jeudi 13 mai 2021

Covid — New York Times affirme que le CDC a grandement exagéré le risque de contamination à l'extérieur

Un officier de Miami Beach confrontant un homme sans masque l’année dernière. Depuis, la Floride a levé toutes les restrictions sans augmentation des cas.

Lorsque les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains (CDC) ont publié de nouvelles directives le mois dernier pour le port du masque, ils ont annoncé que « moins de 10 pour cent » de la transmission de Covid-19 se produisait à l’extérieur. Les médias de grand chemin (voir ci-dessous pour RFI) ont répété la statistique, et elle est rapidement devenue une description standard de la fréquence de transmission à l’extérieur.

Mais le nombre est presque certainement trompeur.

Il semble basé en partie sur une classification erronée de certaines transmissions Covid qui ont en fait eu lieu dans des espaces clos (comme expliqué ci-dessous). Les fonctionnaires de la CDC ont choisi un point de référence — 10 pour cent — si élevé que personne ne pouvait raisonnablement le contester.

Ce point de référence « semble être une énorme exagération », a déclaré le Dr Muge Cevik, virologue à l’Université de St Andrews. En vérité, la part de la transmission qui s’est produite à l’extérieur semble être inférieure à 1 pour cent et peut être inférieure à 0,1 pour cent, ont affirmé plusieurs épidémiologistes au journaliste du New York Times. Les rares transmissions extérieures qui se sont produites semblent presque toutes avoir eu lieu dans des endroits bondés ou lors de conversations très proches.

Dire que moins de 10 % de la transmission de Covid se produit à l’extérieur revient à dire que les requins attaquent moins de 20 000 nageurs par an. (Le nombre réel dans le monde est d’environ 150.) C’est à la fois vrai et trompeur.

Ce n’est pas seulement une erreur de calcul. C’est un exemple de la façon dont le CDC a du mal à communiquer efficacement et laisse de nombreuses personnes perplexes quant à ce qui est vraiment risqué. Les responsables de la CDC ont accordé une telle priorité à la prudence que de nombreux Américains sont déconcertés par la longue liste de recommandations de l’agence.

Le CDC continue de traiter la transmission à l’extérieur comme un risque majeur. L’agence affirme que les personnes non vaccinées devraient porter des masques dans la plupart des environnements extérieurs et que les personnes vaccinées devraient les porter dans les « grandes réunions publiques » ; les camps d’été (des types de colonies de vacances) devraient obliger les enfants à porter des masques pratiquement « tout le temps ».

Ces recommandations seraient davantage fondées sur la science si près de 10 % de la transmission de Covid se produisait à l’extérieur. Mais ce n’est pas. Il n’y a pas une seule infection à Covid documentée dans le monde en raison d’interactions occasionnelles en plein air, comme croiser quelqu’un dans une rue ou manger à une table proche d’une autre table.

Le mystère de Singapour

Si vous lisez les recherches universitaires que le CDC a citées en défense de la référence de 10 pour cent, vous remarquerez quelque chose d’étrange. Une très grande partie des cas supposés de transmission à l’extérieur se sont produits dans un seul cadre : les chantiers de construction à Singapour.

Dans une étude, 95 des 10 926 cas de transmission dans le monde sont classés comme ayant eu lieu à l’extérieur ; tous les 95 sont des chantiers de construction de Singapour. Dans une autre étude, quatre des 103 occurrences sont classées comme ayant eu lieu à l’extérieur ; encore une fois, tous les quatre proviennent de chantiers de construction de Singapour.

Cela n’a évidemment pas beaucoup de sens. Il semble plutôt s’agir d’un malentendu.

Les données de Singapour proviennent à l’origine d’une base de données gouvernementale de la ville-État. Cette base de données ne classe pas les cas sur les chantiers de construction comme transmission extérieure, a déclaré Yap Wei Qiang, un porte-parole du ministère de la Santé. « Nous ne les avons pas classés selon qu’ils se sont produits à l’extérieur ou à l’intérieur », a déclaré Yap au correspondant du New York Times. « Cela aurait pu être une transmission à l’air libre sur le chantier ou cela aurait pu se produire à l’intérieur des bâtiments de construction. »

Le correspondant du New York Times a poussé ses recherches, il a découvert des raisons de penser que bon nombre des infections pouvaient s’être produites à l’intérieur. Sur certains des chantiers de construction où Covid s’est répandu — comme un complexe pour la société financière UBS et un projet de gratte-ciel appelé Project Glory — les enveloppes en béton des bâtiments ont été en grande partie achevées avant le début de la pandémie. (Cette vidéo de Project Glory a été tournée plus de quatre mois avant que le premier cas de Covid ne soit signalé à Singapour.)

Singapour est chaud toute l’année, aussi les travailleurs auraient cherché l’ombre des espaces clos pour tenir des réunions et déjeuner ensemble, a déclaré Alex Au de Transient Workers Count Too, un groupe de défense des droits des travailleurs temporaires. Les électriciens et les plombiers auraient travaillé en contact particulièrement étroit.

Les écoles sont-elles à l’extérieur ?

Pourquoi, alors, les cas de Singapour ont-ils été classés comme ils l’ont été ?

Quand les chercheurs ont commencé à collecter des données Covid du monde entier, beaucoup ont choisi de définir les espaces extérieurs de manière très large. Ils ont estimé que presque tous les lieux qui étaient un mélange de l’extérieur et de l’intérieur étaient à l’extérieur.

« Nous avons dû nous contenter d’une classification pour les chantiers », de déclarer Quentin Leclerc, chercheur français et co-auteur de l’un des articles analysant Singapour, « et nous avons finalement opté pour une définition extérieure large. » Un autre article, publié dans le Journal of Infection and Public Health, ne classait que deux lieux comme étant à l’intérieur : « les logements de masse et les établissements résidentiels ». Tous ces lieux furent considérés comme étant à l’extérieur : « bureau, soins de santé, éducation, événements sociaux, voyages, restauration, loisirs et achats ».

On peut comprendre pourquoi les chercheurs ont préféré une définition large. Ils voulaient éviter de manquer des cas de transmission à l’extérieur et de suggérer ainsi, à tort, que l’extérieur était plus sûr qu’il ne l’était en réalité. Mais ce choix avait un gros inconvénient : les chercheurs ont compté de nombreux cas de transmission à l’intérieur comme ayant eu lieu à l’extérieur.

Et pourtant, même avec cette approche, ils ont constaté qu’une infime partie de la transmission totale avait eu lieu à l’extérieur. Dans le document contenant 95 cas s’étant prétendument produits à l’extérieur à Singapour, ces cas représentaient néanmoins moins de 1 pour cent du total. Une étude irlandaise, qui semble avoir été plus précise sur la définition du plein air, a estimé la part de cette transmission à 0,1 %. Une étude de 7 324 cas en Chine a révélé un seul cas de transmission en plein air, lors d’une conversation entre deux personnes.

« Je suis sûr qu’il est possible que la transmission se produise à l’extérieur dans les circonstances appropriées », de dire le Dr Aaron Richterman de l’Université de Pennsylvanie, « mais si on devait chiffrer ce risque, je dirais beaucoup moins de 1 %. . »

L’approche scientifique britannique

Le journal du New York Times a demandé au CDC. comment cela pourrait justifier le taux de référence de 10 %. Un responsable a envoyé cette déclaration :

Les données sur la transmission à l’extérieur sont rares. Les données dont nous disposons soutiennent l’hypothèse selon laquelle le risque de transmission à l’extérieur est faible. 10 pour cent est une estimation prudente d’une récente étude systématique d’articles évalués par des pairs. Le CDC ne peut pas fournir le niveau de risque spécifique pour chaque activité dans chaque communauté et pèche par prudence lorsqu’il s’agit de recommander des mesures pour protéger la santé. Il est important que les personnes et les communautés tiennent compte de leurs propres situations et risques et prennent les mesures appropriées pour protéger leur santé.

Pécher par prudence — en exagérant les risques de transmission à l’extérieur — peut sembler avoir peu d’inconvénients. Mais cela a contribué à la confusion générale du public sur ce qui compte vraiment. Certains Américains ignorent les directives élaborées du CDC et abandonnent leurs masques, même à l’intérieur, tandis que d’autres continuent de harceler les gens qui se promènent à l’extérieur sans masque. C'est aussi la raison pour laquelle les masques ont été imposés lors de compétitions athlétiques.

Pendant tout ce temps, les preuves scientifiques pointent vers une conclusion qui est beaucoup plus simple que le message du CDC : les masques sont importants à l’intérieur, mais importent peu à l’extérieur.

Les autorités sanitaires britanniques, notamment, semblent l’avoir compris. Alors qu’elles ont été draconiennes pour ce qui est des mesures imposées dans les lieux clos, à l’extérieur, cependant, les masques restent très rares en Grande-Bretagne.

Cela ne semble certainement pas poser de problèmes. Depuis janvier, les décès quotidiens de Covid en Grande-Bretagne ont diminué de plus de 99 %.

Source : New York Times.

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Le théologien Guilbeault s'embrouille dans sa volonté de bannir « la haine » de l'internet

(Ottawa) Alors qu’à Ottawa, les conservateurs continuent de s’opposer au projet de loi C-10, les élus à Québec ont adopté sans tambour ni trompette une motion unanime (le Québec en est un spécialiste) affirmant l’appui de l’Assemblée nationale aux mesures proposées par cette réforme de la Loi sur la radiodiffusion, mais apparemment uniquement parce que ce projet protégera le contenu québécois (francophone) sans mentionner de réserves sur les aspects liberticides potentiels de ce projet de loi.

Dimanche, Guilbeault a déclaré dans une interview à CTV que le projet de loi conférerait au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) le pouvoir de règlementer  les comptes YouTube qui rapportent de l’argent ou qui comptent des millions de téléspectateurs. Il est revenu sur cette déclaration à CTV que ce n’était pas le cas et qu’il s’était exprimait de façon « peu claire » lors de l’entrevue. Alors que le projet de loi, qui octroie au CRTC le pouvoir de réguler le contenu canadien sur des plateformes numériques comme Netflix, a été déposé en novembre, la controverse sur son impact sur la liberté d’expression n’est apparue qu’il y a seulement quelques semaines. C’est alors que le gouvernement a supprimé un amendement qui exemptait auparavant de la réglementation du CRTC le contenu produit par des particuliers.

En réponse à ces menaces, Jordan Peterson qui a près de 3,7 millions d’abonnés sur YouTube (1 million de plus que la CBC) a défié Trudeau de réglementer son compte YouTube :


Ignorant cette controverse importante, la motion, déposée par la députée solidaire Catherine Dorion, invitait l’Assemblée nationale à rappeler « que la production culturelle québécoise et sa spécificité sont menacées par l’absence d’encadrement des grandes plateformes de contenu en ligne comme Netflix ou Spotify ».

Elle visait aussi à reconnaître que « l’actuel projet de loi C-10 […] constitue une avancée significative pour la protection et la promotion de la culture québécoise et que, par conséquent [l’Assemblée nationale] affirme son appui aux mesures proposées par ce projet de loi ».

Enfin, elle exigeait que le gouvernement canadien réglemente les plateformes numériques de façon stricte et de façon à assurer « une large part » de contenu francophone. 

Québec solidaire a fait envoyer par le président de l’Assemblée nationale du Québec le texte de la motion au ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, ainsi qu’à tous les chefs de partis d’opposition fédéraux. L’appui des 125 élus québécois s’ajoute à la liste grandissante des acteurs des milieux culturels et des communications qui se mobilisent en faveur de l’adoption du projet de loi C-10 qui cause la controverse à Ottawa depuis plusieurs jours et qui embarrasse le ministre Guilbeault.

Transcription du « débat » parlementaire :

Reconnaître que le projet de loi fédérale modifiant la Loi sur la radiodiffusion constitue une avancée pour la protection et la promotion de la culture québécoise et affirmer l’appui de l’Assemblée aux mesures proposées par ce projet de loi

Mme Dorion — M. le Président, je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la motion suivante conjointement avec la ministre de la Culture et des Communications, la députée de l’Acadie, le chef parlementaire du troisième groupe d’opposition et la députée de Marie-Victorin :

« Que l’Assemblée nationale rappelle que la production culturelle québécoise et sa spécificité sont menacées par l’absence d’encadrement des grandes plateformes de contenu en ligne comme Netflix ou Spotify ;

« Qu’elle souligne l’importance des nombreuses représentations faites de longue date par le Québec pour défendre son droit à l’exception culturelle, notamment auprès de l’UNESCO et du gouvernement canadien ;

« Qu’elle reconnaisse que l’actuel projet de loi C-10 déposé à la Chambre des communes, qui vise à assurer une contribution des grandes plateformes en ligne à la production culturelle canadienne et québécoise ainsi qu’une assurance de découvrabilité de ce contenu culturel sur ces plateformes, constitue une avancée significative pour la protection et la promotion de la culture québécoise et que, par conséquent, elle affirme son appui aux mesures proposées par ce projet de loi ;

« Qu’elle exige du gouvernement canadien qu’il réglemente strictement ces plateformes, afin d’assurer une large part de création, de production et de présentation d’émissions originales de langue française pour la protection et la promotion de la culture québécoise et que, par conséquent, elle affirme son appui aux mesures proposées par ce projet de loi ;

« Qu’elle exige du gouvernement canadien qu’il réglemente strictement ces plateformes, afin d’assurer une large part de création, de production et de présentation d’émissions originales de langue française, comme demandé par de nombreux acteurs [du] milieu de la culture et des communications aux Québec ;

« Qu’elle exige du gouvernement fédéral qu’il respecte les compétences législatives et les interventions du Québec dans ce domaine ;

« Que l’Assemblée nationale rappelle l’existence d’un consensus politique historique en faveur du rapatriement au Québec de tous les pouvoirs en matière de culture et de communications et de tous les budgets fédéraux en culture et communications selon la proportion historique du Québec et qu’elle demande au gouvernement du Québec de travailler en ce sens. »

Le Président — Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion ?

M. Jolin-Barrette — Consentement, sans débat, M. le Président.

(Mise aux voix)

Le Président — Consentement, sans débat. Je vous demande vos votes respectifs. M. le leader du deuxième groupe d’opposition ?

M. Nadeau-Dubois — Pour.

Le Président — M. le leader du gouvernement ?

M. Jolin-Barrette — Pour.

Le Président — M. le leader de l’opposition officielle ?

M. Fortin — Pour.

Le Président — M. le leader du troisième groupe d’opposition ?

M. Ouellet — Pour.

Le Président — Mme la députée de Marie-Victorin ?

Mme Fournier — Pour.

Le Président — Cette motion est donc adoptée. M. le leader du deuxième groupe d’opposition.

M. Nadeau-Dubois — Oui, merci, M. le Président. Je vous demanderais de faire parvenir une copie de cette motion d’abord au ministre du Patrimoine canadien, M. Steven Guilbeault, ainsi qu’aux chefs des différentes formations politiques représentées à la Chambre des communes du Canada.

Le Président — Et ce sera fait. M. le chef du troisième groupe d’opposition.

 


Steven Guilbeault, le Ministre du Patrimoine canadien, a effectué des études en morale internationale et en théologie de la libération. Il a depuis de nombreuses années taillé ses longs cheveux, qui lui ont longtemps valu le surnom de « Jésus ». Il a été très influencé par un oncle missionnaire à Haïti, dont il avait pensé suivre les traces et à cause de qui ses parents ont adopté l’une de ses deux sœurs, d’origine haïtienne. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à s’inscrire en sciences religieuses à l’Université de Montréal, au milieu des années 1990. Il abandonna cependant rapidement l’idée de devenir missionnaire religieux. Il a, toutefois, gardé une fibre moralisatrice de gauche, de prophète écologiste et de missionnaire du correctivisme politique.

Voilà donc que le ministre du Patrimoine présentera le tout premier projet de loi sur le contrôle d’Internet (C-10) à être déposé au Parlement fédéral canadien dans les « prochaines semaines », a-t-il révélé lors d’une vidéoconférence.

« Mon travail consiste à assurer la sûreté et la sécurité de la population canadienne », a déclaré le ministre. Nous croyions naïvement qu’il s’agissait de promouvoir le patrimoine canadien comme la production artistique en langue française, de conserver les libertés ancestrales des citoyens, de les protéger de la censure arbitraire des monopoles du BigTech.

Guilbeault a révélé que le projet de loi qui sera déposé sera la première étape dans la création d’un « environnement plus sûr pour toutes les personnes en ligne et pas seulement pour une poignée de gens ». Le projet de loi réglementerait le contenu blessant au-delà de ce qui est déjà réprimé par le Code criminel, selon Blacklock’s Reporter.

« Avec le projet de loi que nous déposerons, peu importe que l’entreprise soit canadienne ou non », a déclaré Guilbeault. Peu importe où l’entreprise est enregistrée ou où se trouvent leurs serveurs.

« Une fois qu’une publication sera signalée, elle devra être retirée dans les 24 heures suivant son signalement », a-t-il déclaré. « Il n’y a pas beaucoup de pays qui le font actuellement. »

« Je pense que ce sera un très bon remède à un certain nombre de problèmes, mais cela ne résoudra pas tout », de dire M. Guilbeault.

Guilbeault a déclaré que le discours de haine fera « certainement » partie du projet de loi déposé, ainsi que d’autres « préjudices en ligne ».

Le respect des ordonnances de suppression des propos « haineux » sera contrôlé par un organisme de réglementation nouvellement créé. Les entreprises informatiques qui ne censureront pas les messages qui déplaisent au gouvernement s’exposeront à des sanctions financières, selon un rapport publié par iPolitics.

Le ministre Guilbeault a tourné en dérision la liberté actuelle d’Internet la décrivant comme « un cauchemar » pour beaucoup de gens, forçant certains à « se retirer de ce débat public parce que les conditions dans lesquelles nous leur demandons de participer ne sont tout simplement pas durables ». Il n’a fourni aucun exemple précis ou explicatif.

« Nous savons qu’il s’agit d’une minorité d’acteurs, mais une minorité très organisée, très forte, et quelque chose doit être fait », a-t-il déclaré de manière cryptique.

Tout en évoquant la censure des commentaires « blessants » en ligne, Guilbeault n’a pas divulgué plus de détails sur les tenants et aboutissants de la nouvelle législation. Il s’est contenté de commentaires vagues et généraux sur la sauvegarde des « valeurs fondamentales partagées par les Canadiens », notamment « la démocratie, une gouvernance inclusive et responsable, un pluralisme pacifique et le respect de la diversité et des droits de la personne ». Le respect de « la diversité », l’euphémisme pour désigner l’imposition de l’idéologie diversitaire, voire woke.

Guilbeault a admis que le gouvernement n’a pas tenu « de consultation publique » sur les détails du projet de loi. « Cela étant dit, il est évident qu’une fois le projet de loi déposé, il y aura d’autres consultations par un comité parlementaire, et une fois le projet de loi adopté — et j’en suis convaincu — il y aura d’autres consultations.

« Les gens verront ce que contiendra le projet de loi une fois qu’il sera déposé », a-t-il commenté.

Pourquoi encore renforcer la réglementation sur la haine alors que le Canada a déjà des lois sur le discours haineux depuis au moins 1970 ?

Pour le directeur des campagnes Coalition pour la vie, David Cooke, « discours de haine en ligne » est un terme utilisé par le Parti libéral pour attaquer et dénigrer tout discours qui ne correspondrait pas aux valeurs « non canadiennes » de la gauche. « Si M. Guilbeault arrive à ses fins, ce qui était naguère des canaux de communication libres et ouverts — où les idées pouvaient être échangées et où les différences étaient diffusées — deviendra le porte-voix de la propagande gouvernementale », d’ajouter David Cooke. Il s’agirait de reprendre en mains les moyens de communication qui échappent au contrôle du gouvernement depuis l’avènement de l’internet.

Pour Mark Buell, vice-président pour l’Amérique du Nord à l’Internet Society, le véritable défi est plutôt l’« environnement politique qui a permis aux géants de la technologie de devenir si puissants. Le plan de Guilbeault ne résout pas ce problème et pourrait, par inadvertance, renforcer ces mêmes entreprises, qui ont à la fois l’argent et les ressources nécessaires pour se conformer à toutes les exigences réglementaires, contrairement à leurs plus petits concurrents. Cela consoliderait la position dominante de Big Tech et empêcherait de nouveaux joueurs — y compris des jeunes pousses canadiennes innovantes — de les concurrencer. » 

On ne voit pas en quoi cela serait dans l’intérêt de l’économie canadienne, des Canadiens et du Patrimoine que M. Guilbeault devrait préserver.

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Écologie — Non, le ciel ne nous tombera pas sur la tête !

Le 9 mai, des « marches pour le climat » ont eu lieu dans plusieurs villes françaises pour réclamer une législation environnementale plus contraignante. « Écoutez la science ! » s’écrie Greta Thunberg, égérie du mouvement écologiste mondial. Selon elle, ou selon Jacques Attali le 7 mai sur la chaîne Cnews face à Éric Zemmour, l’apocalypse climatique est proche à cause du réchauffement climatique dont serait responsable l’activité humaine. Le niveau des océans monte, la glace disparaît aux pôles, des tempêtes géantes, des sécheresses et des inondations monstrueuses condamnent notre planète. À court terme, l’économie mondiale va s’effondrer si nous ne changeons pas radicalement le mode de fonctionnement de nos sociétés…

« Je ne crois pas que “la science” dise ce que vous croyez qu’elle dit », répond Steven Koonin, Docteur en physique diplômé du M.I.T., sous-secrétaire d’État responsable de la recherche dans le domaine de l’énergie pendant la présidence Obama. Il a aussi été responsable des énergies renouvelables pour le géant pétrolier BP. Koonin est un scientifique d’abord agacé, puis inquiet, de voir la dérive d’activistes et de grands médias qui cherchent à imposer par idéologie ou intérêt économique une vision catastrophiste du futur. Oui, la Terre se réchauffe (comme elle le fait de manière cyclique depuis la nuit des temps). Oui, le développement industriel a contribué à amplifier le phénomène ces dernières décennies. Il est donc normal de s’en préoccuper, mais pas de soumettre la politique à une fable apocalyptique.

Une importante littérature scientifique, émanant d’experts de l’ONU, existe déjà. Il s’agit de savoir la lire, en évitant tout prisme idéologique, explique Steven Koonin. Les épisodes caniculaires ne sont pas plus nombreux aujourd’hui aux États-Unis qu’au début du XXe siècle. Les pics de température n’ont pas augmenté depuis 50 ans. La calotte glaciaire du Groenland ne fond pas plus vite qu’il y a 80 ans… Et, contrairement aux déclarations de Greta Thunberg et autres collapsologues, l’économie mondiale ne va pas s’effondrer à cause du changement climatique.

Steven Koonin a étudié le rapport entre réchauffement climatique et économie, à la demande d’une grande firme d’investissement. Il a fondé son analyse sur les études d’évaluation réalisées par les experts de l’ONU, comme le AR5 (5th Assessment Report—2014).

1°) Les prédictions cataclysmiques ne se sont pas vérifiées jusqu’à maintenant. Sans doute parce que le niveau d’incertitude climatique particulièrement élevé à l’échelle régionale rend l’extrapolation globale fragile, voire impossible. Selon Koonin, les incertitudes sont telles qu’on pointe du doigt l’activité humaine pour expliquer tout épisode inhabituel.

2°) De nombreux facteurs influencent l’économie. La politique suivie par un gouvernement, les règles régissant le commerce, le développement technologique, la corruption ont un impact majeur, et ces facteurs peuvent changer d’un pays à l’autre sans qu’on puisse les prévoir. Il est donc très difficile de prédire que l’économie du monde va s’effondrer à cause du changement climatique global tant l’échelle régionale prévaut. C’est d’autant plus hasardeux qu’on devrait prendre en compte la capacité d’adaptation des sociétés humaines. Le réchauffement peut même dans certaines régions se révéler une aubaine, par exemple en permettant de cultiver plus et mieux…

Malgré toutes ces incertitudes, le rapport de l’ONU (AR5, 2e groupe de travail) a échafaudé un scénario à l’horizon 2100. L’augmentation de la température sur la Terre ne dépasserait pas 3 °C. L’impact négatif de ce réchauffement à l’échelle planétaire sur l’économie globale serait au maximum de 3 %. 80 ans nous séparent de l’année 2100. On parle donc d’un impact négatif sur la croissance économique annuelle de 0,04 % en moyenne (3 % divisés par 80). Or, les experts de l’ONU tablent sur une croissance économique annuelle de 2 % jusqu’en 2100. L’impact climatique serait alors de 0,04 % sur 2 % chaque année, c’est-à-dire une croissance rendue à 1,96 %. L’ONU table donc sur une conséquence négligeable du réchauffement climatique sur l’économie mondiale. Leur rapport souligne que les autres facteurs comme l’évolution démographique, le développement technologique, la gouvernance ont un poids sensiblement plus lourd. Il n’y a pas non plus aujourd’hui d’évidence scientifique démontrant que ces facteurs décisifs seraient influencés par le réchauffement climatique. Concernant par exemple les mouvements migratoires, la politique et la pauvreté restent les critères déterminants.

Écoutons donc la science, pas les mauvais augures, conclut Steven Koonin (voir son article dans le National Review en lien ci-dessous). L’état actuel de nos connaissances scientifiques indique que le réchauffement climatique ne provoquera pas d’apocalypse ni en 2040 ni en 2100… Méfions-nous de ceux qui brandissent « l’urgence climatique » comme priorité politique. Ils ont souvent des motivations idéologiques.

Sources : La Sélection du jour et National review