samedi 14 mars 2009

Dossier contre le cours ECR dans l'Action nationale

Le Devoir va encore faire de l'urticaire. Le dernier numéro de l'Action nationale qui vient de sortir (mars 2009) consacre non plus une recension, mais un dossier complet au programme d'éthique et de culture religieuse.



Dossier
Éthique et culture religieuse : l’intoxication multiculturaliste

L’école, laboratoire du multiculturalisme
— Mathieu Bock-Côté

La culture de la médiocrité
— Charles Courtois

L’endoctrinement bien‑pensant
— Joëlle Quérin

L’intolérable liberté
— Carl Bergeron


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On remarquera que les quatre auteurs de ce dossier sont précisément ceux épinglés dans l'article de Louis Cornellier dans le Devoir qui défendait le cours d'ECR et Georges Leroux.

Les Haïdas et le Québec de la Grande Nouerceur

Quelques images extraites d'un cahier d'activités d'éthique et de culture religieuse destiné à la 4e secondaire et quelques pages du corrigé extraites du guide du professeur.

On y compare deux sociétés : une autochtone de Colombie-Britannique (!) à travers une histoire dessinée dite « vraie » et une autre bande dessinée sur le Québec de la Grande Nouerceur.


« Une histoire vraie » — page 72 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire





Ils sont sympas et ont de l'humour anachronique ces autochtones — page 73 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire




Jean XXIII mêlé à une affaire de témoins de Jéhovah au Québec (c'est bien sûr faux) — page 172 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire



Autre anachronisme : Ministère de l'Éducation sous Duplessis — page 173 du cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire



Les chamanes de la Grande Noirceur —page 184 du guide du professeur d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire




Parallèles entre les Haïdas et le Québec des années cinquante —page 187 guide du professeur d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire

A blog about the promotion of Eastern spirituality in Quebec schools

In Quebec, we only hear about the beneficial effects of yoga, meditation and qi gong. The public has little knowledge of the side effects of these practices and their religious roots. The individuals cannot benefit from accurate information which would enable him ou her to make an informed choice before engaging in such practices. Dangers of Yoga aims to make this information available.






Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Le Devoir défend « son » cours d'Éthique et de culture religieuse

Le Devoir a décidé de reparler du cours d'éthique et de culture religieuse. C'est que celui-ci commence à incommoder une nouvelle frange de la population : les nationalistes. Alors, le Devoir a décidé de défendre « son » cours d'ECR, celui que ses collaborateurs fréquents Georges Leroux et Jean-Pierre Proulx ont pondu comme experts pour le bien de nos enfants.
Louis Cornellier
Édition du samedi 14 et du dimanche 15 mars 2009

On s'attendait, bien sûr, à ce que le nouveau programme d'éthique et de culture religieuse (ECR), implanté dans les écoles québécoises en septembre 2008, suscite une certaine controverse. Les partisans de l'ancien programme d'enseignement religieux confessionnel et les athées militants se rejoignaient dans le mécontentement ressenti quant à cette nouvelle approche du fait religieux.
Et de l'éthique !
Aux premiers, on pouvait pourtant rappeler l'inefficacité de l'ancien cours, qui échouait à transmettre tant la foi que la culture religieuse, et son caractère peu rassembleur, voire discriminatoire.
Arguments peu convaincants : on pouvait améliorer les anciens cours, ne pas rendre encore plus difficile la transmission et puis cette contradiction de tant de partisans de la « diversité » et du « métissage », mots fétiche du Devoir, qui veulent pourtant rassembler, ignorer ou même rendre plus difficile la perpétuation des différences et de la diversité religieuses. Pour ce qui est de la discrimination, la solution avait été proposée et même inscrite dans la Loi pendant quelques années : permettre d'autres cours de religion là où le nombre le permet. Mais voilà, on voulait pouvoir imposer une même solution à tous.
Aux seconds, qui souhaitaient voir le religieux disparaître du programme de l'école québécoise, on pouvait répliquer qu'il serait mal avisé de négliger ainsi un pan du réel qui a contribué, et qui contribue encore, à définir la culture occidentale et les autres et les inciter à se réjouir de l'abandon de la perspective confessionnelle.
Le plus gros problème avec cet argument du réel (qu'on utilise ou non selon les besoins de la cause), c'est que les parents peuvent regretter ce réel et l'imposition de ce que les experts perçoivent comme le réel aux enfants des autres, même quand les parents s'y opposent et essaient de se réfugier dans des écoles privées. Ainsi des parents athées peuvent regretter que tant de gens croient encore à ces mythes incapacitants ou nuisibles que sont, selon eux, les religions (le réel) et ne veulent pas que leurs enfants soient soumis dès six ans à ces sornettes.
Sans suffire à convaincre les uns et les autres, ces arguments avaient au moins le mérite de justifier, aux yeux de la majorité, pouvait-on espérer, la pertinence du nouveau programme d'ECR.
La majorité... Guère plus de 52 % malgré tout le battage publicitaire orchestré par le Monopole de l'Éducation, Radio-Canada et des journaux comme Le Devoir, partisans en la matière !

Mais le Devoir néglige de dire que 72 % des parents québécois veulent en fait avoir le choix entre ce nouveau programme d'ECR et un cours traditionnel de religion.

Mais peu importe, les « experts », dont les deux collaborateurs réguliers du Devoir que sont MM. Georges Leroux et Jean-Pierre Proulx, savaient ce qui était bon pour les enfants des autres.
Ce qu'on avait moins vu venir, cependant, c'est la contestation virulente émanant des rangs d'une certaine droite nationaliste et intellectuelle,
Alors qu'on se demande bien en quoi une certaine gauche québécoise qui écrit dans Le Devoir est encore nationaliste.
au nom de la protection de l'identité nationale. Aux yeux de ces conservateurs à la québécoise, en effet, l'essai de Georges Leroux intitulé Éthique, culture religieuse, dialogue: arguments pour un programme (Fides, 2007) est devenu l'ennemi à abattre parce que, défendant le programme d'ECR au nom du respect du pluralisme, il mènerait à une « rupture avec l'identité nationale », selon la formule de Charles-Ph. Courtois.
Un essai serait l'ennemi à abattre ?

Non, c'est le programme que défend cet opuscule peu convaincant.
Pour Mathieu Bock-Côté, par exemple, l'« éducation à la tolérance » et la « sensibilisation à la différence » qui sont au cœur du programme d'ECR annoncent « une véritable haine de soi qu'on inculquera à une jeunesse devenue étrangère à sa propre culture » (Le Devoir, 24 avril 2008). Leroux est pourtant clair à ce sujet : le programme reconnaît le catholicisme comme « la tradition religieuse de référence au Québec ».
Ce ne sont que des mots. Dans les faits, le catholicisme est très souvent minoritaire dans la partie culture religieuse, elle-même minoritaire dans le cours d'ECR, et ce catholicisme en est réduit à une analyse pas toujours bienveillante des phénomènes qui l'entourent, on a souvent l'impression d'une présentation de reliques d'un autre temps sans prégnance véritable sur la société actuelle.
À partir de là, dialogue. Où est le problème ?
Pourquoi M. Cornellier ne lit-il pas ce que cette « certaine » droite a écrit ? On prétend pourtant que le Devoir est un journal de qualité...

Charles-Philippe Courtois, docteur en histoire (UQAM) et en sciences politiques (Paris), dans l'ouvrage collectif Contre la réforme pédagogique, a pourtant déjà expliqué le danger qui se cachait derrière ce mot trompeur de « dialogue » :

« L'évaluation par compétence peut donc être particulièrement insidieuse, non seulement parce qu'elle rend secondaire l'accès aux connaissances de base, mais aussi parce qu'elle permet facilement d'accorder la première place au conditionnement idéologique dans le processus d'évaluation. Constatation qui ne manque pas de piquant, lorsqu'on songe que les défenseurs de la nouvelle pédagogie n'en finissent plus de se distancier des modèles classiques de l'école, soit catholique, soit républicain, en critiquant non seulement les idéologies véhiculées par ceux-ci, mais, prétendument, le fait même de favoriser soit le catholicisme, soit le patriotisme. »
Conservatisme de combat

Dans L'État québécois et le carnaval de la décadence (L'intelligence conséquente, 2008), un pamphlet débridé animé par un conservatisme de combat, Carl Bergeron qualifie Leroux d'« idéologue pur jus » et lui attribue une « haine anti-occidentale » et le désir de détruire la famille, seule dépositaire légitime, selon le pamphlétaire, des valeurs à transmettre aux enfants.;?
Alors que, pour le journaliste soi-disant sérieux du Devoir, qui devrait décider des valeurs à inculquer aux enfants ? L'État (s'il est de gauche) ? Les experts (idem) ?
Bergeron affirme même que l'ouvrage de Leroux est « le produit d'une pensée totalitaire ». Une telle extravagance ne mérite même pas la réplique.
Mais bien quelques lignes pour démolir l'auteur ? Il faut dire que Carl Bergeron
rend la pareille aux « publijournalistes » du Devoir
et ne se prive pas pour attaquer — souvent avec raison et dans un style débridé — les folliculaires de ce bulletin paroissial du Plateau Mont-Royal, à gauche, soi-disant progressistes, prétendument nationalistes mais bien féministes, de tous les combats gays, interculturalistes, étatistes et sans enfants.
Dans le numéro de février 2009 de L'Action nationale, Joëlle Quérin, doctorante en sociologie à l'UQAM, tente une critique plus raisonnée, mais pas nécessairement plus forte, des arguments de Leroux. Le philosophe, explique-t-elle, ferait fausse route en proposant « que le pluralisme de fait appelle une adhésion au pluralisme normatif ». Faut-il comprendre que, selon elle, le pluralisme existe bel et bien, mais devrait être ignoré, voire combattu, par l'école ?
Qu'est-ce que cela a de choquant pour ceux qui sont pour un monopole de l'éducation qui décide sans cesse ce qui doit être enseigné ou non ? Les gens du Devoir par exemple. Il existe de nombreuses options (politiques, culturelles, linguistiques, littéraires, etc.) qui existent de fait et qui sont ignorées dans les programmes scolaires gouvernementaux.

Quoi qu'il en soit, c'est un point de vue cohérent pour des nationalistes qui veulent d'abord que l'école publique transmette les valeurs de la société d'accueil et non pas toutes les valeurs (en quelles proportions de toute façon ?) qui se retrouvent dans la société devenue bigarrée.
Quérin affirme même que « le pluralisme ne découle pas de la diversité », mais qu'il la produit. Faut-il comprendre qu'il s'agirait de ne pas tenir compte de la diversité pour la voir disparaître ?
On ne voit pas très bien ce qui turlupine M. Corneiller. En tout cas, il n'y a pas de quoi fouetter un chat quand on adopte le point de vue nationaliste de l'autrice (« auteure » mal formé dans le Devoir, mais pas ici).
Quand Leroux avance l'argument historique selon lequel il importe de transmettre aux nouvelles générations le savoir moral et religieux qui a animé l'histoire du Québec, la sociologue réplique qu'il « procède à une réécriture de l'histoire » parce qu'il inclut dans ce savoir non seulement le christianisme, mais aussi les religions amérindiennes et le judaïsme. Qui, peut-on demander, réécrit l'histoire ?
Pourquoi cette question rhétorique ? Un peu de courage que diable au Devoir...

Leroux dit « tous [l]es aspects moraux et spirituels », or quels sont les aspects moraux et religieux des Amérindiens qui forment les valeurs sociales de la société québécoise d'aujourd'hui ? Quasi aucun, sauf dans l'esprit de ceux qui mythifient l'écologisme ou la culture du dialogue qui viendraient, selon eux, des Amérindiens. Les Iroquois n'ont cependant pas attendu les Français pour massacrer de l'Algonquin. L'immense majorité des Amérindiens sont des chrétiens aujourd'hui. Les récits présentés dans les manuels d'ECR sont des mythes divers et hétéroclites qui doivent former par décision gouvernementale un volet « spiritualités autochtones » alors que pour de nombreuses tribus québécoises ces mythes leur sont étrangers... (voir la bande dessinée de 15 pages sur les Haïdas de Colombie-britannique dans le cahier d'activités d'ECR de LIDEC pour la 4e année de secondaire).

On construit littéralement devant nous une spiritualité autochtone commune et artificielle qui sera enseignée par décret à des millions de jeunes Québécois qui y sont totalement étrangers, mais qui croiront que celle-ci existe ou est importante puisqu'on y revient souvent dans le programme.
Celui qui inclut tout le réel, dans le respect des proportions de ce qui le compose, ou celle qui suggère de faire l'impasse sur certains de ses éléments?
M. Cornellier est un petit pince-sans-rire. Il n'y a justement pas, pour se conformer au programme officiel, de proportionnalité respectée. Résumé : 27 % des pages pour représenter la religion de 90 % des Québécois.

À moins que M. Cornellier ne soit pas un comique, mais un ignare ou encore un savant malveillant ? (Nous pouvons aussi faire dans la question rhétorique.)
Charles-Ph. Courtois, dans la critique du cours d'ECR qu'il publie dans le collectif Contre la réforme pédagogique (VLB, 2008), développe des arguments semblables à ceux de Joëlle Quérin. Ce cours, écrit-il, serait déstructurant sur le plan national parce qu'il «vide l'interculturalisme de sa culture majoritaire de convergence» et va à l'encontre du «modèle républicain d'intégration dans la laïcité [qui] repose sur l'intégration à une culture nationale commune». Courtois parle lui aussi d'un «bourrage de crâne» et d'une «rééducation idéologique» qui abolit «la perspective québécoise».

Ces critiques outrées ne rendent pas justice au programme d'ECR et à la défense qu'en fait Georges Leroux.
Facile à dire, mais on attend le début d'une preuve... Il ne suffit pas d'extraire et de mettre entre guillemets chaque mot un peu fort tout en éliminant les explications des auteurs...
Car de quoi, au juste, a-t-on peur? D'un multiculturalisme qui mènerait à la fragmentation de l'identité nationale québécoise en encourageant un relativisme moral de principe ? Ce n'est pourtant pas de cela qu'il s'agit. La pratique du dialogue qui est au cœur du programme d'ECR repose sur le credo démocratique, le respect des lois du Québec, imprégnées de sa culture et de son histoire, et elle se fera en français.
Qu'est-ce qui se fera en français ? La pratique du dialogue dans les écoles anglaises ? C'est nouveau. Je ne regrette pas d'avoir lu le Devoir ! On dirait un vain appel du pied aux nationalistes...
Le pluralisme qu'il s'agit de valoriser ne concerne pas ce socle, mais le reste, c'est-à-dire les convictions intimes qui guident nos vies et qui se nourrissent à l'éthique et, très souvent, à la culture religieuse. C'est ce que veut dire Leroux quand il écrit qu'il s'agit «de mettre en harmonie l'école avec la modernité politique».

Il y a, au Québec, des Québécois croyants d'une foule de confessions religieuses, des agnostiques et des athées. Même à l'intérieur du catholicisme, les «différentes conceptions de la vie bonne» sont multiples. Apprendre à connaître et à reconnaître, même sans y adhérer, la richesse de ces dernières et pratiquer l'art de les mettre en débat dans un dialogue respectueux ne peut apparaître comme une menace qu'à des nostalgiques d'un monde ancien dans lequel la diversité éthique et religieuse était vécue sur le mode du malaise et constituait un obstacle à l'intégration. Nous, modernes, ne vivons plus dans ce monde.
D'une part, il s'agit d'un vœu que la réalité dément souvent : la diversité et l'hétérogénéité des valeurs fragilisent souvent les sociétés (voir Taguieff qui qualifie ce multiculturalisme béat de dernière utopie des bien-pensants). C'est d'ailleurs, paradoxalement, pourquoi les auteurs de cours d'ECR parlent de créer par ce cours « une culture publique commune » !

D'autre part, il est toujours intéressant de confronter les écrits de ces apôtres du dialogue aux actes qu'ils posent ou approuvent (ne fût-ce que par leur silence médiatique) : ils imposent le cours sans aucun dialogue, menacent de faire intervenir la DPJ, sanctionnent les enfants qui s'absentent du nouveau catéchisme obligatoire et ne conçoivent le dialogue que comme la soumission au consensus social moderne qu'ils disent incarner alors qu'en vérité ils veulent le façonner.