mercredi 12 novembre 2014

Écologisme : des éoliennes inutiles et coûteuses au Québec

Selon le Journal de Montréal, Hydro-Québec continue de se procurer de l’électricité dont elle n’a pas besoin et ses achats inutiles s’élèveront à 800 millions $ l’an prochain.

L’an prochain, la société d’État prévoit acheter 6,6 térawattheures (TWh) d’électricité à un coût unitaire moyen de 10,72 ¢ du kilowattheure. Un térawattheure peut alimenter 50 000 maisons.

Ces achats d’électricité à des producteurs privés qui possèdent des parcs éoliens, de petites centrales hydro-électriques et des centrales biomasse lui coûteront 650 millions $. À cela, il faut également ajouter une somme de 150 millions $ qu’Hydro-Québec versera à TransCanada Énergie pour garder fermée la centrale au gaz naturel de Bécancour.


« Une fuite en avant »

En 2015, 2016 et 2017, Hydro-Québec devra gérer des surplus annuels estimés à plus de 16 TWh. D’ici 2027, les surplus estimés seront de 169 TWh, pour une valeur totale de 17 milliards $.

« Une véritable fuite en avant », déplore l’analyste en énergie de l’Union des consommateurs (UC), Marc-Olivier Moisan-Plante. Selon ce dernier, Hydro-Québec a tellement d’électricité qu’elle ne sait plus qu’en faire. « Il n’y a aucune logique derrière cette façon de faire. Ce n’est certainement pas aux clients résidentiels d’Hydro-Québec de financer le développement de l’industrie éolienne au Québec », fait valoir l’analyste de l’Union des consommateurs.

Cette situation découle notamment d’une série d’engagements pris par le gouvernement du Québec qui imposent à Hydro-Québec d’acheter de l’électricité à prix fort à des producteurs privés.

Chute des prix à l’exportation, surplus d’électricité

Entre 2003 et 2008, Hydro-Québec Production a réussi à obtenir 8,37 cents le kilowattheure (kWh), en moyenne, sur le marché de court terme, qui accapare plus de 85 % de ses exportations. Or, depuis ce temps, le prix a fondu, pour une moyenne de 5,03 ¢/kWh entre 2009 et 2013 pour atteindre 4,4 ¢/kWh pour l’électricité vendue aux États-Unis.

Hydro achète donc de l’électricité éolienne à un prix deux fois plus élevé que le prix de vente à l’exportation d’une partie de ses surplus !

Ce fort recul des prix s’explique par le ralentissement de l’économie, mais surtout par le boom de la production du gaz de schiste, qui livre une forte concurrence à l’hydroélectricité.

À brève échéance, le Québec n’a guère le choix. Il lui faut honorer un gros contrat avec le Vermont et écouler les surplus accumulés en exportant davantage ou en attirant, grâce à des prix d’ami, plus d’entreprises énergivores au Québec, comme des alumineries ou des sociétés minières. Mais à long terme, il serait irresponsable de ne pas rétablir l’équilibre entre nos revenus et nos coûts. Le problème à résoudre est simple. D’une part, chaque milliard de kilowattheures qui s’ajoute coûte de 85 à 100 millions de dollars à produire. C’est 85 millions pour l’énergie de la Romaine, 100 millions pour celle des nouvelles éoliennes. Mais d’autre part, si on réussit à vendre ce milliard de kilowattheures aux Américains et à un nombre accru de multinationales énergivores, le revenu qu’on en tire n’est que de 40 millions. La différence sera payée par le consommateur québécois...

Impact sur la facture du consommateur

Les surplus d’électricité accumulés ainsi que les coûts des nouveaux approvisionnements vont continuer à avoir un impact sur la facture des clients de la société d’État.


Le 1er avril 2015, les clients d’Hydro-Québec pourraient se voir imposer une hausse des tarifs d’électricité de 7,6 %, soit une progression régulière de 3,9 % et une augmentation étalée de 3,7 %.

Le 1er avril dernier, Hydro-Québec a obtenu le feu vert de la Régie de l’énergie pour augmenter ses tarifs d’électricité résidentiels de 4,3 %.

La société d’État reconnaît que les achats d’énergie éolienne imposés par le gouvernement exerceront une pression à la hausse de 2 % sur ses coûts d’approvisionnement en électricité au Québec l’an prochain.

Réactions politiques

Le porte-parole de la CAQ en matière d’énergie et de ressources naturelles, Gérard Deltell, a dénoncé l’achat à perte d’électricité produite à l’aide d’éoliennes. Il a fait remarquer que le dernier appel d’offres pour l’achat de 450 kilowattheures supplémentaires allait coûter 140 millions $ par année aux contribuables québécois, et ce, pendant 20 ans.

« Pour nous, c’est clair qu’il faut mettre un terme à l’aventure de l’éolien. C’est une belle idée, c’est un beau projet, mais ce n’est pas rentable », a déclaré M. Deltell lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale.


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