jeudi 5 avril 2018

Moins de science dans le programme de sciences au cégep... pour augmenter le taux de réussite ?

Extrait d’une lettre de Raynald Richer, enseignant en physique, parue dans Le Devoir.

Le gouvernement libéral et son ministère de l’Éducation veulent imposer un nouveau programme de science au collégial. Dans ce nouveau programme, on propose, entre autres choses, de supprimer ou de rendre facultatifs plus de 40 % de la physique et au moins 30 % des mathématiques. Ce sont des changements majeurs et injustifiables pédagogiquement. En fait, le but plus ou moins avoué de ces changements est d’augmenter le taux de réussite et de faciliter l’entrée à l’université des étudiants et des étudiantes dans les sciences de la santé. Bref, sacrifier le niveau de connaissance pour augmenter le taux de réussite.

Mais ces changements vont entraîner des effets encore plus pervers sur notre système d’éducation. Laissez-moi prendre comme exemple un étudiant que je connais bien et qui est entré cette année en génie à l’Université. Au début de la première session, sa cohorte se chiffrait à environ 140 étudiants. Après une session, on dénombre autour de 45 étudiants. Bref, plus des deux tiers ont abandonné. Il a survécu et il m’a confié qu’il était bien content d’avoir suivi au cégep le cours de mathématiques avancé et que les cours de physique qu’il avait reçus couvraient heureusement toute la matière. Il s’est malheureusement rendu compte que plusieurs de ses collègues n’avaient pas toutes les connaissances nécessaires pour réussir les cours. (Il faut savoir que les cours de sciences sont déjà à géométrie variable dans les cégeps.)

Bref, compte tenu des coupures prévues dans le nouveau programme, je peux vous certifier qu’il sera impossible aux étudiants de réussir cette première session en génie.

Nous le savons, le ministère le sait et les universités le savent. Alors, que va-t-il se passer ? La réponse est simple : les universités ajouteront une session ou une année d’accueil aux nouveaux étudiants, elles n’auront pas le choix.

Mais ce faisant, on peut se demander pourquoi faire deux ans de cégep en science pour aller en génie à l’université si l’on peut maintenant faire ses prérequis en physique et en maths en première année ? Pourquoi allonger notre formation d’une année par rapport aux autres systèmes d’éducation ?

[...]

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