jeudi 11 novembre 2021

Les cégeps anglophones sont devenus des cégeps allophones

Des cégeps anglophones accueillent désormais une majorité d’étudiants allophones. Cette anglicisation des nouveaux arrivants préoccupe certains élus caquistes, qui plaident à l’interne pour imposer la loi 101 aux cégeps, après avoir entendu les craintes des démographes.

Au cégep Vanier, dans le nord de Montréal, 52 % de la clientèle était allophone en 2020, selon des données provisoires. 

Lui aussi dans la métropole, le Collège Marianopolis compte 53 % d’étudiants qui n’ont ni le français ni l’anglais comme langue maternelle.  

Les allophones forment également une majorité dans le populeux cégep Dawson, même si c’est dans une moindre proportion, avec 41,6 %.  

En fait, la part d’étudiants allophones dans le réseau collégial de langue anglaise est en progression depuis l’an 2000, passant de 30 % à 38 % cette année. 

Lieu d’anglicisation 

Pour le démographe de l’Institut national de la recherche scientifique qui a compilé les données obtenues par notre Bureau parlementaire, le réseau collégial anglais participe à l’anglicisation des allophones.  

« Les allophones, c’est un groupe très hétérogène, avec beaucoup de langues maternelles, et ils se rejoignent avec une langue commune qui est l’anglais, souligne Patrick Sabourin. Dans ce sens-là, le cégep anglais est une espèce de lieu de socialisation où le point commun est la langue anglaise. »  

Débat à la CAQ 

La question d’étendre la loi 101 aux cégeps fait d’ailleurs à nouveau l’objet de débats au sein de la Coalition Avenir Québec (CAQ), selon nos informations, au moment où débutera bientôt l’étude article par article du projet de loi sur la langue du ministre Simon Jolin-Barrette

Le Premier ministre avait fermé la porte avant le dépôt du projet de loi 96, mais il devra trancher à nouveau sur cette idée d’interdire l’accès aux cégeps en anglais aux jeunes francophones et allophones, souligne une source.

Plusieurs intervenants entendus récemment en commission parlementaire ont convaincu certains députés du gouvernement de la nécessité d’aller plus loin.  

Les démographes ont notamment souligné que le projet de loi ne permettra pas de renverser le déclin du français, tandis que le sociologue Guy Rocher a mis son poids dans la balance en faveur de la loi 101 dans les cégeps.  

Une « aile économique » est toutefois plus sensible aux arguments du monde des affaires, qui craint un impact du projet de loi 96 sur l’attrait et l’intégration des immigrants, selon nos sources. 

 

Langue maternelle parlée dans les principaux cégeps anglophones  

2018  

  • Français : 26 %     
  • Anglais : 37 %     
  • Autres : 37 %        

2019  

  • Français : 26 %     
  • Anglais : 35 %     
  • Autres : 39 %        

2020  

  • Français : 26 %     
  • Anglais : 36 %     
  • Autres : 38 %        

Cégeps répertoriés : John Abott, Dawson, Vanier, Marianapolis, Champlain


Source : Journal de Québec

France : décrets d’application de la loi sur l’école à la maison : carton rouge pour le ministère

Communiqué de Liberté éducation :


Le jour même de la déclaration télévisée du Président de la République qui a déclaré que « La France est une grande puissance éducative », les décrets d’application de la loi revenant à interdire l’instruction en famille, qui se développe pourtant au niveau mondial, ont fuité dans la presse.

Une fois de plus, les associations nationales de l’instruction en famille, regroupées en interassociation, n’ont pas été consultées. Ces associations, dont la nôtre, Liberté éducation, qui compte désormais plus de 1000 familles adhérentes sur tout le territoire national, avaient demandé au Ministère, lors de leur audition du 5 octobre dernier, d’être associées à la rédaction des décrets d’application, compte tenu de leur expérience de terrain, depuis de longues années.

Comme nous l’avions indiqué ici, nous avions essuyé une fin de non-recevoir du ministère de l’Éducation nationale. La Direction générale de l’éducation scolaire (Dgesco) s’était bornée, suite à l’article du journal Le Monde du 28 septembre indiquant une forte croissance de l’école à la maison à la rentrée 2022, à nous promettre la publication, après les vacances de la Toussaint, des chiffres réels du nombre d’enfants instruits en famille depuis le mois de septembre, chiffres toujours inconnus à ce jour.

Aujourd’hui, les décrets d’application ont fuité dans la presse et montrent que les engagements pris par le Ministère ne sont absolument pas respectés. Nos avocats étudient en ce moment même comment attaquer ces décrets, qui, comme nous le craignions au moment du vote de la loi, dépassent largement le cadre prévu initialement. Nos associations envisagent également d’autres actions pour que cette liberté fondamentale des parents, premiers éducateurs de leur enfant, droit garanti par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen, soit un minimum respectée.

Par ces décrets d’application découverts par voie de presse, le ministère de l’Éducation nationale affiche au grand jour ses difficultés à comprendre un phénomène mondial en forte expansion et son incapacité à dialoguer avec ses premiers interlocuteurs naturels que sont nos associations. Un mépris pour une liberté qui existe en France depuis plus de 140 ans, sanctuarisée par Jules Ferry en 1882, et que de nombreux autres pays dans le monde encouragent de plus en plus.

Parmi les nombreux points de ces décrets qui posent problème, citons la question des enfants harcelés (700 000 par an), que les parents pouvaient jusqu’ici retirer de l’école à tout moment pour leur faire l’école à la maison. Désormais, il faudra, selon ces décrets, obtenir « une attestation du directeur de l’établissement d’enseignement public ou privé dans lequel est inscrit l’enfant » ainsi que tout document utile établissant « que son intégrité “y est menacée” ! In fine, il s’agit d’une autorisation d’autorisation, et qui risque d’être difficile à obtenir quand on sait qu’un certain nombre d’enfants harcelés sont déscolarisés pour une instruction en famille contre l’avis du chef d’établissement, qui sera ici juge et partie.

De plus, le fait qu’une commission ad hoc examinera les recours en cas de refus d’autorisation de pratiquer cette liberté fondamentale n’est pas sans nous inquiéter, car cela aura pour effet de rallonger les délais en cas de contentieux. Or ce contentieux risque de s’avérer très volumineux, au regard de ces décrets et du risque d’arbitraire induit par des motifs d’autorisation manifestement beaucoup trop restrictifs. Par ailleurs, le fait pour les familles de devoir justifier chaque année d’un projet pédagogique va générer beaucoup de stress chez les parents avec un grand nombre de pièces justificatives à fournir avant le 31 mai de l’année précédant une rentrée en instruction en famille, et une autorisation délivrée — dans les meilleurs des cas — au cœur de l’été.

Rappelons enfin que dans l’esprit des hautes sphères du ministère, faire l’école à la maison est du séparatisme en soi. Une des nombreuses autres idées reçues sur cette pratique est qu’il existerait un problème de socialisation pour les enfants instruits en famille, un a priori pourtant réfuté par la totalité des chercheurs en sciences sociales sur la question, comme le démontre l’enquête de notre secrétaire général et de son épouse, L’école à la maison, une liberté fondamentale.

Enfin, concernant la radicalisation, les derniers rapports Dgesco n’en font pas état (seulement 32 enfants rescolarisés pour la dernière période prise en compte, soit 0,09 % des enfants, et non pour une question de radicalisme). De même, comme l’ont rapporté nos deux auteurs dans ce livre, les plus éminents chercheurs en radicalisation, y compris au sein du Ministère de l’Intérieur à travers son Institut des Hautes Études, n’ont aucun chiffre sur le sujet, la mesure d’Emmanuel Macron dans son discours des Mureaux n’était donc fondée que sur du vent.


Cégépiens : « Aujourd’hui, une phrase sur trois dite par un jeune est en anglais. »

Trois cégépiens (Zoé Lamontagne, Raffaëlle Marini-Lafond et Matthis Roberge) s’adressent au gouvernement de François Legault.


Le gouvernement s’apprête à adopter une nouvelle loi visant à protéger le français au Québec. Si celle-ci part d’une bonne intention, elle ne s’attaque pas aux véritables causes du déclin du français. Pour mieux comprendre comment on peut avoir un réel impact sur le français, il faut regarder ce qui se passe actuellement chez les jeunes. En effet, la réalité des jeunes cohortes d’aujourd’hui sera celle du Québec de demain.

Aujourd’hui, une phrase sur trois dite par un jeune est en anglais. Les deux autres phrases sont prononcées dans un français pauvre, sans vocabulaire. Les jeunes ne peuvent écrire sans faire de fautes grossières, que leurs enseignants n’osent ou ne sont plus en mesure de corriger. Les jeunes ont du mal à exprimer une idée clairement, mais s’en soucient de moins en moins, encouragés en cela par les médias et la publicité dans une sorte de nouvelle normalité.

Ce constat semble exagéré et vous avez raison : il ne concerne probablement que 80 % des membres de notre génération.

[...]


 

Le français ne survivra pas au Québec sans une masse critique francophone qui maîtrise, respecte et aime sa langue, et qui communique sa fierté aux nouveaux arrivants et aux anglophones. Toute loi qui tenterait de préserver le français au Québec sans qu’en parallèle soit mise en place une dynamique qui crée l’intérêt et la motivation pour la langue française ne pourra générer de résultats positifs, pas plus qu’un pansement ne peut guérir un membre gangréné.

Nous vous faisons quelques suggestions pour renverser la spirale destructrice dans laquelle se trouve le français au Québec :

  • Utiliser les heures gagnées par l’abolition du cours d’ECR pour renforcer l’apprentissage du français. La maîtrise de la langue est le meilleur moyen de renforcer l’esprit critique, la fierté et l’estime de soi des Québécois.
  • Donner le goût de la lecture dès le plus jeune âge par de courts textes, à lire à la maison avec leurs parents et à discuter en classe. Mobiliser les parents pour encourager la lecture et les sensibiliser à réduire le temps alloué à l’utilisation des téléphones portables et des réseaux sociaux.
  • Au secondaire, ouvrir les horizons des Québécois par la lecture d’œuvres francophones hors Québec. Il n’y a pas de honte à lire des auteurs français qui sont à la racine de notre littérature nationale. Au cégep, cesser de donner à lire des romans écrits en joual, qui devraient rester une curiosité. Toutes les littératures du monde font une différence entre la langue parlée et la langue écrite, pourquoi en serait-il autrement au Québec ?
  • Renforcer les rangs des enseignants en recrutant à l’étranger des professeurs francophones ou francophiles et maîtrisant le français. Renforçons aussi les compétences linguistiques du corps enseignant actuel.
  • Réunir les médias parlés et écrits et poser la question de leur rôle pour donner envie aux francophones de bien parler leur langue et aux nouveaux arrivants de l’apprendre et la pratiquer. Donner un mandat de renforcement des capacités linguistiques à l’Office québécois de la langue française qui pourrait travailler avec les médias et les publicistes sur une base volontaire. Il est sûrement possible de préserver la qualité de la langue tout en entretenant une spécificité québécoise.

Sans de telles mesures, nous pensons que la réalité linguistique du Québec dans 20 ans aura beaucoup changé. Vous en serez témoin, Monsieur le Premier Ministre.



États-Unis — Des profs lancent une université afin de lutter contre l’idéologie woke dans l’enseignement supérieur

Ses membres fondateurs entendent lutter contre la censure dans les facultés américaines.

« Nous ne pouvons pas attendre des universités qu’elles se réparent elles-mêmes. Alors, nous en créons une nouvelle » ; « Le système de l’enseignement supérieur est cassé » ; « Une université dédiée à la liberté de penser »… Aux États-Unis, un groupe de chercheurs, d’enseignants et de militants ont décidé de lancer leur propre université. Une manière de lutter contre une idéologie qui, selon eux, gangrène l’enseignement supérieur et même les plus prestigieuses institutions : celle qui impose la « censure » et empêche « la liberté de penser ».

Notons qu’il existe déjà d’autres universités « antiwoke » aux États-Unis, telles que Hillsdale (1400 étudiants), l’Université Brigham Young ou celle de Cedarville. Il existe même un palmarès des universités les plus conservatrices aux États-Unis. Cette nouvelle université semble plutôt se positionner au centre, sera libérale, voire progressiste à l’ancienne, mais résolument anti-woke.

Ainsi, l’établissement sera baptisé « l’Université d’Austin » et se situera dans l’état du Texas. Il ne dispense pas de diplômes pour l’instant, précisent ses fondateurs. Mais un enseignement sera organisé dès l’été prochain dans le cadre d’un programme baptisé « Forbidden Courses » (« les cours interdits », littéralement), est-il indiqué sur le site web de la faculté. Il sera proposé « aux meilleurs étudiants d’autres établissements » qui pourront ainsi assister à « une discussion animée autour des questions les plus provocatrices et menant souvent à une forme de censure ou d’autocensure dans la plupart des universités ». Selon le président de cette toute nouvelle université, Pano Kanelos, cet enseignement réunira des professeurs de tous les bords politiques afin « d’aider les étudiants à forger leurs propres opinions et idées », précise-t-il au New York Times.

« L’Université d’Austin est une université d’arts libéraux qui se consacre à la liberté de la recherche, la liberté de conscience et la discussion civilisée », lit-on encore sur le site. « Afin de garantir ces principes, l’université est farouchement indépendante tant financièrement, intellectuellement que politiquement. » Privée et pas encore accréditée, l’université d’Austin entend développer plusieurs masters en entrepreneuriat et leadership dès l’automne 2022 puis, un an plus tard, un master en politiques, histoire, éducation et service public.


 « L’université n’est plus le lieu où la curiosité prospère »

Les futurs étudiants suivront des cours en présentiel (séminaires, conférences, sessions d’études en effectifs réduits). En classe, « chaque opinion sera écoutée » et « devra être appuyée par des faits ». À l’automne 2024 sera lancé un premier cycle universitaire, ouvert aux étudiants qui viennent de sortir du lycée. Au cours des deux premières années, les étudiants « suivront un cursus en lettres, en sciences sociales et humaines. »

Pano Kanelos, indique au New York Times que l’idée a surgi après plusieurs échanges, notamment avec Bari Weiss. Cette journaliste s’est fait connaître pour avoir quitté le prestigieux journal américain après avoir été harcelée. La raison ? Elle ne pensait pas « comme il faut », indique-t-elle. Parmi les membres fondateurs se trouve Peter Boghossian, professeur de philosophie qui a démissionné de son poste à l’université de Portland après avoir été lui aussi harcelé. Au Figaro Étudiant, il témoignait : « L’université n’est plus le lieu où la curiosité intellectuelle prospère, c’est désormais le lieu où elle meurt. »

Enfin, qu’en est-il du financement d’un tel projet ? « Nous avons réuni l’argent nécessaire pour lancer l’université. Mais nous sommes en train de rassembler 250 millions de dollars, ce qui nous permettra de devenir une université polyvalente », est-il indiqué sur le site de l’établissement. De plus, ses membres fondateurs indiquent développer un « nouveau modèle financier » qui leur permettra de « diminuer les frais de scolarité en évitant de dépenser excessivement dans l’administration ». La majorité des ressources, est-il précisé sur le site, seront investies dans le programme académique de l’établissement. « J’aimerais que le coût de la scolarité soit en dessous de 30 000 dollars par année », confie Pano Kanelos au New York Times. 

Voir aussi 

Virginie — Victoire surprise d'un républicain en faveur du droit de regard des parents dans l'éducation de leurs enfants

Les jeunes attirés par la droite, parce qu’ils rejettent le wokisme, le correctivisme politique et le pharisianisme 

États-Unis — Princeton supprime l’obligation de faire du latin ou du grec pour les études classiques  

États-Unis — Suicide du professeur Mike Adams, harcelé et menacé sur les réseaux sociaux par des progressistes

Insister sur Pythagore et π perpétuerait le « privilège immérité » des Blancs

Pendant le Grand Réveil woke, l'écart des résultats en maths et en lecture entre les élèves noirs et blancs a cru de 20 % 

Patriarcat blanc : plus grande proportion de femmes racisées fréquentent désormais l'université que les jeunes hommes blancs

États-Unis — Pas de réduction de l’écart scolaire en maths et lecture entre les groupes ethniques

L'Université Evergreen (États-Unis) et les dérives du progressisme militant  (vidéo)

Le wokisme : des protestants puritains athées 

Le wokisme, hérésie du progressisme et produit du nihilisme fait moralisme

 

 

 

Selon une étude, Instagram favorise les troubles de l’image corporelle chez un tiers des ados

Les études internes de Facebook récemment divulguées au sujet des méfaits d’Instagram sur la santé mentale des jeunes font part d’une information que beaucoup considèrent comme particulièrement consternante. Pour une adolescente sur trois, son utilisation aggrave les problèmes d’image corporelle. Cette statistique, dévoilée par le Wall Street Journal, ne me surprend pas. Quand j’étais au collège, j’étais l’une d’elles.

Un jour, alors que je faisais machinalement défiler mon fil Instagram, je me suis arrêtée entre deux photos de chiens et de couchers de soleil pour lire plus attentivement un post en particulier. Un compte de mise en forme donnait un conseil tout simple pour perdre du poids : il suffisait de ne jamais manger lorsqu’on n’avait pas faim.

Ayant alors du mal à accepter les changements de mon corps, il m’avait semblé que ce billet proposait la solution dont j’avais désespérément besoin. Lorsque je n’avais pas faim à l’heure des repas, je me lamentais sur les kilos que j’allais prendre si je mangeais. Aussi, pour éviter ce problème, je diminuais mes portions un peu plus chaque semaine et m’autorisais rarement à manger si j’avais faim entre les repas. Je me pesais plusieurs fois par jour, ignorant ma faim si l’aiguille de la balance ne bougeait pas. En quelques mois, mon poids était descendu dangereusement bas, et mon comportement était devenu suffisamment inquiétant pour qu’on me diagnostique une anorexie.

Même lorsque j’ai commencé à aller mieux, je n’ai pu me résoudre à dire à mes amis ce que je traversais. Ayant tout de même besoin de sentir que je n’étais pas seule, je me suis tournée à la place vers Instagram. Sur ce réseau même qui avait déclenché mes troubles alimentaires, j’ai passé des heures à parcourir des dizaines de comptes, la plupart tenus par des adolescentes, où nous partagions nos expériences de guérison et nous soutenions mutuellement. Il suffisait de chercher un mot-dièse sur les troubles de l’alimentation pour obtenir un éventail de repas (trop) soigneusement composés, de récits de mauvais jours et de photos de corps squelettiques.

Je me sentais liée aux filles qui se cachaient derrière ces comptes d’une manière dont je ne pouvais l’être avec mes amies, avec mon groupe de soutien hors ligne ou mon psychiatre. Toutefois, les descriptions sans filtre de leurs troubles alimentaires ont peut-être plus nui à ma guérison qu’elles ne m’ont aidée. Seule dans ma chambre, sans personne réelle vers qui me tourner, je n’étais pas prête à affronter la peur et le désespoir que je ressentais lorsque je revivais par procuration les expériences des autres, si similaires aux miennes. Pourtant, j’avais l’impression qu’Instagram m’apportait un plus grand soutien que les médecins qui n’avaient pas vécu de troubles alimentaires — ce qui me dissuadait de suivre sérieusement mon traitement.

Plus inquiétant encore, les billets de « guérison » banalisaient les pensées et les comportements dangereux. Mon corps ne me semblait plus si malade que cela lorsque je le comparais à celui des jeunes filles qui devaient être hospitalisées. Quand chaque photo de nourriture que je voyais sur Instagram était accompagnée de la description de la tourmente émotionnelle qui couvait en dessous, je ne pouvais pas m’imaginer remanger un jour un vrai repas sans être interrompue par la voix de mon trouble alimentaire.

Ce que j’ai vécu n’est pas rare. Comme le prouvent les documents de Facebook qui ont fuité, Instagram augmente les problèmes d’image corporelle chez 32 % de jeunes filles qui se sentent mal dans leur peau. Pas moins de 40 % des personnes qui utilisent Instagram et déclarent se sentir peu attirantes rapportent qu’Instagram est à l’origine de ce sentiment. Ces résultats corrélationnels fondés sur des données rapportées par l’entreprise elle-même ne constituent pas une étude rigoureuse à même de prouver la relation de cause à effet. Mais, si des vies sont en jeu, il serait irresponsable de ne pas s’en préoccuper sérieusement.

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