vendredi 3 avril 2020

France — Bac supprimé: une rupture d’égalité inacceptable (m. à j.)

Le ministre de l’Education nationale a déclaré au 20h que tout élève disposant d’un livret scolaire est éligible au contrôle continu pour le diplôme du baccalauréat : établissements publics, sous contrat et hors contrat.






En France, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a annoncé ce matin que les élèves de première et terminale passeraient le bac (et le brevet) en contrôle continu en juin, à l’exception des élèves des établissements privés hors contrat, et de ceux du CNED et de l’école à la maison qui le passeraient en septembre sous la forme d’épreuves finales (en présentiel).

Cette décision est fortement rejetée par les élèves, familles et établissements scolaires scolaires concernés (bac général, technologique et professionnel, brevet) car :

  • Il sera bien plus difficile d’obtenir son baccalauréat ainsi, mais ce sera pourtant officiellement le même bac (discrimination).
  • Les élèves du hors-contrat passeront en dernier dans le système Parcoursup (l’absence de validation du bac en juin bloquant leur dossier) et n’auront que très peu de chances de pouvoir accéder à l’établissement supérieur qu’ils souhaitent. C’est une discrimination dans l’accès au service public de l’enseignement supérieur.
  • Les élèves et les professeurs du hors contrat vont devoir travailler tout l’été et enchaîner sans repos l’année scolaire suivante, après un troisième trimestre déjà éprouvant.
  • Il n’est pas certain que les conditions sanitaires soient réunies en septembre pour que le bac ait effectivement lieu, ce qui fait peser une incertitude supplémentaire.
  • Les élèves du hors-contrat vont commencer leur année scolaire prochaine en retard et fatigués, ce qui les pénalisera.
  • Les élèves du hors-contrat n’auront pas de système de rattrapage (alors que les autres élèves auront l’oral de rattrapage de juillet et celui de septembre). Psychologiquement, faire passer le bac aux élèves du hors-contrat en septembre en même temps que les élèves en rattrapage leur renvoie une image dégradée d’eux-mêmes.
L’association Créer son école demande que le gouvernement revienne sur sa décision très vite et fasse passer le bac pour cette année en contrôle continu aux élèves du hors-contrat. Dans la mesure où les établissements privés hors contrat sont désormais contrôlés très sérieusement (depuis la loi Gatel d’avril 2018), il est absurde qu’on ne reconnaisse pas la capacité de ces établissements à délivrer des notes dans le cadre du contrôle continu. D’ailleurs, c’est bien sur la base de ces notes de contrôle continu que Parcoursup et l’intégration dans le cadre de l’enseignement supérieur se réalisent déjà.

Elles peuvent donc servir sans problème de base pour la délivrance du bac ou du brevet en contrôle continu dans le hors-contrat !

Cette décision inique pénalise gravement les lycées hors contrat, alors que les circonstances exceptionnelles invitent à une attitude magnanime traitant tous les enfants de France de la même manière. Elle requiert une réaction énergique tant sur le plan politique et contentieux.

Créer son école appelle à l’union tous les acteurs éducatifs et proposera demain un plan d’action pour obtenir tous ensemble un traitement respectueux et équitable des élèves des lycées hors contrat.

Anne Coffinier, présidente de Créer son école

Axelle Girard, directrice d’EducFrance

Voir aussi

France — dédoublement des classes en banlieues, fermeture de 200 à 300 classes en milieu rural