans la planification des apprentissages et dans la livraison de certains canevas, note le bilan. Les écoles ont « manqué de temps et de ressources financières pour la planification des apprentissages et l’appropriation du contenu ». Il faut libérer les enseignants pour les former. Le MEES a prévu des budgets pour embaucher des suppléants pendant la formation, mais l’existence de ces fonds était méconnue, indique le document.

Conclusion du ministre : accélérer la mise en place

Le ministre Sébastien Proulx compte tout mettre en œuvre pour implanter l’éducation sexuelle dans l’ensemble des écoles primaires et secondaires du Québec en septembre 2018. D’ici là, il prévoit d’accélérer la mise en place de projets-pilotes dans les écoles dès la prochaine rentrée scolaire. Des sources indiquent que la volonté du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) est de créer un projet-pilote par commission scolaire à l’automne 2017, mais le ministre refuse de s’avancer aussi clairement. « Ce qu’on veut, c’est être capables de passer à la vitesse grand V pour l’implantation, a dit le ministre Proulx à des journalistes, mercredi, en marge des travaux de l’Assemblée nationale. J’anticipe déjà que dès l’an prochain, pas en septembre 2017 mais dès l’an prochain, on pourra penser à aller beaucoup plus loin, voire à rendre obligatoire [l’éducation à la sexualité]. » Chose certaine, le ministre de l’Éducation entend s’assurer que toutes les écoles désireuses d’offrir le projet-pilote d’enseignement de la sexualité ont accès au matériel pédagogique du MEES et peuvent former leurs enseignants. Le bilan de la première année du projet-pilote (2015-2016), dévoilé mardi dans Le Devoir, a ciblé des lacunes dans la formation et dans la livraison des canevas pédagogiques. Le matériel et la formation sont jugés de bonne qualité, mais peu accessibles. Résultat : des enseignants et d’autres professionnels (psychologues, infirmières, etc.) chargés de donner les enseignements en éducation à la sexualité sont mal à l’aise. C’est délicat, faire l’éducation sexuelle d’enfants du primaire ou du secondaire. Surtout quand il est question d’agressions sexuelles, d’infections transmises sexuellement ou de grossesse non désirée.

Sources Le Devoir (26/IV) et Le Devoir (27/IV)

vendredi 28 avril 2017

« Trop de diversité sape les fondements de la solidarité »



Depuis longtemps, David Goodhart avertit les Britanniques que l’idéologie multiculturaliste constitue une menace à moyen terme pour les États-providences.

Quelles réactions provoque le livre de David Goodhart, The Road to Somewhere ? (Voir recension ci-dessous, après le filet) Comment les médias, en particulier, prennent-ils sa thèse selon laquelle ils sont eux-mêmes, comme la classe politique et l’Université, entre les mains des « Gens de Nulle Part », ces libéraux cosmopolites — que rejetterait « le Peuple de Quelque part » ?

Très intéressante réaction dans le quotidien de gauche, The Guardian. Sous la plume de Jonathan Freedland, on peut lire que David Goodhart est, hélas, une sorte de prophète. Freedland rappelle, en effet, la vague d’indignation qu’avait soulevée, dans l’intelligentsia de gauche de l’époque, l’article publié par Goodhart dans Prospect, intitulé « Est-ce que la Grand-Bretagne est trop diverse ? » C’était dans le numéro de février 2004 de ce magazine intellectuel, plutôt proche des idées du New Labour, dont Goodhart était alors le directeur. Ce papier a valu à son auteur, écrit The Guardian une quasi-proscription des milieux comme il faut. Et pourtant, ajoute-t-il, cet article était tout bonnement prophétique. Car il posait crûment une question que personne ne voulait voir, à l’époque, et qui est devenue le sujet dominant de notre vie politique.

Que la solidarité risquait d’entrer en conflit avec la diversité. Vous êtes d’autant mieux disposés à laisser l’État recueillir une part importante de vos revenus sous forme de cotisations et d’impôts, disait-il, que vous avez la certitude que cet argent sera redistribué à des gens qui sont comme vous. Si leurs valeurs et leurs styles de vie diffèrent trop des vôtres, alors vous deviendrez réticent.

Il faut choisir entre deux modèles de société, disait Goodhart. Celui de la Suède, cette nation très homogène où l’État-providence vous accompagne du berceau à la tombe, ou celui des États-Unis, où l’individualisme et la diversité font qu’on se sent peu d’obligations réciproques.

Il s’appuyait sur les travaux de deux économistes, Alberto Alesina et Edward Glaeser, qui avaient démontré cette thèse, chiffres à l’appui. Aux États-Unis, la majorité des pauvres appartiennent à des communautés ethniques minoritaires. Les plus aisés, majoritairement blancs, sont peu enclins à partager. Voilà ce qui risque d’arriver à notre Royaume-Uni, prévenait Goodhart, si nous poursuivons dans la voie du multiculturalisme. Car il crée, entre des communautés, un sentiment d’étrangeté qui ne favorise pas la solidarité. L’inclination à s’obliger mutuellement alors s’érode. L’État-providence britannique, très généreux, contrairement à ce qu’on croit chez nous, était déclaré menacé.

L’article était d’autant plus prophétique, poursuit The Guardian, qu’il a été publié à la veille de ce que Goodhart lui-même, dans son récent livre, appelle « the one », la grande vague migratoire, la plus inattendue. C’est celle qui a suivi l’ouverture du marché du travail britannique aux citoyens des nouveaux membres de l’Union européenne, l’Europe centrale. La plupart des autres États d’Europe occidentale, et même les Allemands, avaient décidé un moratoire de plusieurs années. Mais le New Labour au pouvoir a voulu montrer son ouverture. On attendait quelques milliers de « plombiers polonais » et ils furent un million.

C’est d’autant plus incompréhensible, écrit Goodhart, que déjà à l’époque, les sondages montraient que près des trois quarts de la population estimait le rythme de l’immigration dans le pays trop rapide. Trois quarts des sondés estimaient et que le pays avait changé au point qu’on ne s’y sentait « plus chez soi ». Pour Goodhart, qui fut lui-même membre du Labour, ce refus d’entendre ses propres électeurs sur la question de l’intégration constitue l’une des causes de l’échec électoral de 2010, face aux conservateurs.

Le modèle multiculturaliste n’a plus la cote auprès des Britanniques. On se souvient comme ils se moquaient, de notre modèle d’intégration républicain... Si l’on en croit Goodhart, le multiculturalisme n’est plus qu’une « idéologie qui a dominé les années 80 »…. Passée de mode. Et il cite une critique qui les résume toutes, celles de Maajid Nawaz, journaliste et homme politique libéral-démocrate, « au lieu d’introduire de la diversité dans la société, le multiculturalisme introduit de la diversité entre les groupes ethniques d’une même société ».

Quant à l’intégration, Goodhart écrit que les Britanniques sont encore trop réticents à l’idée de fournir aux nouveaux venus une « feuille de route ». Or, ajoute-t-il, les immigrés ont besoin de savoir ce qu’on attend d’eux. « Si on veut améliorer l’intégration, écrit-il, on ne peut pas se contenter de prêcher l’importance de la tolérance, on doit promouvoir l’interaction et le sentiment d’inclusion dans la communauté nationale. Comme l’a dit Jonathan Haidt, il est possible de faire en sorte que les gens se soucient moins des questions de race et d’identité, lorsqu’on les plonge dans une mer de ressemblances, de buts partagés et de dépendance mutuelle. » Une cause commune d’intérêt local, en particulier, est un puissant facteur de rassemblement.

Car la puissance des nations est fondée, poursuit-il, sur leur capital social — la confiance mutuelle qui existe entre leurs membres ; le fait qu’ils partagent les mêmes intérêts et les mêmes valeurs. C’est cette confiance en un avenir commun qui a rendu possible la construction, sur plusieurs générations, des cathédrales. C’est aussi sur cette confiance réciproque que sont fondés nos États-providence redistributifs. Seul, le cadre national, insiste Goodhart, fournit le cadre dans lequel peut s’exercer cette indispensable solidarité.





Un livre, récemment publié en Grande-Bretagne, par David Goodhart, créateur du magazine Prospect, explique pourquoi le Brexit l’a emporté et les travaillistes décrochent.

Le clivage droite/gauche, dans beaucoup de nos démocraties est en train de céder la place à d’autres différenciations. Europhiles versus europhobes, « ouverture »/« fermeture », libéralisme/protectionnisme… L’essayiste britannique David Goodhart suggère un nouveau partage politique. A quel camp appartenez-vous ? A celui des gens de n’importe où au peuple de quelque part ?

Les premiers, les Gens de n’importe où, sont bien dotés en capital culturel libéral et en diplômes donnant accès aux emplois cotés sur le marché du travail. Disposant de réseaux relationnels acquis dans quelque grande école française, ou une prestigieuse université anglo-saxonne, ils disposent d’une « identité portative ». C’est dire qu’ils sont à leur aise partout dans le monde. Ils valorisent la réussite professionnelle et l’autoréalisation. Ils sont favorables à la mondialisation et leur valeur préférée est l’ouverture. Optimistes, curieux d’autrui et tolérants par principe, ils sont spontanément multiculturalistes.

Le Peuple de quelque part est plus enraciné. Ses membres sont rarement passés par l’enseignement supérieur. Ils sont assignés à une identité prescrite. La mondialisation, pour eux, cela signifie que les usines s’en vont et que les immigrés arrivent. La dignité qui s’attachait à la condition ouvrière est perdue. L’économie du savoir et les emplois qualifiés, que promettait l’Agenda de Lisbonne, ce n’était pas pour eux. Ils se considèrent comme les laissés-pour-compte de l’intégration européenne. Il y a de fortes chances qu’ils habitent une petite ville proche du domicile de leurs parents. Car ils ont le sens de la communauté et de la famille. Ils sont culturellement conservateurs.

David Goodhart a déclenché bien des débats en Grande-Bretagne, avec la publication d’un essai intitulé The Road to Somewhere. The populist revolt and the future of politics. En français, La route vers quelque part. (Révolte populiste et avenir des politiques populistes). Et il propose, si l’on veut comprendre quelque chose au redéploiement en cours de la vie politique dans nos vieilles démocraties, de remplacer l’axe gauche/droite, par le clivage Nulle part/Quelque part. Car pour lui, les oppositions basées sur des critères purement socio-économiques sont devenues insuffisantes. Il faut leur ajouter des éléments culturels. Les « politiques de l’identité » qu’avait mises en avant le New Labour, à l’époque de Tony Blair — identité ethnique, identité de genre, identité religieuse — font désormais partie du paysage. Elles ont définitivement bousculé une société britannique autrefois structurée par les appartenances de classe.

David Goodhart a longtemps joué un rôle important dans le monde intellectuel britannique en tant que directeur de la revue Prospect, un mensuel de réflexion politique qu’il a créé en 1995 et dont il en a tenu les rênes jusqu’en 2010. Prospect, d’après le chroniqueur de France Culture Brice Couturier qui l’a lu depuis sa création, est aussitôt après son départ de la direction devenu beaucoup moins intéressant.

Pour ce même chroniqueur le magazine Prospect, tout en veillant à ne pas s’aligner sur quelque parti ou personnalité politique que ce soit, a tout de même accompagné la montée en puissance de Tony Blair, puis les gouvernements du New Labour, en alimentant leur réflexion. Goodhart avoue, dans son livre, avoir appartenu au parti travailliste à cette époque. Son départ de la direction du magazine a coïncidé avec la défaite du New Labour.

Dans son dernier livre, David Goodhart enquête sur les causes idéologiques et sociologiques du Brexit et de l’élection de Donald Trump. A ses yeux, ces deux évènements sont liés et témoignent de phénomènes fort comparables. Car ces votes protestataires constituent la revanche du « Peuple de quelque part », furieux de n’avoir jamais eu réellement voix au chapitre.

Ce sont, en effet, les « Gens de n’importe où » qui dominent la vie politique, les médias et l’Université. Ayant progressivement conquis l’hégémonie culturelle, ils ont imposé une idéologie qui sert leurs intérêts. Ce que Goodhart, après d’autres, nomme le « double libéralisme ». Un libéralisme culturel, venu des années 60, qui a ébranlé toutes les structures d’autorité. Et un libéralisme économique, imposé à partir des années 80, avec la prééminence accordée aux marchés sur les régulations étatiques. Progressivement, tout ce qui contestait ce double libéralisme a été chassé de la scène publique.

Dans un premier temps, le centre-gauche politique ne s’est que trop bien adapté à cette double révolution. Ainsi Tony Blair présentait-il la mondialisation et l’immigration de masse comme des phénomènes quasi naturels, face auxquels il n’y avait d’autre issue, pour les Britanniques, que de s’adapter. Mais aujourd’hui, les partis sociodémocrates sont dans la nasse. Car leurs électeurs appartenaient autrefois au Peuple de quelque part. Et celui-ci estime qu’il a perdu à ces changements, rapides et radicaux. 62 % des Britanniques approuvent ainsi l’opinion : « le pays a tellement changé dans les dernières années qu’il est devenu méconnaissable et cela provoque en moi un malaise. »

Pourtant, le « Peuple de quelque part » ne remet pas en cause la totalité des acquis de la double révolution libérale. Il voudrait seulement que les élites, qui la pilotent, en ralentissent le rythme. La rapidité avec laquelle les sociétés ont été bouleversées par une immigration sans précédent a créé, chez lui, une « anxiété culturelle ». Ses membres réclament un accord général sur des normes de comportement communes. David Goodhart qualifie leur idéologie de « populisme de la décence ».

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Québec — Notes dans le primaire et secondaire revue systématiquement à la hausse ?

Près de la moitié des enseignants du primaire et du secondaire ayant répondu à un questionnaire syndical affirment que des résultats inscrits aux bulletins de leurs élèves ont été modifiés sans leur accord.

Quelque 47 % des répondants à un sondage interne de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) indiquent que des notes attribuées à leurs élèves ont été changées à leur insu depuis la rentrée scolaire de septembre 2015. Ce résultat « troublant » fait dire à la FAE que les gestionnaires de l’éducation « tripotent » les résultats d’examen pour gonfler artificiellement le taux de réussite des élèves.

« L’évaluation des élèves au Québec, c’est un grand mensonge », dit au Devoir Sylvain Mallette, président de la FAE, qui représente 34 000 enseignants dans 10 commissions scolaires (Montréal, Laval, Outaouais, Granby, Haute-Yamaska, Basses-Laurentides et Montérégie).

« Le ministère de l’Éducation, les commissions scolaires et les directions d’école fixent des cibles de réussite. Si les élèves ont des résultats en deçà des cibles fixées, les enseignants sont rencontrés pour augmenter les notes. On le dit depuis longtemps et ça se confirme », ajoute Sylvain Mallette.

Le questionnaire a été diffusé entre le 6 et le 26 février 2017 auprès des membres de la FAE ; 632 enseignants (66 % du primaire et 34 % du secondaire) ont répondu à la consultation menée en ligne. Seuls les enseignants qui ont administré une épreuve ministérielle en juin 2016 pouvaient répondre.

Un enseignant sur cinq (20 %) affirme s’être fait demander de modifier des résultats (à une épreuve ou au bulletin) d’un ou de plusieurs de ses élèves. Selon ce que rapportent les enseignants, les motifs invoqués pour justifier ces demandes sont les suivants :

  • pour donner une chance aux élèves (48 %) ;
  • pour améliorer le taux de réussite ou atteindre les cibles de réussite fixées (28 %) ;
  • pour arrondir les résultats (23 %).

Pour la FAE, ces faits confirment les effets pervers de la gestion du système scolaire par résultats. Le ministère, les commissions scolaires et les directions d’école cherchent à gonfler les résultats des examens ministériels pour démontrer que les élèves « réussissent » bien.

Le ministre se dit préoccupé

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a évoqué cette consultation de la FAE, jeudi en commission parlementaire à Québec. Il a reconnu être préoccupé par les échos qu’il a eus du questionnaire. « Je souhaite que des vérifications soient faites très rapidement » au ministère au sujet de l’évaluation des élèves, a-t-il dit.

Des éléments bien connus de la Loi sur l’instruction publique peuvent expliquer les modifications apportées aux notes des élèves, estime le ministre. Il a rappelé que le ministère fait la « conversion » et la « modération » des notes aux épreuves ministérielles pour s’assurer que les résultats sont équitables d’une école à l’autre ou d’une classe à l’autre.

Source

jeudi 27 avril 2017

Colloque à Montréal « L'éducation sexuelle: une idéologie imposée aux enfants »




L’Association des parents catholiques du Québec organise le samedi 13 mai un colloque destiné à tous les parents qui se questionnent sur le nouveau programme d’éducation sexuelle scolaire.

Avec les conférencières Judith Reisman et Marion Sigaut.

En tant que chercheure et auteure, historienne et enseignante, la Dre Judith Reisman travaille à révéler les effets mondiaux, juridiques et générationnels de l’abus sexuel criminel des enfants perpétré par le Dr Alfred C. Kinsey, de la frauduleuse science de la sexualité et de son impact sur la pandémie de la pornographie.

Conférencière de renommée internationale, Marion Sigaut est auteure de plusieurs livres. Depuis quelques années, elle se penche sur l’idéologie sous-jacente aux cours d’éducation sexuelle.

10 h 30 — Enregistrement
11 h — Mot de bienvenue

Explication du déroulement de la journée

11 h 15— Judith Reisman : Les origines de l'éducation sexuelle à l'école
11 h 55 — Marion Sigaut : L’implantation de l'éducation sexuelle à travers le monde 
12 h 35 — Période de questions

13 h  — Goûté/pause café

13 h 40 — Présentation du programme au Québec
14 h 25 — Commentaires et réactions/discussion
15 h — Période de questions
15 h 50 — Conclusion du colloque



DATE ET HEURE

samedi 13 mai 2017
10 h 30 – 16 h HAE

ENDROIT

Salles de réception LDG
2953, rue Bélanger
Montréal,
(Québec) H1Y3G4

FRAIS DE PARTICIPATION

15 $

Pour s’inscrire, cliquer sur billets (en haut à droite) ici.

ORGANISATEUR
Association des parents catholiques du Québec (APCQ)
info@parentscatholiques.org
(514) 276-8068

samedi 22 avril 2017

« Le taux de réussite », mesure contestée

Le taux de diplomation au Québec, déjà l’un des plus faibles au pays, serait encore pire que les chiffres couramment véhiculés par le gouvernement. Cette fausse impression résulterait de la méthodologie utilisée pour le calculer.

Loin dans les pages du récent budget 2017-2018, le gouvernement écrit que le taux de réussite scolaire atteignait les 78,8 % en 2014-2015, non loin de l’objectif de 80 % d’ici 2020. Cette cible a été fixée par le ministère de l’Éducation il y a près de 25 ans et, malgré l’augmentation des fonds consacrés à l’éducation dans le récent budget provincial, rien n’y indique que l’objectif sera revu à la hausse.

Le taux de réussite suscite d’ailleurs une certaine controverse, puisqu’il comprend à la fois les taux de diplomation et les taux de qualification.

Taux de diplomation : diplômes d’études secondaires, diplôme d’études professionnelles, attestation spécialisée professionnelle ou attestation d’études professionnelles –  63 449 jeunes en 2014-2015

Taux de qualification : certificats de formation visant à préparer au marché du travail un élève en difficultés d’apprentissage, sans exigences quant aux résultats scolaires — 3466 jeunes en 2014-2015.
« L’indicateur de réussite au secondaire est confus présentement parce qu’on inclut une certaine forme de reconnaissance qui ne représente pas des diplômes du secondaire, explique le professeur de l’Université Laval Égide Royer, pour nous prévenir du discours gouvernemental. J’ai l’impression qu’on semble compenser des chiffres qui sont trop faibles. »

« Je n’aime pas qu’on discrimine de la force ou de l’importance, mais je comprends que, pour des fins statistiques, les gens demandent plus de clarté. Peut-être qu’on peut en faire plus », reconnaît le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

Le taux de diplomation réel

Dans la réalité, le taux de diplomation au Québec est de 74,7 %. Et quand on se compare à l’Ontario, on ne se console pas. Dans cette province, le taux d’obtention de diplômes secondaires en cinq ans a été supérieur à l’objectif de 85 % en 2015, en hausse de 17 points de pourcentage par rapport à 2004.

Pour Égide Royer, alors que nous évoluons de plus en plus vers une société du savoir, il s’agit d’une illustration évidente que le Québec est sous-scolarisé. « C’est indécent qu’autant de jeunes aient plus de difficultés à réussir que de l’autre côté de la rivière des Outaouais. »

Les garçons tirent toujours de l’arrière par rapport aux filles, soit un retard de plus 10 %.

Pour corriger le tir, le ministre Proulx rappelle que son gouvernement injectera 1,8 milliard de dollars d’investissements supplémentaires au cours des cinq prochaines années. Il ouvre également la porte à de nouvelles initiatives au sujet du taux de diplomation lors du dévoilement de sa politique sur la réussite éducative d’ici l’été.

Des certificats controversés

« Diplômes bidon », « médailles en chocolat »... Les certificats de qualification ont déjà reçu leur lot de critiques par le passé. « Avoir un niveau de lecture de sixième année, avoir 18 ans et être considéré comme un diplômé au Québec, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas », déplore M. Royer, spécialiste en éducation.

Voir aussi

Québec — taux de diplomation en hausse grâce aux « qualifications »

Traitement cosmétique ? Le décrochage au Québec est-il vraiment en baisse ?

Québec — anglais intensif pour tous les francophones, pas de français intensif pour les immigrés ?
Québec — Triplement du nombre d’heures d’anglais en une trentaine d’années

mercredi 19 avril 2017

Encore moins de bébés au Québec en 2016

L’indice synthétique de fécondité a continué de décliner au Québec l’année dernière, selon de nouvelles données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Il s’est établi à 1,59 enfant par femme en 2016, après avoir légèrement reculé chaque année depuis le sommet de 1,73 enfant par femme enregistré en 2008 et 2009.

Statistique Canada définit l’indice synthétique par le nombre d’enfants qu’aurait hypothétiquement une femme au cours de sa vie reproductive si elle connaissait les taux de fécondité par âge observés au cours d’une année donnée. Rappelons qu'il faut en moyenne 2,1 enfants/femme pour qu'une population soit remplacée par ses descendants. La population d'origine québécoise est donc appelée à se réduire rapidement.

L’ISQ ajoute que malgré la baisse de l’indice au cours des dernières années, la fécondité québécoise n’est pas à un niveau aussi faible que ce qui a été observé au début des années 2000 et vers le milieu des années 1980. Lors de ces deux périodes, l’indice était inférieur à 1,5 enfant par femme.

L’analyse de l’ISQ montre que la baisse récente de l’indice est liée à la diminution des taux de fécondité chez les femmes âgées de moins de 30 ans. Au-delà de cet âge, on a observé une hausse de la fécondité pendant plusieurs années, mais cette tendance semble graduellement faire place à une quasi-stabilité. Bref, les femmes attendent de plus en plus pour avoir peu d’enfants.



En 2016, l’âge moyen des mères pour la première naissance était de 29 ans, soit 4 ans plus tard qu’en 1975.

On a dénombré 86 400 nouveau-nés au Québec en 2016, comparativement à 86 800 en 2015 et 87 700 en 2014. Le nombre de naissances diminue depuis quelques années, après avoir connu une période de relative stabilité de 2009 à 2013, oscillant entre 88 000 et 89 000. Il avait connu une croissance rapide de 2005 à 2008.

L’ISQ précise qu’en 2016, la fécondité était plus élevée dans la région Nord-du-Québec, zone à forte présence autochtone, à 2,51 enfants par femme, mais qu’elle n’était qu’à 1,43 à Montréal.

Près de deux enfants sur trois (63 %) sont issus de parents non mariés. Cette part a augmenté rapidement à partir des années 1970, mais semble vouloir se stabiliser depuis le milieu des années 2000.

La proportion de nouveau-nés ayant au moins un parent né à l’étranger est de 31 % au Québec en 2016 : 20 % ont deux parents nés à l’étranger et 11 % ont un seul de leurs parents né dans un autre pays. La proportion de nouveau-nés ayant au moins un parent né à l’étranger était de 16 % il y a 20 ans.

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Québec — Trois nouveau-nés sur dix ont au moins un parent né à l’étranger



Très forte augmentation des élèves allophones à Montréal

En 15 ans, le nombre d’élèves allophones n’a cessé d’augmenter sur le territoire montréalais, au point où des écoles primaires ont aujourd’hui plus de 9 enfants sur 10 dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais.

« Nous, on a toujours considéré ça comme une richesse », résume Martine Leboeuf, directrice de l’école de la Mosaïque, dans Côte-Saint-Luc, la 3e école primaire de Montréal avec le plus haut taux d’allophones cette année (94,72 %). « Pour certains, le français est leur 4e langue », ajoute-t-elle.

Sa commission scolaire, Marguerite-Bourgeoys, a d’ailleurs connu une hausse de 70 % du nombre d’élèves allophones depuis 1998, presque autant que celle de la Pointe-de-l’Île, dont le taux a augmenté de 80 % sur la même période. Ces chiffres s’expliquent notamment par le choix des nouveaux arrivants de s’établir davantage en périphérie, à la recherche de logements moins chers, plus grands, proche des communautés déjà installées.

Fin mars, l’Office québécois de la langue française confirmait qu’entre 1971 et 2015, la proportion d’élèves de langue maternelle tierce avait plus que triplé, passant de 12,7 % à 41,2 %. (incluant préscolaire, primaire et secondaire).

À l’école La Voie, à Côte-des-Neiges


Des coûts supplémentaires

« Le défi c’est la planification budgétaire, il faut anticiper les élèves qui vont arriver en cours d’année, sinon les élèves allophones sont introduits dans des classes ordinaires trop vite », souligne Nathalie Morel, vice-présidente à la vie professionnelle à la Fédération autonome de l’enseignement.

Un défi qui a d’ailleurs coûté 9 M$ de trop à la Commission scolaire de Montréal, en budget d’accueil et de francisation. « On fait le choix de ne pas intégrer [dans des classes ordinaires] des élèves rapidement, car on a une obligation de réussite », affirme la présidente Catherine Harel-Bourdon.

Au ministère de l’Éducation, on rappelle qu’en plus des budgets dédiés à l’accueil, la francisation et l’intégration des élèves immigrants, un montant de 16,9 M$ a été ajouté cet automne.

« CE N’EST QU’UN DÉBUT »

Déjà élevée, la proportion d’élèves allophones devrait aller en s’accentuant dans les prochaines années, croit le démographe Marc Termote.

« Ce n’est qu’un début et d’ailleurs les dernières prévisions de Statistique Canada le confirment, l’île et la périphérie vont devenir de plus en plus allophones, ça a déjà commencé à Laval et à Longueuil. »

Fin janvier, Statistique Canada dévoilait ces prédictions selon lesquelles les allophones pourraient représenter 43 % de la population de l’île en 2036, à parité avec la population de langue maternelle française, et même dépasser légèrement celle-ci.

Hors île, l’organisme prévoit même que la proportion d’allophones pourrait doubler en 25 ans, passant de 6,8 % en 2011 à un peu plus de 14 % en 2036.

À la Commission scolaire Marie-Victorin, sur la Rive-Sud, on confirme que le nombre d’élèves allophones a presque doublé en 10 ans, passant de 17,6 % en 2005 à 30,5 % cette année. Même phénomène à Laval, où leur taux est passé de 16 % à 35 % en 11 ans.

À l'école Parkdale de Saint-Laurent sur l'île de Montréal


Impacts linguistique et politique

Mathieu Bock-Côté commente aujourd’hui le fait que dans certaines écoles de Montréal, 9 enfants sur 10 sont allophones.

Ce chiffre vient confirmer ce que nous annonçait récemment Statistique Canada : d’ici 20 ans, les Québécois qui ont le français pour langue maternelle seront moins de 70 % au Québec.

Ne nous faisons pas d’illusions sur l’efficacité de ce qui reste de la loi 101 et traduisons concrètement : les Québécois francophones seront de plus en plus étrangers dans leur métropole.

Un jour, ils ne seront plus qu’une grosse communauté culturelle installée en région.

Dans ce contexte, l’identité québécoise est condamnée à régresser. On programme sa dilution démographique.

L’immigration massive devrait être un sujet de préoccupation permanent pour la classe politique.

Mais le PLQ l’encourage à cause de son fédéralisme radical. Il mise sur l’immigration massive pour conserver le pouvoir éternellement.

QS fait de même au nom de son culte des minorités victimisées.

Les nationalistes, eux, ne parlent de ce sujet qu’avec un grand malaise. Ils ne veulent pas avoir l’air négatifs.

Et que les Québécois ne s’inquiètent pas de disparaître comme peuple ! S’ils le font, on les accusera de racisme !

On voudrait qu’ils disparaissent dans la joie.

Hourra !
Élèves dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais
  • 5 commissions scolaires de l’île de Montréal : 31, 87 % en 1998 42,69 % en 2015
  • Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île : 27,03 % en 1998 et 49,72 % en 2015 (80 % d’augmentation)
  • Commission scolaire de Montréal : 38,88 % en 1998 et 45,70 % en 2015 (20 % d’augmentation)
  • Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys : 30,79 % en 1998 et 51,06 % en 2015 (70 % d’augmentation)

lundi 17 avril 2017

Québec — La « patate chaude » de l’éducation à la sexualité

Le ministre Sébastien Proulx renonce à implanter les cours d’éducation à la vie sexuelle dans toutes les écoles primaires et secondaires dès la rentrée scolaire de l’automne prochain.

Devant les craintes pour la formation des enseignants et pour la disponibilité du matériel pédagogique, le ministre se donne du temps avant d’étendre l’éducation sexuelle à l’ensemble du réseau. Il compte tout de même augmenter le nombre de classes qui offriront les « contenus » en éducation à la sexualité en septembre prochain.

« On souhaite davantage de classes dès l’automne. Il n’y aura pas une implantation obligatoire des contenus pour l’ensemble des élèves en septembre prochain. On a une quinzaine d’écoles [qui participe à des projets-pilotes], on ne peut pas passer à des milliers d’un coup. Par contre, il y aura des propositions pour accélérer l’implantation, pour que rapidement les contenus soient obligatoires pour l’ensemble des élèves », a dit le ministre de l’Éducation au Devoir, en marge des travaux de l’Assemblée nationale.

Des membres influents du milieu de l’éducation ont, en effet, mis en garde le ministre Sébastien Proulx : le cours d’éducation à la vie sexuelle, que Québec envisageait d’implanter au primaire et au secondaire dès la rentrée de septembre prochain, n’est pas prêt.

Les enseignants n’ont pas été formés pour donner cette matière. Des sources indiquent que le matériel pédagogique n’est pas prêt non plus. Résultat : l’implantation du programme à la rentrée de l’automne 2017 est « irréaliste », ont affirmé au Devoir des membres d’un comité consultatif créé par le ministère de l’Éducation.

Ce comité formé d’une vingtaine de représentants du milieu de l’éducation (syndicats d’enseignants, directions d’écoles et de commissions scolaires, comités de parents, etc.) doit se rencontrer le 20 avril à l’édifice G, à Québec. À environ une semaine de cette rencontre cruciale, les membres n’ont toujours pas en main le bilan de la première année du projet-pilote d’éducation sexuelle mis en place en 2015 dans une quinzaine d’écoles. Cette première année a pourtant pris fin en juin 2016, il y a 10 mois.

Le projet-pilote de deux ans a été lancé en 2015 parce qu’il existerait selon Le Devoir un consensus au Québec : il faut améliorer l’éducation sexuelle offerte aux élèves du primaire et du secondaire. Vraiment ? Au primaire, un consensus ? Le projet aborde la grossesse, les naissances, mais aussi la vie amoureuse, l’identité sexuelle — la théorie du genre pour parler clairement —, les rôles et les « stéréotypes sexuels » — depuis quand est-ce l’affaire du gouvernement de lutter contre ce qu’il qualifie de stéréotypes sexuels ? —, ainsi que les agressions sexuelles.

Pour l’instant, les élèves reçoivent une éducation à la sexualité qui varie selon l’école et sa clientèle.

« C’est prématuré »

Les syndicats d’enseignants estiment que l’éducation sexuelle doit être un cours en bonne et due forme, et non un apprentissage inséré dans plusieurs matières. Ils réclament aussi une formation universitaire en enseignement de l’éducation sexuelle, un peu comme les mathématiques ou le français, qui font l’objet de cours pour les futurs maîtres.

« Pour nous, c’est absolument inconcevable de lancer les apprentissages en éducation à la vie sexuelle en septembre prochain. C’est prématuré, c’est certain », dit Nathalie Morel, vice-présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) demande aussi une formation, du matériel pédagogique et l’appui de professionnels pour les titulaires de l’éducation à la vie sexuelle.

Parents inquiets

Les parents sont une des sources du malaise entourant l’éducation à la sexualité, selon le Devoir : « Les enseignants et les directions d’école vous le diront : toutes les fois qu’il est question de sexualité en classe, l’école reçoit des appels de parents. Ils veulent savoir — de façon tout à fait légitime — pourquoi leur enfant entend parler de “sexe” à l’école. »

« De plus en plus de parents sont mal à l’aise par rapport à l’enseignement de la sexualité dans les écoles. Il me semble qu’il y a de la place pour un dialogue constructif », dit Jasmin Lemieux-Lefebvre. Ce père de deux enfants travaille pour le diocèse de Québec. Il dit être favorable à l’éducation à la sexualité en classe, mais il estime que certains enseignements vont à l’encontre de ses valeurs chrétiennes. Le Devoir qui l'a interrogé n'en dit pas plus. Rappelons, cependant, que le nouveau programme vise à l'« exploration de nouvelles valeurs et normes en matière de sexualité, au-delà de celles de la familles ». Le programme du Monopole se lamente également que les jeunes qui sont ouverts et « flexibles » au niveau de l’identité sexuelle sont ramenés par la pression sociale « grandissante » à des rôles et identités stéréotypées « traditionnels » et « nuisibles ». Thèse chère au lobby LGBT.



Le programme du ministère de l’Éducation qui se voudrait obligatoire pour tous dès le primaire — la taille unique pour tous, c’est ça le Québec, voir ECR — tient pour acquis que les élèves auront des relations amoureuses et sexuelles, et qu’ils seront exposés à la pornographie.

Jasmin Lemieux-Lefebvre connaît des parents qui réclament le droit de retirer leurs enfants du cours d’éducation à la sexualité. Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas d’un cours. Les apprentissages sont saupoudrés tout au long de l’année scolaire dans les matières obligatoires, comme les mathématiques, le français ou la biologie. À quel moment ces « contenus » d’éducation à la sexualité sont-ils enseignés aux enfants ? Par qui ? Les réponses ne sont pas claires.

Génération « sacrifiée », car « stéréotypée »

En entrevue au Devoir, Jasmine Léger, membre du comité des femmes de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) et victime elle-même, a parlé d’une génération sacrifiée en matière d’éducation à la sexualité.

« Quand on arrive à 17 ans avec des comportements et des stéréotypes bien ancrés, on est déjà dans la déconstruction. C’est pourquoi on aimerait bien que la ministre [de l’Enseignement supérieur], Hélène David, parle à son collègue [de l’Éducation], Sébastien Proulx, pour qu’il ramène des cours d’éducation sexuelle. »

La gauche et l’extrême gauche pressent le gouvernement d’agir

Le Parti québécois et Québec solidaire ont aussi pressé le ministre Sébastien Proulx d’agir rapidement. Le comité consultatif ne s’est pas réuni dans la dernière année, a souligné le député péquiste Alexandre Cloutier.

« Le gouvernement doit investir pour implanter rapidement l’éducation à la sexualité », a réagi la députée du parti d’extrême gauche Québec solidaire Manon Massé.

« La Fédération des comités de parents » inquiète des comportements à l’égard des LGBT

Le temps presse, ont souligné les partis d’opposition et la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ). « Oui, il se peut que toutes les conditions gagnantes ne soient pas réunies pour la mise en place parfaite et généralisée à l’automne. Mais si on attend les conditions parfaites, nous allons attendre longtemps ! On doit pouvoir avancer, le statu quo n’étant pas une option », a indiqué Corinne Payne, présidente de la FCPQ, dans une lettre au Devoir.

Campagne destinée aux écoles pour les familles homosexuelles

« Les parents du Québec sont convaincus qu’un enseignement fait par un pédagogue est, et de loin, plus pertinent que toute “l’information” propagée sur Internet. Ne voit-on pas, dans les dernières années, une recrudescence des ITSS [un peu partout dans le monde, même là où des cours à la sexualité existent depuis des décennies...!], des comportements sexuels à risques et de la violence sexuelle chez les jeunes ? Que penser, également, de l’intimidation et de la violence relativement à l’expression d’une sexualité différente ? », poursuit la lettre.


« La tête dans le sable »

« Des parents ont des inquiétudes. Ils ne savent pas de quelle façon c’est abordé. Ils se demandent qui sont ces personnes qui enseignent l’éducation à la sexualité à leurs enfants, quelles sont leurs valeurs et quel est le programme », dit Isabelle Arcoite, en dernière année de sexologie à l’UQAM.

« C’est un sujet délicat. L’éducation à la sexualité peut entrer en conflit avec la religion. Des parents croient que parler de sexualité équivaut à donner la permission. Ils croient que, si on n’en parle pas, ça n’arrivera pas. Ils se trompent ! » dit Isabelle Arcoite. C’est vrai qu’ils peuvent se tromper : tout dépend de ce que ce cours à la sexualité prônera. Or les cours d’éducation gouvernementaux ne prônent pas l’abstinence, la virginité jusqu’au mariage, ils ont plutôt tendance à banaliser la sexualité précoce tout en valorisant le plaisir d’une sexualité adolescente pour autant qu’on se « protège »... Cela ressemble très fort à une permission...

Une directrice adjointe d’école secondaire racontait au Devoir l’anecdote suivante : une mère de famille est venue demander qu’on retire sa fille des cours d’éducation sexuelle parce que, dans sa culture, les adolescents n’ont pas de vie sexuelle. La semaine suivante, cette élève est allée voir l’infirmière de l’école pour lui demander la pilule du lendemain.

Le Devoir semble croire que cette anecdote est convaincante et généralisable. Elle montre surtout que la fille en question était déjà bien au courant des méthodes contraceptives (sans le nouveau cours!) et que cette connaissance l’a peut-être rassurée pour adopter une sexualité précoce. Notons que Le Devoir ne nous dit pas quel est le climat qui règne dans l’école vis-à-vis de la sexualité : y trouve-t-on des affiches parlant explicitement de sexualité à une clientèle parfois très jeune (12 ans) comme nous avons pu le constater dans certaines écoles, à quoi ressemblent les cours actuels d’éducation à la sexualité, quels messages les enseignants font-ils passer au sujet de la sexualité précoce ?

La mère de famille en question était naïve, mais il se peut que cette naïveté fût surtout de ne pas savoir à quel point l’école québécoise qui n’est en rien conservatrice, ni même réservée, sur le plan des mœurs et de la sexualité et qu’elle tend à vouloir rendre obligatoire ces choix à toutes écoles. École inclusive... Vraiment ? Visiblement pas pour les parents conservateurs.

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« Le sexe à l’école. L’amour nulle part »

Québec — Retour de la syphilis congénitale, hausse de toutes les maladies sexuellement transmissibles

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Danemark — Imposition de l’éducation sexuelle pour « des raisons de santé publique » en 1976 (historique juridique)

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Malgré l’éducation sexuelle, recrudescence des maladies vénériennes en Suède.



samedi 8 avril 2017

Allemagne — Deux parents défendent l’école à la maison devant la Cour européenne des droits de l’homme

Les parents Wunderlich ont une longue histoire derrière eux. Depuis des années, ils se battent pour ce qu’ils estiment être leur droit le plus strict : faire l’école à la maison, éduquer ainsi complètement leurs enfants, en accord avec leurs opinions chrétiennes. Hier, ils ont poussé leurs arguments jusque devant la Cour européenne des droits de l’homme. Entre un pays, l’Allemagne, qui refuse depuis un siècle une telle liberté et une Cour qui a déjà statué négativement, il y a dix ans, sur une affaire semblable, l’espoir est maigre.

Mais il faut qu’un réel débat naisse de la contradiction de la nation allemande pourtant signataire des fameux droits de l’homme qui protègent le droit premier des parents. Une jolie preuve que ceux-ci sont plus que jamais sans Dieu, et même contre Dieu.

La famille Wunderlich en 2012 avec au centre Mike Farris,
président et fondateur de la HSLDA


Quatre enfants arrachés à leurs parents

Souvenez-vous, c’était un matin d’août 2013, la maison des Wunderlich se retrouve très violemment investie par deux douzaines de policiers et de travailleurs sociaux. Les quatre enfants, dont la plus jeune a quatre ans, sont arrachés à leurs parents — on refuse même à la mère le droit de leur dire au revoir. (Voir Police allemande enlève les enfants d’une famille instruits à la maison)

Si au bout d’un mois ils étaient parvenus à les récupérer, ils n’avaient pu retrouver l’exercice de leurs droits parentaux qu’après une longue et difficile procédure de plus de trois ans.

Pendant des années auparavant, ils avaient vécu à l’étranger pour bénéficier de ce droit de l’enseignement à domicile. Mais soit le père ne parvenait pas à trouver du travail, soit le pays d’accueil les expulsait, comme en 2008, aux États-Unis, où l’administration Obama avait fait appel de la décision d’un juge du Tennessee qui avait accordé l’asile à la famille…

L’Allemagne avait pris soin, dès leur retour, de retirer les passeports des enfants, pour que la famille ne puisse plus « s’échapper » — le mot est terrible, mais justifié. Et une action en justice avait été immédiatement introduite contre les parents pour « mise en danger des enfants ».


L’école à la maison : rigoureusement interdite en Allemagne

« Je souhaite sincèrement que la Cour européenne des droits de l’homme réaffirme le fait que l’État n’a pas le droit d’enlever des enfants de leur famille tout simplement parce qu’ils sont scolarisés à la maison. Nous avons choisi d’éduquer nos enfants à la maison, parce que nous croyons que c’est le meilleur environnement pour eux pour apprendre et prospérer », a déclaré hier Dirk Wunderlich, le père de la famille.

D’ailleurs, les enfants Wunderlich ne souffraient d’aucune lacune : les autorités avaient même déclaré que leur niveau de scolarité était supérieur à la moyenne… Mais c’est le moindre des soucis d’une administration vautour, bien qu’elle ose se prévaloir des « intérêts de l’enfant ».

Car depuis 1918, la fréquentation d’une école est strictement obligatoire — l’Allemagne, avec la Turquie, est l’un des rares pays européens à interdire absolument le préceptorat ou l’éducation à domicile. Amendes et emprisonnements, tels sont les risques à courir. Une manière officielle de décourager les sociétés parallèles ou religieuses, les groupements minoritaires… Argument qui, non seulement ne tient pas la route, mais témoignerait d’un totalitarisme fou contraire au pluralisme professé.

Sachant que l’instruction à domicile est interdite en Allemagne, les parents Wunderlich ont sollicité un entretien auprès de l’autorité scolaire pour obtenir leur accord. Le bureau de l’aide sociale, de la protection de la jeunesse et de l’assistance aux familles (Jugendamt) a refusé de recevoir la famille et a immédiatement introduit une action en justice contre les parents pour « mise en danger des enfants ». Peu après, sur décision de justice, les parents se sont vu retirer leurs droits parentaux.

La Cour européenne des droits de l’homme au soutien de l’Allemagne

Seulement, l’Allemagne est aussi signataire d’un certain nombre d’accords relatifs aux droits de l’homme, en particulier l’article 2 du Protocole 1 à la Convention européenne des droits de l’homme qui considère que « les parents ont un droit préalable en ce qui concerne l’orientation de l’éducation de leurs enfants ».

C’est, entre autres, en vertu de celui-ci que la famille Wunderlich avait saisi la Cour européenne des droits de l’homme le 14 avril 2015. Le conseiller principal sur l’affaire Wunderlich, Robert Clarke, d’ADF International parle de violation : « Le droit des parents à diriger l’éducation de leurs enfants est un droit fondamental protégé dans l’ensemble des principaux traités relatifs aux droits de l’homme. L’Allemagne s’est inscrite à ces traités et continue d’ignorer ses obligations avec des conséquences dévastatrices ».

Comme nous l’avons dit précédemment, l’Allemagne, avec la Turquie, est l’un des rares pays européens à interdire absolument le préceptorat ou l’éducation à domicile. Cette interdiction absolue a été précédemment admise par la CEDH notamment dans la décision Konrad c. Allemagne du 11 septembre 2006 (n° 35504/03), introduite par une famille chrétienne voulant élever ses enfants à la maison. La Cour avait alors posé une interprétation très étatiste du droit à l’éducation en jugeant « conforme à sa propre jurisprudence sur l’importance du pluralisme [!!!] pour la démocratie » le fait d’imposer une scolarisation collective et d’interdire l’éducation à domicile en raison de « l’intérêt général de la société d’éviter l’émergence de sociétés parallèles basées sur des convictions philosophiques différentes, et [de] l’importance d’intégrer les minorités dans la société. » La Cour européenne avait alors confirmé les arguments de la Cour constitutionnelle allemande, en statuant qu’il n’y avait aucun droit à l’éducation en milieu familial — les droits de l’homme ne sont pas jamais « valables » pour tout le monde.

Pourtant, les faits de la présente affaire sont plus graves que dans l’affaire Konrad, car les enfants ont été physiquement retirés de la garde de leurs parents.

Pour l’avenir de l’éducation en Europe

Le « Centre européen pour le droit et la justice » qui avait été autorisé à soumettre des observations écrites la Cour en décembre, sous l’égide de son directeur Gregor Puppinck, s’est concentré sur le caractère disproportionné de la saisie physique des enfants et du retrait de leur garde aux parents, en rappelant l’esprit de la Convention européenne.

Convention qui instaure « la garantie des personnes et des familles contre l’État », à rebours des régimes totalitaires qui ont sévi dans la première moitié du XXe siècle et préconisaient l’inverse. « L’essentiel est de réaffirmer le principe libéral et le droit naturel de la primauté de la famille sur l’État, en particulier dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement ».

S’il ne faut pas attendre de renversement majeur de la politique allemande par la Cour, on peut espérer une amorce de débat, voire un début de remise en cause — elle serait plus que justifiée et cruciale pour l’avenir de l’éducation en Europe.

Immigration, vivre-ensemble et perte de libertés

Nous craignons, cependant, que l’immigration massive que connaît l’Europe actuellement et les difficultés d’intégration de ces immigrants poussent les politiciens et les juges à sacrifier la liberté éducative de parents exemplaires. L’immigration de masse extraeuropéenne limitera ainsi un peu plus la liberté des parents autochtones. Rappelons que la même logique a conduit à empêcher toute exemption au cours d’Éthique et de culture religieuse au Québec afin d’assurer le vivre-ensemble et de lutter contre l’intégrisme. Comme le disait en 2009 la ministre de l’Éducation de l’époque, Mme Courchesne, « On ne négocie pas un virage aussi important sans écraser d’orteils ».


Voir aussi

OBSERVATIONS ÉCRITES soumises à la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire WUNDERLICH C. ALLEMAGNE (N° 18925/15) (11 pages d’un texte de philosophie du droit de l’éducation intéressante). Début du texte :
1. Platon ou Aristote

Cette affaire met en cause une antique opposition entre deux conceptions des relations existant entre la famille et la Cité, conceptions que l’on retrouve déjà exprimées par Platon et par Aristote. Il n’est pas inutile de les rappeler pour montrer à la Cour, s’il en était besoin, la profondeur de l’enjeu auquel elle est confrontée dans la présente affaire.

Pour Platon, l’unité familiale, ou l’oikos, par les liens affectifs et matériels qu’elle génère, est une cause de division, d’inégalité et de conflits au sein de la société, elle serait antipolitique.

Dans sa cité idéale, il faudrait abolir cette unité sociale, familiale et économique afin de renforcer l’unification de la cité. Ainsi, parmi les gardiens de la Cité, il faut que « les femmes y soient toutes communes à tous les hommes, et qu’aucune ne vive en privé avec aucun ; que les enfants eux aussi soient communs, et qu’un parent ne connaisse pas son propre rejeton, ni un enfant son parent ».

Pour Platon, les gardiens devraient former une famille unique, rendant impossible la rivalité entre oikoi, l’unité des gouvernants conditionnant celle de toute la cité. Dans sa vision, les enfants sont communs à la société, leur éducation est assurée par la société, car elle est une libération des opinions et des familles.

Aristote s’oppose nettement au collectivisme de Platon. Il consacre plusieurs chapitres de sa Politique à l’éducation de la jeunesse dont il dit qu’elle doit être « un des objets principaux des soins du législateur ». Pour le Stagirite [surnom d'Aristote né à Stagire], la famille n’est pas une association d’individualités, mais un ordre où s’organisent des éléments différenciés et complémentaires, elle est constituée non seulement par les liens biologiques et affectifs, mais aussi par un patrimoine commun, elle est aussi une entité économique, un lieu de travail et de partage ; elle est en elle-même une petite société. La famille est ainsi la cellule de base de la société : plusieurs familles forment un village, et plusieurs villages forment un État. Aristote est favorable à une éducation publique et collective : « Comme il n’y a qu’une même fin commune à tout l’État, il ne doit y avoir qu’une même institution pour tous les sujets ; et elle doit se faire, non en particulier, comme cela se pratique aujourd’hui, où chacun prend soin de ses enfants qu’il élève à sa fantaisie et en telle science qu’il lui plaît ; elle doit se faire en public.

Tout ce qui est commun doit avoir des exercices communs. Il faut, d’ailleurs, que tout citoyen se persuade que personne n’est à soi, mais que tous appartiennent à l’État, dont chacun est une partie ; qu’ainsi le gouvernement de chaque partie doit naturellement se modeler sur le gouvernement du tout. »

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Marie Geiss-Galimard : « Pour les Allemands, les enfants sont la propriété de l’État »

Parents allemands demandent l’asile au Canada.

vendredi 7 avril 2017

Éthique et culture religieuse : éduquer ou endoctriner ?

Extraits de la chronique de Joseph Facal sur le programme d’éthique et de culture religieuse.

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a donné le feu vert à une réévaluation du controversé cours d’Éthique et culture religieuse, obligatoire au primaire et au secondaire.

Cette réévaluation sera « accompagnée » par le même fonctionnaire qui a piloté l’introduction du cours en 2008 : feriez-vous évaluer votre maison par celui qui l’a construite ?

Tout ce cours repose sur un détournement de sens.

[...]

Les manuels utilisés pour donner ce cours ont déjà fait l’objet de plusieurs études.

[...]

Des exercices valant des points demandent aux enfants du primaire de choisir leur rite préféré ou d’organiser une petite cérémonie religieuse.

Les explications scientifiques sur l’origine du monde et de la vie ne sont jamais mises en parallèle avec les discours religieux. [Note du carnet : c’est faux ! Voir ci-dessous dès le primaire...]


Paulo [Coelho], le sage qui arbitre entre science et discours religieux sur la création
2e cycle primaire, Modulo, manuel A. p. 66

[Rappelons les paroles d’un des pères du cours d’ECR et réviseur scientifique des manuels Modulo, Fernand Ouellet, qui cite favorablement ailleurs dans ses écrits ces mots : « Il [s’agit] donc moins de “construire une identité” que, à l’inverse, d’ébranler une identité trop massive et d’y introduire la divergence et la dissonance ; il n’est pas de préparer à la coexistence et à la tolérance ».]

Vous ne trouverez pas le moindre examen critique du mal que l’on peut faire au nom de la religion : pas un mot sur le terrorisme, les crimes d’honneur ou la misogynie.

[Ça, c’est réservé au programme d’histoire où Saint Louis est le précurseur de Hitler, les croisades c’est très mal et le monde arabo-musulman si raffiné, voir ici...]

Comprenez-moi bien : il ne s’agit pas d’enseigner l’hostilité à la religion, ce qui ne serait que le remplacement d’un dogmatisme par un autre.

Il faudrait présenter les religions comme un objet sociologique que l’on doit examiner avec un souci d’objectivité, comme on le ferait pour l’étude d’une idéologie ou d’une institution.

[Note du carnet : au primaire ?]

Le cours propose plutôt une vision de la foi religieuse qui laisse lourdement entendre qu’il serait irrespectueux et intolérant de l’examiner froidement, ce qui inclurait logiquement ses aspects problématiques autant que ses aspects positifs.

Conséquemment, le niqab et la burqa sont présentés comme des choix vestimentaires parmi d’autres.

Les photos montrent toujours des fidèles intégristes, puisqu’ils sont fervents au point de vouloir absolument porter des signes visibles.

Vous ne trouverez pratiquement rien dans ces livres sur l’athéisme, la laïcité ou les croyants non pratiquants, qui sont pourtant l’immense majorité.

[Note du carnet : c’est, d’une part, que le cours est. pour une moitié, sur la culture religieuse en tant que phénomènes, les rites, les grands personnages, les mythes. Quels rites religieux les athées ont-ils ? D’autre part, la partie éthique n’a pas du tout un a priori religieux, mais plutôt politiquement correcte.]

Le croyant venu d’ailleurs n’est pas dépeint comme quelqu’un qui veut devenir comme nous, mais comme quelqu’un qui veut très légitimement reproduire la façon de vivre de sa société d’origine.

Pognés avec

Au fond, l’enfant est exposé, pendant des années, à une vision du phénomène religieux qui lui inculque qu’il est vertueux de croire sans se questionner et irrespectueux de questionner cela.

Au nom du fameux « vivre-ensemble », on fait la promotion enthousiaste de toutes les différences qui permettront à chacun de rester replié dans sa communauté d’origine.

Il ne faut pas simplement modifier ce cours. Il aurait fallu recommencer à zéro. Ça n’arrivera pas et c’est très regrettable.

Voir aussi

Paulo Coelho, le syncrétiste, un sage pour le cours d'ECR des éditions Modulo ?

Face au succès grandissant de l'instruction à domicile, le gouvernement veut réaffirmer son autorité

Communiqué de l’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED) au sujet d’un prochain projet de loi sur l’instruction à domicile.

Le projet de loi sur l’éducation à domicile sera déposé d’ici quelques semaines ! Nous avons contacté le bureau du ministre vendredi et nous sommes parvenus à avoir plus d’information sur les délais du dépôt du projet de loi sur l’éducation à domicile. Ce projet de loi qui comprendra aussi les écoles [décrétées par le Monopole de l'Éducation] illégales [parfois uniquement au Québec comme pour l'école mennonite de Roxton Falls et après plus de 50 ans de légalités comme des yéchivas de Montréal !] et les sans-papiers va être déposé d’ici quelques semaines à l’Assemblée nationale. C’est le temps d’agir ! C’est une occasion à ne pas manquer pour que cette loi s’accorde à nos espoirs les plus audacieux !

Ce que fait l’AQED

Nous restons en contact étroit avec l’équipe du ministre de l’Éducation. Nous rencontrons les députés qui siègent à la Commission de la culture et de l’éducation afin qu’ils comprennent la réalité des familles éducatrices. Ces députés auront un rôle décisif sur le projet de loi à venir et il est essentiel qu’ils prennent des décisions éclairées. Nous ajustons notre mémoire en fonction des rencontres avec les députés et nous nous préparons à témoigner à la commission. Nous augmentons nos effectifs dédiés à l’action politique en recrutant des bénévoles et en ajoutant une nouvelle avocate à notre équipe. Nous préparons une campagne de relations publiques pour sensibiliser la population. Nous lançons une campagne d’envoi de courriels à nos élus.

Nous informons nos membres — Cinq actions que vous pouvez faire

Plus que jamais, votre aide est cruciale. Il n’y a que le poids du nombre qui permettra de nous faire entendre :
  1. Envoyez un courriel déjà préparé à votre député
  2. Parlez-en à vos proches et encouragez votre réseau à diffuser le message et à rallier du soutien. Vos parents, amis, voisins, tous ces gens qui ne vivent pas nécessairement l’éducation à domicile, mais qui veulent soutenir la liberté de choix en matière d’éducation peuvent contribuer à notre cause. Ils n’ont qu’à faire exactement les mêmes démarches que vous et à envoyer la même lettre à leur député.
  3. Devenez membre de l’AQED et incitez vos amis à le devenir. Ceci nous donne de l’aide financière pour continuer nos actions. Votre adhésion en grand nombre donne aussi plus de poids moral à nos actions auprès du ministre.
  4. Portez-vous bénévole pour aider l’action politique en indiquant votre intérêt à actionpolitique@aqed.qc.ca
  5. Continuez à rester au courant

Les prochaines étapes avant l’entrée en vigueur de la loi

Présentation

Le gouvernement en est à cette étape. L’équipe du ministre a remis son projet aux juristes de l’État qui sont en train de traduire les idées en langage juridique. Une fois le travail des juristes terminé, le projet de loi sera présenté à l’Assemblée nationale pour évaluation. Cette étape devrait être complétée d’ici « quelques semaines ». Le texte recevra alors un numéro de projet de loi et devrait être disponible en ligne sur le site de l’Assemblée nationale pour consultation. Nous vous informerons dès que nous aurons le lien.

Consultation parlementaire

Cette étape est facultative, mais elle permet aux membres de la commission d’entendre le point de vue de gens directement affectés par le projet de loi. On vise à s’assurer qu’il y aura des consultations publiques assez longues pour que les députés comprennent bien la réalité et les besoins des familles.

Adoption du principe

Les députés débattront et voteront les grandes lignes du projet de loi.

Études détaillées en commission

Les députés membres de la commission examinent tous les articles spécifiques du projet de loi. Leur rapport servira à le modifier.

Prise en considération du rapport de la commission

L’Assemblée nationale doit adopter le rapport de la commission.

Adoption du projet de loi

Lorsque le projet de loi aura reçu la sanction du lieutenant-gouverneur, le projet de loi sera intégré dans la loi sur l’instruction publique et deviendra la nouvelle loi en vigueur. Avant cette étape, la loi reste celle qu’on connaît.

Voir aussi

Une autre association de parents qui instruisent à domicile : la HSLDA (site en français)

Un État tatillon en éducation est-ce mieux ? (Est-ce qu’il y a des preuves que les États qui sont les plus sourcilleux en matière de normes « minimales » en éducation obtiennent de meilleurs résultats ? La réponse en bref : non.)

Nombre record d'enfants instruits à la maison au Québec


Le nombre d’enfants québécois officiellement scolarisés à la maison n’a jamais été aussi élevé. En un an, l’augmentation a été de 50 %. De plus en plus de parents font ce choix parce que l’école ne convient pas aux besoins particuliers de leurs enfants, selon plusieurs. Il y a dix ans, environ 800 enfants étaient scolarisés à la maison, alors qu’on en retrouve maintenant près de 2 000, selon les chiffres du ministère de l’Éducation. La majorité d’entre eux sont de niveau primaire. Ce nombre est toutefois beaucoup plus élevé en réalité, puisque plusieurs parents n’inscrivent pas leur enfant auprès d’une commission scolaire chargée de superviser la scolarisation à domicile, explique Christine Brabant, professeure en éducation à l’Université de Montréal. « On peut estimer qu’au moins la moitié des enfants scolarisés à la maison n’y sont pas inscrits », affirme-t-elle.

Manque de services, raisons diverses

L’augmentation constatée au cours de la dernière année s’explique, en bonne partie, par une nouvelle entente permettant à des enfants de la communauté juive hassidique d’être scolarisés à la maison, mais aussi parce qu’un nombre grandissant de parents sont forcés de retirer leurs enfants à besoins particuliers de l’école par manque de services, explique Noémie Berlus, présidente de l’Association québécoise pour l’éducation à domicile. « Je vois de plus en plus de parents qui sortent leurs enfants de l’école dans un contexte d’urgence » à cause de troubles d’apprentissage ou de comportement, affirme Mme Berlus, dont l’association a fait le plein de 25 % de nouveaux membres depuis un an. Brigitte Dubé, présidente de la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec, le confirme. Elle parle même d’une « épidémie ». « Il y en a énormément, pour différentes raisons. C’est révélateur de quelque chose qui ne fonctionne pas dans notre système scolaire. Ce n’est pas normal que des parents en arrivent à envisager ça, non pas par choix, mais parce que la situation les amène à réfléchir à ça. C’est assez frappant », affirme-t-elle.

Tendance mondiale

De son côté, Christine Brabant souligne que l’augmentation de la scolarisation à domicile n’est pas un phénomène propre au Québec. « On voit une augmentation partout dans le monde », qui peut s’expliquer par une vision de plus en plus individualisée de l’éducation, qui préconise un enseignement adapté à chaque enfant selon ses besoins, plutôt qu’une formule unique pour tous, dit-elle.

Notons également que cette augmentation accompagne d’autres phénomènes comme le raidissement des gouvernements qui tentent de plus en plus de centraliser l’enseignement, d’y imposer des contenus idéologiques (multiculturalisme, théorie des genres, laïcisme militant, éducation à la sexualité non plus clinique, mais axée sur hédonisme, un enseignant de l’histoire dénationalisée, etc.)

« L’école n’est pas adaptée pour ces enfants-là »

Depuis septembre, Karine Léveillé fait l’école à la maison à ses deux jumeaux de 6 ans, qui sont dyspraxiques et dysphasiques. Un choix qui n’en est pas vraiment un puisque « l’école n’est pas adaptée pour ces enfants-là », affirme Mme Léveillé. Éloïse et Félix sont entrés en maternelle l’an dernier, alors qu’ils étaient déjà suivis en ergothérapie et en orthophonie au privé. Après avoir multiplié les rencontres avec la direction, et les plans d’intervention, il n’a pas été possible d’avoir suffisamment de services en classe, même si une pédopsychiatre avait recommandé un accompagnement régulier avec une technicienne spécialisée, raconte Mme Léveillé. L’école a même refusé de collaborer avec les professionnels qui suivaient ses enfants en privé, ajoute-t-elle. Épuisés par les nombreuses démarches faites auprès de l’école, Karine Léveillé et son conjoint, Vincent Boisvert, ont finalement décidé de scolariser leurs enfants à la maison. « On avait eu notre dose de péripéties et de perte de temps. Le système est lourd, il épuise aussi les parents », affirme M. Boisvert.

Des sacrifices

Mme Léveillé, qui est elle-même technicienne en éducation spécialisée, a laissé tomber son emploi à temps plein pour enseigner à ses enfants. Elle travaille toujours comme éducatrice les fins de semaine pour aider à boucler le budget familial. Ses jumeaux sont toujours suivis chaque semaine par deux professionnels au privé. « On fait des sacrifices, lance M. Boisvert. Mais pour les enfants, c’est génial ! » Éloïse et Félix « ont rattrapé beaucoup de retard » et ils ont appris à lire, ajoute Mme Léveillé. Karine Léveillé et Vincent Boisvert espèrent que leurs enfants puissent réintégrer le réseau scolaire, à long terme, dans une formule qui serait mieux adaptée à leurs besoins. C’est pourquoi Mme Léveillé se fait un devoir de leur enseigner de façon plus traditionnelle, à partir de manuels scolaires. Mais, pour l’instant, ils sont loin de regretter ce choix, qui n’en est pas tout à fait un, soulignent-ils.

Nombre d’élèves reconnus officiellement comme scolarisés à la maison
Année scolaireNombre
2007 – 2008788
2008 – 2009937
2009 – 20101 012
2010 – 20111 057
2011 – 20121 037
2012 – 20131 114
2013 – 20141 181
2014 – 20151 275
2015 – 20161 928*

* De ce nombre, 236 élèves proviennent de la communauté juive hassidique et sont scolarisés à la maison en vertu d’une entente avec la commission scolaire English-Montréal. D’autres minoritaires religieuses dont les écoles comme les mennonites ont été déclarées « illégales » (mais le Québec est le seul endroit en Amérique à ce faire...) ont également grossi ces chiffres depuis quelques années.

Sources : Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur et le Journal de Québec

Québec — Retour de la syphilis congénitale, hausse de toutes les maladies sexuellement transmissibles,

Trois femmes ont transmis la syphilis à leur nouveau-né en 2016. Pourtant, cette forme de la maladie, appelée syphilis congénitale, était pratiquement éradiquée depuis 30 ans au Québec. Devant la flambée d’infections transmissibles sexuellement (ITSS) enregistrée depuis quelques années, un comité se penchera d’ailleurs sur la révision des lignes directrices en matière de dépistage, notamment pendant la grossesse. Même si toutes les femmes enceintes sont en principe soumises à un test de dépistage en début de grossesse, ce sont des « failles potentielles » qui ont mené à la naissance de trois nouveau-nés atteints de syphilis en 2016, indique le plus récent numéro du bulletin Flash vigie. Publié par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) vendredi dernier, ce dernier précise que les trois mères étaient âgées de moins de 30 ans et provenaient de régions distinctes. Tous les bébés ont été traités avec des antibiotiques. Dans un premier cas, la femme enceinte n’avait eu aucun suivi prénatal jusqu’à ce qu’elle se présente avec des contractions à l’hôpital. Elle a reçu un traitement antibiotique, mais ce dernier était trop tardif et la maladie a ensuite été détectée chez son poupon. Une deuxième femme avait bel et bien été testée pour la maladie en début de grossesse, mais le résultat (positif) avait échappé à son médecin traitant. Une révision de son dossier deux semaines avant son accouchement a révélé l’erreur. Malgré le traitement antibiotique qui a été administré immédiatement, l’infection a été transmise au nouveau-né. Dans le cas de la troisième femme, le test de dépistage était négatif en début de grossesse. Ce n’est que lorsque le bébé a eu six mois qu’il a présenté des symptômes. Il a alors été traité, tout comme la mère.



Vieille maladie

La femme enceinte est plus sensible aux infections, explique le Dr Marc Steben, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Chez le bébé, les symptômes varient d’une affection cutanée à une atteinte du foie, de la rate, des os, ou même des troubles neurologiques, et voire, dans les cas les plus graves, la mort. « Lorsque le bébé vient au monde, on peut avoir l’impression qu’il a le rhume en raison des écoulements nasaux et les lésions cutanées ne sont pas nécessairement reconnues tout de suite », explique-t-il. Les plus récentes données disponibles montrent qu’il y a eu 942 cas de syphilis infectieuse au Québec en 2016, indique la conseillère scientifique à l’INSPQ Karine Blouin. C’est une augmentation de 28 % par rapport à 2015. L’infection se propage surtout chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, mais les femmes ne sont pas à l’abri pour autant, avec 41 cas en 2016. La syphilis congénitale était pratiquement éradiquée au Québec. Depuis quinze ans, il n’y avait eu que 4 cas. « La majorité des médecins n’en ont jamais vu, le réflexe de poser des questions sur cette infection est affaibli. On doit redoubler de vigilance », constate le Dr Steben. Un comité devait déjà se pencher sur la révision des lignes directrices en matière de dépistage des ITSS. Le dépistage pendant la grossesse figurera au sommet de ses priorités, indique le Dr Steben. Une première rencontre est prévue en avril. Le Dr Steben croit qu’on pourrait être plus proactifs avec la répétition des tests de dépistage en cours de grossesse en cas de facteurs de risques. « Compte tenu du fait qu’il y a eu près de 1000 cas en 2016, on peut s’attendre à ce que d’autres cas chez des femmes enceintes échappent au dépistage, d’où l’importance des appels à la vigilance chez les professionnels de la santé », constate aussi Mme Blouin.

Hausse des cas de toutes les maladies vénériennes malgré toutes les campagnes d’information

Toutes les ITSS sont en hausse depuis quelques années. La chlamydia est la plus fréquente, avec près de 25 000 cas en 2016 et une hausse moyenne d’environ 5 % par an. Avec près de 5 000 cas l’an dernier, l’infection gonococcique suit en termes d’incidence. La transmission de ces autres ITSS pendant la grossesse est-elle observée ? On l’ignore, répond en substance la Dre Isabelle Boucoiran. « On voit augmenter l’incidence de ces infections chez les femmes en âge de procréer, mais on n’a pas de bonnes statistiques sur leur prévalence pendant la grossesse », observe la gynécologue-obstétricienne au CHU Sainte-Justine et spécialiste des maladies infectieuses. « C’est difficile d’évaluer le risque. Dans notre bureau, nous avons la femme enceinte devant nous, mais pas ses partenaires sexuels, explique-t-elle. Sans compter que certaines personnes vont se trouver complètement en dehors du système de soins, sans suivi, et souvent, ce sont les personnes plus à risque de contracter une ITSS. »

Note du carnet : on peut déplorer l’absence d’analyse sur les raisons de cette recrudescence dans la population (les gens ne savent-ils vraiment pas que la promiscuité et certaines pratiques, anales par exemple sont plus dangereuses que d’autres ?) ni de détails sur les populations touchées (jeunes, vieux, homosexuels, immigrés, urbains, diplômés de l’université, mariés ou non, etc.)

Voir aussi

Le cours d’éducation sexuelle ontarien évite-t-il l’augmentation du nombre de maladies vénériennes ?

Sexologue clinicienne : « les cours de sexualité en milieu scolaire font fausse route »

Malgré l’éducation sexuelle, recrudescence des maladies vénériennes en Suède.