jeudi 12 août 2010

Calendrier interculturel : éviter d'organiser des examens lors des différentes fêtes

Le Journal de Québec nous apprend aujourd'hui que le ministère de l’Éducation a mandaté un expert pour dresser une liste de 35 fêtes religieuses qui ont lieu durant l’année scolaire. Pour une école libre avait déjà parlé de ce calendrier il y un an. Ce « calendrier interculturel » est censé aider les écoles à «V planifier des activités  », mais dans les faits, il vise aussi à déterminer des dates d’examen sans froisser les minorités religieuses, affirme le Mouvement laïque québécois.

Des documents obtenus par le Journal en vertu de la Loi sur l’accès à l’information révèlent que le ministère de l’Éducation mandate depuis deux ans le religiologue Frédéric Castel pour s’assurer que son « calendrier interculturel  » ne brime aucune religion.

L’expert doit « évaluer la pertinence » des fêtes qui y figurent en « vérifiant qu’il n’y a pas d’inexactitudes [...], des oublis majeurs et des déséquilibres compromettant l’équité entre les diverses religions.  »

On y trouve au moins 35 fêtes chrétiennes, musulmanes, sikhes, hindoues et juives, en plus d'une série de journées internationales très politiquement internationales, voir l'illustration ci-dessous.

« L’objectif est de ne pas prêter flanc à la critique  », avoue le Ministère, dans le contrat de M. Castel.

« Ils sont tombés sur la tête »

Même si ce calendrier interculturel « ne vise pas à déterminer les journées fériées pour le personnel scolaire », le document est « mis à la disposition » des écoles « pour la planification d’activités scolaires », ce qui fait bondir la présidente du Mouvement laïque québécois, Marie-Michelle Poisson.

« Ils sont un peu tombés sur la tête », lance celle qui enseigne la philosophie au Cégep Ahuntsic.

Mme Poisson affirme que des représentants du Service interculturel collégial ont présenté un modèle de ce fameux calendrier à des professeurs, l’an dernier, en leur suggérant de tenir compte des fêtes religieuses qui s’y trouvaient pour déterminer les dates des examens.

La suggestion aurait été « reçue assez durement » par les enseignants, raconte Marie-Michelle Poisson.

La première version de ce calendrier interculturel est apparue il y a quatre ans, au plus fort de la crise des accommodements raisonnables.

Pratiques religieuses imposées

« Ce qu’ils font, c’est qu’ils vont au-devant des demandes ou des critiques, dit me Poisson. Il n’y a jamais personne qui leur a demandé d’élaborer ce calendrier. »

« C’est dommageable de présumer que les gens [qui immigrent au Québec] ne sont pas adaptables, estime-t-elle. Les demandes de congés pour des motifs religieux sont pourtant très peu nombreuses.  »

L’Association des parents catholiques du Québec n’est « pas d’accord » avec l’existence de ce calendrier. « Ça va tout à fait dans le sens du discours du cours d’éthique et de culture religieuses et des appréhensions que nous avions lors de l’apparition de ce cours », dit la présidente de l’organisme, Jean Morse-Chevrier.

« On n’impose pas seulement des contenus, on impose jusqu’à un certain point des pratiques religieuses, déplore Mme Chevrier. Quand on souligne l’existence d’une fête religieuse à l’école, on fait la promotion d’une religion. Si on commence à célébrer des fêtes hindoues ou islamiques qui sont vraiment en contradiction avec le christianisme, c’est dangereux pour le parent, parce que ça détourne l’enfant de sa propre religion et de la vision du monde qui va avec. »

Jean-Morse Chevrier croit que le ministère de l’Éducation n’est pas laïque, contrairement à ce qu’il laisse entendre.

« La définition de laïque que s’est donnée le Ministère fait en sorte qu’il croit pouvoir promulguer toutes les religions, alors qu’une autre définition ferait en sorte qu’il ne parle d’aucune religion. Cela serait sûrement moins offensant pour les parents », affirme-t-elle.





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