samedi 16 mars 2024

Extrémisme — vandalisme contre Radio-Canada pour un documentaire sceptique envers les « soins transgenres » sur les ados

Une enquête a été ouverte par la police de Montréal concernant des actes de vandalisme commis sur les locaux de Radio-Canada, à Montréal, plus tôt la semaine dernière. Des gestes revendiqués en ligne comme une réponse à la récente diffusion d’un reportage par l’émission Enquête sur les thérapies de transition de genre chez les mineurs.

La Maison de Radio-Canada, avenue Papineau, a été la cible de vandales dans la nuit du 12 au 13 mars

À 2 h 20, le 13 mars dernier, un appel a été fait au 911 concernant des méfaits commis sur l’édifice d’une « entreprise médiatique » dans l’arrondissement de Ville-Marie, a confirmé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

« À leur arrivée sur les lieux, les policiers ont constaté qu’il y a des vitres brisées à l’une des entrées de la bâtisse », explique une porte-parole du corps policier, Caroline Chèvrefils.

Selon les premières informations disponibles, « un ou des suspects » auraient causé ces dommages avant de prendre la fuite, ajoute-t-elle. L’enquête est toujours en cours et aucune arrestation n’a eu lieu pour le moment.

Le SPVM entend visionner les images de caméras de surveillance qui auraient capté la scène.

La société d’État a confirmé samedi avoir été la cible de ces gestes de vandalisme. « Des suspects ont effectivement endommagé trois vitres de notre édifice pour ensuite prendre la fuite, a indiqué son porte-parole, Marc Pichette. Il s’agit d’un malheureux geste de vandalisme. »

Revendiqués en ligne

Vendredi, un communiqué anonyme a été publié sur le site internet Montréal Contre-information, une plateforme utilisée par des militants anarchistes pour revendiquer leurs actions. Le texte suggère que ces gestes de vandalisme se veulent une réponse à la récente diffusion d’un reportage à l’émission Enquête sur les thérapies de transition de genre.

Diffusé le 29 février dernier, le reportage en question, intitulé Trans express, s’intéresse à la question des adolescents qui souhaitent changer de genre et au fait que le système de santé québécois « répond très vite à leurs demandes de transition médicale en prescrivant des bloqueurs, de la testostérone et des mastectomies ».

« Est-il normal qu’une jeune fille de 14 ans obtienne une prescription de testostérone en quelques minutes ? », peut-on lire dans le descriptif de l’enquête, sur le site internet de l’émission.

Or, le texte publié sur Montréal Contre-information reproche à la société d’État « d’utiliser sa large plateforme pour amplifier des discours transphobes proches de ceux de l’extrême droite ».

« Ce reportage représente un glissement idéologique qui sert à légitimer les demandes transphobes de l’extrême droite, qui va attiser les violences envers les communautés trans, présentement de plus en plus ciblées », poursuit le texte dont les auteurs restent inconnus.

Radio-Canada n’a pas souhaité commenter ces accusations dans l’immédiat.

La Presse rapportait cette semaine que plusieurs jours avant la diffusion du reportage, le 29 février dernier, différents médias avaient été encouragés à démolir le reportage d’Enquête, présenté comme une plateforme offerte par Radio-Canada à l’extrême droite transphobe avant même de l'avoir vu. Bizarrement, La Presse ne dit pas qui était à l'origine de ces « encouragements ».

Source : La Presse

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Le documentaire Garçons, un film de genre, de Manuel Foglia, suit un groupe d’adolescents de l’école secondaire de Matane et un autre de l’école Pierre-Laporte à Montréal. Le film est un projet progressiste de lutte contre les stéréotypes conservateurs en matière de rôles sexuels. Voir Réaction hostile de la part des élèves immigrés à l'arrivée d'élèves « de souche »

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Des exemples de prosélytisme musulman dans les écoles publiques montréalaises

Les tenants de la Loi sur la laïcité de l’État pourront maintenant répliquer à leurs adversaires les accusant de combattre un ennemi imaginaire : deux mères montréalaises affirment que des éducatrices voilées ont fait pression sur leurs filles pour qu’elles adoptent elles aussi des pratiques musulmanes. Une preuve, selon elle, que le hidjab n’est pas toujours neutre et conduit parfois au prosélytisme.

Deux mères montréalaises affirment que leurs filles ont subi des pressions pour adopter des pratiques musulmanes.

Dans le cadre de la contestation judiciaire de la loi 21, le groupe féministe Pour le droit des femmes du Québec (PDF Québec) a été autorisé à intervenir et à présenter des témoins. PDF a donc présenté le cas d’Ines Hadj Kacem et de Ferroudja Si Hadj Mohand, deux femmes ayant émigré au Canada qui disent vouloir élever leurs filles dans la plus totale égalité des sexes. Or, elles estiment que l’école publique montréalaise a échoué à cet égard.

    J’ai quitté la Tunisie pour que ma fille puisse grandir dans un milieu respectueux de ses choix et décisions
    — Hadj Kacem
 Dans une déclaration faite sous serment, Mme Hadj Kacem relate que sa fille fréquentant le service de garde de son école primaire d’Hochelaga-Maisonneuve a subi la pression d’éducatrices voilées pour qu’elle remercie Allah à la fin des repas et qu’elle cesse d’avoir recours au traiteur de l’école parce que la nourriture servie n’est pas halal ou contient du porc. Mme Hadj Kacem dit avoir retiré sa fille du service de garde après avoir déposé plusieurs plaintes à la direction.

Libre de ses choix

« J’ai quitté la Tunisie pour que ma fille puisse grandir dans un milieu respectueux de ses choix et décisions », est-il écrit dans la déclaration sous serment. « Or, c’est en fréquentant l’école publique de mon quartier que ma fille subit des pressions pour se comporter comme une “bonne musulmane”. […] J’ai la forte impression que le port d’un signe religieux par des personnes en position d’autorité influence les comportements de ma fille et la fait questionner ses choix et ceux de sa mère. »

Mme Hadj Kacem relate que sa fille subit aussi la pression d’autres écoliers parce qu’elle ne porte pas le voile. Tout cela, note la mère montréalaise, « porte préjudice à ce que nous venions chercher au Québec, soit l’égalité de faits entre les femmes et les hommes ».

Pour sa part, Ferroudja Si Hadj Mohand raconte qu’une éducatrice portant le hidjab aurait interpellé une amie de sa fille de 9 ans parce qu’elle enlevait et remettait son voile islamique dans la cour de l’école de Montréal-Nord qu’elles fréquentent. L’éducatrice lui aurait dit qu’une fois mis, le voile ne devait plus être enlevé. Puis, se tournant vers la fille de Mme Hadj Mohand, elle lui aurait demandé quand elle commencerait à le porter. La jeune fille s’est sentie « gênée » et obligée de répondre « Peut-être au secondaire ».

Un interdit légitime

« Nous avons dû avoir une longue conversation [avec notre fille] pour lui expliquer qu’elle n’était pas obligée de mentir sur sa croyance pour plaire à son éducatrice, témoigne Mme Mohand dans sa déclaration sous serment. Il est très difficile pour mes filles de résister aux pressions de leurs pairs à porter le voile, car elles ne veulent pas déplaire, et il s’agit parfois d’un signe d’appartenance au groupe. »

Les deux femmes ont refusé de parler au Devoir afin que le débat se tienne au tribunal, comme il se doit. L’avocate de PDF Québec, l’ex-présidente du Conseil du statut de la femme Christiane Pelchat, explique que ces deux témoignages sont importants. « Ça démontre que l’interdiction de signes religieux chez certains fonctionnaires est tout à fait légitime et prend en compte le droit des femmes à l’égalité, mais aussi le droit des enfants et des petites filles à l’égalité, au respect de leur liberté religieuse et le droit de ne pas être l’objet de prosélytisme. »
 
Le Mouvement laïque québécois, qui appuie lui aussi la loi 21 et la défend dans le cadre de la même contestation judiciaire, présentera pour sa part le témoignage de Jafaar Bouchilaoun. Ce père d’origine algérienne déplore que l’enseignante de son fils porte un signe religieux, lui qui a connu « l’intégrisme religieux » dans son pays d’origine, raconte son avocat Guillaume Rousseau.

La cause devrait être plaidée sur le fond cet automne. C’est le juge Marc-André Blanchard qui présidera la cause. C’est ce même juge qui, en juin 2018, avait tranché que la loi 62 sur la prestation de services publics à visage découvert du gouvernement libéral de Philippe Couillard pourrait porter un « préjudice irréparable » aux femmes musulmanes.

L’an dernier, le sociologue Gérard Bouchard, qui avait coprésidé la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, avait vilipendé la loi 21 du gouvernement de François Legault. Il avait mis ce dernier au défi de prouver que le port d’un symbole religieux par une enseignante avait un effet négatif sur les élèves.

« Ce qu’on entend souvent durant ce débat, c’est que le seul fait de porter un signe religieux — le hidjab, par exemple — entraîne une forme d’endoctrinement chez les élèves. On entend aussi que ça traumatise certains élèves, ou alors que c’est contraire à l’exercice pédagogique, ou bien que ça compromet le climat de travail dans la classe, etc. », avait lancé M. Bouchard. « Si jamais un seul de ces éléments était prouvé, personnellement, je vous le dis tout de suite, je serais tenté d’appuyer votre projet de loi. »

Source : Le Devoir

Charles Sapin : « En Europe, la “diabolisation” des partis nationalistes n'accroche plus »

Alors qu'approchent les élections européennes, le journaliste du Point a entrepris d'enquêter dans les pays où les formations dites nationalistes ou populistes ont le vent en poupe. De l'Italie aux Pays-Bas, de la Suède à l'Espagne en passant par la Finlande ou l'Allemagne, partout un même constat s'impose : les partis qui méconnaissent volontairement les effets de l'immigration sont sanctionnés dans les urnes. Entretien paru dans le Figaro Magazine.

— Emmanuel Macron semble jouer la stratégie de la peur. Il y a cinq ans, il évoquait «la lèpre populiste» tandis qu'il pointe aujourd'hui les liens supposés entre le RN et Vladimir Poutine. Est-ce pertinent ?

Charles Sapin.— La stratégie présidentielle est limpide. En retard d'une dizaine de points sur la liste RN , les candidats d'Emmanuel Macron misent sur un récit sensationnel pour inverser la tendance : grimer leurs adversaires en « ennemis de l'intérieur », c'est-à-dire en agents de Vladimir Poutine. Tout en misant sur l'« effet drapeau » que pourrait susciter la préoccupante dégradation de la situation ukrainienne [pour Kiev]. Mais il y a une limite. Ce qui peut paraître tactiquement habile peut se révéler délétère d'un point de vue stratégique. Lors de mon tour d'Europe, un constat m'a marqué. Que ce soit en Italie, aux Pays-Bas, en Suède et même dans une certaine mesure en Allemagne, la « diabolisation » n'accroche plus. Les tentatives d'assimiler les partis nationalistes aux totalitarismes du XXe siècle, les procès en filiations historiques surannées sonnent creux. Comme de vieux tubes qu'on n'écoute plus à force de les avoir trop entendus…

Cette « stratégie de la peur », pour reprendre vos mots, a fini par devenir un carburant pour les forces nationalistes qu'elle pensait combattre. Elles légitiment ces dernières en forces « antisystème », alors qu'elles appartiennent le plus souvent depuis des années à ce système. Elle finit par les installer, de fait, en seule alternance véritable. L'exemple des nationalistes suédois est éloquent. Fondé en 1988 par d'authentiques néonazis, le parti a rompu et renié ses origines dans les années 2000. Il a continué malgré tout d'être ostracisé, exclu du jeu démocratique. Jusqu'à se voir sacré aux dernières élections. Puisque étant le seul à ne pas avoir de responsabilité dans la situation migratoire catastrophique du pays et l'effondrement de son système social.