samedi 9 décembre 2023

Anne Coffinier : « Face à l'effondrement culturel, on peut vraiment compter sur les écoles indépendantes »


En France, il faut bien le reconnaître, malgré tout l’argent qu’on y consacre, l’Éducation nationale ne fonctionne plus : harcèlement, violences physiques, effondrement du niveau académique des élèves, endoctrinements…

➤ Je ne prendrai que l’exemple de la lecture. L’enquête PIRLS publiée en mai 2023 montre que les petits Français de CM1 ont un niveau de compréhension de ce qu’ils lisent inférieur à la moyenne européenne : avec un score de 514 points, la France se situe en dessous de la moyenne européenne qui est de 527 points. 

➤ Les tests des jeunes de 16-25 ans qui effectuent la Journée de défense citoyenne ont montré que 21% d’entre eux ont de lourdes difficultés pour comprendre ce qu’ils lisent, et 11% sont même incapables de lire. 

La bonne nouvelle, c’est que face à cela, partout en France, des hommes et des femmes refusent de se résigner à cet effondrement culturel et se mobilisent pour créer des écoles vraiment libres.

Ces écoles sont indépendantes de l’Éducation nationale avec laquelle elles n’ont pas passé de contrat. Elles sont contraintes de se financer par elles-mêmes, mais elles peuvent recruter soigneusement leurs équipes et choisir leurs méthodes pédagogiques par rapport au besoin réel des enfants. Des relations de confiance et de respect se construisent entre les familles et ces écoles qui, bien souvent, changent la vie des enfants ayant la chance d’y être scolarisés. 

Les fondateurs et fondatrices de ces écoles sont vraiment courageux, mais accablés de difficultés de tous ordres : inspections à répétition, problèmes financiers, surenchère des normes de construction, risques juridiques difficiles à anticiper…

Certes indépendantes, les écoles vraiment libres ne doivent pas être laissées seules face aux difficultés administratives et judiciaires. Elles contribuent au bien commun. Elles doivent être soutenues. 

C’est pourquoi notre association Créer son école se tient fidèlement à leurs côtés depuis 20 ans.

Notre directrice juridique, Guyonne, est joignable 24h/24. Elle s’appuie sur un solide réseau d’avocats spécialisés. Elle aide notamment les écoles à se préparer aux inspections académiques et les conseille pour la rédaction de leurs documents administratifs. 

      ➝ Ainsi, cette année, elle a préparé 17 écoles aux inspections. 

Créer son école pilote et finance des recours contentieux pour défendre les droits et libertés des écoles. 

      ➝ Ainsi, nous agissons actuellement pour que les candidats au bac ne soient pas discriminés par l’Éducation nationale. C’est un diplôme national et tous les candidats, d’où qu’ils viennent, devraient pouvoir le passer dans des conditions égales. Or ce n’est pas le cas. Nos élèves ont 20 épreuves à passer sur deux ans, tandis que ceux de l’Éducation nationale n’en ont que 6 et valident tranquillement les autres matières au contrôle continu.

Nous concevons et mettons à la disposition des écoles des guides juridiques de droit social, de droit administratif, des contrats types et un kit juridique au service de leur sécurité juridique. À l’écoute de leurs besoins concrets, nous organisons des formations et accompagnements sur mesure, en allant sur le terrain pour être au plus près de leurs attentes.

      ➝ Ainsi, Alban, notre responsable réseau, s’est rendu dans 130 écoles cette année pour construire avec elles des plans de renforcement de leurs capacités et leur permettre d’être toujours plus robustes.

Pour motiver et soutenir moralement les écoles, nous organisons chaque année les Rencontres nationales de directeurs et directrices d’école indépendante. 

      ➝ Le 23 octobre dernier, nous avons ainsi réuni pas moins de 150 directeurs et experts à Paris pour une journée mémorable, au cours de laquelle les directeurs ont pu partager leur quotidien, échanger sur leurs expériences, trouver des solutions ensemble. À titre d'exemple, l’un de nos partenaires a pu leur présenter un outil révolutionnaire destiné à faire reculer la dyslexie.

Cet événement est la seule rencontre nationale de directeurs libres qui existe aujourd'hui en France, et elle a rencontré un succès fantastique.


Depuis la création de Créer son école, nous avons accompagné plus de 900 établissements scolaires par nos conseils, 700 par nos formations, 95 par nos dons. 

Et chaque année, grâce à Laurent, ce sont aussi des dizaines d’écoles qui reçoivent gratuitement des milliers de livres d’occasion pour permettre aux enfants d’accéder à la littérature française classique qui fait notre culture commune et nourrit leur maîtrise et leur amour de la langue française.

C’est pourquoi je vous le demande aujourd’hui : pouvez-vous nous aider à continuer à soutenir et défendre ces écoles indépendantes en faisant un don à l’association Créer son école ? 

Votre don permettra d’insuffler le courage et d’apporter le soutien technique, pédagogique ou juridique indispensable aux écoles. Des enfants, grâce à vous, retrouveront le sourire et verront leur vie transformée. Votre don contribuera à préparer une France de demain qui soit cultivée et responsable.

Faire un don à Créer son école

Les recettes de l'Estonie, première de la classe en Europe, autonomie des écoles, discipline et respect

L'Estonie, qui compte 1,3 million d'habitants, arrive en tête des pays européens au classement Pisa, et à la quatrième place au niveau mondial. D'excellents résultats qui découlent d'un système très différent du nôtre, comme le détaille Kristina Kallas, ministre de l'Éducation estonienne.

Rentrée des classes à Tallinn (anciennement Réval en français) en Estonie


L'Estonie arrive en tête du classement, quel est votre secret ?

KRISTINA KALLAS. Tout repose, selon nous, sur le processus d'apprentissage. En Estonie, les écoles comme les enseignants ont beaucoup d'autonomie, à la fois dans leur façon d'enseigner mais aussi dans leur fonctionnement. Ce sont eux qui connaissent le mieux les élèves, et c'est notre force. Le ministre de l'Éducation n'a que très peu de pouvoir de décision. Ce ne sont pas les bureaucrates ou le ministère qui disent comment apprendre les maths aux enfants. Nous ne donnons pas, par exemple, les livres à étudier, ni les programmes à suivre. En revanche, nous avons des attendus très ambitieux sur les compétences que doivent maîtriser les élèves selon leur âge.

Chez vous, pas de réforme de l'enseignement ?


Certains principes n'ont pas changé depuis des décennies, c'est le cas de l'autonomie qui est fondamentale et qui n'a jamais été remise en cause. Les enseignants touchent le salaire moyen estonien, et ils sont très respectés dans la société. Même si cela change, comme ailleurs. Il y a une pression des parents mais nous les impliquons dans l'école pour qu'ils aident les élèves à atteindre les objectifs.

Les mathématiques sont-elles une discipline majeure de l'enseignement ?


En 6e, il y a quatre heures de maths par semaine, et en 5 e et 4 e, c'est plutôt cinq heures. Mais ceci est une moyenne. Encore une fois, chaque collège et chaque enseignant sont libres d'utiliser certaines heures pour d'autres matières, étudier la presse ou faire davantage de mathématiques.

L'école n'est pourtant obligatoire qu'à partir de 7 ans...

Nous sommes le pays d'Europe où l'école obligatoire commence le plus tard, en effet. Mais l'importance n'est pas le nombre d'années que vous passez à l'école, c'est comment vous apprenez. La preuve : à 15 ans, nos élèves ont tout à fait le niveau. Nous sommes aussi l'un des pays où il y a le moins de jours de classe par an : 175 en moyenne. De même, les journées terminent généralement vers 14 heures ou 15 heures. Le nombre d'élèves par classe est limité par la loi à 24 en primaire. Mais il est exceptionnel d'atteindre ce chiffre, cela doit arriver uniquement dans des écoles de la capitale, Tallinn. En moyenne, nous sommes à 18 élèves par classe. Au lycée, les classes sont de maximum 36 élèves, mais la plupart des enseignements se font en demi-groupes. L'une de nos forces, c'est que nous ne faisons pas de groupes de niveau, tous les élèves sont dans la même classe, il y a très peu de séparations des plus faibles qui sont entourés d'élèves qui les stimulent.

Le numérique a-t-il une grande place à l'école ?


Le numérique n'est pas magique, c'est un outil comme un autre. Nous ne parlons pas de marque de tablette mais seulement des compétences que cela peut apporter aux élèves et ce que ça peut apporter en termes d'enseignement aux professeurs. Nous avons commencé à travailler sur les compétences numériques il y a cinq ans, en proposant aux enseignants d'y être formés. Ainsi, quand ils ont dû donner des cours en ligne au moment de la pandémie de Covid, en 2020, ils ont su faire et ils avaient le bagage pédagogique. Il en va de même avec l'intelligence artificielle, elle ne doit pas être bannie de l'école mais il faut voir quels outils pédagogiques elle peut apporter. Cela peut, par exemple, donner le temps au professeur pour faire de la pédagogie individualisée. Je ne crois pas qu'il faille réguler son utilisation mais garder un esprit ouvert sur tout ce que cela peut nous apporter.



Source : Le Parisien