mardi 15 décembre 2015

Québec — Toujours pas de plan pour l'amélioration du français à l'école

Une année complète s’est écoulée depuis la promesse faite par M. Bolduc et le ministère de l’Éducation n’a toujours pas annoncé de stratégie.

L’engagement visant à promouvoir une meilleure maîtrise du français à l’école figure sur la liste des promesses non tenues du gouvernement Couillard.

Disant être conscient des lacunes observées chez les élèves à la fin du secondaire, particulièrement en orthographe et en grammaire, l’ex-ministre de l’Éducation Yves Bolduc s’était engagé publiquement en décembre 2014 à adopter une stratégie destinée à renforcer l’apprentissage du français au primaire et au secondaire, et ce, dès « le début de l’année 2015 ».

Il avait élaboré un plan d’action en cinq axes et entrepris une série de consultations, avant de quitter brusquement la politique en février.

Or une année complète s’est écoulée depuis la promesse faite par M. Bolduc et le ministère de l’Éducation n’a toujours pas annoncé de stratégie.

D’abord réticent, l’ex-ministre Bolduc a accepté de mettre de côté son devoir de réserve pour se porter à la défense du français à l’école. Sans vouloir critiquer ouvertement son successeur, il réaffirme l’importance au Québec de fournir un effort additionnel si l’on veut que les jeunes quittent le secondaire en étant aptes à écrire un texte dans un français de qualité.

« Il y a un travail à faire, vraiment, au niveau scolaire pour renforcer le français chez nos jeunes », a-t-il indiqué récemment en entrevue à La Presse canadienne.

« Le français est la langue qui est prépondérante au Québec [euh, seule langue commune et officielle en théorie !], et c’est important que les gens la maîtrisent », dit celui qui est retourné à la pratique médicale.

M. Bolduc avait soulevé la controverse en août 2014, quand il avait déclaré que les commissions scolaires devaient acheter moins de livres pour compenser les compressions budgétaires imposées par Québec. Certains y ont vu une indifférence inacceptable du ministre à la maîtrise de la lecture, ce qui l’aurait blessé.

Il soutient au contraire que la révision des cours de français avait toujours été pour lui une priorité.

Son successeur, François Blais, a écarté le plan d’action de M. Bolduc. En poste depuis 10 mois, on ne connaît toujours pas ses intentions en ce domaine, et il ne se fixe aucune échéance pour agir. Le milieu de l’éducation ne les connaît pas non plus, car il n’a consulté personne, ont indiqué plusieurs sources issues des regroupements d’enseignants et des syndicats. M. Blais a refusé une demande d’entrevue.

La faiblesse des élèves québécois en français est démontrée et le problème tend à s’accroître d’année en année.

Après 11 années de scolarité, tous les élèves doivent subir une épreuve de français écrit à la fin du secondaire. Même s’ils peuvent consulter un dictionnaire, une grammaire et un recueil de conjugaisons, 27 pour cent d’entre eux n’ont pas réussi le test en 2014. C’est 10 pour cent d’échec de plus qu’en 2009. Si l’on isole les critères de la grammaire et l’orthographe, on constate que cette année-là 45 pour cent ont échoué au test. Pratiquement un sur deux.

Le ministre Blais reconnaît le problème. Le 15 août, il déclarait ceci : « Sur le français au Québec, on ne peut pas faire de concession. Quand on regarde la performance des élèves au Québec en littératie, quand on compare avec le Canada et l’OCDE, aux grands examens internationaux, c’est là qu’on a une faiblesse. »

Dans son discours inaugural, le premier ministre Philippe Couillard avait lui aussi rappelé l’importance d’« insister sur l’apprentissage des langues. Le français qui nous définit comme peuple, l’anglais et les autres langues qui sont des fenêtres sur le monde ». [Euh, le français n’ouvre-t-il pas aussi sur le monde... la francophonie c’est 80 États et pays...] Un des engagements libéraux en campagne électorale consistait à « accentuer la promotion de la qualité du français dès l’école primaire ».

On notera que la mise en place des cours d’anglais intensif pour les élèves québécois francophones a bien eu lieu. Rappelons également que le nombre d’heures consacré à l’étude du français et à l’étude en français a fortement baissé au Québec en trente ans : le nombre d’heures d’études est limité, le triplement du nombre d'heures consacré à l'anglais en 30 ans et la multiplication d’activités et de cours non essentiels surtout au primaire n’améliorent pas les choses.

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Étude — La testostérone change la structure du cerveau

L’imagerie cérébrale montre qu’une thérapie à base de testostérone a pour effet de changer la structure du cerveau. On sait déjà que l’hormone mâle, la testostérone, exerce une influence significative sur les facultés cognitives et le comportement humain : plus la quantité de testostérone est grande, par exemple, et plus la fluidité verbale diminue. C’est la raison pour laquelle les femmes ont en moyenne une meilleure fluidité verbale que les hommes.

Des chercheurs de l’Université de Vienne et de l’Université d’Amsterdam ont examiné le cerveau de 18 transsexuels féminins désirant se « masculiniser » avant et après le traitement à la testostérone qu’ils ont subi.

L’imagerie cérébrale par résonance magnétique a révélé que, quatre semaines après le traitement, le volume de matière grise des sujets avait diminué dans deux régions précises du cerveau, la zone de Broca et la zone de Wernicke, qui sont directement responsables du traitement du langage, tandis que la matière blanche qui relie ces deux régions avait au contraire augmenté. C’est une preuve supplémentaire du caractère sexué de la distribution des zones du cerveau.

Source


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L'héritage des Carolingiens


Grâce à l’école carolingienne, une partie des textes qui avaient été étudiés dans l’Antiquité est sauvée, une partie, car si nous connaissons près de huit cents noms d’auteurs latins, nous n’avons que cent cinquante œuvres. Les maîtres carolingiens ont fait recopier par les scribes les livres qui leur paraissaient importants pour les classes, ils sont devenus des « classiques » : Virgile, « le père de l’Occident », Horace, Térence, Quintilien, Sénèque, Cicéron, etc. Ainsi sont faits, dès cette époque, des choix d’auteurs, des autorités que tout écolier, tout lettré devaient suivre. Même si une petite partie de l’héritage littéraire romain nous est parvenue ainsi, la dette que l’Occident doit aux lettrés carolingiens est immense. Sur les huit mille manuscrits carolingiens que l’on a dénombrés encore existants, plusieurs milliers concernent les auteurs antiques païens et chrétiens. Sans eux, la culture européenne aurait été tout autre.

Les Carolingiens de la deuxième génération ont été des humanistes. Virgile est admis, comme Cicéron, dans la société des élus. Nous n’avons qu’à reprendre les lettres de Loup de Ferrières pour être convaincus de cette passion des auteurs classiques. Les Carolingiens ont su, selon la belle phrase de Jean Leclercq, « concilier l’amour des lettres et le désir de Dieu ».

D’autre part, l’école carolingienne a sauvé la langue latine. Avant le VIIIe siècle, le latin, libéré de la contrainte scolaire, évoluait rapidement sous une forme de latin vulgaire, latin rustique, ce qui deviendra notre langue romane. Le latin disparaissait, les langues nationales le remplaçaient. La Renaissance carolingienne a donné un coup d’arrêt à cette évolution, en obligeant les lettrés à reprendre les leçons des grammairiens romains. Un poète du IXe siècle ne disait-il pas que Charlemagne avait mis autant d’ardeur à supprimer les incorrections des textes qu’à vaincre ses ennemis sur-le-champ de bataille ? Ainsi, le latin est redevenu un instrument de communication entre les hommes cultivés de l’Occident.

Des nains sur des épaules de géants : Maîtres et élèves au Moyen Âge,
Pierre Riché et Jacques Verger, 2006, Taillandier.



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« Promulgué le 23 mars 789, le capitulaire Admonitio generalis est un texte de 82 articles qui aborde tous les sujets pouvant figurer dans une constitution à la fin de 8e siècle, c’est-à-dire les droits, les obligations et les missions des sujets de Charles dans les domaines religieux, moral et intellectuel ». « Le chapitre 72, spécialement adressé aux prêtres, leur enjoint de respecter les préceptes de l’Évangile, de fonder des écoles où les enfants puissent lire, et de corriger scrupuleusement les textes qu’il s’agit de transcrire avec le plus grand soin »…

Éducation et enseignement à l’époque carolingienne

La Renaissance carolingienne

Les écoles du Palais

Objectivité — Les journalistes font éclater leur joie à la signature de la COP 21 dans la salle de presse



Selon le metteur en ligne de la vidéo : « Les journalistes dans la salle de presse de la COP 21 se soulèvent et applaudissent dans une liesse généralisée à la signature de l’accord. Ces reporters sont les garants d’une information scientifique, sobre, neutre et impartiale... »

On peut, en effet, se demander si c’est là le comportement de reporters qui doivent savoir rester impartiaux quand ils rapportent des événements. Vidéo prise par la journaliste spécialisée en environnement de l’hebdomadaire The Economist de Londres, Miranda Johnson.



L’accord de la COP21 devait-il même susciter une telle liesse parmi les journalistes ?

À voir, la liesse qui s’est emparée de l’assemblée de diplomates, de juristes et de journalistes au moment où Laurent Fabius a validé le texte de l’accord de Paris, on aurait presque regretté d’avoir titré, par anticipation, dans ces colonnes : « La Cop21 accouche d’une souris ». Un tel débordement de joie devait signifier que quelque chose d’historique s’était bien produit. « Je suis beaucoup plus optimiste pour l’humanité que je ne l’étais encore samedi matin », confiait d’ailleurs au Figaro le Dr Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale.

Que trouve-t-on, pourtant, dans cet accord de Paris tellement acclamé dans les médias ? Le souhait d’un réchauffement climatique contenu « bien en deçà de 2 °C » par rapport à l’ère préindustrielle. Pour s’en tenir à cette limite de température, des réductions massives de gaz à effet de serre (GES) devront être décidées. Des scientifiques ont trois ans pour affiner l’équivalence entre le volume de GES et la hausse des températures — un exercice très délicat (hasardeux même) mais sur lequel repose pourtant l’essentiel des calculs et extrapolations du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat). Disposant de cette limite théorique, les pays seraient alors amenés à revoir leur baisser chaque année leur émission de GES — mais seulement à partir de 2023.

Au-delà de ces objectifs, la question de la répartition de l’effort entre les différents pays est restée volontairement floue, celle des 100 milliards de dollars annuels promis aux pays en voie de développement (à partir de 2020) a été placée en annexe pour éviter que, considérée alors comme contraignante, elle soit rejetée par le Sénat américain.

Enfin, comme l’ont relevé nombre de spécialistes, le texte final fait sciemment l’impasse sur des sujets aussi cruciaux que le rôle des océans dans la régulation du climat et de la température, les transports aérien et maritime, les fleuves…

Pourquoi, alors, un tel enthousiasme ?

« Tout l’édifice de la gestion onusienne du climat était fragilisé, explique Philippe Verdier, l’ancien chef du service météorologique de France Télévisions renvoyé pour manque d’enthousiasme dans la foi réchauffiste et désormais employé par la chaîne russe RT France. Il fallait un accord pour éviter qu’il ne s’écroule. Personne n’a quitté la table, l’accord a été obtenu. De ce point de vue là, c’est donc un succès, mais ce n’est pas une surprise. »

Plutôt une condition sine qua non à la survie du système lui-même, dont la feuille de route est désormais tracée. Le texte doit être présenté par Ban Ki-moon au siège de l’ONU, à New York, le 22 avril 2016. Il pourra être ratifié durant un an et entrera en vigueur dès lors que 55 pays comptant pour au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre l’auront ratifié — ce qui peut, là aussi, augurer quelques surprises.

Le texte n’en est-il pas moins valable ?

« La plupart des termes présentés comme des progrès n’en sont pas vraiment, constate Philippe Verdier. C’est le cas de l’objectif des 2 °C, qui était déjà avancé à Copenhague, ou celui du fonds vert de 100 milliards par an qui date de Cancún en 2010. » Une somme jamais réunie depuis, même si la France, pour montrer l’exemple et conforter sa diplomatie, s’est d’ores et déjà engagée pour 5 milliards d’euros. Autre chose : c’est pour obtenir les voix de certains petits pays du Sud — notamment des îles du Pacifique ou de l’océan Indien — que l’objectif de 1,5 °C a été inscrit, provoquant le scepticisme de tous les spécialistes. « C’est totalement illusoire, reprend ainsi Philippe Verdier. Avec les projections de rejets de gaz à effet de serre actuellement disponibles, on est sur une trajectoire bien plus proche des 3 °C » si l’on doit croire les modèles informatiques.

Faut-il cependant regretter que les contraintes restent encore de réputation et ne soient pas nécessairement pourvues de sanctions ? Faut-il regretter que les mots « énergie fossile », ces réalités matérielles qui portent les croissances de la Chine, de l’Inde, du Venezuela ou de l’Arabie Saoudite, aient été soigneusement évités, pour ne fâcher personne ? Qu’aucune date n’ait été avancée pour l’arrêt de l’utilisation du pétrole ? « Parler de neutralité carbone — autant de carbone stocké ou absorbé que de carbone produit — à l’horizon 2050, c’est de toute façon irréalisable », souligne enfin Philippe Verdier.

Dans un autre registre, faut-il regretter les déceptions qui accompagnent ce texte quand elles sont ainsi exprimées : l’accord de Paris « refuse de s’attaquer à la machine à réchauffer la planète que constitue la globalisation économique et financière » (Geneviève Azam, de l’ONG Attac, citée par Libération) ; ou encore : « Le moteur fondamental de la crise climatique, c’est le capitalisme, et la nature même de l’économie extractive » (une ONG américaine) ? Faut-il réellement regretter que la COP21 ne parvienne pas « à sauver la planète », quand on se souvient qu’il paraît hasardeux de lui en laisser les clés ?