mercredi 11 septembre 2024

Suède — Le système éducatif est décentralisé, le privé y est entièrement subventionné

Comme son nom l’indique, l’Internationella Engelska Skolan offre une formation internationale bilingue (anglais et suédois) aux élèves du primaire et du secondaire (6 à 16 ans), dans la banlieue d’Upplands Väsby, au nord de Stockholm. Elle occupe d’anciens locaux administratifs d’une chocolaterie voisine. Les quatre édifices portent des noms de dieux scandinaves, soit Odin, Freya, Thor et Idunn. Une journaliste de M, le magazine du Monde, a visité le minicampus récemment et proposé une comparaison avec les maisons de l’école de sorcellerie Poudlard, de la série Harry Potter.

« Dans une vitrine à l’entrée, parmi des trophées remportés par les élèves, trône le livre de Barbara Bergström Tough Love (non traduit, Ekerlids, 2018), décrit le reportage. Dans ce manifeste à la gloire de l’enseignement privé, la fondatrice de l’école, âgée de 77 ans, raconte comment, en trente ans, elle est parvenue à bâtir un empire, en devenant propriétaire de quarante-six établissements en Suède. Des écoles primaires et des collèges qui lui ont rapporté plus de 85 millions d’euros depuis 1993. »

L’année précédente, le gouvernement du conservateur Carl Bildt lançait un programme de réformes du système scolaire national qui accordait à chaque élève un « chèque éducation » permettant son inscription dans l’école de son choix (en fait du choix de ses parents). La somme distribuée annuellement par les 290 communes du royaume correspondait d’abord à 85 % des frais. Elle a vite gonflé pour les couvrir entièrement.

Le libre-choix 100 % subventionné, selon la logique de la socialisation des risques et de la privatisation des profits, a donc stimulé la création d’un réseau parallèle tentaculaire et la constitution d’empires scolaires cotés en Bourse. Seuls 1 % des jeunes Suédois fréquentaient une école privée avant la réforme. Ils totalisent maintenant 16 % des effectifs au primaire et 30 % au secondaire.

« Il faut une longue perspective historique pour comprendre cette transformation », dit au Devoir le professeur Håkan Forsberg, de l’Université d’Uppsala. Il explique que la Suède a développé un système d’éducation extrêmement centralisé et très inclusif en instaurant l’école obligatoire pour tous dès un très jeune âge et jusqu’à 15 ans, système qui propose des formations techniques et générales dans les mêmes établissements. Les problèmes économiques des années 1970 et 1980 ont sapé les fondations de l’État-providence et forcé les remises en cause.

« Les tensions et les discussions ont duré deux décennies, et ce sont les sociaux-démocrates qui ont avancé les premiers la possibilité d’une déréglementation et d’une décentralisation, ajoute le professeur. L’idée du bon a ensuite été imaginée pour permettre au privé de concurrencer et de stimuler le public tout en offrant le libre-choix subventionné aux parents. »

Stockholm-en-Québec

Lui-même ancien enseignant d’histoire et de suédois au secondaire, M. Forsberg est spécialisé en sociologie de l’éducation. Ses recherches quantitatives portent principalement sur le marché scolaire. Elles cherchent à expliquer comment les familles s’y comportent et les effets de la ségrégation socioéconomique engendrés ou accentués par la grande privatisation.

« En fait, on peut observer un mouvement semblable dans plusieurs pays du monde, fait remarquer le professeur. La Chine a aussi choisi de déréglementer son système pour permettre la concurrence entre différents types d’offres de services. » Il ajoute qu’en Suède, le mouvement de déréglementation et de privatisation a aussi touché le système de santé et ainsi permis la mise en place de cliniques privées et de tout un réseau d’hospices pour les personnes âgées.

Qu’en est-il au Québec, où nous aimons bien nous comparer aux pays scandinaves, souvent à notre désavantage ? La Révolution tranquille n’a pas osé s’attaquer aux écoles privées. Il s’en trouve maintenant environ 270, qui attirent quelque 125 000 élèves, dont 70 % sont au secondaire, 25 % au primaire et 5 % au préscolaire. Au total, un élève québécois du secondaire sur cinq (20 %) fréquente une école privée, surtout en milieu urbain.

Un système « à trois vitesses », qui comprend également le réseau public « ordinaire » et les écoles publiques à programmes enrichis qui viennent concurrencer le privé, s’est ainsi développé ici. La subvention accordée par Québec au réseau privatisé représente 60 % des frais alloués au public.

[...] les écoles privées du Québec sont des OBNL [sans but lucratif] qui ne peuvent générer de profits [alors qu'elles le peuvent en Suède], et il n’est plus possible d’obtenir ici un permis pour en ouvrir une nouvelle.

Lutte des classes

Les premières initiatives privées suédoises venaient parfois de coopératives d’enseignants sans but lucratif. Les entreprises commerciales ont vite pris le relais. « On se retrouve en situation de quasi-monopole sur le marché, dit le professeur Forsberg. La plupart des écoles privées appartiennent maintenant à quelques grands groupes. Il n’y a aucune limite à leur niveau de rentabilité. Les réseaux les plus importants sont maintenant milliardaires en couronnes suédoises. »

L’Internationella Engelska Skolan est du nombre. Le poids lourd AcadeMedia s’internationalise, lui qui compte pas moins de 100 000 élèves répartis dans ses écoles de la Suède, mais aussi de la Norvège, de l’Allemagne et, plus récemment, des Pays-Bas. Le groupe compte 700 écoles, y compris dans le secteur de l’éducation aux adultes. Il emploie plus de 18 500 personnes. Le holding AcadeMedia AB a réalisé un profit de plus de 35 millions de dollars canadiens au dernier trimestre, dont près de 23 millions distribués à ses actionnaires.

Toutes les compagnies scolaires ne s’en tirent pas aussi bien. En 2013, la faillite du groupe JB Education a laissé en rade 11 000 élèves et un millier d’enseignants. Le service national d’inspection a fermé 25 écoles au cours des cinq dernières années pour divers manquements, dont l’embauche d’enseignants non qualifiés.

Qualité variable du public selon la zone géographique

N’empêche que le développement des empires scolaires dans le pays réputé social-démocrate découle aussi du libre-choix donné aux parents suédois. Alors pourquoi certains favorisent-ils les écoles privées avec leur « chèque éducation » ?

Le professeur Forsberg a beaucoup étudié la situation à Stockholm, là où le réseau privé s’étend le plus, comme ici, dans la région métropolitaine. Il explique que sa société très égalitaire négocie avec une importante « ségrégation résidentielle » qui stimule le choix de certaines écoles au détriment de certaines autres. Comme au Québec, quoi, où des parents préfèrent se saigner pour inscrire leur progéniture au magnifique collège privé situé à quelques kilomètres de la maison plutôt que de l’envoyer dans la polyvalente-bunker déglinguée de leur quartier.

Le professeur envoie ses propres enfants dans le réseau public, mais il précise habiter un secteur privilégié de sa ville universitaire, où les écoles sont excellentes. Des programmes particuliers du réseau privé, offrant par exemple une éducation bilingue ou promettant de transformer les jeunes en futurs entrepreneurs du numérique, s’avèrent aussi attrayants pour certaines clientèles.

« Il reste qu’au niveau secondaire, les meilleures écoles sont encore celles du réseau public », conclut le professeur Forsberg. Un sondage diffusé en juin 2022 montre en plus que 60 % de la population suédoise est favorable à l’interdiction des profits en éducation.

« Pourtant, nous n’avons qu’un seul parti à gauche qui se déclare contre ce système privatisé, alors que le lobby des grands groupes scolaires fait beaucoup pression sur les autres partis. Chose certaine, la Suède se retrouve dans une situation dérégularisée extrême, assez unique au monde et inédite en Scandinavie. »

Source : Le Devoir

mardi 10 septembre 2024

La rentrée littéraire automne 2024, moins de romans mais toujours trop


Selon le magazine de la profession, Livres Hebdo, le nombre de parutions à la rentrée d’automne 2024 n’est que de 459 romans. C’est 1,5 % de moins que les 466 de l’année précédente.

Moins de romans, mais encore trop pour les libraires : les éditeurs réduisent légèrement leur offre pour la rentrée littéraire 2024, même si les rayons de livres débordent toujours.


À découvrir

Le magazine de la profession, Livres Hebdo, recense 459 romans prévus en août, septembre et octobre, dont 68 premiers romans (9 % de moins de primo-romanciers, ils étaient 74 en 2023) ainsi que 148 livres étrangers (trois de plus qu’en 2023). C’est 1,5 % de moins que les 466 de l’année précédente et 35 % de moins que le record de 2010, où les librairies avaient été submergées par 701 nouveautés.

« Pour la troisième année consécutive, le nombre de parutions à la rentrée d’automne 2024 sera sous la barre des 500 titres », commente Livres Hebdo sur son site internet. On retrouve ses habituelles têtes de rentrée dont Amélie Nothomb, Emma Becker, Muriel Barbery, mais également Gaël Faye, Philippe Jaenada, Grégoire Bouillier, Maylis de Kerangal…

Un appel à une « baisse draconienne »


La rentrée littéraire est une tradition française bien établie, où les grands éditeurs placent des titres qui concourent aux grands prix d’automne (Goncourt, Renaudot, Femina, etc.), tandis que les moins connus espèrent profiter de la fréquentation des librairies à cette époque.

Les libraires, justement, quoiqu’ils profitent de ce coup de projecteur médiatique sur la littérature, sont devenus très critiques face à la surabondance.

Pour donner un exemple de ce qui les attend : sur deux jours seulement, le mercredi 21 et le jeudi 22 août, ce sont près d’une centaine de romans qui sortent simultanément. Les mettre tous immédiatement en rayon ? Impossible. Pourtant, être présent en librairie est une question de vie ou de mort pour chacun de ces titres.

« Nous appelons à une baisse draconienne de cette production », disait à la presse début juin la vice-présidente du Syndicat de la librairie française (SLF), Amanda Spiegel. « Ce serait une mesure très saine pour toute la profession, pour l’environnement et pour les lecteurs ».

« Aujourd’hui, des nouveautés, il y en a quatre fois plus que dans les années 80 (…) alors que le lectorat s’est certainement rétracté », expliquait-elle. Pour ces libraires, cela implique des choix, qui ont tendance à bénéficier aux auteurs les plus connus. « Évidemment qu’on n’achète pas toute la production. Sinon, on aurait des librairies des années 70 avec des livres du sol au plafond », selon Mme Spiegel, qui est libraire à Montreuil à côté de Paris.

Une « option stratégique »

Le SLF plaide pour un accord collectif des entreprises du syndicat national de l’édition pour se fixer un objectif chiffré de réduction du nombre de romans. Les éditeurs y voient une utopie. « Un accord général avec l’ensemble de la profession pour produire moins est illusoire », disait déjà en 2018 l’éditeur Olivier Nora, le respecté patron de Grasset, à Livres Hebdo.

Restreindre peu à peu l’offre se heurte à une difficulté pratique. Cela signifie refuser certains livres d’auteurs fidèles à une maison ou recruter moins de nouveaux auteurs, avec le risque de laisser filer des talents chez la concurrence.

Mais publier moins « est une option stratégique sur laquelle nous allons nous pencher et il est possible que l’on baisse un peu ce nombre de références », disait en avril Arnaud Lagardère, alors PDG de Hachette Livre, qui a depuis abandonné ses fonctions après avoir été mis en examen dans le cadre d’enquêtes sur le financement de dépenses personnelles par ses sociétés.

Cela n’empêche pas Grasset, maison phare du numéro un français de l’édition, de publier une dizaine de romans en août et septembre, quand Albin Michel en fait paraître une vingtaine et Gallimard une douzaine.

Source : Le Figaro

Brevet — Confusion entre « la » ou « l’a» n’est pas considérée comme une faute car l'élève a eu l’idée du son

 Myriam Meyer (professeure de français et de latin) affirme que « Pour le brevet des collèges, si l’élève écrit "la" ou "l’a", cela n’est pas considéré comme une faute car il a eu l’idée du son. C’est l’une des consignes que nous recevons. »

 

Voir aussi

Myriam Meyer se confie sur ses années en tant que prof dans un collège appartenant à un réseau d'éducation prioritaire (REP) et nous livre son regard sur les actions de l'Éducation nationale.

 

 LA VRAIE VIE D’UNE PROF DE BANLIEUE

Pendant six ans, cette jeune prof a enseigné le français, le latin et le grec dans un collège de la banlieue parisienne. Avoir encore foi en son métier quand on se retrouve face à des enfants de culture étrangère, dans une société qui ne croit plus à l’exemplarité ni à la transmission, est un combat de tous les jours. Elle le raconte avec talents dans un livre publié chez Robert Laffont, « Wesh, Madame ?! ».

Ses élèves l’ont baptisée la « Sénégauloise », parce que Myriam Meyer est née au Sénégal, où sa mère était prof et que non, elle n’est pas « une rebeu qui a réussi », même si elle s’appelle Myriam. En découvrant son prénom, les enfants de l’immigration du collège du Val-de-Marne où elle enseignait pensaient volontiers qu’elle était arabe – à l’époque où elle y a été parachutée, elle ne portait pas encore le nom de son mari, Meyer. A l’Éducation nationale, les affectations dépendent d’un système complexe de points. Au bout de trois ans seulement d’expérience professionnelle, enseigner en réseau d’éducation prioritaire (REP) n’était pas le choix de cette trentenaire. Mais avec le recul, ces six années auront été « les plus fécondes, les plus riches et les plus fortes » de sa carrière, comme elle l’écrit dans l’avantpropos de son livre. Myriam Meyer a le talent de faire partager ses émotions au lecteur de Wesh, Madame ? ! Rires et larmes d’une prof de banlieue. Enseigner le français, mais aussi le latin et le grec à des jeunes qui ne parlent parfois que la langue de leurs parents, sans même l’écrire, est une gageure. Cette frêle jeune femme relève le défi avec humour.

Au début, les cours de langues mortes de « Madame Vieuxmots » – un autre de ses surnoms – n’attirent pas les foules. Elle n’a que six élèves. Les collégiens sont réticents, pour des raisons parfois incongrues. Elle s’entend dire : « J’veux pas faire de latin, Rome, c’est trop la honte […] Ça a fait les Roumains. C’d’la merde les Roumains, les Roms. »

CONTRE LA VICTIMISATION

Mais les malentendus finissent par être levés et Myriam Meyer se retrouve avec des classes de 25 élèves. Les parents, dans ces banlieues où le chômage sévit, pourraient douter de l’utilité du latin et du grec pour leur progéniture, mais c’est souvent le contraire qui se produit selon le professeur : « Pas mal de parents me suppliaient de prendre leur enfant parce qu’ils étaient convaincus que c’était le meilleur moyen qu’il se retrouve avec de bons élèves. Du coup, je pouvais avoir dans la même classe des gamins superbrillants, superdisciplinés, et des vrais terribles qui passaient six mois à se demander ce qu’ils faisaient là. »

En cours, l’enseignante montre « à des enfants qui viennent d’environnements et de pays très différents que la France appartient à une culture commune, fondatrice pour notre civilisation, la littérature, la philosophie, la poésie, l’art en général. » Le récit des conquêtes romaines lui permet, au passage, de démonter les discours de victimisation identitaire en expliquant qu’ « Européens ou Africains, on a tous été colonisés à un moment donné, qu’il n’y a pas les oppresseurs et les opprimés ».

Pas facile de lutter contre les idéologies délétères, mais aussi contre ce que Myriam Meyer appelle les « forces obscures », « l’attraction des écrans et de l’argent facile », à une époque où, regrette-t-elle, « l’exemplarité a disparu, dans les familles comme dans la société ». Mais à la lire, elle y parvient souvent, entre rires et larmes.

Wesh, madame ?!,
Rires et larmes d'une prof de banlieue,
par Myriam Meyer
publié chez Robert Laffont,
le 22 août 2024,
240 pp,
ISBN-13 : 978-2221277225

lundi 9 septembre 2024

Pour une école diverse et donc inégalitaire dans ses résultats

Un texte de Pascale Bourgeois, chargée de cours au département d’éducation et pédagogie, Faculté des sciences de l’éducation, de l’Université du Québec à Montréal paru dans le Journal de Montréal.

 

 […] s’il est bien une idée en éducation qui s’est transformée en véritable slogan au cours des dernières décennies, c’est bien celle de l’égalité. Du projet, tout à fait raisonnable, d’égalité d’accès à l’éducation, dans un système méritocratique où chacun progresse selon ses capacités, elle s’est peu à peu transformée en exigence d’égalité face à la réussite. Tout le monde doit désormais jouir des mêmes « chances » de réussir. Pour y parvenir, des mesures compensatoires sont d’abord offertes aux élèves qui présentent des difficultés. Puis, de plus en plus, on prône des approches « positives » qui se concentrent strictement sur les capacités de l’élève.

Autrement dit, pour que tous puissent vivre des réussites, on propose de cesser de confronter l’élève à ses lacunes et à ses déficits. Or, à ne jamais être exposé à ses insuffisances, on demeure inconscient de la distance, parfois abyssale, qui nous sépare de l’excellence.

Bienfaits des obstacles

Plus encore, on défend l’idée selon laquelle une école juste doit abolir les obstacles à la réussite. Dans les faits, on propose d’abolir les critères et les normes qui ne sont pas atteints par tous. S’attendre à ce que tous les élèves atteignent le même critère d’excellence relève du capacitisme, voyons ! C’est là oublier que les plus grandes leçons se trouvent dans les obstacles surmontés, dans la morsure de l’échec et le dépassement des difficultés. On ne gagne rien à franchir une piste que des adultes inquiets ont aplanie pour nous.

Synonyme de vie, d’ordre et de créativité — comme le rappelle éloquemment Nicolas Berdiaev (1918) —, l’inégalité se pose comme la condition même de l’éducation. Quel serait l’intérêt d’une éducation qui nous trouve au même point à l’entrée comme à la sortie ? Il faut bien, et c’est là le nœud de l’affaire, que la culture nous élève, qu’elle nous hisse au-dessus de nous-mêmes et de la foulée : à son plus haut niveau, ne constitue-t-elle pas l’élite ? C’est parce qu’elle nous donne de la hauteur qu’elle est si désirable.

On ne peut, dès lors, qu’espérer un égal accès à cette inégalité, comme le soutient Camus (2008). Une éducation égalitaire au sens le plus strict (et c’est malheureusement ce que l’on semble viser à l’heure actuelle) ne peut conduire qu’au nivellement par le bas… à la déculturation de la culture, afin qu’elle soit plus digeste et attrayante pour ceux qui, autrement, n’y accéderaient pas (ou n’en voudraient pas).

Force est d’admettre, si l’on fait preuve d’un brin de lucidité, que nous ne sommes pas tous égaux au départ non plus : nous n’avons pas tous les mêmes talents, les mêmes ambitions, les mêmes capacités et la même motivation à réussir académiquement. Notre environnement social, culturel, familial diffère également. À moins d’adopter des politiques d’eugénisme, l’égalité face à la réussite est tout simplement impossible à atteindre. De toute façon, à y regarder de plus près, elle n’est tout simplement pas souhaitable.

Crise de l’autorité

Deuxièmement, les auteurs [de gauche dans les médias récemment] s’empressent d’excuser les incivilités et l’indiscipline des enfants, sous prétexte qu’ils ont faim ! La crise de l’autorité à laquelle nous faisons face en éducation, depuis des décennies, serait en fait une crise alimentaire. Et si l’on en croit la pyramide de Maslow, impossible d’être poli en ayant le ventre vide. Il est vrai que ma mère, qui marchait un mille pour se rendre à la petite école de campagne qu’elle fréquentait, avait l’habitude de lancer des chaises aux bonnes sœurs qui se chargeaient de son éducation. Elle avait, voyez-vous, le ventre vide.

Évidemment, ce n’est pas là nier que certains enfants ont effectivement faim, et que de nombreux ménages peinent à couvrir leurs dépenses. Ici, rien de bien nouveau. Cependant, la solution réside-t-elle dans un programme universel offert par un état de plus en plus interventionniste ? Le philosophe et économiste Thomas Sowell nous invite à la prudence, face aux politiques dont les intentions nobles nous dissimulent bien souvent les conséquences dévastatrices…

Enfin, ce n’est pas un manque de respect de laisser aux parents la responsabilité de leurs enfants. C’est plutôt l’inverse ! Il faudrait, à cet effet, s’inquiéter de la mainmise de l’État sur l’éducation de nos enfants. La polémique qui entoure le droit des parents d’être informés de la transition de genre de leur enfant mineur à l’école en témoigne : on ne cède pas nos responsabilités parentales à l’État sans en payer le prix.

À cet effet, plutôt que d’imposer à tous un système unique — celui de l’école publique —, peut-être serait-il temps, au nom de cette diversité des intérêts et des besoins des enfants, dont on s’empresse de défendre le respect en éducation, d’envisager de redonner aux parents la liberté de choisir l’école qui convient le mieux à leurs enfants ?

Voir aussi

L’inégalité comme condition d’existence (Nicolas Berdiaev), vidéo 

« L’Éducation nationale est gangrénée par l’égalitarisme »

À la fin du XIXe siècle, l’État belge décide que les enfants retourneraient chez eux à midi afin de maintenir des liens familiaux

États-Unis — École de premier plan refuse de décerner les prix du mérite national pour éviter de blesser les sentiments des autres élèves

France — Le Grand oral du bac, l’examen inégalitaire

Propositions d’Éric Zemmour en éducation : vidéo et extraits transcrits de son discours de Villepinte ce dimanche 

Le ministère de la Famille du Québec ne devrait-il pas être nommé le ministère des Garderies ?

Malgré la pression sociale progressiste, garçons et filles semblent toujours préférer les jouets traditionnels associés à leur sexe (étude)

États-Unis — Suppression de classes « avancées » au nom de l’« équité » (trop de blancs et d’Asiatiques y sont inscrits)

L’égalité, un fantasme français — psychanalyse et aveux d’un brillant sujet libéral

L’égalité des chances d’une inégale éducation

Accès à l’université — Sélectivité et égalité sont-elles antithétiques ?

Plusieurs grandes études : l’égalité juridique des sexes renforce les différences sexuelles

L’égalité est-elle une « valeur » pertinente en soi indépendamment du contexte ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Seuls 30 % des Québécois en faveur de l'interdiction prévue des véhicules hydrides et à essence d'ici 2035




Seuls partisans du parti d'extrême gauche Québec Solidaire sont favorables à cette interdiction, à 54 %.

L'unanimité des députés nous imposent donc les politiques du parti le plus à gauche, très minoritaire au Québec.

 Le gouvernement du Québec a confirmé en juillet son intention d’aller de l’avant avec l’interdiction de la vente de véhicules à essence à compter de 2035 avec le dépôt d’un projet de règlement.

Le nombre de naissances au Québec se maintient, mais la fécondité continue de s'y effondrer

L'Institut de la statistique du Québec a publié le nombre des naissances pour les 6 premiers mois de 2024. Le nombre des naissances est statistiquement stable (37 700 naissances en 2023 pour ce premier semestre, 37 900 en 2024). En 1957, il était né environ deux fois plus d'enfants sur cette période (144 432 pour 12 mois) alors que le Québec avait une population deux fois plus petite (4,628 millions d'habitants).

Toutefois, la population du Québec étant en forte progression (+ 216 677, soit 2,46 % d'augmentation), le taux de natalité calculé en fonction de la population et l'indice de fécondité (ISF) en fonction du nombre de femmes en âge de procréer devraient tous deux encore baisser, probablement d'environ 2 %.  La population du Québec au 2e trimestre de 2023 était estimée à 8 814 007 et celle au 2e trimestre 2024 à 9 030 684.

En conséquence, selon le site BirthGauge, l'indice synthétique de fécondité devrait être d'environ 1,34 enfant/femme au Québec en 2024, il était de 1,38 en 2023 et de 1,67 en 2015.

Indices de fécondité de 2001 à 2023, avec les prévisions pour 2024 selon BirthGauge. Seuls les États-Unis parmi les pays illustrés verraient leur indice de fécondité légèrement augmenter.

Entretemps en Israël, l'ISF (nombre d'enfants par femme) pour 2024 sur la base des données de naissance de janvier 2024 à juin 2024 (avec les données de 2023 entre parenthèses) par ethnie et religion a été publié:

  • Israël 2,78 (2,81)
    • Par ethnie:
      • Juifs et autres 2,84 (2,84)
      • Arabes 2,53 (2,63)
    • Par religion:
      • Juifs 2,99 (2,97)
      • Musulmans 2,70 (2,79)
      • Juifs laïcs 1,9
      • Chrétiens 1,42 (1,55)
      • Druzes 1,62 (1,75)
      • Sans religion 1,07 (1,19)

Légère augmentation de la natalité des juifs ce qui comprend des juifs religieux et laïcs (quasiment 3 enfants par femme en moyenne), baisse de tous les autres groupes ethniques et religieux, les athées (surtout des immigrants de Russie d'ascendance juive) sont à 1,07 enfant par femme, soit une division de la descendance par deux à chaque génération...  

Voir aussi

La population amish a augmenté de 125 % depuis 2000 (m à j 2024)

Les plus religieux hériteront-ils de la Terre ?  

Québec — décès dépassent les naissances, jamais aussi peu de naissances dans l’histoire récente (juillet 2022)

Muhammad serait le prénom le plus populaire pour les nouveau-nés en 2022 en Grande-Bretagne alors que le taux de natalité baisse

L’Europe de l’Est en proie à une démographie en chute libre

Un juge brésilien ordonne de bloquer 𝕏 (mises à jour sur le juge Moraes et Starlink offre son service gratis)

9 septembre 2024

Le gouvernement brésilien a décidé de refuser à Starlink (l'internet haute vitesse par satellite) la possibilité d'accepter des paiements au Brésil.

Elon Musk a répondu : « Ça ne fait rien, j'ai décidé de maintenir l'accès gratuit pour tout le monde ». La popularité de Starlink a récemment explosé au Brésil, avec plus de 250 000 clients.
 
6 septembre 2024

The Economist
de Londres ajoute quelques informations sur le penchant autoritaire du juge Moraes.
 
En 2019, M. Moraes a été chargé d'enquêter sur les fausses informations concernant la Cour suprême et les menaces à l'encontre de ses membres. Celles-ci avaient augmenté après l'élection de M. Bolsonaro. L'enquête sur les « fausses nouvelles » a été controversée dès le départ. Normalement, les enquêtes sont ouvertes par le procureur général ou la police. En se donnant le pouvoir d'ouvrir une enquête, la Cour suprême est devenue à la fois victime, procureur et juge. Aucun délai n'a été fixé, il n'existe pas de définition légale de la désinformation au Brésil et M. Moraes n'a pas rendu publics les comptes qu'il avait ordonné de fermer et les raisons de cette décision. Il a par la suite ouvert une enquête connexe sur les « milices numériques », un terme inquiétant et flou. Certaines décisions semblent encore plus difficiles à défendre.

En 2019, Crusoé, un média d'investigation, a publié un article suggérant qu'un autre juge de la Cour suprême était mentionné dans des courriels datant de 2007 au sujet d'un permis frauduleux pour la construction d'un barrage. M. Moraes a qualifié l'article de « fausse nouvelle » et a ordonné qu'il soit retiré. Ce n'est qu'après un tollé général que l'ordre a été annulé. Dans un autre cas, des hommes d'affaires qui avaient échangé des propos décousus mais sans engagement sur le fait qu'ils préféraient un coup d'État au principal parti de gauche lors d'une conversation privée sur WhatsApp ont vu leur domicile perquisitionné, leurs comptes bancaires gelés et leurs comptes de médias sociaux suspendus. 
 
Aujourd'hui, les gens ont davantage l'impression que le juge s'est écarté de sa mission. En décembre 2022, près d'un tiers des Brésiliens estimaient que la Cour faisait un « bon » ou un « excellent » travail. En mai, ils n'étaient plus que 14 %. Les réactions s'accumulent. Le jour où il a fermé 𝕏, M. Moraes a exigé qu'Apple et Google interdisent les téléchargements de 𝕏 et de VPN, mais il a annulé l'ordonnance quelques heures plus tard après un tollé général.

Luiz Augusto D'Urso, de la Fundação Getulio Vargas, une université de São Paulo, qualifie l'ordonnance relative aux VPN d'« absurde ». La décision de geler les actifs de Starlink, une société indépendante de 𝕏, « viole les droits fondamentaux » de l'entreprise, déclare Ricardo Sayeg, un avocat. De nombreux agriculteurs et soldats dépendent de Starlink pour l'internet dans les zones reculées. Le démantèlement de 𝕏 et la réaction furieuse de M. Musk attisent la droite dure brésilienne, qui se sent persécutée. L'héritage de M. Moraes pourrait être de renforcer les éléments mêmes qu'il a cherché à freiner.



Billet originel du 31 juillet

 

Le réseau social sera fermé dans ce pays de 200 millions d’habitants, à la suite d’un conflit entre Elon Musk et un juge brésilien sur ce qui peut être dit en ligne.

𝕏 sera interdit au Brésil après qu’Elon Musk a refusé de se conformer aux ordres d’un juge brésilien de suspendre certains comptes, notamment de députés et de sénateurs brésiliens.

Alexandre de Moraes, juge de la Cour suprême du Brésil, a ordonné à l’agence brésilienne des télécommunications de bloquer l’accès à 𝕏 dans ce pays de 200 millions d’habitants, car l’entreprise n’avait pas de représentant légal au Brésil. Les onze juges du Tribunal sont appelés ministres, bien que la fonction n’ait aucun rapport avec les ministres du gouvernement.

M. Musk a fermé le bureau de 𝕏 au Brésil la semaine dernière après que le juge Moraes a menacé de procéder à des arrestations pour avoir ignoré ses ordres de supprimer les comptes 𝕏 qui, selon lui, enfreignaient les lois brésiliennes.

𝕏 a déclaré qu’elle considérait les injonctions sous scellés du juge Moraes comme illégales et qu’elle avait l’intention de les publier. « La liberté d’expression est le fondement de la démocratie et un pseudo-juge non élu au Brésil la détruit à des fins politiques », a déclaré M. Musk vendredi.

Dans une démarche tout à fait inhabituelle, le juge Moraes a également déclaré que toute personne au Brésil qui tenterait de continuer à utiliser 𝕏 via un logiciel de confidentialité courant appelé réseau privé virtuel (VPN) pourrait se voir infliger une amende de près de 9 000 dollars par jour.

Le juge Moraes (ci-contre) a également gelé les finances d’une autre entreprise de M. Musk au Brésil, le service Internet par satellite Starlink de SpaceX, pour tenter de recouvrer les 3 millions de dollars d’amendes qu’il a imposés à 𝕏. Starlink — dont la popularité a récemment explosé au Brésil, avec plus de 250 000 clients — a déclaré qu’il avait l’intention de contester l’ordonnance et qu’il rendrait son service gratuit au Brésil si cela s’avérait nécessaire.

M. Musk et le juge Moraes s’affrontent depuis des mois. M. Musk affirme que le juge Moraes censure illégalement les voix conservatrices. Le juge Moraes affirme que M. Musk fait illégalement obstruction à son travail de nettoyage de l’Internet brésilien.

Dans son ordonnance, le juge Moraes a déclaré que M. Musk était un « hors-la-loi » qui avait l’intention de « permettre la propagation massive de la désinformation, des discours de haine et des attaques contre l’État de droit démocratique, violant le libre choix de l’électorat, en éloignant les électeurs des informations réelles et exactes ».

Ce combat est désormais au cœur de la tentative de M. Musk de transformer 𝕏 en un refuge où les gens peuvent s’exprimer librement.

Dans des dizaines de messages postés depuis avril, M. Musk a présenté le juge Moraes comme l’un des plus grands ennemis de la liberté d’expression, et il semble que M. Musk parie maintenant sur le fait que le juge cédera à la réaction négative du public que le blocage entraînera selon lui.

« Il perd peut-être de l’argent à court terme, mais il gagne un énorme capital politique », a déclaré Luca Belli, professeur à la faculté de droit FGV de Rio de Janeiro, qui a suivi la stratégie de M. Musk avec 𝕏.

Importance de 𝕏 au Brésil

Depuis 2022, le Brésil s’est classé au quatrième rang mondial avec plus de 25 millions de téléchargements de l’application 𝕏, selon Appfigures, une société de données sur les applications. Les activités internationales de 𝕏 sont devenues plus importantes sous la direction de M. Musk.

M. Musk a remanié le réseau social depuis qu’il l’a acheté pour 44 milliards de dollars en 2022, alors qu’il s’appelait encore Twitter. En plus de renommer le service, il a supprimé un grand nombre de règles relatives à ce que les utilisateurs pouvaient dire.  Il a également rétabli les comptes suspendus, y compris celui de l’ancien président Donald J. Trump.

Pourtant, M. Musk a déclaré que 𝕏 continuerait à respecter la loi là où elle opère. Sous sa direction, 𝕏 s’est conformé aux demandes du gouvernement indien de retenir des comptes et a supprimé les liens vers un documentaire de la BBC qui dressait un portrait critique de Narendra Modi, le Premier ministre indien.

À d’autres moments, M. Musk s’est battu contre des ordres de suppression de contenu, comme en Australie, où il s’est opposé à un ordre de suppression de vidéos décrivant une attaque violente contre un évêque local.

Mais il s’est heurté à un formidable adversaire en la personne du juge Moraes.

Le vice-gouverneur de l’État brésilien du Mato Grosso n’en revient pas de prôner la désobéissance civile et de devoir utiliser un VPN.

Le juge Moraes

 Peu de personnes ont eu un impact aussi singulier sur ce qui se dit en ligne ces dernières années que le juge brésilien. Il est devenu l’une des figures les plus puissantes — et les plus polarisantes — du Brésil après que la Cour suprême du pays lui a conféré des pouvoirs étendus pour réprimer les menaces contre la démocratie en ligne, dans le contexte des craintes suscitées par le mouvement d’extrême droite dirigé par Jair Bolsonaro, l’ancien président brésilien.

À l’approche des élections brésiliennes de 2022, la Cour a habilité le juge Moraes à ordonner unilatéralement le démantèlement des comptes qu’il considère comme des menaces. Depuis, il a exercé ce pouvoir sans retenue, souvent par le biais d’ordonnances confidentielles qui ne révèlent pas les raisons pour lesquelles un compte donné a été suspendu.

Il a ordonné à 𝕏 de supprimer au moins 140 comptes, la plupart de droite, y compris certains des plus éminents experts conservateurs du Brésil et des membres du Congrès. Certains de ces comptes remettaient en question la défaite de M. Bolsonaro aux élections de 2022 et sympathisaient avec la foule de droite qui a pris d’assaut le Congrès et la Cour suprême du Brésil.

dimanche 8 septembre 2024

La réglementation anti-blanche expliquerait pourquoi Starlink ne dessert pas l'Afrique du Sud alors que ses voisins sont connectés

Starlink est un fournisseur d'accès à Internet par une constellation de satellites en basse altitude de la société SpaceX.

 
Récemment, Starlink a commencé a offrir ses services en Afrique australe, notamment à Madagascar, au Mozambique, en Eswati, au Botswana et au Zimbabwe. Alors que Starlink devrait être disponible l'année prochaine en Angola, en Namibie et au Congo (RDC), aucune date n'est prévue pour l'inauguration dans la patrie du patron de Starlink, Elon Musk, à savoir l'Afrique du Sud.
 
À l'origine de ce retard ? La discrimination anti-blanche de l'Afrique du Sud serait probablement en cause, selon MyBroadBand un site sud-africain spécialisé.
 
L'incertitude liée aux nouvelles réglementations sur « l'émancipation économique des Noirs » (BEE) et aux exigences en matière de propriété des « entreprises historiquement désavantagées » dans le secteur des télécommunications pourrait être à l'origine de la réticence de Starlink à se lancer en Afrique du Sud.

En bleu clair les zones desservies par Starlink, en bleu foncé celles qui ne le sont pas.

Le service Internet par satellite en orbite basse, rapide et non plafonné, a été décrit comme une révolution pour ceux qui utilisent son offre d'itinérance en Afrique du Sud, en particulier dans les zones rurales qui n'avaient auparavant qu'un accès limité, voire inexistant, à l'Internet.

Lorsque Starlink a démarré la phase de précommandes au niveau mondial en février 2021, la date de lancement en Afrique du Sud était estimée à 2022.

Deux mois plus tard, l'Independent Communications Authority of South Africa (Icasa) a indiqué à MyBroadband que Starlink devrait se conformer à la nouvelle réglementation controversée sur la propriété par des Noirs, qui était encore à l'état de projet à l'époque.

Cette réglementation exigeait que les titulaires de licences de télécommunications aient un minimum de 30 % de parts détenues par des Noirs. En outre, les détenteurs de licences devraient avoir le statut BBBEE de niveau 4.

Ces règles s'ajouteraient à une règle de la loi sur les communications électroniques datant de plusieurs années, selon laquelle les titulaires de licences devaient être détenus à 30 % par des groupes historiquement défavorisés (HDG), notamment les Noirs, les femmes, les personnes handicapées et les jeunes.


« Un titulaire de licence individuelle doit se conformer à la fois à l'exigence d 'équité envers les Noirs et à l' exigence d'équité envers les groupes historiquement désavantagés », a déclaré l'Icasa.

Toutefois, dans le règlement final, l'Icasa avait suspendu la nouvelle règle des 30 % de Noirs dans l'attente de l'annonce d'une prochaine date d'entrée en vigueur et de « mesures réglementaires et législatives ».

Il s'agissait notamment de confirmer auprès du ministère du commerce, de l'industrie et de la concurrence que les règles étaient conformes à la loi sud-africaine sur la BEE à base élargie (Broad-based BEE Act).

Bien que l'Icasa ait déclaré qu'elle annoncerait une future date d'entrée en vigueur de la réglementation, elle est restée silencieuse à ce sujet pendant plus de trois ans, laissant les opérateurs de réseaux et les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) dans l'incertitude.

Les nouvelles règles ont été fortement critiquées par les acteurs et les experts du secteur des télécommunications, qui ont prévenu qu'elles auraient un impact désastreux.

Société écran et part de gâteau pour des intermédiaires noirs bien introduits

Un dirigeant de fournisseur d'accès à Internet a déclaré qu'il était totalement opposé à BEE parce qu'il conduisait à l'ajout d'hommes de paille et de sociétés écrans qui gonfleraient les prix pour les clients.

À la suite de ces événements, Starlink a retardé d'un an, en novembre 2021, l'échéance de son lancement en Afrique du Sud.

En septembre 2022, Starlink a actualisé le calendrier de lancement en le qualifiant d' « inconnu », ce qui est toujours le cas aujourd'hui.

Entre-temps, quatre des voisins de l'Afrique du Sud ont déjà lancé ou approuvé Starlink.

Starlink a également été lancé ou dispose d'un calendrier de lancement dans plusieurs pays africains où les règles de propriété locale sont strictes, notamment au Kenya.

Starlink muet sur les détails


Starlink n'a pas explicitement confirmé si les règles BEE ou HDG sont la raison pour laquelle elle a retardé la fenêtre de lancement du service, malgré les nombreuses questions posées par MyBroadband au cours des dernières années.

Toutefois, Phillip van Essen, responsable des ventes aux entreprises de Starlink, a déclaré à Mining Weekly que la société donnait la priorité aux déploiements dans les pays où il était facile de faire des affaires et d'obtenir des approbations réglementaires.

« Nous respectons le fait que chaque pays a son propre processus... et nous avons une équipe dédiée qui se concentre sur les efforts de réglementation dans le monde entier, y compris en Afrique du Sud », a déclaré M. Van Essen en mai 2023.

« Nous espérons pouvoir résoudre les problèmes et commencer à offrir des services ici bientôt, ainsi que dans d'autres pays africains.

Indépendamment de la mise en œuvre de la règle de la propriété noire, l'exigence existante en matière de HDG constitue déjà un obstacle.

La société mère de Starlink, SpaceX, possède une structure de propriété complexe qui comprend son principal actionnaire - le fondateur et PDG Elon Musk - ainsi qu'une myriade de grandes sociétés d'investissement et d'entreprises technologiques.

L'établissement des données démographiques de ces actionnaires n'est pas exigé aux États-Unis et constituerait probablement un exercice long, potentiellement compliqué et invasif qui l'emporterait sur les avantages immédiats d'un lancement en Afrique du Sud.

En règle générale, les entreprises internationales qui souhaitent proposer leurs produits et services en Afrique du Sud s'associent à une entité locale qui remplit déjà les conditions requises.

Starlink a tenu à servir ses clients directement plutôt que de faire appel à des revendeurs, car cela lui permet de mieux contrôler les prix et le service à la clientèle.

Compromis avec un généreux donateur du régime zimbabwéen

Il semble toutefois que la société ait accepté ce compromis au Zimbabwe.

L'approbation de Starlink dans ce pays est intervenue à la suite d'un accord prévoyant que le service serait fourni par l'intermédiaire d'une société privée locale, IMC Communications.
 
Plusieurs publications zimbabwéennes ont rapporté qu'IMC Communications appartenait au controversé Wicknell Chivayo, un bienfaiteur du parti au pouvoir au Zimbabwe, le ZANU-PF.

M. Chivayo est bien connu au Zimbabwe pour son style de vie somptueux et ses relations avec des personnalités influentes de la politique zimbabwéenne ; il a été accusé d'être impliqué dans plusieurs montages gouvernementaux douteux.

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Histoire — 8 septembre 1760, capitulation de Montréal

Quelques mois après la chute de Québec aux mains des Anglais, le chevalier de Lévis remporte le 28 avril 1760 une spectaculaire victoire à Sainte-Foy, près de Québec.
 

 
Au cours de l’été 1760, trois armées britanniques convergent vers l’île de Montréal de trois directions. Ils remontent le fleuve Saint‑Laurent à partir de Québec, descendent du lac Ontario et avancent sur la rivière Richelieu. En août, les Sept Nations du Canada — les alliés indiens de la France — négocient le Traité d’Oswegatchie avec les Britanniques. Ce traité assurait la neutralité des Sept Nations contre la promesse qu'elles pourraient conserver leurs terres et le libre exercice de la religion catholique.
 
Les miliciens canadiens commencent à rentrer à la maison, car James Murray fait brûler les fermes de ceux qui continuent à se battre. Ce qui reste de l’armée française, menée par François-Gaston de Lévis suite à la mort de Louis-Joseph de Montcalm, se retrouve à Montréal.
 
Lévis ne peut empêcher Montréal, dernière ville française du Canada, d'être à son tour assiégée par ces trois  armées ennemies totalisant 11.000 hommes.

En septembre 1760, la situation est donc désespérée pour les forces françaises en Amérique du Nord. Néanmoins, François-Gaston de Lévis souhaite poursuivre le combat pour défendre l’honneur de l’armée française.


Il sollicite du gouverneur de Vaudreuil la permission de tenter une sortie avec ses 2.400 hommes, pour l'honneur. Mais le gouverneur juge toute résistance inutile, attendant seulement des assiégeants qu'ils garantissent l'intégrité physique des habitants et leur droit de pratiquer la religion catholique (à son retour en France, cette capitulation sans gloire lui vaudra d'être enfermé à la Bastille).

Les 55 articles sont presque tous accordés par Amherst, sauf ceux qui font référence aux Acadiens et à leur déportation. Les demandes françaises comportaient un large éventail de garantie quant à la protection des habitants de la Nouvelle France: les Français, les Canadiens (Québécois), les Acadiens et les Sauvages (Amérindiens). Vaudreuil demande que tous les habitants se voient reconnaître les mêmes droits et privilèges que les autres sujets de la couronne britannique. C’est la fin de la Nouvelle-France en Amérique. Le début de la résistance.
 
Mais comme les Anglais refusent par ailleurs aux défenseurs de la ville les honneurs de la guerre. Cela signifie dans les faits que les huit bataillons des troupes de Terre et les deux de la Marine ne pourront plus servir d'ici la fin du conflit, y compris en Europe. Amherst demeure intraitable sur ce point.  Devant ce refus britannique, le chevalier de Lévis ordonne à ses troupes de « brûler leurs drapeaux pour se soustraire à la dure condition de les remettre aux ennemis » dans la nuit qui précède la reddition.  

Les articles de capitulation de Montréal ont été négociés entre le Gouverneur-Général de la Nouvelle-France, Pierre de Cavagnal, Marquis de Vaudreuil et le Major-Général Jeffrey Amherst au nom des couronnes française et britannique. La signature du document rédigé en français a lieu le 8 septembre 1760 sur le Chemin Côte-Des-Neiges. Puis, à l'île Sainte-Hélène, devant la ville de Montréal, François de Lévis, commandant militaire, rend les armes. 

Conséquences

Suite à la capitulation de Montréal, un régime militaire britannique est instauré pour remplacer l’administration coloniale française en attendant la signature d’un traité de paix définitif (voir Traité de Paris de 1763).

Entre 1760 et 1763, plus de 4 000 colons retournent en France. Grâce aux demandes françaises lors des négociations, le droit privé de propriété et le droit civil selon la  Coutume de Paris sont garantis, de même que la liberté de pratiquer le catholicisme. L’article 40 garantit aux alliés autochtones de la France le droit à leurs biens et aux missionnaires. Les historiens seront toujours reconnaissants à Pierre-Rigaud de Vaudreuil    d’avoir aussi demandé la protection des archives de l’administration française.
 
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samedi 7 septembre 2024

Vigiles juifs patrouillent le campus de l'Université de Toronto

Des vigiles juifs patrouillent désormais sur le campus de l'Université de Toronto pour protéger les juifs parce que la police ne fait rien contre les agressions et le harcèlement dont sont victimes les juifs et les autres « juifs suspectés ».

À la fin du XIXe siècle, l’État belge décide que les enfants retourneraient chez eux à midi afin de maintenir des liens familiaux

À la fin du XIXe siècle, l’État belge décide que les enfants retournent chez eux à midi afin de maintenir des liens familiaux et faire passer le message suivant : « La famille doit savoir que l’État ne la remplace pas dans les soins qu’elle doit aux siens ».  C'était une autre époque...

Aujourd'hui au Québec, le parti politique Québec Solidaire prône un repas dit « gratuit » à l'école pour tous (une mesure qui coûterait près de 2 milliards de $ par an, payée par les parents qui paient leurs impôts).



Source : C'était au temps où Bruxelles bruxellait

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Ce petit texte de Mathieu Bock-Côté sur la proposition de repas dits « gratuits » (quelqu'un paie...) : 

Québec solidaire a proposé récemment ce qu’il appelle un «programme universel d’alimentation scolaire».

Il tient dans une idée simple, censée remporter immédiatement l’adhésion: chaque enfant devrait avoir droit à un repas gratuit à l’école.

QS avance deux arguments.

D’abord, un enfant sur cinq se présenterait à l’école le ventre vide. C’est évidemment un scandale.

Responsabilité

Ensuite, cela permettrait de soutenir les familles en général dans un contexte de hausse du coût du panier d’épicerie.

Mais nous sommes ici, quoi qu’on en dise, devant une fausse bonne idée.

Pour une raison morale d’abord: c’est la responsabilité élémentaire des parents de nourrir leur marmaille.

Une société qui demande à l’État de se substituer aux parents pour une tâche aussi élémentaire les infantilise.

C’est l’État-nounou, ce que reconnaît involontairement Sol Zanetti sur X en demandant: «Qui a envie d’arrêter de préparer des lunchs?»

Comme si le collectif devait en toutes circonstances se substituer aux individus. Sans s’en rendre compte, une telle société brise ses ressorts.

Théoriquement, le débat devrait se clore ici. Chacun devrait reprendre ses esprits.

Certes, l’État peut soutenir les familles en difficulté, quand des enfants viennent à l’école le ventre vide, parce que leurs parents n’ont pas su remplir leur devoir vital, il doit les aider.

Mais on ne saurait en tirer un programme universel.

Il y a une différence entre aider les pauvres et faire comme si tout le monde était désœuvré.

D’autant plus que ces repas, quoi qu’en dise QS, ne seront pas «gratuits». Il n’existe rien de gratuit en ce monde. Ils seront payés par l’argent public. Donc par l’impôt.

On l’oublie trop souvent.

Il existe évidemment des dépenses plus graves. Mais cette proposition est révélatrice de la mentalité de QS, qui considère que la responsabilité des parents devant leurs enfants est un réflexe réactionnaire.

La boucle est bouclée.

vendredi 6 septembre 2024

Aujourd’hui, 93 % des élèves n’atteignent même pas le niveau médian de 1987

François Pierrad : « Aujourd’hui, 93 % des élèves n’atteignent même pas le niveau médian de 1987, selon le ministère de l’Éducation nationale ».

Selon une étude, les enfants de CSP+ [catégories supérieures] ont, en 2017, des performances sensiblement inférieures à celles des enfants d’ouvriers ou d’inactifs de 1987. Ainsi, une école « qui marche » est plus favorable aux catégories défavorisées qu’une école qui ne marche plus l’est à ceux qui sont censés « profiter » du système, rappelle le médiologue Jean-Yves Chevalier.

CSP+ comprend les chefs d’entreprise, les professions libérales, les professions à plus fort revenu du secteur privé (cadres, ingénieurs, chercheurs, etc.) ainsi que l’ensemble des fonctionnaires de catégorie A. Associée à un fort pouvoir d’achat la notion permet de regrouper de manière approximative la classe moyenne supérieure et les ménages aisés.

Après les scores soviétiques du taux de réussite au dernier baccalauréat, on a vu arriver dans l’enseignement supérieur des étudiants auréolés de mentions très bien et de notes « canon » dans toutes les disciplines. L’expérience des dernières années avait rendu les vieux professeurs méfiants. Ils étaient dubitatifs devant les performances de l’enseignement à distance. Il ne sert plus à rien de demander à un étudiant — ayant suivi un cursus de « maths expertes » (l’Éducation nationale excelle dans la dénomination ronflante) — de dériver une fonction avec un quotient, de résoudre une équation du second degré dont les coefficients ne sont pas entiers ou, pire, une inéquation.

Des professeurs de classe préparatoire ont demandé à leurs élèves de répondre à des questions simples, de celles qu’on posait, autrefois, à l’école primaire : « un terrain carré de 20 m de côté doit être entouré par un grillage, on dispose des piquets tous les 50 cm (en commençant par un sommet), combien faut-il de piquets ? ». Qu’un étudiant puisse répondre 80 000 (sans se moquer du professeur) est une indication.

 D’autres, plus pervers, ont ressorti des exercices d’un livre de CM2 [10-11 ans] du début des années 60. On n’ose indiquer ici le taux de réussite. « Combien y a-t-il de numéros de téléphone à dix chiffres commençant par 06 ? » « 80 », bien sûr. On arrête là les exemples dont on accordera qu’ils n’ont pas de portée statistique. Ils ont toutefois l’intérêt de montrer qu’un « bon » élève sorti du lycée a reçu en enseignement qui ne lui a pas permis d’appréhender des ordres de grandeur et d’acquérir, sinon une capacité à la réflexion critique, du moins un minimum de bon sens. On invite les lecteurs à faire des tests de ce genre autour d’eux.

On sait bien, depuis des années, que les tests de performance en mathématiques (mais pas seulement) mesurée par des enquêtes de type Pisa ou Timms, relèguent la France dans une position indigne de son histoire dans ce domaine. L’enquête Timms de 2019 place ainsi la France en avant-dernière position de l’OCDE et dernière en Europe (élèves de CM1 et de 4e). On en a un peu parlé, à l’époque, puis on a vite oublié (il est vrai que nous avons eu d’autres soucis depuis). En général, les commentaires pointent les inégalités du système et condamnent « l’élitisme » qui serait la caractéristique (à abattre) de notre école. L’élitisme… on sourit (jaune) en pensant aux piquets.

Le ministère de l’Éducation nationale dispose d’une direction, la DEPP (Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance), qui conduit des enquêtes très intéressantes et non susceptibles d’un biais statistique. Elle a fait passer les mêmes tests portant sur le calcul et la résolution de petits problèmes à des élèves de CM2 en 1987, 1999, 2007 et 2017 (avant la crise sanitaire, donc). Comme s’y attendent les pessimistes, les résultats ont chuté de manière très inquiétante entre 1987 et 2017, avec une pente (presque toujours descendante) variable entre les différentes dates.
Décrochage

La « massification » n’y est pour rien, puisqu’on parle de l’école primaire qui a toujours accueilli tous les enfants. Le principal enseignement de l’étude est lié au fait qu’elle a fourni, à chaque étape, des résultats en fonction de la catégorie socioprofessionnelle des parents. Sans surprise, les enfants de CSP + ont toujours de meilleurs résultats que les enfants d’ouvriers ou d’inactifs. La conclusion, extraordinairement éclairante et qui mérite d’être claironnée, est que les enfants de CSP + ont, en 2017, des performances sensiblement inférieures à celles des enfants d’ouvriers ou d’inactifs de 1987.

Ainsi, une école « qui marche » est plus favorable aux catégories défavorisées qu’une école qui ne marche plus l’est à ceux qui sont censés « profiter » du système. Par ailleurs, en 2017, 93 % des enfants obtiennent des résultats inférieurs à la médiane de 1987 (la médiane sépare un effectif en deux) : 56 % obtiennent des résultats qui les auraient placés en 1987 dans le décile inférieur (les 10 % les plus faibles), 1 % seulement obtenant un score qui les aurait placés dans le décile supérieur de 1987. Ces chiffres montrent l’importance du décrochage. On se demande ce que les sociologues de l’éducation pensent d’un tel désastre.

On peut alors à nouveaux frais interpréter le discours dominant condamnant l’élitisme, qui a conduit, pendant l’essentiel de la période, à réduire les programmes, critiquer les filières sélectives et demander toujours plus de « bienveillance » dans l’évaluation des contenus. La bourgeoisie traditionnelle n’était, certes, pas toujours très sympathique, mais on lui trouve finalement plus de qualités qu’à celle qui l’a remplacée. Elle disait à ses enfants « tu hériteras de l’usine, mais passe Polytechnique d’abord » ; elle avait pour cela besoin d’un système éducatif en état de marche dont pouvaient profiter, certes insuffisamment, les autres enfants, comme le montre l’étude de la DEPP.
Nouvelle élite anti-élitiste

Les nouveaux bien-pensants (et bien placés) sentent confusément que leur chère progéniture aura quelques difficultés à acquérir le niveau suffisant pour lui permettre d’intégrer les quelques filières encore exigeantes. Ils préfèrent que la sélection (car in fine il y en aura bien une) se fasse sur d’autres critères, relationnels et communicationnels (Sciences-Po est à cet égard un modèle) ou qu’elle se fasse dans une université anglo-saxonne payante. Le soutien apporté, depuis plus de trente ans, à tout ce qui — des sciences (?) de l’éducation à la sociologie post-Bourdieu — a puissamment contribué au délitement de l’institution scolaire n’a peut-être finalement pas d’autre explication que cette volonté des nouvelles « élites » (celles qui détestent l’élitisme) de choisir pour leurs enfants d’autres voies d’accès à la réussite que l’école méritocratique, les concours difficiles et donc peut-être pas sans risque.

Cette « déconstruction » de l’école et des savoirs s’est faite au nom de la défense des couches populaires. On a répété que l’acquisition des savoirs n’était là que pour légitimer et perpétuer la mise à l’écart des enfants issus de ces catégories. Si l’effondrement de l’école a pu se produire avec une ampleur particulière en France, c’est en partie — il y a bien sûr beaucoup d’autres facteurs — parce qu’il s’est fait sous le couvert du discours d’une sociologie devenue totalement idéologique (tout en se proclamant totalement scientifique), coupée du réel aussi bien que de sa devancière, la sociologie de Durkheim et de Mauss (là aussi le niveau baisse).

La convergence de son discours et des intérêts bien compris d’une nouvelle classe dirigeante a permis d’occulter la réalité du décrochage global dont les premières victimes sont bien sûr celles au nom desquels on avait entrepris la déconstruction. L’immense mérite de l’étude de la DEPP est de montrer que l’ancienne école donnait à ceux-ci, au contraire, une formation plus solide que celle que la nouvelle donne à tout le monde, et leur fournissait donc des armes pour penser et pour agir.
Déclin général

Déclin il y a bien, mais il est général, passé par pertes et profits par une élite qui pensait que le pays pouvait se passer d’une école exigeante comme il pouvait se passer d’industrie (les trajectoires du niveau scolaire et de la désindustrialisation sont parallèles). Il n’est plus question de transmettre une usine au fils ou à la fille polytechnicien, il n’y a plus d’usine. Le discours sur la « réindustrialisation » (au sens large) du pays est une aimable plaisanterie. Entre la crise de la recherche, l’incapacité à terminer avant les calendes l’EPR de Flamanville, les retards pris dans de nombreux domaines stratégiques pour la transition énergétique, l’incapacité à trouver un vaccin, l’affaire semble entendue.

« C’est tout le système, de l’école primaire à l’université, qui régresse depuis trop longtemps. Certains, en écoutant Sandrine Rousseau, économiste et vice-présidente d’université, ont pu s’en rendre compte. »

Les compétences requises sont hors de portée d’un nombre croissant d’étudiants (ce n’est pas leur faute) formés dans un système à la dérive. Il y a peu de chances que l’on construise un réacteur, un moteur à hydrogène, ou même que l’on sache gérer rationnellement une équipe après une formation tout autant coupée du réel — les erreurs signalées plus haut sont à cet égard significatives — que d’une maîtrise conceptuelle impossible à construire sur un socle aussi fragile. Des objectifs ambitieux dont on nous affirme presque qu’il suffit de les énoncer pour les réaliser, ne peuvent être atteints — ce qui reste de notre orgueil national dût-il en souffrir — par un pays avant-dernier en mathématiques.

Nous commençons à comprendre que l’échec de l’école n’est pas sans conséquences, qu’on a joué avec le feu en laissant les apprentis sorciers dynamiter l’édifice. Un niveau général en berne, c’est la double peine : un redressement économique compromis et l’impossibilité de réussir pour ceux qui n’ont que l’école. Les évaluations dont on a parlé concernent l’école primaire, le collège et le lycée, mais bien sûr les problèmes rencontrés à ces niveaux ne s’évanouissent pas ensuite par enchantement. C’est tout le système, de l’école primaire à l’université, qui régresse depuis trop longtemps. Certains, en écoutant Sandrine Rousseau, économiste et vice-présidente d’université, ont pu s’en rendre compte.

Source : Marianne

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France — L’insolent succès des écoles libres hors contrat (non subventionnée)

À rebours de la tendance générale en France, les écoles libres hors contrat ouvrent plusieurs centaines de classes en cette rentrée, souligne Michel Valadier, directeur de la Fondation pour l’école dans le Journal du dimanche.

Ce lundi 2 septembre, 12 millions d’élèves prendront le chemin de l’école pour effectuer leur rentrée scolaire, dont 10 millions dans les écoles publiques. À cette occasion, L’institution scolaire connaît une crise très grave depuis plusieurs dizaines d’années. 27 % des élèves entrant en 6e ne savent pas lire ou compter convenablement (1).

Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) mesure les performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres de l’OCDE. Cette évaluation se déroule tous les 3 ans et vise à tester les compétences des élèves de 15 ans en lecture, sciences et mathématiques. En 2024, l’on constate que la France a dégringolé à la 23e place sur 85 pays participants.

Un autre phénomène également inquiétant, mais rarement évoqué est celui de la fermeture de 3 000 classes à la rentrée (2 500 dans le public et 500 dans le privé sous contrat). Ceci résulte de la baisse du nombre de naissances. Ainsi, Mme Belloubet, ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, déclarait au Sénat le 9 avril 2023 que « depuis 2017 la France a perdu 400 000 élèves ».

Plus de 300 nouvelles classes dans les écoles libres hors contrat

Et pourtant un certain type d’écoles connaît une croissance insolente : les écoles libres hors contrat. Elles ouvrent en septembre 2024 plus de 300 classes, réparties dans 100 nouvelles écoles !

Les chiffres présentés dans ces deux graphiques montrent l’ampleur de ce phénomène :

En 30 ans, le nombre d’établissements est passé de 40 à près de 2 600, soit une multiplication par 65 ! 4,4 % des établissements scolaires en France sont désormais des écoles libres hors contrat. Et ils scolarisent 130 000 élèves, ce qui représente 6,5 % des élèves qui ne fréquentent pas l’école publique.

L’Administration prend depuis dix ans conscience de cette évolution et agit dans un domaine où elle excelle : la réglementation. Les lois se sont accumulées pour durcir les conditions d’ouverture, élargir et systématiser les inspections plus ou moins intrusives, parfois sous couvert de lutte contre l’islamisme alors que le nombre d’écoles de confession musulmane est modeste (58 recensées) et que — rappelons-le — la totalité des terroristes islamistes identifiés jusqu’ici sont passés par l’école publique.

Mais ces tracasseries n’ont aucun effet visiblement, les fondateurs d’écoles s’adaptent et se professionnalisent. Un créateur d’école en témoignait encore récemment : « Finalement, l’Administration nous oblige à être très rigoureux dès le départ, cela nous rend plus solides et rassure les familles ! ». La DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance), organisme statistique de l’Éducation nationale, leur consacre depuis deux ans une étude spécifique. Bref, de guerre lasse, le ministère apprend à « faire avec » les écoles libres hors contrat.

Fuite des familles vers le privé

Les familles du public qui le peuvent fuient vers le privé sous contrat [subventionné, mais moins libre quant au recrutement et programme scolaire] et ce phénomène s’étend de plus en plus fortement vers les écoles libres dites hors contrat, malgré les défis entre autres financiers que cela implique.

Que penser de cet évitement qui prend chaque année plus d’ampleur ? La crise de l’école publique remonte à plus de 50 ans, lorsque les pédagogistes ont considéré que le professeur, devenu enseignant n’avait « rien à transmettre » (2) et ont imposé des méthodes déstructurantes et déresponsabilisantes (méthode globale, fin de l’enseignement chronologique de l’Histoire, nouvelle classification des espèces en SVT, suppression des notes, etc.) Et ceci dans un contexte de contestation de toute autorité et de perte du pouvoir pour les directeurs d’établissement.

Par ailleurs, certains observateurs considèrent que le phénomène est aggravé par l’immigration liée au regroupement familial, des familles souvent concentrées aux mêmes endroits et dont les enfants se retrouvent dans les mêmes classes alors que le français n’est pas toujours leur langue maternelle, ce qui rend très difficile le travail des professeurs (3).

Du côté des écoles privées sous contrat, le constat est moins dramatique, mais n’est pas sans nuages pour autant. D’une part, elles sont souvent limitées dans l’ouverture de nouvelles classes en raison de « l’accord » Lang/Cloupet de 1992 qui limite à 20 % maximum le nombre de classes sous contrat.

Et d’autre part, elles traversent une crise d’identité. En effet, la plupart de ces écoles ont cessé d’être confessionnelles et ne font que « proposer » un enseignement religieux. Le catéchisme ou encore les prières ne font plus partie de l’emploi du temps de tous les élèves. Malgré le fameux « caractère propre » concédé par la loi Debré de 1959, elles se retrouvent piégées depuis l’abandon quasi général du contrat simple qui, lui, permet de conserver cette liberté, ce qui n’est pas le cas du contrat d’association. La façon dont s’est conclue la polémique autour du Collège Stanislas à Paris au printemps dernier l’illustre bien. Jusqu’ici tous les élèves suivaient les cours de catéchisme, ce ne sera plus le cas. Le Directeur diocésain a en effet écrit le 24 mai 2024 qu’à partir de cette rentrée, les temps de prières et le catéchisme « seront nécessairement facultatifs » (4), dans une école pourtant catholique.

27 % des écoles libres hors contrat sont confessionnelles, toutes confessions confondues (5). Leurs créateurs sont motivés par le souhait qu’ils ont d’offrir aux élèves une école en cohérence avec les croyances et les valeurs de leurs parents.


Et, tout comme les fondateurs des écoles aconfessionnelles, ils ne se résignent pas face à la baisse inexorable du niveau et veulent promouvoir des méthodes pédagogiques efficaces et éprouvées.

Finalement, tous ces fondateurs ont un point commun : ils ont pris en main ce problème et exercent leur droit à la liberté de l’enseignement. Ce faisant, nul doute qu’ils contribuent avec courage et détermination à résoudre la crise de l’école en France.


Sources :

1. DEPP – série études n° 2023-07, novembre 2023.
2. Témoignage de François-Xavier Bellamy in Les Déshérités ou l’urgence de transmettre — Plon.
3. « L’immigration, ce tabou dans l’effondrement du niveau scolaire ». Joachim Le Floch-Imad, Le Figaro du 7 décembre 2023.
4. Le Figaro du 31 mai 2024.
5. Fondation pour l’école



jeudi 5 septembre 2024

Australie — un pédophile reconnu coupable de 307 délits sexuels commis dans les garderies où il travaillait

Ashley Paul Griffith, un ancien éducateur, a été reconnu coupable ce lundi 2 septembre par le tribunal du Queensland de 307 délits sexuels commis sur des mineurs dans des centres d’accueil pour enfants où il travaillait à Brisbane (Australie) et à Pise (Italie) entre janvier 2007 et août 2022.

Des actes horribles qui s’étalent sur plus de 15 ans. Un ancien éducateur, prénommé Ashley Paul Griffith, a avoué lundi lors de l’ouverture de son procès devant le tribunal de district du Queensland (Australie) plus de 307 délits sexuels commis sur des enfants lorsqu’il officiait dans des garderies à Brisbane (Australie), mais aussi à Pise (Italie) entre janvier 2007 et août 2022.

L’homme de 46 ans était accusé de 190 actes illégaux et indécents commis sur un enfant de moins de 12 ans dont il avait la charge, de 28 viols, de 67 actes de fabrication de matériel d’exploitation d’enfants, de 4 actes de production de matériel d’exploitation d’enfants et d’un acte de distribution de matériel d’exploitation d’enfants.

À noter aussi que 13 chefs d’accusation ont été abandonnés au début de l’audience de lundi et que 60 victimes ont été citées au tribunal.

« Nous devrons faire face à cette situation tout au long de notre vie »

« Lorsqu’elle grandira, nous ferons face à cette situation au fur et à mesure qu’elle se présentera, mais nous devrons y faire face tout au long de notre vie (…) Nous pensons qu’il y a quelque chose de cassé dans le système, comment quelqu’un comme ça peut s’en tirer pendant si longtemps », a assuré le père de l’une des victimes, dont les propos ont été relayés par The Guardian.

La police fédérale australienne a indiqué que le principal suspect, qualifié pour s’occuper d’enfants, a probablement enregistré tous ses délits présumés sur des téléphones et des caméras au travail.

Un rapport de psychiatrie demandé pour le suspect

Ashley Paul Griffith a travaillé dans plusieurs garderies à Brisbane et à Sydney (Australie), ainsi qu’à Pise (Italie), même si aucun acte condamnable par la justice n’a été relevé dans certaines d’entre elles.

Le quadragénaire a été arrêté en octobre 2022 par des agents de la police du Queensland. La date de condamnation du pédophile n’a pas encore été fixée, mais il comparaîtra à nouveau devant le tribunal du district le 9 septembre prochain.

À la demande de la procureure de la Couronne, le tribunal a ordonné qu’un rapport de psychiatrie soit préparé dans le cadre d’un rapport préalable à la détermination de la peine.