dimanche 5 octobre 2008

Le cours Éthique et de culture religieuse est loin de faire l'unanimité là où il avait été implanté de 2006 à 2008

En février 2008, la Presse publiait un article intéressant sur les écoles-pilotes qui avaient donné le cours d'ECR de 2006 à 2008. Pour une fois, des journalistes avaient fait leur boulot et ne s'étaient pas contentés de reproduire ce que les porte-parole du Monopole de l'Éducation avaient préparé à leur intention.

Quelques extraits et remarques :

Là où il a été testé depuis septembre 2006, le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse ne fait pas l'unanimité. Les élèves démontrent un intérêt mitigé, les parents s'y perdent et les enseignants réclament de la formation, révèle l'étude d'expérimentation obtenue par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Depuis plus d'un an et demi, huit écoles (cinq primaires, trois secondaires) expérimentent le nouveau programme appelé à remplacer l'enseignement moral et religieux dans les établissements scolaires du Québec dès septembre prochain. À l'hiver et au printemps 2007, le ministère de l'Éducation est allé vérifier sur le terrain comment se déroulait cette mini-révolution, qui rompt avec la tradition de l'enseignement confessionnel au Québec.

Le rapport, jamais rendu public, révèle qu'au secondaire, un élève sur cinq se dit « pas du tout intéressé» par le programme d'éthique et culture religieuse. Une proportion légèrement supérieure de jeunes, entre 25 et 33 % selon l'année scolaire, se sont dits « tout à fait » intéressés. Au primaire, l'intérêt «se manifeste par un rejet de l'ancien cours d'enseignement religieux, jugé ennuyeux et non pertinent par la quasi-majorité des jeunes interrogés», indique l'étude d'expérimentation réalisée auprès d'enfants tirés au hasard parmi les participants à ces projets pilotes.
Il est fort possible que les cours de religion catholique dans ces écoles aient été tout à fait ennuyeux, il faut se demander cependant pourquoi quand on connaît, d'une part, le peu de conviction des enseignants actuels — certains ne sont même pas catholiques — et, d'autre part, la tiédeur générale de l'action catholique en général.

Pour ce qui est de la pertinence, il est assez ironique de relever ce tort. En quoi Glouscap est-il plus pertinent pour les jeunes Québécois ? Ou s'agit-il simplement d'un préjugé favorable distillé depuis le primaire au sujet de tout ce qui touche aux Amérindiens ? Nous sommes au Québec après tout, terre fertile du correctivisme politique et des écoles aux mutins de Panurge.
Les enseignants ont quant à eux démontré beaucoup d'intérêt à apprendre aux enfants les détails entourant le ramadan, la naissance du gourou Nanak, le récit de Glouskap ou encore le port du kirpan.
On se demande bien pourquoi... Veulent-ils enseigner ou savoir eux-mêmes de quoi il retourne ?
Mais en contrepartie, ils ont réclamé de la formation supplémentaire, pour assurer une connaissance de base sur les cultures religieuses. Cette demande a été entendue par le Ministère: 400 formateurs ont été envoyés partout au Québec en prévision de l'implantation du cours à l'automne.
Efforts supplémentaires réalisés avec les impôts de 57 % des parents qui s'opposent à l'imposition de ce cours. À ce titre, le Monopole de l'éducation a également produit des trousses d'information, des présentations assistées par ordinateur, un dépliant à l'intention des parents et des professeurs. Le tout pour convaincre les récalcitrants avec leurs impôts... C'est quand même émouvant un Monopole à l'œuvre...

Voir l'extrait de lettre envoyée il y a quelques semaines aux directeurs d'école et reproduit ci-dessous :

[...]l'étude émet une mise en garde : les écoles participantes aux projets pilotes n'ont pas été choisies aléatoirement, mais sur une base volontaire. Ainsi, les directions d'établissements qui ont expérimenté le cours étaient a priori favorables au programme, peut-on lire dans le rapport d'expérimentation. Et elles ne sont pas toutes représentatives. Par exemple, l'école primaire Saint-Jean-Baptiste, à Québec, est bien particulière : déjà, avant d'implanter le nouveau cours d'éthique et culture religieuse, à l'automne 2006, près de 80% des élèves étaient inscrits en enseignement moral plutôt que religieux. C'est exactement la proportion inverse qui prévaut actuellement dans l'ensemble des écoles du Québec.

« Les résultats de l'étude ne peuvent pas servir à prévoir les réalités qui seront vécues quand le programme d'ECR sera implanté à la grandeur du Québec », conclut le document.

Or, ce sera le seul rapport concernant l'expérimentation du nouveau cours, puisque le contenu du programme a été approuvé à l'été 2007 et que le matériel didactique, en cours d'élaboration, devrait être prêt vers la fin du printemps ou au début de l'été.