Selon un nouveau rapport, le Canada est à la traîne par rapport à d’autres économies avancées en ce qui concerne le niveau de vie, les problèmes persistants de productivité étant l’un des principaux facteurs à l’origine de cette tendance. La forte immigration a masqué ce retard de productivité en faisant croître le PIB brut du pays, mais une fois divisé par le nombre d’habitants le résultat final est nettement moins rose.
Dans un rapport des Services économiques TD publié jeudi, Marc Ercolao, économiste à la Banque TD, a déclaré qu’en dépit d’une « croissance globale solide au cours des dernières années », le Canada est à la traîne des États-Unis et d’autres pays économiquement comparables en ce qui concerne son niveau de vie, ou le produit intérieur brut (PIB) réel par habitant. Il a indiqué qu’en 2014-2015, les chocs pétroliers ont contribué à la sous-performance dans ce domaine, qui s’est poursuivie à la suite de la pandémie de COVID-19.
M. Ercolao a déclaré que malgré le ralentissement économique lié à la pandémie, la croissance de l’économie canadienne a été favorisée par une « immigration survitaminée » et une « population robuste », qui ont stimulé la consommation et la demande de logements. Toutefois, M. Ercolao a déclaré que les niveaux élevés de croissance économique n’étaient pas toujours synonymes de prospérité. Selon lui, une fois corrigée de l’augmentation de la population canadienne, l’économie « révèle une image qui laisse beaucoup à désirer ».
« Le retard du pays en matière de PIB par habitant n’est pas nouveau, mais il s’est aggravé depuis la pandémie », a déclaré M. Ercolao.
Au début des années 1980, le Canada disposait d’un avantage de près de 4 000 dollars par rapport à la moyenne des économies avancées, tout en restant à peu près au niveau des estimations américaines. En 2000, cet avantage s’est pratiquement évaporé et le PIB par habitant des États-Unis a dépassé celui du Canada de plus de 8 000 dollars. Pourtant, depuis le choc pétrolier de 2014-2015, la performance du Canada est allée de mal en pis. Le PIB réel canadien par habitant n’a progressé qu’à un maigre taux de +0,4 % par an, faisant pâle figure par rapport à la moyenne des économies avancées, qui est de +1,4 %.
Pas d’amélioration dans un avenir prévisible
Le graphique ci-dessous présente les prévisions trimestrielles pour le PIB réel et le PIB réel par habitant jusqu’au quatrième trimestre 2025. Nous estimons que le PIB réel au T2-2023 sera de 1,1 % t/t annualisé. À partir de là, le PIB réel ralentira à 0,2 % par trimestre au premier trimestre 2024 avant de remonter à 1,9 % d’ici 2025. Au cours de la période de prévision, le PIB réel par habitant devrait être le plus faible au T2-2024 (-1,7 % par rapport au trimestre précédent) et commencer à enregistrer une croissance positive au T1-2025. D’ici le quatrième trimestre 2025, le PIB réel par habitant devrait augmenter de 0,5 % par rapport au trimestre précédent.
Malheureusement pour les Canadiens, le redressement du niveau de vie ne semble guère se profiler à l’horizon. Le PIB réel par habitant s’est déjà contracté au cours des trois derniers trimestres et nos prévisions les plus récentes font état de contractions persistantes jusqu’à la fin de 2024 (graphique 8). Au cours des prochains trimestres, l’économie devrait subir un ralentissement cyclique, car les objectifs ambitieux du gouvernement fédéral en matière d’immigration continuent de soutenir les flux de population. Le Canada est également l’un des rares pays avancés à ne pas avoir retrouvé son niveau de PIB par habitant d’avant la pandémie. À plus long terme, l’OCDE prévoit que le Canada se classera à l’avant-dernière place des membres de l’OCDE en termes de croissance du PIB réel par habitant jusqu’en 2060. Cela montre bien que si nous ne modifions pas fondamentalement notre approche de la productivité et de la croissance, les problèmes de niveau de vie du Canada persisteront pendant de longues années.
Conclusion
Il devient de plus en plus difficile d’ignorer l’écart croissant entre le PIB réel par habitant du Canada et celui des autres grandes économies. La question a été largement occultée, car l’économie canadienne connaît une croissance en termes bruts par un appel très important à l’immigration, masquant ainsi ses problèmes de productivité persistants en augmentant le nombre de travailleurs. Le cœur du problème reste le même : une baisse de la productivité du travail au Canada, malgré ou à cause d’une forte immigration.
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