dimanche 31 mai 2020

L'effondrement du mariage aux États-Unis, ses causes et ses effets



En 2012, un adulte sur cinq de 25 ans ou plus aux États-Unis n’avait jamais été marié auparavant, un niveau record, selon un nouveau rapport publié par le Pew Research Center qui a analysé les données de recensement de 2012. En 1960, ce nombre n’était que d’un sur dix.

Selon un sondage d’accompagnement mené par Pew en mai et juin 2014, seuls 53 % de tous les adultes n’ayant jamais été mariés ont dit qu’ils aimeraient se marier par la suite, en baisse de 61 % en 2010, environ 32 % ont déclaré qu’ils n’étaient pas sûrs, contre 27 % en 2010.

Les chiffres les plus frappants du recensement concernent les Afro-Américains. Environ 36 % des Noirs âgés de 25 ans et plus n’avaient jamais été mariés en 2012, comparativement à 25 % en 1990 et 9 % en 1960. Pour les blancs, la proportion de célibataires était de 16 % en 2012, contre 11 % en 1990 et 8 % en 1960.

Pour Thomas Sewell, cet effondrement de la conjugalité n’est pas sans rapport avec l’importance accrue de l’État-providence qui subventionne certains comportements jadis considérés néfastes (la monoparentalité par exemple). Notons que, pour Éric Zemmour, c'est le libéralisme économique et l'individualisme sans entraves (les institutions religieuses et les communautés proches n'ayant plus de poids) qui expliqueraient en grande partie cet état de fait.


Thomas Sowell en 1980 sur la famille noire et les politiques sociales délétères (en anglais) qui pourraient bien être responsables de la désintégration des familles noires.


Thomas Sowell compare en 2013 les classes inférieures en Grande-Bretagne et dans les ghettos aux États-Unis et les effets de l’État-providence des deux côtés de l’Atlantique (en anglais)

S’il est vrai que le déclin des institutions religieuses et l’importance croissante attribuée aux études universitaires jouent également un rôle dans cette chute de la nuptialité, pour le Wall Street Journal, un facteur important trop souvent négligé est tout simplement l’économie. Celle-ci a connu une croissance lente et de plus en plus inégale au cours des dernières décennies.

Les revenus n’ont pas augmenté pour la plupart des Américains depuis les années 1980, après ajustement pour l’inflation, même si les coûts de logement et d’éducation des enfants ont fortement crû. Les jeunes hommes ont été particulièrement touchés : pour les hommes de 25 à 34 ans, le salaire horaire médian a diminué en termes réels de 20 % depuis 1980.


En dépit de leurs difficultés économiques croissantes, de nombreux Américains considèrent la sécurité financière (ou au moins un partenaire avec un emploi) comme une condition préalable au mariage.

Dans son enquête de ce printemps, Pew observe que près de 80 % des femmes jamais mariées disent qu’un emploi stable était un critère très important pour elles dans le choix d’un conjoint ou d'un partenaire. Chez les hommes et les femmes qui n’ont jamais été mariés, mais veulent se marier, près d’un tiers ont répondu ne pas être prêts financièrement pour le mariage.

Le problème, explique Pew, le malaise économique de ces dernières décennies (dissimulé pendant un certain temps par la bulle immobilière) a rétréci le bassin d’hommes salariés éligibles. En même temps, l’éducation des femmes et leur participation au marché du travail ont généralement augmenté.

En d’autres termes, pour les femmes célibataires d’aujourd’hui, un « bon » mari est plus difficile à trouver.

Voir aussi







Idées reçues sur les blancs américains, écart moral et culturel croissant des classes sociales :  les classes moyennes supérieures blanches sont plus religieuses, plus souvent traditionnelles, plus souvent encore mariées que les classes sociales blanches moins nanties.



Pr Raoult : La médecine et la science ne sont pas politiquement correctes. En outre, nous nous trompons souvent.

Le professeur Didier Raoult en 2012 au Sénat. Il y aborde la relation entre les médias (les fausses terreurs) et la médecine, la gestion des maladies infectieuses et certains tabous modernes (liés, entre autres, au « coït anal réceptif »).



Montréal dans un nouveau délire

Mise à jour du 31 mai

Émilie Dubreuil nous en apprend plus sur les juristes militantes qui sont derrière ce « nouveau délire » féministe linguistique comme l'a qualifié Mathieu Bock-Côté (cf. infra) :

Pour élaborer sa nouvelle politique linguistique de communication épicène, Montréal a eu recours à des activistes qui n’ont pas de formation en linguistique.

Lundi 25 mai. Pandémie oblige, le conseil municipal de la Ville de Montréal a des airs futuristes. Les membres du conseil municipal parlent chacun tour à tour de chez eux.

Depuis son appartement aux teintes de blanc, la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, se dit heureuse d’annoncer, à titre de responsable du dossier des communications au comité exécutif, qu’il y aura des formations pour utiliser le mode de communication épicène, car c’est, disait-elle, une priorité : de s’adresser aux gens de manière inclusive.

On pourrait dire d’ailleurs, en féminisation lexicale, les membres et les « membresses ». « Membresse » est utilisé dans certains milieux féministes dans une optique de « féminisation ostentatoire », expliquent Suzanne Zaccour et Michaël Lessard dans leur Grammaire non sexiste de la langue française, publiée aux éditions Syllepse, en 2017. Le féminin ostentatoire est marqué à l’oral; ainsi, la réhabilitation des femmes ne se limite pas à l’écrit, peut-on lire à la page 32 de l’ouvrage.

Les auteurs de cette grammaire ont été retenus par la Commission de la présidence du conseil de Montréal pour guider les élus dans la formulation de recommandations pour élaborer la nouvelle politique de communication épicène de la Ville. La commission a accueilli des ressources internes et externes, spécifie le mandat d’initiative sur la rédaction épicène.

D’abord, la Commission a pris connaissance des recommandations existantes de l’Office québécois de la langue française, puis de celles de Suzanne Zaccour et Michaël Lessard, que le mandat d’initiative présente ainsi : deux spécialistes de l’Université McGill qui ont coécrit la Grammaire non sexiste de la langue française. Ces « spécialistes » ne sont cependant ni linguistes, ni terminologues, ni grammairiens. Ce sont deux juristes de l’Université McGill connus pour leur militantisme.

Après McGill, Suzanne Zaccour a poursuivi des études de droit au troisième cycle à la prestigieuse Université d’Oxford. Ses recherches portent sur la culture du viol et la critique féministe du droit. Elle a publié l’an dernier, chez Leméac, un essai intitulé La fabrique du viol. Elle a aussi fait parler d’elle en écrivant une critique du concept « d’aliénation parentale » dans le quotidien La Presse l’an dernier. Dans ce texte, elle affirmait que le « syndrome de l’aliénation parentale » était une stratégie masculiniste qui s’employait au détriment des femmes. L’an dernier, elle prononçait une conférence à l’Université de Montréal sur les liens entre culture du viol et exploitation animale.

Quant à Michaël Lessard, ses travaux portent principalement sur la place du genre en français, le traitement des victimes d’agression sexuelle, le droit des familles et le droit des personnes, peut-on lire dans la brève biographie proposée par son éditeur.

Jointe au téléphone, Kathy Wong, présidente du conseil municipal actuellement en fonction et qui a dirigé cette commission, précise que les auteurs n’ont pas donné de formation linguistique à proprement parler, mais plutôt fourni un bagage historique et sociologique aux élus sur la langue épicène.

Ils n’ont pas été rémunérés. Ce n’est pas la Commission de la présidence qui a sollicité l’avis de ces deux chercheurs, mais plutôt le Conseil des Montréalaises.

Les deux chercheurs/juristes sont venus présenter leur perspective historique et sociologique en séance de travail le 13 juin 2018 lors d’une courte présentation d’environ 45 minutes, incluant une période de questions des membres de la Commission, précise Mme Wong.

Pourquoi faire appel à des non-experts? Je ne vois pas pourquoi la Ville fait appel à des personnes non expertes alors qu’au Québec, toute l’expertise est là et qu’elle est là depuis un bon moment, dit Marie-Éva de Villers, linguiste et lexicographe, connue pour son Multidictionnaire de la langue française. Les guides de féminisation et de langue épicène ont été conçus avec un grand professionnalisme par des experts de l’OQLF et sont entrés dans les mœurs des grandes institutions depuis un bon moment, ajoute Mme de Villers.

Auteure de l’avis officiel de féminisation des titres à l’Office québécois de la langue française, en 1977, la lexicologue est une pionnière dans le domaine de la féminisation de la langue. On ne peut, bien évidemment, que souscrire à cette idée de rendre l’écriture la plus épicène possible, mais à condition, toutefois, que cela demeure correct et lisible, explique la linguiste.

Texte du 28 mai 

Texte de Mathieu Bock-Côté.

Radio-Canada rapportait vendredi que la Ville de Montréal soumettra bientôt ses employés à des séances de rééducation linguistique, pour leur apprendre à réécrire comme l’exigent certaines ultraféministes. En pleine pandémie, la gauche radicale garde le sens de ses priorités.

En gros, il faudrait réinventer les règles de la langue française. C’est le règne de l’écriture inclusive et épicène.

On apprendra à tordre les règles de la langue et à écrire de la manière la plus « neutre » possible, quitte à déformer la grammaire et le sens des mots pour lutter contre la supposée « suprématie du masculin ».

Grammaire

Idéalement, on veut effacer le masculin et le féminin – voyons-y un écho de la théorie du genre qui rêve d’un monde sexuellement neutre, aseptisé.

Tout cela au nom de l’inclusion et de la lutte contre l’oppression. Les grands mots accouchent de grands maux.

Comment ne pas voir là une forme d’hallucination idéologique et linguistique ?

Derrière l’écriture inclusive, on trouve une forme de féminisme paranoïaque qui se croit en lutte contre la « suprématie du masculin » dans la langue française.

Ceux qui en font la promotion ont tendance à voir du sexisme dans les règles de la langue française, mais à n’en voir aucun dans le voile islamique.

Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.

C’est le néoféminisme académique qui cache derrière l’appel à l’émancipation féminine une aversion pour le grand méchant homme blanc.

Cette reconstruction idéologique du français est toxique.

Il faudrait pousser à l’apprentissage du français, pas le détruire.

Dialecte

Le dialecte montréalais, qui versait déjà dans cette forme particulière de la démence linguistique qu’est le franglais, se détachera encore plus du français international. Nos Inclusifs, qui se croient ouverts sur le monde, nous enfoncent dans un provincialisme étouffant.

Il m’arrive de croire que la gauche radicale est une forme de névrose idéologique.

Chose certaine, écrire correctement deviendra un acte de dissidence intellectuelle dans l’administration municipale « projetmontréalienne ».