mercredi 16 décembre 2015

Œuvres de bienfaisance : les plus religieux donnent le plus, le Québec le moins

En 2013, le montant total des dons versés par les Canadiens à des organismes de bienfaisance ou sans but lucratif s’est établi à 12,8 milliards de dollars, en hausse de 23 % par rapport à 2004.

Les dons des plus grands donateurs, soit les 10 % de donateurs qui versent le plus d’argent au cours d’une année donnée, représentaient 66 % du montant total des dons versés en 2013. La contribution de ces grands donateurs était en hausse et est principalement à l’origine de la croissance du montant total des dons versés de 2004 à 2013.

Les montants les plus importants sont versés à des organismes religieux

À l’instar des années précédentes, les donateurs ont versé en 2013 les sommes totales les plus élevées à des organismes religieux, c’est-à-dire des organismes qui mettent en valeur les croyances religieuses et qui célèbrent des services et des rites religieux.

En 2013, 5,2 milliards de dollars ont été versés à des organismes religieux, ce qui représente 41 % de tous les montants versés par les donateurs au cours de l’année.

Venaient ensuite les organismes du secteur de la santé, qui ont reçu 1,7 milliard de dollars ou 13 % de tous les dons, et ceux fournissant des services sociaux (1,6 milliard de dollars ou 12 % de tous les dons). Les organismes internationaux (1,3 milliard de dollars) et les organismes d’octroi de subventions, de collecte de fonds et de promotion du bénévolat (690 millions de dollars) occupaient les quatrième et cinquième rangs.

Plus un donateur fréquente une église, plus il donne



Les caractéristiques des Canadiens les plus susceptibles d’effectuer un don en argent à des organismes de bienfaisance ou sans but lucratif sont assez bien connues. Il s’agit des femmes, des personnes de 35 ans et plus, celles qui possèdent un niveau de scolarité et un revenu plus élevés ainsi que celles qui sont actives sur le plan religieux.

Plus encore que leur niveau de revenu et leurs autres caractéristiques personnelles, c’est la fréquence de la participation à des activités religieuses qui différenciait le plus les plus grands donateurs des autres donateurs et des non-donateurs. En effet, en 2013, 54 % des plus grands donateurs avaient participé à des activités religieuses au moins une fois par semaine, comparativement à 14 % des autres donateurs et à 8 % des non-donateurs.


Les Québécois versent nettement moins de dons aux organismes de bienfaisance que les autres Canadiens :


Voir aussi

Les athées sont-ils moins altruistes ? ( «ces personnes pratiquantes sont nettement plus enclines à faire des dons à des organismes de bienfaisance et sans but lucratif et à faire des dons nettement plus importants à des organismes religieux et non religieux que ceux qui ne vont pas régulièrement à l'église.»

Les enfants religieux seraient plus heureux

« L’école doit redevenir un lieu qui stimule l’esprit créatif et le bonheur d’exister »

Sous-titre de l’ouvrage :
la trahison de nos enfants
par le système éducatif
Très populaire outre-Rhin, Richard David Precht est un philosophe allemand démontre l’archaïsme du système scolaire occidental... Extraits d’un entretien, avec quelques commentaires.

Votre dernier livre, « Anna, l’école et le bon Dieu » (pas encore traduit en français, couverture ci-contre), utilise les récentes découvertes sur le cerveau pour s’attaquer férocement au système scolaire occidental dont vous dites qu’il « trahit nos enfants »…

— Absolument. Pourquoi diable l’école resterait-elle obstinément étanche à toutes les découvertes des neurocognitivistes, des psychologues du développement, des évolutionnistes, des linguistes, des anthropologues ? Le monde des grandes entreprises est souvent plus éclairé que nos écoles qui continuent à fonctionner, au fond, sur le modèle de la société industrielle, vieux de plus d’un siècle.

Cet archaïsme est conforté par la majorité des parents qui rêvent que leurs enfants soient préparés à une spécialité pointue, rare et rémunératrice. Comme si le monde n’avait pas changé ! Comme si, au fond, il fallait toujours s’adapter au système pyramidal tayloriste qui fabrique des chefs impeccables au sommet et de bons chevaux de trait à la base, alors qu’il s’agit désormais d’inviter tous les enfants à devenir des « créateurs de projets de vie » imaginatifs et autonomes, conviviaux et polyvalents.

Pourquoi dites-vous qu’il faut, non pas réformer, mais révolutionner l’école ?

— Pour au moins deux raisons. Primo, parce que 70 % des métiers qu’exerceront les enfants qui entrent aujourd’hui à l’école n’existent pas encore — d’où la nécessité d’une éducation très différente, beaucoup plus ouverte à l’imagination et à l’intelligence relationnelle, conduisant à épanouir une curiosité polyvalente plutôt qu’une spécialisation de type industriel. Secundo, parce que l’école a perdu son monopole. Jadis, c’était l’endroit où l’enfant apprenait à connaître le monde. Aujourd’hui, nourri d’informations par mille autres biais, l’enfant né dans le numérique ne voit plus du tout l’intérêt d’aller s’enfermer dans ce lieu si peu excitant, qui ne suscite en lui qu’un mortel ennui.

Vous insistez beaucoup sur l’ennui des élèves d’aujourd’hui…

— C’est une aberration. L’enfant est naturellement d’une curiosité inouïe. La structuration de ses réseaux neuronaux fait de lui un « athlète synaptique », comparé à l’adulte. Son enthousiasme pour la nouveauté est considérable et ses capacités d’apprentissage impressionnantes. Or, que lui proposons-nous pour épanouir cette potentialité formidable ? De se forcer à s’intéresser à des matières éloignées de sa vie [Note du carnet : l’exotique, le loin de sa vie peut être très intéressant...], qui le motivent de moins en moins et qu’il voit infiniment mieux traitées ailleurs. À partir de 12 ans, cela devient dramatique. La transmission est censée se dérouler lors de séances appelées « cours » qui durent un peu moins d’une heure (durée décidée par les moines du Moyen-Âge) et auxquelles il doit assister sans bouger. Double absurdité : on sait aujourd’hui que la capacité d’attention d’un enfant (et de beaucoup d’adultes) chute au bout de 20 à 30 minutes ; d’autre part, l’immobilité physique du jeune humain est nocive pour son fonctionnement cortical si elle dépasse un quart d’heure. Bouger est pour lui vital, la ­psycho-neuro-immuno-endocrinologie l’explique bien.

Les Français citent pourtant volontiers l’école allemande, supposée très ouverte aux activités physiques quotidiennes…

— Je suis marié avec une francophone, une Luxembourgeoise déjà mère de trois enfants que j’ai vus grandir dans le système français. Il est clair que c’est le pire de tous, le plus archaïque parce que le plus « mental ». [Note du carnet : nous ne sommes pas d’accord, mais c’est certainement un système qui ne devrait pas être imposé à tous.]  Mais le système allemand ne vaut guère mieux — surtout comparé à celui des Scandinaves, beaucoup plus ouvert sur le ressenti, l’émotionnel, le relationnel. Les enfants allemands s’ennuient autant que les Français à l’école. C’est subjectivement un crime et objectivement un gaspillage que nous n’allons plus pouvoir nous permettre longtemps.

Pourquoi ?

— Les générations à venir vont devoir relever des défis que seule une éducation entièrement repensée leur permettra de relever. Comme le disait déjà le pédagogue visionnaire Wilhelm von Humboldt, fondateur de l’Université de Berlin il y a deux siècles : « Il s’agit surtout d’apprendre à apprendre. » [Critiques de ce concept quand il est appliqué trop tôt, ici et .] De toute façon, les technologies de l’information vont tout révolutionner. Prenez les nouvelles « lunettes Google » qui permettent de se brancher sur le Web tout en faisant autre chose. Une fois miniaturisées et rendues quasi invisibles, ce qui sera bientôt le cas, elles métamorphoseront les examens. Il sera impossible d’empêcher un élève de tricher. Le mot « triche » n’aura d’ailleurs plus de sens. Ni celui d’« examen ». Examens et notes participent de ce que les psychopédagogues de Stanford — Mark Lepper, David Greene et Richard Nisbett — appellent l’« effet corrupteur de la récompense ». Les recherches montrent que le fait d’étudier pour obtenir de bonnes notes et un diplôme, plutôt que par véritable intérêt pour la matière, engendre à long terme des individus à motivation plus fragile. Or, la motivation devient essentielle.

L’autre maître mot est la relation. Ayant accès à la connaissance universelle où qu’ils se trouvent, élèves et étudiants devront développer des qualités relationnelles : savoir naviguer dans la jungle du savoir, se relier à d’autres, monter une équipe, faire preuve de convivialité et de tempérance émotionnelle. Des qualités auxquelles ni l’école française, ni l’école allemande ne les préparent actuellement — alors que l’« intelligence connectée » se développe ailleurs, notamment grâce aux jeux vidéo auxquels des millions de jeunes s’adonnent avec frénésie, sans aucun cadre.

D’après vous, l’avenir se joue-t-il du côté des CLOM et de l’apprentissage en ligne ?

— J’ai bien observé ces réseaux, en particulier la Khan Academy qui a mis en ligne des milliers de cours fort intéressants. C’est surtout excellent pour des matières comme les maths ou la physique. Moins pour l’histoire, la littérature ou la philosophie qui exigent un débat interactif. Mais le gros défaut des CLOM est que, contrairement à ce que s’imaginent certains, ils sont moins démocratiques que l’école.

À quoi ressemblera l’école de demain ?

— Sans motivation, rien n’est possible. Schopenhauer disait : « Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, mais vous ne pouvez pas décider de désirer. » Les élèves d’aujourd’hui n’ont plus de désir. L’école de l’avenir doit avant tout rallumer leur adhésion, et même leur enthousiasme. Rappelons que ce fut le cas jadis — ça l’est encore dans les pays très pauvres où l’école est la seule chance de s’en sortir… et aussi chez nos propres enfants, à la maternelle et à la rigueur à l’école primaire. Mais la motivation chute ensuite dramatiquement. En quelques clics d’ordinateur, un ado reçoit plus d’infos que nos ancêtres pendant toute une vie ! L’école lui semble frustrante et inutile. Que faire ?

Explorant systématiquement toutes les recherches en pédagogie dans le monde, j’ai abouti au système suivant…

D’abord, quelques rares matières fondamentales, peut-être les maths et les langues, pourraient continuer à faire l’objet d’un enseignement classique, mais pris au sein d’un système de « contrats » individuels : dans ces matières, l’élève s’engagerait devant l’école à atteindre un certain niveau à certaines étapes de son parcours sur plusieurs années, libre à lui de le faire au rythme qui lui convient, en accord avec ses accompagnateurs. Vouloir faire avancer tout le monde à la même vitesse est considéré par la plupart des pédagogues comme l’un des gros défauts du système actuel : les enfants plus rapides se trouvent freinés par les plus lents qui, eux, sont humiliés et dégoûtés.

L’essentiel de l’éducation s’organiserait autour de « projets » conçus sur plusieurs mois, voire plusieurs années, regroupant les enfants par goûts, affinités, centres d’intérêt. De petits groupes d’une quinzaine d’élèves s’organiseraient autour de thèmes qui les passionnent. Comme les classes du fameux collège d’Harry Potter !

On pense aux visions de Montessori, Steiner, Freinet…

— De nombreuses pédagogies convergent dans ce sens. Elles supposent toutes des enseignants d’un nouveau genre, davantage pédagogues que spécialistes d’une matière [Nous penchons pour des spécialistes d’une matière pédagogues...]. Car une autre caractéristique de cette révolution serait que les professeurs suivraient leurs élèves pendant plusieurs années. Au lieu de se retrouver toutes les heures face à un enseignant différent qui n’a souvent pas le temps de les connaître, les enfants seraient accompagnés de près par des maîtres s’intéressant à leur parcours personnel à long terme.

L’école doit redevenir un lieu de bon temps, qui stimule l’esprit créatif et le bonheur d’exister.

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Chine — Shanghaï, les meilleurs élèves du monde ? (et pourtant s’amusent-ils ? Ils semblent plutôt animés d’une volonté de s’en sortir, souvent de patriotisme).

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L’obligation de scolarisation par l’État est-elle toujours bénéfique ?

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Après un divorce, le niveau de vie chute

L’INSEE (institut de la statistique en France) a publié ce mercredi une étude sur les familles dites monoparentales. Dans son étude, l’INSEE se penche sur l’évolution des familles en France et en Europe. L’institut relève notamment la progression du nombre de familles monoparentales : en France, elles sont passées de 1,2 million en 1999 à 1,6 million en 2011. La plupart du temps, ce sont les mères qui ont la charge des enfants, et, après une séparation, le niveau de vie de ces femmes baisse significativement.

Après une séparation ou un divorce, le niveau de vie des femmes baisse en moyenne de 20 %, contre 3 % pour les hommes. Quand le mari de Juliette l’a quittée il y a huit ans, le quotidien a effectivement été plus difficile. « Avec le crédit de la maison et un salaire un peu au-dessus du SMIC », cette mère de quatre enfants raconte avoir dû faire des efforts. « Pendant un certain temps, on a mangé de la mauvaise qualité, j’achetais le moins cher », admet-elle.

« 40 % des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté, alors que c’est 18 % pour les familles recomposées et 14 % pour les familles traditionnelles », explique Isabelle Robert-Bobée, chef de la division enquêtes et études démographiques à l’INSEE.

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