vendredi 7 octobre 2022

Canada — Trudeau envisage de régulariser près d'un demi-million d'immigrants illégaux

Près d’un demi-million de travailleurs sans statut (légal) pourraient obtenir leur résidence permanente, a appris Radio-Canada. Du jamais-vu dans l’histoire du pays.

Un programme massif de régularisation, le plus important dans l’histoire du Canada, pourrait prochainement voir le jour. Selon les informations obtenues par Radio-Canada, le gouvernement de Justin Trudeau a entrepris, au cours des dernières semaines, des démarches poussées auprès de plusieurs organismes pour dessiner les contours d’un tel programme.

« On explore et on regarde ce qu’on pourrait mettre en place », confie une source gouvernementale, qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement. « On regarde les façons de régulariser des personnes qui vivent au Canada avec un statut précaire. », d’ajouter cette source gouvernementale.

Ottawa envisage de régulariser des dizaines de milliers de personnes sans statut légal. On parle potentiellement d’environ 500 000 personnes, reprend cette source gouvernementale.

Plusieurs acteurs du milieu de l’immigration ont confirmé ces informations à Radio-Canada et avoir confié avoir, depuis cet été, des discussions avec des représentants d’Immigration Canada.

Plusieurs manifestations ont été organisées depuis le début de la pandémie, dans plusieurs villes canadiennes, pour demander la régularisation des migrants sans statut légal.

Ni les travailleurs temporaires ni les demandeurs d’asile

Les critères d’accès à ce futur programme de régularisation sont encore méconnus. Aucune date de lancement ne circule non plus.

« On a été jaugé, on est au courant, mais le programme n’est pas encore ficelé », explique Hady Anne, responsable de Solidarité sans frontière.

 

À ce jour, ni les travailleurs temporaires ni les demandeurs d’asile ne seraient concernés par ce programme. Ni, donc, les dizaines de milliers d’immigrants illégaux (Radio-Canada parle uniquement de « familles » c’est plus douillet, plus sympa) arrivées récemment au chemin Roxham, dont l’étude du dossier est toujours en cours.

On parle plutôt des sans-papiers et des travailleurs qui ont vu leur permis ou visa expirer dans les dernières années, ou des personnes dont le statut de réfugié a été refusé, qui sont bloquées au Canada en raison d’un moratoire. Bref, des gens qui ne sont plus légalement au Canada.

En réalité, cette volonté du gouvernement Trudeau n’est pas une totale surprise.

Cette idée, passée totalement inaperçue jusqu’ici, figure dans la lettre de mandat du Premier ministre envoyée, en décembre dernier, au ministre de l’Immigration, Sean Fraser.

Dans ce document, il est demandé au ministre de « poursuivre l’exploration de moyens de régulariser le statut des travailleurs sans-papiers qui contribuent aux communautés canadiennes ».

Interpellé par Radio-Canada, le cabinet du ministre Fraser confirme de telles avancées et assure qu’Immigration Canada est en contact depuis « tout récemment » avec « des spécialistes universitaires et des intervenants de l’industrie ». « Le travail à exécuter pour mener à bien ce mandat est en cours », de préciser Rémi Larivière, porte-parole d’Immigration Canada.

Immigration Canada « continuera d’envisager de nouvelles avenues afin d’aider davantage d’étrangers qui habitent actuellement au Canada à s’y établir de façon permanente », précise Rémi Larivière, en rappelant les « politiques audacieuses et innovatrices » du gouvernement libéral.

Québec refuse de se prononcer

En coulisses, une question revient sans cesse : cet important programme de régularisation visera-t-il les sans-papiers du Québec ? En raison de l’Accord en immigration signé entre le Canada et le Québec, le gouvernement du Québec a son mot à dire.

Selon plusieurs personnes sondées par Radio-Canada, l’optimisme ne règne pas. « On craint que Québec aille compliquer les choses », affirme Hady Anne, de l’organisme d’extrême gauche Solidarité sans frontière, en pointant la régularisation des anges gardiens, durant la pandémie.

Ce programme, lancé fin 2020, a été réservé aux demandeurs d’asile qui ont donné des soins de santé aux personnes touchées par la COVID-19 dans les établissements de santé. Devant la volonté d’Ottawa d’élargir cet accès exceptionnel, Québec a refusé d’aller plus loin. Au printemps 2021, le gouvernement Legault s’est fermement opposé à l’accélération de l’obtention de la résidence permanente, proposée par le fédéral, pour des dizaines de milliers de travailleurs temporaires et étudiants étrangers. 

Un programme « ambitieux » selon les partisans de celui-ci

Tout en applaudissant cette idée fédérale, l’avocate Lisa Middlemiss craint une certaine jalousie provenant « des personnes qui sont là légalement au Canada ». De nombreux immigrants, travailleurs temporaires, connaissent actuellement des « obstacles » et « de longs délais pour obtenir leur résidence permanente », rappelle la présidente de la section du droit de l’immigration de l’Association du Barreau canadien. 

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau, de son côté, menace de « continuer à soutenir les programmes d’immigration inclusifs qui [répondraient] aux besoins économiques du Canada et qui [alimenteraient] notre croissance ». L’immigration de masse n’alimente pas la croissance par habitant ni du Canada ni du Québec (voir notamment L’économiste Pierre Fortin : non, le Québec n’a pas besoin de 80 000 immigrants par an).

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France — Les catholiques et les droites (m à j)

Recension de l’ouvrage dans le Figaro Histoire 

La droite du Père ? Sous cette appellation, une trentaine d’auteurs explorent les relations des catholiques français avec les droites entre 1945 et aujourd’hui. 

L’ouvrage suit un ordre chronologique et thématique, avec à la fin de chaque chapitre le portait d’un protagoniste (Jacques Barrot, Jean Ousset ou Chantal Delsol, par exemple).

Passons sur les erreurs matérielles (né en 1944, Jacques Trémolet est présenté comme l’avocat du maréchal Pétain) ou sur les jugements à l’emporte-pièce (l’intellectuel Jean Madiran assimilé au complotisme).

Si ce volume regorge d’informations, ses biais méthodologiques interrogent parfois en ce qu’ils laissent dans l’ombre des pans du catholicisme de droite actuel (les universités et les actes de Renaissance catholique ou le monde des écoles hors contrat complètement ignorés, par exemple, le traditionalisme traité avec désinvolture). Étonnant.

 


Entretien dans La Nef, 3/X/2022

Florian Michel (FM) et Yann Raison du Cleuziou (YRC) ont dirigé un ouvrage : À la droite du Père. Les catholiques et les droites de 1945 à nos jours. Ils nous parlent ici de ce livre appelé à devenir une référence.

— Quel était votre objectif en vous lançant dans ce travail important ?

Florian Michel – Le volume, qui rassemble les contributions d’une trentaine d’auteurs, examine les liens depuis le sortir de la Seconde Guerre mondiale entre les droites et les catholiques. Il offre de ce fait une large fresque sur presque huit décennies de l’histoire de France. L’objectif était de restaurer la complexité de ce segment du paysage politique, d’en étudier la vitalité, les expressions, les idées, les combats, mais aussi les silences et les épuisements. Les termes du titre — les catholiques et les droites — sont au pluriel pour inclure à la fois les droites de gouvernement et les droites extrêmes, les catholiques de centre droit — les « modérés » qui transigent avec la modernité — et les catholiques plus conservateurs, voire réactionnaires ou contre-révolutionnaires.

— En quoi le volume publié comble-t-il un manque ?

FM – Le point de départ du projet est un constat : émiettement de la bibliographie, avec des études poussées sur des sujets circonscrits, et absence d’une synthèse qui couvrirait le spectre politique depuis le centre jusqu’aux marges. Une vaste synthèse existait pour les « cathos de gauche », avec le volume À la gauche du Christ. Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours (Seuil, 2012), alors même que les catholiques de gauche sont minoritaires au sein des gauches et dans l’Église. Nous avons voulu proposer la part complémentaire de ces analyses : la droite du Père. Il fallait pour commencer revenir sur un point aveugle de l’étude classique de René Rémond, qui avait — avec soin — esquivé le sujet, alors même que son ouvrage, La droite en France, paru en 1954, soulignait le lien étroit entre les droites et les catholiques. René Rémond était alors convaincu que les « droites catholiques » étaient un objet historique en phase terminale, en train, pour ainsi dire, de sortir de l’histoire. La suite de l’histoire montre au contraire qu’il n’en était rien.

— Que conclut votre étude sur la « proximité naturelle » entre droite et catholicisme, et que doit cette proximité à la Révolution ?

FM – Cette proximité entre droite et catholicisme, que René Rémond n’avait pas souhaitée préciser, est en fait à la fois un angle mort et une image d’Épinal, qui se traduit dans le langage en des formules quasi proverbiales : l’alliance du trône et de l’autel, du sabre et du goupillon, de l’autel et du coffre-fort, etc. Depuis la Révolution française, il est établi que la droite, le parti du Roi et de l’ordre, et le catholicisme ont formé un ménage inégal, mais stable, uni pour le meilleur et pour le pire, aux heures sombres et aux heures de gloire, traversant ensemble les bouleversements de l’histoire de France.

Cette proximité naturelle entre droite et catholicisme a été contestée par la voix singulière du sociologue Émile Poulat, qui avait ainsi retracé l’opposition au XIXe siècle entre l’Église et la bourgeoisie dans un livre fameux (1977), et qui, résumant des années de recherche, écrivait : « Pour le catholicisme, la distinction classique droite-gauche n’est pas pertinente. […] Il a conscience d’être pris dans un jeu triangulaire où il représente l’offre d’une troisième voie. » L’hypothèse d’Émile Poulat valait avant tout pour les pays autres que la France — l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, etc. — où le processus révolutionnaire a été moins violent et où un « bloc catholique », associant un parti politique et un syndicat, a pu effectivement se constituer. Pour la France, du point de vue des électeurs, et non pas du point de vue du catholicisme pris en soi, abstraitement considéré, cette troisième voie catholique, celle du « ni droite ni gauche », a surtout été une hypothèse intellectuelle ou pastorale — pas de politique dans la maison de Dieu ! —, alors même que selon les élections une proportion stable, entre 70 et 75 % des catholiques pratiquants, ne cesse de voter pour les partis des droites. La « proximité naturelle » entre les droites et les catholiques a été également dénoncée en France par les partis de gauche, de la SFIO au PCF, en ce qu’elle ruinait par avance le schéma de la « lutte des classes » : le petit paysan catholique ou la postière catholique avaient plus d’affinités culturelles et politiques avec les droites qu’avec les partis de la Révolution.

— Comment la hiérarchie catholique française a-t-elle évolué depuis 1945 dans son rapport à la politique en général ?

FM – Pour les évêques français, la leçon de la Seconde Guerre mondiale est celle de la prudence en matière politique. En 1944, le chrétien-démocrate Étienne Gilson écrivait par exemple : « Je ne demande pas la tête de nos cardinaux, mais je souhaite qu’on leur fasse une belle peur, si épouvantable même que leurs successeurs se souviennent une fois pour toutes de ne pas se mêler de politique, fût-ce pour nous dire qui est le chef légitime de l’État. » Le positionnement des évêques dans le domaine de la politique partisane suscite par définition l’irritation non seulement des pouvoirs publics — cela est minime — mais plus profondément la division des fidèles légitimement partagés entre les diverses sensibilités et options. Pour les évêques, après 1945, on observe tout à la fois — selon les moments — un désir de neutralité, puisque « l’unité de l’Église transcende la division politique de ses membres », comme l’explique Mgr Haubtmann, recteur de la « catho de Paris » en 1971, mais aussi la volonté, un peu maladroite parfois, de se tenir à l’écart de « Matignon » et de « l’Élysée », l’obligation de négocier avec quelques ministres ou, en sens contraire, de sembler organiser la riposte, comme Mgr Lustiger en 1984 au sujet de la bataille scolaire. Le texte crucial sur ce point, adopté par les évêques à Lourdes en octobre 1972, a pour titre « Pour une pratique chrétienne de la politique ». La subtilité est dans l’adjectivation : il n’y a pas de « politique chrétienne » ; il y a en revanche une « pratique chrétienne » de la politique, ce qui en interne validait le pluralisme des engagements, tout en mettant l’accent sur l’humain qui doit demeurer au cœur des politiques.

— Quelle est la place des catholiques dans la vie politique française durant la longue période traitée par le livre ?

Yann Raison du Cleuziou – Il faut d’abord dire qu’il n’y a pas de sens de l’histoire : la vie politique française ne s’est pas vidée de sa dimension religieuse de manière continue depuis la Révolution française. Au contraire, la IVe République puis les débuts de la Ve sont marqués par l’omniprésence de militants catholiques assumés aux rôles de premier plan, contrairement à la IIIe République. Il suffit de penser à Robert Schuman, Edmond Michelet, Georges Bidault, Antoine Pinay, Jean Foyer, Jean Royer… et de Gaulle ! Le MRP propulse les démocrates-chrétiens au gouvernement de manière durable. Le président René Coty est le premier à aller en voyage officiel à Rome où il reçoit la décoration de l’Ordre du Christ. En 1958, bien que le préambule de la Ve République ne fasse pas mention de Dieu comme le demandait une partie des droites mobilisée derrière l’UDCA de Pierre Poujade, il sera fait mention qu’elle « respecte toutes les croyances », ce qui est le signe net d’une rupture avec le passé anticlérical de la République. Le général de Gaulle se rend à Rome pour recevoir le titre de chanoine honoraire du Latran. Il est même question de l’opportunité d’un nouveau concordat. La loi Debré qui pacifie la question scolaire en tient quasiment lieu. Durant les années 1960, l’Église catholique et la République convergent donc dans la recherche d’un nouvel alliage entre tradition et modernité. Mais derrière ce moment d’entente aux sommets, les droites et le catholicisme se fissurent de l’intérieur et une nouvelle expression réactionnaire se constitue en opposition à la décolonisation légitimée par le général de Gaulle, tout autant qu’en opposition à l’aggiornamento mis à l’agenda par le concile Vatican II.

— La place du catholicisme est aussi fragilisée dans la société française à cette période. C’est en 1965 que la chute de la pratique religieuse s’accélère, quel est le tournant à partir duquel le catholicisme est marginalisé en politique ?

YRC – Pour penser la marginalisation politique du catholicisme, il faut partir du contexte de la « Seconde Révolution française » décrit par Henri Mendras, car c’est un processus complexe. À partir de l’après-guerre, les structures sociales ont évolué plus rapidement qu’au cours des deux siècles précédents. Mai 68 est un point émergent de ce processus profond. René Rémond avait coutume de dire que l’Église catholique et le Parti communiste en furent les principales victimes. On pourrait ajouter aussi le gaullisme. Car ce qui change, c’est que l’horizon de l’émancipation qui était jusqu’alors pensé à une échelle collective (la classe sociale, l’Église militante, la nation) s’individualise.

— Désormais c’est à la société de rendre des comptes face aux exigences de l’épanouissement individuel. Le progressisme se recharge-t-il alors d’une série de nouveaux combats orientés vers la libération des droits individuels ?

YRC – Oui, ce progressisme devient compatible avec les droites. Valéry Giscard d’Estaing marque ce tournant libéral au sein des droites. L’électorat catholique le suit, car la foi catholique elle-même est reconfigurée par l’individualisation de l’horizon de l’émancipation. Le dédain pour les obligations religieuses s’affirme à mesure que l’expérience de Dieu est identifiée à l’épanouissement personnel. L’encyclique Humanae Vitae de Paul VI est reçue avec défiance pour cette raison. C’est une majorité parlementaire composée de catholiques qui votent la loi Veil. Si des catholiques pensent encore tirer une politique de l’Écriture Sainte, ils se trouvent plutôt à gauche. En 1974, 11 évêques signent un manifeste de l’Action Catholique en faveur de François Mitterrand. L’opposition catholique à ces nouveaux droits individuels qui recomposent la norme de la filiation, de la famille ou la sexualité va se construire de manière marginale tout autant au sein des droites que de l’Église. Ce n’est qu’à partir de l’élection de Jean-Paul II que ces catholiques conservateurs recevront plus de soutien au sein de celle-ci.

— Vous expliquez que « la sécularisation de la société entraîne… une désécularisation interne du catholicisme » : que voulez-vous dire précisément ?

YRC – Si maintenant on se penche sur les décennies récentes, il est frappant de constater que les réseaux conservateurs qui se constituent à la marge dans les années 1970 ont aujourd’hui changé d’échelle et gagné en influence au moins dans l’Église de France si ce n’est au sein des droites. On l’a vu avec La Manif pour tous. En effet, dans un contexte de détachement massif à l’égard de la foi, le catholicisme se recompose sur ceux qui restent. Tendanciellement chez les jeunes catholiques pratiquants aujourd’hui, on ne trouve pas le même pluralisme que chez les pratiquants plus âgés. Les sensibilités conservatrices en se perpétuant mieux, gagnent en influence dans un catholicisme qui se rétracte, ce qui se traduit par une certaine désécularisation des formes et des convictions catholiques actuelles. J’avance qu’à ce titre au XXIe siècle, contrairement aux années 1960-1970, le catholicisme français est pris dans une dynamique dextrogyre si on regarde la base des fidèles. Cela parachève la marginalisation du catholicisme au sein des droites. Car celles-ci sont prises dans une dynamique inverse, sinistrogyre, décrite par Albert Thibaudet : l’acceptation du changement social déplace les droites vers la gauche. Ainsi en a-t-il été pour toutes les lois portant sur la famille, la sexualité ou la filiation. Les catholiques conservateurs qui refusent ces évolutions sont donc repoussés vers la droite de la droite. L’élection présidentielle de 2022 est symptomatique, car au sein des droites, les votes des pratiquants réguliers en faveur des droites contestataires (RN et Reconquête) y dépassent au premier tour ceux en faveur des droites de gouvernement (LR et LREM) [Sondage IFOP pour La Croix, 10 avril 2022]. Mais ce glissement droitier ne satisfait pas tous les catholiques conservateurs. Certains se replient sur leurs familles et leurs écoles où ils entrent dans une logique minoritaire et veillent avant tout à protéger les conditions de leur perpétuation. Les catholiques de droite modérés qui restent très nombreux (rappelons qu’Emmanuel Macron arrive en tête du vote des pratiquants au premier tour) invisibilisent, tendanciellement, quant à eux, leur identité catholique en politique afin de ne pas être marginalisés.

— En conclusion, vous écrivez : « le catholicisme est, à droite, la forme changeante de la nécessité immémoriale de donner sens, pondérer ou résister aux effets du changement social » (p. 619). Pouvez-vous nous expliquer ce phénomène ?

YRC – Alors que les catholiques s’effacent dans la société française si on retient le critère de la fidélité à la messe dominicale pour les identifier, on constate qu’il n’a jamais été autant question de la défense des racines chrétiennes en politique. Cela n’est qu’apparemment contradictoire, car c’est justement parce que le catholicisme devient un patrimoine qu’il peut faire l’objet de nouveaux usages politiques indépendamment de la foi. Éric Zemmour, par exemple, en a fait un marqueur de la frontière culturelle qui permet de distinguer les vrais Français de ceux qui sont inassimilables. Cette instrumentalisation du christianisme n’est pas sans évoquer l’usage que les républicains ont fait des Gaulois au XIXe siècle : un passé mythifié pourvoyeur d’identité et en capacité [capable] de recharger le sentiment d’appartenance nécessaire à la cohésion sociale et à la défense contre les ennemis. Ainsi, le recours aux racines chrétiennes sert à conjurer des changements sociaux évalués comme des menaces. « Il n’y a pas de sacré du jour même », écrit l’historien Alphonse Dupront. Pour sacraliser quelque chose face à une altération possible, le recours aux grandeurs passées et au christianisme comme « incarnation sacrale du temps » (toujours Dupront) est un mouvement classique au sein des droites. La foi ou le catholicisme comme culture ne sont plus des dimensions essentielles des droites actuelles, mais, de manière caractéristique ces dernières décennies, celles-ci redeviennent une ressource de sens ou de mobilisation à chaque fois que le changement social s’accélère.

— Finalement, vous proposez de distinguer les catholiques de droite en fonction de leur rapport au temps.

YRC – Oui je montre que si on prend du recul par rapport aux ancrages doctrinaux, les catholiques de droite déterminent souvent leur position en fonction de leur « régime d’historicité », c’est-à-dire leur manière de penser l’articulation entre passé, présent et avenir. Le concordiste pense que l’avenir est plein de potentialité pour le christianisme et qu’il ne faut pas avoir peur de se détacher de ses formes héritées. Refuser le changement, c’est marginaliser le catholicisme dans la société à venir. Le conservateur pense que l’avenir ne sera profitable que dans la mesure où le legs du passé y est conservé. Il est prêt à accepter certains changements dans la mesure où cela ne compromet pas la perpétuation de cet héritage. En fonction de son interprétation de ce qui est au cœur de la tradition, il aura ainsi plus ou moins de souplesse. Enfin, le réactionnaire considère le présent et l’avenir avec défiance, comme des conséquences mauvaises d’un choix passé qu’il convient de corriger. La marche arrière est ainsi la condition d’une restauration de l’avenir. Et bien sûr, au cours de leur vie politique, les militants catholiques peuvent aller d’une attitude à une autre en fonction de la profondeur du changement qui est à l’ordre du jour.

Source : La Nef

À la droite du Père.
Les catholiques et les droites de 1945 à nos jours,
Sous la direction de Florian Michel et Yann Raison du Cleuziou,
paru au Seuil,
à Paris
en octobre 2022,
784 pp.,
ISBN-10 : 2 021 472 337
ISBN-13 : 978-2021472332

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Affiche subventionnée par Québec « contre la violence sexuelle » faite aux trans (m à j)

Sur la page Facebook du Cégep de Valleyfield:

« Ça aussi, c’est de la violence sexuelle. »

Plusieurs formes de violences sexuelles sont spécifiques aux communautés LGBTQIA2S+. Trop souvent, on a tendance à banaliser la violence sexuelle vécue par ces communautés.

Ce projet est rendu possible grâce au Collectif social, au Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie, au Ministère de la Justice du Québec et au Gouvernement du Québec, en collaboration avec Interligne et le GRIS Montréal.

Au Cégep de Valleyfield, la violence sexuelle, c’est l’affaire de tout le monde et on prend ça au sérieux. Dans les prochaines semaines, tu pourras voir toutes les affiches de notre nouvelle campagne sur la violence sexuelle vécue par les communautés LGBTQIA2S+ sur les espaces d’affichage du cégep.

#hyperbole

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Éric Zemmour : l'école française est à la confluence des maux du pays

Pour le président de Reconquête ! , Éric Zemmour, qui a lancé le réseau des « Parents vigi­lants », l’ins­ti­tu­tion sco­laire française est à la confluence des maux du pays. Il a publié ce texte dans Le Figaro de ce 7 octobre.

Je vais vous faire une confidence : lorsque le 11 septembre dernier, j’ai décidé de créer un réseau des « Parents vigilants » dans toute la France, je n’imaginais pas que l’actualité nous donnerait raison si vite, si fort. J’avais pourtant été marqué pendant ces mois de campagne présidentielle par l’inquiétude des parents pour l’école de leurs enfants. Ici un couple m’expliquait qu’ils rêvaient de déménager pour éviter à leur enfant d’intégrer une école où les « Gaulois » étaient désormais minoritaires. Là, un grand-père effondré me dépeignait la façon dont l’histoire de notre pays était enseignée à son petit-fils, qui ne connaissait pas Napoléon, alors qu’il était en seconde. Une mère célibataire était désemparée face à son fils de 7 ans qui lui demandait s’il pouvait devenir une petite fille après le passage d’une association dans sa classe. Tous me livraient la chronique d’une institution à la dérive.

Tous ces récits ont été corroborés par les témoignages recueillis sur le site internet créé dans le cadre de notre campagne. Parallèlement se répandaient sur les réseaux sociaux les images de violences — contre les élèves ou les professeurs — sans compter les provocations islamiques : la semaine dernière, je découvrais une vidéo de jeunes Maghrébins, hilares, revêtus du qamis pour leur photo de classe au lycée. Fin août, une note du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR — dont il faut saluer le travail minutieux) avait déjà alerté sur une offensive islamique en milieu scolaire. De fait, les vidéos incitant au port du voile en classe, ou encore invitant à faire la prière dans l’enceinte du lycée, se sont multipliées ces dernières semaines.

Pendant ce temps, notre ministre de l’éducation, inclusive davantage que nationale, a de tout autres préoccupations. Pap Ndiaye a récemment prouvé qu’il n’en avait pas fini avec sa mise en accusation de la France, s’en prenant à notre pays depuis les États-Unis. S’il n’était pas occupé à disserter sur la difficulté de la France à parler des races — cela s’appelle peut-être l’universalisme républicain ! —, Pap Ndiaye aurait vu la déferlante de messages postés par des jeunes issus de l’immigration lors de la rentrée, regrettant le nombre de Français — c’est-à-dire pour eux de Blancs — dans leurs classes. Il aurait également visionné le documentaire diffusé sur la chaîne Public Sénat montrant des jeunes noirs et maghrébins du collège parisien Berlioz accueillant sans tendresse une « invasion des Blancs » venue du collège voisin Coysevox : « Les Blancs, ils ne servent à rien », rigole une jeune fille noire. De jeunes Blancs qui servent au moins de chair à canon à la propagande imposée par l’éducation nationale, contraints d’endosser le rôle d’Américains racistes dans une reconstitution théâtrale du célèbre épisode du bus dans lequel Rosa Parks refusa de se soumettre aux règles de l’Amérique ségrégationniste des années 1950. À voir ces enfants clamer leur credo antiraciste, on se croirait revenu au temps de la propagande communiste dans les écoles de L’URSS stalinienne.

À la même époque, il est vrai, Lyssenko expliquait doctement que les lois de Mendel sur l’hérédité étaient infondées et exigeait l’application de « la dialectique marxiste aux sciences de la nature ».

De nos jours, les héritières féministes de Lyssenko condamnent la biologie comme une science « patriarcale ».

Ce sont ces adeptes de la théorie du genre qui ont aujourd’hui pignon sur rue dans notre université. Ce sont à eux que notre ministre veut livrer les cerveaux malléables de nos enfants, en relançant « l’éducation à la sexualité », y compris dans les écoles maternelles et primaires, pour lutter en particulier contre « les LGBT-phobies ». Les plus hautes autorités de l’état se font les relais de cette propagande : une circulaire ministérielle (validée il y a quelques jours par le Conseil d’État) permet désormais aux élèves dits « transgenres » d’utiliser à l’école leur « prénom d’usage », c’est-à-dire celui qu’ils ont choisi eux-mêmes.

On le voit, l’école est à la confluence des trois phénomènes qui désagrègent notre nation millénaire : le grand remplacement, le grand déclassement, et le grand endoctrinement.

Le wokisme s’ajoute à l’islamisation pour détruire tout ce qui reste de français dans notre école publique. C’est une alliance conflictuelle, car les parents musulmans sont, plus que d’autres et avec raison, ulcérés par la dérive « genrée » et LGBT de l’éducation nationale. Mais, demain, entre militantes woke aux cheveux bleus et militantes islamiques aux cheveux couverts, les dernières petites têtes blondes longeront les murs la tête baissée.

La baisse du niveau scolaire, constatée dans tous les classements internationaux, ôte à nos enfants les moyens intellectuels de développer leur esprit critique face au grand endoctrinement, qu’il soit antiraciste, féministe, écologique, LGBT. Le grand déclassement des professeurs, social et culturel, les empêche de résister aux idéologues du pédagogisme qui leur interdisent de transmettre leur savoir.

Hors quelques courageux professeurs et chefs d’établissement encore désireux de transmettre le savoir, les parents doivent comprendre qu’ils ne peuvent aujourd’hui compter ni sur l’institution, ni sur le ministre, ni sur les juridictions. Je les invite à se regrouper, s’organiser, témoigner aussi, ne plus rien laisser passer, pour l’avenir de leurs enfants. C’est-à-dire celui de notre nation.

« La baisse du niveau scolaire, constatée dans tous les classements internationaux, ôte à nos enfants les moyens intellectuels de développer leur esprit critique » face au grand endoctrinement.


Douze juges fédéraux américains décident de ne plus recruter de candidats de la faculté de droit de Yale

Invoquant la liberté d’expression, 12 juges fédéraux déclarent qu’ils ne prendront plus d’auxiliaires juridiques provenant de la faculté de droit de Yale. Sous la direction du juge qui lui est affecté, l’auxiliaire juridique fait des recherches sur des points de droit, rédige des mémoires sur des questions juridiques et, d’une manière générale, assiste le juge dans les travaux de la Cour. Il s’agit d’un poste prestigieux très convoité par les jeunes diplômés en droit.

 

Une douzaine de juges fédéraux disent qu’ils n’embaucheront plus d’auxiliaires de l’Université de Yale, citant une série de scandales qui, selon eux, ont porté atteinte à la liberté d’expression et à la diversité intellectuelle.

Outre le juge de Cour d’Appel James Ho, qui a annoncé jeudi qu’il n’embaucherait plus d’auxiliaires diplômés de la faculté de droit la mieux classée du pays, 12 juges fédéraux — de tribunaux de première et de seconde instance — ont déclaré au Washington Free Beacon qu’ils se joignaient au boycottage.

« Les étudiants doivent être conscients qu’ils auront moins de perspectives s’ils étudient à Yale », a déclaré un éminent juge d’une cour d’appel, dont les assistants ont obtenu des postes à la Cour suprême. « Je n’ai aucune confiance qu’on leur enseigne quoi que ce soit ».

À une exception près, les juges ont clairement indiqué qu’il s’agit d’une politique qu’ils imposent aux futurs étudiants de la faculté de droit de Yale, et non aux étudiants actuels.

La porte-parole de la faculté de droit n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

Si le boycottage s’étend à d’autres juges conservateurs, il pourrait porter un coup sérieux à la faculté de droit de Yale, qui a gardé la première place dans le classement de U.S. News and World Report depuis que cette publication a commencé à classer les facultés de droit dans les années 1980. Les stages, en particulier dans la magistrature fédérale, sont des emplois très convoités dans la profession juridique, et de nombreux étudiants choisissent Yale plutôt que d’autres facultés de droit d’élite parce que ses diplômés ont toujours eu plus de chances d’être stagiaires auprès de juges éminents. Un boycottage pourrait changer ce calcul, obligeant les administrateurs de Yale à modérer les étudiants et leurs collègues activistes s’ils veulent continuer à attirer les meilleurs et les plus brillants — et s’ils veulent maintenir ne serait-ce qu’un minimum de diversité idéologique.

Les juges qui se joignent au boycottage, qui ont tous requis l’anonymat afin de pouvoir s’exprimer librement, ont cité une série d’incidents au cours desquels, selon eux, la liberté d’expression a été attaquée à Yale, à commencer par une controverse survenue en septembre 2021, au cours de laquelle les administrateurs avaient fait pression sur Trent Colbert, étudiant en deuxième année de droit, pour qu’il s’excuse d’un courriel dans lequel il qualifiait son appartement de « planque » [de revendeur de drogues]. Le directeur de la diversité de la faculté de droit, Yaseen Eldik, a également qualifié de « déclencheur » [contrariant pour l’extrême gauche] l’appartenance de Colbert à la Société fédéraliste conservatrice, selon une fuite audio obtenue par le Free Beacon.

Puis, en mars, plus d’une centaine d’étudiants de Yale ont perturbé une table ronde bipartisane sur les libertés publiques, provoquant un tel chaos que la police a été appelée pour escorter les orateurs en lieu sûr. Bien que la perturbation ait constitué une violation apparente des politiques de Yale en matière de liberté d’expression, la doyenne de la faculté de droit de Yale, Heather Gerken, a exclu toute action disciplinaire à l’encontre des manifestants. Elle a même nié que les étudiants avaient transgressé une quelconque politique officielle, ce qui a suscité les réactions de sa collègue Kate Stith, qui a prévenu que Gerken créait un « terrible précédent ».

Un autre juge d’une cour d’appel, fournisseur d’un grand nombre d’auxiliaires juridiques à la Cour suprême, a déclaré qu’il était « tiraillé » quant à sa participation au boycottage, mais que les arguments en faveur de celui-ci s’étaient « renforcés » au cours de l’année écoulée. « J’ai engagé un tas d’excellents auxiliaires juridiques de Yale », de déclarer le juge. Mais « à un moment donné, l’institution devient tellement dépourvue de valeur et dégénérée qu’on se demande quel conservateur voudrait en faire partie ».

La faculté de droit a peu fait pour répondre aux préoccupations concernant l’ambiance sur le campus. Gerken a été reconduit dans ses fonctions de doyenne en janvier et, bien que l’une des administratrices impliquées dans le scandale de la « planque », la doyenne associée Ellen Cosgrove, ait pris sa retraite à la fin de l’année universitaire, Eldik reste sur son perchoir.

Alors que le boycottage officiel marque une aggravation de la guerre idéologique entre l’université de Yale et ses détracteurs, les préoccupations concernant l’ambiance à la faculté de droit ont percolé dans le système judiciaire depuis des années. Certains juges évitent déjà d’embaucher des membres de l’école de Yale, a déclaré un juge d’une cour d’appel, en raison de ce qu’ils considèrent comme une chambre d’écho [un milieu clos qui renforce sans cesse certaines idées] qui retarde la « croissance intellectuelle ».

Plusieurs juges ont noté que Yale est la seule faculté de droit d’élite qui n’emploie aucun éminent professeur conservateur, ce qui, selon eux, l’a rendue plus vulnérable à une pensée grégaire. « Il m’est difficile de voir comment on peut obtenir une éducation rigoureuse et bien équilibrée dans cet environnement », a déclaré un juge de district. « Et c’est un problème lorsqu’il s’agit d’embaucher des assistants juridiques ».

La monoculture idéologique de la faculté de droit pose également un problème pour l’examen des candidats aux postes d’assistants, ont déclaré certains juges, car il n’y a tout simplement pas de professeurs en qui ils ont confiance pour recommander des assistants conservateurs.

Le juge « fournisseur » a déclaré au Free Beacon qu’il s’était longtemps fié à Amy Chua, une professeur de droit de Yale de gauche mais hétérodoxe, pour ses recommandations, mais que, pour la faculté de droit, c’est désormais un « crime de parole et de pensée » pour des étudiants de s’associer à elle.

[La doyenne de la faculté de droit] Gerken a retiré à Chua certains de ses privilèges d’enseignement au printemps 2021 après que des étudiants se soient plaints qu’elle avait organisé des dîners en violation des restrictions COVID de la faculté. Les administrateurs de la faculté de droit ont ensuite fait pression sur deux étudiants en droit pour qu’ils déposent une plainte en justice contre elle, selon un procès intenté par deux étudiants contre l’école de l’Ivy League, qui allègue que Cosgrove et Eldik ont exercé des représailles contre eux lorsqu’ils ont refusé.

Avec ou sans boycottage, la mise à l’écart de Chua « rendra plus difficile » l’embauche d’auxiliaires juridiques diplômés de Yale, a déclaré le juge. « Je ne sais pas combien je vais continuer à en embaucher ».

Source : Free Beacon