mercredi 7 janvier 2009

Le monopole de la vérité

Lettre d'un lecteur de la Voix de l'Est publiée le lundi 5 janvier.
Je remercie Patrice Perreault pour sa lettre qui faisait suite à celle de David Warner où ce dernier signalait parmi les problèmes associés au cours d'ÉCR celui-ci: « Jésus est-il mort sur la croix pour sauver les pécheurs (christianisme), ou il n'est pas mort du tout (islam) ». Les deux assertions ne pouvant être vraies à la fois.

M. Perreault, dans sa réponse, affirme que la crucifixion est un fait historique. Ne manque-t-il pas ainsi de respect envers l'islam qui affirme en parlant de Jésus : « Mais ils ne l'ont pas tué; ils ne l'ont pas crucifié, cela leur est seulement apparu ainsi » (Coran 4:157) ? Remettre en doute cet aspect central du Coran, n'est-ce pas ériger un obstacle au dialogue respectueux ?

M. Perreault cite ensuite un passage d'un document pro-ÉCR : « Dans cette rencontre avec l'autre, le sujet doit assumer le fait qu'il n'est pas le centre du monde, que son groupe d'appartenance n'a pas le monopole de la vérité ».

C'est peut-être le point de vue du pluralisme religieux, mais ce n'est pas celui des monothéismes. Les adeptes de ces religions professent au contraire qu'ils ont le monopole de la vérité, sans nier que d'autres religions puissent partager certains aspects de cette vérité (voir les dix commandements partagés par le judaïsme et le christianisme). Pour un catholique, sa religion a bien le monopole de la vérité. Voir le document Dominus Jesus du cardinal Ratzinger, devenu Benoît XVI, qui rappelle cette doctrine.

M. Perreault conclut par un plaidoyer pour la liberté religieuse du jeune enfant. Il se demande en parlant des opposants au cours gouvernemental : « Ne cherche-t-on pas inconsciemment à établir, aux yeux des enfants, qui aura le dernier mot afin de démontrer que l'autorité parentale prime sur tout autre considération, même celle de la liberté religieuse ? » Un partisan de l'intervention de l'État, l'État décidant quelles religions, quels rites présenter et à quel âge, peut penser ainsi. Mais il ne peut s'agir d'une perspective religieuse conforme aux grands monothéismes. En effet, en ne prenant que la Bible, celle-ci affirme clairement que les parents doivent former leurs enfants dans leur religion, sans imposer de contrainte à l'âge adulte bien sûr. Les parents doivent montrer une seule voie, pas six ou sept comme dans le cours d'ÉCR. « Instruis l'enfant selon la voie qu'il doit suivre; et quand il sera vieux, il ne s'en détournera pas. » (Proverbes 2:6) et « Les commandements que je te donne aujourd'hui seront dans ton cœur. Tu les répèteras à tes enfants ». (Deutéronome 6:6-7) Il n'y a donc pas d'appel à la liberté de l'enfant de ne pas croire, bien au contraire, mais un devoir d'exercer l'autorité parentale pour partager un bien spirituel précieux.

M. Perreault peut défendre l'État comme formateur spirituel des enfants des autres, mais les lecteurs doivent comprendre que son point de vue ne s'inscrit pas dans la tradition des grandes religions monothéistes.


M. Perreault dont il est question est, selon nos informations, agent de pastorale catholique à Granby.

Voyez ici.

Parmi ses écrits :

Pour une théologie « écohumaniste », féministe, de la libération, en phase avec la « magnifique réalité plurielle de notre monde », etc.

Contre la théologie de la révélation et Benoît XVI qui s'oppose à une théologie « écohumaniste ».

En faveur de la légitimité de l'orientation homosexuelle (et contre « une théologie plus conservatrice »).