mercredi 30 novembre 2016

TIMSS 2015 : le Québec s'en sort bien en maths, les garçons encore mieux mais faible participation québécoise

Ce mardi la plus grande étude mondiale sur l’enseignement des mathématiques et des sciences dans le monde, le TIMSS 2015, a été publiée.

Cette étude, menée par l’IEA (acronyme anglais de l’Association internationale pour l’évaluation des performances scolaires) et conduite tous les quatre ans depuis 1995, évalue les performances des élèves en mathématiques et en sciences. TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) s’intéresse aux connaissances des élèves en maths et en sciences à un niveau scolaire donné (au Québec en 4e année du primaire à un peu plus de 10 ans et en 2e secondaire à un peu plus de 14 ans), ainsi qu’aux programmes scolaires : l’objectif premier de l’enquête est de contribuer aux recherches sur l’enseignement des maths et des sciences, en renseignant les professeurs sur les pédagogies qui fonctionnent.

Début décembre, l’OCDE publiera son enquête trisannuelle PISA qui, elle, se penchera sur l’aptitude des enfants de quinze ans à savoir utiliser leurs connaissances, dans une soixantaine de pays de l’OCDE et de partenaires. Une étude plutôt destinée à informer les décideurs nationaux et à les aider à orienter leurs politiques éducatives.

Vingt ans après sa création, 57 pays et 7 entités territoriales ont pris part à TIMSS 2015, soit quelque 600 000 élèves évalués. Le Québec a participé à cette étude. Les élèves québécois ont été évalués en 4e année du primaire à un peu plus de 10 ans et en secondaire II à un peu plus de 14 ans.

Au niveau mondial

L’Asie de l’Est, loin devant. Singapour, Hong Kong, la Corée, Taipei (Formose) et le Japon continuent d’écraser les autres pays participants en mathématiques, comme c’est le cas depuis vingt ans. L’écart avec les autres pays performants est énorme, et s’accroît avec l’âge : en 2e secondaire, l’écart entre les cinq premiers pays et les suivants est encore plus important qu’en 4e année du primaire. En sciences, les pays d’Asie de l’Est dominent toujours le classement, accompagnés de la Russie, mais de manière moins radicale. Le Québec se situe juste au-dessus de la Russie, parmi les pays les mieux classés.

De manière générale, l’étude montre que l’éducation en matière de mathématiques et de sciences progresse dans le monde dans l’enseignement primaire. Nombreux sont les pays qui ont non seulement amélioré leurs résultats, mais aussi réduit l’écart entre les bons et les mauvais élèves. L’étude montrerait également qu’une scolarisation précoce aurait des effets durables sur les résultats, au moins jusqu’en 4e année du primaire.

Le tableau ci-dessous donne le classement pour la classe de 8e année (2e secondaire) en mathématiques.

  


Avec 543 points (voir sous la barre grise ci-dessus), le Québec se place juste au-dessus de la Russie (538). Bonne nouvelle. 

Toutefois, notez le triple obèle à côté de « Quebec, Canada ». Ce signe indique que le Québec n’a pas satisfait aux lignes directrices relatives aux taux de participation de l’échantillon.



En effet, parmi les écoles québécoises choisies par les organisateurs du TIMSS, un très grand nombre d’écoles québécoises n’ont pas participé aux tests (63 %), en outre un peu moins de classes (99 %) que dans d’autres pays et un peu moins d’élèves dans ces classes (92 %) ont passé les tests. Le taux global de participation au Québec est donc très bas : 58 % alors que dans la majorité des pays il est supérieur à 90 %.

...


Voici le tableau complet des taux de participation (pondérés), on y remarque que dans certains pays qui ont d’excellents résultats (comme Singapour ou la Corée) le taux global de participation avoisine les 100 % (respectivement 97 % et 98 %) :



On est en droit de se demander si cette faible participation n’a pas un effet sur les résultats du Québec.

Notons que les résultats du Québec sont en hausse par rapport à 2011 et plus particulièrement chez les garçons. L’astérisque (*) ci-dessous indique que la différence entre les garçons (trait noir) et les filles (trait bleu) est statistiquement significative.

Notons que ces résultats contredisent (en apparence du moins) ceux de l’Institut Fraser publiés cette année et qui indiquaient, à la lumière des examens du Ministère, que les filles dominent désormais aussi en mathématiques au Québec. Se pourrait-il que ces résultats aux examens ministériels s’expliquent par un échantillonnage différent entre le TIMMS et les examens du ministère ? Par une plus grande participation à ces examens qu’aux tests du TIMSS qui ne sont pas obligatoires ? Il serait intéressant que le ministère croise les résultats des élèves qui ont participé au TIMSS avec les résultats des élèves aux examens du ministère. Est-ce que les meilleurs élèves québécois auraient participé aux tests du TIMSS en plus grande proportion qu’ils ne sont dans un échantillon aléatoire de la population scolaire québécoise ?


Voir aussi

PISA 2015 — Les bonnes notes du Québec remises en question pour cause de faible participation

Classement des écoles de l’Institut Fraser : les filles dominent désormais aussi en maths

Résultats en mathématiques : le financement public des écoles privées expliquerait les succès du Québec


Université Laval a de nombreuses bourses réservées aux filles, mais en refuse une réservée aux garçons (m-à-j)

Mise à jour fin novembre 2016

Découragé par le peu de vagues qu’a fait sa situation, André Gélinas, ce donateur dont la bourse d’études réservée aux garçons a été rejetée par l’Université Laval, n’entamera pas de recours judiciaires contre l’institution et appelle les députés à réagir.

« C’est suite et fin. J’abandonne », lance déçu au bout du fil celui qui a été le premier directeur des études de l’ENAP.

Le Journal révélait au début du mois d’août que la Fondation de l’Université Laval avait refusé les milliers de dollars offerts en bourse par André Gélinas, invoquant que la suggestion contrevenait à la Charte québécoise des droits et libertés et que les programmes ciblés comportaient un pourcentage majoritaire d’étudiants masculins.

« Équilibrer les choses »

Outré, André Gélinas avait dénoncé cette « iniquité », plaidant qu’il existait des bourses exclusives pour les femmes. « Je voulais équilibrer les choses. Je voulais qu’il y ait au moins une bourse pour les garçons, alors qu’il y en a des dizaines au moins pour les filles », martèle-t-il.

Le dossier a tout de même cheminé depuis l’été. L’Université Laval a notamment proposé au donateur de rediriger son fonds dans des programmes où les hommes sont minoritaires, tels les soins infirmiers et l’éducation préscolaire.

« Dans les garderies ! pouffe avec mépris André Gélinas. Je n’ai pas d’affinités avec ça. En tant que donateur, il me semble que je dois avoir le droit d’exprimer un souhait. » Incapable de parvenir à une entente, l’institution a remboursé les sommes versées.

Enclencher un débat

S’il abandonne l’idée d’aller devant les tribunaux, l’octogénaire interpelle les députés de l’Assemblée nationale, les professeurs et étudiants de l’Université Laval afin d’enclencher un débat public sur cette affaire.

Il peine à comprendre pourquoi ces derniers se sont mobilisés lorsque sont survenues les agressions sexuelles sur le campus, mais qu’ils n’ont pas pris la parole par rapport à sa bourse réservée aux garçons.

M. Gélinas n’a pas semblé se formaliser sur les différences majeures qui touchent ces deux dossiers. « Je trouve que c’est aussi grave, dans un autre domaine », a-t-il plaidé.

Audio : entretien de M. Gélinas

Billet original (juin 2016) 

La Fondation de l’Université Laval a refusé les milliers de dollars d’un donateur qui souhaitait remettre une bourse d’études exclusivement à des étudiants masculins, la jugeant discriminatoire.

Celui qui a été le premier directeur des études de l’École nationale d’administration publique (ENAP), André Gélinas s’est entendu avec la Fondation de l’Université Laval en 2014 pour créer un Fonds de bourse d’études à son nom.

Les conditions d’attribution ? Être de sexe masculin et étudier à la maîtrise en affaires publiques ou en science politique, où se retrouveraient déjà majoritairement des hommes. Alors que la bourse était en voie d’être créée, la Fondation a décidé de refuser l’argent du généreux donateur.

« Quelqu’un s’est réveillé et a dit que ça le rendrait mal à l’aise », révèle M. Gélinas, qui conteste cette décision. À ses yeux, il est tout à fait normal de décerner des bourses aux étudiants masculins, puisque d’autres sommes sont adressées à la gent féminine.

« Il y a beaucoup de bourses qui sont réservées aux étudiantes, peu importe la discipline, dit-il. Je voyais qu’il y avait des bourses aux filles... pourquoi pas aux gars ? »

« Discriminatoire » ?

L’Université rejette cet argument. Elle explique qu’une bourse « dirigée exclusivement envers les hommes devient discriminatoire lorsque les programmes visés comportent déjà un pourcentage significatif et majoritaire d’étudiants masculins », écrit le porte-parole Samuel Auger.

Concernant les bourses destinées uniquement aux femmes, il explique que « l’Université s’appuie sur la Charte des droits et des libertés qui prévoit qu’il est possible de mettre en place des programmes en éducation pour corriger la situation de personnes victimes de discrimination ». Cela ne semble pas tout à fait exact, à moins de considérer que les femmes sont discriminées dans les professions de la santé, sinon pourquoi offrir des bourses réservées aux jeunes femmes qui se destinent à être infirmières (voir ci-dessous) ?


« Compte tenu des statistiques d’inscription et de diplomation colligées par l’Université, ceci n’était pas le cas dans les deux programmes de maîtrise ciblés dans le protocole de don du Fonds de bourse André-Gélinas », dit M. Auger.

Remboursement si le donateur se tait

Des pourparlers sont en cours entre les deux parties afin de procéder au remboursement des sommes versées à ce jour par André Gélinas. Ce dernier prétend que l’Université Laval s’est montrée ouverte à le dédommager à condition que cette histoire demeure confidentielle.

L’Université n’a pas commenté cette déclaration.

Quelques bourses réservées aux étudiantes (il en existait 149... aucune pour les garçons).

Bourses de la Fondation Soroptimiste du Canada. Plusieurs bourses de 7 500 $ par année. Cette bourse a pour objectif de soutenir financièrement une étudiante dont les études mèneront à exercer une carrière qui aidera à améliorer la qualité de vie des femmes... Être présentement inscrite dans un cours d’études qui mènera à une carrière surtout au service des femmes.

Bourse Carrie Derick, 1 bourse de 1 000 $ par an. Mettre en valeur la contribution des femmes à la promotion et l’avancement des sciences. Bourse offerte pourtant pour des domaines très féminisés : Sciences infirmières, Pharmacie, Médecine.

Bourses d’études de l’Association des femmes diplômées des universités — section Québec (AFDU Québec). Plusieurs bourses de montant variable chaque année. D’après la fiche, tous les baccalauréats, maîtrises ou doctorats sont admissibles pour peu qu’on soit une femme.

Les bourses Pierrette Lévesque en sciences infirmières (encore un secteur qui doit « comporter déjà un pourcentage significatif et majoritaire » d’étudiantes pourtant. Bizarre. Il s’agit d’« une bourse d’études de 2000 $ à une étudiante inscrite à temps complet pour l’année 2016-2017 à la Faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval dans un programme de 1er, 2e ou 3e cycle en sciences infirmières ».

La bourse Charlotte Lapointe en communication/relations publiques. Une bourse de 2000 $ par an, la Bourse du Fonds Charlotte Lapointe vise à octroyer une bourse d’études à une étudiante en communication inscrite à la Faculté des lettres et des sciences humaines. Encore un secteur pourtant très féminisé à notre connaissance.

L’Université Laval moquerait-elle de nous ?

etc.