lundi 26 octobre 2015

France — Examen de français pour valider le diplôme d’une école d’ingénieur

C’est un fait aujourd’hui, beaucoup de jeunes font beaucoup trop de fautes. Certains font face à de grosses lacunes qui sont impardonnables à ce niveau d’étude. Le baromètre Voltaire révèle qu’en cinq ans, en France, le niveau a baissé de 6 % sur la maîtrise des règles fondamentales.



Les exercices sont simples. Des phrases où il faut identifier les erreurs : ici un problème d’accord, là un « s » en trop. Toutes les règles de français y passent. Les étudiants ont une année pour réviser et passer leur certificat. Il leur faut 500 points pour le réussir. Et il est obligatoire. L’année dernière, seuls 3 élèves sur 120 ont échoué.

lundi 19 octobre 2015

Les enseignants du Colorado inquiets au sujet du cannabis dans les écoles publiques

Une salle de conférence bondée accueillait plus de 350 administrateurs d’école et enseignants à Denver au Colorado, mercredi dernier. Ils prenaient studieusement des notes détaillées tout en poussant des soupirs collectifs alors qu’ils en apprenaient davantage sur ce que les autorités appellent la principale difficulté à laquelle les écoles Colorado sont confrontées : la marijuana.

« On nous avait assuré que la légalisation de la marijuana allait avoir un impact positif dans nos écoles », a déclaré Christine Harms, directrice du Centre de ressources en sécurité scolaire du Colorado. « Et il y a l’aspect de l’infrastructure des écoles, mais nous ne voyons pas d’énormes changements pour ce qui est des programmes de prévention du cannabis, et nos élèves en paient le prix. »

« C’est le problème n° 1 dans les écoles en ce moment », a déclaré Lynn Riemer, présidente de l’AGIR contre les drogues, un organisme à but non lucratif de sensibilisation et d’éducation sur les drogues.

Le procureur général adjoint, Michael Song, a fait une présentation sur la marijuana où il aborde le changement d’attitude des jeunes envers la marijuana et les façons dont les autorités peuvent aborder ce nouveau défi.

Des élèves se frayent un chemin à la sortie de l’école Skinner le jeudi 7 mai 2015 à Denver. La police et des équipes médicales avaient alors été appelées à l’école secondaire [12-15 ans] après avoir appris que plusieurs élèves avaient mangé des aliments comestibles à la marijuana.

Jeff Whitmore, directeur des transports pour le district scolaire de Bayfield dans le sud-ouest du Colorado, secoue la tête en signe d’incrédulité après une présentation de plus d’une heure qui couvrait les aliments comestibles au cannabis, l’attirail lié à la marijuana et les lois qui permettent de coffrer les élèves en possession de la drogue sur le terrain de l’école.

« J’ai d’abord cru que c’était comme pour l’alcool et que les enfants essaieraient de toute façon et tout cela », a dit Whitmore. « Mais c’est un peu comme s’ils font passer de l’alcool pour du soda et qu’ils le commercialisent ainsi aux enfants. Parmi les produits comestibles au cannabis, on retrouve des biscuits et des oursons de gélatine avec des quantités élevées de THC. »

Lors de la présentation, les enseignants ont pris des notes sur l’emballage de divers produits comestibles au cannabis dans l’espoir de repérer plus facilement ces produits. Ils ont également partagé leurs frustrations liées à des parents complaisants qui fument avec leurs enfants.

« Il y a un changement de culture », a dit Whitmore. « Les enfants voient leurs parents fumer et voient le cannabis commercialisé partout, et ils pensent que cela est normal pour eux de fumer. »

Bien que les données sur les incidents liés à la marijuana dans les écoles publiques du Colorado demeurent contestées et rares, de nombreux éducateurs ont dit qu’ils sont témoins d’un problème grandissant.




Source : Denver Post

dimanche 18 octobre 2015

Montaigne a écrit « tête bien faite plutôt que bien pleine », il avait la tête bien pleine et parlait des enseignants

Réjean Bergeron, enseignant en philosophie au cégep Gérald-Godin, revient sur la formule de Montaigne qu’il vaut mieux « une tête bien faite que bien pleine ».

C’est devenu un lieu commun pour ceux qui défendent les principes et les objectifs qui se retrouvent au cœur de la réforme de l’éducation du Québec que de paraphraser ce célèbre passage des Essais de Montaigne dans lequel il affirmerait que le plus important en éducation serait de faire en sorte que l’élève ait plutôt « la tête bien faite que bien pleine ».

Les fameuses maximes latines et grecques 
de la bibliothèque de Montaigne. Celui-ci parlait 
couramment le latin dès l’âge de sept ans.
Ainsi, dans une société où toutes les connaissances seraient dorénavant à la portée de nos doigts grâce à nos outils technologiques, à l’internet et en particulier à Google, l’important, selon les partisans de la réforme, ne serait plus d’inculquer des savoirs et une culture fondamentale des plus solides aux élèves, mais de développer avant tout leur créativité, leur sens critique, leur capacité d’exprimer leurs opinions, d’innover, en somme de développer leurs compétences transversales ; comme si ces dernières, qui d’ailleurs n’ont jamais été clairement définies, pouvaient se développer dans le vide.

Mais, au-delà du cliché, essayons de voir ce que voulait réellement nous faire comprendre Montaigne dans ce passage si souvent évoqué.

Premièrement, entendons-nous sur le fait que si Montaigne [1533-1592] a été en mesure de nous livrer ses réflexions sur une foule de sujets, c’est grâce à un savoir et à une culture des plus vastes. C’est parce qu’il avait tout lu, mémorisé et appris une foule de choses, qu’il a pu au fil des années nous livrer ses Essais. En fait, Montaigne avait une tête très, très pleine.

Deuxièmement, lorsqu’on lit attentivement cet extrait évoqué plus haut et tiré de cet essai qui a pour titre Sur l’éducation [Institution] des enfants, on se rend compte que Montaigne fait référence non pas aux enfants ou aux élèves, mais au « précepteur » qui serait le plus apte à faire leur éducation. En plus, si on lit la phrase au complet, on constate très bien que Montaigne ne veut absolument pas s’enfermer dans ce faux dilemme de la tête bien pleine ou de la tête bien faite, comme tentent de le faire les partisans de la réforme, en ajoutant qu’il faut exiger que le maître possède « les deux qualités », c’est-à-dire une tête bien faite et bien pleine, un bon jugement en plus d’un savoir disciplinaire des plus solides, dirions-nous aujourd’hui.

Dans cet essai, tout comme dans cet autre qui a pour titre Sur le pédantisme, il se moque des « savants » de son époque, formés dans la pure tradition scolastique du Moyen Âge, qui se contentaient de répéter ce qu’ils avaient « grappillé » dans les livres dans le but d’impressionner la galerie : « Regorger la nourriture comme on l’a avalée est une preuve qu’elle est restée crue et non assimilée. L’estomac n’a pas fait son œuvre s’il n’a pas fait changer la façon d’être et la forme de ce qu’on lui avait donné à digérer », nous explique-t-il d’une manière imagée.

Ainsi, il ne milite absolument pas pour le fait qu’il faille accumuler moins de connaissances, mais plutôt pour qu’on le fasse d’une manière authentique et organique. « Savoir par cœur n’est pas savoir », reconnaissait Montaigne. Toutefois, il avait très bien compris que « notre âme s’élargit d’autant plus qu’elle se remplit », comme il le précise, à la condition que ce contenu ait été digéré, c’est-à-dire parfaitement compris.

Reconstitution de la bibliothèque de Montaigne

Pour lui, c’est clair, il n’y a pas d’un côté la forme de la connaissance, qu’on pourrait associer aux compétences transversales, et de l’autre son contenu, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs qu’un individu peut maîtriser.

De la même manière que la rivière a besoin d’eau pour exister, l’esprit de l’être humain doit s’abreuver de connaissances et baigner dans une culture des plus riches s’il désire avoir une pensée profonde et subtile et émettre des jugements fondés sur du solide.

Pour finir, moi aussi je m’amuserai à paraphraser Montaigne en disant qu’il est important de le lire attentivement, de faire l’effort de le comprendre, au lieu de dégorger à son sujet ce qu’on a grappillé ici et là sur Google.



[...] je voudrais aussi qu’on fût soigneux de lui [l’élève] choisir un conducteur [un maître] qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine, et qu’on y requît [exigeât] tous les deux, mais plus les mœurs [la vertu] et l’entendement [l’intelligence] que la science ; et qu’il se conduisît en sa charge d’une nouvelle manière.

On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui verserait dans un entonnoir, et notre charge ce n’est que redire ce qu’on nous a dit. Je voudrais qu’il corrigeât cette partie, et que, de belle arrivée [d’emblée], selon la portée de l’âme qu’il a en main, il commençât à la mettre sur la montre [sur la piste, pour qu’il se montre], lui faisant goûter les choses, les choisir et discerner d’elle-même ; quelquefois lui ouvrant chemin, quelquefois le lui laissant ouvrir. Je ne veux pas qu’il invente [pense] et parle seul, je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour. Socrate et, depuis, Arcésilas faisaient premièrement parler leurs disciples, et puis ils parlaient à eux. Obest plerumque iis qui discere volunt auctoritas eorum qui docent. [« L’autorité de ceux qui enseignent nuit la plupart du temps à ceux qui veulent apprendre. » Cicéron, De natura deorum]

Il est bon qu’il le fasse trotter devant lui pour juger de son train [allure] et juger jusqu’à quel point il se doit ravaler [descendre] pour s’accommoder à sa force. À faute de cette proportion nous gâtons tout ; et de la savoir choisir, et s’y conduire bien mesurément, c’est l’une des plus ardues besognes que je sache ; et est l’effet d’une haute âme et bien forte, savoir condescendre à ses allures puériles (4) et les guider. Je marche plus sûr et plus ferme à mont [en montant] qu’à val [en descendant]. Ceux qui, comme porte [le veut] notre usage, entreprennent d’une même leçon et pareille mesure de conduite régenter [de diriger] plusieurs esprits de si diverses mesures [capacités] et formes [natures], ce n’est pas merveille [étonnant] si, en tout un peuple d’enfants, ils en rencontrent à peine deux ou trois qui rapportent [retirent] quelque juste fruit de leur discipline [enseignement].

Qu’il ne lui demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens et de la substance, et qu’il juge du profit qu’il aura fait, non par le témoignage de sa mémoire, mais de sa vie. Que ce qu’il viendra d’apprendre, il le lui fasse mettre en cent visages et accommoder à autant de divers sujets, pour voir s’il l’a encore [déjà] bien pris et bien fait sien [...]. C’est témoignage de crudité [mauvaise digestion] et indigestion que de regorger la viande [rendre la nourriture] comme on l’a avalée. L’estomac n’a pas fait son opération, s’il n’a fait changer la façon et la forme à ce qu’on lui avait donné à cuire [digérer] [...]
Extrait du chapitre 26 des Essais : De l’Institution des Enfans


Cannabis : pourquoi la légalisation n'est pas la solution

Le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve (socialiste), a déclaré qu’il était « favorable au plus large débat » sur le cannabis en France. Le candidat au poste de Premier ministre du Canada, Justin Trudeau [« libéral »] a déclaré qu’il était non seulement en faveur de la décriminalisation, mais de la légalisation du cannabis.



Une erreur, selon Serge Lebigot, pour qui une légalisation serait irresponsable et dangereuse.


Serge Lebigot est le président de l’association Parents contre la drogue. Il a notamment écrit Cannabis : Ce que les parents doivent savoir, et Le Dossier noir du cannabis.

 Il a été interrogé par le FigaroVox, extrait :

— Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve s’est déclaré favorable à un large débat sur le cannabis, tandis que le grand quotidien américain New-York Times a plaidé dans un édito le 30 juillet pour la légalisation du cannabis, comparant son interdiction à la Prohibition. L’argument invoqué par le journal est que le cannabis serait moins dangereux pour la santé que l’alcool. Est-ce vrai ?

Serge LEBIGOT. — Le cannabis et l’alcool ne fonctionnent pas de la même façon.

Le cannabis fumé envahit les poumons, puis passe très rapidement du sang aux graisses du cerveau où il se fixe durablement. Aucune barrière ne l’arrête.
L’alcool est ingéré. Dans le système digestif il existe un filtre, le foie, barrière qui n’existe pas dans le système respiratoire.

Pour le NIDA [National Institute on Drug Abuse], organe gouvernemental américain, l’utilisation du cannabis chez les adolescents fait quelque chose que l’alcool ne fait pas. Il cause des dommages permanents au cerveau, notamment l’abaissement du QI.

Le haut responsable de l’Official National Drug Control Strategy R. Gil Kerlikowske répertorie le cannabis comme l’une des quatre principales drogues [cocaïne, héroïne, cannabis et méthamphétamine].

— Pourquoi ne pourrait-on pas envisager un usage réglementé du cannabis, comme c’est le cas pour l’alcool et le tabac ? Y a-t-il une différence de nature ou de degré entre le cannabis et l’alcool et le tabac qui peuvent aussi être considérés comme des substances addictives ?

— Le tabac, bien qu’il cause une dépendance, n’entrave pas les fonctions cérébrales. On peut en dire autant de l’alcool s’il est consommé avec modération. Il n’existe pas de consommation sans risques des drogues illicites, pas même du cannabis. Celui-ci perturbe les fonctions cérébrales, réduit le jugement, la concentration et la mémoire à court terme ainsi que la capacité d’accomplir des tâches routinières. De plus, la fumée du cannabis attaque les poumons, plus que celle du tabac.

De plus, pensez-vous que l’alcool soit le modèle que nous devrions utiliser pour le cannabis ? Environ 45 000 personnes meurent chaque année des conséquences de l’alcool en France. Quant au tabac, est-ce que sa vente libre le rend moins dangereux pour les fumeurs ? Le tabac tue environ 60 000 personnes par an en France.

Voulons-nous vraiment faire les mêmes erreurs avec le cannabis que celles que nous avons faites avec l’alcool et le tabac ?

Notre but ne doit-il pas être de réduire l’usage et les dommages conséquents associés à toutes les drogues.

Un des arguments invoqués par le NYT est le coût « immense » pour la société de l’interdiction du cannabis. Est-ce une réalité ? L’État ne pourrait-il pas au contraire remplir ses caisses en taxant la consommation de cannabis légale comme il le fait pour l’alcool et le tabac ?

— Le NYT pense-t-il que l’état collectera suffisamment de taxes pour compenser les coûts sociaux et économiques [santé, traitement, prévention, application de nouvelles lois, l’administration, etc.] qu’entraîneront la hausse marquée de l’usage et de l’abus du cannabis ?

Comment fera-t-il pour que cela soit différent de ce qui se passe maintenant avec l’alcool et le tabac. Les taxes générées par l’alcool et le tabac sont loin de couvrir les dépenses de santé et moins encore le coût humain.

— L’interdiction du cannabis crée toute une économie parallèle et soumet des quartiers entiers, notamment en France, à l’empire des dealers et de leur violence. Légaliser le cannabis ne permettrait-il pas de lutter efficacement contre cette délinquance ?

— Pensez-vous qu’en légalisant on empêchera les dealers de vendre du cannabis ?

Cette affirmation ne tient pas compte de la souplesse dont peut faire preuve le crime organisé dans le choix de ses modes de production afin de générer une nouvelle demande et de nouvelles sources de revenus.

Il faut vraiment être naïf pour croire que les groupes criminels vont se laisser si facilement enlever les gains immenses du trafic de cannabis. L’exemple de la prohibition de l’alcool aux États-Unis le démontre parfaitement. Est-ce que le crime organisé est parti lorsque l’alcool a été légalisé ? Non seulement la mafia ne s’est pas écroulée, après la levée de l’interdiction en 1933, mais au contraire, elle a agrandi ses réseaux. De plus, la consommation d’alcool, qui avait fortement baissé pendant la prohibition, a repris considérablement, ce qui a provoqué une augmentation des problèmes de santé.

Dans le monde entier, le commerce de la drogue se trouve entre les mains du crime organisé. Il fait de gros bénéfices lorsqu’il écoule beaucoup de marchandises. À chaque levée de prohibition des stupéfiants, il y a davantage de personnes qui prennent de la drogue et ceux qui sont déjà toxicomanes en consomment de plus grandes quantités. Cela a été le cas avec l’opium en Chine, au XIXe siècle. Une légalisation accroît donc de façon vertigineuse les profits du crime organisé. En légalisant le cannabis, l’État deviendra le partenaire commercial des groupes criminels. Ainsi, le commerce du cannabis et le blanchiment de l’argent ne pourront plus être combattus efficacement. Ce sont les réseaux criminels organisés au niveau international qui en seront les grands profiteurs, les consommateurs et leur famille devront en supporter les conséquences.

Même si, en cas de légalisation, les prix de vente étaient maintenus très bas, le crime organisé gagnerait donc toujours des sommes colossales. De plus, il le fera en toute légalité.

Et après que faudra-t-il faire pour les autres drogues que le crime organisé vend [héroïne, cocaïne, ecstasy, etc.]. Faudra-t-il les légaliser également ?

Comme vous pouvez le constater, non seulement on ne se débarrassera pas du crime organisé, mais au contraire, c’est légalement que les trafiquants de drogue continueront leur commerce, au moins aussi bien, sans être dérangés. Et les problèmes resteront les mêmes que maintenant.

Prenons l’exemple de la Suède qui avait précédemment une politique de drogue libérale. Maintenant, elle a le niveau le plus bas d’utilisation de drogue parmi les pays de l’OCDE. La Suède a fortement réussi sa politique restrictive de la drogue. À la différence d’une approche de tolérance zéro qui pousse juste les gens dans les prisons, elle a tout axé sur la prévention de l’utilisation de drogue. Cette politique a l’appui de 95 % de ses citoyens.

L’une des clés du succès du modèle suédois est la réadaptation obligatoire pour ceux accros aux drogues. L’éducation scolaire suédoise ne suppose pas, comme le font trop souvent un certain nombre d’associations en France, que l’utilisation de drogues illicites est normale ou devrait être socialement acceptée.

Voir aussi

Cannabis chez les adolescents : le QI en fumée

D'autres billets sur la drogue


Chine — Shanghaï, les meilleurs élèves du monde ?

Shanghai ou Chang-Haï regroupe plus de 23 millions d’habitants. Les écoliers de la capitale économique de la Chine, dominent le classement PISA qui compare les résultats des élèves du monde entier. Comment expliquer un tel succès ?



Des élèves soumis à un rythme intensif et à une discipline de fer… L’enseignement met en avant presque exclusivement les sciences, les langues étrangères et les méthodes traditionnelles d’enseignement. Trois heures de devoirs par jour, puis des heures d'études autonomes ou en cours particuliers.

Dirigeants, professeurs et élèves n’ont qu’une idée en tête : devenir l’élite de leur pays et le faire rayonner partout dans le monde. Les enfants acceptent les efforts consentis souvent par patriotisme.

Les écoles publiques pratiquent la sélection et le classement des élèves dès les plus petites classes. Les écoles privées, elles, proposent une éducation sur mesure et onéreuse : des cours de soutien, mais aussi des programmes spécialisés pour ceux qui veulent étudier à l’étranger – Harvard, Yale, Polytechnique ou le MIT. De plus en plus, ces établissements prestigieux voient affluer des étudiants venus de Chang-Haï, dont le niveau en sciences et en mathématiques dépasse largement celui de leurs camarades occidentaux.

vendredi 9 octobre 2015

Pour un retour à la multiplicité des formations d'enseignant

L’essayiste Benoît Melançon dans un entretien avec le Devoir (sur lequel nous avons au demeurant des réserves) évoque ce qui semble une solution de bon sens :
Depuis 1994, si vous voulez enseigner au secondaire — en français, histoire, chimie, maths, qu’importe… —, il n’y a qu’une filière unique : vous entrez en sciences de l’éducation, où vous faites de la pédagogie et du contenu disciplinaire. Dans une structure comme celle-là, qui dure quatre ans, le contenu disciplinaire n’est pas majoritaire. Auparavant, il existait au moins deux voies d’entrée dans la profession, soit en faisant beaucoup de pédagogie et un peu de discipline, ou vice-versa. J’aimerais bien qu’on revienne à ce modèle à filières multiples. Mes étudiants en littérature française ne peuvent pas enseigner au secondaire. Et les étudiants en sciences de l’éducation qui viennent suivre mon cours cumulent moins d’heures en littérature que ceux du bac. Un modèle plus ouvert permettrait plus de contenu disciplinaire. Ma proposition, c’est de diversifier les formations actuelles. Et ensuite, on verrait ce qui marche le mieux à l’école.
Reste à savoir qui sera « on » et s’il faut considérer « l’école » comme un monolithe et qu'un seul parcours de formation sera toujours meilleur que l'autre.

Pourquoi pas une multiplicité de parcours et laisser le choix d’embaucher et de « voir » aux directions d’école et, donc indirectement, aux parents qui choisiront ces écoles ?

jeudi 8 octobre 2015

Écoles privées – Québec annule des coupes de 11 millions $

Le gouvernement Couillard annule des compressions de 11 millions $ aux écoles privées. Ces coupes auraient pu aussi avoir des « effets collatéraux négatifs » sur le réseau public, selon lui. Le ministre de l’Éducation, François Blais, a décidé de ne pas abolir en totalité la subvention pour le transport scolaire destinée aux écoles privées. Cette subvention de 21 millions $ devait être supprimée sur une période de trois ans. En 2014-15 et cette année, elle a été réduite de 10 millions $ au total. Le reste, 11 millions $, devait être retiré l’an prochain, en 2016-17. Il ne le sera finalement pas.

Québec plaide que l’abolition complète de la subvention aux écoles privées risquait également d’avoir un impact sur le réseau public. Des établissements privés ont des ententes avec des commissions scolaires pour assurer le transport de leurs élèves. Toutes ces ententes auraient été remises en question ; certaines l’ont d’ailleurs déjà été. La facture des commissions scolaires, liées par contrat à des transporteurs, aurait pu augmenter, selon le gouvernement. La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) craignait ces impacts possibles. Elle a demandé au gouvernement que ses membres n’essuient aucune perte financière et que les écoles privées assument en totalité la facture liée à l’abolition de la subvention. Québec a finalement choisi de maintenir en partie l’aide aux écoles privées. « Si on allait plus loin [avec les coupes], on avait aussi des impacts sur les commissions scolaires, parce que le transport des élèves du privé, c’est souvent organisé avec les commissions scolaires. Pour éviter les effets collatéraux négatifs, le budget est de 11 millions $ et restera à ce niveau-là », explique Julie White, attachée de presse du ministre Blais.

La FCSQ précise que la réduction de la subvention pour le transport scolaire destinée aux écoles privées a déjà eu « un impact financier sur certaines commissions scolaires ». Pour l’instant, Québec ne prévoit pas de récupérer autrement auprès des écoles privées les 11 millions $ de coupes qui viennent d’être annulées. Il fait valoir que les compressions imposées au privé sont équivalentes à celles imposées au public.



Source : La Presse

Le Japon souhaite un taux de fécondité de 1,8

Comme le cabinet du premier ministre l’avait annoncé la semaine dernière, Shinzo Abe a remanié son gouvernement ce mercredi. Si la moitié des 18 postes ministériels ne change pas de titulaire, notamment les Finances, l’Économie et les Affaires étrangères, la principale innovation consiste en la création d’un ministère chargé de « construire une société dans laquelle 100 millions de gens peuvent être actifs ». Cette mission est confiée à Katsunobu Kato, ex-sous-directeur du cabinet du Premier ministre. Il aura pour tâche de coordonner les mesures susceptibles de favoriser la natalité, tout en accroissant la participation des femmes au marché du travail, et de faciliter le travail des seniors, au-delà même de 65 ans.
 
Lors d’une conférence télévisée le 25 septembre dernier, Shinzo Abe avait indiqué qu’il voulait enrayer la chute de la population, actuellement de 126 millions, après avoir atteint un maximum historique de 128 millions en 2010.

Son objectif est que « dans les cinquante prochaines années » la population se stabilise à 100 millions. Or c’est loin d’être gagné : selon des projections faites par le ministère de la Santé, du Travail et du Bien-être, la population nipponne s’établirait entre 80 et 95 millions en 2060 si rien n’est fait. L’objectif affiché, devenu véritable priorité nationale, consiste d’abord à faire remonter le taux de fécondité des Japonaises, actuellement de 1,4 enfant par femme, à 1,8 [c'est plus que le Québec], sans qu’un calendrier ne soit précisé.

Alors que les Abenomics, la nouvelle stratégie du Premier ministre arrivé au pouvoir fin 2012, comportent trois flèches — politique monétaire accommodante de façon à faire remonter l’inflation à 2 %, relance et assainissement budgétaire simultanés, réformes structurelles —, la démographie est désormais revendiquée comme une quatrième flèche.
Politique familiale très discrète jusqu’ici
Pour le moment, le gouvernement n’a pas défini les mesures concrètes qui pourraient redresser la courbe des naissances. Seule certitude, il va falloir redorer les comptes publics consacrés à la famille.

« Le Japon consacre 1,1 % de son PIB à la politique familiale, trois fois moins que la France. Si l’on veut atteindre un taux de fécondité de 1,8, il faudra dépenser 8000 milliards de yens par an (59 milliards d’euros) et 13 000 milliards de yens (96 milliards d’euros) pour retrouver un taux de 2 assurant l’équilibre démographique » , nous explique à Tokyo Kazumasa Iwata, président du Japan Center for Economic Research.

D’ores et déjà, la sous-natalité pèse doublement pour réduire la croissance économique. « À la fois sur la demande et plus encore sur l’offre. La population active diminue de 0,3 % par an, le chômage est à son plus bas niveau depuis 18 ans (3,3 %) et il y a plus d’offres d’emplois que de demandeurs » , souligne Susumu Takahashi, président du Japan Research Institute.

Mais hormis des quotas ciblés, principalement sur les aides-soignantes pour personnes âgées venues du Vietnam, d’Indonésie ou des Philippines, la question de l’immigration reste taboue au Japon.

Le Petit Chaperon rouge serait trop sexiste

La ministre de l’Éducation nationale française s’appuie sur une étude du centre Hubertine Auclert pour traquer les stéréotypes de genre dans les manuels scolaires. Les contes traditionnels, notamment, y sont fustigés.

Rappelons qu’au Québec, tous les manuels scolaires (mais pas les cahiers d’exercices ou d’activités) sont scrutés par le Bureau d’approbation du matériel didactique (le BAMD) pour y traquer les « stéréotypes » que la bien-pensance progressiste désapprouve (voir ici, ici, ici et ). Le BAMD refuse de divulguer les recommandations socioculturelles, religieuses ou autres qu’il a fait aux éditeurs des manuels approuvés, notamment d’ECR. Selon Christian Rioux du Devoir, les éditeurs québécois appelleraient le BAMD, le « politburo » du MELS.

Mais revenons en France où les choses transparaissent plus facilement dans la presse. Depuis les « ABCD de l’égalité » chers aux ministres socialistes de l’Éducation, on croyait les concepts liés à la théorie du genre remisés aux oubliettes... ou tout au moins abordés avec une prudence de Sioux par le gouvernement. Que nenni !

Horreur sexiste. Il faut que l’État bannisse cette représentation stéréotypée des livres !


Najat Belkacem, la ministre de l’Éducation nationale, s’est fendue d’un communiqué mercredi pour indiquer qu’elle entendait traquer les stéréotypes de genre jusque dans les manuels scolaires. Les nouveaux programmes du CP à la 3e « sont une occasion importante pour améliorer les manuels et ainsi prévenir les discriminations et stéréotypes qui alimentent les inégalités entre les élèves », écrit-elle. La ministre s’appuie sur une étude du centre Hubertine Auclert, publiée cette semaine. Après avoir examiné 22 manuels de lecture utilisés en CP, cette dernière fustige le fait qu’on ne trouve que 39 % de femmes dans ces manuels, que les petites filles jouent surtout à l’intérieur, que les femmes sont cantonnées à leur rôle de mère et à la cuisine. Elle dénonce aussi, à raison, le fait que les métiers scientifiques sont presque exclusivement représentés (à 97 %) par des hommes. [Le BAMD québécois traque aussi ces intolérables représentations et désapprouve les manuels qui ne se plient pas à vision. Note du BAMD, par exemple, au sujet d’un manuel de mathématiques québécois : « Les textes succincts et les consignes aux élèves ne correspondent pas à une représentation juste des hommes et des femmes. »]

Pour autant, à force de chercher la petite bête, l’étude paraît souvent outrancièrement féministe. Elle dénonce ainsi « de nombreux contes issus de la culture populaire », tels Le Petit Chaperon rouge, Cendrillon ou Hansel et Gretel, car « souvent truffés de représentations sexistes, ils ont valeur d’autorité littéraire et cantonnent le plus souvent les personnages féminins à des rôles stéréotypés. » Faut-il bannir des pans entiers de notre patrimoine littéraire au seul prétexte d’améliorer l’égalité sexuée ?

La prédominance du genre masculin



De même, l’égalité se joue-t-elle réellement dans les règles d’accord de l’adjectif et la féminisation des noms de métiers ? L’étude pointe ainsi le fait que, dans les manuels, certains noms de métiers comme « artisan », « professeur » ou « auteur » résistent à la féminisation... Et déplore « l’invisibilisation des personnages féminins » qui passe par l’utilisation du genre masculin comme catégorie universelle. De nombreux manuels utilisent le terme « l’Homme » ou « les Hommes » pour parler des êtres humains, s’alarme encore l’étude. L’adjectif, qui qualifie plusieurs noms de genres différents, s’accorde automatiquement au masculin, regrette-t-elle.

Dans la sphère domestique, « le modèle dominant voire unique est celui d’une famille composée de deux parents et d’un ou plusieurs enfants. » Plus précisément, il s’agit de couples hétérosexuels avec deux enfants de sexes différents, dénonce l’étude qui recommande dans ses conclusions de proposer des « modèles familiaux diversifiés » : familles monoparentales et homoparentales, notamment. Heureusement, parmi les manuels étudiés, certaines femmes sont des héroïnes fortes et indépendantes « qui mènent l’action sans dépendre des personnages masculins ».


Voir également

Le ministère n’approuve pas les manuels. « Seul le régime de Vichy s’est permis cela. »

Table ronde sur le matériel pédagogique ECR

Conférence du « politburo » du Monopole de l’Éducation du Québec

mercredi 7 octobre 2015

Les déshérités ou l'urgence de transmettre et l'égalité homme-femme

Selon lui, l’éducation nationale ne remplit plus son rôle et cela pour une seule raison : plus personne ne veut transmettre la culture. Dans son livre « Les déshérités ou l’urgence de transmettre », François-Xavier Bellamy identifie les causes et imagine les solutions. M. Bellamy répond également à une question sur l’égalité homme-femme d’une journaliste qui n’a pas entendu parler du paradoxe de la liberté de choix de carrière (plus un pays est riche et progressiste, plus les filles semblent vouloir choisir des carrières stéréotypées).



mardi 6 octobre 2015

France — Réforme des collèges : un « formatage idéologique » et fichage selon syndicats

La controversée ministre de l’Éducation en France, Najat Belkacem, a décidé de recourir à des professeurs chargés de former leur collègue à sa contestée réforme. Les volontaires sont rares et les syndicats dénoncent une volonté de « formatage idéologique ».

Société de la surveillance et de la délation ? Le syndicat d’enseignant SNALC avait dénoncé le « flicage des opposants à la réforme du collège » et des « dérives autoritaires ».

Fichage des enseignants selon leur attitude vis-à-vis de la réforme du collège

Le Figaro révèle alors que l’académie [très grosse commission scolaire] de Toulouse a mis en place un dispositif pour repérer les établissements dans lequel l’application de la réforme va être « complexe ». Lors d’une réunion des cadres de l’académie, un inspecteur a indiqué que les enseignants seraient classés en trois groupes : les « progressistes, proactifs, convaincus, avocats ou relais » de la réforme, les « attentistes, passifs indifférents, indécis » et, enfin, les « opposants, rebelles, hostiles, irréductibles ». Là où l’application de la réforme s’avère compliquée, des « protocoles de formation » des enseignants vont être mis en place et « ajustés ». Des propos qui révèlent des « méthodes courantes » pour le SNES, principal syndicat du second degré [école secondaire + cégep], qui trouve cependant que « Ce qui est nouveau et inquiétant, c’est de le dire sans fard, en toute transparence ».

La ministre Najat Belkacem

Des professeurs chargés de « former » les autres enseignants

Face à la fronde persistante envers sa réforme du collège, Najat Belkacem avait, en effet, annoncé au début du mois de septembre qu’elle allait faire appel à des professeurs volontaires chargés de former les autres enseignants à cette réforme contestée et répandre la bonne parole socialiste aux équipes enseignantes et de direction. Une méthode décriée par les syndicats d’enseignants : le SNALC dénonce des « séances de formatage idéologique à la réforme » tandis que le SNES encourage les professeurs à exposer leur vision personnelle de la réforme lors des formations imposées.

Ces postes de formateur ne suscitent cependant pas beaucoup de vocations : l’académie d’Aix-Marseille a ainsi indiqué à la mi-septembre qu’« aucun enseignant n’accepte d’être “formateur” auprès de ses collègues » relatent le Figaro. Formation qui se déroule en partie pendant les vacances de la Toussaint, faible rémunération, refus de soutenir une réforme décriée par leur profession sont les principaux motifs de ce très faible volontariat des professeurs.

De nombreuses académies n’ont alors pas de calendrier arrêté et dates fixées pour ces formations, ce qui va retarder l’application de la réforme. Sa mise en place dès septembre 2016 aussi bien en 6e  [12-13 ans] qu’en 3e [15-16 ans] s’avère déjà donc compliquée, n’en déplaise aux préoccupations politiques de la ministre de l’Éducation nationale. De quoi donner du grain à moudre aux nombreux opposants à la réforme qui exprimeront leur opposition lors de la manifestation nationale du 10 octobre prochain à Paris.

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De plus en plus de Canadiens choisissent les écoles privées

Les Canadiens optent de plus en plus pour envoyer leurs enfants dans des écoles primaires et secondaires privées, démontre une étude publiée mardi par l’Institut Fraser.

Selon des données fournies par les différents ministères provinciaux de l’Éducation, les inscriptions dans les écoles privées ont augmenté de 17 % entre 2000-2001 et 2012-2013.

Cela se répercute par un déclin de 8 % de la fréquentation des écoles publiques.

C’est au Québec que les parents optent le plus pour les écoles privées ; en 2012-2013, dernière année pour laquelle les données étaient disponibles, 12,6 % des enfants les fréquentaient.

Seule la Colombie-Britannique présente des chiffres similaires, avec 11,6 % d’écoliers dans les institutions privées. Suivent le Manitoba (7,6 %) et l’Ontario (5,6 %). En Ontario, les écoles privées (appelées indépendantes) ne reçoivent aucune aide financière du gouvernement provincial, elles complémentent l’offre publique formée des écoles anglophones et francophones laïques et des écoles anglophones et francophones religieuses.

Le choix scolaire offert aux parents et la concurrence scolaire locale varient d’une province à l’autre, d’une ville à l’autre. D’une manière générale, l’Alberta offre le plus grand degré de choix scolaire au Canada. Outre les cinq réseaux publics entièrement financés par la province (pas toujours disponibles dans toutes les localités), l’Alberta fournit également un financement substantiel pour les étudiants souhaitant fréquenter des écoles indépendantes et pour les parents qui souhaitent instruire leurs enfants à la maison. La présence d’écoles à charte donne aux parents des options supplémentaires en dehors des choix linguistiques et religieux traditionnels offerts par les commissions scolaires publiques.

À l’autre extrémité du spectre, les provinces de l’Atlantique ont tendance à offrir le moins de choix et de concurrence scolaires. Aucune des provinces de l’Atlantique ne finance de réseau d’écoles religieuses publiques. Elles n’offrent pas davantage d’aide financière aux parents qui choisissent les écoles indépendantes

Au total, 124 281 écoliers québécois fréquentaient alors une école privée en 2012-2013, une hausse de 18,1 % en douze ans.

C’est toutefois dans l’ouest du pays que l’attrait du privé a connu la plus forte progression au cours des dernières années.

Les inscriptions dans les établissements privés ont ainsi augmenté de 34,2 % en Saskatchewan, 30,6 % en Alberta et 24,4 % en Colombie-Britannique.

Sans surprise, les provinces qui financent le plus les écoles privées sont celles où leur fréquentation est la plus populaire.

À l’heure actuelle, seules cinq provinces financent les écoles privées selon des proportions variables :

35 % à 50 % en Colombie-Britannique ;
50 % au Manitoba ;
50 % à 80 % en Saskatchewan ;
60 % à 70 % en Alberta ;
60 % au Québec.

Le taux de financement des écoles privées du Québec est cependant contesté. Selon le rapport Champoux-Lesage, remis au gouvernement en 2014, il serait plutôt de 75 %. La Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) l’évalue plutôt à 42 %.

lundi 5 octobre 2015

UQAM — Conséquence du boycott étudiant et de l'appui de profs ? Nouvelles inscriptions en forte baisse

« L'UQAM s'est bâtie sur des grèves »
Selon Le Devoir, le scénario catastrophe redouté par le recteur de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Robert Proulx se concrétise : le nombre d’entrants a chuté de 11 % cette année au niveau du baccalauréat, une situation qui plonge l’établissement du Quartier latin dans une situation financière plus précaire qu’escomptée.

Résultat possible des manifestations du printemps 2015, l’UQAM enregistre cet automne une diminution d’au moins 2,8 % des inscriptions au premier cycle. La baisse est nettement plus marquée chez les nouveaux inscrits, en particulier dans les programmes de baccalauréat, où elle atteint 10,9 %, et de certificat, où elle s’élève à 6 %.

« Toutes les facultés sont touchées par ce phénomène », a révélé le recteur, dans un courriel acheminé à la communauté universitaire.

Au deuxième cycle, les inscriptions sont relativement stables tandis qu’au troisième cycle, l’UQAM enregistre une hausse (+11,8 %). Malgré tout, la diminution du nombre des inscriptions est de 2,2 %, tous cycles confondus.

Saccage à l'UQAM lors du dernier boycott
de certains étudiants
Déjà, à la rentrée, M. Proulx avait noté une baisse de 5 % des demandes d’admission. Il évoquait alors comme explication potentielle le mouvement de grève étudiante du printemps précédent. Quoi qu’il en soit, cette réduction du nombre d’inscrits a des conséquences importantes pour l’établissement. « Cette diminution entraîne inévitablement une perte financière, évaluée à 3,1 millions pour les sessions d’automne et d’hiver, qui, ajoutée au 1,9 million pour la session d’été, totalise 5 millions. Indubitablement, ce manque à gagner vient alourdir une situation financière déjà très difficile pour l’UQAM », dit-il.

Seule à pâtir

La nouvelle a de quoi inquiéter Robert Proulx puisque son établissement est le seul, dans tout le réseau de l’Université du Québec, à faire face à une telle baisse dans les inscriptions. Les autres universités de la métropole enregistrent elles aussi une croissance.

Robert Proulx se défend d’être alarmiste. Reste que ces 5 millions en moins forment un trou béant dans le budget de l’université, forcée, depuis un certain nombre d’années déjà, de se serrer la ceinture.

Le manque à gagner pour l’année en cours atteint aujourd’hui plus de 20 millions dans le budget 2015-2016, une somme à laquelle s’ajoutera une compression additionnelle exigée par Québec aux universités. À l’échelle du réseau universitaire, ce sont des compressions de 72 millions que prévoyait le dernier budget provincial. Celle-ci s’élèverait à 7,2 millions pour l’UQAM.


Québec — Le français des étudiants en perdition ?

Le piètre français des étudiants préoccupe les enseignants du cégep, qui affirment qu’il s’agit du principal problème auquel ils sont confrontés en classe.

C’est du moins l’une des conclusions d’une étude menée par Thierry Karsenti, directeur du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante. L’enquête a été réalisée ce printemps auprès de 166 enseignants de la formation générale répartis dans 17 cégeps à travers la province.

La quasi-totalité des enseignants interrogés (91 %) considère que la maîtrise du français est le premier défi qu’ils rencontrent en classe. La motivation des étudiants arrive au deuxième rang (89 %), suivie par leur faible habileté et leur faible intérêt pour la lecture (68 %).

Par ailleurs, les difficultés en français sont loin d’être réservées aux étudiants allophones. Des enseignants ont même affirmé que le problème est parfois encore plus présent chez les élèves francophones, souligne Thierry Karsenti, qui rappelle que les difficultés en français et en lecture ont aussi un impact important sur toutes les autres matières.

Manque de motivation

Le manque de motivation fait aussi partie de l’équation, ajoute le chercheur. « Il y a énormément de ressources d’aide qui sont mises à la disposition des étudiants qui éprouvent des difficultés, mais ils ne les utilisent pas », dit-il.

Ce n’est pas la première fois que les difficultés en français des cégépiens font les manchettes. Le Journal rapportait récemment que le nombre d’étudiants qui ont dû s’inscrire à un cours de mise à niveau en français au cégep a grimpé de 50 %, au cours des 10 dernières années.

Formation générale obligatoire

La formation générale au niveau du cégep (fin du secondaire en Europe) est très pertinente, selon un rapport publié lundi par le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante.

Dans le cadre de l’étude, 45 avantages de la formation générale, incluant notamment les cours de français et de philosophie, ont été répertoriés par 166 professeurs de formation générale au cégep. Le développement intellectuel des étudiants, le développement des compétences en lecture et en écriture et le développement de l’autonomie arrivent en tête de cette liste.

Par ailleurs, 91 % de ces professeurs interrogés ont indiqué qu’il faudrait valoriser la formation générale pour contrer l’attitude négative des étudiants face à ces cours.

Dans un deuxième temps, l’étude des recherches publiées dans le domaine effectuée par le chercheur de l’Université de Montréal Thierry Karsenti fait état d’un certain nombre d’études et d’analyses qui concluent à l’utilité de la formation générale dans le développement global des étudiants et le maintien d’un fond culturel commun. Il souligné également que le taux d’échec n’est pas seulement imputable à la formation générale et que les employeurs sont généralement satisfaits des diplômés du cégep.

Au cours de la dernière année, des voix se sont élevées pour réclamer plus de souplesse dans la formation générale offerte au cégep, où davantage de cours optionnels pourraient être offerts aux étudiants.

M. Karsenti considère toutefois qu’il y aurait un « risque énorme » à rendre les cours de français optionnels puisque les étudiants qui éprouvent des difficultés avec la langue de Molière éviteraient de s’y inscrire, par peur d’échouer.

« Donner plus de choix, ça voudrait dire permettre à des étudiants de ne pas avoir certaines compétences de base. C’est un risque important », affirme-t-il.

Être plus exigeant, plus tôt

Note du carnet : Nous pensons que cette formation générale exigeante devrait se faire nettement plus tôt dans le cursus scolaire. Le français et la culture générale (scientifique et humaniste) devraient être les priorités d’une école primaire et secondaire digne de ce nom. L’école québécoise est bien trop souvent trop peu exigeante et quand elle devient plus exigeante c’est pour imposer plus d’anglais au détriment du français.

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