lundi 27 novembre 2023

Victoire en cour pour une prof réduite au silence pour avoir critiqué un livre sur les transgenres

« Victoire en cour pour une prof réduite au silence pour avoir critiqué un livre sur les transgenres»: c’est le National Post qui rapportait samedi cette cause passée inaperçue au Québec. Ça aurait dû faire beaucoup plus de bruit, tant cette histoire est révélatrice de notre époque.

Le 17 janvier 2022, la professeure Carolyn Burjoski (ci-contre) a été éjectée d’une réunion de sa commission scolaire à cause de ses commentaires sur des livres disponibles dans les écoles primaires. Elle critiquait le fait que certains livres faisaient passer comme "très simple"» et "très cool" de transitionner de fille à garçon ou de garçon à fille. Le président de la commission scolaire lui a interdit de parler. Elle a été exclue de la réunion. Il l’a traitée de «transphobe» dans les médias. Elle s’est ensuite fait dire de ne plus se présenter en classe et de rester chez elle, qu’elle ferait l’objet d’une enquête. Elle s’est fait interdire de communiquer avec ses élèves et ses collègues professeurs. Elle a pris sa retraite peu de temps après et a été hospitalisée pour un cas d’anxiété extrême.

«Ce qui s’est passé ici n’aurait jamais dû arriver dans une société démocratique», a déclaré le juge James Ramsay de la Cour supérieure de l’Ontario au sujet de l’attitude de la Commission scolaire. «Le code des droits de l’homme n’interdit pas la discussion publique de sujets liés au phénomène transgenre, ou au sujet des mineurs transgenres. Il n’interdit aucune discussion, sur aucun sujet.»

Dans un des livres qui inquiétaient la prof Burjoski, se déroule une scène où Shane, un garçon transgenre (donc née fille) est tout excité à l’idée de prendre de la testostérone. Quand le médecin lui annonce qu’avec la prise d’hormones, il ne pourra probablement pas avoir d’enfant, l’enfant répond: «C’est cool!». 

Madame Busjoski considérait que ce livre portait à confusion en ne tenant pas compte du fait que Shane, en vieillissant, pourrait regretter d’être stérile. «Ce livre fait croire aux enfants que ces interventions médicales sérieuses sont des solutions faciles à une détresse émotive et psychologique».

Dans sa décision, le juge affirme que «Le président de la commission scolaire a pris une décision arbitraire et terriblement erronée de réduire au silence l’expression légitime d’une opinion».

Droit de parole


Quand elle apprit la décision du juge, la prof a déclaré: «C’est une victoire significative, pas juste pour moi, mais pour tous ceux qui osent exprimer des inquiétudes publiquement». 

Dans une société démocratique, un prof a le droit de soulever des inquiétudes sans perdre son droit de parole, sans se faire renvoyer à la maison, sans être victime de diffamation.

Peu importe ce qu’on pense du débat sur la transition de genre, ce n’est pas en réduisant au silence ceux qui ne pensent pas comme nous qu’on va avoir un débat intelligent et éclairé.

Journal de Montréal

École, famille, immigration : que restera-t-il de la France d’avant dans la France d’après ?

Évoquer la France d’hier pour comprendre celle de demain et ausculter notre présent : c’est la tâche à laquelle se sont attelés Jérôme Fourquet et Jean-Pierre Le Goff dans le cadre des Rencontres du Figaro. (vidéo réservée aux abonnés).

LE FIGARO. - Vous avez publié, Jean-Pierre le Goff, La France d’hier il y a cinq ans et cette année vous poursuivez cette plongée dans le passé avec Mes années folles (Robert Laffont). Aujourd’hui, que reste-t-il de la France d’hier ?

Jean-Pierre LE GOFF. – Pas grand-chose, répondrais-je spontanément. Mais encore faut-il s’entendre sur ce qu’on appelle la France d’hier et de quelle période historique au juste il est question. La France d’hier dont je parle est celle de la seconde moitié du XXe siècle, des années 1950 et 1960, en sachant qu’entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1960, il s’est produit une modernisation rapide du pays qui l’a profondément transformé.

Pour le dire de façon schématique, au lendemain de la guerre, la France reste encore un pays rural avec des traditions ancestrales, des valeurs de stabilité et de modération liées à la civilisation paysanne. Le christianisme continue d’imprégner la société et le catholicisme demeure la religion de la grande majorité des Français. Il existe également un mouvement ouvrier dynamique et structuré avec ses syndicats, ses associations d’entraide et d’éducation populaire, au sein duquel dominent le Parti communiste et la CGT. Au tournant des années 1950 et 1960, la France entre dans une nouvelle étape de la modernité marquée par le développement de la société de consommation, des loisirs et de ce qu’on appelle alors les « mass medias ».

La France d’hier, celle des années 1950-1960, c’est celle qui reste encore liée à une histoire ancestrale et qui, en même temps, se modernise rapidement pour aboutir à une nouvelle société qui va entraîner sur une échelle de masse des changements de mentalités et de comportements dans les domaines de la consommation, des loisirs et des mœurs. L’acquisition de nouveaux biens de consommation, la valorisation de la vie privée et des loisirs comme lieux de l’épanouissement participent d’un individualisme hédoniste qui se développe dès cette époque et commence à mettre en question la centralité du travail et la solidité des appartenances et des engagements collectifs. C’est précisément dans ce contexte de bouleversement rapide de la société française et de l’allongement de la scolarité que va se développer le «peuple adolescent» (expression que j’emprunte à Paul Yonnet). On ne comprend rien à mai 68 et à la révolution culturelle qui va suivre sans prendre en compte cette nouvelle situation historique dans l’ensemble de ses aspects. N’est-ce pas de cette France-là que nous avons hérité ?

Jérôme Fourquet , votre livre s’appelle La France d’après. Philippe de Villiers, en 2005, disait : «La France d’après, c’est la France d’après la France…»