samedi 28 avril 2012

L’université étatique en voie de sombrer dans l’insignifiance ?

Dans le contexte du présent boycott des classes par un tiers des étudiants, Le Québécois libre republie un texte de Martin Masse qui explique pourquoi il pense que l'université, telle qu'on la connaît aujourd'hui, n'a plus de raison d'être et est en voie de disparaître. Texte publié à l'origine le 15 avril 2008. 





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Dans un marché libre, la logique de la concurrence est simple. Vous devez offrir un bien ou un service de la meilleure qualité possible au meilleur prix, sinon vos clients iront voir ailleurs. Que se passe-t-il toutefois lorsque les clients n'ont pas à payer le prix réel du bien qu'ils consomment et que les producteurs sont quand même compensés pleinement pour chaque client qu'ils réussissent à attirer ? On obtient de la camelote évidemment. Le client ne peut pas exiger d'en avoir plus pour son argent, puisqu'il en a justement pour le peu d'argent qu'il débourse avec un produit de piètre qualité. La majorité se contente de ce qu'on lui offre. Quant au producteur, son incitation devient tout à fait différente : il cherche à attirer le plus de clients possible avec un produit bas de gamme qui satisfait ses clients peu exigeants mais qui lui rapporte tout autant.

C'est cette réalité que décrit le dossier du quotidien montréalais. Celle, comme la décrit la chroniqueuse Michèle Ouimet, des « diplômes au rabais, notes gonflées, cours inutiles, finances dans le rouge, concurrence malsaine entre les institutions qui s'arrachent les étudiants ». On réduit les exigences, on fait passer tout le monde, on multiplie les certificats faciles à obtenir et payant pour l'institution.

Voilà ce que ça donne quand on cherche à faire graduer le plus d'étudiants possible en prenant des raccourcis. Depuis les années 1960, on s'est beaucoup pété les bretelles au Québec sur le fait d'avoir mis tous les « efforts collectifs » nécessaires pour rattraper notre supposé retard par rapport aux sociétés environnantes en « démocratisant » l'éducation supérieure. Tu parles qu'on l'a rattrapé notre retard ! Avec des programmes bidon qui ne débouchent sur rien, des étudiants qui votent leur plan de cours (jamais compris ce concept !) et des formations complètes données par des chargés de cours mal payés.

Évidemment, disent les étatistes, tout ça n'est que le résultat du sous-financement des universités par l'État. Ce qu'il faut cependant comprendre, c'est que TOUT est sous-financé dans un État-providence, puisqu'il y a toujours un manque lorsqu'on cherche à s'occuper de tout, les besoins et le désir de régler chaque problème étant infinis. Plus on multiplie les programmes, moins il y en a pour chacun, et plus l'économie croule sous le fardeau fiscal et les dettes. À moins bien sûr de croire que l'argent pousse dans les arbres — une croyance qui sous-tend la vision économique des socialistes.


Qui plus est, un système d'éducation recevant un financement encore plus imposant, et où les étudiants auraient à débourser encore moins pour leur formation, ne serait que plus sujet aux effets pervers qui existent déjà : moins de responsabilité, moins d'adéquation entre l'offre et la demande, moins d'incitation à ne pas gaspiller de ressources (qu'on pense au fiasco financier de l'UQAM), etc.


Les militants étudiants dénoncent depuis des années la «logique marchande» qui serait en train de s'imposer dans l'éducation supérieure. En fait, s'ils comprenaient un peu l'économie, ils se rendraient compte qu'il s'agit au contraire d'une corruption totale du fonctionnement normal du marché par l'intervention de l'État.


Le marché est justement en train de réimposer sa logique, en contournant ce système en déroute. Tout ce que ce genre de dossier confirme, c'est que la marque Éducation universitaire étatique est de moins en moins prise au sérieux, alors que les barrières à l'entrée diminuent d'année en année et que la concurrence s'accroît. Dans quelques années, elle ne vaudra plus grand-chose, sauf dans le cas de quelques facultés prestigieuses où les ressources seront concentrées. Les consommateurs les plus avertis, de même que les employeurs, sauront en tirer les conclusions qui s'imposent.


Pour Charles Murray, le baccalauréat [licence] de 4 ans est inefficace, inutile, injuste et trop cher (en anglais)


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Universités québécoises : « diplômes au rabais, notes gonflées, cours inutiles »

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Universités québécoises : « diplômes au rabais, notes gonflées, cours inutiles »

En 2008, la Presse avait publié une série d'articles sur l'état des universités québécoises...

Quelques extraits de ces articles :

« À grands coups de gueule dans les journaux, professeurs et étudiants disent régulièrement tout leur mépris pour la médiocrité des universités qui seraient devenues des machines à diplômer. De l'argent vite fait, bien fait. En cette période de l'année où se multiplient les cérémonies de remise de diplômes, la question se pose: les baccalauréats de nos universités valent-ils encore quelque chose?

À l'UQAM, au département de communication, avant même le premier examen, avant même le premier travail, les étudiants savent déjà comment ça va finir : par une moyenne de groupe qui « devrait normalement se situer entre 83 % et 89 % », dixit la consigne du département remise aux étudiants en début de session et qu'approuve la haute direction de l'UQAM. Au prof de « normaliser » en conséquence.

Au surplus, à l'UQAM, les étudiants sont appelés à voter chaque plan de cours. Ils refusent tout examen et ne veulent que des travaux d'équipe? Soit. Tant que la majorité est d'accord.

Jordan Fainstat, étudiant en science politique à l'Université Concordia, raconte comment ça se passe dans ses cours à lui. « Si la moitié de la classe coule un examen, le professeur s'ajuste et décide que l'examen, par exemple, ne comptera que pour 15% de la note finale. »

[...]

« À l'Université de Montréal, observe Josée Lusignan qui y étudie, on dit qu'il y a l'université du haut de la côte et l'université du bas de la côte. En haut de la côte, la faculté de pharmacie a un nouveau pavillon. À la Polytechnique, à la faculté de médecine, ils n'ont pas à se plaindre non plus. Tandis que nous, en bas de la côte, en sciences sociales, nos pavillons sont tellement vétustes que c'en est gênant. »

Et ce n'est pas qu'affaire de briques. Pour quantité de programmes, il n'y a aucune barrière à l'entrée. Dès lors qu'on a son diplôme de cégep - et encore -, l'admission est acquise d'emblée et le diplôme assuré, pour peu qu'on ait persévéré.

Persévéré à quoi ? À l'ennui total, résume Josée Lusignan, qui étudie en enseignement. Ses cours, résume-t-elle, consistent à refaire son primaire. « En didactique des mathématiques, on fait des fractions, des résolutions de problème de type : Pierre et Paul mangent une tarte. En histoire, on me redit qui a exploré où. Dans un autre cours, on passe notre temps à étudier le programme ministériel, ce que je pourrais faire moi-même, en temps voulu. Bref, je n'apprends rien d'édifiant : j'attends mon papier, point à la ligne. »

Un professeur en éducation qui demande l'anonymat parce qu'il dit «&nbp;avoir assez payé de sa personne» considère que l'université est devenue en grande partie «un crime contre l'esprit, un détournement de fonds publics » et que les départements d'éducation sont minés par l'endoctrinement idéologique du ministère de l'Éducation. Le fond du baril ? Le bac en enseignement primaire. « J'ai vu des étudiants en éducation primaire à qui l'on demandait de bricoler une maternelle en carton. J'ai déjà lu un mémoire de maîtrise qui portait sur l'astrologie comme moyen d'orientation scolaire. Ce qui est important, pour l'université, c'est d'être rentable, d'admettre le plus d'étudiants possible, sans s'inquiéter de ce que les étudiants en sortent ignorants. »

Un professeur de droit réputé et décoré de prix internationaux - qui demande aussi l'anonymat - est lui aussi outré. « La réalité des facultés de droit, c'est que ce sont des usines. »

Prenez les plus prestigieuses facultés du Canada, dit-il. « Osgoode Hall, à Toronto : 828 étudiants. University of Western Ontario : 498. L'Université de Toronto : 585. Et on parle ici d'universités où convergent des étudiants de partout au Canada. Pendant ce temps, au Québec, nos facultés comptent entre 1200 et 1500 étudiants, alors qu'il y a 10 ans, chez nous, on en avait moins de 700. Quand t'admets tant de joueurs dans tes facultés, tu t'éloignes nécessairement beaucoup des Sidney Crosby de ce monde. »

[...]


Mais les étudiants ne doivent-ils pas tous atteindre une certaine cote R [un peu la note au bac pour les Français], qui fait foi de tout ? « Dans plusieurs départements, on réduit les exigences pour accueillir plus d'étudiants », nous confie un professeur en économie.

Ces propos rejoignent maints cris du cœur bien publics. Dans un texte publié par La Presse en novembre, Philippe Faucher, directeur du département de science politique de l'Université de Montréal, écrivait : « Il n'y a pas de raisons pour que le Canada, avec son niveau de vie, se contente d'universités médiocres. »

Suzanne G.-Chartrand, professeure en éducation à l'Université Laval, déclarait à La Presse en novembre : « Ça fait 15 ans que je contribue à diplômer du monde qui ne devrait pas avoir le droit d'enseigner. [...] J'ai des étudiants dont je me dis : J'espère que mes petits-enfants ne l'auront jamais comme professeur. » Dans Le Devoir, récemment, Mme Chartrand disait avoir été citée hors contexte et corrigeait le tir de façon encore moins rassurante. « J'ai enseigné à l'Université de Montréal, à l'UQAM, à Sherbrooke et à Laval. Or, je vois la même chose depuis 15 ans. Ce n'est certainement pas propre à (l'Université) Laval. »

Toujours à l'automne, 19 professeurs de science politique et de physique de l'Université de Montréal y allaient à leur tour de leur cri d'alarme dans Le Devoir : « Il devient très difficile d'assurer une formation universitaire digne de ce nom », écrivaient-ils.

C'est tellement rendu n'importe quoi, raconte notre professeur de droit cité plus haut, que dans sa faculté, du jour au lendemain, sans changer une virgule du contenu, un cours de baccalauréat [licence en Europe] est devenu un cours de maîtrise. Pourquoi ? Parce qu'un étudiant à la maîtrise, ça donne plus de subventions qu'un étudiant au baccalauréat, tout simplement ! »

Dominique Brousseau, qui étudie en gestion du tourisme à l'UQAM, signale, elle, que dans un cours de trois heures, le chargé de cours ne s'est jamais rendu plus loin qu'une heure et demie de cours. « «Ils étirent la sauce et se cherchent désespérément du contenu. Les cours sont hyper-redondants : souvent, on oblige les étudiants à suivre des cours en séquence - le cours introductif, puis ses suites - alors que tout pourrait très bien se faire en une session. »

[...]

Si la dégringolade se poursuit, l'université, au baccalauréat [licence en Europe], ne vaudra pas plus que l'école secondaire, prédit James E. Côté, auteur du livre Ivory Tower Blues.

Philipe Faucher, directeur du département de science politique à l'Université de Montréal, fait observer qu'« aujourd'hui, un diplôme en marketing, ça sert à être représentant sur la route. C'est le même commis voyageur des romans de John Steinbeck qui n'avait que son high school. Le même gars. Avec un diplôme universitaire et un cellulaire. »

« C'est comme en psychologie: avant, avec une maîtrise, on pouvait être psychologue. Maintenant, pour être admis à l'Ordre, il faut avoir un doctorat », poursuit M. Faucher.

« Le baccalauréat, c'est un gros cégep [fin du lycée en Europe] », dit pour sa part Éric Martin, qui fait aujourd'hui un doctorat en pensée politique.

Puis, il nous rappelle pour corriger le tir. « Ce que je vous ai dit, c'est injuste, en fait. Injuste pour mon cégep, où j'ai vraiment beaucoup appris. »

Philippe Faucher soutient qu'à l'instar du Québec « qui a horreur de l'élitisme », il y a carrément un « biais anti-intellectuel » dans nos universités aujourd'hui « enfermées dans des logiques de production » et toutes tournées vers la création de bacheliers.

Les « formations à rabais » se multiplient, remarque pour sa part Jacques Hamel, professeur de sociologie à l'Université de Montréal.

[...]

Son confrère Marc Renaud reconnaît avoir lui-même souri à la description d'un cours « qui enseignait aux étudiants l'art de choisir un bon traiteur ». « L'université n'est plus la tour d'ivoire qu'elle était. Elle se cherche. Je ne crois pas, cependant, qu'il faille évacuer tous les cours appliqués », un extrême que M. Hamel ne souhaite pas non plus.

Il donne l'exemple de son cours de sociologie de la santé (qui portait sur les systèmes de soins, les causes sociales des maladies, etc.) au terme duquel ses étudiants avaient tôt fait de se trouver un emploi, ce qui, à son avis, n'est pas à négliger.

Michel Umbriaco, professeur à l'UQAM en éducation et spécialiste du financement des universités, trouve quant à lui que « tout ce qui est dans le domaine du social » peut faire l'objet d'un cours.

Aussi approuve-t-il la décision de l'UQAM - qui, un temps, a envisagé la disparition des départements de philosophie et de chimie - d'inaugurer cet automne un certificat en gestion et pratiques socioculturelles de la gastronomie qui abordera notamment les questions du « tourisme gourmand » et la relation entre la nourriture et le mangeur.

[...]

Ce que M. Umbriaco trouve « extrêmement dérangeant », par contre, c'est que dans une université qu'il refuse d'identifier, une cohorte de 15 étudiants a obtenu le baccalauréat l'an dernier en n'ayant eu absolument aucun professeur tout au long de leur parcours. Des chargés de cours, du début à la fin. M. Umbriaco a refusé de révéler le nom du programme en cause. »

Témoignage de la journaliste Michele Ouimet
C'était en septembre 1979. Je suis entrée dans ma classe, intimidée, quasiment terrorisée. J'avais 25 ans et je donnais mon premier cours à l'UQAM. Devant moi, 45 étudiants allumés.

L'UQAM m'avait appelée une semaine plus tôt pour me demander si je pouvais donner le cours d'histoire du Canada, des origines à 1840.

J'avais une maîtrise en histoire, zéro expérience en enseignement et une toute petite semaine devant moi. J'ai dit oui sans réfléchir. Après avoir raccroché, je me suis demandé : « Bon, par où je commence ? » Je devais créer de toutes pièces mon premier cours et pondre un plan et une grille d'évaluation. Je n'ai eu aucun « coaching », aucun soutien, rien.

Lundi matin, 9 h, j'ai regardé ma classe dans les yeux et j'ai plongé. Je n'avais pas terminé ma première phrase qu'un étudiant, probablement plus vieux que moi, m'a demandé la liste de mes diplômes.

Ça commence bien, me suis-je dit.

J'ai lu mon plan qui ressemblait à un bottin téléphonique. J'ai ensuite attaqué mon cours, mais un étudiant m'a vite rappelée à l'ordre en me lançant : Hey! on est censé voter le plan de cours.

Trente ans plus tard, les étudiants passent toujours les plans au vote et les chargés de cours sont aussi nombreux, sinon plus.

Comme l'ont constaté mes collègues Louise Leduc et Violaine Ballivy, qui signent une série qui débute aujourd'hui, ça ne tourne pas rond dans les universités. Diplômes au rabais, notes gonflées, cours inutiles, finances dans le rouge, concurrence malsaine entre les institutions qui s'arrachent les étudiants.

Au fil des ans, les universités se sont transformées en gros cégeps. Et les cégeps, en gros secondaires.

Les optimistes répliquent que le taux de réussite au baccalauréat a fait un bond spectaculaire en 20 ans et que le taux d'accès à l'université a, lui aussi, grimpé en flèche. C'est vrai. Le problème, ce n'est pas la quantité, mais la qualité.

Quand une université donne des cours sur la relation entre la nourriture et le mangeur ou sur l'art de choisir un bon traiteur, il y a un problème. Ça ressemble étrangement aux défunts cours de formation personnelle et sociale du secondaire où les élèves apprenaient à coudre des bobettes et cuire des muffins. Ces cours, que le ministère de l'Éducation (MEQ) a éliminés dans un élan de lucidité, se sont réincarnés à l'université.

Le diagnostic est clair: le niveau baisse. Et il va continuer de baisser.

• • • • •

Le ministère de l'Éducation est obsédé par le décrochage. Le problème est grave. Les garçons en arrachent et abandonnent l'école à pleine porte.

Le MEQ est prêt à tout pour lutter contre le décrochage, même à se tirer dans le pied. Abaissons les exigences, se disent les fonctionnaires, et le taux d'échec va chuter. Le problème, c'est que le niveau, aussi, baisse.

À partir de septembre, les critères d'admission au cégep vont diminuer. L'élève pourra entreprendre ses études collégiales même s'il n'a pas son diplôme du secondaire. Mais, précise le Ministère, il ne devra pas lui manquer plus de six unités. Le cours de français de cinquième secondaire vaut six unités, les mathématiques quatre, l'anglais quatre, les cours d'art deux.

Un élève qui aura échoué à son cours de français pourra donc aller au cégep. Le problème, c'est qu'il devra mener de front la fin de son secondaire et le début de son cégep. Dans deux institutions différentes. Une acrobatie périlleuse pour un élève en difficulté. Car ce sont les faibles qui vont profiter de cette mesure.

Mais peu importe, il y aura davantage d'élèves au cégep et moins de décrocheurs au secondaire.

Autre mesure qui devrait entrer en vigueur en septembre : « l'admission sur la base d'une formation jugée suffisante ». Une autre bibitte concoctée par le MEQ. L'élève qui n'a pas son diplôme d'études secondaires, mais qui a quitté l'école depuis deux ans pourra être admis au cégep. Il devra toutefois présenter une combinaison valable de scolarité et d'expérience pour être accepté.

Sauf qu'il n'y aura pas de balises nationales. Chaque institution pourra concocter sa grille d'admission. Si un cégep a des problèmes de recrutement, il sera drôlement tenté de diminuer ses exigences pour admettre le plus d'élèves possible.

Et le niveau continuera de baisser.

Le cégep est malade d'un secondaire faible et l'université est malade d'un cégep faible. Un faible + un faible ne donnera jamais un fort. Le drame, c'est que personne au ministère de l'Éducation ne semble le comprendre.

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jeudi 26 avril 2012

France — Les écoles indépendantes secteur en croissance qui assure la continuité du service public

Le Monde s'intéresse aux écoles hors contrat. Extraits :

« Ces établissements ont vu le jour en marge du système classique, souvent à l'initiative de familles qui revendiquent le "libre choix de l'école". Et prennent en charge leur fonctionnement. Ces écoles sont rassemblées sous l'appellation d'enseignement privé hors contrat - par opposition à l'enseignement privé sous contrat avec l'Etat, qui accueille 2 millions d'élèves.

Un secteur en croissance ? "Sans conteste", répond Anne Coffinier, directrice générale de la Fondation pour l'école, qui défend l'essor de ces établissements et s'est vu reconnaître le statut d'utilité publique. "Trente et une écoles hors contrat ont vu le jour en 2011, contre une vingtaine par an en moyenne depuis 2004." Quelque 900 structures - 348 écoles, 111 collèges, 181 lycées généraux et technologiques et 259 lycées professionnels [quelque 58 000 élèves] - ont été recensées à la rentrée 2011 par la Rue de Grenelle.

Elles attirent "les déçus de l'éducation nationale", assure Anne Coffinier, "des parents mais aussi des enseignants effrayés de la baisse du niveau scolaire, rebutés par un système rigide et cassant... et qui veulent en inventer un autre". [...] "La création d'écoles indépendantes permet d'assurer la continuité du service public d'éducation dans les zones les plus mises à mal, comme en milieu rural", affirme la jeune énarque et normalienne, citant l'exemple de maires "convertis au hors contrat" dans l'Ariège ou le Puy-de-Dôme. [...]

Un risque de dérives ? "C'est une des idées fausses que l'on se fait sur le hors contrat", soutient Anne Coffinier, qui a récemment constitué un annuaire de ces établissements. "Contrairement aux idées reçues, trois sur cinq ne se réfèrent à aucune foi particulière", dit-elle. Si elle reconnaît que le "hors contrat" compte aussi des écoles traditionalistes  comme celles de la Fraternité Saint Pie X   , qu'il attire des familles parfois déçues par l'enseignement catholique "sous contrat" ou qui n'y ont pas trouvé de place — avec 30 000 à 40 000 demandes insatisfaites en 2011 —, elle juge infondés les "soupçons de dérives intégristes" pesant sur le "hors contrat".

Infondée, aussi, la proposition de résolution déposée par des députés socialistes - Jean Glavany en tête - en mai 2011, visant à créer une commission d'enquête sur les pratiques de ces écoles - "proposition retoquée", rappelle-t-elle. "Je travaille à plein-temps sur ces établissements et je peux vous assurer qu'ils sont plus surveillés que n'importe quelle école publique. En dix ans, la Miviludes - mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires - n'a jamais trouvé un seul cas de dérive sectaire." [...]

En 1959, au moment du vote de la loi Debré - qui régit aujourd'hui encore les rapports entre les établissements privés et l'Etat -, on recensait quelque 100 000 élèves dans 310 établissements hors contrat [...]

"Opposer systématiquement école publique-école privée enferme le débat", avance Anne Coffinier. La Fondation pour l'école a lancé, le 3 avril, depuis le Palais Bourbon, un appel à expérimenter des "charters schools", ces écoles publiques de gestion privée en développement dans les pays anglo-saxons notamment. L'idée n'a pas, semble-t-il, trouvé d'écho parmi les prétendants à l'Elysée. »


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Passer aux bons scolaires : approche progressive ou bang créateur ?

Les Québécois veulent des bons d’étude et que le cours ECR soit optionnel ou aboli

Chèque-éducation, crédit d'impôts, écoles à charte : des solutions pour réformer l'école. Synthèse et documents

France — les écoles libres (hors contrat) n'en font qu'à leur tête





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À mon école on parle beaucoup d'écologie, le plus grave problème c'est l'existence des hommes

Brian Sussman, auteur d'Eco-Tyranny, s'entretient avec une jeune fille de 6e année lors du Festival 2012 du Jour de la Terre à Santa Cruz, en Californie. Sa fière mère à ses côtés, la très jeune adolescente déclare que la plus grande menace que confronte l'humanité est l'existence des hommes...  La jeune fille pense parfois qu'il vaudrait mieux que l'homme n'existe pas. Elle déclare ensuite qu'à son école on parle beaucoup de ces sujets...




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Célébration subventionnée à Granby du Jour de la Terre avec les écoliers captifs 

Spiritualité autochtone, écologie et norme universelle moderne






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mercredi 25 avril 2012

Et si plus d'État depuis 60 ans c'était faire fausse route ?





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Jeunes adolescents ferment trois écoles secondaires : un excellent « exercice de citoyenneté » ?


Sous prétexte d’un « apprentissage citoyen », la commission scolaire de Montréal a « négocié avec ses élèves » le droit de boycotter leurs cours pendant trois jours.

« La commission scolaire, les directions d’écoles, les enseignants, ont lamentablement abdiqué leurs responsabilités d’éducateurs. Cette situation est très révélatrice de la décadence du réseau public d’éducation du Québec, passé sous le contrôle total des syndicats d’enseignants, qui lessivent en toute liberté les cerveaux de nos enfants et devant qui les directions d’écoles et de commissions scolaires font des génuflexions en empruntant leur même langage.

[...]

Les élèves de ces écoles secondaires sont des mineurs. Les directions des écoles sont responsables de leur sécurité et les élèves n’ont pas le choix d’assister ou non aux cours.

L’autre dimension inquiétante est de savoir ce qu’en pensent les parents et comment réagissent-ils à la décision de leurs enfants de poser un geste de boycott politique de leurs cours ? »



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France — Se libérer de la tyrannie des programmes scolaires étatiques

Le débat public n’aborde que trop rarement la question cruciale des programmes scolaires. S’il le fait, c’est toujours de façon ponctuelle et sous le coup de l’émotion, à l’occasion d’une énième réforme malheureuse, comme récemment sur l’introduction de l’idéologie du gender en SVT [sciences de la vie et de la Terre], l’expulsion de Louis XIV des programmes au profit du Monomotapa, ou la suppression de l’histoire-géographie en terminale S [dernière année du cégep, spécialisation scientifique].



Pourtant, il est urgent aujourd’hui de repenser les programmes, tant ils sont à la fois vides de l’essentiel et embarrassés d’exigences accessoires. Les écoles indépendantes ne peuvent se soustraire à cette responsabilité puisque la loi les laisse libres de déterminer de manière autonome leurs programmes pour peu qu’elles respectent le «   Socle commun de connaissances   ». À elles d’être à la hauteur de cette liberté !

[Note du carnet :  cette liberté existe nettement moins au Québec, les écoles dite privées y sont astreintes de suivre le programme obligatoire y compris par exemple des matières qui ne sont nécessaires à l'obtention du diplôme d'études secondaires comme ECR !]

La piètre qualité des programmes en vigueur est désormais largement reconnue. Le simple fait que l’État ait cru bon en 2005 de fixer un Socle commun de connaissances en sus de ces programmes en dit long. N’est-ce pas reconnaître leur caractère irréaliste ? Leurs fréquents remaniements pour faire droit aux revendications de groupes communautaristes ou pour intégrer les thématiques au goût du jour ajoutent à la confusion, en nuisant à la logique des progressions et à leur cohérence interne. Face à une vision traditionnellement organique et unitive de la connaissance s’est affirmée une approche pointilliste déstructurée, donnant toujours le primat au thème sur la chronologie, et ne respectant pas les méthodes propres à chaque matière au nom de la luridisciplinarité et de la pédagogie de projet.

La nature même des programmes est donc incompatible avec la structuration des esprits dont la nécessité est pourtant unanimement soulignée. Sans conscience du déroulement historique des événements comme des idées ou des styles, l’élève ne peut se forger une représentation du monde autre qu’arbitraire et éclatée. Il sait des bribes sur le roman noir, il a traité le thème du rire mais il est privé de l’intelligence du tout, de la vision architectonique de l’ensemble, qui est pourtant l’objectif de toute formation généraliste. Il est donc clair qu’il faudrait refonder les programmes.

Pour ce faire, il faudrait commencer par se débarrasser de l’idée même d’un programme unique imposé à tous par l’État, ce monopole sur les esprits étant proprement tyrannique, quand bien même on invoquerait l’impératif d’unité nationale pour la défendre : l’État doit s’en tenir à un rôle de garant de l’accès de chacun à une éducation digne de ce nom, et de suppléant lorsque l’offre éducative est défaillante. Les critères de son contrôle doivent être définis par le législateur, démocratiquement et en toute transparence. Ce travail de libération ne sera assuré que lorsque l’État aura également renoncé au monopole de la collation des grades (monopole d’octroi des diplômes). Hélas, la passion exclusive des Français pour le baccalauréat, au mépris d’autres grades et certificats nationaux ou internationaux, aide peu l’État à renoncer à son privilège ! C’est bien dans l’indifférence générale que la préparation du baccalauréat continue de condamner chaque lycéen à un bachotage stérile qui vicie radicalement le rapport à la connaissance.

Les écoles indépendantes doivent faire un effort de libération mentale et mettre à profit leur liberté de programme pour définir et suivre humblement un ordre d’acquisition des connaissances. De manière responsable, c’est-à-dire philosophiquement fondée et « citoyenne », c’est-à-dire publiquement justifiée. Au risque sinon de tomber dans une autre forme de communautarisme et dans l’arbitraire. C’est en ayant une claire conscience du rôle de l’école qui est de former le jugement à travers l’acquisition de connaissances certaines, que les écoles échapperont à tout communautarisme diviseur. La transmission de ces savoirs insèrera nécessairement l’élève dans une tradition et dans l’universel, auquel tend de soi tout savoir. Au delà des spécialisations selon les filières, il conviendra donc de ne pas perdre de vue que le but demeure toujours une formation d’ordre général, une culture.


Guilhem Golfin, professeur de philosophie
guilhem_golfin<arrobe>yahoo.fr
Anne Coffinier, cofondatrice de la Fondation pour l’école
anne.coffinier<arrobe>fondationpourlecole.org






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Lent déclin du français à Montréal et sa banlieue

Guillaume Marois, doctorant en démographie à l'INRS, revient sur les propos de Michel Kelly-Gagnon qui dans un article récent soutient que ceux qui s'inquiètent de la situation du français à Montréal basent leurs analyses sur une mauvaise interprétation des statistiques. Marois est également coauteur du livre Le Remède imaginaire. Pourquoi l'immigration ne sauvera pas le Québec.

« La première erreur consisterait à concentrer les analyses uniquement sur la municipalité ou l'île de Montréal plutôt que sur la région métropolitaine, incluant les banlieues. Puisque les francophones quittent la ville-centre pour la banlieue dans de plus fortes proportions que les anglophones et allophones, ce déplacement de personnes occasionne une anglicisation de la municipalité sans toutefois transformer la composition de l'ensemble métropolitain. Ce n'est pas faux. Toutefois, cela n'invalide en rien les inquiétudes relatives au déclin du français. La raison est simple : entre 2001 et 2006, la chute du français s'est également observée dans les banlieues. Durant cette période, le poids des francophones est passé de 87 % à 85 %. Sur l'île précisément, la situation est encore plus alarmante : les francophones sont passés de 56 % à 54 %. Ce déclin, tant sur l'île que dans les banlieues, ne peut pas être attribué uniquement à l'augmentation de la proportion d'allophones, puisque durant la même période, l'anglais a, lui, progressé. Pour quiconque se préoccupant du sort du français au Québec, ce ne sont pas des tendances réconfortantes.

M. Kelly-Gagnon rappelle qu'en ne considérant que la proportion de francophones, on oublie que la partie restante n'est pas constituée que d'anglophones, mais également d'allophones qui seront, eux ou leurs enfants, éventuellement intégrés à l'une ou l'autre des deux communautés linguistiques. Il s'empresse de rajouter que si on observe les transferts linguistiques d'allophones rapportés par l'OQLF, ils sont un peu plus nombreux à choisir le français que l'anglais (51 % contre 49 %). J'ignore quel est l'objectif de l'auteur en présentant ces chiffres. Certes, c'est la majorité, mais mathématiquement, c'est loin d'être suffisant pour maintenir le poids du français au Québec. Soyons clairs   : ils illustrent que les allophones choisissent le français dans une proportion nettement inférieure au poids relatif de la communauté francophone (80%) et par conséquent, contribuent à son déclin.

Pour une analyse encore plus honnête, il faut savoir que les transferts linguistiques ne sont pas un très bon indicateur des tendances réellement à l'œuvre, car ils ne concernent qu'une faible proportion des allophones   : ceux dont la langue à la maison n'est pas leur langue maternelle. Si un peu plus de la moitié des allophones qui ont changé de langue ont choisi le français, les deux tiers des allophones n'ont simplement pas effectué de transfert linguistique. Est-ce que cette majorité d'allophones s'intégrera à la communauté francophone ou anglophone? Si on regarde les autres indicateurs linguistiques, rien ne laisse présager que le français sera en bonne posture. Par exemple, les chiffres sur la langue la plus souvent utilisée au travail par les allophones et les immigrants indiquent que le français est loin d'obtenir sa juste part.

La réalité est la suivante   : l'intégration des immigrants et des allophones à la communauté francophone se fait un peu mieux qu'auparavant, mais cette intégration demeure encore nettement insuffisante pour empêcher le déclin démographique du français au Québec, d'autant plus que l'immigration est plus forte que jamais et a par conséquent un impact de plus en plus important sur la composition démolinguistique du Québec. Peu importe l'indicateur utilisé, que ce soit la langue parlée à la maison, la langue parlée au travail ou la langue maternelle, et peu importe la géographie concernée (ville de Montréal, région métropolitaine de Montréal, ensemble du Québec), tout indique que le français est en déclin. »

Voir aussi

Résultats en lecture du français très médiocres, on impose l'anglais intensif de manière « brutale »

Élèves de l'école publique à Montréal : le français perd du terrain depuis 1998 tandis que l'anglais demeure stable

Les francophones bientôt minoritaires à Montréal, légère baisse des francophones dans l'ensemble du Québec

Écoles lavalloises — vague d'immigration, pauvreté et tensions raciales

200 000 immigrants en 4 ans au Québec, bon pour le développement durable !?

L'immigration, le remède imaginaire




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dimanche 22 avril 2012

MàJ : Revue Égards — La saga Lavallée : l’État, le judiciaire et l’Église contre la famille, l’école et la législature

La revue Égards (n° 35) qui vient de paraître se penche sur le jugement de la Cour suprême dans l'affaire de l'imposition sans exemption possible du cours ECR à tous les élèves du Québec (sauf les autochtones de la C.S. Kativik). Nous reproduisons ci-dessous le début de l'article écrit par le professeur en sociologie Gary Caldwell.

Édifice de la Cour suprême

« Le jugement du 17 février 2012 de la Cour suprême du Canada (CSC) dans le litige entre la famille Lavallée et la Commission scolaire des Chênes (CSD) est extrêmement révélateur du déséquilibre entre l’État et la société civile. Un bref rappel de l’origine du litige. La famille Lavallée – grand-mère, mère et enfants – s’adresse à la cour en 2008 parce que la CSD a refusé d’accorder une exemption à ses enfants, qui leur permettrait de ne pas assister au cours obligatoire d’éthique et culture religieuse (ÉCR). La famille formulait deux griefs : premièrement, la CSD avait été contrainte par un tiers, soit le ministère de l’Éducation (MELS), de ne pas acquiescer à sa demande; deuxièmement, la nature du cours ÉCR était telle que, selon les parents, il entrait en conflit avec leur autorité en matière d’éducation et que, ce faisant, il empiétait sur leur liberté de religion et de conscience.

La famille ne contestait pas la constitutionnalité du cours, mais plutôt son caractère obligatoire. Il faut souligner qu’elle ne demandait pas un « accommodement raisonnable », mais l’application d’une loi de la législature du Québec, soit l’article 222 de la Loi sur l’instruction publique, et la protection de cette loi. Cet article prévoit une exemption de cours pour « éviter un préjudice grave » à un enfant.

La famille a perdu en première instance, la Cour supérieure du Québec (CSQ) à Drummondville devant le juge Dubois, et la Cour d’appel du Québec (CAQ) a refusé de l’entendre, acceptant l’argument de la CSD et du procureur général du Québec (PGQ), selon qui les enfants, étant à ce moment-là à l’école privée (d’intérêt public), n’étaient plus dans l’obligation de suivre le cours et qu’en conséquence, la question n’était plus d’intérêt public. C’est une erreur de fait puisque le caractère obligatoire du cours concerne aussi les écoles privées d’intérêt public, comme le démontre le litige entre le PGQ et le Collège Loyola de Montréal. Les juges de la CSC ont entériné cette erreur de fait; ce qui laisse à penser que leur apprécia­tion des faits a été influencée par des motifs idéologiques. Qu’ils aient accordé si peu de place, dans leur jugement, aux plaidoyers de sept intervenants, tous aussi pertinents et étayés les uns que les autres, surtout si on les compare aux plaidoyers pitoyables de la CSD et du PGQ, peut nous laisser songeurs quant à l’ouverture d’esprit des honorables juges... Avaient-ils déjà un parti-pris multiculturaliste et étatique ? [Une vidéo de ces plaidoyers ainsi que le texte du jugement sont disponibles sur demande à partir du site Web de la CSC. Le numéro de la cause est 33678. Un compte rendu gratuit de l'audience est disponible ici.]

Venons-en au jugement même. En substance, il prétend que le cours ÉCR ne constitue pas, dans l’état actuel des connais­sances sur le programme, connaissances qui se fondent sur l’intention du ministère et les manuels [note du carnet : deux manuels, le juge Dubois ayant refusé une analyse exhaustive de tous les manuels et cahiers d'activités alors disponibles contrairement au juge Dugré dans l'affaire Loyola], une atteinte aux droits constitutionnels des parents – leur droit, comme parents, de transmettre leur religion – bien qu’il pourrait (selon deux des juges) en constituer une, selon la façon dont le programme sera mis en œuvre. D’après le jugement, le fardeau de la preuve, quant à la possible atteinte à leurs droits constitution­nels, repose selon la jurisprudence des deux chartes (cana­dienne et québécoise), sur les épaules des parents. La cour a jugé que les parents n’avaient pas réussi à faire une telle preuve. Appel rejeté avec dépens.

Ainsi, l’État a maintenant l'imprimatur de la CSC pour impo­ser un tel cours, et les parents et leurs enfants n’ont qu’à en subir les conséquences, à moins de faire la preuve, après le fait, d’une atteinte à leur liberté de religion et de conscience. En d’autres mots, il faut que le préjudice ait été subi avant qu’on puisse se prévaloir d’un droit d’exemption. Réfléchis­sons sur les implications de ce jugement.

D’abord, la CSC accorde à l’État le pouvoir d’imposer un cours qui pose que toutes les religions recourent à des mythes qui s’équivalent; en conséquence, il ne peut y avoir une vérité en matière de religion, mais « des vérités », pas plus vraies les unes que les autres. Pour la CSC, le cours ÉCR n’im­pose pas le relativisme religieux et moral, mais répond à une nécessité dans une société multiculturelle et diverse. De plus, selon la Cour suprême, l’État (le gouvernement du Québec) aurait « l’obligation » d’exposer les enfants dès l’âge de six ans à cette réalité sociale. Par le biais d’un cours de culture reli­gieuse obligatoire ! Exposer les jeunes de la fin du secondaire à une diversité culturelle et religieuse est une chose. Mais parler de plusieurs religions dès l’âge de six ans à des enfants qui n’ont pas encore eu le temps d’être initiés à celle de leurs parents en est une autre !

Cette idée que l’État a l’obligation de donner un ensei­gnement qui aura pour effet de relativiser, en matière reli­gieuse et éthique, les croyances héritées de la famille, est une énormité. Dans notre tradition occidentale, les premiers responsables de l’éducation des enfants sont les parents, principe entériné par la législature (Assemblée nationale du Québec); ensuite, selon le principe de séparation de l’État et de l’Église, l’État n’a pas d’affaire à présenter, encore moins à imposer un contenu religieux à l’école. L’école, elle, pour­rait le faire avec le consentement des parents, en autant que soient respectées les valeurs fondamentales de la civilisa­tion occidentale. Il est à noter qu’avant l’instauration du pro­gramme ECR, l’enseignement dit « confessionnel » n’était pas obligatoire. C’est en reconnaissant cet état de fait historique que la législature a prévu une possibilité d’exemption du cours ÉCR.

À ce sujet, la loi prévoit que ce sont les écoles ou les com­missions scolaires (en l’occurrence la CSD), et non l’État, qui doivent trancher sur une demande d’exemption. Devant les tribunaux, la famille Lavallée avait fait valoir (au procès de Drummondville) que l’État avait abusé de son pouvoir en contraignant la CSD à refuser d’accorder une exemption. Cette allégation d’une contrainte par un tiers, en l’occurence l’État en la personne de la ministre, n’a pas été retenue par le juge Dubois, ni par les juges de la CSC. C’est très étonnant, et là encore révélateur d’une disposition idéologique de l’État. Pour revenir aux faits : le tribunal de Drummondville a convo­qué quatre journalistes invitées à une « séance d’information » donnée par la ministre. Trois d’entre elles (la dernière a refusé de témoigner parce qu’elle était en grève) ont maintenu que la ministre avait affirmé qu’« il n’y aurait pas d’exemp­tion », paroles amplement rapportées dans les médias. C’est méconnaître la société québécoise de penser qu’après une pareille intervention, une directive explicite du ministère de l’Éducation s’avérait nécessaire : le Québec est une société suffisamment homogène pour que, lorsque la ministre se prononce devant les médias, les instances concernées n’aient pas besoin qu’on leur fasse un dessin. Ce constat se trouve confirmé par le fait que, sur plus de deux mille demandes soumises aux commissions scolaires à travers le Québec, pas une seule n’a été acceptée.

[Note du carnet. Ajoutons ici quelques informations.

Les lettres de refus de toutes les commissions scolaires au Québec étaient identiques, certaines portant même une date erronée correspondant à la date de la lettre originale de refus envoyée par un organisme de coordination des directeurs généraux de commission scolaire du Québec (l'ADIGECS). Lettre non sollicitée envoyée à la Commission scolaire des Chênes, parmi d'autres commissions scolaires donc, quelques jours après la prise de position publique de la ministre de l'Éducation contre toute exemption (car une exemption pourrait « ouvrir une brêche » dans les termes de la journaliste du Devoir interrogée par le juge Dubois). C'est cette lettre que les parents Lavallée recevront pour leur signifier le refus d'exemption.

Plusieurs demandes d'accès à l'information ont été faites auprès des commissions scolaires, du ministère de l'Éducation et de l'ADIGECS pour connaître la genèse de ces lettres de refus et étayer la thèse de la « dictée d'un tiers ». L'ADIGECS est commodément une association privée non régie par la Loi sur l'accès à l'information... Elle refuse donc de répondre. C'est pourtant cette association privée qui rédige et envoie des lettres de refus non sollicitée comme l'ont admis les responsables de la Commission scolaire des Chênes dans le cadre du procès de Drummondville. Quant à plusieurs autres commissions scolaires, elles ont d'abord omis de remettre toute correspondance (y compris donc cette lettre obtenue grâce au procès de Drummondville) quand on leur a demandé leur correspondance au sujet de l'établissement de la politique d'exemption ou plutôt de refus systématique d'exemption au cours ECR. Après une seconde demande mentionnant le fait que l'ADIGECS leur avait bien envoyé une lettre à ce sujet, elles ont déclaré qu'il fallait se renseigner auprès des organismes qui avaient envoyé cette correspondance. L'ADIGECS refusant de répondre, il a également été demandé au MELS toute correspondance envoyée aux commissions scolaires ou organismes associatifs des commissions scolaires au sujet des demandes d'exemption. Le MELS a d'abord refusé, puis a envoyé une longue documentation où n'apparaît pas de lettres spécifiques sur les demandes d'exemption alors que, dans leur correspondance, certaines commissions scolaires demandent des instructions au MELS à ce sujet et à la fronde naissante et que le MELS répond qu'il suit ce sujet de près car il est important, mais semble d'après ses documents remis n'avoir envoyé aucune lettre à ce sujet !

Pour refus d'information, il a été fait appel devant la Commission d'accès à l'information. Une première rencontre devant le directeur de la Commission devait avoir lieu il y a quelques mois, mais le MELS a immédiatement demandé de la reporter ce qui a été accepté sans consultation de la partie demanderesse. Aucune date n'est encore fixée pour une autre comparution. Affaire à suivre donc...]
Ces « faits » indirects et d’autres circonstances n’ont pas amené la CSC à accepter l’allégation qu’un tiers, l’État, avait empiété sur ce qui, selon la loi, rele­vait de la compétence de l’école ou de la commission sco­laire.

On voit ici le préjugé idéologique de la CSC à l’effet que, comme elle le dit explicitement dans son jugement, l’État a « l’obligation » d’exposer les enfants à plusieurs religions. Voici, en toutes lettres, la prise de position idéologique mul­ticulturaliste et étatiste de la CSC :

De plus, l’exposition précoce des enfants à des réalités autres que celles qu’ils vivent dans leur environnement familial immédiat constitue un fait de la vie en société. Suggérer que le fait même d’exposer des enfants à différents faits religieux porte atteinte à la liberté de religion de ceux-ci ou de leurs parents revient à rejeter la réalité multiculturelle de la société canadienne et méconnaître les obligations de l’État québécois en matière d’éducation publique.
Par le simple fait que les enfants appartiennent à diverses cultures et à différentes religions, ils sont familiarisés avec ces différences. Faut-il comprendre que l’État aurait le devoir d’enseigner ces différences religieuses dans un cours obliga­toire ? Et cela dès l’âge de six ans !

[...]
»


Lire la suite dans le n°35 de la Revue Égards.




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samedi 21 avril 2012

La CAQ vote pour l'abolition du programme ECR au primaire

Le premier programme de la Coalition Avenir Québec (CAQ) a été adopté samedi par les quelque 600 militants réunis à Victoriaville en congrès de fondation.

Après un vibrant plaidoyer du député Éric Caire, les militants caquistes ont voté majoritairement en faveur de la disparition du controversé cours d'Éthique et de culture religieuse (ECR).

Un instituteur, M. Jean-François Roberge, qui enseigne le programme ECR dans une école primaire a défendu devant les militants l'imposition du programme qu'il trouve utile.

Dans une autre résolution, la CAQ désire imposer un cours obligatoire d'« économie, de finances personnelles et d'entreprenariat » en secondaire IV. C'est l'année de la double dose d'ECR. Il n'est pas impossible que cela surcharge la grille horaire en secondaire IV et qu'il faudra réduire l'envergure d'ECR.

[D'autres résolutions portant sur l'éducation ont été adoptées et une renvoyée à la commission politique, celle portant sur les frais de scolarité universitaire, nous y reviendrons dès que le libellé officiel de ces résolutions sera connu.]




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jeudi 19 avril 2012

Étude Fortin, Godbout sur les garderies : « étude loufoque », système injuste, Ottawa premier gagnant

Mise à jour du 19 avril 2012

Étude sur les garderies qui se paieraient d'elles-mêmes : la multiplication des pains (l'économiste  Martin Coiteux)

Défendre l’indéfendable… sans succès! (Nathalie Elgrably-Lévy de l'IEDM)




Les réactions continuent de paraître sur l'étude Fortin et Godbout (non publiée dans une revue scientifique à notre connaissance) sur le fait que les garderies à 7 $ se paieraient d'elles-mêmes. Le tout fondé sur un rattrapage (tout relatif, voir ci-dessous) des femmes québécoises (y compris celles sans enfants !) sur le marché du travail.



« C'est une étude totalement loufoque, a fait savoir Éric Duhaime au Journal de Montréal. Faudrait-il comprendre que si l'État investissait 100 milliards $ en programmes publics, il réglerait tout le déficit du Québec ? »

Le chroniqueur considère qu'il serait plus rentable de fournir des subventions pour les études aux femmes les plus démunies que de maintenir un programme universel qui profite surtout «aux couples millionnaires».

Pierre Lefebvre, professeur au département d'études économiques, de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, croit que, même si tous paient des impôts, « les familles les plus nanties sont proportionnellement les plus avantagées, écrivait-il en décembre 2011 (…) Dans les familles les moins nanties, on n'utilise pas ou peu les services à 7 $. »

David Descôteaux, chroniqueur à Argent estime qu'il faut soutenir les parents à la place de financer un système étatique qui sera appelé à augmenter à cause des revendications des éducatrices syndiquées et de la lourdeur administrative du programme.

M. Descôteaux pense qu'on pourrait arriver au même résultat si l'argent était versé aux parents qui pourraient l'utiliser avec plus de flexibilité.

« Ce qui envoie la mère sur le marché du travail, c'est le faible montant à verser pour la garderie, a-t-il affirmé. Pas les CPE ou le système de garderie en soi. »

Payer ailleurs

Le grand gagnant de ces avantages québécois serait le gouvernement fédéral.

Dans l'étude « Les garderies à 7 $, sont-elles une aubaine ? », publiée en 2010, les professeurs Claude Laferrière et Francis Montreuil de l'UQAM s'interrogent sur les répercussions d'un tarif réduit sur d'autres mesures gouvernementales. « Elle vous fera perdre de l'argent ailleurs », ont-ils fait savoir. D'une part, les frais de garde à 7 $ ne sont pas admissibles au crédit d'impôt québécois.

D'autre part, du côté fédéral, les familles risquent de payer plus d'impôts, de recevoir moins d'allocations familiales fédérales, moins de crédit de TPS et voir la prestation fiscale pour revenu de travail être réduite à zéro. « Cette politique fait perdre aux ménages à faible revenu des sommes importantes. Si le revenu familial se situe entre 30 000 $ et 45 000 $, le programme de garderie à 7 $ constitue une mauvaise décision financière », ont-ils calculé.

Même si depuis 2005, le Québec offre des mesures fiscales pour soutenir les familles monoparentales, les auteurs sont catégoriques.

« Chaque fois qu'un enfant est placé dans une garderie à 7 $ plutôt qu'à 26 $ ou 28 $, Ottawa reçoit un cadeau, ont souligné Claude Laferrière et Francis Montreuil. Pour l'année 2010, on peut évaluer ce cadeau à plus de 320 $ millions. »

Le professeur Luc Godbout a reconnu que le gouvernement fédéral en profite grandement. L'étude l'indique également. Néanmoins, selon les auteurs, le Québec en sort gagnant puisqu'il y a plusieurs avantages sociaux qui s'ajoutent aux rentrées fiscales, dont moins de familles sur l'aide sociale.

Le programme de services de garde a été lancé par le gouvernement du Québec en septembre 1997. En mars 2011, le programme accueillait 215 000 enfants d'âge préscolaire, soit seulement près de la moitié de tous les enfants québécois de cette catégorie d'âge. De ce nombre, 38 % fréquentaient des «centres de la petite enfance» (CPE), 43 % des services en milieu familial et 19 % d'autres garderies subventionnées.

Voir aussi


« Le système de garderies à 7 $ est-il payant pour le Québec ? Non. »

« Le Québec, leader en matière de petite enfance »




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Les contes de fée modernisés


France — « La grande braderie » des diplômes

« L’inventivité n’a plus de limite quand il s’agit de trouver les moyens d’accorder des licences à des étudiants qui n’ont pas le niveau », se moquait mercredi matin Éric Zemmour sur la radio française RTL, alors qu’à partir de la rentrée 2012, les notes éliminatoires seront interdites pendant les trois premières années à l'université.

« Profitez, jeunes gens, c’est la grande braderie ! Jadis, la verve populaire des parigots avait une expression imagée : trouvé dans une pochette surprise. Tout le monde est d’accord, le ministère veut lutter contre l’échec, l’UNEF [syndicat] veut lutter pour l’égalité : la belle et bonne alliance pour toujours plus de médiocrité ! »

L’« objectif officiel » des pouvoirs publics ? « Conduire 50 % d’une classe d’âge à la licence. Objectif de la droite comme de la gauche », cherchez l’erreur ! « Et des syndicats, bien sûr. Toujours plus d’étudiants signifie toujours plus d’emplois de profs et plus de budgets. » La réforme de l’autonomie des universités de Nicolas Sarkozy (« dont il est si fier ») ? Courageux mais pas téméraire, le président sortant « a pris la précaution d’en débrancher le principe de sélection prévue » !

Certes, « certaines universités sélectionnent discrètement, mais au niveau du master [maîtrise], c’est-à-dire après la licence [baccalauréat québécois]. Pendant trois ans, après le bac [DEC québécois], sans compter les éventuels redoublements, les étudiants seront donc laissés à leur médiocrité et à leurs illusions. On retarde une fois encore le moment où leurs yeux se désilleront. On prolonge encore la garderie débutée au primaire et qu’on a prolongé avec le collège unique dans les années 70 et jusqu’au bac dans les années 90 ».

Dire que « le même jour, une étude officielle du ministère de l’Éducation nationale s’inquiétait de l’affaiblissement continu des élèves du primaire en grammaire et en orthographe ».

Et Éric Zemmour de conclure, fataliste : « Pendant la campagne présidentielle, l’effondrement continue : la droite a poursuivi l’œuvre de démolition que la gauche avait commandé et qu’elle achèvera. »








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mercredi 18 avril 2012

Étude sur les garderies qui se paieraient d'elles-mêmes : la multiplication des pains

L'économiste Martin Coiteux, professeur au service de l'enseignement des affaires internationales à HEC Montréal, critique en détail l'études de Fortin, Godbout et Saint-Cerny qui prétend que les garderies se paieraient d'elles-mêmes puisqu'elles auraient contribuer à une augmentation de 5,1 milliards dans le PIB québécois grâce à l'arrivée de près de 70.000 « libérées des servitudes de la maternité » sur le marché du travail.

Il revient (mais cette fois avec des chiffres et des graphiques !) sur certaines questions que nous posions déjà : quel est coût d'opportunité ? pourquoi la comparaison avec l'Ontario et pas d'autres provinces ? pourquoi le programme des garderies serait la cause de ce rattrapage dans le taux d'emploi alors que même les femmes sans enfant au Québec ont vu leur taux d'emploi augmenter de beaucoup pendant la même période ?

La critique de Coiteux n'est pas exhaustive. Il s'est limité à deux problèmes particuliers : la méthodologie retenue, laquelle ignore le principe économique fondamental des coûts d'opportunité, et l'attribution au seul programme des garderies de toute l'augmentation du taux d'emploi des Québécoises depuis 1997.
« Lorsqu'un résultat est extraordinaire au point d'être magique, il faut généralement se méfier.

En l'occurrence, il n'est pas nécessaire de creuser bien longtemps pour s'apercevoir que cette conclusion digne du miracle de la multiplication des pains découle tout simplement d'une méthodologie fautive.

Les auteurs tiennent pour acquis que le programme des garderies à tarif subventionné aurait permis la création de 70 000 emplois, mais ne tiennent nullement compte des emplois qui auraient été créés en l'absence de celui-ci. Pourtant, si le gouvernement n'avait pas créé le programme des garderies, l'économie québécoise aurait quand même créé des emplois, tout simplement en utilisant à d'autres fins les quelque 2 milliards de dollars qui sont aujourd'hui consacrés chaque année à ce seul programme.

Combien de ces emplois alternatifs auraient été créés ? Nul ne peut le dire avec certitude. On peut cependant être certain d'une chose : cette création n'aurait pas été nulle. Elle aurait même pu être supérieure à celle induite par le programme des garderies. Il est donc méthodologiquement faux d'affirmer que le programme aurait créé au net 70 000 nouveaux emplois.

Cette méthodologie erronée ne constitue cependant qu'une partie du problème. Pour en arriver aux 70 000 emplois bruts du départ, les auteurs ont eu recours à deux hypothèses: l'augmentation du taux d'emploi des femmes québécoises aurait pris l'ascenseur en 1997 avec l'introduction du programme, et cette accélération n'aurait eu d'autre cause que le programme des garderies.

Pourtant, si on y regarde de plus près, on ne trouve aucune accélération de la tendance à la hausse du taux d'emploi dans le cas des femmes québécoises âgées de 25 à 44 ans. Une telle accélération n'a été observée que pour les femmes âgées de 15 à 24 ans, celles-ci étant moins susceptibles que les premières d'utiliser les services de garde. »

Matin Coiteux explique ainsi que les tendances observées au Québec n'ont guère été différentes de celles observées dans trois provinces de l'Atlantique n'ayant pourtant pas adopté ce programme :
« Plus important encore, les tendances observées au Québec pour chacun des deux groupes d'âge ont été presque identiques au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve. Pourtant, ces provinces n'ont jamais imité le modèle québécois des garderies.

Comment expliquer, par exemple, que les femmes âgées de 15 à 24 ans de ces trois provinces aient connu le même rebond de leur taux d'emploi que celui observé au Québec à partir de 1997 ? C'est que 1997 n'a pas été uniquement l'année du lancement du programme québécois des garderies; 1997 a été également l'année du lancement de la réforme fédérale de l'assurance emploi. Cette réforme aurait poussé un plus grand nombre de jeunes, incluant des femmes, à se trouver un emploi. Visiblement, c'est au Québec et dans les provinces de l'Atlantique que ses effets ont été les plus probants.

En somme, le taux d'emploi des femmes âgées de 25 à 44 ans n'a fait que suivre la tendance haussière stable observée simultanément dans trois provinces de l'Atlantique, tandis que celui des femmes âgées de 15 à 24 ans semble avoir réagi au Québec comme dans ces mêmes provinces à une réforme commune de l'assurance emploi. Comment peut-on alors attribuer 70 000 emplois bruts au seul programme des garderies ? »

Voici les graphiques sur lesquels Coiteux s'appuie pour écrire ces dernièrs paragraphes. Dans chaque cas, la moyenne mobile de 12 mois des données mensuelles est présentée et la source est Statistique Canada.

Taux d'emploi du Québec p/r au Nouveau-Brunswick (1991 à 2011)



Taux d'emploi du Québec p/r à la Nouvelle-Écosse (1991 à 2011)




Taux d'emploi du Québec p/r à Terre-Neuve (1991 à 2011)



Selon Coiteux, les similitudes entre le Québec et ces trois provinces de l'Atlantique sont frappantes. Comment attribuer alors à un programme inexistant dans trois d'entre elles toute l'augmentation du taux d'emploi dans une seule d'entre elles ?


Voir aussi 

« Le Québec, leader en matière de petite enfance »

« Le système de garderies à 7 $ est-il payant pour le Québec ? Non. »

Étude Fortin, Godbout sur les garderies : « étude loufoque », système injuste, Ottawa premier gagnant

Les CPE ont échoué sur le plan pédagogique... comportemental et démographique

Maternelle publique et gratuite : sans effet sur les résultats au primaire





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lundi 16 avril 2012

Congrès de la CAQ : proposition d'abolir le cours d'ECR au primaire

En plus de ses positions déjà connues sur l'éducation et la santé, la Coalition avenir Québec soumettra à ses membres lors de son congrès de fondation des propositions visant à abolir le cours d'Éthique et culture religieuse.

Une proposition qui sera soumise aux membres vise aussi l'abolition du cours Éthique et culture religieuse au primaire.

« De nombreux parents émettent des doutes sur la pertinence de ce cours », note le cahier de proposition rédigé pour le congrès de vendredi et samedi prochain. Les heures libérées seraient plutôt consacrées aux matières de bases comme le français et les mathématiques.

Source : http://coalitionavenirquebec.org/upload/docs/documents/CAQ_2012_Cahier_du_participant_electronique.pdf




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dimanche 15 avril 2012

École américaine efface une partie d'une fresque pour cause de conservatisme parental

Une école américaine dans le Rhode Island veut faire effacer une partie d'une fresque parce que celle-ci représentait une famille traditionnelle. La peinture murale illustre les différentes étapes de la vie, les deux derniers stades sont l'obtention d'un diplôme et un couple hétérosexuel avec un seul enfant et deux alliances au-dessus des parents.

L'école a demandé à l'artiste d'effacer le couple hétérosexuel. Prétexte : cela ne représente pas nécessairement le parcours de tous les élèves.  Est-ce que l'obtention d'un diplôme représente-t-il vraiment la dernière étape de la vie des gens ? Quid des décrocheurs qui ne sont pas représentés et ainsi stigmatisés ? La vie s'arrête-t-elle à 18 ans ? On efface ainsi une grande partie de la vie pour faire plaisir à des minorités de plus en plus militante.

À force d'« ouverture », de refus de « stigmatiser », on nie la majorité et on aboutit à un mur blanc, le vide.

(vidéo en anglais)





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Professeurs militants « socialisent » leurs élèves captifs

Les gouvernements libéraux et péquistes (c'est kif kif dans le dossier scolaire) ont donné à l'école québécoise trois missions : instruire, socialiser et qualifier. Instruire, tout le monde est d'accord. Socialiser cela signifie le plus souvent endoctriner dans un sens particulier afin d'assurer le « vivre ensemble » progressiste, anticonservateur et multiculturel (pardon, interculturel !) Finalement le « qualifier » ressemble surtout à du mauvais français : on « qualifie » des élèves d'épithètes. Mais bon, ce mauvais français ne jure pas avec une école médiocre au niveau de la transmission des connaissances objectives et de qualité.

Richard Martineau revient ce matin sur la manière dont des professeurs ne se gênent pas pour embrigader leurs élèves captifs dans le dossier des boycotts des universités québécoises par une minorité d'étudiants militants. (Incidemment, si les universités étaient privées et décidaient chacune de leur frais d'inscription, on peut se demander si le Québec aurait connu ces longues manifestations assez surréalistes.)

« Un peu partout à travers la province, des profs organisent des manifestations ou descendent dans la rue pour appuyer les étudiants « en grève ».

Il y a quelques jours, des enseignants ont même affiché de grands carrés rouges dans les cours de 36 écoles secondaires de la Commission scolaire de Montréal.

S’il y a un signe que le débat a méchamment dérapé, c’est bien celui-là.

SIGNES OSTENTATOIRES

Que des étudiants ne veulent plus étudier, soit. C’est leur décision, et ils devront l’assumer jusqu’au bout.

(Comme a dit un de mes amis à sa fille : « Tu veux manifester contre la hausse des frais de scolarité ? Pas de problème. Mais si ta session est annulée et que tu dois la reprendre, TU paieras les frais toi-même. Il est hors de question que je paie pour TES décisions. » C’est ce qu’on appelait naguère, à l’époque lointaine où les parents osaient confronter leurs enfants, une leçon de vie.)

Mais que des enseignants refusent d’enseigner ou se mettent à faire du militantisme en classe est totalement inacceptable.

Un enseignant, ça enseigne. Point à la ligne.

[...]

Vos appartenances idéologiques, laissez-les chez vous.

Vous avez déjà de la difficulté à apprendre à nos enfants à lire, à écrire et à compter correctement, n’essayez pas en plus de leur enseigner l’ABC de la guérilla citoyenne.

[...]

On ne vous paie pas pour que vous tentiez d’empester nos jeunes avec vos idées, fussent-elles de droite ou de gauche. Le rôle de l’école n’est pas de permettre aux syndicats de propager leurs idées « progressistes » (je dirais plutôt : « immobilistes ») ou de faire du recrutement, c’est de permettre aux enfants d’acquérir des connaissances

[...]

UNE ÉCOLE ÉPUISÉE

Comme l’a déjà dit le philosophe français Alain Finkielkraut à la radio : « On ne demande pas à l’enseignant d’être un type sympa, un bon gars dévoué et coopératif, mais de très bien connaître sa matière. »

Le rôle d’un prof de maths est de bien enseigner les maths. Celui d’un prof de géo, de bien enseigner la géo. Vous voulez donner votre opinion ? Rédigez un blogue, publiez des lettres ouvertes dans les journaux, militez dans un parti et faites du porte à porte le week-end, mais cessez de considérez vos élèves comme un auditoire et le poste que la société vous a confié comme une tribune…

Pas étonnant que l’école soit en crise et court après son souffle. Elle veut « former des citoyens », « propager des valeurs », « élever les enfants » — alors que tout ce qu’elle devrait faire est de TRANSMETTRE le plus objectivement possible des connaissances. »

Voir aussi

Un peu d'endoctrinement syndicalo-socialiste avec votre ECR ?






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samedi 14 avril 2012

France — La « gauche » progressiste parle-t-elle encore aux ouvriers et au peuple ?



France Inter, Les Matins, 14/XII/2011

Christophe Guilluy
Géographe
Consultant spécialiste des nouvelles dynamiques sociales et territoriales
Vient de publier : Plaidoyer pour une gauche populaire (ouvrage colletif) éditions Le Bord de l’eau

Hervé Algalarrondo
Journaliste au Nouvel Observateur
Vient de publier chez Plon La gauche et la préférence immigrée




Marc Voinchet reçoit Christophe Guilluy, géographe, auteur de "Fractures françaises".
France Culture - Les Matins - 27/X/2010

Christophe Guilly cite les travaux de Robert Putnam sur la perte de confiance dans les sociétés multiethniques. Dans un article retentissant publié en juin 2007, ce sociologue et politiste en arrive à formuler un certain nombre de conclusions inattendues de la part d'un « progressiste », et qu'on peut réduire à quatre thèses :
  1. Plus la diversité ethnique grandit, plus la confiance entre les individus s'affaiblit  ;
  2. dans les communautés les plus diversifiées, les individus ont moins confiance en leurs voisins  ;
  3. dans ces mêmes communautés, non seulement la confiance inter-ethnique est plus faible qu'ailleurs, mais la confiance intra-ethnique l'est aussi ;
  4. la diversité ethnique conduit à l'anomie et à l'isolement social.
Il va de soi que de telles conclusions, établies à partir d'une enquête conduite d'une manière exemplairement scientifique sur un échantillon d'environ 30 000 individus, ne peuvent qu'affoler les adeptes du « politiquement correct » en matière d'immigration (célébrée comme une « richesse ») et les partisans du multiculturalisme. D'où sans doute l'idée qu'il faut agir au plus tôt sur les enfants en les « socialisant » correctement par des cours idéologiques comme le programme d'éthique et de culture religieuse (ECR). Pour être honnête, il faut dire que Putnam qui est un « liberal » américain pense que ces difficultés liées à la diversité sont passagères et que, sur le long terme, l'immigration est une bonne chose (ou plutôt l'immigration passée, c'est-à-dire très majoritairement européenne, aux États-Unis aurait été une bonne chose).



Écouter une débat radiophique avec Robert Putnam (en anglais)




Éric Zemmour et Éric Naulleau reçoivent Christophe Guilly
Christophe Guilluy a publié « Fractures françaises » en 2010

Paris Première, le 14/IV/2012


Des banlieues aux zones rurales, des métropoles aux petites villes, dans quel état se trouvent les couches populaires, après vingt ans de mondialisation ? Dans Fractures françaises, Christophe Guilluy nous propose une leçon inédite de géographie sociale. S'appuyant sur sa discipline, il révèle une situation des couches populaires très différente des représentations caricaturales habituelles. Leur évolution dessine une France minée par un séparatisme social et culturel. Derrière le trompe-l'oeil d'une société apaisée, s'affirme en fait une crise profonde du " vivre ensemble ". Les solutions politiques et une nouvelle attitude sont possibles, pour peu que les nouveaux antagonismes qui travaillent la société soient reconnus et discutés publiquement. Il y a urgence : si la raison ne l'emportait pas, les pressions de la mondialisation qui élargissent les fractures sociales et culturelles risqueraient de faire exploser le modèle républicain.

En bon géographe qu'il est, l'auteur tente de démonter un certain nombre de clichés qui ont cours depuis quelque temps et qui appuient une conception politique, notamment développée par la gauche. Le principal de ces clichés tient dans une vision de la société française qui se résumerait, pour l'essentiel, à une césure entre une minorité de pauvres issus de l'immigration et concentrés dans plusieurs banlieues urbaines, et une majorité de Français relevant des « classes moyennes », vivant en zones périurbaines et rurales. Voir les choses ainsi tend à déplacer la question sociale vers la lutte contre les discriminations ethniques et la promotion des minorités. Il en résulte une conception largement favorable à la mondialisation et au multiculturalisme. La réalité, pourtant, est bien différente. Quand bien même, pour les élites, la « France populaire, industrielle et rurale a vécu » (p. 105), elle demeure bien vivace. Sa population augmente dans les zones pavillonnaires et les espaces ruraux. Loin de se confondre avec les fameuses « classes moyennes », elle cumule plutôt les indicateurs socioéconomiques défavorables. Les taux de pauvreté sont plus élevés dans le Cantal (21, 6%), la Corse (21,4 %), l'Aude (21,4 %) qu'en Seine-Saint-Denis (18 %). Cette France-là n'abrite guère les élites bénéficiaires de la mondialisation. Elle la craint plutôt et en souffre fréquemment avec les délocalisations.

Fractures françaises
par Christophe Guilly
chez Bourin Éditeur
à Paris, le 21 octobre 2010
206 pages
ISBN-10: 2849412015


Voir aussi

Un Québec de plus en plus divers, est-ce vraiment une bonne chose ?






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