jeudi 26 mars 2009

« Notre » patrimoine religieux autochtone

Nous avons déjà parlé de la surreprésentation des spiritualités autochtones dans les manuels et cahiers d'ECR, apparemment pour respecter le programme officiel. Rappelons qu'en 2001, selon Statistiques Canada, 735 Québécois identifiaient leur religion comme étant une des spiritualités autochtones.

En sus de cette non-représentativité, il est intéressant de noter que, alors qu'on ne trouve pas de prières chrétiennes dans les manuels et cahiers, on en dénombre plusieurs autochtones (une micmaque et une cherokee ci-dessous). Ou comme le disait Mme Cloutier, coauteur des manuels Modulo où apparaît en grand la prière micmaque, les enfants sauront aussi que le Notre Père est une prière importante pour les catholiques, mais ils ne la liront pas dans leur manuel « parce qu'il aurait fallu autrement faire la même chose pour les autres religions »...

Le deuxième fait intéressant est le caractère exotique des spiritualités autochtones étudiées : une grande partie n'est pas issue de peuples autochtones installés au Québec. Or la justification de ce pan assez important du cours ECR est la présence d'autochtones au Québec et leur prétendue importance dans notre héritage spirituel (assertion non prouvée bien sûr). On comprend que pour les auteurs de ces manuels les spiritualités autochtones d'Amérique du Nord forment un tout, mais est-ce vraiment le cas ? Qu'y a-t-il de commun entre la spiritualité ancestrale des Hopis, des Haïdas, des Esquimaux et des Micmacs qui ne serait pas commun à celle des Indiens d'Amérique centrale ou des animistes sibériens ? Une fois les frontières du Québec abattues, pourquoi ne pas inclure des récits et des prières de ces peuples ? On comprend plus facilement que les auteurs du cahier d'activités Voyage pour les valeurs pour la 2e secondaire aient mis des guillemets autour de « notre » dans le titre du chapitre : « Notre » patrimoine religieux.


Enseignement des Hopis de l'Arizona — cahier d'activités LIDEC Voyage pour les valeurs pour la 2e secondaire, p. 152



Prière cherokee (chérokie) de la Caroline puis de l'Oklahoma — cahier d'activités LIDEC Voyage pour les valeurs pour la 2e secondaire, p. 153



Prière de Pilip, le Micmac

Prière micmaque (Gaspésie et Acadie) — manuel d'ECR Mélodie, publié par Modulo, destiné au 1er cycle du primaire, manuel B, p. 8



Haïdas de Colombie-britannique — page 73 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire

« Youpi, ma religion à moi !»

« Situation d'apprentissage et d'évaluation (SAÉ) » proposée en 1re année du secondaire par les cahiers d'activités LIDEC Partons à l'aventure.

On demande ici aux élèves de s'inventer leur propre religion ou plus précisément (p. 88) : « À partir des multiples exemples vus en classe dans le chapitre 1, tu décides de fonder ton propre mouvement religieux pour répondre à ta quête de sens. Ce mouvement doit naître de ton imaginaire. »

On indique ensuite à l'enfant de 12 ans ce qu'il doit faire pour créer sa religion : « 
  1. Tu dois inventer un fondateur et un mythe fondateur ;
  2. Inventer un Dieu ou des dieux et nommer ses attributs ;
  3. Inventer un code moral ;
  4. Inventer un livre sacré ;
  5. Inventer quelques rituels ;
  6. Inventer quelques objets de culte
 »

Enfin, l'élève devra à « l'aide du résultat des évaluations, dresse[r] le portrait de [sa] religion : points forts, points faibles, chance de succès, respects des consignes, etc. »

Il s'agit bien ici d'un jeu. Sans doute bénin pour l'agnostique ou l'athée moyen, mais — et nous avons des témoignages de parents au sujet de cette activité — profondément choquant pour plusieurs croyants sincères. Pour eux, voudrait-on banaliser ou susciter l'insatisfaction auprès des jeunes par rapport à la religion que leurs parents croient vraie qu'on ne procèderait pas autrement.







Région de l'Outaouais : après-midi d'information sur le cours ECR

Dimanche le 29 mars à Gatineau
Après-midi d'information

Lieu : Salle Gatineau à 13h00
Maison du citoyen
25 rue Laurier, Gatineau


Information
Tél : 819 328-8979
Courriel : gatineau@coalitioncle.com


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La rapide baisse démographique et les écoles en région dite éloignée

Le Québec compte déjà près de 600 écoles de 100 élèves ou moins dans les différentes régions du Québec. Loin de ralentir, la chute démographique dans les régions éloignées est appelée à s'accentuer au cours des prochaines années. Le Conseil supérieur de l'éducation rendait public hier un avis intitulé L'éducation en région éloignée, une responsabilité collective.

La présidente du Conseil, Mme Nicole Boutin, a rendu public ce rapport aujourd’hui après qu’il ait été déposé à l’Assemblée nationale par la ministre du Monopole de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), Mme Michelle Courchesne.

Déjà difficile, le casse-tête des écoles en région se compliquera considérablement au cours des prochaines années. D'ici 2015, la chute de la clientèle devrait osciller autour de 20 % dans les régions éloignées.

Selon les données rendues publiques hier, les baisses du nombre d'élèves dans les écoles primaires et secondaires, entre 2006 et 2015, devraient osciller entre 15,3 % dans le Bas-Saint-Laurent et 27,6 % en Gaspésie (avec une diminution de 19,8 % sur la Côte-Nord, de 20 % au Saguenay-Lac-Saint-Jean et de 21,7 % en Abitibi-Témiscamingue).

Or, ces régions qui représentent 10 % de la population mais 88 % du territoire québécois connaissent déjà des difficultés dans l'offre des services éducatifs. « Devant l'ampleur de ce qui s'en vient, on ne peut se contenter d'appliquer les mêmes recettes », fait valoir la présidente du Conseil supérieur de l'éducation, Nicole Boutin.

Le modèle moderne d'un enseignant devant une classe d'un seul niveau dans un village ne peut perdurer, fait valoir le CSE, soulignant néanmoins l'importance de maintenir des écoles à proximité des lieux de résidence des enfants, pour éviter une dévitalisation des régions. « Il faut sortir du cadre », ajoute Mme Boutin. Ainsi, les classes multiniveaux, déjà nombreuses, devraient se multiplier.

Les techniques de l'information et des communications sont aussi prometteuses, selon le CSE. Par exemple, dans une petite école secondaire, un cours de mathématiques spécifiques pourrait être offert en ligne. Au primaire, des enseignants de classes multiniveaux de très petites écoles pourraient se regrouper pour effectuer des projets en commun par l'intermédiaire d'Internet et de la visio-conférence.

Les mesures gouvernementales, souvent ponctuelles, pour soutenir les petites écoles en région gagneraient par ailleurs à être plus stables, indique le CSE. Le ministère de l'Éducation pourrait par ailleurs faire preuve d'une plus grande souplesse.

Certains villages ont opté pour l'école communautaire. En plus d'accueillir les élèves, les écoles deviennent de véritables centres communautaires où la bibliothèque municipale et d'autres services cohabitent sous le même toit.

Les défis sont les mêmes pour la formation professionnelle, collégiale et universitaire qui doit aussi s'adapter. En Abitibi-Témiscamingue, par exemple, on a opté pour la «formation à roulettes» : les enseignants en formation professionnelle se déplacent d'une ville à l'autre pour donner leur cours.