jeudi 23 novembre 2023

Le taux de natalité du Canada en chute libre

Le taux de natalité au Canada continue de chuter à des niveaux historiquement bas — une tendance qui pourrait être liée au prix exorbitant des logements pour les jeunes désireux de fonder une famille. Augmentation des prix liée à l’augmentation rapide de la population immigrée au Canada.

Statistique Canada a confirmé la semaine dernière que 351 679 bébés sont nés en 2022, soit le plus faible nombre de naissances vivantes depuis les 345 044 naissances enregistrées en 2005.

Cette disparité est d’autant plus notable que le Canada ne comptait que 32 millions d’habitants en 2005, contre 40 millions fin 2022. En 2005, le taux de fécondité du Canada était déjà historiquement bas, avec 1,57 naissance par femme. Mais au vu des chiffres de 2022, ce taux de fécondité a chuté à 1,33.

La future famille canadienne ? Quatre grands-parents, 2,66 parents (à 1,33 enfant/femme) et 1,76 petit-enfant ?

Naissances depuis 2005.

Depuis des décennies, les taux de fécondité baissent dans l’ensemble des pays développés, mais la baisse récente au Canada a été si marquée que Statistique Canada a averti que si les tendances actuelles se poursuivent, le Canada pourrait bientôt se classer parmi les pays où le taux de fécondité est le plus bas de la planète.

« Le Canada pourrait rejoindre les pays ayant les taux de fécondité les plus bas… une situation associée à un vieillissement rapide de la population et à une pression accrue sur le marché du travail, les soins de santé publique et les systèmes de retraite », a écrit l’organisme statistique en mai 2022.

Le club des pays ayant le taux de fécondité le plus bas comprend tous les pays dont le taux de fécondité est inférieur à 1,3 enfant par femme — un groupe qui comprend le Japon, l’Italie, la Corée du Sud et la Chine.

La principale différence entre le Canada et ces pays réside toutefois dans son taux d’immigration élevé. Ainsi, alors que des pays comme l’Italie et la Chine prévoient un déclin structurel de leur population dans les décennies à venir, le Canada prévoit une augmentation de sa population pour atteindre 50 millions d’habitants d’ici 2043, augmentation qui sera composée presque exclusivement de nouveaux arrivants. Cependant, cette dernière « solution » crée ses propres problèmes, car il sera difficile d’absorber culturellement un si grand nombre d’immigrants et de fournir les nombreux services éducations, sociaux et de soins de santé qui seront nécessaires pour ne pas parler des logements. On pourrait même dire que cette immigration de masse aggrave les problèmes démographiques en empêchant les jeunes familles nées au pays d’acquérir un logement assez grand pour accueillir un ou plusieurs enfants.

Quant à savoir pourquoi les Canadiens abandonnent plus rapidement que jamais l’idée d’élever leurs enfants, Statistique Canada a laissé entendre que la montée en flèche du coût des logements y était probablement pour beaucoup.

Dans une enquête publiée le mois dernier, l’agence a constaté que plus d’un tiers des jeunes Canadiens renonçaient à leurs projets familiaux pour des raisons purement financières. Statistique Canada a constaté que 38 % des Canadiens âgés d’une vingtaine d’années « ne pensaient pas pouvoir se permettre d’avoir un enfant au cours des trois prochaines années », et qu’à peu près le même nombre (32 %) doutait de pouvoir trouver un « logement convenable » pour s’occuper d’un bébé.

Notons que nous pensons que les raisons pour ne pas avoir d’enfants ou peu d’enfants sont complexes et ne se résument pas simplement au prix du logement, c’est ainsi qu’Israël est le seul pays « occidental » avec une assez forte natalité a des loyers très chers. (voir  En Israël, le taux de fécondité en 2022 était de 3 enfants par femme [1,49 au Québec ; 1,80 en France ; 1,39 en Suisse et 1,53 en Belgique])

Parmi les autres raisons que le prix du logement actuel, on peut citer comme éléments qui détermine le nombre d’enfants : la longueur des études comme jeune adulte, la carrière vue comme plus importante que la famille, l’urbanisation croissante de la population, la politique fiscale du pays, les valeurs véhiculées par l’État, les médias, etc.

Cette tendance au report des naissances s’est manifestée pour la première fois pendant les périodes de confinement du COVID-19, lorsqu’un Canadien sur quatre en âge de procréer a fait part de son intention de retarder la naissance d’un enfant ou d’avoir moins d’enfants en raison des incertitudes créées par la pandémie.

Lorsque la fin de la pandémie a coïncidé avec des hausses massives des loyers, des prix du logement et d’autres coûts de la vie, il semble que cela n’ait guère contribué à dissuader les adeptes du « report des enfants ».

Le résultat net — qui apparaît déjà dans les sondages — pourrait bien être une génération de Canadiens contraints d’avoir moins d’enfants qu’ils ne le souhaitaient et regrettant de ne pas pouvoir en avoir davantage.

Une enquête menée en janvier par le groupe Angus Reid a demandé aux femmes de comparer la taille idéale de leur famille à sa taille réelle, et a conclu que la femme canadienne moyenne atteignait la fin de ses années fécondes avec 0,5 enfant de moins que ce qu’elle aurait voulu.

Les naissances « manquantes » dépassent largement les naissances « excédentaires ». « Près de la moitié des femmes en âge de procréer ont eu moins d’enfants qu’elles ne le souhaitaient », conclut l’étude.

Cette même enquête a également révélé que les enfants — tout comme les maisons elles-mêmes — devenaient de plus en plus un marqueur de richesse.

« Au Canada, contrairement à de nombreux autres pays, les taux de fécondité et les désirs augmentent avec le revenu : les Canadiens les plus riches ont plus d’enfants », peut-on lire dans l’étude.

Plusieurs groupes conservateurs canadiens, comme REAL Women, ont exprimé à plusieurs reprises leurs préoccupations concernant la baisse de notre taux de natalité, mais en vain. Rien n’a été fait.  Que faut-il pour qu’un gouvernement s’attaque à ce problème ? Le gouvernement aurait dû développer des politiques familiales, telles que l’inclusion de crédits d’impôt ou de déductions fiscales et le partage des revenus familiaux à des fins fiscales, plutôt que d’imposer les couples individuellement comme c’est le cas aujourd’hui.   D’autres pays, comme la Hongrie, la Russie et la Chine, s’attaquent au problème de la faible natalité en mettant en œuvre diverses politiques.  Pourquoi alors le Canada fait-il l’autruche se demande REAL Women ?

Le Québec ne fait qu’un peu mieux que le Canada à 1,49 enfant/femme en 2022. Ce taux est en baisse de plus de 3 % pour les huit premiers mois de 2023. 



Voir aussi 

La hausse de l’immigration alimente la hausse des loyers

En Israël, le taux de fécondité en 2022 était de 3 enfants par femme (1,49 au Québec ; 1,80 en France ; 1,39 en Suisse et 1,53 en Belgique)

Québec — Chute des naissances de 3,9 % de 2022 à 2023 pendant les 8 premiers mois alors que la population a crû de 2,34 %

 

La hausse de l’immigration alimente la hausse des loyers

L'inflation ralentit au pays, mais les coûts associés au logement explosent. Les prix des loyers ont grimpé, en moyenne, de 8,2 % d’octobre 2022 à octobre 2023, selon les données diffusées mardi par Statistique Canada. Et la forte immigration au pays ne serait pas du tout étrangère à cette situation.

Il n'y a pas de précédent où le pic d'inflation des loyers a dépassé le pic d'inflation globale, écrivait l’économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion, dans une note d’analyse publiée mardi. À moins qu'Ottawa ne revoie à la baisse ses quotas d'immigration, nous ne nous attendons pas à un grand soulagement pour les 37 % de ménages canadiens qui louent.

De l’avis de Stéfane Marion, le déséquilibre dans le marché du logement est causé par une augmentation sans précédent de la population en âge de travailler. Depuis 12 mois, il s'est ajouté 874 000 personnes à la population active au Canada, une poussée record.

À l'heure actuelle, l’économiste affirme qu’il y a un logement mis en chantier pour 4,2 personnes dans la population en âge de travailler au pays. Historiquement, ce ratio est d'un logement mis en chantier pour 1,8 personne. Dans ces conditions, écrit-il, les gens n'ont d'autre choix que d'augmenter le prix d'un stock de logements locatifs en diminution.
 
C’est pourquoi l’économiste en chef de la Banque Nationale prône une révision des niveaux d’immigration à court terme au pays. Cette crise du logement, amplifiée, selon l’analyse de Stéfane Marion, par la forte poussée démographique, provoque un écart entre les loyers et l’indice général des prix à la consommation qui n’a jamais été aussi élevé depuis 60 ans.

Les hausses de loyer sur 12 mois les plus importantes au pays sont en Nouvelle-Écosse (+ 14,6 %), en Alberta (+ 9,9 %), au Québec et en Colombie-Britannique (+ 9,1 %). Les données de Rentals.ca et Urbanation montrent une hausse importante des loyers sur les appartements à louer. Le prix moyen au Canada en octobre s'établit à 2178 $, en hausse de 9,9 % par rapport à la même période l'an dernier. Les prix des loyers atteignent des sommets, mois après mois.

Loyers, hypothèques, taxes en hausse

En plus des loyers, Statistique Canada affirme que le coût de l'intérêt hypothécaire (+ 30,5 %) fait partie des principaux éléments qui font grimper l’inflation au pays. La hausse des taux d’intérêt à la Banque du Canada a été rapide depuis un an et demi, et les citoyens canadiens en ressentent pleinement les effets.

C’est 45 % de tous les prêts hypothécaires en cours au Canada qui devront être renouvelés d’ici deux ans, expliquait récemment la SCHL, c’est-à-dire 2,2 millions d’hypothèques. Les mensualités moyennes vont croître, dans bien des cas, de 30 à 40 %.

Par ailleurs, les taxes foncières (+ 4,9 %) sont en forte hausse également. L'augmentation des coûts, qui frappe les administrations municipales de plein fouet, entraîne des hausses d’impôt foncier jamais vues en 30 ans. La croissance des taxes, de 4 % au Québec, de 5,3 % en Ontario et de 7,5 % en Colombie-Britannique, est la plus importante depuis octobre 1992.

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