Des familles qui ont fait le choix de l'instruction en famille refusent de se prêter aux modalités de contrôle de l'État.
Conformément à la loi Ferry de 1882, elles ont fait le choix de l'école à la maison. Mais elles refusent de soumettre leurs enfants aux modalités de contrôle imposées par les académies. Une soixantaine de familles réparties sur l'ensemble de la France ont signé un appel à la désobéissance civile.
« Si nous avons choisi de ne pas mettre nos enfants à l'école, ce n'est pas pour leur faire imposer des tests établis par l'Éducation nationale », résume Sylvie Martin Rodrigues, qui a lancé ce collectif en avril. Maman de Tom, 12 ans, et de Lilou, 9 ans, cette habitante de Mijoux, petit village de l'Ain, a fait le choix avec son mari de l'école à la maison, pour respecter le rythme des enfants et ne pas les « enfermer ». Ils pratiquent l'apprentissage « informel ». « Toute situation permet d'apprendre, à condition que l'enfant soit prêt à assimiler les notions », explique-t-elle.
Leurs ennuis avec l'Éducation nationale ont débuté en 2009, lorsqu'une inspectrice est venue frapper à leur porte, pour un premier contrôle. « Elle n'avait aucune animosité, mais elle est revenue à l'académie les mains vides, sans les tests. » Signalés début 2011 au procureur, ils sont passés devant le tribunal correctionnel le 22 mai, qui a prononcé la relaxe. Mais les choses ne se sont pas arrêtées là. La famille a été à nouveau contrôlée le 26 juin. « Nous leur avons montré nos supports pédagogiques. Nous leur avons aussi proposé d'aller voir la cabane de Tom ou de regarder les dessins de Lilou, mais nous refusons leurs tests. »
Après trois ans et demi de procédure, Sylvie Martin Rodrigues n'est guère optimiste sur les suites de l'affaire. D'autant plus qu'une autre famille vient de passer devant le tribunal pour mineurs de Vesoul, pour des raisons similaires. Verdict ? La juge pour enfants a laissé aux deux parties - la famille Claudin-Taponnot et l'académie - jusqu'au 25 juillet pour fixer un nouveau contrôle.
Pour quelle raison le bras de fer s'arrêterait-il là ? Avocat des familles, Cédric Plantavin parle de « lutte idéologique et philosophique ». Engagé sur ce terrain depuis deux ans, il défend sept familles et en conseille une quinzaine. « J'essaie d'obtenir des décisions de jurisprudence », évoquant les zones d'ombre laissées par la loi sur les modalités du contrôle mené au moins une fois par an par l'inspection d'académie.
Quel que soit le mode d'instruction choisi par les parents, il doit permettre d'acquérir, à l'issue de la période de l'instruction obligatoire — de 6 à 16 ans — un ensemble de connaissances et de compétences identique à celui des enfants scolarisés. La loi précise cependant que l'évolution des acquisitions s'apprécie « en fonction des choix éducatifs », « sans référence au niveau scolaire d'une classe d'un établissement public ou privé sous contrat », ce contrôle n'ayant pas pour objet de « valider le niveau scolaire ». De tests, il n'est donc pas question dans la loi. Mais la circulaire du 26 décembre 2011 sur l'obligation scolaire va dans le sens d'un renforcement du contrôle. Elle précise notamment que lors de l'entretien il est «souhaitable que l'enfant s'exprime» et que «des exercices individualisés adaptés, dans la mesure du possible, aux choix pédagogiques effectués, peuvent lui être demandés». C'est à cette circulaire, appliquée avec plus ou moins de zèle selon les académies, que les familles s'opposent aujourd'hui.
Une vraie alternative
Cet affrontement en dit beaucoup sur le fossé qui sépare les deux mondes. Selon les chiffres, 30.000 enfants et adolescents ne seraient pas scolarisés, soit 0,3% d'une tranche d'âge, pour des raisons philosophiques, mais aussi médicales, sportives, artistiques. Parmi eux, 27.000 suivent des cours par correspondance, Cned en tête. 3000 sont instruits directement par les parents. « Depuis une dizaine d'années, de plus en plus de parents font d'emblée le choix de l'instruction en famille, explique Christelle, bénévole au sein de l'association Laia (Libres d'apprendre et d'instruire autrement). Auparavant, ils le faisaient davantage en réaction à un problème avec l'instituteur, à la suite de violences ou de phobie scolaire. » Loin de l'image du précepteur réservé à l'élite, l'instruction à la maison se présente comme une vraie alternative pour tous. De quoi poser des questions à ceux qui ont pour ambition de refonder l'école.
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Conformément à la loi Ferry de 1882, elles ont fait le choix de l'école à la maison. Mais elles refusent de soumettre leurs enfants aux modalités de contrôle imposées par les académies. Une soixantaine de familles réparties sur l'ensemble de la France ont signé un appel à la désobéissance civile.
« Si nous avons choisi de ne pas mettre nos enfants à l'école, ce n'est pas pour leur faire imposer des tests établis par l'Éducation nationale », résume Sylvie Martin Rodrigues, qui a lancé ce collectif en avril. Maman de Tom, 12 ans, et de Lilou, 9 ans, cette habitante de Mijoux, petit village de l'Ain, a fait le choix avec son mari de l'école à la maison, pour respecter le rythme des enfants et ne pas les « enfermer ». Ils pratiquent l'apprentissage « informel ». « Toute situation permet d'apprendre, à condition que l'enfant soit prêt à assimiler les notions », explique-t-elle.
Leurs ennuis avec l'Éducation nationale ont débuté en 2009, lorsqu'une inspectrice est venue frapper à leur porte, pour un premier contrôle. « Elle n'avait aucune animosité, mais elle est revenue à l'académie les mains vides, sans les tests. » Signalés début 2011 au procureur, ils sont passés devant le tribunal correctionnel le 22 mai, qui a prononcé la relaxe. Mais les choses ne se sont pas arrêtées là. La famille a été à nouveau contrôlée le 26 juin. « Nous leur avons montré nos supports pédagogiques. Nous leur avons aussi proposé d'aller voir la cabane de Tom ou de regarder les dessins de Lilou, mais nous refusons leurs tests. »
Après trois ans et demi de procédure, Sylvie Martin Rodrigues n'est guère optimiste sur les suites de l'affaire. D'autant plus qu'une autre famille vient de passer devant le tribunal pour mineurs de Vesoul, pour des raisons similaires. Verdict ? La juge pour enfants a laissé aux deux parties - la famille Claudin-Taponnot et l'académie - jusqu'au 25 juillet pour fixer un nouveau contrôle.
Pour quelle raison le bras de fer s'arrêterait-il là ? Avocat des familles, Cédric Plantavin parle de « lutte idéologique et philosophique ». Engagé sur ce terrain depuis deux ans, il défend sept familles et en conseille une quinzaine. « J'essaie d'obtenir des décisions de jurisprudence », évoquant les zones d'ombre laissées par la loi sur les modalités du contrôle mené au moins une fois par an par l'inspection d'académie.
Quel que soit le mode d'instruction choisi par les parents, il doit permettre d'acquérir, à l'issue de la période de l'instruction obligatoire — de 6 à 16 ans — un ensemble de connaissances et de compétences identique à celui des enfants scolarisés. La loi précise cependant que l'évolution des acquisitions s'apprécie « en fonction des choix éducatifs », « sans référence au niveau scolaire d'une classe d'un établissement public ou privé sous contrat », ce contrôle n'ayant pas pour objet de « valider le niveau scolaire ». De tests, il n'est donc pas question dans la loi. Mais la circulaire du 26 décembre 2011 sur l'obligation scolaire va dans le sens d'un renforcement du contrôle. Elle précise notamment que lors de l'entretien il est «souhaitable que l'enfant s'exprime» et que «des exercices individualisés adaptés, dans la mesure du possible, aux choix pédagogiques effectués, peuvent lui être demandés». C'est à cette circulaire, appliquée avec plus ou moins de zèle selon les académies, que les familles s'opposent aujourd'hui.
Une vraie alternative
Cet affrontement en dit beaucoup sur le fossé qui sépare les deux mondes. Selon les chiffres, 30.000 enfants et adolescents ne seraient pas scolarisés, soit 0,3% d'une tranche d'âge, pour des raisons philosophiques, mais aussi médicales, sportives, artistiques. Parmi eux, 27.000 suivent des cours par correspondance, Cned en tête. 3000 sont instruits directement par les parents. « Depuis une dizaine d'années, de plus en plus de parents font d'emblée le choix de l'instruction en famille, explique Christelle, bénévole au sein de l'association Laia (Libres d'apprendre et d'instruire autrement). Auparavant, ils le faisaient davantage en réaction à un problème avec l'instituteur, à la suite de violences ou de phobie scolaire. » Loin de l'image du précepteur réservé à l'élite, l'instruction à la maison se présente comme une vraie alternative pour tous. De quoi poser des questions à ceux qui ont pour ambition de refonder l'école.
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