vendredi 11 mai 2018

Alsace — Abandon des cours interreligieux

Le ministère de l’Éducation nationale français enterre le projet alsacien d’expérimenter à la rentrée prochaine des cours d’éducation au dialogue interreligieux (EDII) dans le secondaire.

Il n’y aura pas, à la rentrée prochaine, de cours d’éducation au dialogue interreligieux et interculturel (EDII) dans certains établissements scolaires alsaciens du secondaire. C’est ce que laisse entendre le ministère de l’Éducation nationale. Dans une réponse écrite au député alsacien Bruno Fuchs, publiée au Journal Officiel, il explique l’impossibilité de ce projet qui agite depuis plusieurs semaines les milieux religieux, politiques et laïques d’Alsace et de Moselle.

Rappelant l’obligation, sur ces territoires soumis au droit local, d’assurer un enseignement religieux dans tous les établissements publics, le ministère explique aussi qu’elle « est circonscrite aux seuls quatre cultes reconnus avant l’entrée en vigueur de la Constitution ». Soit le catholique, les deux protestants, et l’israélite. « L’État ne saurait donc, sur le fondement du droit local, organiser et financer l’enseignement d’un autre culte, notamment du culte musulman, dans les écoles publiques de ces départements. La loi ne saurait, en tout état de cause, en prévoir la possibilité », ajoute le ministère. Il rappelle que le Conseil constitutionnel a « jugé qu’à défaut de leur abrogation ou de leur harmonisation avec le droit commun, ces dispositions particulières ne peuvent être aménagées que dans la mesure où les différences de traitement qui en résultent ne sont pas accrues et où leur champ d’application n’est pas élargi. » Le ministère dit enfin son impossibilité de vider les enseignements actuels de leur caractère confessionnel : « Une telle mesure ne pourrait être considérée comme légale au regard des obligations qui incombent à l’État. »

Cette réponse sonne comme un camouflet pour les représentants des cultes alsaciens qui planchent depuis deux ans sur ce projet. Elle devrait en revanche satisfaire Monseigneur Lagleize. L’évêque de Metz s’était opposé avec fermeté à ce qu’elle soit appliquée en Moselle. Très attaché à l’enseignement confessionnel, il avait estimé que « le vrai dialogue ne peut se construire que si chacun est bien formé dans sa propre tradition ». Il avait reçu dernièrement le soutien de Céleste Lett. Le maire de Sarreguemines se dit favorable à ces cours, à condition qu’ils aient lieu sur l’ensemble du territoire français et non en substitution des cours confessionnels d’Alsace-Moselle. Les sénateurs mosellans Jean-Louis Masson et Christine Herzog s’étaient aussi opposés à ce projet, y voyant une menace pour le droit local.

Source : Le Républicain Lorrain

Éthique et culture religieuse : « lutter contre les préjugés à l'endroit des musulmans »

Un jeune chercheur de l’UQTR a constaté que les enseignants étaient souvent mal à l’aise lorsque venait le temps de parler en classe de ce qu’il qualifie comme des préjugés à l’endroit des musulmans dans le cadre du cours d’éthique et culture religieuse au secondaire.

Après avoir animé une série d’ateliers dans les écoles, il en conclut que les professeurs manquent surtout d’outils et de guides pour bien lutter contre les préjugés anti-musulmans. Devant d’autres chercheurs intéressés par le domaine, Mathieu Lizotte a parlé de son expérience avec un guide pédagogique développé par le Centre Justice et Foi à Montréal, « Québécois(e)s, musulman(e)s… et après ? ». « Très rapidement, on a senti qu’il y avait un intérêt d’avoir un outil supplémentaire. On sent parfois qu’il y a un manque de formation sur le terrain », a observé l’étudiant en sciences de l’éducation.

Le guide, conçu pour le Centre justice et foi et — mais cela ni Radio-Canada ni Le Devoir ne le mentionne — l’organisation de femmes musulmanes LaVoiEdesFemmes, a pour but d’aider les enseignants à déconstruire les images préconçues, particulièrement au sujet de la religion musulmane.

Le document propose notamment des ateliers pédagogiques et des activités d’animation à organiser en classe pour engendrer la réflexion. « Ne serait-ce que pour rappeler que tous les terroristes ne sont pas musulmans et que tous les musulmans ne sont pas terroristes », explique-t-il. On aimerait avoir plus d’exemples de préjugés déconstruits, car qui pensent vraiment que tous les terroristes sont musulmans, plutôt disons qu’un grand nombre récemment ?

Au fil de ses rencontres, il a constaté que de nombreux enseignants hésitent même à aborder ce genre de sujet.

« Le fait de ne pas avoir de conseiller pédagogique dans les cours d’éthique et de culture religieuse fait en sorte que les enseignants qui auraient besoin d’aide se sentent moins bien outillés », a-t-il constaté. Résultat : des professeurs tentent d’éviter certaines discussions, comme celles portant sur le voile, par exemple.

Mais ce n’est pas toujours si simple.

Mathieu Lizotte s’engage donc dans une étude en sciences de l’éducation qui porte précisément sur la façon dont les enseignants gèrent les échanges qui s’imposent d’eux-mêmes, notamment en raison de l’actualité. Il commencera cet automne un processus d’entrevues auprès d’enseignants.

« Je veux savoir d’où viennent les préjugés? Qu’est-ce que l’enseignant fait lorsque ces stéréotypes s’invitent en classe ? », se demande-t-il.

Il espère ainsi dresser un portrait dans le but d’adapter les interventions dans les salles de classe au Québec.