vendredi 31 octobre 2014

Le français parlé au Québec : petite histoire d’un discrédit


Le français parlé au Québec est une histoire d’éloges et de mépris. Dans Méchante langue : la légitimité du français parlé au Québec (PUM, 2012), Chantal Bouchard, professeure de linguistique à l’Université McGill, raconte l’histoire de la perte de légitimité d’un accent – le nôtre. Une fois achevée la conquête britannique de la Nouvelle-France, le français canadien se figera dans les prononciations musicales des habitants du nord de la France du XVIIe siècle. Alors qu’une hivernation culturelle se prolonge à l’ouest de l’Atlantique, une révolution sans précédent s’opère en France en 1789, décapitant l’élite royale d’Ancien Régime et relançant l’éducation de l’Hexagone sur de nouvelles bases. Les sonorités langagières des nouvelles classes bourgeoises françaises s’établissent et sanctionnent le discrédit de l’ancienne façon de parler malgré la persistance de son usage en Amérique. Commence donc la dévalorisation parisienne de l’accent et du vocabulaire canadien qui étaient pourtant ceux de Molière et de Louis XIV.



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Débat radio-canadien sur les mesures pro-familles annoncées

Débat radio-canadien (partial donc) sur les politiques annoncées aujourd’hui par Stephen Harper quant au fractionnement limité des revenus des membres d’une famille et aux mesures en faveur des foyers avec jeunes enfants.


Quelques remarques :

Pour les quatre personnes prenant part au débat (Mme Galipeau comme on le verra ne cache pas ses opinions), il s’agirait d’une politique qui profitera le plus aux plus riches. Personne sur le plateau pour rappeler le but de ces mesures : une taxation plus équitable entre les gens de même revenu, mais dont certains ont des enfants et d’autres n’en ont pas. Il est faux de dire qu’on fait un cadeau aux plus riches, ceux sans enfant n’épargneront rien sur leurs impôts avec ces mesures. Ceux avec enfants de même revenu, par contre, verront leurs impôts légèrement diminuer. Au maximum de 2000 $.

Tacha Kheiriddine a raison de rappeler que les familles préféraient garder leurs enfants en bas âge à la maison si elles en avaient les moyens. Personne ne lui répond vraiment sur ce point.

Mme Galipeau trouve que garder ses enfants à la maison est un point de vue « conservateur ». Il s’agirait d’une objection selon elle. Peu importe que la majorité des familles opterait pour ce choix. Voir ci-dessus. Visiblement, il ne faudrait pas que les gens choisissent et fassent de mauvais choix, des choix « conservateurs » au niveau social.

Céline Galipeau défend son point de vue de « journaliste impartiale » en soulignant le « succès du programme de garderie ». Programme ruineux au passage. Mais ce programme est d’autant plus populaire qu’il n’y a pas d’alternative payante au Québec : vous confiez vos enfants à des tiers et vous allez travailler au bureau comme une femme « moderne » ou vous n’avez aucun soutien digne de ce nom. Cette absence de choix est voulue. Rappelons que la prime à la naissance avait été abolie parce que certains de ces détracteurs l’accusaient d’incitation pour les femmes à rester au foyer. En 1982, Claire Bonenfant, présidente du Conseil de la femme avait déclaré au sujet de mesures natalistes similaires : « Cette politique sera-t-elle une politique nataliste déguisée cherchant à nous retourner aux berceaux et aux fourneaux ou bien se présente-t-elle comme une politique de justice sociale ? » La prime à la naissance a donc été remplacée par le programme de garderies subventionnées, nettement plus cher, et qui n’a quasiment aucun effet sur la natalité (celle-ci continue de baisser alors que les coûts associés au programme ne font qu’augmenter).

Michel David émet un « pfff » et balaie du revers de la main le fait qu’une étude montrerait que les garderies universelles en bas âge ne sont pas bénéfiques globalement pour les tout-petits. Dans certains cas, c’est le cas par contre, notamment quand le milieu familial est très dégradé. Mais Michel David n’avance aucun argument. Juste le mépris pour les études aux mauvaises conclusions. Études au pluriel, voir ci-dessous.

Enfin, Daniel Lessard très sûr de lui affirme que ces mesures ne créeront aucune place en garderie. Qu’en sait-il ? Des parents avec plus d’argent en poche (la mesure ne s’adresse pas uniquement aux mères au foyer) peuvent très bien décider de consacrer cet argent pour mettre leur enfant en garderie (toute la semaine ou une partie du temps) en payant pour cette place. Plus de gens qui paient des places, cela crée des places. En outre, parmi les mesures annoncées, le gouvernement va augmenter de 1000 $ les montants maximaux qui peuvent être déduits au titre de frais de garde d’enfants... Ce qui aidera directement les familles qui placent leurs enfants en garderie. Mais on comprend : le débat ne tournait qu’autour du fractionnement des revenus parce que c’est une mesure conservatrice qui considère les familles comme des unités d’imposition plutôt que comme des contribuables isolés, unité familiale qui pourrait renforcer une division des rôles parentaux considérée comme « conservatrice » et donc mauvaise par trop de journalistes et de commentateurs québécois. Nettement moins par les familles concernées.
Résumé des mesures fiscales pour les familles
  • Ces mesures comprennent le fractionnement du revenu pour les familles qui permettra à une personne ayant un revenu plus élevé de transférer jusqu’à 50 000 $ de revenu imposable à son conjoint dans une tranche d’imposition inférieure. Ce crédit d’impôt s’appliquera aux couples ayant des enfants de moins de 18 ans et leur permettra d’économiser jusqu’à 2 000 $ par an.
  • Le gouvernement conservateur augmente la Prestation universelle pour la garde d’enfants (PUGE) pour les parents ayant des enfants de moins de six ans. À compter du premier janvier 2015, les parents toucheront une prestation de 160 $ par mois, soit une augmentation de 60 $. Les parents recevront ainsi jusqu’à 1 920 $ par enfant.
  • Le gouvernement fédéral augmente aussi de 1 000 $ le montant de la déduction pour frais de garde d’enfants à compter de l’année d’imposition 2015. Les montants maximums passent donc de 7 000 $ à 8 000 $ pour les enfants de moins de 7 ans, de 4 000 à 5 000 $ pour les enfants de 7 à 16 ans, et de 10 000 $ à 11 000 $ pour les enfants admissibles au crédit d’impôt pour personnes handicapées.
  • La PUGE sera maintenant aussi offerte aux parents ayant des enfants âgés de 6 à 17 ans. À compter du 1er janvier 2015, les parents toucheront donc une prestation de 60 $ par mois pour les enfants de 6 à 17 ans, ce qui représente jusqu’à 720 $ par enfant.
  • Plus tôt ce mois-ci, le Premier ministre a annoncé que le gouvernement a l’intention de doubler le montant du crédit d’impôt pour la condition physique des enfants et de faire de ce crédit un crédit remboursable. Le montant maximum des dépenses qu’il est possible de demander au titre du crédit sera doublé et passera à 1 000 $ pour l’année d’imposition 2014 et les années d’imposition subséquentes. Le crédit sera remboursable à partir de l’année d’imposition 2015 et les années d’imposition subséquentes.

Selon le gouvernement fédéral, ces mesures et celles prises depuis 2006 auront diminué le fardeau fiscal d’une famille moyenne de plus de 4 500 $ par an.

Voir aussi

77,9 % des parents canadiens préféraient en 2006 qu’un parent reste à la maison plutôt que de l’envoyer en garderie

Sondage de Léger Marketing de 2010 a permis de constater que, dans les deux tiers des familles québécoises, l’un des parents serait prêt à rester à la maison pour prendre soin des enfants d’âge préscolaire si l’État lui versait une allocation équivalente à la subvention qui est accordée pour une place en garderie subventionnée (CPE ou autre).

Les CPE ont échoué sur le plan pédagogique... comportemental et démographique


Épidémie de détresse chez les enfants en CPE et chez les enfants nantis

« [N] ous avons découvert des preuves frappantes que les enfants ont subi des détériorations dans un éventail d’aspects comportementaux et liés à la santé, allant de l’agression aux aptitudes motrices et sociales en passant par la maladie. Notre analyse suggère aussi que le nouveau programme de garderie a mené à des pratiques parentales plus hostiles et moins cohérentes ainsi qu’à une détérioration de la santé parentale et des relations parentales. »

par le Bureau national de recherche économique


Prix des subventions des garderies dites à 7 $


Étude sur les garderies qui se paieraient d’elles-mêmes : la multiplication des pains

« Le système de garderies à 7 $ est-il payant pour le Québec ? Non. »

Étude Fortin, Godbout sur les garderies : « étude loufoque », système injuste, Ottawa premier gagnant

« Le Québec, leader en matière de petite enfance »

Lien avéré entre les femmes qui travaillent hors du foyer et l’obésité de leurs enfants

Une étude de Cambridge conclut que les enfants de cinq ans sont trop jeunes pour commencer l’école

Les enfants de mères au foyer sont en meilleure santé


Y en a qui exploitent leurs ressources pétrolières et gazières,
d'autres s'opposent à l'exploration et même à renverser le flux d'oléoducs déjà présents

jeudi 30 octobre 2014

Suppression des subventions – Québec épargnerait les écoles privées

Selon La Presse de Montréal, le ministre de l’Éducation Yves Bolduc écarterait finalement l’idée de réduire de 50 % ou plus les subventions aux écoles privées. Il pourrait toutefois apporter de « petits ajustements » à leur financement. La pression est moins forte qu’elle ne l’était sur le Monopole de l’Éducation dans le cadre de la révision des programmes gouvernementaux.

Comme l’écrivait le quotidien montréalais hier, le premier rapport de la commission Robillard, qui sera remis au président du Conseil du trésor au début de la semaine prochaine, conclut que le Québec ne dépense pas trop en éducation ni en santé d’ailleurs. Une « bonne nouvelle » aux yeux du ministre Bolduc. « Il semblerait que la commission trouve qu’au niveau de l’éducation, il y a quand même de belles choses qui se font », s’est-il félicité au cours d’un entretien avec La Presse, hier. Le mois dernier, le journal dévoilait les scénarios qui auraient été étudiés en vue de réformer le système scolaire. Selon des documents détaillés qui ont circulé au Conseil exécutif et à la commission Robillard, Québec envisageait de réduire de moitié voire davantage le financement des écoles privées. Yves Bolduc confirmait alors que cette mesure est bel et bien à l’étude. « Il faut prendre le temps de regarder [les options], de bien réfléchir, et après ça, on posera les actions qui sont adéquates », disait-il. Son discours a maintenant changé. « L’hypothèse qu’on a éliminée, c’est celle d’éliminer totalement la subvention ou de la couper de 50 % », a-t-il alors affirmé. Le ministre a laissé entendre que pour les prochaines années, il n’y aurait pas de compressions importantes qui s’ajouteraient à celles annoncées dans le budget Leitao.

Coupures déjà prévues

« On a déjà prévu les coupures aux écoles privées sur trois ans », a-t-il expliqué. Québec abolit en effet progressivement, sur une période de trois ans, le financement pour le transport scolaire. Une guerre de chiffres oppose Québec et la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) quant à l’impact de cette mesure. Elle représente une compression de 20 millions selon le gouvernement, mais de 27 millions selon la FEEP. « Les coupures sont annoncées pour les trois prochaines années. Peut-il y avoir de petits ajustements [supplémentaires dans le financement des écoles privées] ? Peut-être », a indiqué Yves Bolduc. Il a refusé de préciser ce que pourraient être ces « petits ajustements ». Il veut « garder des portes ouvertes ». Il rencontrera les représentants de la FEEP le 6 novembre à ce sujet.

Soulagement

Le président de la FEEP, Jean-Marc St-Jacques, se dit soulagé que le pire scénario soit écarté. Mais il demeure sur un pied d’alerte. « On reste prudent parce qu’on a été échaudé ! », a-t-il lancé. Jusqu’ici, dans ses échanges avec la FEEP, le cabinet de M. Bolduc avait toujours laissé planer la possibilité que les subventions soient réduites de moitié, une mesure qui aurait été mise en œuvre sur plusieurs années. Ce scénario a soulevé l’incertitude dans le réseau, en pleine période d’inscriptions et d’examens d’admission. Jean-Marc St-Jacques rappelle qu’en plus de baisser le financement pour le transport scolaire, le gouvernement a réduit de 14 millions certaines allocations versées aux écoles privées cette année. « La situation est particulièrement difficile pour les écoles en région », à l’extérieur de Montréal et de Québec, a-t-il noté. Au Collège Bourget de Rigaud, dont il est directeur général, la baisse du financement du transport scolaire a fait bondir la facture des parents de 160 $ cette année. Ce sera 320 $ en 2015 et près de 500 $ l’année suivante.

Financées à 38 %, 42 % ou 75 % ?


Les écoles privées sont financées à 60 % par l’État, croyait-on, mais un comité de travail a plutôt conclu le printemps dernier qu’elles le sont à hauteur de 75 %. Ce comité, présidé par Pauline Champoux-Lesage — ancienne sous-ministre à l’Éducation et ex-protectrice du citoyen —, a recommandé au gouvernement de revoir les règles de financement. Les experts ne s’entendent toutefois pas sur la part réelle du financement versé par l’État. La FEEP conteste les conclusions de Mme Champoux-Lesage. Elle soutient que la règle du 60 % ne concerne que les frais éducatifs. « En comptant toutes les dépenses nécessaires, incluant celles pour les bâtiments dont toute la charge est assumée par l’école privée, la contribution de l’État est en fait de 42 % et ce taux baisse à 38 % en tenant compte de la taxe scolaire à laquelle les écoles privées n’ont pas droit », plaide-t-elle. Comme un élève au privé coûte 38 % de celui au public, elle calcule que le gouvernement fait des économies de 600 millions.

La FAE juge cette issue « irresponsable »

Pour sa part, le lobby de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) s’indigne de la décision du ministre Bolduc de ne plus envisager la possibilité de couper entièrement ou de moitié la subvention accordée aux écoles privées. « De toute évidence, le ministre a choisi d’écouter le lobby des écoles privées plutôt que de se préoccuper des besoins des élèves qui fréquentent l’école publique. Cette décision nous fait douter de la rigueur du processus de révision des programmes mené dans le cadre de la commission Robillard », soutient Sylvain Mallette, président de la FAE.

Selon ce regroupement de huit syndicats, alors que les écoles privées accumuleraient chaque année des « surplus budgétaires », le réseau des écoles publiques atteindra le milliard de dollars en compressions budgétaires en moins de 10 ans. « Comment voulez-vous que les écoles publiques remplissent leur mission, alors qu’on les prive du seuil minimum de financement dont elles ont besoin pour assurer les services essentiels aux élèves dont elles ont la responsabilité », ajoute M. Mallette.

Les écoles privées en chiffres

483 millions  Somme versée par Québec aux écoles privées en 2014-2015
110 000  Nombre d’élèves qui fréquentent les écoles privées
4000 $  Coût moyen payé par les parents pour envoyer un enfant dans une école secondaire privée
63 %  Proportion des élèves qui passeraient des écoles privées au réseau public si la facture des parents augmentait de 2000 $, ce qui arriverait si l’État réduisait de moitié ses subventions, selon une étude de la FEEP
190  Nombre d’écoles privées représentées par la FEEP




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mardi 28 octobre 2014

Les comptes d'épargne-études (ESAs) , le choix scolaire 2.0


Personne n’est plus responsable des enfants que leurs parents. C’est sur cette conviction forte que l’Arizona et la Floride ont décidé de mettre en place un dispositif innovant de financement public des dépenses éducatives privées au profit des familles en ayant a priori le plus besoin : ce sont les comptes d’épargne-études (ESAs).

Le mouvement en faveur du libre choix de l’école poursuit son développement aux États-Unis. Grâce à lui, le pouvoir de décision en matière scolaire a commencé à revenir vers les parents, après des décennies où il était concentré dans les mains de la puissance publique.

En 2014, on compte ainsi 41 programmes de financement public permettant d’accéder à une école privée dans 24 États et le District de Columbia. En 2011, l’Arizona a inventé un nouveau dispositif, les « Education Saving Accounts » (ESA) qui sont aussi appliqués en Floride depuis cette année. Cette initiative tire la leçon de l’échec des politiques éducatives de l’État fédéral américain qui consacre des milliards pour l’éducation sans arriver à mettre en place un système performant et juste. Aux tests PISA, les États-Unis ne sont qu’au milieu du classement et l’illettrisme est une réalité bien vivante aux États-Unis.

Les ESA donnent la possibilité aux parents de décider de l’usage de 90 % de l’argent qui aurait été dépensé par l’État pour l’éducation de leur enfant dans une école publique. Ils peuvent ainsi consacrer leurs dépenses aux besoins réels et parfois bien spécifiques de leur enfant. En Arizona, ils reçoivent ainsi 3 000 dollars par enfant et jusqu’à 26 000 dollars si l’enfant présente des handicaps.

Les ESA représentent un « Choix scolaire 2.0 » c’est-à-dire une manière radicalement nouvelle, innovante de concevoir la liberté scolaire. Ils sont distribués tous les trimestres et chargés sur une carte de crédit spéciale qui ne permet que de payer des dépenses éducatives telles que les cours de soutien privés, les frais de scolarité à l’école privée, le tutorat par un professeur, le matériel et les livres scolaires, des abonnements à des leçons en ligne… lls peuvent même capitaliser l’argent non dépensé sur un compte destiné à financer les dépenses éducatives ultérieures de leur enfant.

Le pouvoir de décision en matière éducative se trouve donc placé dans les mains des parents qui peuvent avoir un accès financier à une large palette de services éducatifs agréés par l’État grâce à ces financements publics qui leur sont donnés pour l’éducation de leur propre enfant.

Deux États sont pionniers. L’Arizona applique ce dispositif depuis 2011 sous le nom de compte pour bourse-autonomie (« Empowerment Scholarship Accounts ») pour souligner le fait qu’il donne le pouvoir aux parents de tailler sur mesure les services éducatifs dont bénéficieront leurs enfants. Le programme est très populaire : 72 % des personnes utilisant un compte d’épargne-études se déclarent satisfaits. Il concerne les enfants à besoins éducatifs spécifiques, les enfants issus de mauvaises écoles (qu’ils appellent « sous-performantes »), les enfants placés en famille d’accueil et les enfants dont un parent est un militaire en activité ou mort au combat. Les parents peuvent saisir l’occasion de bénéficier de ce programme ou bien rester dans le système éducatif public. À cette rentrée, la Floride a également mis en place ce dispositif sous le nom de « comptes pour bourse éducative personnelle ».

L’idée phare qui sous-tend cette réforme est que « Personne n’aura plus à cœur les intérêts des enfants que les parents ». Une conviction qui devrait animer davantage nos hommes politiques.




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Débat sur l'épreuve uniforme de français (au cégep)


Débat avec Yves Boisvert et Mathieu Bock-Côté : Épreuve uniforme de français, 9 minutes.

Écoutez l'émission (cliquez)

Voir aussi

Un examen difficile ? Il suffit de l'abolir !

Qu’est-ce que l’épreuve [uniforme de français] ? (MELS)

vendredi 24 octobre 2014

L'art contemporain, son « discours » et sa mission « provocatrice »


Selon Radio-Canada qui se veut sarcastique :
« Ne vous fiez pas à son aspect rigolo, un plug anal, ça peut être très effrayant. En France, cette œuvre d’art représentant un de ces jouets [sic] sexuels géants a valu à son créateur de se faire attaquer dans la rue. Des gens s’en sont même pris directement au plug en lacérant ses câbles. Alors oui, un plug anal, ça génère des scènes dignes d’un film d’Hitchcock. »

« L’arbre », objet anal
Rappelons que « l’emploi du plug présente des risques, notamment celui de déchirure des tissus rectaux » et que « l’objet peut être vecteur d’infections sexuel­lement trans­mis­sibles » (Wikipédia).

La controverse est née de l’érection d’un « sapin » en forme de bonde anale sur une place prestigieuse de Paris en marge d’une autre foire de l’art contemporain mas­sive­ment sub­ven­tion­née. Nous connaissons au Québec ces mêmes manifestations subventionnées qu’il faut sans cesse financer « afin de faire découvrir l’art contemporain à un plus vaste public ». Alors que ce grand public ne veut tout simplement pas de cet « art comptant pour rien ». Plus à ce sujet, ci-dessous.

Mais d’abord, un court débat sur le « sapin anal » et puis quelques lignes sur l’art contemporain et enfin un entretien avec un artiste d’avant-garde roumano-franco-argentin des années 80.


Textes extraits du Suicide français d’Éric Zemmour :

Carré noir sur fond blanc de Malevitch
« L’art abstrait a depuis un siècle privilégié l’individualisme pictural, exalté la souveraineté de l’artiste, et contraint le nouveau public à suivre le parcours du créateur davantage que la beauté de son œuvre. Depuis Malevitch et son fameux Carré noir sur fond blanc, la beauté ne s’impose plus naturellement ; elle n’est plus, selon le beau mot de Nicolas Poussin, une « délectation » mais a besoin d’être accompagnée d’explications théoriques. L’art conceptuel cher à Daniel Buren doit incarner une idée avant de susciter une émotion. Dans les années 1980, [le ministre de la Culture français] Jack Lang a conduit cette révolution à son terme : la coquetterie iconoclaste de Pompidou est devenue religion d’État ; l’art subversif, art officiel ; les adversaires méprisants de l’art pompier du XIXe siècle se transmuent en « pompiers » de leur époque. L’académisme a changé de camp. Le slogan « L’art ne doit pas chercher à plaire » est modifié en « L’art, pour plaire, doit chercher à déplaire ». Le refus de l’esthétique du goût s’est mué en « esthétique du dégoût », selon la formule de Jean Clair. Il faut sans cesse provoquer, déranger, subvertir les esprits. L’art contemporain est pris dans une infinie surenchère de la laideur. Défigurer, c’est figurer.

Ce nihilisme éradicateur traduit en profondeur un refus d’hériter et de poursuivre ; l’hubris folle d’un créateur démiurge qui réinvente l’art dans chaque œuvre ; l’art comme ultime moyen de salir et saccager toute trace du passé. L’art comme quintessence du capitalisme et la « destruction créatrice » chère à Schumpeter. L’art comme fondamentale ligne de fracture entre classes sociales, les classes populaires rejetant un art contemporain qu’elles n’aiment ni ne comprennent, opposées à une microclasse d’« élites mondialisées » qui en ont fait l’étendard de leur nouvelle puissance.

[...]

Le peuple se rebelle, mais peut-être trop tard. Il lutte contre l’ultime destruction de sa civilisation, gréco-romaine et judéo-chrétienne, mais ses armes sont des épées de bois. Il se rue aux expositions sur les impressionnistes, et reste indifférent aux beautés cachées d’un art contemporain qui ne séduit que le snobisme des milliardaires. Il n’écoute que des reprises aseptisées des « tubes » des années 1960 et 1970. Il érige Les Tontons flingueurs en « film culte », et chante les louanges de Louis de Funès, dont la franchouillardise spasmodique se voit désormais rehaussée, aux yeux des critiques de gauche qui le méprisaient de son vivant, par ses origines espagnoles. Il dédaigne la plupart des films français, alourdis par un politiquement correct de plomb, mais fait un triomphe aux rares audacieux qui exaltent les valeurs aristocratiques d’hier (Les Visiteurs), le Paris d’hier (Amélie Poulain), l’école d’hier (Les Choristes), la classe ouvrière d’hier (Les Ch’tis), la solidarité d’hier (Intouchables) et l’intégration d’hier (Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?) À chaque fois, la presse de gauche crie au scandale, à la ringardise, à la xénophobie, au racisme, à la France rance ; mais prêche dans le désert. À chaque fois, les salles sont remplies par des spectateurs enthousiastes qui viennent voir sur pellicule une France qui n’existe plus, la France d’avant.

Dans les années 1970, les films qui avaient un grand succès populaire dénonçaient, déconstruisaient, et détruisaient l’ordre établi ; ceux qui remplissent les salles quarante ans plus tard ont la nostalgie de cet ordre établi qui n’existe plus. Les œuvres des années 1970 étaient d’ailleurs d’une qualité bien supérieure à leurs lointaines rivales. Comme s’il fallait plus de talent pour détruire que pour se souvenir. Comme si le monde d’hier – avec ses rigidités et ses contraintes, son patriarcat et ses tabous – produisait une énergie et une vitalité, une créativité que le monde d’aujourd’hui, celui de l’extrême liberté individuelle et du divertissement, de l’indifférenciation féminisée, ne forge plus. Comme si la liberté débridée des années 1970 avait tourné au catéchisme étriqué des années 2000.

Il y a quarante ans, un ordre ancien, patriarcal, paysan et catholique n’était plus, tandis que le nouvel ordre n’était nouvel ordre, urbain, matriarcal, antiraciste, n’était pas encore. Profitant de l’intervalle, s’ébroua une révolte jubilatoire et iconoclaste, mais qui devint en quelques décennies un pouvoir pesant, suspicieux, moralisateur, totalitaire. Le jeune rebelle de L’Éducation sentimentale a vieilli en Monsieur Homais, cynique, pontifiant et vindicatif. »



Entretien avec l’artiste d’avant-garde des années 80 Juan Romano Chucalescu



Addendum:


L'art contemporain se moque-t-il de nous...?
Émission StarMag diffusée sur TPS Star le 29 janvier 2009.




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Éric Zemmour et le Suicide français vus par Mathieu Bock-Côté et un sondage

Mathieu Bock-Côté commente la polémique Éric Zemmour dans le Figaro :

On ne le sait peut-être pas, mais le passage d’Éric Zemmour à On n’est pas couché il y a deux semaines, a beaucoup fait réagir au Québec. Et cela non pas à cause de la polémique terriblement artificielle menée par Léa Salamé, qui a absurdement cherché à transformer Zemmour, le gaulliste incandescent, en pétainiste inavoué, non plus que celle d’Aymeric Caron qui fidèle à lui-même, confond l’injure et l’analyse, et cherche davantage lorsqu’il lit un livre à l’incriminer qu’à le comprendre. C’est plutôt la réaction de l’actrice Anne Dorval, épouvantée par sa rencontre avec Zemmour, au point de ne savoir que dire devant lui, sinon qu’elle était scandalisée, et qu’un propos comme le sien était inconcevable, qui a enthousiasmé les Québécois [Note du carnet : mal informés].

C’est la société du buzz. Une vidéo de trois minutes devenue virale sur le net peut suffire à abattre un homme. Des centaines de milliers de Québécois se sont donc imaginé qu’Éric Zemmour souhaitait « jeter les homosexuels blonds à la poubelle », selon la formule de l’actrice, même si Zemmour n’a jamais rien dit de tel. L’homme devenait du coup un monstre à abattre. Pour paraphraser Orwell, Zemmour a eu droit aux 48 heures de la haine, et contre lui, on s’est déchaîné. Les médias sont rapidement passés à autre chose. Mais l’homme est désormais marqué. On l’a transformé en ennemi public. Il suffira désormais d’évoquer son nom pour susciter une clameur négative, comme s’il était l’écho d’un « populisme nauséabond » dans la médiasphère. On dira Zemmour et on suscitera la haine.

[...]

Zemmour est passé d’écrivain à phénomène social. Il convient moins de répondre aux thèses qu’il développe que de contenir son expansion, comme s’il était le symptôme d’une pathologie française. Il serait le visage de la maladie politique de la France. Faudra-t-il le mettre à l’index ? Mais on se demandera plutôt à quoi sert aujourd’hui d’écrire un livre, puisqu’on en retiendra seulement quelques phrases, sans cesse répétées, simplifiées, dénaturées, qui serviront à disqualifier à jamais celui à qui on les prête. Une œuvre se verra réduite à quelques formules et citations qu’on répétera à l’infini, en suscitant inévitablement des indignations plus ou moins calculées. Dans un livre, on ne cherchera plus le travail de la pensée, quitte à critiquer profondément la démarche et les conclusions, mais des preuves pour incriminer.

C’est à cette lumière qu’on peut comprendre la référence aux fameux dérapages qu’on ne cesse de traquer : ils consistent à s’éloigner du couloir bien balisé de la respectabilité mondaine et des opinions généralement admises.

La diabolisation d’Éric Zemmour nous force à réfléchir à la fonction de l’étiquetage idéologique. On connait les étiquettes qu’on lui colle : xénophobe, homophobe, sexiste, raciste. Ce vocabulaire relève de la psychiatrisation de la dissidence politique. On nomme phobie le désaccord avec l’époque. Ces phobies sont appelées à se multiplier, comme on l’a vu récemment avec l’invention de l’europhobie, désignant les partisans de l’État-nation en opposition à l’entreprise européenne. C’est ainsi qu’on garde pour soi la référence à la rationalité et qu’on transforme le désaccord en maladie. Si on préfère, on trace le cercle de la raison, et on s’assure que seuls les individus en conformité avec l’idéologie dominante, ou se contentant d’y apporter des nuances pourront y entrer à la manière d’interlocuteurs légitimes.

[...]
Le suicide français est un livre d’histoire. Ou si on préfère, il s’agit de la chronique d’une décadence. Zemmour cherche à comprendre ce qu’on pourrait appeler l’inversion de la légitimité politique et culturelle en France depuis cinquante ans. Comment les choses absolument désirables, comme l’indépendance nationale ou l’école méritocratique, sont-elles devenues des archaïsmes empêchant de moderniser et de mondialiser en rond ? Comment la France du général de Gaulle est-elle devenue radicalement étrangère à elle-même, même si on garde artificiellement vivante la mémoire du grand homme (tout en la nettoyant de toute aspérité idéologique) pour masquer le changement de civilisation dont nous avons été témoins, comme si nous n’assistions à rien d’autre qu’à la marche du progrès ?

[...]

Zemmour n’a pas tort d’identifier mai 68 comme le point de départ de cette révolution. Cette distinction, il l’emprunte aux thuriféraires de l’époque. On nous explique sans cesse que depuis mai 68 le monde a progressé, qu’il s’est transformé radicalement, et pour le mieux. Partout en Occident, d’ailleurs, les radical sixties [note du carnet : la Révolution tranquille au Québec] sont célébrées et commémorées. Elles cassent l’histoire en deux. Avant, l’oppression des minorités, l’écrasement des marges, l’étouffement des mœurs. Après, la libération des opprimés, la contestation des normes dominantes et l’éclosion des libertés. Avant, la France engoncée dans sa souveraineté et frileusement crispée sur son identité. Après, la France mondialisée et multiculturelle, enfin libérée d’elle-même.

Sommes-nous obligés d’embrasser cette vision ? Si la thèse du progrès est admise, celle du déclin ne devrait-elle pas être considérée paisiblement, quitte ensuite à la rejeter, parce qu’on l’aura démontée ? N’est-ce pas une règle élémentaire de la vie démocratique, la diversité des interprétations du passé alimentant un perpétuel renouvellement de la conscience historique ? Mais justement, les gardiens de la révolution soixante-huitarde ne tolèrent pas qu’on la discute. Il fallait s’y attendre : le progressisme mondialisé et multiculturel, prétendant accoucher d’un homme nouveau sans préjugés ni discriminations, est une religion politique. Ses adversaires sont considérés naturellement comme des hérétiques.

[...]

C’est ici que l’entreprise de Zemmour a un caractère explosif : il ouvre un conflit de légitimité avec le régime soixante-huitard en refusant de souscrire à sa légende. Il a ainsi décidé de marquer son désaccord le plus complet avec l’époque [...]. Il révèle surtout un clivage politique authentique, recouvert par la fausse alternative entre libéraux-sociaux et sociaux-libéral : faut-il poursuivre « l’émancipation » soixante-huitarde ou faut-il engager le réenracinement de l’homme ? Il faudrait réussir à mettre en scène ce débat sans manichéisme.

[...]


Entretemps, les Français plébiscitent la vision d’Éric Zemmour si l’on en croit un sondage récent.

Tenu à distance, comme sentant le soufre, par la plupart des politiques, de droite comme de gauche, Éric Zemmour bénéficie dans le même temps d’une large approbation des Français. Et ce avec une très forte notoriété (72 %) et malgré une image qui reste clivante (deux fois plus de « bonnes opinions » à droite qu’à gauche). « On ne saurait mieux résumer que par notre sondage, le premier à lui être consacré, le gigantesque fossé qui s’est creusé entre les Français et leurs représentants sur toute une série de sujets », décrypte Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP.

Alors qu’à droite, à l’exception du FN, on se montre si frileux sur ces questions, il se trouve respectivement 80, 87 et 93 % des sympathisants MoDem, UMP et UDI à penser, comme Zemmour, qu’« on ne peut plus rien dire sans se faire traiter de raciste ». Idem, alors que leurs partis se situent aux antipodes, pour plus de la moitié des électeurs écolos (53 %), PS (58 %) et jusqu’à… 67 % des électeurs de Mélenchon en 2012 !

Autre plébiscite pour Zemmour : comme lui, 62 % des Français estiment que « la nation française se dissout dans l’Europe, la mondialisation, l’immigration et le multiculturalisme » (plus des deux tiers à droite et près de la moitié à gauche, dont… 53 % chez les écolos). Sur l’incompatibilité de l’islam avec la République, ils sont encore près de 6 Français sur 10 (dont 38 % à gauche) à l’approuver.

À noter que, en toute circonstance et à l’instar du FN, dont les sympathisants sont les plus « zemmouristes », le polémiste « bénéficie, relève Jérôme Fourquet, d’une adhésion nettement supérieure parmi les classes populaires qu’au sein des classes aisées ». Un autre révélateur du profond décalage entre France d’en bas et France d’en haut.

« La plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est un fait » est la seule citation à ne pas obtenir une majorité d’approbations, avec quand même 45 % affirmant être « d’accord ». Dont 56 % à l’UMP, 44 % chez les électeurs de Bayrou en 2012 et 25 % — un quart — parmi ceux de Hollande.

Tous hors-la-loi ! Pour avoir prononcé cette phrase le 6 mars 2010 sur Canal +, Zemmour avait en effet été condamné le 18 février 2011 pour… incitation à la discrimination raciale alors que c’est un état de fait. Mais l’on sait qu’à notre époque la vérité n’est plus une défense (même au Canada, voir l’arrêt Whatcott).

Immigration au Québec comparée au reste de l'Amérique du Nord

Chiffres sur les taux annuels d’immigration du Québec comparés à ceux du reste de l’Amérique du Nord. En 2012, le Québec se situe en 9e position sur les 64 provinces/territoires/États, avec un taux de 6,8/1000, alors que la moyenne nord-américaine est de 3,6/1000. Parmi les États américains, seul celui de New York a un taux supérieur à celui du Québec. Notez que pour 2012 spécifiquement, le chiffre pour la Saskatchewan est environ 2 fois plus élevé que celui des années précédentes et n’est donc pas vraiment représentatif de la norme de la province.




Source : Guillaume Marois




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jeudi 23 octobre 2014

Qu'est-ce qui explique le succès de l'Occident ?



Ils étaient des petits royaumes pauvres et ensanglantés par des guerres incessantes. Qui aurait pu penser, au sortir du Moyen Âge, que l’Angleterre, la France, les provinces italiennes ou allemandes allaient supplanter et dominer les empires colossaux qui les écrasaient de leur superbe, le chinois, l’indien et l’ottoman ? C’est la question que se pose Niall Ferguson. Notre homme a le sens de la synthèse et de la formule. Il enjambe les siècles et les frontières sans crainte ; et il achève ses démonstrations par des sentences bien senties. Un plaisir de lecture qui donne parfois le tournis.

Notre grand historien écossais n’a cure du politiquement correct et n’a peur de rien. Il n’hésite pas à affirmer tranquillement la supériorité de la civilisation occidentale : « Il est des gens pour contester cette supériorité en arguant du fait que les civilisations sont toutes égales et que l’Occident ne peut se prétendre supérieur... Ce relativisme est d’une absurdité parfaitement démontrable. Aucune autre civilisation ne s’est imposée au reste du monde comme l’a fait l’Occident. » N’hésite pas, non plus, au détour d’un long développement sur l’histoire des empires du XIXe siècle, à faire l’éloge de l’impérialisme français, plus égalitaire et humaniste que tous ses rivaux ; ou à comparer Israël à la Prusse du XVIIIe siècle, qui avait fait de sa supériorité scientifique la base de sa puissance militaire.

Ferguson résume le succès imprévisible de l’Occident à « six applis fatales » : la concurrence, la science, le droit de propriété, la médecine, la société de consommation et enfin l’éthique du travail.

La concurrence des royaumes indépendants et rivaux, se surpassant les uns les autres — l’Espagne de Christophe Colomb qui découvre l’Amérique, pour que le Portugal ne l’y précède pas — tandis que le centralisme unitaire de l’Empire chinois s’avérait un blocage majeur. La science, qui s’émancipa du dogme catholique tandis que l’islam imposait à l’Empire ottoman une stagnation séculaire. Le droit de propriété, base des institutions démocratiques, qui assura la supériorité de l’Amérique du Nord des petits propriétaires sur les grands latifundiaires de l’Amérique du Sud. La médecine, qui permit aux pays colonisateurs de vaincre les maladies africaines. La société de consommation, et plus particulièrement l’industrie textile britannique du XIXe siècle, qui établit le triomphe du costume occidental, devenant l’uniforme de tous les peuples du monde ; sans oublier le jean, arme fatale de l’Amérique dans sa guerre contre l’URSS. Enfin, l’éthique de travail, qui a longtemps distingué les Occidentaux, et en particulier les protestants chers à Max Weber, ce mélange de rigueur et d’épargne qui conforta la supériorité des capitalismes du nord de l’Europe et de l’Amérique.

Mais tout a changé depuis quelques décennies. Les autres civilisations ont chargé les six « applis fatales ». Le nombre annuel de brevets déposés par les Chinois dépasse désormais celui des Anglais, des Allemands et des Français ; la science se développe en Iran et lui donnera inéluctablement la bombe atomique. La Turquie est une société de consommation dynamique. La montée en puissance du protestantisme en Chine fait revivre dans ce pays l’éthique du travail chère à Max Weber ; les bienfaits de la médecine occidentale se répandent dans le monde entier et provoquent une phénoménale explosion démographique en Asie et en Afrique.

Que nous reste-t-il ? Sommes-nous condamnés à être submergés par nos rivaux, devenus plus occidentaux que nous ? Notre historien nous rappelle que ce n’est pas tant le fait que les autres aient chargé les « applis » occidentales qui nous menace, que l’abandon par nos pays de ce qui a favorisé notre succès. Mais son livre s’arrête là. Il nous laisse le soin d’utiliser sa grille de lecture.

La concurrence des pays européens qui poussait chacun à faire mieux que l’autre ? Interdite par la centralisation des normes et du droit venue de Bruxelles, la politique monétaire unifiée par Francfort, et, last but not least, l’enrégimentement militaire de tous les pays occidentaux sous la férule américaine dans le cadre de l’OTAN. La science ? Les budgets de recherche des pays européens diminuent ; l’attrait des étudiants pour les mathématiques aussi. La propriété, base du droit et de la démocratie ? Jamais nos pays (la France surtout) n’ont connu de taux de prélèvements obligatoires aussi élevés ; les institutions démocratiques nationales ont été vidées de leur substance par une oligarchie européenne ; une conception excessive des droits de l’homme fait que le fameux « État de droit » empêche désormais une protection efficace des citoyens contre l’expansion des violences. La médecine ? La financiarisation de l’industrie pharmaceutique se retourne contre la santé des populations ; la malbouffe et la pollution créent de nouvelles maladies ; l’obésité et le diabète font reculer aux États-Unis l’espérance de vie. La consommation ? Comme le rappelle Ferguson, le génie du capitalisme (Ford) fut de considérer à partir des années 1920 que l’ouvrier était aussi un consommateur ; depuis les années 1980, le travailleur est redevenu un coût, qu’il faut réduire au maximum. D’où chômage de masse et déflation. Enfin, l’éthique du travail n’est plus qu’une plaisanterie depuis que l’hédonisme des années 1960 s’est imposé dans tout l’Occident.

L’Occident est hanté par la chute de l’Empire romain, et nous n’avons pas attendu Paul Valéry pour savoir que les « civilisations sont mortelles ». Ferguson ajoute un élément à notre réflexion : les grandes civilisations s’effondrent d’un coup, très bref, très brutal. D’un rien, d’une guerre perdue, d’une crise financière, qui révèle seulement que l’édifice était vermoulu. L’Empire romain, avec la prise de Rome par les barbares, mais aussi la chute de la monarchie française en 1789, ou l’Empire ottoman en 1920, ou l’URSS en 1991. Quelques années suffisent pour que s’écroulent les empires qui paraissaient indestructibles. Alors quand ?


Civilisations
L'Occident et le reste du monde
par Niall Ferguson
paru le 23 septembre 2014
aux éditions Saint-Simon
à Paris
344 pages
ISBN-10: 2915134626
ISBN-13: 978-2915134629


Source : Le Figaro

mardi 21 octobre 2014

Des commissions scolaires vidées de leur sens


Par Yvon Robert, ancien directeur général de commission scolaire et directeur d’écoles privées :


Il faudrait revenir à l’essence même des commissions scolaires de 1841. Dans son programme de 1998, l’Action démocratique du Québec a mis de l’avant l’abolition des commissions scolaires (C. S.) De fait, dans leur forme actuelle, les C. S. sont devenues inopérantes, des coquilles vides. Tous les pouvoirs ont été concentrés au ministère de l’Éducation, leur seule raison d’être est la perception de la taxe scolaire. Depuis, au lieu d’améliorer la situation, le gouvernement Charest a encore accentué sa tutelle sur les C. S. avec l’adoption du projet de loi 88 qui a resserré le carcan de la bureaucratie sur les écoles et étouffé toute initiative.

En 2011, l’ADQ voulait redonner le pouvoir aux écoles et aux parents en inversant la pyramide et reconstruire le système à partir de l’école. Dans les faits, il s’agit de revenir à l’essence même des C. S. de 1841, de petites entités administrées par les parents, ou encore des écoles autonomes (dans le système public) comme on en retrouve en Alberta. Redonner aux écoles l’autonomie qu’elles ont perdue au cours des années, autonomie qui est l’un des facteurs de succès des écoles privées. Cela ne peut se faire sans garder au niveau régional un organisme de coordination pour donner l’ensemble des services compte tenu de la diversité des clientèles. Il faut aussi éviter de créer un fouillis qui déstabiliserait tout le système d’éducation. C’est pourquoi il est proposé de partir de la structure actuelle des C. S. et d’inverser la pyramide, d’établir les priorités à partir des besoins des écoles, et ce, en remplaçant le conseil des commissaires par un conseil d’administration élu par un collège électoral formé des présidents des conseils d’établissements des écoles et des centres de formation professionnelle. Ainsi, la transition se ferait en douceur et permettrait de transférer graduellement les ressources des centres administratifs vers les écoles et permettrait aussi aux instances du ministère de l’Éducation de s’ajuster.

De la même façon, avec le projet du gouvernement d’un nouveau pacte avec le monde municipal, des négociations seraient entreprises pour assurer le transfert de la gestion des équipements scolaires avec les municipalités et les MRC. En plus d’assurer la coordination des ressources humaines et financières sur un territoire donné, la nouvelle C. S. serait une véritable coopérative de services pour l’ensemble des écoles et des centres sur son territoire. Ce seraient les écoles qui décideraient des services communs qu’elles veulent se donner, comme le modèle de la Fédération des écoles privées du Québec. Depuis la naissance des C. S. en 1841, nous avons assisté à une centralisation des pouvoirs à Québec, d’abord par la mise en place du Conseil de l’instruction publique contrôlé par l’Église, ensuite par la création du ministère de l’Éducation. Ensuite, il y eut la mise en place d’une bureaucratie envahissante jusqu’au niveau des écoles avec l’adoption du projet de loi 88. Durant cette période, on a bien tenté de revenir à l’esprit des débuts, de ramener le pouvoir au niveau de l’école et des parents.

Le rapport Parent (1964) préconisait déjà la création de comités scolaires en 1966 et avait déjà entrevu la possibilité que ces comités forment un collège électoral pour élire les commissaires. En fait, le pouvoir doit revenir au niveau des écoles ; les parents et le personnel doivent retrouver une autonomie qui leur permettra de mieux répondre aux besoins de leur milieu. D’autre part, ce sont les écoles qui sont les mieux placées pour définir les services que l’on doit déléguer au niveau régional : la répartition des clientèles, la répartition des services spéciaux ; le plan d’utilisation des bâtiments, etc. Il faut désormais partir des écoles et établir les services qui devraient être offerts régionalement, des services qui peuvent différer selon les besoins de chaque milieu. Si on regarde les instances démocratiques scolaires actuelles, il est difficile de s’y retrouver, car les pouvoirs sont dilués à travers la structure. De fait, le véritable pouvoir appartient au ministère de l’Éducation et aux syndicats.




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Cours en ligne : Introduction à l’histoire politique du Québec


Ce cours de 6 semaines présente une rapide synthèse de l’histoire politique du Québec, de la fondation de Québec de 1608 à la prétendue « Révolution tranquille » de 1960, en passant par la Conquête de 1760 et les rébellions de 1837. Terre d’Amérique, société occidentale, démocratie moderne, le Québec est le produit d’une aventure historique bien particulière dont il s’agira de comprendre, grâce aux éclairages d’éminents historiens, les dates charnières et les principaux jalons. Pour vous guider dans ce voyage dans le temps, Éric Bédard, historien et professeur à la TÉLUQ, et auteur de L’Histoire du Québec pour les nuls (First, 2012).



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Zemmour bat tous les records de vente !


Le Suicide français se vend désormais à plus de 15 000 exemplaires par jour. Plus de 300 000 livres ont déjà été imprimés. Un phénomène !

Dans les jours qui suivirent sa sortie, Le Suicide français, le livre d’Éric Zemmour, se vendait à 5 000 exemplaires par jour. Les thuriféraires du journaliste se rengorgeaient, ses détracteurs affirmaient que passée la vague médiatique qui accompagnait la sortie du livre, les ventes s’essouffleraient rapidement. Quinze jours plus tard, les premiers triomphent et les seconds déchantent. Les 533 pages sont en passe de devenir un phénomène : la semaine dernière, Albin Michel enregistrait entre 15 000 et 20 000 sorties par jour, soit autant de commandes de libraires dévalisés.

« On est en flux tendu, explique-t-on chez l’éditeur. On imprime à tour de bras et on expédie les exemplaires chez les détaillants, on n’a presque pas de stocks ! » Le premier tirage de 120 000 exemplaires a été écoulé en une semaine. Ce sont désormais près de 300 000 Suicide français qui ont été fabriqués ! Et ce n’est pas terminé : les chiffres ne faiblissent pas, incitant les plus optimistes à parier sur un total de 500 000 livres achetés, soit au moins autant que Valérie Trierweiler. Un chiffre faramineux pour un ouvrage au prix de 22,90 euros...


Ces chiffres ne comprennent pas les ventes numériques, soit environ 15 % supplémentaires... En tout, Albin Michel pourrait enregistrer un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros sur ce seul livre. Bref, tous les records sont battus. Derrière le phénomène éditorial, reste à comprendre ce que ce triomphe signifie. Éric Zemmour est-il devenu le porte-voix de cette France qui ne se sent représentée ni par les médias traditionnels, ni par les discours politiques, ni par les intellectuels qui tenaient jusqu’ici le haut du pavé ?

Source : Le Point


Eric Zemmour invité de Jean-Marie le Méné pour Le Suicide français
(1 h 22 sans insulte ni invective)

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Zemmour : « Le Suicide français »






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Les éducatrices en milieu familial travaillent plus qu'en CPE pour un salaire équivalent

Selon la CSQ, les responsables de services de garde en milieu familial sont moins bien payées que les éducatrices en CPE, même si elles font un travail équivalent. La ministre de la Famille, Francine Charbonneau, conteste ces chiffres. Qui dit vrai ? La ministre de la Famille estime que, si l’on calcule la subvention gouvernementale et la contribution quotidienne de 7,30 $ des parents, une responsable en milieu familial reçoit en moyenne 50 000 $ par année.


Francine Charbonneau en arrive à 52 000 $ en ajoutant des subventions additionnelles auxquelles les garderies ont droit, par exemple, pour s’occuper d’enfants en bas âge. Elle estime qu’il y en a toujours un ou deux par garderie. Mais la ministre ne tient pas compte de tout. La responsable en milieu familial doit assumer ses dépenses de fonctionnement, estimées à 13 000 $ annuellement. Et si l’on enlève, comme le fait le syndicat, les retenues pour les avantages sociaux, tels que la caisse de retraite et les assurances collectives, cela donne 30 000 $. Une éducatrice au premier échelon dans un CPE gagne 28 000 $ par année. Au quatrième échelon, la référence utilisée par le syndicat, c’est 30 000 $.

L’entente de service signée par les parents prévoit qu’une garderie en milieu familial subventionnée doit rester ouverte 10 heures par jour, soit 50 heures par semaine. Par contre, une éducatrice en CPE travaille en moyenne 35 heures par semaine. Un salaire équivalent, donc, pour plus d’heures de travail dans une garderie en milieu familial.



Source : Radio-Canada.


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Un examen difficile ? Il suffit de l'abolir !


Devrait-on abolir l'épreuve uniforme de français au cégep, qui donne du fil à retordre à environ 15 % des cégépiens?

C'est la question, selon Le Soleil, que pose Guy Demers, auteur d'un rapport sur le réseau collégial dévoilé lundi, qui estime qu'une «urgente réflexion s'impose». Règle générale, environ 1000 étudiants par année n'ont toujours pas réussi cet examen cinq ans après leur premier essai alors que sa réussite est obligatoire pour décrocher un diplôme d'études collégiales (DEC).

«On assiste à un gaspillage de ressources. Cette épreuve est obligatoire, mais il n'y a rien dans le parcours collégial pour permettre aux élèves qui ont le plus de difficulté de passer l'examen et d'obtenir leur diplôme. Il y a quelque chose qui ne marche pas», affirme M. Demers en entrevue au Soleil.

L'alternative selon Guy Demers

Au cégep, les cours de français sont axés sur la littérature plutôt que la maîtrise de la langue. Il y a bien des centres d'aide pour les élèves qui ont de la difficulté, mais les étudiants qui en ont réellement besoin ne s'y bousculent pas, ajoute-t-il. Pourquoi ?

Devant cette «incohérence», deux choix s'imposent, écrit M. Demers dans son rapport. Il faut assouplir le contenu de la formation générale pour permettre d'y inclure une meilleure formation en français pour ceux qui en ont besoin ou modifier les conditions d'obtention du diplôme, afin que l'épreuve ne soit plus obligatoire.

Guy Demers, ancien directeur du Cégep de Lévis-Lauzon, opte pour le premier scénario. «Il y a une diversité de profils, il faut revoir la formation générale à l'intérieur du DEC, pour mieux répondre aux besoins des étudiants qui arrivent au collège», affirme-t-il en entrevue. Ce dernier rappelle que les étudiants avec des difficultés d'apprentissage sont de plus en plus nombreux à fréquenter le cégep. À nouveau pourquoi ces élèves parviennent-ils au collège sans ces connaissances de base en français ? N'y a-t-il pas d'examens en fin du secondaire ? Si le gouvernement a bien une fonction légitime, c'est de s'assurer que la langue commune du Québec soit connue après 11 années d'école primaire et secondaire avant de délivrer le diplôme d'études secondaires.

Réaction de Mathieu Bock-Côté

La possibilité d'abolir l'épreuve uniforme de français a fait sursauter le chroniqueur et chargé de cours d'université, Mathieu Bock-Côté.
« [...] Une de ces conclusions est la suivante : il faudrait en finir avec l’épreuve obligatoire de français, échouée par 15% des cégépiens. Le message est clair: puisqu’un tel examen révèle nos limites, aussi bien l’abolir! Quand le réel nous déplait, cessons de nous y mesurer! C’est rusé, c’est futé, c’est une manière admirable de pratiquer l’art de l’esquive. Il s’agit simplement d’abolir les épreuves difficiles, et nous pourrons dès lors nous féliciter de ne pas les échouer.

Et pourquoi les cégépiens peinent-ils à réussir leur épreuve uniforme de français, nous dit-on? Notamment parce que l’enseignement du français, au cégep, est axé sur la littérature et non pas sur la simple maitrise de la langue. Ah bon? Mais les étudiants qui sont passés par le primaire et le secondaire ne sont-ils pas supposés arriver au cégep en maîtrisant leur propre langue, le cégep permettant alors de l’approfondir culturellement (et en passant, on apprend bien la langue en lisant les classiques, et non pas en les fuyant)? La nouvelle pédagogie aurait-elle échoué? Ne promettait-elle pas un progrès culturel et intellectuel assuré? Doit-on surtout en comprendre que le cégep devra faire du rattrapage sur le secondaire, et que l’Université sera aussi happée dans cette spirale régressive? On sait qu’à bien des égards, il arrive que ce soit le cas. »
Voir aussi

Épreuve uniforme de français : des résultats à la baisse

Québec — Triplement du nombre d'heures d'anglais en une trentaine d'années

Très forte chute des résultats en lecture pour les élèves québécois francophones entre 2007 et 2010

Québec — Examen de français au rabais en secondaire V ?

Résultats en lecture du français très médiocres, on impose l'anglais intensif de manière « brutale »

Polémique autour d'un examen de français au rabais (mai 2010)

Opinion dirigée pour l'examen de français du Monopole de l'Éducation du Québec

Les futurs enseignants utilisent Facebook pour se passer les questions aux tests de français

Angleterre — école chrétienne menacée de fermeture parce qu'elle n'a pas invité d'imam

École primaire impliquée dans le scandale du « cheval de Troie »
L’organisme responsable de l’inspection des écoles en Angleterre (Ofsted) a averti une école chrétienne de bonne réputation qu’elle allait être déclassée et pourrait même être fermée parce qu’elle n’avait pas invité un représentant d’une autre religion, comme un imam, à conduire l’assemblée de l’école pendant laquelle tous les élèves et le personnel sont réunis.

Selon les autorités, la petite école indépendante située dans les comtés proches de Londres contrevenait aux nouvelles règles destinées à promouvoir les « valeurs britanniques », telles que la liberté individuelle et la tolérance, promulguées dans la foulée du scandale du cheval de Troie. Il s’agissait de lutter contre l’infiltration d’écoles à Birmingham par des groupes islamistes. (Voir encadré ci-dessous).
Cheval de Troie à Birmingham

C’est une lettre fuitée, envoyée par un islamiste à Birmingham à un contact à Bradford, qui a donné l’alerte, raconte le Sunday Times. Le courrier donne des informations sur « Opération Cheval de Troie », un programme ayant pour but le remplacement des directeurs d’écoles publiques à Birmingham, à Manchester et à Bradford par des personnes musulmanes désignées pour les diriger selon un islam orthodoxe, et revendique quatre remplacements déjà effectués.

Mi-avril, un sonneur d’alerte anonyme a donné davantage d’informations au Sunday Times, notamment sur l’école Park View à Birmingham. Il aurait dit entre autres que les enseignants non musulmans sont poussés vers la porte, que les garçons et les filles sont séparés dans les classes, « qu’ils ne sont pas autorisés aux cours d’éducation physique ensemble », qu’ils apprennent aux cours d’éducation sexuelle « que les épouses sont obligées d’assouvir les besoins de leur mari selon la charia... »

Le Sunday Times note qu’à Birmingham, vingt-cinq écoles font l’objet de quatre enquêtes différentes : celle du ministère de l’Éducation, du conseil municipal de Birmingham, de l’inspection scolaire Ofsted et de la police des West Midlands.

Le premier rapport d’enquête, celui du ministère, énumère de nombreux cas où l'islamisme ou le salafisme influençaient le programme ou la vie des écoles. Parmi ceux-ci,
  • La rhétorique anti-occidentale, en particulier anti-américaine et anti-israélienne;
  • Ségrégation - division du monde en nous et eux (tous les non-musulmans et les musulmans qui n'approuvent pas l'interprétation salafiste);
  • Perception d'une conspiration mondiale contre les musulmans;
  • Les tentatives visant à imposer leurs opinions et pratiques sur les autres;
  • L'intolérance à l'égard des différences religieuses ou non;
  • De l'homophobie;
  • Des changements aux programmes de sciences et d'art.

Les détails de cette dernière affaire concernant l'école chrétienne ont été dévoilés dans une lettre envoyée au ministre de l’Éducation, Nicky Morgan, par l’Institut chrétien qui conseille juridiquement l’école.

Ce regroupement prévient que les nouvelles règles visant à lutter contre l’extrémisme ont d’ores et déjà des « conséquences inquiétantes » sur les écoles confessionnelles et forcent les inspecteurs de l’Ofsted à agir d’une façon qui porte atteinte aux valeurs morales de ces écoles.

Cette lettre fait suite à des plaintes de la part d'écoles juives orthodoxes au sujet de récentes inspections durant lesquelles les inspecteurs auraient demandé à des filles issues de milieux traditionnels stricts si on leur avait donné assez de leçons sur le lesbianisme, si elles avaient des petits copains et si elles savaient d’où venaient les bébés.

Dans le dernier cas qui concerne l’école chrétienne, les inspecteurs auraient averti la direction de l’école qui était auparavant considérée comme « bonne » qu’elle serait déclassée à « satisfaisant » parce qu’elle ne respectait pas les normes qui l’obligent à « promouvoir activement » l’harmonie entre les différentes religions, car elle n’avait pas invité de représentant d’autres religions.

Les inspecteurs ont averti l’école que, si elle ne pouvait démontrer comment elle respecterait les nouvelles exigences, une nouvelle inspection plus approfondie aurait lieu et qu’elle pourrait aboutir à la fermeture de l'établissement.

Un document de consultation du gouvernement publié en juin précisait qu’il ne suffisait pas que les enfants se rendent en excursion sur différents lieux de culte pour qu’une école respecte les nouvelles règles.

L’Institut prévoit déjà contester juridiquement les règles en question en faisant valoir que leur adoption pendant les vacances scolaires a été précipitée. Il craint également que ces nouvelles lignes directrices ne servent à réprimer l’enseignement de tout ce qui pourrait être considéré comme politiquement incorrect sur des questions telles que le mariage.

« Il est inquiétant de constater que les nouvelles règles exigent des équipes d’inspection de l’Ofsted qu’elles adoptent un comportement qui ne respecte pas l’éthique religieuse des écoles confessionnelles », de déclarer Simon Calvert, directeur adjoint de l’Institut chrétien.

« Ces nouvelles exigences portent atteinte aux droits des enfants, des parents, des enseignants et des écoles d’exprimer leurs convictions religieuses et de pratiquer leur religion. » Simon Calvert ajoute : « L’Institut chrétien travaille actuellement avec une école chrétienne indépendante qui a vu sa note dégradée par l’Ofsted parce qu’elle ne faisait pas la promotion d’autres confessions. »

« Curieusement, on a dit à cette école qu’elle devrait inviter des représentants d’autres groupes religieux pour diriger les assemblées de l’école et donner des leçons, un imam par exemple. »

Un porte-parole de l’Ofsted a déclaré : « Dans le cadre des nouvelles lignes directrices de l’Ofsted pour l’inspection des écoles, les inspecteurs portent désormais une attention toute particulière au fait que les écoles fournissent un enseignement varié et équilibré à leurs élèves, afin que les jeunes soient bien préparés à la prochaine étape de leur éducation ou au monde du travail et pour la vie dans la Grande-Bretagne d’aujourd’hui. »

« Les inspecteurs évalueront l’efficacité de la formation spirituelle, morale, sociale et culturelle des élèves prodiguée par l’école et la façon dont la direction et la gestion de l’école s’assurent que le programme de l’école (nettement plus libres qu’au Québec) promeuve activement “les valeurs britanniques". »

« Cela comprend, entre autres facteurs, l’acceptation par les élèves de différentes religions et croyances, leur compréhension et l’appréciation par les élèves de la diversité culturelle au sein de l’école et au-delà. »

Sources : Figaro, Courrier International, Daily Telegraph

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Avec la sortie en France de Samba, « comédie » à la gloire des immigrés illégaux et de ceux qui les aident, le cinéma français s’enfonce une nouvelle fois dans un moralisme qui ne date pas d’hier, mais se fait de plus en plus pesant, utilisant la fiction pour changer les mentalités.

Il existe un pays merveilleux où les immigrés ne posent pas le moindre problème, mais ne sont qu’une source incontestable d’enrichissement mutuel ; une contrée enchantée où, tous sans exception ou presque, ils sont gentils, travailleurs, modestes, laïcs, avides de s’intégrer sans rien renier, naturellement, de leurs racines (car tout peut se concilier, la contradiction n’existant pas dans ce pays de cocagne), généreux, chaleureux, ne connaissant de la violence que celle qu’ils subissent de la part d’une minorité d’autochtones aussi racistes que lâches, et d’une police qui s’obstine à les traquer sans raison valable. Ils sont certes un peu truqueurs, brandissent parfois de faux papiers ou des identités fictives, mais ce n’est qu’un hommage à ce pays fabuleux où ils rêvent de vivre pour de bon, et où ils mèneraient une vie paisible si une législation absurde ne persistait à leur refuser l’accueil fervent qu’ils méritent.

Songerie que tout cela, me direz-vous, au regard d’une actualité où chaque jour apporte son lot de nouvelles qui contredisent ce tableau idyllique et nous confirment hélas, de djihadisme en faits divers en passant par des manifestations croissantes d’un communautarisme agressif, que l’intégration paisible de millions d’immigrés d’origine extraeuropéenne relève plus de la douce utopie que de la promenade de santé, quand bien même une majorité d’entre eux la souhaiteraient : ce pays n’existe pas, ne peut pas exister. Eh bien si, ce pays existe : c’est le cinéma français.

S’il abrite heureusement des provinces plus réalistes, où la vie quotidienne est affrontée dans sa complexité, de la Haine à la Désintégration en passant par Pierre et Djemila, notre cinéma national s’est en effet fait le chantre, depuis quelques années, d’une vision hagiographique de l’immigration, visant à sanctifier notamment les clandestins et à culpabiliser les Français qui ne se montreraient pas assez accueillants voire racistes. Sur nos écrans depuis le 15 octobre, Samba, d’Éric Toledano et Olivier Nakache, en fournit une variante exemplaire. Écrit et réalisé par les auteurs d’Intouchables, le film semblait promis à un vaste succès qui, à la manière du récent Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ?, devrait lui permettre de marquer durablement les esprits. Cependant le démarrage de Samba semble avoir été plutôt décevant : il n’arrive qu’en 15e position par nombre d’entrées en première semaine pour l’année 2014.



Samba, c’est le prénom d’un immigré sénégalais (Omar Sy), qui vit en France depuis dix ans, mais n’a toujours pas de papiers. Une demande de régularisation produit l’effet inverse, et réveille l’attention des autorités françaises, qui menacent de l’expulser. Avec un Maghrébin dans le même cas (Tahar Rahim), il s’en sortira grâce à l’aide d’une Française (Charlotte Gainsbourg) investie dans une association de défense des clandestins, et aussi par une pieuse usurpation.



Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? montraient des jeunes femmes exemptes de racisme (les quatre « catholiques » épousant des minorités ethniques). Ce film montrait une France traversée par un racisme superficiel, largement partagé par toutes ses communautés sauf lesdites jeunes femmes, mais très facilement soluble dans un peu de bonne volonté (une bonne messe de minuit, une bonne Marseillaise en commun, et hop ! plus de problèmes d’intégration), Samba offre une vision Bisounours de l’immigration en France où, à part la police, tous les Français de souche trouvent la présence de ces clandestins parfaitement normale, à commencer à nouveau par les femmes, sur qui l’exotisme semble avoir des effets érotiques irrépressibles... (Les deux réalisateurs sont des hommes issus de l’immigration...) À cause de cet idéalisme, le film, bien loin de présenter les aspérités qui faisaient le charme d’Intouchables, s’enlise dans un humour tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil, dégoulinant de bons sentiments et de consensualisme. À force de vouloir nous montrer Samba comme un brave garçon, les cinéastes finissent par en faire un ravi de la crèche, plus ridicule qu’autre chose.

Tout cela ne donnerait qu’un film niaiseux de plus si les scénaristes n’en profitaient pour scander un message implicite : la France est un droit de l’homme, qui ne devrait pouvoir être refusé à personne. Théorie largement partagée dans le milieu du cinéma, comme le prouve encore la lettre ouverte signée en septembre par 80 cinéastes, Josiane Balasko en tête, en soutien à des clandestins — le même collectif avait déjà produit en 2010 un film au titre explicite : On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici !
Le discours immigrationniste du cinéma français ne date pas d’hier, comme le prouve le cas du film d’Yves Boisset, Dupont Lajoie, sorti en 1975 (voir ci-dessous l’analyse d’Éric Zemmour), mais le phénomène se renforce. Actuellement sur les écrans, Papa was not a Rolling Stone ne fait qu’enfoncer un clou sur lequel on n’a cessé de taper ces dernières années : dans des registres différents, Indigènes, La Marche, Neuilly sa mère !, Né quelque part, Michou d’Auber, les Invincibles ont repris ce même refrain — on pourrait allonger à l’infini la liste de ces films, souvent tombés dans l’oubli à cause de leur médiocrité militante subventionnée par les contribuables. Le titre de l’un d’entre eux suffit d’ailleurs à les résumer tous : Welcome, de Philippe Lioret, éloge de la désobéissance civile de ceux qui aident les clandestins. Avec toujours la même méthode : émouvoir à partir d’un cas particulier, pour neutraliser le raisonnement, dans le but plus ou moins avoué de « faire bouger les mentalités ».

Mais l’immigration n’est évidemment pas le seul sujet où s’exercent la bien-pensance cinématographique et ce désir moralisateur d’utiliser la fiction pour formater les esprits et ainsi révolutionner le réel. L’homosexualité en est un autre, de prédilection : après l’avoir pendant des années décrite comme une aventure romantique (de L’Homme blessé de Chéreau, en 1983, aux Nuits fauves de Cyril Collard, en 1992), le cinéma français — mais aussi occidental — emploie maintenant une énergie considérable à nous démontrer qu’elle est d’une banalité totale, et que rien ne distingue un couple homo d’un couple hétéro. D’ailleurs, tout hétéro n’est-il pas un homo qui s’ignore, comme Bernard Campan dans L’Homme de sa vie (2006), ou qui se cache, comme Guy Marchand dans l’Arbre et la Forêt (2008) ? L’hétéro est un homosexuel comme les autres, en quelque sorte...

Comme les autres : tel était justement le titre d’un film-tract (2008) en faveur de l’homoparentalité, qui avait l’air de trouver tout à fait normal que Lambert Wilson et Pascal Elbé manipulent une pauvre clandestine pour récupérer son bébé à leur profit... C’était aussi la philosophie de la Vie d’Adèle, la palme d’or cannoise 2013, qui sans ses scènes lesbiennes torrides n’aurait été qu’une romance d’une banalité à pleurer.

Autre sujet de militance sur la Toile : l’euthanasie et le suicide assisté. Un film emblématique en France sur le sujet : Quelques heures de printemps (2012), qui voyait Vincent Lindon escorter sa mère jusqu’en Suisse pour qu’elle s’y fasse injecter des substances létales. Citons aussi Amour de Michael Haneke, palme d’or à Cannes en 2012 pour ce film qui voyait Jean-Louis Trintignant tuer sa compagne... par amour. Le cinéma québécois a également abordé la question, comme allant de soi, dans Les Invasions barbares de Denys Arcand, film qui a, par ailleurs, des qualités certaines.

Le cinéma bien-pensant aime aussi à « déconstruire » tout ce qui touche à l’identité française. L’histoire de France sera volontiers salie, vue par le petit bout de la lorgnette, calomniée ou ridiculisée — à l’instar de la nouvelle version d’Angélique, où Louis XIV était transformé en un gandin cynique et pleurnichard. Qu’on songe seulement à la guerre d’Algérie qui, en dehors du cas particulier de Pierre Schoendoerffer et de son Honneur d’un capitaine, a presque exclusivement été l’occasion de tableaux à charge, où la dénonciation de l’usage de la torture par l’armée française occupait toute la place, de la Trahison (2005) à l’Ennemi intime (2007) en passant par Mon colonel (2006).


Une exception récente : Des Hommes et des dieux

Le christianisme est naturellement à cet égard une cible de choix : dans le cinéma français, il est dépeint au mieux comme quelque chose de vaguement folklorique, au pire comme une structure perverse et culpabilisante, tandis que les religions des autres sont forcément sympathiques, sincères et chaleureuses. L’Amen de Costa-Gavras (2002), qui peignait l’Église en complice du nazisme génocidaire, est évidemment un sommet de cette cathophobie cinématographique, mais on pourrait en donner bien d’autres exemples — citons seulement Le Moine, avec Vincent Cassel, ou La Religieuse, avec Isabelle Huppert, qui donnaient l’un et l’autre une vision cauchemardesque de la vie monastique. Pourtant, on préférera terminer sur un contre-exemple, qui montre que le cinéma français, quand il veut bien s’en donner la peine, est aussi capable d’une scrupuleuse honnêteté. Car, avec Des Hommes et des dieux (2010), c’est un cinéaste athée, Xavier Beauvois, qui rendait superbement hommage au sacrifice des moines de Tibhirine et à sa force évangélisatrice. Comme quoi même le cinéma français peut abriter, parfois, des miracles.


Dupont Lajoie : veules et lubriques franchouillards contre nobles Maghrébins

Racisme anti-Blanc Dupont Lajoie vu par Zemmour

Dans le Suicide français (Albin Michel), Éric Zemmour analyse des événements symboliques de la déconstruction de la France. Parmi eux, en 1975, la sortie du film Dupont Lajoie d’Yves Boisset, qui ridiculise un couple de Français moyens (Jean Carmet et Ginette Garcin), idiots et odieux, qui poussent l’abjection jusqu’à détourner les soupçons d’un viol commis par le mari en direction d’honnêtes immigrés algériens. Yves Boisset, diagnostique Zemmour, « a voulu dénoncer avec force le rejet de l’Arabe : il a révélé la haine de la bourgeoisie pour le prolétariat ; il a accusé la haine de race et a révélé sa haine de classe. Il a voulu exhumer la xénophobie française et a mis au jour la prolophobie des élites parisiennes. Il a cru mettre en lumière le rejet du bicot, du raton, du bougnoul ; il a affiché son mépris de la canaille, comme disait Voltaire, du beauf, comme dessinait Cabu, de la populace que tuait M.Thiers. Yves Boisset a cru faire un film sur le racisme ; il a en réalité fait un film raciste ».

Sources : Valeurs actuelles, Le Suicide français, Le « Box Office » pour les nuls.

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