mercredi 24 mars 2021

France — Dans une classe, le pourcentage de prénoms musulmans est en moyenne passé de 1 % en 1960 à 19 % aujourd’hui

Dans un entretien à L’Opinion sur les questions de société, Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise à l’IFOP, déclare :

Dans une classe, le pourcentage de prénoms musulmans est en moyenne passé de 1 % en 1960 à 19 % aujourd’hui. Le droit à la différence, le respect des identités sont fortement affirmés. Depuis les années 1980, nous vivons de facto dans une société multiculturelle, et cela produit deux réactions opposées chez les jeunes. La première ressort de notre sondage [enquête IFOP sur les lycéens publiée le 3 mars] : c’est la règle du « chacun vient comme il est », la pub McDo ! Au nom de quoi, devrait-on imposer un cadre culturel ? Cette attitude est à mettre en relation avec la volonté d’émancipation de l’individu, valeur très forte de cette génération. L’autre réaction, à l’opposé, est résumée dans le slogan frontiste « On est chez nous ! », version actualisée du vieil adage : « À Rome, fais comme les Romains. » C’est l’attitude par exemple d’un Jordan Bardella, et de nombreux jeunes du RN. Génération identitaire a bien trouvé son nom. Mais il est vrai qu’une partie de la jeunesse issue de l’immigration campe elle aussi sur des positions identitaires. Le résultat est que piercing et foulard se mêlent dans le même combat, conséquence mécanique d’une société multiculturelle.

« Avant, on alignait les quartiers de noblesse, aujourd’hui on compte ses canons de différence identitaire »

Le clivage est-il aussi net avec l’écologie ?

La jeunesse grandit objectivement dans un environnement plus dégradé qu’il y a 50 ans, et il peut y avoir un conflit, sur le thème : vous avez vécu comme des nababs, et vous nous laissez une planète saccagée. Une partie de la jeunesse fait le lien avec le mode de vie : si l’on est sensible à l’environnement, on porte un regard critique sur la consommation, on se fait frugal, on boycotte Amazon, etc. Mais une autre partie de la jeunesse est dans l’hyper consommation et une autre encore ne se sent pas responsable des dégâts actuels : j’ai entendu des Gilets jaunes, jeunes actifs, dire : « Vu ce que je gagne, c’est pas moi qui troue la couche d’ozone ! » Dans une interview au Monde, Pablo Servigne, l’une des figures de référence des jeunes écolos, dit que son enfance a été marquée par « la télé, la bagnole et le Nutella ». Aujourd’hui on dirait : Netflix, Amazon et le Nutella. Et la consommation, pour certains, est paradoxalement une façon de se rassurer face à un monde qui change : « Ah, le Mont-Blanc est moins blanc ? Raison de plus pour reprendre du Nutella ! »

Le féminisme est-il aussi générationnel ?

Nous sommes dans une société où l’individu a pris le pas sur toute autre considération. L’universalisme garantissant les mêmes droits pour tous ? Ce modèle est mis à mal. Dans les années 1960 à 1980, l’idée était de faire accéder les femmes au même statut que les hommes. Aujourd’hui, chacun estime son identité agressée. Les plus légitimes sont ceux qui cumulent le plus de points, parce que femmes, « racisées », LGBT, etc. Avant, on alignait les quartiers de noblesse, aujourd’hui on compte ses canons de différence identitaire.

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Plus de 23 % des enseignants de l'Ontario gagnent maintenant plus de 100 000 $

La liste annuelle des les employés du secteur public ayant touché un traitement de 100 000 $ ou plus en 2020 a été publiée vendredi et la croissance du nombre d’enseignants sur la liste est stupéfiante.

De 2019 à 2020, le nombre d’enseignants sur la liste a plus que doublé, passant de 14 757 à 29 902 $.

Le nombre d’enseignants, avant la pandémie, avoisinant les 126 000 équivalents temps plein, soit 23 % des enseignants de l’Ontario qui font partie du club exclusif. Le grand saut est bien sûr survenu pendant la pandémie du COVID-19, alors que de nombreux Ontariens perdaient leur emploi ou perdaient une part importante de leur salaire ou de leurs heures travaillées.

Au plus fort du confinement en avril 2020, le taux de chômage provincial avait plus que triplé, passant de 5,2 % à 17 % avant de retomber à 9,5 % en décembre. Alors que des milliers d’enseignants supplémentaires ont été embauchés pendant la pandémie, d’autres industries n’ont pas eu autant de chance.

Les emplois dans le transport et l’entreposage ont diminué de 13,8 %, les services de soutien au bâtiment de 17,2 % et les services d’hébergement et de restauration de 26,4 %.

Le Canadien moyen travaillant à temps plein gagne 66 000 $ par année selon Statistique Canada, bien moins du salaire moyen des enseignants. En 2018, les représentants du ministère ont estimé le salaire moyen des enseignants à 92 000 $ en Ontario — 92 900 $ pour l’école secondaire et 89 300 $ pour le primaire — des chiffres qui sont sûrement plus élevés maintenant. Il faut ajouter au salaire des enseignants d'autres avantages sociaux : assurance médicale et régime de retraite généreux, sans parler des longs congés scolaires.

En fait, selon les responsables du ministère, le salaire de quelque 63 % des enseignants se situe dans le haut de la grille salariale. Il y a aussi maintenant 30 conseils scolaires à travers la province avec des grilles salariales dont le dernier échelon dépasse 100 000 $ par année, comparativement à seulement 8 conseils en 2019.

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Les enseignants de Montréal votent en faveur d’une grève générale illimitée le 31 mai (ils gagnent moins qu’en Ontario…)