Avoir des enfants aurait une influence sur nos opinions politiques et ferait nettement pencher vers la droite, selon ces études menées par l’Université de Pennsylvanie.
Un ensemble de quatre études menées par des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie aurait montré qu’avoir des enfants fait clairement pencher le curseur politique du côté conservateur de la force. En gros, devenir parent entraînerait un attachement à des valeurs plus traditionnelles concernant par exemple la famille, l’éducation, la sexualité ou encore la religion, tout en rendant davantage réfractaire à ce que le site Web féministe de gauche Madmoizelle appelle « des progrès sociaux ».
C’est le journal de gauche The Guardian qui met en lumière ces travaux de recherche : « Il y a cette idée que plus on vieillit, plus on devient conservateur en raison de l’expérience de s’être frotté à la dureté de la réalité. Mais ce n’est pas le cas. Si l’on regarde les personnes qui ne sont pas parents, on ne voit pas une différence d’âge », d’observer Nicholas Kerry, l’un de ses auteurs.
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Corrélations bivariées de Spearman entre le nombre d’enfants et le conservatisme social dans les données combinées des vagues 5, 6 et 7 de la World Values Survey (88 pays, n = 250 437). Plus la couleur du pays est verte plus le lien entre le nombre d’enfants et le conservatisme social est fort. Il est donc faible (mais positif) en Inde, fort aux États-Unis et au Canada, et très fort en Espagne. Unique exception avec une faible corrélation négative : Haïti.
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Comment expliquer cette différence entre les personnes sans enfants et les parents ? « Puisque les valeurs sociales conservatrices privilégient ostensiblement la sécurité, la stabilité et les valeurs familiales, nous faisons l’hypothèse qu’être davantage investi dans le soin parental pourrait rendre les politiques conservatrices plus attractives », suggère l’équipe de chercheurs ayant travaillé sur l’étude.
On ne devient donc pas un « vieux con » ou une « vieille conne », comme l’écrit si délicatement le webzine Madmoizelle, juste avec le poids des années qui s’accumulent sur nos frêles épaules. Pour aboutir à cette conclusion, plusieurs études ont été menées dans différents pays afin de comprendre l’attachement à la parentalité, au soin, et aux enfants et voir le lien de corrélation avec des idées conservatrices, d’un point de vue sexuel et reproductif, social, ou encore économique.
Évidemment ces études ont leurs limites, elles sont aussi le reflet d’un faisceau de valeurs sociales qui peuvent être différentes d’un pays à l’autre. The Guardian souligne que dans des pays comme l’Inde ou le Pakistan, par exemple, la parentalité n’est pas liée à une augmentation des comportements conservateurs. [La population générale étant conservatrice ?] Les études montrent aussi que le facteur de désirabilité sociale peut aussi être pris en compte dans les résultats, à savoir le fait pour la personne interrogée de vouloir se montrer sous un jour positif.
Conservateurs sociaux, mais pas nécessairement plus « conservateurs économiques » (libéraux classiques en économie)
La Dr Diana Burlacu, de l’Université de Newcastle, a salué l’étude, mais a ajouté qu’il était difficile de dire si la parentalité rendait les gens plus conservateurs ou si les conservateurs étaient plus susceptibles de choisir de devenir parents.
Elle a également noté que l’étude n’a pas révélé que les parents sont plus conservateurs sur le plan économique. « Nous constatons que les parents changent leurs préférences économiques et sont plus favorables aux dépenses publiques », a-t-elle déclaré à propos de ses propres recherches, bien qu’elle ait noté que leur soutien à des services comme la garderie n’a duré que pendant qu’ils les utilisaient.
Vers un monde plus à gauche dans les pays en implosion démographique ?
Alors que la question de faire des enfants ou non se fait de plus en plus présente dans les populations progressistes occidentales, l’équipe qui a produit cette étude suggère que les conséquences pourraient être aussi très politiques, et changer en profondeur les mœurs et les comportements :
« Étant donné que la natalité est en déclin dans la majeure partie du monde — mais est en augmentation considérable dans certaines régions — les résultats trouvés pourraient avoir de profondes implications pour le paysage politique du futur. »
Plus particulièrement, nos résultats suggéreraient que l’augmentation du fait de ne pas avoir d’enfant pourrait potentiellement contribuer à un processus de libéralisation des questions sociales. [Jusqu’à ce que les enfants plus nombreux des conservateurs commencent à avoir de plus en plus de poids ?] En conséquence, intégrer ces découvertes à des modèles existants de comportements politiques pourrait contribuer à des modèles plus précis d’évolution de l’idéologie au niveau de la population. »
Sources : Madmoizelle et The Guardian
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