lundi 12 avril 2021

France — Enseignement à distance, la semaine calamiteuse

Emmanuel Macron participe, mardi, à une session d’enseignement à distance depuis l’Élysée.

Pépins, piratage, afflux de connexions, informations contradictoires… La semaine qui s’achève a été calamiteuse pour l’enseignement à distance.

Le contexte. Fin mars, la Cour des comptes a publié un bilan critique de l’enseignement à distance durant le premier confinement. Un an plus tard, on aurait pu croire que des leçons auraient été tirées. Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, avait promis que tout serait «prêt» cette semaine. Ce fut loin d’être le cas. L’enseignement à distance s’est encore fait dans des conditions déplorables.

Il y a eu deux problèmes:

  1. Le site du Cned s’est retrouvé indisponible mardi, et encore perturbé mercredi. Le ministre a pointé la responsabilité d’attaques informatiques «probablement venues de l'étranger». Il semble que des ordinateurs russes et chinois ont servi de relais pour une attaque par déni de service, qui consiste à faire tomber un site sous un afflux de connexions. Le parquet de Paris a ouvert une enquête.
  2. Les Environnements numériques de travail (ENT) n’étaient pas assez bien dimensionnés pour accueillir un si grand nombre d’élèves mardi, et ont croulé sous la charge. Ils dépendent des régions et des départements, à qui le gouvernement a renvoyé la faute.

Ce qui n'a pas marché, ce sont les 'tuyaux', qui ne sont pas de la compétence de l’Éducation nationale. Cela relève des régions et des départements. Les collectivités locales nous avaient dit qu'elles étaient prêtes.

Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, mercredi.

Le point OVH. Tout aussi perturbant, fut la mention par Jean-Michel Blanquer d’un «opérateur privé qui a eu un incendie à Strasbourg il y a quelque temps et qui n'a pas pu faire face à l'afflux de connexions ce matin». Or OVH, puisque ce c’est de lui dont il s’agit, n’a pas de lien avec «Ma classe à la maison», et avec les ENT perturbés. Un problème technique? Accusez OVH !

La minorité «historique» anglophone du Québec comprend 258 605 personnes, la communauté anglophone 1 103 475

Article qui souligne l’échec cuisant de l’assimilation vers le français et le cheval de Troie qu’ont constitué les privilèges accordés à la « minorité historique anglophone » au Québec et ses institutions très richement dotées. Un texte du politologue Pierre Serré.

La loi 101 fut indéniablement bonne en son temps, le Québec partait de loin. Elle a cependant jeté les bases du recul actuel. Voici pourquoi.

  • La loi 101 repose sur 5 erreurs majeures. Elle aurait dû : définir les ayants droit (aux services publics en anglais) ; hormis l’école, nil [rien].
  • prévoir la possibilité d’une décroissance démographique de la « Minorité anglo-québécoise » ; nil.
  • éviter de soumettre le droit de travailler en français au droit d’être servi en anglais ; nil.
  • rendre le « français-langue de travail » réellement justiciable ; cuisant échec.
  • protéger l’intégralité du territoire québécois contre les migrations interprovinciales ; propriétés et terres s’offrent toujours à qui en a les moyens.

Conséquence, on sert en anglais sur demande. Ce libre choix a créé une dynamique demande/offre entraînant le développement fulgurant de la « Communauté anglophone ».

Des chiffres qui parlent

Avec 1 103 475 anglophones de « première langue officielle parlée » (PLOP), la « Communauté » excède de 845 000 la « Minorité » et ses 258 605 « citoyens canadiens de langue maternelle anglaise, nés au Québec de parents nés au Canada » (Statistique Canada, Recensement 2016, commande spéciale ; calculs n’engageant que l’auteur), dont seulement 140 000 avaient un ou deux parents anglophones. [Et être anglophone, né au Québec de parents nés au Canada, ce n’est pas très historique… Il faudrait au moins plus de deux générations nées ici.]

À 1,8 % de la population, la puissante minorité anglo-britannique qu’évoque la minorité anglo-québécoise est Histoire et folklore. Quant à la « Communauté anglophone », sans assise historique, elle est le prolongement en territoire québécois du Canada anglais majoritaire et multiculturel.

Provincial et fédéral ajoutent pêle-mêle à la « Minorité » les citoyens anglophones natifs des autres provinces (106 755 p.), immigrants (60 545 p.) et enfants d’immigrants (145 940 p.), recensés parlant l’anglais et une autre langue (48 477 p.), « anglicisés » francophones et allophones (209 771 p.), anglophones en public, mais non au foyer (236 626 p.) et non-citoyens (36 756 p.).

Disparue, la « Minorité » n’a pas causé l’anglicisation galopante : le Québec « anglicise sans Anglo-Québécois ». Par contre, elle dispose d’institutions devenues énormes, desservant 1,1 million d’anglophones, en croissance. Improbable qu’un renforcement du « français-langue de travail » puisse surpasser le puissant vacuum main-d’œuvre/clientèle des CUSM, McGill, Concordia, Dawson, etc. Quant aux institutions francophones, elles s’adaptèrent aux débordements de la demande anglophone.

Propositions

L’État créerait, dirigerait et financerait deux réseaux publics, l’un français, et l’autre, anglais, territorialisés et financés selon le poids relatif des non-ayants droit par rapport aux ayants droit.

Le réseau public français travaillerait uniquement en français, protégeant ainsi la langue de travail ; la traduction serait entièrement à la charge des demandeurs. Par définition, ce réseau desservirait tous les non-ayants droit. Le « français-langue de travail » serait justiciable. Parallèlement, un réseau public anglais desservirait les Anglo-Québécois.

Inutile d’identifier les ayants droit : tous pourraient accéder aux services dans la langue désirée, assumant « traduction/files d’attente » découlant du rapport demande/offre. Cette proposition préserve les services aux Anglo-Québécois comme les Québécois le font exemplairement, et place parmi les non-ayants droit les Canadiens anglais des autres provinces. Il est vital de protéger le territoire des migrations interprovinciales, particulièrement l’Outaouais et Montréal.

Après 40 ans de loi 101, la pérennité du français n’est toujours qu’un objectif. Le Québec a plutôt créé une « Communauté anglophone » et financé son expansion, anglicisant non anglophones et immigrants. L’indépendance n’y changerait rien. Le Québec sert de marchepied pour l’élite canadienne-anglaise.

Cette proposition, banale, protège le français et la minorité. La dynamique créée multiplierait main-d’œuvre et clientèle francophones. 

[Ces mesures nous semblent un strict minimum : il manque par exemple l’obligation de l’État de communiquer uniquement en français avec toutes les personnes morales qui résident au Québec y compris avec les professions libérales : docteurs, avocats, ingénieurs, dentistes, etc. Tous les dossiers communiqués à la RAMQ ou à toutes autres agences gouvernementales ne pourraient l’être qu’en français. Les diplômés de ces mêmes professions libérales devront soit suivre leur cursus universitaire en français soit passer des examens oraux et écrits très stricts en français pour démontrer leur capacité à servir correctement la clientèle québécoise et à communiquer avec l’administration québécoise dans la seule langue officielle du Québec. Cela devrait vite tarir la fascination pour l’éducation supérieure en anglais.]

Formation des fonctionnaires fédéraux en racialisme (pardon antiracisme...) et stéréotypes anti-blancs

Jeudi dernier, le Toronto Sun a dévoilé des documents qui montre à quel point l’idéologie woke est en train de contaminer nos institutions.

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Selon le Toronto Sun, tous les fonctionnaires fédéraux doivent désormais suivre une formation destinée à les sensibiliser au racisme.

Voici des extraits des documents que les employés de l’État fédéral doivent lire :

  • « Le racisme est aussi grave au Canada qu’aux États-Unis. »
  • « Au Canada, les Blancs détiennent le pouvoir en raison des modes de pensée eurocentriques, enracinés dans le colonialisme, qui perpétuent et privilégient l’hégémonie blanche. »
  • « Il existe des préjugés à l’égard des Blancs (exemple : les Blancs ne savent pas danser), mais cela n’est pas du racisme. »
  • « Le racisme et le colonialisme font partie des fondements de ce que nous appelons aujourd’hui le Canada. »
  • « La suprématie blanche est présente dans nos hypothèses institutionnelles et culturelles, qui attribuent une valeur, une moralité, une bonté et une humanité au groupe blanc, tout en attribuant aux personnes et aux communautés de couleur le rôle de sans valeur, d’immoraux, de mauvais et d’inhumains ainsi que non méritants. » 

 

 « Voici des caractéristiques de la culture de la suprématie blanche qui existe au Canada : 

  •  Le perfectionnisme 
  • La quantité au détriment de la qualité 
  • Le culte de la parole écrite
  •  Le paternalisme
  •  La peur du conflit
  •  L’individualisme 
  • Le progrès, c’est nécessairement plus
  •  Le droit au confort 
  • L’objectivité »

On reconnaîtra des thèses répandues notamment par la militante Judith Katz

 

Pour Brian Lilley du Toronto Sun, alors que les participants à cette formation, offerte par Affaires mondiales Canada, sont invités à remettre en question le nom même du pays, on les informe également de ne pas remettre en question d’autres questions telles que l’affirmation selon laquelle seuls les Blancs peuvent être racistes. Le premier « mythe » que le cours tente de déboulonner est que le racisme inversé existe et que des noirs ou des autochtones peuvent être racistes. Le début de cette section est repris ci-dessous :

Mythe n° 1 :  Le racisme inversé existe, et les Noirs, les Autochtones et les personnes de couleur peuvent être racistes envers les Blancs.

Bien qu’il existe des suppositions et des stéréotypes sur les Blancs, on considère qu’il s’agit de préjugés raciaux et non de racisme. Le préjugé racial désigne un ensemble d’attitudes discriminatoires ou méprisantes fondées sur des suppositions découlant de perceptions au sujet de la race ou de la couleur de la peau. Ainsi, des préjugés raciaux peuvent être entretenus à l’égard des Blancs (p. ex. « les Blancs ne savent pas danser »), mais cela ne constitue pas du racisme en raison des rapports de force systémiques.

Cette section suscite beaucoup de questions pour Brian Lilley.

Les blancs pauvres qui n’ont aucun pouvoir peuvent-ils alors être considérés comme racistes ? Selon ce cours, le racisme concerne la structure du pouvoir et l’autorité et il y a beaucoup de pauvres blancs, dont certains seront racistes, mais devrions-nous simplement les désigner comme ayant des « préjugés raciaux ».

Lectures essentielles selon le gouvernement du Canada, des ouvrages (majoritairement en anglais) et militants. C’est ainsi que l’« antiracisme » dont Kendi est l’exposant le plus sûr n’est pas simplement un nouveau nom pour un vieux concept. C’est plutôt la doctrine politique derrière les manifestations de rue, les « annulations », les attaques sur Twitter, les boycottages, les renversements de statues et l'intimidation des adversaires politiques. Ces nouveaux antiracistes considèrent que les systèmes politique, économique et policier américains sont gangrénés par des préjugés raciaux et que ces préjugés expliquent toute la différence de statut socio-économique entre les Noirs et les autres (y compris les Asiatiques), que le statu quo doit être combattu et que quiconque ne cherche pas à abattre cet état de fait est un collaborateur du racisme structurel de nos sociétés.

Les personnes qui ne sont pas blanches peuvent-elles être racistes les unes envers les autres ?

L’expérience de Brian Lilley, y compris de son éducation très multiculturelle, me dirait, oui, mais ce cours tente de prétendre que toutes les personnes de couleur sont unies dans une lutte pour la « libération ».

C’est en fait ce mot même, plusieurs autres phrases à la mode dans tout le document qui me disent que cette « formation » pour tous les travailleurs du service extérieur [ministère des Affaires étrangères] n’est rien de plus qu’une tentative d’inculquer une idéologie politique utilisant la race comme point d’entrée.


Les documents en question :

Voir aussi 

« Nous irons dans les écoles pour entamer un dialogue » sur le racisme systémique au Québec   

Éducation à la sexualité : « les craintes des parents sont légitimes »  

« La blanchité multiraciale » : comment les wokes expliquent que des non blancs votent pour Trump 

La théorie de la « fragilité blanche » (une nouvelle ordalie de l’eau utilisée pour découvrir les sorcières)