Le Québec doit mettre en place un « programme de tarifs de rachat garantis » s'il veut que les énergies émergentes se taillent une place viable sur le marché énergétique québécois. Telle est la recommandation centrale du rapport de l'Équipe spéciale sur les nouvelles énergies renouvelables, dont Québec avait confié la présidence à l'écologiste militant Steven Guilbeault, du groupe Équiterre, à l'été 2009.
Le système de tarifs garantis préconisé par ce rapport a d'abord été institué dans les pays européens, comme l'Allemagne et l'Espagne. Ce système impose aux distributeurs d'acheter leur électricité à prix fixes garantis par la loi pour de longues périodes et d'acheter toutes les quantités d'énergie provenant des technologies émergentes. Bref, d'assurer des subventions massives à long terme. Ces tarifs garantis ont stimulé les productions vertes, entraîné des baisses de prix en raison de la croissance des marchés et fait passer ces pays au premier plan des « producteurs verts » à l'électricité chère et subventionnée.
Exclure l'hydro, la grande éolienne et les économies d'énergie...
Les principales énergies renouvelables émergentes qui seraient subventionnées de la sorte sont les biocarburants (éthanol et biodiesel principalement), le biogaz tiré des déchets ou des fumiers, les biocombustibles comme les granules, les écorces ou les rebuts d'exploitation forestière, les différentes formes d'énergie solaire (photovoltaïque, le solaire thermique actif, la géothermie, les hydroliennes et les petites éoliennes de moins de 300 kW), l'hydrogène et les réseaux de chaleur. L'équipe spéciale a mis de côté la « grande éolienne », qu'il considère comme une « énergie mature » au Québec, au même titre que l'hydroélectricité. Mais il a écarté les économies d'énergie que des consommateurs auraient pu revendre à Hydro-Québec à un prix avantageux, comme on le fait aux États-Unis.
Pour le solaire s'il est rentable, contre des subventions mal placées
Notons d'abord que nous n'avons rien contre le solaire en tant que tel, bien au contraire. Si nous pouvons vraiment produire de l'électricité à moindre coût grâce à cette source d'énergie, c'est une excellente nouvelle. D'après certains, le coût de l'énergie photovoltaïque devrait pouvoir être produite à un prix égal à celui de l'électricité du réseau conventionnel d'ici 2020 (ceci nous apparaît cependant optimiste) principalement par l'industrialisation de la filière et des progrès techniques sur les capteurs et l'électronique. Le problème est de savoir si les Québécois doivent payer aujourd'hui plus cher leur électricité (déjà en grande partie verte grâce à l'hydo) pour subventionner cette filière et à qui profiteraient ces subventions.
La politique allemande de subventions au solaire profite aux Chinois
Comme Équiterre prend comme exemple l'Allemagne et l'Espagne, il est sans doute intéressant de se pencher sur ces pays et voir les résultats de ces politiques de subventions et plus particulièrement dans le domaine de l'énergie solaire.
En principe, l'industrie allemande du solaire et ses salariés devraient pouvoir profiter à plein de la sortie du nucléaire du pays. Or, c'est au scénario inverse que l'on assiste actuellement : heures supplémentaires non rémunérées, contrats intérimaires au détriment de postes fixes, licenciements... Et le grand gagnant de l'énergie solaire subventionnée par l'Allemagne semble avoir été la Chine...
Des entreprises comme Suntech et Yingli dominent désormais le marché mondial du photo-voltaïque. Les Chinois génèrent déjà près de la moitié des ventes mondiales et près de 60 pour cent des bénéfices dans l'industrie, selon une étude réalisée par le cabinet de conseil en gestion PRTM. Cela place le Chinois parmi les « grands gagnants » de la dernière année, conclut l'étude. Huit entreprises de Chine et Taïwan sont sur parmi les dix joueurs les plus dynamiques dans l'industrie. Il n'ya plus de sociétés allemandes sur la liste, toutefois.
Cela signifie que la concurrence chinoise est aujourd'hui nettement plus susceptible de bénéficier des milliards investis dans les tarifs de rachat en Allemagne que les producteurs nationaux. Les consommateurs d'électricité allemands subventionnent donc massivement les producteurs chinois de panneaux solaires. Selon l'Institut rhénan pour la recherche économique, la moyenne des ménages allemands verse environ 123 € < par an pour subventionner l'électricité verte.
Le photovoltaïque est de loin la méthode la plus coûteuse et la plus inefficace de production d'énergie. Il consomme des milliards, et pourtant il produit seulement 2 pour cent des besoins énergétiques de l'Allemagne. Un programme de conservation de l'électricité serait au moins aussi rentable et nettement moins cher.
Les producteurs de panneaux solaires chinois bénéficient également du soutien de leur gouvernement. Mais la Chine ne favorise pas l'industrie via les consommateurs — elle aide directement les entreprises. Le pays finance le développement de grandes capacités de production, qui permettent aux fabricants de réduire davantage leurs coûts.
Faillites dans le domaine solaire
Le vétéran allemand du solaire, le groupe Solon, est devenu le 15 décembre 2011, la première grosse faillite du secteur solaire en Allemagne. Le groupe déjà en difficulté, qui avait fermé une usine aux Etats-Unis, vient d'annoncer qu'il avait échoué à conclure un accord avec ses banques créancières et de potentiels investisseurs, et s'est déclaré en faillite, espérant pouvoir se restructurer à l'issue du processus. Selon la presse, elle aurait accumulé plus de 400 millions d'euros de dettes.
Pour les analystes, Solon risque fort d'être la première d'une série de faillites dans l'industrie solaire allemande et européenne.
C'est aussi la première qui frappe un groupe solaire allemand coté. Solon avait été en 1998 le premier fabricant allemand de panneaux photovoltaïques à entrer en Bourse.
Une semaine plus tard, l'entreprise allemande spécialisée dans l'énergie solaire thermique Solar Millenium a également annoncé qu'elle déposait son bilan. Solar Millenium, basé dans le sud de l'Allemagne et qui comptait un peu plus de 300 salariés en avril 2011, a expliqué être à court de liquidités en raison de retards pris dans des projets aux États-Unis et dans le financement d'un grand projet de centrale solaire en Espagne.
Il ne s'agit pas des seuls groupes allemands menacés par la chute des prix des panneaux, résultat de la concurrence asiatique et du ralentissement du marché allemand et européen : ses compatriotes Q-Cells, Solarworld (qui a fermé deux sites), Phoenix Solar et Conergy sont, de l'avis des analystes, également tous très menacés.
La situation n'est guère meilleure de ce côté de l'Atlantique : déjà trois groupes solaires américains ont mis la clé sous la porte, en tête Solyndra, pourtant très richement financé par le gouvernement américain et de grands fonds privés, mais aussi Evergreen Solar et SpectraWatt. Le leader First Solar vient de réviser ses prévisions à la baisse et annoncé des suppressions d'emplois et de nombreux grands groupes ralentissent leur production.
Les industriels estiment que seule une poignée de grands acteurs survivront à la guerre des prix, et même chez les producteurs chinois, la guerre de prix fait de tels ravages que la moitié d'entre eux aurait déjà fermé, selon une récente étude parue dans la presse chinoise. Les États-Unis envisagent eux d'imposer des taxes douanières sur les panneaux chinois pour protéger leurs fabricants locaux.
Fin des subventions au solaire
Berlin a réduit ses subventions à l’industrie solaire, le gouvernement ayant pris clairement parti pour l’éolien dans sa nouvelle politique énergétique et ciblé ses subventions vers cette industrie. De nouvelles usines ne devraient donc plus être financées à partir de juillet 2012, lorsque la capacité nouvellement installée en Allemagne atteindra la limite de 1 000 mégawatts.
Le pionnier BP se retire du solaire
Le soleil vert de BP |
Les dirigeants de BP reconnaissent que la décision a été difficile à prendre. Mais ils ont tranché et annoncé la nouvelle à leur personnel avant de l'officialiser le 20 décembre 2011 : le groupe britannique va sortir du marché de l'énergie solaire. La filiale BP Solar, qui employait 900 personnes en début d'année, va être fermée, et ses actifs seront cédés.
BP était pourtant l'un des pionniers de l'aventure solaire. Dans ses présentations, BP Solar se targue d'avoir « quarante ans d'expérience » dans ce domaine, et d'avoir vendu au fil du temps des installations représentant plus de 1.300 mégawatts dans quelque 160 pays.
En 2001, le groupe avait même abandonné le nom de British Petroleum pour se rebaptiser « Beyond Petroleum » (« Au-delà du pétrole »), insistant sur son engagement dans le solaire, l'éolien, les biocarburants, etc. Il avait alors promis d'équiper l'intégralité de ses stations-service de panneaux solaires.
En 2000, il se situait déjà au deuxième rang mondial des fabricants de cellules photovoltaïques.
Mais face à la concurrence chinoise et au durcissement du marché, BP Solar a fermé peu à peu l'essentiel de ses activités de production, notamment aux États-Unis et en Espagne, pour se concentrer sur la réalisation de projets à partir de modules fabriqués par d'autres.
Mais jugeant impossible d'atteindre des niveaux de rentabilité corrects dans ce nouvel environnement, la direction de BP a préféré tirer un trait définitif sur cette diversification. Tout en maintenant sa présence dans les autres énergies vertes.
Côté pétrole, en revanche, les nouvelles sont plutôt positives pour BP. Le groupe a décroché récemment les droits sur cinq nouveaux blocs d'exploration en eaux profondes au large de l'Angola, où il compte investir en masse ces prochaines années. Ses rivaux Statoil, Total, ConocoPhillips, Cobalt International, ENI et Repsol ont également obtenu des permis. L'enjeu est majeur : l'Angola est déjà l'un des grands pays producteurs d'Afrique, et les experts estiment que la structure géologique des fonds marins pourrait être similaire à celle, très prolifique, identifiée au large du Brésil.
Difficultés dans l'éolien allemand
Confrontés à leurs difficultés, les anciens rois du soleil se consoleront peut-être du fait que leurs homologues dans l'éolien sont également aux prises à de graves difficultés.
L'éolien est également subventionné en Allemagne et il connaît des ratés importants dans le raccordement des éoliennes au large d'Héligoland dans la Mer du Nord, un des sites les plus venteux d'Europe, au réseau continental à 85 km de là. Nordex, l'un des pionniers dans l'industrie, a plongé dans le rouge au premier semestre de l'année 2011, le forçant à éliminer plus de 100 emplois et à réduire ses coûts de 50 M € (70 M $). En 2010, les fabricants d'éoliennes allemands dans leur ensemble ont vu baisser les revenus et d'emplois pour la première fois.
Difficultés dans l'éolien allemand
Confrontés à leurs difficultés, les anciens rois du soleil se consoleront peut-être du fait que leurs homologues dans l'éolien sont également aux prises à de graves difficultés.
L'éolien est également subventionné en Allemagne et il connaît des ratés importants dans le raccordement des éoliennes au large d'Héligoland dans la Mer du Nord, un des sites les plus venteux d'Europe, au réseau continental à 85 km de là. Nordex, l'un des pionniers dans l'industrie, a plongé dans le rouge au premier semestre de l'année 2011, le forçant à éliminer plus de 100 emplois et à réduire ses coûts de 50 M € (70 M $). En 2010, les fabricants d'éoliennes allemands dans leur ensemble ont vu baisser les revenus et d'emplois pour la première fois.
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