La Voix de l'Est a publié deux lettres « spontanées » d'écoliers de Granby (secondaires IV et V) qui défendent le cours ECR. Ce journal de Granby a également consacré un article à une enseignante ECR, M
me Bergeron, professeur de ces deux écoliers.
Un de cet élève de M
me Bergeron s'en prend
au cégépien dont nous avions publié ici la lettre. Visiblement, la critique de ce jeune étudiant a porté et le fait qu'il soit jeune et ait pu assister en tant qu'élève au cours ECR et ne pas l'apprécier a piqué à vif certains.
Le cours ECR nous apprend le bien et le mal, sans jamais être jugé...
Une des élèves anonymes de l'enseignante de Granby dit que sa professeur Claire Bergeron « nous donne tellement d'exemples de ce qui n'est pas bien. » Alexandra Courtemanche dans sa lettre publiée dans la Voix de l'Est dit la même chose : « On apprend ce qui est bien ou mal, à s'exprimer librement en disant ce que l'on pense sans jamais être jugé car nous avons tous notre vision du monde. »
On ne sait plus très bien que croire. D'une part, comment est-ce que la professeur peut être neutre comme le programme gouvernemental lui enjoint de l'être et parler du bien et du mal de manière concrète ? En fonction de quelles valeurs, de quelle vision du monde ? L'avortement est-il bien ou mal ? L'euthanasie ? L'homosexualité ? La liste peut être très longue : le divorce, la polygamie, l'infidélité sexuelle, les manipulations génétiques, l'hédonisme, la sexualité précoce, l'athéisme ?
D'autre part, comment un élève peut-il apprendre le bien et le mal de son professeur sans que jamais ses propos d'élève ne soient jugés tout en admettant que tout se valle (« car nous avons tous notre vision du monde ») ? C'est la quadrature du cercle. Ou peut-être simplement des propos quelque peu contradictoires appris en classe et régurgités pour la galerie...
« La lutte contre l'homophobie »
Alexandre Gemme dit fièrement que les jeunes adolescents débattent « chaque jour » de sujets comme « le suicide assisté » ou « encore l'homophobie ». Quand on sait ce que cache dans les programmes scolaires
le slogan gouvernemental de « lutte contre l'homophobie » (la normalisation de l'homosexualité comme choix légitime et égal à l'hétérosexualité), il y a fort à parier à la lumière du vocabulaire intégré par l'élève (« homophobie » et non « homosexualité ») que le cours fut partisan et tenta bien de légitimer l'homosexualité et non pas seulement de limiter, par exemple, les brimades contre les jeunes garçons efféminés.
Halloween et la prêtrise des femmes
La Voix de l'Est trace un portrait complaisant et modéré de l'enseignante d'Alexandre. Ses « élèves [...] disent apprécier beaucoup le cours ».
Pourtant, sous le couvert de l'anonymat, une personne nous a déclaré ne pas avoir été heureuse de voir cette enseignante « neutre » se déguiser en curé lors de l'Halloween pour ensuite se lancer devant sa classe captive dans un sermon sur pourquoi les femmes devraient pouvoir devenir prêtres... On peut faire mieux en termes de neutralité...
« Notre belle jeunesse », « nos enfants », « au nom de tous et chacun », « obligatoire »
Il y a quelque chose de missionnaire dans le ton des lettres des élèves. Sur un ton désinvolte, des jeunes de 15 ou 16 ans apostrophent leurs aînés et répètent ce qu'ils ont appris en classe : « L'ouverture d'esprit, ça vous dit quelque chose ? »
On s'étonne aussi de lire un très jeune adolescent parler « de laisser une planète propre à nos enfants » alors qu'il vient à peine peut-être de quitter cette enfance et puis d'évoquer « notre belle jeunesse ». Ce sont là des tournures que l'on associe plus à un adulte (cet élève serait-il atteint de psittacisme et reproduit-il les paroles de son enseignante ?) ou à un jeune bien peu modeste (pourquoi les gens qui pensent comme lui formeraient-ils « notre » belle jeunesse ?)
Alexandra Courtemanche pour sa part affirme « Je suis pour ce cours et je resterai toujours en faveur. » Au-delà de la formulation étrange (
rester en faveur sans « de » signifie « continuer à plaire »), on admirera l'assurance de la jeune fille, sa foi. Comment peut-elle affirmer ce qu'elle pensera dans 20 ou 30 ans quand elle réfléchira avec plus de détachement au cours qu'elle a été obligée de suivre ?
Alexandra dit aussi parler « au nom de tous et chacun ». (On dira plus correctement en français « tout un chacun ».) Il est vrai que certains détracteurs du cours reprochent à ce programme de promouvoir l'esprit grégaire. Dès le primaire, les élèves participent en effet à des exercices de délibération où ils doivent examiner des questions éthiques « pour arriver à une décision commune ». C'est une critique que l'on fait aussi à toute la réforme pédagogique qui privilégie nettement
le travail d'équipe au travail individuel (tout en affirmant vouloir développer l'autonomie éthique des élèves). Alexandra n'a sans doute jamais parlé avec
les enfants de M. Alec Saint-Jean qui devaient subir les sarcasmes de toute une classe unanime. Comment savoir vraiment ce que pensent les élèves muets dans la classe d'Alexandra ? Oseraient-ils vraiment contredire publiquement leur professeur qui décide de leurs notes alors qu'ils n'ont entendu qu'un son de cloche de la part d'une personne en autorité ? N'est-il pas plus sage qu'Alexandra parle d'abord en son nom avant de s'arroger l'opinion des absents dans ce débat ?
Sûr d'elle-même, Alexandra n'hésite pas à déclarer que le cours doit être obligatoire. Voilà une jeune étudiante tolérante comme les zélotes du programme ECR les aiment bien : elle ne peut admettre de choix en la matière.
Invitation acceptée, mais qu'en dira la direction ?
Alexandre Gemme qui n'a sans doute jamais suivi d'autres cours de formation morale et religieuse à l'école et probablement jamais lu le programme officiel ECR (
il est illisible) n'hésite pas à dire sur un ton impatient : « Alors aux adultes qui n'ont jamais suivi ce cours et qui s'obstinent quand même à dire qu'il vise à nous convertir à d'autres religions, j'aimerais les inviter à ne venir passer ne serait-ce qu'un cours de M
me Bergeron et à réfléchir à tout ce que j'ai écrit. »
On appréciera l'humilité du ton.
Étrangement, Alexandra Courtemanche dit a peu près la même chose dans les mêmes termes. Pure coïncidence à n'en pas douter. La lettre signée du nom de cette jeune fille affirme ainsi : « Les élèves ne sont pas influencés par le simple fait d'apprendre la culture religieuse des gens [...] Je vous l'écris pour vous faire comprendre qu'on [qui?] en a assez d'entendre critiquer notre [?] cours, lorsque vous n'avez jamais mis un seul pied dans nos classes pour y assister. Alors je vous invite à faire des démarches, allez assister à un cours ECR. »
D'une part, de nombreux parents ne craignent pas tant que leurs enfants se convertissent, par exemple, au judaïsme parce qu'ils apprendront quelques faits sur cette religion, mais plutôt que, par l'étude de 6 ou 7 religions toutes présentées superficiellement et comme d'une égale valeur pendant 11 ans, ils en viennent à considérer que ces religions se valent toutes, ce qui peut mener, notamment, à un syncrétisme religieux à la Hans Küng ou un relativisme agnostique. C'était, après tout, le but visé par Jean-Pierre Proulx quand il a proposé ce cours à la page 90 de son fameux rapport : « d’initier l’élève aux différentes cultures et aux
différentes religions et de les présenter comme des manifestations de l’esprit créateur humain, tout aussi légitimes que la sienne ».
D'autre part, nous avons appris qu'un de nos lecteurs a accepté l'invitation du jeune Alexandre Gemme et de la jeune Alexandra Courtemanche et a demandé à pouvoir assister à plusieurs cours de M
me Bergeron et d'autres professeur d'éthique. Nous attendons de savoir si les directions des écoles concernées sont prêtes à accepter qu'un adulte soit enfin éduqué correctement par « notre belle jeunesse » si sûre d'elle-même.
Mise à jour
Notre lecteur nous informe qu'après de multiples tentatives pour joindre l'enseignante d'ECR, Claire Bergeron, pour accepter l'invitation des élèves à ce qu'un adulte opposé à « leur » cours y assiste. M
me Bergeron a refusé que ce monsieur y participe prétextant une vague opposition des parents. Selon ce lecteur outré : « dans le journal, cette professeur se donne le beau rôle, fait tancer les adultes qui n'apprécient pas ce cours par ses élèves influençables et obéissants, puis elle refuse l'invitation en privé. Est-ce là un comportement digne ? »