lundi 17 mai 2021

Wokisme — Nouvelle vidéo de recrutement de l'armée américaine

L’armée américaine a publié une série de cinq vidéos de recrutement.

Élevée par deux mères aimantes et inspirantes, Emma excellait à l’école. « Bien que j’aie eu une enfance assez typique, appris le ballet, joué du violon. J’ai aussi défilé pour l’égalité [LGBTQ2SAI+] »

 

 

Une armée américaine très féminine, très brune, Emma est à droite ici (sa couleur de cheveux devient blonde et ses yeux bleus dans le dessin animé de recrutement)

Une autre vidéo est en espagnol, c’est l’histoire d’une fille d’immigrante née au Nouveau Jersey de parents dominicains, à dix dans un appartement de trois pièces, sa mère travaillait jusqu’à 16 heures par jour, etc.


Capitole, la police prête à coopérer pacifiquement ? « Restez pacifiques et calmes » (vidéo)

Le plus gros mensonge du 6 janvier était que les « émeutiers » étaient en quelque sorte responsables de plusieurs morts ce jour-là. Très tardivement, le coroner de Washington DC a confirmé que, à part Ashli Babbitt une manifestante désarmée tuée par un policier toujours anonyme, tous les morts étaient morts de causes naturelles — y compris l’officier Sicknick, que la plupart des Américains croient encore avoir été assassiné à coups d’extincteur inexistant par des partisans de Trump.

La police du Capitole, à la fois dans ses déclarations officielles et dans ses fuites aux copains des médias, a contribué à diffuser ce mensonge. Lire Intox radio-canadienne — l’« assaut du Capitole » et le policier « frappé à coups d’extincteur » (m à j)

De nombreux émeutiers sont toujours emprisonnés. Le célèbre chaman végane aux cornes de bison est toujours dans une geôle gouvernementale en attente de son procès.

Une vidéo récemment divulguée montre des officiers de la police du Capitole des États-Unis parlant avec plusieurs manifestants du 6 janvier — y compris Jacob Chansley, le soi-disant « chaman QAnon » — à l’intérieur du Capitole cet après-midi-là. Cette vidéo semble étayer l’affirmation de M. Chansley selon laquelle il a été admis au Capitole avec l’autorisation de la police.

Un agent, identifié comme l’agent Keith Robishaw, semble dire au groupe de Chansley que la police capitoline ne les empêchera pas de déambuler dans le Capitole. « Nous ne sommes pas contre… vous devez nous montrer. . . pas d’attaque, pas d’assaut, restez calme », prévient Robishaw. Chansley et un autre manifestant demandent à la foule d’agir pacifiquement. « Cela doit être pacifique », crie Chansley. « Nous avons le droit de nous rassembler pacifiquement. »

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Intox radio-canadienne — l’« assaut du Capitole » et le policier « frappé à coups d’extincteur » (m à j)

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Qui étaient les émeutiers du Capitole ?

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Le chaman végane rentre dans le Sénat escorté par un garde qui lui demande de respecter l’endroit, le chaman qui vénère la Terre-Mère lui dit qu’il quittera bientôt les lieux

Les « révolutionnaires » pro-Trump respectent les cordons de velours

Biden se vante d’avoir été arrêté pour intrusion illégale dans le Capitole à 21 ans

Réforme de la loi 101 : « demi-mesures juridico-bureaucratiques », une guerre de retard et encore plus d'anglais intensif...


Extraits d’un texte de Frédéric Lacroix, suivi de la réaction du journaliste Pierre Allard ancien éditorialiste du Droit (Gatineau) qui connaît bien la situation des Franco-Ontariens, excellents bilingues (le Graal de M. Legault apparemment) qui s’assimilent très vite à l’anglais. En italique nos remarques.

Simon Jolin-Barrette a enfin déposé sa réforme de la loi 101. En même temps, le Premier ministre du Québec, M. François Legault, a publié un court message sur Facebook. Dans ce texte, il affirme deux choses : « Qu’il y avait urgence d’agir » et que « Il va y avoir des personnes qui vont dire que le projet de loi ne va pas assez loin. Il va y en avoir d’autres qui vont dire qu’il va trop loin. Ça va démontrer que notre position est raisonnable. »

[…]

M. Legault a d’ailleurs rempilé un peu plus tard en conférence de presse en affirmant que la position du Parti québécois d’appliquer la loi 101 au cégep était « extrémiste ». Il est consternant de voir le Premier ministre adopter, en pleine Assemblée nationale et le jour même du dépôt d’une réforme de la Charte de la langue française, le langage historique des opposants à la Charte qui qualifiaient, eux aussi en 1977, les clauses scolaires de la loi 101 de mesure « extrémiste ». Je l’avoue : avec cette sortie, ce mot, mon Premier ministre m’a fait honte. On se croyait revenu, l’espace d’un instant, à l’ère Couillard et aux « braises de l’intolérance ».

La CAQ, le PLQ et le PLC, même combat ?

Et manque de pot pour le calcul politique de M. Legault : autant le Parti libéral du Québec que le Parti libéral du Canada ont bien accueilli le projet de loi 96 (PL 96). La cheffe du Parti libéral, Mme Anglade, s’est même plu à donner le baiser de Judas au projet en soulignant que les propositions du PLQ visant les cégeps étaient plus « costaudes » que celles mises de l’avant par la CAQ. En effet, la CAQ propose un contingentement des places en cégep anglais qui n’équivaut même pas au gel proposé par le PLQ (la CAQ permet une croissance des effectifs des cégeps anglais).

Mais le PLQ proposait aussi de « bonifier » l’offre de cours en français dans les cégeps anglais, de prioriser les « ayants droit » pour ce qui est de l’accès aux cégeps anglais, des mesures qui ne sont pas dans le PL 96. Il semble que la CAQ ait réussi à coaliser les fédéralistes en faveur du PL 96, ce qui est probablement la dernière chose que souhaitait M. Legault.

[…]
 
[Angle juridique et non démographique ni culturel]

Simon Jolin-Barrette est un avocat. Dans le PL 96, toute la question linguistique est envisagée d’un point de vue strictement juridique. Le ministre est à mon avis tombé dans le piège à ours dressé par Pierre Elliott Trudeau en 1969. Dans sa Loi sur les langues officielles, Trudeau séparait la langue de la culture et concevait toute la question de la langue sous l’angle juridique. Il allait effectuer ce travail avec sa Charte des droits de 1982. Cette façon de voir les choses a marqué profondément les esprits. Au Canada, la judiciarisation du politique dévore tout sur son passage, incluant la langue. Avant, pour parler de langue, on questionnait des artistes. Aujourd’hui, on interroge des avocats.

[…]

Il faut noter que les démographes sont beaucoup moins « érotisés » que les juristes par le PL 96. Celui-ci ne contient en effet aucune mesure permettant d’affecter les déterminants majeurs du recul du français. Il n’arrêtera pas la minorisation en cours des francophones au Québec. Car toutes les mesures structurantes ont été soigneusement écartées du PL 96 pour éviter de provoquer de la « chicane ». Par exemple, le 

  • contingentement des cégeps ne règle aucunement la question de la dynamique linguistique au collégial, 
  • l’article sur les municipalités bilingues assure leur permanence, 
  • aucune mesure ne cible l’immigration, 
  • l’affichage va rester bilingue, etc.

Le PL 96 ne contient aucune mesure susceptible de frapper l’imagination, aucune mesure qui constitue un signal fort selon lequel le français revient au centre du jeu. Une collection de demi-mesures, peu importe leur nombre, ne constitue pas un « plan costaud ».

La langue, ce n’est pas d’abord et avant tout un objet juridique. C’est un objet culturel, social. Cela, le projet de loi l’ignore totalement.

Le bilinguisme soustractif et une guerre de retard

Il était d’ailleurs dramatique d’entendre M. Legault, en conférence de presse lors du dépôt du projet de loi, promettre qu’il allait « intensifier » l’anglais intensif au primaire. [Encore !!!!! C’est un jeu à somme nulle : plus d’anglais, c’est moins d’autres matières en français, c’est inacceptable.] Voilà une mesure, introduite par Jean Charest en 2011, qui est déjà en train d’acculturer à grande vitesse les jeunes francophones. Comme le soulignait pudiquement une série d’articles récents dans le Devoir, une partie de la jeune génération est en train de sombrer dans le bilinguisme soustractif, où la langue qui est en train d’être soustraite est le français. De ce point de vue, le Québec français ressemble de plus en plus à l’Ontario français. Valoriser encore plus l’anglais dans les écoles primaires va mener carrément à l’anglicisation à grande échelle des jeunes. Cela a d’ailleurs débuté à Montréal.

Le PL 96 ignore aussi cela. Le projet de loi de M. Legault aurait été bon en 1999. Là, il arrive trop tard. La CAQ prépare en 39 la guerre de 14-18.

Un des leviers essentiels pour rehausser le statut du français, qu’ignore le PL 96, c’est de le valoriser dans les écoles. C’est notre langue, notre histoire et notre culture qui doivent être mieux et plus valorisées dans nos écoles. Il s’agit même d’une urgence nationale. On pourrait presque dire : valorisons le français dans les écoles et Netflix se chargera de l’anglais.

Résumons : pour le français, le PL 96 se contente d’une vaste collection de demi-mesures juridico-bureaucratiques. Mais, pour l’anglais, M. Legault a déjà en tête d’en mettre encore plus à l’école. Pour l’anglais, il veut agir sur le terrain culturel et éducatif, ce qu’il refuse de faire pour le français. Il est facile de savoir qui sortira gagnant de cette partie de souque à la corde [lutte à la corde].

Le recul du français au Québec va s’accélérer.

Nous reproduisons ci-dessous un extrait de la réaction pertinente de M.  Pierre Allard, journaliste, ex-éditorialiste au quotidien Le Droit, Grand prix de journalisme Olivar-Asselin 2014 et Prix Omer-Héroux en 2021. Il rappelle le fait que personne ne semble avoir relevé un commentaire pourtant essentiel de François Legault pendant la conférence de presse qui a suivi, jeudi matin, la présentation du projet de loi de Simon Jolin-Barrette à l’Assemblée nationale.

Il était interrogé par l’éditorialiste Robert Dutrisac, de journal Le Devoir. Celui-ci évoquait la situation des élèves francophones hors Montréal qui pourraient choisir d’aller à un cégep anglais pour acquérir une meilleure connaissance de l’anglais.

Voici ce que le Premier ministre a répondu :

On a un défi au primaire et au secondaire de mieux enseigner l’anglais. Il y a une méthode qui a fait ses preuves, c’est l’anglais intensif en 5e ou 6e année. Je sais que ça s’implante de plus en plus dans les écoles. Je pense qu’on est rendu à 20 ou 25 % (des écoles françaises). Il faut continuer à travailler à l’amélioration de l’enseignement de l’anglais au primaire et au secondaire. Je pense que c’est important.

J’étais abasourdi. J’ai dû le réécouter pour m’assurer d’avoir bien entendu. La solution pour réduire l’intérêt que portent nos élèves de langue française aux cégeps anglais, c’est de commencer à les angliciser dès le primaire ? Un moyen de franciser le Québec serait une immersion totale en anglais pendant quatre ou cinq mois, à un âge où l’apprentissage du français est incomplet et fragile chez nos élèves, surtout dans le contexte nord-américain ?

Plus de la moitié des jeunes Québécois francophones sont déjà bilingues. Enfin, aux fins des recensements, on les juge capables de se débrouiller en français et en anglais. Mais quelle est la qualité du français parlé et écrit ? Le plus souvent faible, avec un vocabulaire pauvre et des tas d’anglicismes ou de mots anglais. Près de la moitié des nôtres sont analphabètes fonctionnels. Et on veut mettre l’accent sur l’anglais dans nos écoles primaires et secondaires ?

C’est un suicide culturel assisté, financé par l’État. Heureusement, seulement le quart de nos écoles ont mis en place l’anglais intensif depuis son lancement par l’ignoble Jean Charest en février 2011 (voir mon éditorial dans Le Droit du 25 février 2011 intitulé Fossoyeurs du français). Mais c’est déjà trop. Et voilà que François Legault veut étendre ce funeste programme qui dit, clairement, à nos élèves, que l’anglais est assez important pour interrompre l’enseignement en français pendant une demi-année scolaire !

Le message, c’est qu’ils auront besoin de l’anglais au Québec dans leur vie quotidienne, au travail, dans leurs loisirs, dans le commerce. Et moi qui croyait qu’on voulait ériger un Québec où la langue commune serait le français, où l’on parlerait et écrirait un français de qualité qui servirait à la maison, dans la rue, à l’école, et qui serait essentiel au travail.

N’allez pas croire que je ne suis pas conscient de l’importance de l’anglais sur le continent nord-américain. Je suis né et j’ai grandi en Ontario. Et ce que j’ai appris, c’est que le jour où une collectivité canadienne-française est entièrement bilingue, les générations suivantes sont de plus en plus anglaises et évoluent vers l’unilinguisme anglais. Voilà ce qui arrivera au Québec dans quelques générations si on ne crée pas un milieu qui impose le respect de la langue française.

Ce n’est pas vrai que tous les Québécois doivent apprendre l’anglais et devenir bilingues. L’ensemble de la population — la majorité du moins — doit pouvoir vivre en français seulement. Et la qualité de cette langue doit s’améliorer. Si cela paraît irréalisable, alors aussi bien arrêter tout de suite de prolonger l’agonie. Si, cependant, l’objectif semble atteignable, alors il faudra un projet de loi autrement plus « costaud » que celui qui nous est présenté.

 


On remarquera que ni Frédéric Lacroix ni Pierre Allard  ne parle de démographie ci-dessus : 

  • rien sur une diminution de l’immigration non francophone de naissance et assimilable, 
  • rien sur une hausse de la fécondité des Canadiens français (qui était légèrement sous la fécondité moyenne du Québec, voir graphique ci-dessus, détails ici) et 
  • donc des mesures qui aideraient la classe moyenne à avoir les enfants qu’ils désirent (les familles veulent un peu plus d’enfants qu’elles n’en auront en moyenne, le coût des enfants est un obstacle), 
  • des mesures qui valoriseraient la famille et les enfants dans la société, 
  • des études peut-être plus courtes mais tout aussi utiles, aussi bonnes, voire meilleures, etc.
 
Voir aussi
 
  
 
 
 
 

Baisse de niveau : comparaisons en calcul et dictée de 1987 à 2017

Bonus

L’école à la française, l’égalité des chances, l’excellence, la République et tout le toutim. En 6e (11-12 ans), les élèves des quartiers « immigrés » (REP+) sont 60 % à avoir une maîtrise « insuffisante » ou « fragile » des « connaissances et compétences en mathématiques », contre 31 % en moyenne.

Pape François et les médias — L’art de ne pas parler du génocide des chrétiens d’Irak

Un texte d’Ingrid Riocreux, agrégée de lettres modernes et docteur de l’université Paris IV-Sorbonne, Ingrid Riocreux est spécialiste de grammaire, de stylistique et de rhétorique. Pour Riocreux, pape des médias, François l’est essentiellement parce que ses propos paraissent souvent comme calibrés afin de se couler dans le discours médiatique.

Langue des médias

La presse n’a rien à ôter ni à ajouter à ce qu’il dit. S’il plaît aux journalistes, c’est grâce à sa maîtrise de ce que, pour ma part, j’avais naguère proposé d’appeler « la langue des médias ». Nous l’avons encore constaté lors de son voyage en Irak. « Fléau du terrorisme », « conflits religieux souvent nourris par un fondamentalisme incapable d’accepter la coexistence pacifique des différents groupes ethniques et religieux » : ces expressions feutrées se signalent par un art d’éviter le mot juste. Elles pourraient être tout droit sorties de la bouche d’un journaliste, mais elles sont signées du pape François. « Le terrorisme » : on désigne la méthode pour ne pas cibler l’idéologie qui en use. « Un fondamentalisme », avec ce petit article indéfini qui donne envie de demander « lequel ? ». « Conflits religieux » : cette expression nous est malheureusement familière et sert à masquer des situations de persécutions sous l’image trompeuse d’une responsabilité partagée et d’une brutalité réciproque, selon la thèse qui voudrait que toutes les religions engendrent par nature la haine et la violence. De même, et de manière générale, alors que l’ONU avait alerté très tôt sur le caractère génocidaire des dispositions de l’État islamique à l’égard des chrétiens, les médias se sont employés, lors de cette visite papale en Irak, à effacer la différence entre agresseurs et agressés.

« Nous ne pouvons pas nous taire lorsque le terrorisme abuse de la religion » dit encore le pape François. Cette affirmation pleine de bonne volonté laisse croire à une interchangeabilité, à une équivalence profonde entre les religions. L’hyperonyme « la religion » noie dans une catégorie commune toutes les croyances. Comme personne n’est dupe, on en vient à percevoir « la religion » comme une manière de désigner l’islam, à croire que celui-ci serait, pour ainsi dire, la religion par excellence. Dans un passé récent, je me suis intéressée aux expressions telles que « la religion s’invite au travail », souvent employées dans des titres de presse. Elles annoncent toujours un développement exclusivement consacré à l’islam ; « la religion » fait partie de ce sous-code commun que nous comprenons tous et que certains d’entre nous parlent même couramment. Cette expression permet de dire sans dire ; de renoncer au terme exact au profit d’une énonciation moins risquée de vérités qui auraient tôt fait, aux yeux de la nouvelle morale dominante, de verser dans la « stigmatisation ».

Finalement, de la part du pape François, cette rhétorique de la périphrase, de l’allusif et de l’imprécis pourrait se comprendre comme une marque de prudence, visant à ne pas mettre en danger les catholiques encore présents sur place. Il cherche vraisemblablement à leur apporter son soutien sans pointer leurs persécuteurs afin de contribuer, autant qu’il est possible, à une forme d’apaisement. Mais nos médias ne devraient pas avoir ces scrupules. Pourquoi, lorsqu’on ne représente aucune des parties en présence, s’obstiner à ne pas dire ce qui fut ? Le pape François, indique Le Monde, est en visite « sur les terres meurtries par les djihadistes » : élégante et poétique métonymie qui permet de jouer sur deux aspects gênants de la réalité factuelle. D’abord, nier les victimes en ne les évoquant qu’à travers l’allusion à leurs terres ; ensuite, résumer la menace aux « djihadistes ». On pense au mythe de la Résistance construit par la propagande gaullienne, après la Libération : les Français unis dans le rejet collectif de l’occupant et l’Allemagne nazie seule porteuse de toutes fautes. Dans le cas de l’Irak, se focaliser sur les seuls « djihadistes » donne l’impression que le danger a déferlé, identifiable, limité, momentané, puis a été éliminé. Or, où le groupe terroriste a-t-il puisé sa force de nuisance sinon dans la bienveillance et l’approbation qu’il a rencontrées, s’assurant ainsi des complicités et une implantation locale qui ont consolidé ses prises ?

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Diminuer la part Canadiens français menace la perennité du français au Québec

Scène de rue à Montréal
Un texte de Charles Gaudreault, Ingénieur M.Sc.A, Chercheur indépendant paru dans le Journal de Montréal. 
 
La conclusion qui s’impose au vu de l’article de Charles Gaudreault qui souligne la différence d’attachement au français de la part des Canadiens français et des immigrants, c’est que l’immigration de masse affaiblit fortement la place du français et qu’il faut privilégier la natalité locale et plus particulièrement des Canadiens français.  
 

Depuis l’automne dernier, les articles sur le déclin du français à Montréal se multiplient. On affirme que la loi 101 n’est pas respectée et on suggère que plusieurs Montréalais, tout particulièrement les jeunes, seraient indifférents à la langue française. Globalement, « l’usage du français est en chute libre au Québec » selon Charles Castonguay dont l’analyse se base sur les données de recensement.

On évite cependant de parler de l’épineuse question démographique. Les démographes québécois abordent généralement le sujet en utilisant des formules savantes, ils diront par exemple que « ce sont les processus démographiques qui sont déterminants pour l’avenir des groupes français et anglais du Québec, et non la mobilité linguistique ».

Si on traduit, cela veut dire que les seuils migratoires et la natalité jouent un rôle encore plus décisif que la francisation et l’assimilation linguistique pour l’avenir de la langue française. Ce sont ces facteurs qui détermineraient réellement les tendances lourdes à long terme.

Scène de rue à Montréal
Pour mettre les choses en perspectives, en 2016 par exemple le Québec accueillait 52 000 immigrants tandis qu’il comptait 85 000 naissances. Considérant que 87 % des immigrants arrivés au Québec s’installent dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, on peut déduire que c’est 45 000 immigrants qui s’y établiront, même si certains d’entre eux arrivent d’abord dans une autre ville du Québec. Cette année-là, le compte des naissances était de 44 000 pour la RMR ; le nombre des naissances était donc égal avec celui du nombre d’immigrants.

Dans une telle situation, les immigrants de 1re génération et de 2e génération deviennent rapidement majoritaires. D’ailleurs selon une étude de Statistique Canada de 2017, les immigrants de 1re et 2e génération formeront près de la moitié de la population canadienne en 2036 dans l’ensemble du Canada.

Déclin du poids démographique

J’aimerais aborder un phénomène parallèle à celui du déclin du français, celui du déclin du poids démographique de ceux que l’on appelait anciennement les Canadiens français.

Au congrès de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS) qui a lieu cette semaine (du 3 au 7 mai), je présentais mes résultats de recherche où j’annonçais que les Québécois d’origine canadienne-française qui représentait 79 % de la province au recensement de 1971 glisseraient sous les 50 % en 2042, principalement à cause de seuils migratoires élevés. 

 

Faible attachement au français dans les rues de Montréal

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je pose maintenant la question suivante : se pourrait-il que le déclin du poids démographique des Québécois d’origine canadienne-française ait une influence sur le déclin de la langue française ?

Par souci d’inclusivité, nous avons réduit le débat à la dimension linguistique sans tenir compte de la démographie du groupe ethnique majoritaire.

Pourtant, pour que le terme québécois soit inclusif, il faut nécessairement admettre l’existence des Québécois d’origine canadienne-française ; autrement nous dirons qu’il y a des Québécois d’origine huronne, des Québécois d’origine haïtienne, des Québécois d’origine chinoise et… des « Québécois de souche », ce qui peut rendre les Québécois d’origine immigrante ou autochtone mal à l’aise en plus de poser un problème de nature sémantique. 

Faible attachement au français dans les rues de Montréal

Attachement à la langue française nettement moins fort chez les immigrés

Ceci étant dit, les Québécois d’origine canadienne-française déclinent rapidement au Québec et ceux-ci perdront leur statut de groupe majoritaire avant le milieu du siècle actuel. Ceux-ci sont certainement déjà minoritaires sur l’île de Montréal. En ce qui concerne la langue française, le taux de transfert linguistique des allophones vers le français serait de 55 % selon le démographe Marc Termote. On peut donc raisonnablement supposer que les Montréalais d’origine immigrante ne développent pas le même niveau d’attachement à la langue française que les Montréalais d’origine canadienne-française.

Si cette hypothèse est confirmée, alors il n’est pas étonnant que les Montréalais soient, dans une proportion croissante, relativement indifférents au sort de la langue.

Évidemment, d’un point de vue individuel, on trouvera certainement plusieurs néo-Québécois dont l’attachement envers la langue française dépasse largement celui du Canadien français moyen.

D’ailleurs, nul doute que les immigrants installés en région s’assimilent facilement sur les plans linguistique et culturel puisque les Québécois d’origine canadienne-française y sont largement majoritaires. 

Bilinguisme du gouvernement CAQ à Mont-Laurier [95 anglophones de naissance sur 13 630 habitants en 2011 soit  0,70 % de la population !]
 

Par contre, à Montréal, dans bien des quartiers, le rapport démographique est inversé et l’origine canadienne-française y est minoritaire. Dans ce contexte, on peut s’attendre à ce que les nouveaux arrivants soient de plus en plus intégrés par des immigrants de 1re et de 2e génération. Par conséquent, on peut difficilement s’attendre à ce que les Montréalais d’origines immigrantes atteignent globalement le même niveau d’attachement à la langue française que les Montréalais d’origine canadienne-française.

En somme, considérant que le poids démographique des Canadiens français est en déclin, on peut supposer qu’à long terme, les Montréalais seront de moins en moins attachés à la langue de Maisonneuve. C’est là une réalité démographique têtue qui relève du constat, sans égard pour les préférences morales ou politiques de chacun.

Source

Voir aussi 

Les Canadiens français deviendraient minoritaires au Québec en 2042 (étude détaillée en français)

Le déclin démographique des Canadiens français au Québec