« Le racisme environnemental, ce serait le racisme ou l’oppression envers les gens de couleur ou des groupes ethniques qui les poussent à habiter dans des environnements nocifs ou de moins bonnes qualités que le reste de la population », déclare Hiem Pham, professeure en études urbaines à l’UQAM.
Le texte de ce « documentaire » :
Lorsqu’on parle de l’environnement, on pense souvent à un domaine qui est universel. Un domaine qui nous affecte tous de la même façon. En réalité, on vit dans une société où il existe des inégalités sociales. Les communautés noires, autochtones et immigrantes, elles se retrouvent aussi à avoir à vivre, à se nourrir et à grandir dans des environnements qui sont injustement des points chauds de pollution.
Le racisme environnemental, ça serait la discrimination ou l’oppression envers les gens de couleur ou des groupes ethniques qui les poussent à habiter dans des environnements nocifs ou de moins bonnes qualités que le reste de la population.
L’un des premiers symptômes que l’on constate, au niveau du racisme environnemental, c’est la tendance à localiser les industries polluantes à proximité de communautés racialisées. Ensuite, ces communautés sont souvent exposées de façon injuste et disproportionnée à la pollution de l’air, la pollution de l’eau, les îlots de chaleur. On constate que ces communautés ont aussi moins souvent accès aux bénéfices environnementaux qui viennent, par exemple, de la présence d’espaces verts.
Ce terme-là prend racine de la conjoncture [sic, recte : conjonction] de deux mouvements sociaux aux États-Unis. Le mouvement pour le droit civique des Noirs dans les années 60-70 et les mouvements qui s’opposaient à des sites d’enfouissement toxique dans les années 80. On peut dire que la première trace du terme du racisme environnemental remonte en 82. Quand une communauté noire en Caroline du Nord a documenté sa propre exposition à des produits chimiques et toxiques dans le sol. (« On ne laissera pas le comté de Warren devenir un dépotoir. ») Et qui l’a qualifié de racisme environnemental.
En Ontario, on a cette région qui est connue comme la « Chemical Valley » qui abrite à elle seule près de 40 % de l’industrie chimique au Canada. Il y a un rapport du commissaire à l’environnement de l’Ontario qui allègue [prononcé « allège »] que les membres des communautés autochtones sont disproportionnellement affectés par ces industries. En Nouvelle-Écosse, la communauté d’Africville qui a abrité des communautés de descendants d’esclaves a été utilisée comme dépotoir pendant plusieurs décennies avant d’être complètement rasée au bulldozer. En fait, il y a un récent rapport du rapporteur général des Nations unies sur les droits humains. Après sa visite au Canada en 2019, il a sonné l’alarme confirmant qu’il existe en fait des tendances au racisme environnemental au Canada et que plus d’un million de Canadiens à faibles revenus [mais pauvres implique-t-il racisés, si oui, pourquoi augmenter l’immigration racisée ?] vivent à environ un kilomètre d’une source majeure de pollution. Pour avoir un impact sur l’ensemble d’un territoire, c’est pas simple. Parce que d’abord il faut reconnaître que chaque territoire est unique. Donc, il n’y a pas de solution unique. Par contre, si on peut avoir des mesures institutionnelles, ou législatives sur le racisme et les inégalités en général, c’est sûr que ça peut aider. Par exemple, on travaille en ce moment sur Bill C-230. L’un des premiers bénéfices de la loi, c’est qu’elle nous permettrait de réussir à obtenir les données pour mieux comprendre le problème de racisme environnemental au Canada. Le deuxième bénéfice de cette loi, c’est qu’elle officialise l’engagement du gouvernement.
Mais il faut faire attention à ne pas imposer le processus législatif ou administratif à des groupes qui sont sous-représentés dans les institutions politiques. Parce qu’une mesure qui peut être très bénéfique peut avoir des effets pervers. C’est-à-dire, en verdissant un quartier on le rend attractif, mais on peut faire augmenter les loyers et engendrer des évictions, des déplacements de populations vulnérables ou racisées.
Ça va être en fait bénéfique pour le mouvement environnemental, de devenir plus diversifié. Et de considérer un peu plus l’impact sur les communautés marginalisées. Ça va en fait faciliter le succès du mouvement environnemental.
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