mercredi 30 novembre 2016

TIMSS 2015 : le Québec s'en sort bien en maths, les garçons encore mieux mais faible participation québécoise

Ce mardi la plus grande étude mondiale sur l’enseignement des mathématiques et des sciences dans le monde, le TIMSS 2015, a été publiée.

Cette étude, menée par l’IEA (acronyme anglais de l’Association internationale pour l’évaluation des performances scolaires) et conduite tous les quatre ans depuis 1995, évalue les performances des élèves en mathématiques et en sciences. TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) s’intéresse aux connaissances des élèves en maths et en sciences à un niveau scolaire donné (au Québec en 4e année du primaire à un peu plus de 10 ans et en 2e secondaire à un peu plus de 14 ans), ainsi qu’aux programmes scolaires : l’objectif premier de l’enquête est de contribuer aux recherches sur l’enseignement des maths et des sciences, en renseignant les professeurs sur les pédagogies qui fonctionnent.

Début décembre, l’OCDE publiera son enquête trisannuelle PISA qui, elle, se penchera sur l’aptitude des enfants de quinze ans à savoir utiliser leurs connaissances, dans une soixantaine de pays de l’OCDE et de partenaires. Une étude plutôt destinée à informer les décideurs nationaux et à les aider à orienter leurs politiques éducatives.

Vingt ans après sa création, 57 pays et 7 entités territoriales ont pris part à TIMSS 2015, soit quelque 600 000 élèves évalués. Le Québec a participé à cette étude. Les élèves québécois ont été évalués en 4e année du primaire à un peu plus de 10 ans et en secondaire II à un peu plus de 14 ans.

Au niveau mondial

L’Asie de l’Est, loin devant. Singapour, Hong Kong, la Corée, Taipei (Formose) et le Japon continuent d’écraser les autres pays participants en mathématiques, comme c’est le cas depuis vingt ans. L’écart avec les autres pays performants est énorme, et s’accroît avec l’âge : en 2e secondaire, l’écart entre les cinq premiers pays et les suivants est encore plus important qu’en 4e année du primaire. En sciences, les pays d’Asie de l’Est dominent toujours le classement, accompagnés de la Russie, mais de manière moins radicale. Le Québec se situe juste au-dessus de la Russie, parmi les pays les mieux classés.

De manière générale, l’étude montre que l’éducation en matière de mathématiques et de sciences progresse dans le monde dans l’enseignement primaire. Nombreux sont les pays qui ont non seulement amélioré leurs résultats, mais aussi réduit l’écart entre les bons et les mauvais élèves. L’étude montrerait également qu’une scolarisation précoce aurait des effets durables sur les résultats, au moins jusqu’en 4e année du primaire.

Le tableau ci-dessous donne le classement pour la classe de 8e année (2e secondaire) en mathématiques.

  


Avec 543 points (voir sous la barre grise ci-dessus), le Québec se place juste au-dessus de la Russie (538). Bonne nouvelle. 

Toutefois, notez le triple obèle à côté de « Quebec, Canada ». Ce signe indique que le Québec n’a pas satisfait aux lignes directrices relatives aux taux de participation de l’échantillon.



En effet, parmi les écoles québécoises choisies par les organisateurs du TIMSS, un très grand nombre d’écoles québécoises n’ont pas participé aux tests (63 %), en outre un peu moins de classes (99 %) que dans d’autres pays et un peu moins d’élèves dans ces classes (92 %) ont passé les tests. Le taux global de participation au Québec est donc très bas : 58 % alors que dans la majorité des pays il est supérieur à 90 %.

...


Voici le tableau complet des taux de participation (pondérés), on y remarque que dans certains pays qui ont d’excellents résultats (comme Singapour ou la Corée) le taux global de participation avoisine les 100 % (respectivement 97 % et 98 %) :



On est en droit de se demander si cette faible participation n’a pas un effet sur les résultats du Québec.

Notons que les résultats du Québec sont en hausse par rapport à 2011 et plus particulièrement chez les garçons. L’astérisque (*) ci-dessous indique que la différence entre les garçons (trait noir) et les filles (trait bleu) est statistiquement significative.

Notons que ces résultats contredisent (en apparence du moins) ceux de l’Institut Fraser publiés cette année et qui indiquaient, à la lumière des examens du Ministère, que les filles dominent désormais aussi en mathématiques au Québec. Se pourrait-il que ces résultats aux examens ministériels s’expliquent par un échantillonnage différent entre le TIMMS et les examens du ministère ? Par une plus grande participation à ces examens qu’aux tests du TIMSS qui ne sont pas obligatoires ? Il serait intéressant que le ministère croise les résultats des élèves qui ont participé au TIMSS avec les résultats des élèves aux examens du ministère. Est-ce que les meilleurs élèves québécois auraient participé aux tests du TIMSS en plus grande proportion qu’ils ne sont dans un échantillon aléatoire de la population scolaire québécoise ?


Voir aussi

PISA 2015 — Les bonnes notes du Québec remises en question pour cause de faible participation

Classement des écoles de l’Institut Fraser : les filles dominent désormais aussi en maths

Résultats en mathématiques : le financement public des écoles privées expliquerait les succès du Québec


Université Laval a de nombreuses bourses réservées aux filles, mais en refuse une réservée aux garçons (m-à-j)

Mise à jour fin novembre 2016

Découragé par le peu de vagues qu’a fait sa situation, André Gélinas, ce donateur dont la bourse d’études réservée aux garçons a été rejetée par l’Université Laval, n’entamera pas de recours judiciaires contre l’institution et appelle les députés à réagir.

« C’est suite et fin. J’abandonne », lance déçu au bout du fil celui qui a été le premier directeur des études de l’ENAP.

Le Journal révélait au début du mois d’août que la Fondation de l’Université Laval avait refusé les milliers de dollars offerts en bourse par André Gélinas, invoquant que la suggestion contrevenait à la Charte québécoise des droits et libertés et que les programmes ciblés comportaient un pourcentage majoritaire d’étudiants masculins.

« Équilibrer les choses »

Outré, André Gélinas avait dénoncé cette « iniquité », plaidant qu’il existait des bourses exclusives pour les femmes. « Je voulais équilibrer les choses. Je voulais qu’il y ait au moins une bourse pour les garçons, alors qu’il y en a des dizaines au moins pour les filles », martèle-t-il.

Le dossier a tout de même cheminé depuis l’été. L’Université Laval a notamment proposé au donateur de rediriger son fonds dans des programmes où les hommes sont minoritaires, tels les soins infirmiers et l’éducation préscolaire.

« Dans les garderies ! pouffe avec mépris André Gélinas. Je n’ai pas d’affinités avec ça. En tant que donateur, il me semble que je dois avoir le droit d’exprimer un souhait. » Incapable de parvenir à une entente, l’institution a remboursé les sommes versées.

Enclencher un débat

S’il abandonne l’idée d’aller devant les tribunaux, l’octogénaire interpelle les députés de l’Assemblée nationale, les professeurs et étudiants de l’Université Laval afin d’enclencher un débat public sur cette affaire.

Il peine à comprendre pourquoi ces derniers se sont mobilisés lorsque sont survenues les agressions sexuelles sur le campus, mais qu’ils n’ont pas pris la parole par rapport à sa bourse réservée aux garçons.

M. Gélinas n’a pas semblé se formaliser sur les différences majeures qui touchent ces deux dossiers. « Je trouve que c’est aussi grave, dans un autre domaine », a-t-il plaidé.

Audio : entretien de M. Gélinas

Billet original (juin 2016) 

La Fondation de l’Université Laval a refusé les milliers de dollars d’un donateur qui souhaitait remettre une bourse d’études exclusivement à des étudiants masculins, la jugeant discriminatoire.

Celui qui a été le premier directeur des études de l’École nationale d’administration publique (ENAP), André Gélinas s’est entendu avec la Fondation de l’Université Laval en 2014 pour créer un Fonds de bourse d’études à son nom.

Les conditions d’attribution ? Être de sexe masculin et étudier à la maîtrise en affaires publiques ou en science politique, où se retrouveraient déjà majoritairement des hommes. Alors que la bourse était en voie d’être créée, la Fondation a décidé de refuser l’argent du généreux donateur.

« Quelqu’un s’est réveillé et a dit que ça le rendrait mal à l’aise », révèle M. Gélinas, qui conteste cette décision. À ses yeux, il est tout à fait normal de décerner des bourses aux étudiants masculins, puisque d’autres sommes sont adressées à la gent féminine.

« Il y a beaucoup de bourses qui sont réservées aux étudiantes, peu importe la discipline, dit-il. Je voyais qu’il y avait des bourses aux filles... pourquoi pas aux gars ? »

« Discriminatoire » ?

L’Université rejette cet argument. Elle explique qu’une bourse « dirigée exclusivement envers les hommes devient discriminatoire lorsque les programmes visés comportent déjà un pourcentage significatif et majoritaire d’étudiants masculins », écrit le porte-parole Samuel Auger.

Concernant les bourses destinées uniquement aux femmes, il explique que « l’Université s’appuie sur la Charte des droits et des libertés qui prévoit qu’il est possible de mettre en place des programmes en éducation pour corriger la situation de personnes victimes de discrimination ». Cela ne semble pas tout à fait exact, à moins de considérer que les femmes sont discriminées dans les professions de la santé, sinon pourquoi offrir des bourses réservées aux jeunes femmes qui se destinent à être infirmières (voir ci-dessous) ?


« Compte tenu des statistiques d’inscription et de diplomation colligées par l’Université, ceci n’était pas le cas dans les deux programmes de maîtrise ciblés dans le protocole de don du Fonds de bourse André-Gélinas », dit M. Auger.

Remboursement si le donateur se tait

Des pourparlers sont en cours entre les deux parties afin de procéder au remboursement des sommes versées à ce jour par André Gélinas. Ce dernier prétend que l’Université Laval s’est montrée ouverte à le dédommager à condition que cette histoire demeure confidentielle.

L’Université n’a pas commenté cette déclaration.

Quelques bourses réservées aux étudiantes (il en existait 149... aucune pour les garçons).

Bourses de la Fondation Soroptimiste du Canada. Plusieurs bourses de 7 500 $ par année. Cette bourse a pour objectif de soutenir financièrement une étudiante dont les études mèneront à exercer une carrière qui aidera à améliorer la qualité de vie des femmes... Être présentement inscrite dans un cours d’études qui mènera à une carrière surtout au service des femmes.

Bourse Carrie Derick, 1 bourse de 1 000 $ par an. Mettre en valeur la contribution des femmes à la promotion et l’avancement des sciences. Bourse offerte pourtant pour des domaines très féminisés : Sciences infirmières, Pharmacie, Médecine.

Bourses d’études de l’Association des femmes diplômées des universités — section Québec (AFDU Québec). Plusieurs bourses de montant variable chaque année. D’après la fiche, tous les baccalauréats, maîtrises ou doctorats sont admissibles pour peu qu’on soit une femme.

Les bourses Pierrette Lévesque en sciences infirmières (encore un secteur qui doit « comporter déjà un pourcentage significatif et majoritaire » d’étudiantes pourtant. Bizarre. Il s’agit d’« une bourse d’études de 2000 $ à une étudiante inscrite à temps complet pour l’année 2016-2017 à la Faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval dans un programme de 1er, 2e ou 3e cycle en sciences infirmières ».

La bourse Charlotte Lapointe en communication/relations publiques. Une bourse de 2000 $ par an, la Bourse du Fonds Charlotte Lapointe vise à octroyer une bourse d’études à une étudiante en communication inscrite à la Faculté des lettres et des sciences humaines. Encore un secteur pourtant très féminisé à notre connaissance.

L’Université Laval moquerait-elle de nous ?

etc.

samedi 26 novembre 2016

Immigration en France et éducation prioritaire : « Pourquoi les écoles françaises vont-elles aussi mal ? »

À l’approche de la publication du nouveau classement PISA sur les performances scolaires des pays de l’OCDE, Euronews s'est intéressé au système éducatif français considéré depuis quelques années, comme inégalitaire. Une dernière étude parue en septembre est venue le confirmer et l‘état des lieux est accablant, notamment pour l‘éducation prioritaire.

Au collège Jean Moulin de Marseille, dans l’un des quartiers les plus défavorisés de la ville, on lève la main, on pose des questions et on y répond. On essaie d’instaurer la discipline et le respect comme le proclame une affichette sur le mur de l’une des classes. Ici, la plupart des élèves sont boursiers. L‘établissement fait partie du nouveau Réseau d‘éducation ultra-prioritaire (REP +) et bénéficie de ce fait, de certains aménagements.

« On est un petit peu moins nombreux par classe, explique Arnaud Sallaberry, professeur. Dans un collège lambda, on peut être jusqu‘à 27, 28, 29, 30 alors que là, les élèves sont maximum 24 élèves par classe : c’est plus confortable, estime-t-il. En plus, poursuit-il, on a mis en place des groupes de besoins, de compétences ; avec deux classes, on fait trois groupes de compétences. »




Refonte de l‘éducation prioritaire

La mise en place de l‘éducation prioritaire date de 1982 et visait à donner plus de moyens aux écoles des quartiers immigrés. Elle a été révisée à plusieurs reprises. La dernière fois en 2015 quand l’Etat a alors redistribué les ressources et privilégié les établissements les plus en difficulté comme le collège Jean Moulin.

« Avant la réforme, on avait 40% des élèves qui réussissaient leur examen et à peine, 50% des élèves qui allaient au lycée, précise Dominique Duperray, principal du collège. Maintenant, on a 70% – voire plus les bonnes années – d‘élèves qui réussissent leur examen et on a 100% des élèves qui vont au lycée, certains en général, d’autres en professionnel, dit-il. Donc le fait d’avoir ces moyens complémentaires en enseignement prioritaire, l’implication, la réflexion des équipes sur des méthodes pédagogiques innovantes permettent d’améliorer le parcours scolaire des élèves, » indique-t-il.

Des politiques éducatives qui aggravent les inégalités


Mais ces bons résultats ne peuvent pas occulter la situation dramatique de l‘école française. Elle est devenue depuis quelques années, la plus inégalitaire des pays développés et en septembre dernier, le CNESCO – le Conseil national d‘évaluation du système scolaire – a conclu après deux années d‘étude que depuis trente ans, les politiques éducatives n’ont fait qu’aggraver les inégalités.

L‘échec de l‘éducation prioritaire est pointée du doigt. Elle qui concerne aujourd’hui un millier de collèges, 8000 écoles et un élève sur cinq en France. Suite à la publication de ce rapport accablant, les académies de Lyon et de Créteil ont rejetté nos demandes de tournage.

« Des écoles ghettoïsées »

Dans l‘école de Véronique Decker, tous les élèves appartiennent à des familles issues de l’immigration et en difficulté sociale. Bien que son établissement soit classé “Éducation prioritaire”, elle dit que peu de moyens supplémentaires lui ont été affectés.

Non-remplacement des professeurs

“Le non-remplacement des professeurs est un gros problème, insiste Laurence Blin dont les fils sont scolarisés dans la banlieue à forte immigration de Bobigny. Puisque mon fils en 6ème, pendant tout un trimestre, n’a pas eu de professeur d’anglais ; en 5ème, à chaque fois, le premier trimestre, pas de prof d’histoire-géographie et pendant deux trimestres, toujours en cinquième, pas de professeur d’arts plastiques et là, en 4ème, le premier mois, pas de professeur de sciences de la vie et de la terre, c’est énorme, déplore la mère de famille. Là aussi, en termes de réussite, comment veut-on que les enfants de collège où il y a de tels manques puissent avoir le même niveau que ceux qui ont des profs des années entières ?” lance-t-elle.



vendredi 25 novembre 2016

France — Primaire de la droite, Fillon pour la liberté scolaire


À la suite du premier tour de la Primaire de la Droite et du Centre, qui s’est tenu dimanche dernier 20 novembre, le candidat du Parti chrétien démocrate, Jean-Frédéric Poisson, a annoncé son ralliement à l’ancien Premier ministre François Fillon (ci-contre) dans la perspective du second tour de l’élection qui désignera le candidat des Républicains.


L’objectif de la démarche : déterminer les bases d’un accord programmatique, sur 5 points de réforme essentiels. Parmi eux, figure en bonne place l’enjeu de la Liberté scolaire.

Jean-Frédéric Poisson a mis cette question au centre de ses préoccupations de réforme, et a défendu le principe de la liberté du choix de l’éducation pour les parents tout au long de sa campagne. Il demande à François Fillon de se prononcer sur :
– le plafond de 20 % imposé à l’enseignement sous-contrat sur le plan d’effectifs de scolarisation
– le retour au régime de déclaration pour les écoles hors contrat

Dans sa réponse à Jean-Frédéric Poisson, François Fillon revient sur sa volonté de réformer le système éducatif, comme condition indispensable à la construction de la Nation française. Dans ce cadre, le principe de la liberté de l’enseignement lui paraît fondamental.

Il écrit :

« Je suis particulièrement attaché à la liberté de l’enseignement et donc au libre choix par les parents de l’école de leurs enfants. Je suis également favorable, pour les mêmes raisons, à un régime de déclaration et opposé à un régime d’autorisation des établissements d’enseignement. »

Il souhaite encourager la souplesse dans les statuts pour la création d’écoles, publiques ou privées, adaptées à des situations complexes comme celle des banlieues ou des campagnes en crise, pouvant bénéficier d’une « très grande autonomie d’action », et ne s’inscrivant pas dans le cadre des fameux 20 % de quota. François Fillon n’hésite pas à prendre précisément en exemple les écoles soutenues par la Fondation Espérance Banlieues, qu’il a eu l’occasion de connaître à travers sa visite du Cours Saint-Exupéry, Asnières, quelques jours avant le premier tour des Primaires.

Sans préjuger du résultat des élections internes au parti Les Républicains, et des suites de la campagne présidentielle, nous ne pouvons que nous réjouir de la place décisive prise par l’enjeu de la Liberté scolaire dans le débat entre les candidats : au-delà de la question des marges de manœuvre laissées ou non aux établissements scolaires, les débats ont mis en lumière le lien essentiel unissant la réforme du système scolaire et la crise morale traversée par la France.

Radio Suisse internationale : Heidi en 2016

swissinfo.ch publie chaque semaine un dessin réalisé par Marina Lutz. Cette Suissesse collabore avec différents titres de la presse helvétique, dont le magazine satirique germanophone Nebelspalter. Elle a déjà remporté plusieurs prix pour son travail de caricaturiste, notamment à l’occasion du Festival international de bande dessinée Fumetto de Lucerne, en Suisse.

Swissinfo.ch (SWI), anciennement Radio Suisse internationale, est une plate-forme gouvernementale de service public en dix langues qui traite de l’actualité suisse.

Si le dessin représente deux tiers des enfants comme extra européens, c’est sans rapport avec la réalité de l’immigration en Suisse, ni bien sûr avec la réalité des habitants de la Suisse qui regroupent quand même encore 75 % de Suisses non immigrés !

En effet, 81 % de l’immigration en Suisse est d’origine européenne. Les ressortissants d’Allemagne, d’Italie, du Portugal et de France constituent à eux seuls près de la moitié des étrangers résidant en Suisse. L’Asie représente 10 % des immigrants établis en Suisse (avec 3,38 % des immigrants venant de Turquie), alors que l’Afrique en représente 4,51 %.


Bref, la petite Chinoise (1/3 des enfants) près de la chèvre représente en réalité moins de 7 % (Asie sans Turquie) de 25 % (immigrants en Suisse), soit 1,75 % de la population de la Confédération helvétique alors que la petite « Subsaharienne » représente elle encore moins : 4 % (Afrique moins Maroc, Tunisie et Algérie) de 25 % soit 1 % de la population de la Suisse...





Versions traditionnelles d’Heidi

1974 telle qu'imaginée par des Japonais...




Heidi vue par une Française (années 60/70)



mercredi 23 novembre 2016

États-Unis — Trump nomme Betsy Devos à l'éducation

Donald Trump a nommé aujourd’hui Betsy Devos (ci-contre), une philanthrope conservatrice et farouche partisane du droit à choisir entre école publique, privée ou enseignement à la maison, pour diriger le ministère fédéral de l’Éducation.


« Sous sa direction, nous allons réformer le système scolaire américain et supprimer la bureaucratie qui handicape nos enfants, afin que nous puissions offrir une éducation et un choix d’écoles de niveau mondial à toutes les familles », a déclaré le président élu dans le communiqué annonçant la nomination de cette ardente républicaine de 58 ans.

Sa nomination doit être approuvée par le Sénat, où les républicains ont une majorité. Mme Devos s’est dite honorée d’avoir été choisie « pour redonner à l’éducation américaine sa grandeur », un jeu de mots sur le slogan de campagne du président élu : « Rendre sa grandeur aux États-Unis ». « Le statu quo n’est pas acceptable dans l’éducation », a-t-elle dit.

Elle est mariée à Dick Devos, l’un des héritiers de Richard Devos, la 88e fortune américaine au classement Forbes de 2016 avec 5,4 milliards de dollars.

Objectifs affichés : lutte contre la bureaucratie qui paralyse les institutions pédagogiques, et promotion de la liberté de choix pour les parents, entre école publique, privée et école à la maison, en garantissant par ailleurs un enseignement de qualité.

Un choix qui ne réjouit évidemment pas les syndicats, qui voient dans la nomination de Betsy Devos une nouvelle provocation du Président républicain : son mari est un milliardaire, et figure au classement Forbes 2016 des plus grosses fortunes des États-Unis. Leur crainte est forte d’une éducation conçue pour les seuls privilégiés.

Au cours des années 2000, Betsy Devos défend, dans l’État du Michigan dont elle est originaire, l’instauration des « bons » ou chèques-éducation. Elle a présidé l’Alliance for School Choice, l’organisation la plus importante aux États-Unis à militer pour le libre-choix dans les programmes scolaires et l’extension du chèque-éducation, et occupe encore des fonctions dans un grand nombre d’organismes de promotion de la liberté scolaire.

Devant les attaques, Betsy DeVos répond en mettant en avant son engagement apartisan (elle a cherché à de nombreuses reprises à travailler de concert avec les Démocrates sur la question du libre choix), et son travail dans des Fondations agissant pour apporter un libre choix scolaire à des familles défavorisées, par le biais d’un soutien financier aux frais de scolarité


vendredi 18 novembre 2016

Québec — Les garçons et la lecture

Chronique de Mathieu Bock-Côté :

L’Institut de la statistique nous apprenait mardi ce que nous savions déjà : les garçons lisent peu au Québec. Plusieurs ne lisent même pas du tout. Ouvrir un livre n’est pas considéré par le jeune homme comme un plaisir.

Lecture

Il faut dire aussi que notre école n’aide pas. Elle entend moins transmettre une culture qui élève l’âme que distribuer massivement des diplômes artificiels.

Une vie sans lecture, c’est une vie sans culture.

Inversement, celui qui aime lire ne s’ennuiera jamais.

C’est à travers la fréquentation des livres qu’on peut développer une réflexion­­ approfondie sur le monde, qu’on peut cultiver sa vie intérieure, qu’on peut rejoindre des mondes imaginaires et les habiter le temps d’un récit ou d’un voyage dans le temps.

L’homme qui lit peut se plonger dans l’Empire romain, il peut camper mentalement au Moyen Âge, ou à la Renaissance, ou chez les Égyptiens. Il peut même fréquenter l’homme des cavernes­­. Et il le fera en faisant travailler son imagination.

Ce jeune gagnera en liberté. Il saura que le présent n’est pas le seul monde possible.

On nous dira : le jeune homme est sauvage, il veut bouger, se dépenser. La lecture ne le permet pas. Peut-être. Mais faire du sport ne devrait pas être contradictoire avec la vie de l’esprit. Mais derrière ce dédain de la lecture, on trouve une conception appauvrie du masculin­­. Pour plusieurs, lire, ce n’est pas viril.

Nous n’avons pas valorisé, dans notre histoire, le modèle de l’homme cultivé, élégant et inspirant, sinon celui du prêtre en soutane, dont on garde un mauvais souvenir.

Un homme, un vrai, ne perd pas son temps avec des livres. Il répare des voitures, bricole dans son atelier, compte des buts au hockey ou plaque des adversaires au football.

Mais lire ? Dans les milieux populaires existe encore un préjugé anti-intellectuel. Le décrochage scolaire des garçons en est le symbole. Économiquement, ils en souffriront.

Qu’on me comprenne bien, je n’ai rien contre les activités masculines traditionnelles.

Et peut-être faut-il, pour pousser les garçons vers la lecture, la connecter à leurs instincts, même s’ils heurtent nos valeurs pacifistes ?

Enfance

Enfant, je me souviens, j’étais passionné­­ par la guerre. Les soldats, les uniformes, les blindés, c’était mon imaginaire­­. J’aimais l’héroïsme, le sacrifice, l’aventure. Comme la majorité des gamins. Mon père a compris que cette passion pouvait me conduire à une autre. Il m’a acheté chaque semaine L’Encyclopédie des armes.

Des armes, je suis passé à l’histoire, puis à la politique, à la philosophie et à la sociologie. J’ai aussi aimé les romans d’aventures, de cape et d’épée. Le petit homme que j’étais devenait grand en lisant. La passion de la lecture est le plus bel héritage que m’ont laissé mes parents.

Il faut dire que je viens d’une famille de profs. Mais le bonheur de la culture ne devrait pas être réservé aux fils d’historiens. C’est tout le Québec qu’il faut récon­cilier avec ses bibliothèques.



Contexte

► À la question « Durant une semaine normale, combien d’heures as-tu passées habituellement à lire pour ton plaisir ? (incluant les livres, les revues, les journaux et le temps de lecture sur l’ordinateur ou l’internet) », environ 2000 adolescents de 15 ans ont répondu :
  • Aucune : 27 % (garçons : 32 %, filles 23 %)
  • Moins d’une heure : 25 % (garçons 26 %, filles 24 %)
  • De 1 à 2 heures : 21 % (garçons 20 %, filles 21 %)
  • 3 heures ou plus : 27 % (garçons 22 %, filles 32 %)


Les résultats permettent par ailleurs d’affirmer que moins un jeune lit, plus il est à risque de décrocher. Plusieurs études en éducation démontrent aussi que les difficultés en lecture au primaire peuvent mener un jeune à abandonner l’école, une fois rendu au secondaire.

À l’inverse, consacrer davantage de temps à la lecture dans ses loisirs est associé à une plus grande motivation et de meilleurs résultats scolaires, non seulement en français, mais aussi en mathématiques, conclut l’enquête.

Grâce à des données amassées depuis la petite enfance, l’étude permettrait aussi de démontrer que des enfants qui ont feuilleté des livres par eux-mêmes vers l’âge de 2 ans et demi sont plus susceptibles d’aimer la lecture une fois rendus au primaire, ce qui permet par la suite d’avoir de meilleurs résultats scolaires à 15 ans. Par ailleurs, les enfants dont les parents sont allophones présentent un plus grand intérêt pour la lecture au primaire, ce qui pourrait s’expliquer par le désir de certains de ces élèves de maîtriser la langue de leur pays d’accueil, peut-on lire. L’Étude ne semble pas considérer l’importance de la culture livresque dans certaines cultures (le prestige des lettrés en Asie par exemple) et l’effet de sélection des immigrants (immigrent d’abord des gens diplômés).

Par ailleurs, on a constaté qu’à caractéristiques égales, les élèves de 15 ans dont les parents parlent anglais seulement ou plus d’une langue (incluant le français ou l’anglais) à la maison sont plus susceptibles d’avoir un rendement dans la langue d’enseignement au secondaire dans la moyenne ou au-dessus de celle-ci que ceux dont les parents parlent seulement le français. Il en est de même des jeunes dont la langue d’enseignement est l’anglais plutôt que le français. Des études auprès d’élèves québécois révèlent une moins grande probabilité d’être à risque de décrocher (Giroux, 2007 ; Pica et autres, 2014) ou d’afficher un retard scolaire (Giroux, 2007) chez ceux qui fréquentent une école anglophone plutôt qu’une école francophone.

Voir aussi

Lecture — la catastrophe québécoise

Pas de classiques de la littérature, mais la lutte contre l'hétérosexisme en classe de français, d'anglais, d'histoire et de mathématiques

mardi 15 novembre 2016

Éric Lanthier : « L’école québécoise doit demeurer diversifiée et compétitive »

Par Éric Lanthier, ex-membre du Comité protestant du conseil supérieur de l’éducation

Le rapport du Conseil supérieur de l’éducation intitulé : Remettre le cap sur l’équité dénigre la diversité scolaire actuelle. En voulant freiner la diversité des profils, l’école verra un nivellement s’accentuer vers le bas.

Pour rendre les élèves plus instruits, plus cultivés et plus curieux, on doit leur donner le goût d’apprendre. Or, en intégrant tout le monde dans une même classe, on démotive l’ensemble des élèves et on finit par décourager l’enseignant. Ce n’est pas en intégrant tous les élèves d’un même quartier dans une même classe qu’on va rendre l’école plus stimulante. Loin de là! C’est en décloisonnant les structures et en donnant à chaque école une vocation particulière que les besoins réels de la clientèle scolaire québécoise seront comblés.

La source du problème

Le problème de l’école publique n’est pas la compétition que lui apporte l’école privée et le fait qu’elle écrème les meilleurs éléments. Non, c’est le fait qu’on n’a pas mis sur pied des écoles adaptées aux élèves en difficulté d’apprentissage. Au contraire, on veut les intégrer dans les classes ordinaires. Résultat: les élèves doués ne sont pas stimulés, les élèves réguliers ne voient pas la nécessité de faire des efforts et les élèves en difficulté tirent tout le jus des enseignants.

Le panorama global

En vérité, le Ministère de l’Éducation et le Conseil supérieur ont perdu de vue le panorama global, ce qu’on appelle communément en latin du Québec: «le big picture». Si le gouvernement se lançait dans la formation de programmes et d’enseignants spécialisés dans une vision spécifique pour les élèves en difficulté, on verrait de meilleurs résultats. Ce n’est pas que les ressources sont inexistantes. Non, ce qu’il manque c’est une vision reliée à une philosophie décentralisée de l’éducation.

Une intégration judicieuse

En voulant intégrer les élèves en difficulté dans les classes ordinaires et en forçant les écoles pour élèves doués à intégrer ces élèves, on est en train de pelleter le problème par en avant. Ce qu’il faut, ce sont des écoles qui adaptent leur enseignement à ce type de clientèle afin de les intégrer dans la société avec ce qu’ils ont comme potentiel. En ce moment, on tente de les intégrer avec ce qu’ils n’ont pas. Lorsqu’ils seront dans un environnement stimulant, certains d’entre eux finiront par s’intégrer dans d’autres types de programmes. Ce qu’il faut, c’est de les placer dans un milieu qui les amènera à aimer l’école. Pour cela, ils ont besoin d’un environnement qui correspond à leurs habiletés.

Enjeu idéologique


La preuve que l’enjeu est idéologique, c’est que les ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur sont deux ministères distincts. Si les deux étaient sous le même chapeau, ce ministère fusionné pourrait attribuer des budgets spéciaux pour la recherche dans la pédagogie avancée à l’égard des élèves en difficulté d’apprentissage et mettre sur pied des écoles qui se spécialisent auprès de cette clientèle. Il y aurait également des budgets pour libérer des enseignants spécialisés afin qu’ils puissent parfaire leurs connaissances et leurs compétences. Ce ministère donnerait des bourses spéciales aux stagiaires qui se lanceraient dans un programme spécialisé.

Des écoles compétitives


Ces moyens existent à la pièce, mais ils ne font pas partie d’une vision qui est reliée à des écoles à vocation particulière pour les élèves en difficulté. Il est donc temps de changer l’approche et de travailler vers une meilleure équité envers les élèves doués, les élèves réguliers et les élèves en difficulté d’apprentissage ou «hors normes». Ce n’est pas en mettant tout le monde dans la même classe qu’on créera de l'initiative, de la vitalité et le goût d’apprendre. Ce dont nous avons besoin c’est une école stimulante et compétitive. Les écoles compétitives ont une vocation spécifique : innover pour offrir ce qu’il y a de mieux pour sa clientèle : qu’elle soit pour élèves doués, réguliers ou «hors norme».

Ainsi, abolir à petit feu les programmes internationaux et les écoles privées équivaudrait à demander aux joueurs de la LNH de s’inscrire dorénavant dans la ligue du beau-frère. La ligue du beau-frère peut être captivante pour le hockeyeur moyen, mais elle est très démotivante pour les athlètes de niveau supérieur. Il doit y avoir une sagesse derrière le fait qu’on sépare les athlètes paralympiques des athlètes olympiques…

Québec — Les écoles dites privées veulent plus de souplesse

Pour éviter que des jeunes s’ennuient sur les bancs d’école, la fédération qui regroupe les établissements dits privés (ils sont en réalité peu indépendants comme cette demande le prouve encore) réclame davantage de flexibilité afin qu’il soit plus facile de terminer son secondaire en quatre ans.


Selon Nancy Brousseau, directrice générale de la Fédération des établissements d’enseignement privés, le modèle « taille unique » n’est pas la bonne solution. « Ce n’est pas vrai que tout le monde fonctionne bien avec les mêmes règles », lance-t-elle.

Dans son mémoire rédigé dans le cadre des consultations sur la réussite éducative, la Fédération en arrive à ce constat en se basant notamment sur les résultats d’une enquête réalisée auprès de ses élèves en 2010 qui démontre que les jeunes ne se reconnaissent plus dans le modèle de l’école traditionnelle. Les jeunes étaient beaucoup plus critiques et démotivés par rapport à l’école qu’ils ne l’étaient dix ans auparavant.

Pour raviver la flamme, les écoles privées considèrent qu’elles doivent s’adapter davantage à leurs besoins, en « personnalisant » autant que possible l’enseignement.

Afin de motiver les élèves doués à rester sur les bancs d’école, il devrait être plus facile de suivre des parcours accélérés, leur permettant de compléter leur secondaire en quatre ans, affirme Mme Brousseau : « Ça se fait déjà, mais ce sont vraiment des cas d’exception. Ça pourrait devenir une pratique plus courante. »

Il vaut mieux s’adapter aux élèves plutôt que de les perdre, ajoute-t-elle, préoccupée par l’augmentation du nombre de jeunes qui sont scolarisés à la maison.

Vacances d’été moins longues ?

Une plus grande souplesse dans le réseau scolaire pourrait par ailleurs permettre de revoir la durée des vacances d’été, bien trop longues sur le plan scolaire, ajoute la directrice de la Fédération : « Neuf semaines en été, c’est complètement contre-productif. Y a-t-il moyen de repenser le calendrier scolaire autrement ? »

Plusieurs études démontrent que pendant ces longues semaines les élèves oublient plusieurs notions qu’ils doivent réviser ou réapprendre en début d’année scolaire.

Selon la Fédération, il faut non seulement revoir la façon d’organiser l’école, mais aussi les matières à enseigner et la façon de le faire, afin de mieux adapter l’école au XXIe siècle.

Les images de classes avec des pupitres placés « en rang d’oignons » devraient appartenir au passé pour laisser plus de place au travail d’équipe et aux échanges. Les notions de citoyenneté numérique devraient aussi être enseignées en classe, précise Mme Brousseau.

« Il faut former les jeunes pour le monde dans lequel ils vont évoluer, pas pour ce que nous, nous avons connu », lance-t-elle.

Ce carnet est bien évidemment pour plus de souplesse, mais cela ne devrait pas dire qu’il faudrait que toutes les écoles doivent adopter toutes les idées de Mme Brousseau.

La CAQ a adopté une résolution lors de son congrès national qui s’est déroulé la fin de semaine dernière dont l’objectif est de « permettre aux écoles qui le voudraient de répartir différemment les congés durant l’année pour éviter d’avoir une trop longue période de congés l’été ».

lundi 14 novembre 2016

Euthanasie au Québec : des médecins objectent et pas uniquement pour des raisons religieuses

Au Québec, les résultats d’une première étude qualitative réalisée dans deux unités de soins palliatifs entre janvier et août 2016, montre que « bien des zones grises subsistent dans la manière de traiter les demandes d’aide à mourir ».

Des médecins ont exprimé leur malaise quand ils sont impliqués dans les demandes d’aides à mourir. Et « même s’ils ne veulent pas être impliqués […], certains sont appelés à évaluer l’état du patient quand une demande est faite, car l’avis du médecin traitant aide à valider la demande », comme le souligne Emmanuelle Bélanger, chercheuse de l’Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal (IRSPUM).

Un médecin explique : « Quand la demande est survenue, j’offrais d’explorer les raisons, la détresse existentielle et spirituelle […], ce qui est une partie de mon travail. Le patient m’a en quelque sorte fait taire et ne voulait pas explorer cette avenue. Il ne voulait pas explorer ce qui le poussait à demander l’euthanasie. Nous avons été affligés par cela ».

Des médecins ont choisi l’objection de conscience. En l’absence de statistiques fiables, il est difficile d’évaluer leur nombre. L’étude montre que les motifs invoqués sont rarement religieux. « Les médecins ont plutôt la conviction que l’accès à de bons soins palliatifs pourrait remédier aux souffrances des patients qui optent pour l’aide à mourir. Plusieurs craignent qu’offrir l’aide à mourir dans leur unité mette en péril la tranquillité d’esprit des autres patients ».

Sources: Le Devoir (11/XI/2016)

jeudi 10 novembre 2016

Sondage IFOP : les Français plébiscitent l'autonomie du système éducatif

Un sondage réalisé par l’IFOP pour l’institut de recherches politiques Place de la République sur le système éducatif nous renseigne sur le désir majoritaire des Français d’une plus grande liberté scolaire, et ce quelle que soit la tendance politique :

* 78 % des Français interrogés se prononcent en faveur d’une plus grande autonomie laissée aux enseignants dans le suivi du programme et leur projet pédagogique;
* 71 % des Français interrogés sont favorables à ce que pouvoir soit donné aux chefs d’établissements de recruter leurs équipes enseignantes.


Sondage à consulter ici :
http://www.ifop.com/media/poll/3533-1-study_file.pdf

Le site de Place de la République : http://placedelarepublique.eu/

La Californie dit « oui » à l’éducation bilingue

Le 8 novembre, les Américains n’ont pas seulement élu leur nouveau président. Dans certains États, ils se sont également exprimés sur plusieurs référendums étatiques ou locaux. En Californie, parmi les 17 questions soumises au vote, on trouvait celle-ci : « Pour ou contre l’enseignement bilingue dans les écoles publiques ? »

Résultat : le « oui » à la Proposition 58 l’a emporté à 73 %, ce qui va marquer le retour des langues étrangères dans l’enseignement de base, essentiellement l’espagnol (devenue la langue maternelle de la majorité des élèves en Californie), mais aussi le français, le mandarin ou encore le russe, chaque école ayant la possibilité de créer son programme.

Depuis la Proposition 227 passée en 1998, l’enseignement bilingue était interdit dans les écoles publiques de Californie. Une étude ayant montré qu’un quart des enfants étudiant en deux langues présentait une déficience en anglais. Seule solution alors pour les parents : choisir une école privée. En réalité, certains établissements publics arrivaient à contourner la loi en proposant un programme à 51 % dans la langue de Shakespeare — la loi demandait un enseignement « essentiellement » en anglais.

Le référendum a donc mis fin à cette situation et les écoles de Californie vont à nouveau pouvoir lancer des classes d’enseignement bilingue. Les partisans de cette mesure assurent que s’exprimer dans au moins deux langues représente un « plus » incomparable dans notre société. Ses détracteurs, comme Ron Unz, multimillionnaire de la Silicon Valley soutien de la Proposition 227, pensent que certains enfants sortiront du système scolaire en maîtrisant mal l’anglais.

Fin février 2016, Ricardo Lara, sénateur démocrate de la circonscription qui comprend le port de Long Beach, au nord de Los Angeles, avait proposé de révoquer la proposition 227, en affirmant qu’elle ne s’ajustait plus à la réalité démographique et sociale de la Californie, 8e économie mondiale.
« Les entreprises cherchent des employés multilingues et tous les étudiants — anglophones et non anglophones — ont le droit d’avoir accès à ce précieux atout ». Un atout de moins en moins exploité : depuis 1998 les élèves californiens qui ont choisi un cursus multilingue sont passés de 39 % à 13 % en 2001.

« Devenir multilingues donnerait aux jeunes un outil pour le XXIe siècle et célèbrerait la diversité et le multiculturalisme de notre société » a déclaré Shelly Spiegel-Coleman, directrice de Californians Together, l’une des associations qui soutient la mesure que M. Lara voudrait soumettre à référendum en 2016.

En dix-huit ans, la réalité démographique de la Californie a beaucoup changé. Les Latinos représentent désormais 39 % de la population, ex æquo avec les « Blancs » qu’ils devraient bientôt dépasser. Ils étaient respectivement 26 % et 57 % en 1998.

L’espagnol est la langue la plus parlée après l’anglais. Les États-Unis comptent désormais 37 millions d’hispanophones. Ils étaient onze millions en 1980.

Au fur et à mesure que les Hispaniques s’intègrent, l’anglais devient leur première langue, mais contrairement aux vagues d’immigration précédentes qui renoncèrent à leurs identités pour se fondre dans le creuset américain, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir garder leur langue d’origine.


France — Le niveau en orthographe des écoliers français est en chute libre depuis 30 ans

Le diagnostic est implacable. Selon une étude publiée mercredi 9 novembre par le ministère de l’Éducation nationale, le niveau d’orthographe des élèves français est en chute libre. Pour démontrer son propos, l’étude s’appuie sur une dictée type d’une dizaine de lignes. Ce texte a été proposé à un échantillon d’élèves de CM2 (11 ans) à trois reprises lors des trois dernières décennies — 1987, 2007 et 2015. Constat : les années passent, la chute s’aggrave. Les écoliers ont fait en moyenne l’an passé 17,8 erreurs alors qu’ils n’en faisaient que 14,3 en 2007 et 10,6 en 1987.

La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), qui pilote cette étude, a identifié que l’essentiel des difficultés provient de la non-application des règles grammaticales, comme, par exemple, l’accord entre le sujet et le verbe. Le texte, qui ne comporte que 67 mots, ne présente pas de difficultés linguistiques particulières, assure pourtant le ministère. En revanche, il met l’accent sur la gestion des chaînes d’accord, et nécessite d’en assurer la continuité tout au long de la dictée ».


Si les élèves issus d’un milieu social plus favorisé effectuent moins de fautes, l’orthographe des élèves de tous les milieux sociaux se détériore. Car les enfants de « cadres et professions intellectuelles supérieures » font en moyenne deux fois plus d’erreurs en 2015 (13,2) qu’en 2007 (6,6). De même pour les enfants d’ouvriers qui font, eux, en moyenne 19,2 erreurs en 2015 contre 17,4 en 2007.

Malgré ces résultats inquiétants, la ministre de la Rééducation nationale Najat Belkacem se veut rassurante. « Cette évaluation porte sur des enfants qui ont commencé leur école primaire en 2010, avant l’entrée en vigueur des nouveaux programmes de français en cette rentrée 2016 », a-t-elle déclaré. La dépêche d’agence ne précise pas en quoi cette réforme corrigerait la baisse observée.

Le texte de la dictée

« Le soir tombait. Papa et maman, inquiets, se demandaient pourquoi leurs quatre garçons n’étaient pas rentrés.
- Les gamins se sont certainement perdus, dit maman. S’ils n’ont pas encore retrouvé leur chemin, nous les verrons arriver très fatigués à la maison.
- Pourquoi ne pas téléphoner à Martine ? Elle les a peut-être vus !
Aussitôt dit, aussitôt fait ! À ce moment, le chien se mit à aboyer. »
Voir aussi

France — les ados sont devenus nuls en dictée

Pourquoi les élèves français ont un niveau si médiocre (nettement moins d’heures de français, inflation des disciplines, pauvreté et immigration, formation inadéquate)

mercredi 9 novembre 2016

Le cours ECR: au croisement de deux critiques

M. Bock-Côté reçoit P. Andries et D.Baril pour une émission qui se penche sur la critique du programme d’Éthique et de culture religieuse (ECR). L’émission dure 56 minutes.

lundi 7 novembre 2016

Décès du théologien et sociologue québécois Jacques Grand’Maison

Le théologien et sociologue québécois Jacques Grand’Maison a trépassé. Le chanoine de 84 ans, qui luttait contre un cancer des os, est décédé le 5 novembre dans une maison de soins palliatifs, à Saint-Jérôme.

Officier de l’Ordre du Québec, professeur émérite de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal, où il a enseigné de 1967 à 1997, Jacques Grand’Maison comptait à son actif 51 ouvrages. Le dernier, Ces valeurs dont on parle si peu, publié chez Carte blanche en 2015, offrait à ses lecteurs son testament spirituel.

« Ce qui est le plus précieux pour les générations qui nous suivent, ce sont nos valeurs et nos convictions les plus profondes », confiait-il à Présence l’automne dernier.

Après des études au Grand séminaire de Montréal puis à l’Université grégorienne à Rome, il obtint un doctorat de l’Université de Montréal en 1964.

Né à de Saint-Jérôme le 18 décembre 1931, il est resté attaché toute sa vie à cette région. Dans les années 1970, devant ses engagements sociaux et sa popularité, certains souhaitaient qu’il se lance en politique, ce qu’il a toujours refusé. Des années plus tard, ses recherches sur les profils socioreligieux dans la région des Basses-Laurentides marquèrent durablement les esprits.

Au cours de sa carrière, ses travaux et réflexions ont abordé divers enjeux, dont le sacré, le jugement, l’éducation, l’évangélisation, les relations intergénérationnelles et le vivre-ensemble. En plus de ses recherches souvent menées sur le terrain et de son travail en paroisse, il a collaboré avec divers médias, dont La Presse et Le Devoir.

Ces dernières années, des ouvrages comme Quand le jugement fout le camp (Fides, 1999), Pour un nouvel humanisme (Fides, 2007) et Société laïque et christianisme (Novalis, 2010) ont confirmé son statut d’essayiste soucieux de la place du christianisme dans un Québec en pleine évolution.

L’historien Éric Bédard le qualifie d’intellectuel engagé, de conscience, de prêtre pas comme les autres, d’homme libre. Il recommande de lire Quand le jugement fout le camp (Fidès, 1999). Une invitation à nous méfier des modes du jour et des nouveaux impératifs moraux... Cette nouvelle morale nous somme de tout accepter au nom d’une conception molle de la tolérance qui ne serait que le nouveau visage de l’indifférence et du désengagement... « Il est beaucoup plus difficile d’être libre que soumis » écrivait Grand'Maison : « La liberté est un poids tellement lourd à porter qu’on se dépêche de se livrer à de nouvelles servitudes »...

Mathieu Bock-Côté qui a bien connu Jacques Grand'Maison dans le cadre des travaux du Pont entre les générations, alors que le jeune sociologue était dans la jeune vingtaine, déclare : « Grand'Maison, c'était un homme à la fois éclairé et généreux, et comme on dirait aujourd'hui, d'une grande qualité humaine. Il nous manquera. »

N’hésitant pas à critiquer la société actuelle, il était parfois accusé de présenter une vision trop pessimiste de ce qu’est devenue la société québécoise.

Voir aussi

Version électronique (légale!) de Quand le jugement fout le camp (Essai sur la déculturation)


dimanche 6 novembre 2016

Éducation à la sexualité : pourquoi aucune école pilote dans la ville de Montréal ?

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) est de loin la plus importante du Québec. Elle regroupe plus de 112 000 élèves, dont plus de 70 000 au secteur des jeunes, répartis dans 191 établissements scolaires : 127 établissements de l’ordre d’enseignement du primaire, 34 établissements de l’ordre d’enseignement secondaire, 5 établissements combinant les ordres primaire et secondaire. La CSDM offre également des services à près de 4 250 élèves au secteur de l’accueil, soit des élèves nouvellement arrivés au pays. La Commission scolaire English-Montréal (CSEM) est, quant à elle, la plus grande des neuf commissions scolaires anglophones du Québec regroupant plus de 35 000 élèves dans les secteurs jeunes et adultes, elle compte 40 écoles primaires, 17 écoles secondaires et 11 écoles « innovatrices ».

Or voilà qu’aucune école de ces commissions scolaires « riches de leurs diversités » ne fait partie des écoles pilotes pour le nouveau programme d’éducation à la sexualité selon la page d’information du Ministère de l’Éducation du Québec. Aucune école privée de l’île de Montréal ne fait partie de ces écoles privées selon cette même liste. La carte ci-dessous situe ces écoles sur la carte du Québec, elles sont marquées d’un point bleu.



Seules trois écoles sont dans la région de Montréal (marquées d’un point bleu) :


Or, sur 863 007 élèves inscrits dans les écoles de la maternelle, du primaire et du secondaire du réseau public québécois pendant l’année scolaire 2014-2015, 143 414 l'étaient dans la seule région administrative de Montréal (06) correspondant à 5 commissions scolaires, 38 574 dans la région administrative de Laval (13) et 152 242 dans la région administrative de la Montérégie (16). Ces trois seules régions regroupent donc près de 40 % des élèves du Québec alors que seuls 18 % des écoles pilotes s’y trouvent.


Éviter des populations aux mœurs trop conservatrices ?

Se pourrait-il que le manque d’écoles de la région retenues dans le projet pilote — absence encore plus criante dans les très multiethniques CSDM et CSEM — s’explique par le profil des parents qui y envoient leurs enfants : des immigrants aux valeurs conservatrices ?

Rappelons quelques faits et témoignages :

— Jacques Tobin, enseignant de philosophie, reconnaissait dans les colonnes du Devoir que la politique, la religion et le sexe, susceptibles de se retrouver dans son contenu, sont trois thèmes qui sèment la chicane au Québec : Aborder les questions des menstruations ou de la séduction devant un auditoire plutôt multiethnique lui a valu des reproches de ses élèves qui l’ont sommé de se mêler de ses affaires. Et M. Tobin a suscité de plus vives réactions encore à la présentation du film C.R.A.Z.Y., de Jean-Marc Vallée, dont il s’est servi pour parler de l’homosexualité et des valeurs du Québec dans les années 60-70-80. « Deux gars qui s’embrassent, c’était pour elles “dégueulasse” », a raconté M. Tobin, en admettant avoir reçu quelques appels téléphoniques de parents.

— Comme le reconnaissait la CBC (très favorable à un programme d’éducation à la sexualité assez similaire en Ontario) : « La plupart des parents opposés au programme [d’Éducation à sexualité] ont des racines dans des pays à l’extérieur du Canada. » 

— Enfin, l’endroit où l’on semble le moins enseigné le cours ECR (qui aborde déjà des questions de sexualité) est précisément Montréal :
une enquête de l’Association québécoise en éthique et culture religieuse corrobore les échos que nous avons du milieu scolaire : près de la moitié des écoles (100/211) réduisent sensiblement le temps d’enseignement recommandé par le ministère. À Montréal, ce taux grimpe aux deux tiers. Il semble aussi que des écoles placent officiellement ce cours à l’horaire mais, dans les faits, lui substituent un autre cours.
Nancy Bouchard dans Le Devoir du 17 août 2016

Le PLQ au Québec a une base électorale fidèle parmi les immigrants. Ils sont toutefois des conservateurs sociaux. Les programmes scolaires (obligatoires pour tous, nous sommes au Québec après tout !) s’attaquent aux valeurs conservatrices et évincent le rôle des parents quand ils préconisent l’« exploration de nouvelles valeurs et normes en matière de sexualité, au-delà de celles de la famille »... Se pourrait-il que le PLQ n’ait inclus aucune école qui constitue la riche courtepointe multiethnique (mais conservatrice quant aux mœurs) de Montréal pour ne pas alarmer une partie de sa base électorale et la mettre simplement devant le fait accompli une fois le projet pilote couronné de succès (ne le sont-ils pas tous au Québec ?) et mis en application ?



Voir aussi

Cours d’ECR : les enseignants « marchent sur des œufs »


Du grand journalisme : « Les Ontariens et le sexe »

Québec — Le nouveau programme d’éducation sexuelle prônerait l’exploration sexuelle...?

« exploration de nouvelles valeurs et normes en matière de sexualité, au-delà de celles de la famille » :


Lois contre « discours haineux » — Employée aborigène poursuit des étudiants pour « embarras et humiliation » (M-à-j)

Mise à jour le 6 novembre 2016

Trois ans après les incidents qui ont abouti aux poursuites intentées pour « discours haineux » contre des étudiants australiens, ceux-ci ont bénéficié d’une victoire en justice. Cette poursuite a été rejetée par la Cour fédérale.

Rappelons brièvement les faits (version plus longue ci-dessous) : un groupe d’étudiants est entré dans un laboratoire d’informatique de l’Université technique du Queensland (QUT) pour s’en voir immédiatement interdire l’usage parce qu’ils n’étaient pas aborigènes. Les étudiants reviennent à leur chambre et font quelques commentaires sarcastiques sur Facebook, tels que « Je me demande où se trouve le laboratoire d’informatique réservé aux suprématistes blancs ».

Pour avoir ridiculisé le néo-ségrégationnisme de l’université, on les a traînés en justice, ou plutôt à travers un cauchemar juridique, pendant trois ans. De prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit d’une victoire historique sur la police de la pensée totalitaire de la Commission australienne des droits de l’homme (le Canada n’est pas exempt de ces officines de la police de la pensée voir ci-dessous), mais voilà, il s’agit d’une victoire à la Pyrrhus, car la peine n’est pas celle que n’a pas infligée le tribunal, mais le simple fait d’être traîné en justice, d’être formellement accusé et de devoir se défendre pendant des années alors que cette accusation ne coûte absolument rien à l’accusatrice représentée gratuitement par la Commission des droits de l’homme :

« [Quatre des sept accusés] choisirent de payer 5000 $ pour se débarrasser de l’affaire, terrorisés par l’idée d’être catalogués racistes. D’autres choisirent de lutter contre cette injustice manifeste, même si on les poursuivait pour des centaines de milliers de dollars. Cela gâche leur existence et même une victoire en fin de compte devant les tribunaux sera une défaite. Le processus est la punition, comme nous le rappelle sans cesse l’auteur Mark Steyn. »

Pendant des années, chaque fois qu’un éventuel employeur cherchera le nom de ces gars sur la Toile, les premiers résultats qui apparaîtront les accuseront d’être de haineux et odieux personnages emplis de haine. Jusqu’à ce que, dans les tréfonds du moteur de recherche, l’algorithme ne dévoile tardivement un bref article précisant que l’affaire a été classée sans suite par la justice. Elle n’aurait simplement jamais dû être entendue. Pour cela, il faudrait d’abord que les accusateurs paient plus de leur personne et que ces commissions des droits de l’homme voient leur voilure sévèrement réduite.




Billet original du 26 février 2016

Une employée de l’unité aborigène de l’Université technique du Queensland (nord-est du pays) a porté plainte en vertu des lois de discrimination raciale de l’Australie et demande des dommages et intérêts de 250 000 $ australiens (245 000 $ canadiens).

Cindy Prior (ci-contre), une employée de l’Université technique du Queensland (QUT), poursuit un certain nombre d’étudiants et de membres du personnel de cette université. Elle affirme qu’elle aurait subi en 2013 « insulte, embarras, humiliation et préjudice psychiatrique » à la suite des actions et des commentaires des trois membres du personnel et de cinq étudiants de l’université.

L’affaire remonte à un incident en 2013, lorsque trois étudiants ont tenté d’utiliser un laboratoire informatique de l’unité Oodgeroo réservée aux aborigènes.

Selon des documents récemment déposés au greffe de la Cour de circuit fédérale australienne, Cindy Prior a remis en cause l’identité raciale d’un des étudiants, Alex Wood. M. Wood affirme que, en compagnie de deux autres étudiants, il avait commencé à utiliser un ordinateur dans l’unité Oodgeroo quand Mme Prior lui avait « demandé agressivement » de révéler son identité raciale. Après l’avoir déclinée, selon M. Wood, l’administratrice aborigène aurait dit d’un « ton agressif et désagréable » qu’il ne pouvait rester dans ce laboratoire parce qu’il n’était pas aborigène.

Mme Prior a alors exigé que les trois étudiants quittent le laboratoire « immédiatement en raison de leur identité raciale ».

Selon le journal The Australian, elle leur a dit qu’ils étaient dans « un espace autochtone réservé aux étudiants aborigènes et du détroit de Torres » et qu’il y avait d’autres endroits où ils pourraient utiliser des ordinateurs. Elle a demandé aux étudiants de quitter les lieux, ils sont partis paisiblement.

Alex Wood s’est plaint une heure plus tard sur une page Facebook de l’université : « Viens de me faire expulser d’une salle informatique aborigène non indiquée. L’université combat la ségrégation par la ségrégation. »

À cause de ce billet, M. Wood, désormais diplômé en génie depuis décembre 2015, a été accusé en justice pour haine raciale. « Je ne parviens pas à comprendre comment cet acte relativement mineur me rend passible de poursuites criminelles pour “discours haineux” et une demande de dommages et intérêts et de plus de 250 000 $ », a-t-il déclaré dans sa déposition sous serment.

« Ma mère est veuve. Cet incident nous a causé, à elle et à moi, beaucoup de détresse et de contrariétés. Je ne suis pas une personne raciste et personne ne l’a jamais suggéré à mon sujet. Je n’ai presque pas d’économies... », d’affirmer M. Wood.

Un autre étudiant avait écrit peu après son expulsion : « Je me demande où se trouve le labo d’informatique pour suprématistes blancs. » Ce qui, à une autre époque, aurait sans doute été considéré comme de l'humour estudiantin.

Le même étudiant, dans sa déposition sous serment dans le cadre de la poursuite en justice, a écrit : « Je déteste toute forme de discrimination raciale. En tant qu’Australien et étudiant à l’université, j’ai été consterné d’apprendre que la ségrégation raciale était pratiquée sur le campus de mon université. »

L’université a déclaré que « QUT appuie sans réserve ses services de soutien pour assurer le succès des étudiants aborigènes et du détroit de Torres (600 sur 49 000) ; en particulier l’offre d’espaces réservés où les étudiants aborigènes et du détroit de Torres peuvent utiliser des ordinateurs, travailler avec du personnel et des tuteurs autochtones, avoir accès à du soutien pédagogique et socialiser. »

L’article 18 C de la Loi contre la discrimination raciale

Pour le journal australien Herald Sun, l’administratrice aborigène de l’université devrait immédiatement abandonner son procès contre les étudiants de l’Université technique du Queensland.

En outre, la Loi contre la discrimination raciale devrait être modifiée pour éviter à l’avenir des poursuites similaires.

L’article 18 C est rédigé de telle sorte qu’il suffit qu’une personne membre d’un groupe ethnique, racial ou autre prétende que l’action pourrait raisonnablement faire en sorte que ces personnes se sentent subjectivement insultées, intimidées ou humiliées pour que la loi puisse s’appliquer :
“the act is reasonably likely, in all the circumstances, to offend, insult, humiliate or intimidate another person or a group of people;”
« l’acte est raisonnablement susceptible, dans toutes les circonstances, d’offenser, insulter, humilier ou intimider autrui ou un groupe de personnes ; »
L’article 18 C de la loi australienne est similaire à l’article 13 (1) Loi canadienne sur les droits de la personne :
13. (1) Constitue un acte discriminatoire le fait, pour une personne ou un groupe de personnes agissant d’un commun accord, d’utiliser ou de faire utiliser un téléphone de façon répétée en recourant ou en faisant recourir aux services d’une entreprise de télécommunication relevant de la compétence du Parlement pour aborder ou faire aborder des questions susceptibles d’exposer à la haine ou au mépris des personnes appartenant à un groupe identifiable sur la base des critères énoncés à l’article 3.
L’article 13 de la loi canadienne a été abrogé en 2013 à la suite d’une longue campagne contre celui-ci par plusieurs journalistes comme Mark Steyn et Ezra Levant.

Cindy Prior utilise l’article 18C de la Loi contre la discrimination raciale acte — article controversé que l’ancien Premier ministre Tony Abbott avait promis d’abroger — pour poursuivre trois membres du personnel de la QUT et cinq étudiants. Elle dit avoir souffert « insultes, embarras, humiliation et préjudices psychiatriques ». Elle affirme également encore craindre pour sa sécurité, en raison des actions et des commentaires des personnes qu’elle incrimine.

Ce n’est pas la première fois que l’article 18C sert à réprimer la liberté d’expression. En septembre 2010, neuf aborigènes ont engagé des poursuites en justice devant la Cour fédérale australienne contre Andrew Bolt et le Herald Sun au sujet de plusieurs messages affichés sur le blogue de Bolt. Les plaignants ont poursuivi les messages intitulés « C’est tellement branché d’être noir », « blanc est le nouveau noir » et « des gars blancs dans le noir ». Les articles suggéraient qu’il était devenu à la mode pour des « gens à la peau claire » issus de divers groupes ethniques de préférer leurs origines aborigènes parce que cela leur était plus bénéfique sur le plan politique, social et pour leur carrière. Les requérants ont affirmé que ces messages violaient la Loi sur la discrimination raciale. Ils ont exigé des excuses, le paiement des dépens et une interdiction de republication des articles et des messages incriminés et « autre réparation que le tribunal estimerait apte ». Ils n’avaient pas réclamé de dommages-intérêts. Le 28 septembre 2011, Bolt a été reconnu coupable d’avoir contrevenu à l’article 18C de la Loi sur la discrimination raciale.

Voir aussi

Des universités politiquement correctes qui doivent « protéger » leurs étudiants des idées dérangeantes 

Québec — Menace sur la liberté d'expression : le projet de loi 59



Correctivisme politique et les tribunaux : « Extirper l'hérésie et le blasphème » ?


L'éducation à la sexualité imposée à la maternelle

Le programme proposé par le ministère vise quatre grands objectifs pour les enfants d’âge préscolaire.

Premièrement, ils apprendront à identifier et nommer les parties du corps, y compris celles propres aux filles et celles propres aux garçons. Deuxièmement, ils seront appelés à identifier les sensations, les émotions et les besoins qu’ils vivent. On aimerait avoir des détails...

Troisièmement, ils apprendront à décrire en leurs mots les étapes de la naissance, de la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde jusqu’à l’accouchement, par voie naturelle ou par césarienne.

Quatrièmement, ils passeront en revue les différents types de familles qui existent dans leur société : nucléaire, monoparentale, reconstituée (décomposée), homoparentale, adoptive. Pour en dire quoi ? Que toutes se valent ?

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Québec — La réforme de 2000 est un échec, disent les enseignants

Parents, ne vous fiez pas trop aux bulletins de vos enfants : les notes sont couramment gonflées artificiellement pour que l’école ait l’air de répondre aux attentes du gouvernement. La réalité, c’est que les programmes éducatifs québécois sont mal foutus et que l’école produit trop d’analphabètes fonctionnels.

Critique de l’apprentissage par compétences

C’est ce qu’ont dénoncé, hier, sans détour et d’une même voix les trois syndicats d’enseignants francophones de l’île de Montréal dans le cadre de la commission sur la réussite scolaire mise en place par le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

« On veut que l’élève réussisse [sur papier] à tout prix, quitte à mentir ou à niveler par le bas. Que veulent vraiment dire les notes du bulletin ? », a demandé hier Mélanie Hubert, présidente du Syndicat de l’enseignement de l’ouest de Montréal qui représente les enseignants de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.

« La réforme [des programmes scolaires instaurée en 2000] a voulu apprendre aux élèves à apprendre. Mais encore fallait-il leur faire apprendre quelque chose ! »

Après une première moitié de mandat passée dans le brassage de structures de commissions scolaires et dans les coupes, le ministre Proulx a voulu entendre les acteurs de l’éducation sur les façons d’améliorer la réussite scolaire. Les syndicats ont saisi l’occasion et n’ont pas mis de gants blancs.

À leurs yeux, le ministère de l’Éducation doit reconnaître que sa réforme des programmes pédagogiques mise en place en 2000 est un échec.

« Ça fait 15 ans que la réforme est implantée, et les enseignants ont encore du mal à s’y retrouver », se désole Mme Hubert.

Plutôt que de transmettre de vraies connaissances aux enfants, la réforme de 2000 a cherché à leur donner des compétences. « Mais des compétences, c’est vague à enseigner et vague à évaluer. »

Des exemples de compétences trop floues ? « Mes préférées, a dit avec une pointe de sarcasme Mme Hubert en coulisses, ce sont celles qui nous demandent d’évaluer si l’enfant a su “adopter un mode de vie sain et actif” et s’il sait lire “des textes variés”. »

Rappelons ici ce que disait Jacques Dufresne : « la compétence est un faisceau de savoirs ». On ne peut acquérir celle-ci sans les autres, comme conséquence des autres.

Trop d’évaluations ?

Le ministre a écouté et donné quelques indices des changements qu’il compte apporter. « Le taux de diplomation est plus élevé en Ontario, où on évalue beaucoup moins souvent les élèves qu’au Québec. Les enfants ontariens ont 16, 17 ou 18 évaluations du primaire au secondaire et les Québécois, quelque chose comme 83. Pensez-vous, comme moi, qu’on devrait évaluer les enfants moins souvent ? »

Assurément ! a lancé Mme Hubert. « On passe notre temps à évaluer et à préparer les enfants à des examens et trop peu de temps à enseigner. »

En entrevue en fin de journée, le ministre Proulx a expliqué « qu’on aura toujours besoin d’un système d’évaluation » mais qu’il entendait voir s’il y aurait moyen de limiter le nombre d’examens et « la pression indue mise sur les élèves et sur le personnel ».

« Enseignant seul responsable de la réussite de l’élève »

Notons que lorsque les enseignants ont déclaré qu’ils adhéraient à l’objectif du ministre d’en réduire le nombre, ils confortaient du coup un des préceptes de la réforme qui commandaient de s’appuyer beaucoup plus sur le jugement professionnel des enseignants que sur une ribambelle de tests.

Pour Réjean Parent du Journal de Montréal, souvent abandonnés par leur direction, les enseignants devraient se dépêtrer avec un grand nombre de parents contestant l’évaluation faite de leurs enfants. Aussi enchanteresse que la reconnaissance du jugement professionnel puisse paraitre, beaucoup d’enseignants préfèrent se baser sur une multitude d’examens plutôt que sur leur jugement professionnel pour justifier l’évaluation du rendement des enfants dont les parents sont récalcitrants, d’où une certaine déconnexion avec les visions ministérielles et syndicales.

Dans la même veine, les annonces publicitaires d’une fédération d’enseignants voulant que l’enseignant soit le seul maître en classe, devraient tout autant réjouir le ministre qui voudrait installer un ordre professionnel et rendre l’enseignant seul responsable de la réussite de l’élève et, doit-on comprendre, plus le ministère qui pourtant impose les programmes et tient les cordons de la bourse ?

Pour ce carnet, c’est chaque école qui devrait être responsable de la réussite de ses élèves, si ceux-ci ne progressent pas assez les parents devraient être libres de mettre ailleurs leurs enfants sans que cela ne leur en coûte grâce à des mesures comme le chèque-éducation. Les écoles devraient s’améliorer, encourager, former et accompagner leurs enseignants, dans le pire des cas se débarrasser des moins bons, afin de garantir la survie de l’école puisque leurs financements se feraient au nombre d’élèves qui les fréquentent. Le choix d’école devrait être garanti dans nettement plus de régions du Québec. Cela signifiera sans doute une diminution de la taille de certaines écoles ce qui pourrait aussi permettre aux adultes de ces écoles de mieux connaître leurs élèves et d’assurer une plus grande discipline.

Redoublement

La présidente du Syndicat de l’ouest de Montréal a préconisé de revoir le système de redoublement. « Oui, il faudra repenser le système de redoublement, mais si le redoublement, à l’origine, n’était pas la solution, l’autopromotion actuelle ne l’est pas non plus. »

Inégalités sociales

La compétition entre les écoles, et plus particulièrement avec les écoles à vocation particulière, qui accentuent les inégalités au détriment des élèves issus de milieux défavorisés, comme le révélait le Conseil supérieur de l’éducation cette semaine, a également été relevée par plusieurs intervenants qui ont défilé devant le ministre vendredi. « Le problème, ce n’est pas les programmes particuliers et les projets de certaines écoles, lance Pascale Grignon, porte-parole du mouvement Je protège mon école publique. C’est le fait que les autres écoles et les autres élèves n’aient pas cette même chance. Il y a ici un réel enjeu d’accessibilité et d’équité. Ne nivelons pas vers le bas, côté stimulation. Au contraire ! Inspirons-nous de ce qui motive et plaît et offrons-le à tous les élèves, qu’ils réussissent très bien ou non, dans toutes les régions. »

Ce carnet est tout à fait pour que les « défavorisés » économiques puissent avoir accès aux meilleures écoles dans toutes les régions, aux meilleurs profs au mérite. Pour cela des chèques-éducation valables dans des écoles privées ou des écoles publiques sélectives seraient une solution. Nous ne sommes pas sûrs de ce que signifie « offrons-le à tous les élèves, qu’ils réussissent très bien ou non ». Faut-il que même les élèves qui ne réussissent pas aient accès à des programmes sélectifs ?


Sources : La Presse, Le Devoir et Journal de Montréal

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