mardi 23 avril 2019

Instruction à la maison: le nouvel encadrement rigide du monopole de l'Éducation contesté

Une mère de famille de la Montérégie qui fait l’école à la maison à ses deux garçons aux besoins particuliers craint de devoir les retourner à l’école à cause du nouvel encadrement proposé par le ministre de l’Éducation.

Julie Hémond, de Saint-Rémi, enseigne à ses enfants à la maison depuis deux ans et demi.

Norbert Delisle, 8 ans, a un TDAH, et Fernand Delisle, 9 ans, un syndrome de Gilles de la Tourette.


Le rythme scolaire ne leur convenait pas et leurs parents ne voulaient pas « les abandonner dans le système », résume Julie Hémond.

Depuis qu’ils sont à la maison, ils apprennent à leur manière, font différents projets et des sorties éducatives. Un suivi de leur progression est effectué plus d’une fois dans l’année.

Or, avec les nouveaux encadrements proposés par le ministère de l’Éducation Jean-François Roberge, ils devront entre autres se soumettre à des examens ministériels à partir de la 4e année du primaire.

Axé sur les examens du seul ministère, pas d'équivalence


Leur mère craint malheureusement qu’à ce stade-ci, ils échouent aux examens du ministère et soient forcés de retourner à l’école. Elle prévoit donc les retourner à l’école pour leur éviter ce stress, si rien ne change.

Sans la nouvelle loi, Julie Hémond aurait engagé un professeur titulaire vers la fin du secondaire pour s’assurer qu’ils réussissent leurs examens ministériels de secondaire 4 et 5, pour avoir leur diplôme.

Mais de les forcer si tôt à passer des examens ministériels va contraindre la mère de famille à orienter leur apprentissage en fonction des examens.

Elle dit en exemple que ses enfants connaissent l’histoire de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, du contenu appris habituellement plus tard dans un parcours scolaire.

« On retourne à ce qui ne marchait pas. C’est comme offrir à mes enfants la même chose qu’à l’école. Je suis aussi bien de les retourner là-bas (à l’école) », résume Julie Hémond.

L’Association québécoise pour l’éducation à domicile tente aussi d’amener le ministre à changer d’idée. « Là, c’est de dire qu’il faut faire exactement ce qu’on fait à l’école, et ce n’est pas la meilleure chose pour chaque enfant, individuellement », déplore Noémi Berlus, directrice de l’Association.

Selon elle, d’autres parents qui font l’école à la maison, comme Mme Hémond, craignent de devoir retourner leurs enfants à l’école ou choisiront de déménager en Ontario, où les contraintes sont moindres.

« Faciliter le suivi » et l'imposition d'un unique programme comme solution bureaucratique

Au bureau du ministre de l’Éducation, on indique que le nouveau règlement « facilitera le suivi des apprentissages ainsi que son évaluation. La grande majorité des parents qui font l’éducation à domicile avec leurs enfants s’acquittent de ces tâches avec brio », écrit Francis Bouchard, attaché de presse du ministre.

Une période de 45 jours est en cours actuellement pour que les gens transmettent leur avis au ministre sur les modifications proposées.

Belgique — Moins de cours de morale et de religion catholique, le cours de religion islamique en plein essor

Les cours de religion islamique, protestante et orthodoxe sont quant à eux de plus en plus fréquentés.

Depuis septembre 2017, les élèves de primaire et de secondaire du réseau officiel de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont obligés de suivre une heure de cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté par semaine. Pour ne pas alourdir leur horaire, il a été décidé que les cours de religion, d’une part, ou de morale, d’autre part, passeraient de deux heures par semaine à une heure par semaine.

Il a aussi été décidé que les élèves qui souhaitaient ne plus suivre de cours de morale laïque ou de religion puissent remplacer ce cours par une heure supplémentaire d’éducation à la philosophie à la citoyenneté.

Selon une analyse de l’Orela (Observatoire des religions et de la laïcité), 12,2 % des parents d’élèves de primaire et 15,3 % des parents d’élèves de secondaire ont opté pour une seconde heure d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (EPC) pour l’année 2018-2019. L’année précédente, ces pourcentages s’établissaient à 10,9 au niveau primaire et à 12,1 % en secondaire.

Depuis qu’il est possible d’opter pour deux heures de cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté, les cours de religion catholique et de morale non confessionnelle connaissent une baisse significative de leur fréquentation, tandis que les cours de religion islamique, protestante et orthodoxe continuent de voir leur fréquentation augmenter, note l’Observatoire.

C’est le cours de morale laïque qui est le plus fortement touché par cette diminution. Ce qui est assez logique puisque le cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté est lui aussi d’inspiration « laïque ».

En Communauté flamande et en Communauté germanophone, aucune réforme de ce type n’a encore été mise en œuvre.